Texte intégral
Merci de votre invitation, je suis heureux de me joindre à la conclusion de votre cérémonie.
Ce nest pas la première fois que je viens « officier » en pareilles circonstances et jespère que lon ne finira pas avec le temps- par me prendre pour le Président des comices agricoles de Madame Bovary qui vient annoncer les lots !
Car il faut bien reconnaître que nos hôtes, Edgar Added et tout RH&M, ne manquent pas dimagination en la matière !
Vous le savez, un agenda de ministre est bien chargé et cest une parfaite excuse pour décliner poliment une invitation. Jai pourtant tenu à être parmi vous ce soir.
Pourquoi ? Car je crois -comme vous tous ici- que le tandem que forment le dirigeant dune entreprise et son DRH est absolument décisif dans la marche dune entreprise, pour sa compétitivité ET pour sa responsabilité sociale.
Ce duo se construit, sentretient, en tous les cas ne va pas de soi Alors, si ces trophées mettent en avant des exemples positifs, ils remplissent une mission salutaire.
Chacun sait que la situation économique et sociale de notre pays est difficile : des années de crise aigüe depuis 2008 mais en réalité pratiquement 10 ans de dégradation progressive. Les chiffres du chômage publiés il y a deux jours en attestent. Pourtant, dans des entreprises se construisent chaque jour de belles réalisations. Elles concernent le dialogue social, lemploi des jeunes, ladaptation au vieillissement, lassociation des salariés aux choix de lentreprise ou à la définition de leur poste de travail ; Elles touchent aux conditions de travail et à la notion de bien-être au travail « QVT » en langage RH - , au développement dune vraie politique de formation, ou à laccompagnent du salarié dans la construction de sa carrière.
Si hier, sous les pavés, il y avait la plage ; aujourdhui, sous la morosité et le défaitisme de certains, il y a de multiples initiatives qui ne demandent quà grandir, être montrées, être partagées.
Je veux vous dire ce soir : « sentez-vous libres de faire, soyez créatifs dans votre développement des ressources humaines ». Je veux dire à nos administrations, et dabord à la mienne : « toute idée nouvelle et originale est à considérer dans tous les sens du terme- et doit être mise en haut de la pile des dossiers à traiter ».
Dans la bataille contre le chômage, nous devons nous appuyer sur tous les acteurs qui innovent, les porteurs didées et de belles réussites en termes demploi, de formation, de gestion des ressources humaines, de transmission des compétences Ces initiatives sont parfois microscopiques, mais sont autant de petites victoires. Elles sont ces initiatives une force nouvelle, plus efficace que nimporte quel dispositif standardisé ou nimporte quelle loi.
Je crois à lalliance des producteurs et des créateurs, des chercheurs et des entrepreneurs et, dans les entreprises, à plus petite échelle, à lalliance des PDG et des DRH. Dans lentreprise comme ailleurs dailleurs- le gouvernement solitaire est devenu contre-productif. Je ne dis pas cela parce quil est préférable de bien sentendre plutôt que de saffronter, je le dis car la performance globale on pourrait dire aussi bien de la compétitivité globale en dépend.
Alors jimagine que vous attendez aussi que le Ministre du Travail vous parle dune actualité qui vous intéresse particulièrement : la semaine prochaine sera débattue au parlement la loi sur la sécurisation de lemploi.
Elle procède de cette même logique, de lidée très forte quil est possible de trouver ensemble PDG et DRH sans doute mais aussi et surtout direction et organisations syndicales- des solutions pour lemploi, à condition davoir des instruments et des garanties qui permettent davancer, de construire des compromis positifs ou partager la difficulté, en étant sûr que ses droits sont garantis, que « lordre public social » ne sera pas touché.
Ces trophées tombent au bon moment. Le calendrier a ses hasards heureux. Le lien entre PDG et DRH va devenir encore plus central à partir du moment où notre pays se choisit de sengager davantage dans cette culture sociale fondée sur la négociation. Le succès concret de cette grande loi dépend de la manière dont les acteurs économiques et sociaux sen saisiront. Je suis persuadé, pour ma part, que ceux qui en contestent le bien fondé aujourdhui seront demain les premiers à sen saisir pour négocier.
PDG et DRH vont devoir se saisir et accompagner ce mouvement de « dialogue social à la française », aider les acteurs syndicaux à prendre en main leurs nouveaux pouvoirs qui sont aussi de nouvelles responsabilités. Négocier des accords de maintien de lemploi, recourir à lactivité partielle, partager linformation, faire entrer les salariés dans les Conseils dAdministration des grandes entreprises. Le jeu en vaut la chandelle car, par ce mouvement, vous aurez face à vous des interlocuteurs forcément différents ce qui ne veut pas dire moins revendicatifs mais investit dune nouvelle responsabilité.
Quand on na prise sur rien, que tout changement est une régression et que lon est balloté au gré de logiques qui vous échappent, on se sent enfermé dans une logique ou on ne peut que résister et sopposer. Mais à linverse, quand on a des pouvoirs et de véritables possibilités dinfluer sur le cours des choses, alors la donne peut changer. Tout ne se fera pas en un claquement de doigt et cest là que lon aura une épreuve de vérité pour le binôme PDG/DRH : construire cette nouvelle culture sociale et de lentreprise.
Le redressement de léconomie ne passe pas par moins de cohésion sociale. Cest exactement le contraire, et les actions managériales que vous avez voulu honorer ce soir le montrent bien. Et le but nest pas de récompenser dun côté léconomique, cest-à-dire le PDG, et de lautre, le social, cest-à-dire le DRH, comme si cétaient deux sphères qui cohabitent et se compensent.
Le sujet, cest bien comment léconomique sert le progrès social et comment linvestissement social dope la performance économique et stratégique. Cette relation mutuelle et réciproque, cest bien lidée de binôme. Lui décerner un trophée est totalement pertinent !
Un manager daujourdhui, autant quun DRH, sait que léquité doit faire partie des préoccupations essentielles de lentreprise ; que la performance est condamnée à seffriter sans justice et sans reconnaissance. Il est celui qui sait que la motivation se cultive et sanime ; qui fait confiance, et dabord aux jeunes. Cest ainsi un multiplicateur defficacité.
Le mot durable est employé dans bien des circonstances, il se prête à celles-ci : il ny a dentreprise durable que si elle parvient à créer un écosystème de relations et confiance, dans lequel il est possible de se réaliser soi-même et qui, vis-à-vis de lextérieur, donne envie de la rejoindre. Cest toute une écologie humaine quil sagit de fonder. Le gisement de la compétitivité retrouvée de notre pays, ce sont aussi ces hommes et ses femmes qui simpliquent tous les jours pour leurs entreprises.
Jadresse donc mes félicitations aux 4 lauréats, France Télévision (trophée des pertinences), Mazars (trophée de lintelligence collective), Plastic Omnium (trophée de lindépendance) et Yves Rocher (trophée du bon sens). Les intitulés sont parfois énigmatiques, mais je ne doute pas que les binômes formés dans chaque entreprise incarnent et partagent la vision de léconomique et du social que jai décrite ci-dessus. Quils soient encouragés dans cette voie !
Je vous remercie.
Source http://travail-emploi.gouv.fr, le 3 avril 2013