Texte intégral
Merci Monsieur le président du Sénat,
Mesdames et messieurs les Sénateurs,
Monsieur le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin,
Vous imaginez bien que, si le président de la République a pris la décision d'engager nos forces au Mali, ce n'est pas pour demain nous empêcher de poursuivre cette capacité d'engagement au nom de la France. Mais même au-delà de la France. Car nous savons bien que dans cette intervention, qui a été approuvée par tous les pays de l'Afrique de l'Ouest, par la communauté internationale, dans le cadre du respect du droit international, c'est une mission que nous engageons, non seulement pour défendre l'intégrité du Mali, pour défendre la liberté et l'autonomie des pays de l'Afrique de l'Ouest, mais c'est aussi une lutte sans merci contre le terrorisme, qui permet de défendre à la fois les intérêts de la France, de l'Europe, et même au-delà, puisque ce message est compris bien au-delà de l'Europe.
Donc, ce n'est pas ce que nous sommes capables de faire aujourd'hui qui devrait nous conduire à nous empêcher de le faire demain. Et je conclurai si vous voulez bien sur cet engagement dans quelques instants.
C'est pour ça que le président de la République a engagé un travail, qui est celui de la mise à jour du Livre blanc sur la défense et de la sécurité nationale. C'est un travail considérable, d'un grand intérêt. Et ce Livre blanc sera adopté, Mesdames et Messieurs les sénateurs à la fin du mois d'avril. Mais je souhaite que le Parlement puisse en débattre, que ça soit ici au Sénat ou à l'Assemblée nationale, avant l'été. C'est en tout cas un engagement que je prends devant vous, c'est la moindre des choses.
Ce Livre blanc présentera les risques, les menaces auxquels notre pays doit faire face, mais surtout analysera le contexte géopolitique qui est le nôtre et les types d'engagements auxquels nous devons faire face. Il est bien évident que nous devons continuer à défendre l'intégrité territoriale de la France. Vous avez parlé de souveraineté ; c'est la base même de la défense nationale. Mais c'est aussi la prise en compte de risques nouveaux qui sont de plus en plus liés ; les risques intérieurs, les risques extérieurs doivent être abordés de la même façon. En tout cas, avec la nécessaire cohérence si nous voulons être efficaces.
Le président de la République l'a exprimé à plusieurs reprises, et je le redis devant le Sénat. Le modèle d'armée qui découlera de ces travaux sera conforme aux ambitions de la France, en Europe et dans le monde. C'est-à-dire, je l'ai rappelé : protéger notre territoire et la population française, préserver nos forces de dissuasion dans ses deux composantes et assurer nos capacités d'intervention, seuls ou avec nos alliés.
Ce modèle répondra également aux nouveaux enjeux auxquels nous devons faire face, notamment dans le domaine de la cyberdéfense, nous avons d'importants progrès à faire, comme celui du renseignement, comme celui du transport stratégique.
Ce n'est pas bien sûr au moment où nous engageons nos forces au Mali, avec un professionnalisme et un engagement que je veux à nouveau saluer, que nous allons baisser la garde.
D'ailleurs, je voudrais profiter de cet instant pour remercier à nouveau tous les groupes parlementaires de toutes les sensibilités que j'ai reçus lundi avec le ministre des Affaires étrangères, le ministre de la Défense étant empêché, représenté. Parce qu'il est très important qu'en effet dans ces circonstances la communauté nationale proclame son rassemblement et son unité, ce que chacun a fait dans le respect de ses différences politiques. Et je tiens à nouveau à le faire devant vous, à vous saluer, remercier, au nom de la France, mais aussi au nom de nos soldats qui sont aujourd'hui engagés dans une mission particulièrement difficile et dangereuse.
Après l'adoption du Livre blanc, il y aura la loi de programmation militaire. Elle sera cohérente, avec le modèle d'armée que je viens d'évoquer. Elle préservera aussi, et je comprends votre préoccupation, je la partage, l'excellence de notre industrie de défense, dont chacun mesure la nécessité stratégique et la contribution au dynamisme de notre économie.
Je vous le dis franchement, j'ai parfois été surpris, y compris de titres de journaux : cessons de nous faire peur avec des scénarios catastrophes qui n'ont jamais été sérieusement envisagés. En tout cas ni par le président de la République, ni par moi-même, ni le ministre de la Défense.
Alors vous évoquez un sujet complexe qui est celui des intégrations dans le calcul des déficits de chaque pays des dépenses militaires. Je ne dis pas que c'est un faux problème, je dis simplement que dans ces circonstances, ça serait comme une certaine forme de facilité, en quelque sorte une échappatoire par rapport à nos propres responsabilités. En tout cas là où vous mettez le doigt sur une question qui est juste, c'est la question de la défense européenne, qui ces dernières années a pris trop de retard, et qui doit être sur la table de l'ordre du jour de l'Union européenne. C'est d'ailleurs un sujet qui a été évoqué récemment par le président de la République lors d'une rencontre qui a eu lieu à Varsovie. Ne laissons pas cette question de côté, il n'est pas juste seuls deux grands pays, la Grande-Bretagne et la France, fassent tant d'efforts pour la défense, pas seulement de leur pays mais aussi au service de l'Europe.
L'autonomie stratégique dépend tout autant de notre modèle d'armée mais aussi de notre capacité à redresser nos finances publiques. Et sur ce point vous avez évoqué les efforts qui ont été faits par la Défense nationale, nos armées depuis plusieurs années, et je tiens effectivement à le saluer
Mais cet effort de redressement de nos finances publiques doit se poursuivre. Et chaque ministère y prendra sa part.
En tout cas, je vous dirais franchement, Monsieur le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin que, je suis, parfois étonné d'une certaine forme d'injustice à l'égard du Gouvernement. Quand on critique nos intentions sans les connaître, alors que si on regarde la loi de programmation militaire précédente, à peine votée, elle a déjà été oubliée. Donc, évitons les fausses querelles, évitons les excès. Ce qui m'importe aujourd'hui c'est de bâtir le modèle d'armée de demain, cohérent avec le redressement de notre pays, et avec les risques et les menaces auxquels il doit faire face.
Je veux que s'instaure sur ce sujet un dialogue serein entre l'ensemble des forces politiques du pays.
Je sais Monsieur le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, l'intérêt que vous portez à ces questions, et votre propos vient une nouvelle fois de le rappeler. Mais je veux vous assurer que nous partageons sur ce sujet la même ambition, comme je le dis à l'ensemble des sénateurs. Et que la France est une grande nation, et qu'elle continuera à jouer son rôle, j'en prends ici l'engagement. Ce que la France fait au Mali, elle pourra le faire encore dans cinq ans.
Source http://www.gouvernement.fr, le 2 avril 2013
Mesdames et messieurs les Sénateurs,
Monsieur le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin,
Vous imaginez bien que, si le président de la République a pris la décision d'engager nos forces au Mali, ce n'est pas pour demain nous empêcher de poursuivre cette capacité d'engagement au nom de la France. Mais même au-delà de la France. Car nous savons bien que dans cette intervention, qui a été approuvée par tous les pays de l'Afrique de l'Ouest, par la communauté internationale, dans le cadre du respect du droit international, c'est une mission que nous engageons, non seulement pour défendre l'intégrité du Mali, pour défendre la liberté et l'autonomie des pays de l'Afrique de l'Ouest, mais c'est aussi une lutte sans merci contre le terrorisme, qui permet de défendre à la fois les intérêts de la France, de l'Europe, et même au-delà, puisque ce message est compris bien au-delà de l'Europe.
Donc, ce n'est pas ce que nous sommes capables de faire aujourd'hui qui devrait nous conduire à nous empêcher de le faire demain. Et je conclurai si vous voulez bien sur cet engagement dans quelques instants.
C'est pour ça que le président de la République a engagé un travail, qui est celui de la mise à jour du Livre blanc sur la défense et de la sécurité nationale. C'est un travail considérable, d'un grand intérêt. Et ce Livre blanc sera adopté, Mesdames et Messieurs les sénateurs à la fin du mois d'avril. Mais je souhaite que le Parlement puisse en débattre, que ça soit ici au Sénat ou à l'Assemblée nationale, avant l'été. C'est en tout cas un engagement que je prends devant vous, c'est la moindre des choses.
Ce Livre blanc présentera les risques, les menaces auxquels notre pays doit faire face, mais surtout analysera le contexte géopolitique qui est le nôtre et les types d'engagements auxquels nous devons faire face. Il est bien évident que nous devons continuer à défendre l'intégrité territoriale de la France. Vous avez parlé de souveraineté ; c'est la base même de la défense nationale. Mais c'est aussi la prise en compte de risques nouveaux qui sont de plus en plus liés ; les risques intérieurs, les risques extérieurs doivent être abordés de la même façon. En tout cas, avec la nécessaire cohérence si nous voulons être efficaces.
Le président de la République l'a exprimé à plusieurs reprises, et je le redis devant le Sénat. Le modèle d'armée qui découlera de ces travaux sera conforme aux ambitions de la France, en Europe et dans le monde. C'est-à-dire, je l'ai rappelé : protéger notre territoire et la population française, préserver nos forces de dissuasion dans ses deux composantes et assurer nos capacités d'intervention, seuls ou avec nos alliés.
Ce modèle répondra également aux nouveaux enjeux auxquels nous devons faire face, notamment dans le domaine de la cyberdéfense, nous avons d'importants progrès à faire, comme celui du renseignement, comme celui du transport stratégique.
Ce n'est pas bien sûr au moment où nous engageons nos forces au Mali, avec un professionnalisme et un engagement que je veux à nouveau saluer, que nous allons baisser la garde.
D'ailleurs, je voudrais profiter de cet instant pour remercier à nouveau tous les groupes parlementaires de toutes les sensibilités que j'ai reçus lundi avec le ministre des Affaires étrangères, le ministre de la Défense étant empêché, représenté. Parce qu'il est très important qu'en effet dans ces circonstances la communauté nationale proclame son rassemblement et son unité, ce que chacun a fait dans le respect de ses différences politiques. Et je tiens à nouveau à le faire devant vous, à vous saluer, remercier, au nom de la France, mais aussi au nom de nos soldats qui sont aujourd'hui engagés dans une mission particulièrement difficile et dangereuse.
Après l'adoption du Livre blanc, il y aura la loi de programmation militaire. Elle sera cohérente, avec le modèle d'armée que je viens d'évoquer. Elle préservera aussi, et je comprends votre préoccupation, je la partage, l'excellence de notre industrie de défense, dont chacun mesure la nécessité stratégique et la contribution au dynamisme de notre économie.
Je vous le dis franchement, j'ai parfois été surpris, y compris de titres de journaux : cessons de nous faire peur avec des scénarios catastrophes qui n'ont jamais été sérieusement envisagés. En tout cas ni par le président de la République, ni par moi-même, ni le ministre de la Défense.
Alors vous évoquez un sujet complexe qui est celui des intégrations dans le calcul des déficits de chaque pays des dépenses militaires. Je ne dis pas que c'est un faux problème, je dis simplement que dans ces circonstances, ça serait comme une certaine forme de facilité, en quelque sorte une échappatoire par rapport à nos propres responsabilités. En tout cas là où vous mettez le doigt sur une question qui est juste, c'est la question de la défense européenne, qui ces dernières années a pris trop de retard, et qui doit être sur la table de l'ordre du jour de l'Union européenne. C'est d'ailleurs un sujet qui a été évoqué récemment par le président de la République lors d'une rencontre qui a eu lieu à Varsovie. Ne laissons pas cette question de côté, il n'est pas juste seuls deux grands pays, la Grande-Bretagne et la France, fassent tant d'efforts pour la défense, pas seulement de leur pays mais aussi au service de l'Europe.
L'autonomie stratégique dépend tout autant de notre modèle d'armée mais aussi de notre capacité à redresser nos finances publiques. Et sur ce point vous avez évoqué les efforts qui ont été faits par la Défense nationale, nos armées depuis plusieurs années, et je tiens effectivement à le saluer
Mais cet effort de redressement de nos finances publiques doit se poursuivre. Et chaque ministère y prendra sa part.
En tout cas, je vous dirais franchement, Monsieur le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin que, je suis, parfois étonné d'une certaine forme d'injustice à l'égard du Gouvernement. Quand on critique nos intentions sans les connaître, alors que si on regarde la loi de programmation militaire précédente, à peine votée, elle a déjà été oubliée. Donc, évitons les fausses querelles, évitons les excès. Ce qui m'importe aujourd'hui c'est de bâtir le modèle d'armée de demain, cohérent avec le redressement de notre pays, et avec les risques et les menaces auxquels il doit faire face.
Je veux que s'instaure sur ce sujet un dialogue serein entre l'ensemble des forces politiques du pays.
Je sais Monsieur le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, l'intérêt que vous portez à ces questions, et votre propos vient une nouvelle fois de le rappeler. Mais je veux vous assurer que nous partageons sur ce sujet la même ambition, comme je le dis à l'ensemble des sénateurs. Et que la France est une grande nation, et qu'elle continuera à jouer son rôle, j'en prends ici l'engagement. Ce que la France fait au Mali, elle pourra le faire encore dans cinq ans.
Source http://www.gouvernement.fr, le 2 avril 2013