Texte intégral
PATRICK COHEN
Bonjour Arnaud MONTEBOURG.
ARNAUD MONTEBOURG
Bonjour.
PATRICK COHEN
Aucun ministre ne peut remettre en cause la politique qui est conduite et qui nest pas laustérité, a dit hier François HOLLANDE en réponse à vos critiques ; allez-vous rester dans ce gouvernement dont vous désapprouvez la politique économique ?
ARNAUD MONTEBOURG
Je crois que vous faites une erreur dans mes propos
PATRICK COHEN
Alors je ne suis pas le seul !
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien, justement, ça me permet dutiliser votre micro pour dire les choses. Est-ce que nous pouvons avoir un débat sur les politiques économiques de lUnion européenne, car lUnion européenne nest pas un objet extérieur, nous y participons, mais dautres Etats membres y participent. Aujourdhui, il y a un débat mondial sur la façon dont lUnion européenne se positionne sur la question du rétablissement des finances publiques, et en même temps, sur sa croissance.
PATRICK COHEN
Mais qui, au sein du gouvernement, à part vous, conteste la politique de lUnion européenne ? Quelle est la voix qui se fait entendre ?
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien, le président de la République par exemple, lorsque celui-ci dit : avec lAllemagne, nous sommes en tension amicale, laustérité, cest condamner lEurope à lexplosion, on voit déjà monter les égoïsmes nationaux, cest la certitude davoir des gouvernements impopulaires, dont les populistes ne feront dune bouchée ! Je suis pour le redressement, pas pour la maison de redressement ! Je suis exactement sur cette ligne-là. Pourquoi ? Parce que nous avons été élus pour réorienter lUnion européenne, non pas dans le sens de la récession et laustérité, mais dans le sens de la croissance et de la reprise, de la création des emplois dans toute la zone euro.
PATRICK COHEN
La politique économique que nous menons est sous la contrainte de lUnion européenne, Arnaud MONTEBOURG.
ARNAUD MONTEBOURG
Je crois que la façon dont la Commission européenne, aujourdhui, organise ses diagnostics, prépare ses remèdes ne correspond pas, dabord, au consensus des économistes. Nous avons le droit et le devoir de le dire. Il y a de très nombreux économistes européens, dailleurs de toutes sensibilités, qui se sont exprimés dès la fin 2012 pour dire : attention, il y a des erreurs dappréciation. Madame LAGARDE, enfin, ce nest même pas madame LAGARDE, le Fonds monétaire international a déclaré : leffet des plans daustérité sur la croissance est plus fort que nous avions anticipé, cétait une erreur dappréciation. Donc que dit le FMI, qui a ouvert le débat avec la Commission européenne : attention de ne pas tuer la croissance. Donc nous, notre travail de responsables politiques, le président de la République en tête, cest déviter que lEurope ne soit quune, finalement, mécanique à détruire la croissance, cest la seule région dans le monde qui est en récession. Il y a dix pays sur dix-sept pays de la zone euro qui sont en récession, et toutes les prévisions de la Commission ont été gravement démenties. Je vous rappelle quand même que, et pour la zone euro, comme pour la France, on prévoyait en 2013 1,4% de croissance, pour les deux. Et on est, dernier trimestre 2012, moins 0,6 pour lAllemagne, moins 0,7 pour lEspagne, moins 0,3 pour la France, moins 0,6 zone euro. Donc franchement, les erreurs dappréciation que signale madame LAGARDE sont parfaitement justifiées.
PATRICK COHEN
La politique économique que suit la France aujourdhui, cest laustérité ou pas ?
ARNAUD MONTEBOURG
Ah non, cest la politique du sérieux budgétaire. Mais nous avons besoin dêtre aidés par lEurope pour que celle-ci évite de multiplier
PATRICK COHEN
Sérieux budgétaire dont vous avez dit quil était absurde et dangereux.
ARNAUD MONTEBOURG
Quil pouvait, en effet, lêtre, pour une raison simple, et je vais vous dire pourquoi, cest que nous avons fait des efforts sans précédent lannée dernière, trente milliards, la Cour des comptes nous a dailleurs félicités, la Commission européenne a souligné la force de nos efforts. Mais nous demandons de laide à lEurope pour que, partout, elle utilise dailleurs les ressources qui existent pour relancer léconomie. Et que dit par exemple le secrétaire au Trésor américain, qui est venu en tournée européenne, il dit exactement ce que nous disons, nous, il dit : il y a des pays à excédents, il faut utiliser le levier de la relance, notamment du côté de lAllemagne.
PATRICK COHEN
Donc le changement de cap que vous réclamez, cest pour lUnion européenne, Arnaud MONTEBOURG, je vous ai bien compris ?
ARNAUD MONTEBOURG
Mais donc pour nous-mêmes ! Parce que cela veut dire que si lUnion européenne nous aide, nous serons en mesure davoir plus de croissance, vous avez remarqué que ce que nous faisons, cest à la fois remettre de lordre dans les finances publiques dévastées par ces dernières années, je regrette, mais nous avons des montagnes himalayennes de dettes, nous en sommes à 600 milliards, et nous empruntons 180 milliards par an
PATRICK COHEN
Et
ARNAUD MONTEBOURG
Les fins de mois des fonctionnaires
PATRICK COHEN
Et en attendant ce changement de cap de lUnion européenne, il faudra faire 3% de déficits en 2014, est-ce que cet objectif, vous le prenez en compte
ARNAUD MONTEBOURG
Mais ce nest pas en attendant, cest un combat permanent, quand le président de la République sexprime ainsi, quand Pierre MOSCOVICI
PATRICK COHEN
Il faudra faire 3% en 2014
ARNAUD MONTEBOURG
Dit lui-même quil faut une approche rééquilibrée entre la protection de la croissance, et en même temps le rétablissement des finances publiques, il dit exactement la même chose que le secrétaire au Trésor américain, que monsieur STIGLITZ ce matin, qui dit : tiens, le Japon a peut-être raison davoir une politique monétaire différente de celle des Européens. Quand dailleurs les Américains nous disent : vous devriez faire comme nous, parce que cest ce quils disent, avec la Banque centrale, cest-à-dire de monétiser une partie de la dette, il faut quand même savoir que la Banque centrale européenne na que 2% de dettes publiques dans son bilan, alors que la Federal Reserve Bank en est à 10%. La Banque dAngleterre en est à 25%. Et la Banque du Japon a décidé dinjecter des milliards dans léconomie, pour avoir un peu dinflation, pour accommoder les choses. Et je ne crois pas que ces dirigeants politiques soient des gauchistes, ce sont des gens qui raisonnent en fonction des besoins de leurs populations et de léconomie réelle.
PATRICK COHEN
Faudra-t-il revenir à lobjectif de 3% de déficits en 2014, comme votre collègue, Bernard CAZENEUVE, le dit ce matin, dans LES ECHOS, ce qui suppose allez environ une quinzaine de milliards deuros déconomies supplémentaires pour le budget 2014 ?
ARNAUD MONTEBOURG
Nous faisons des efforts sur nos dépenses publiques, pourquoi ? Parce que tout le monde a compris que nous ne pouvons pas continuer à augmenter les impôts
PATRICK COHEN
Ça, on a compris, mais les 3% ?
ARNAUD MONTEBOURG
Je laisse les hommes des chiffres parler au nom de la France. En ce qui me concerne, je nai pas cette compétence, en revanche, moi, jai la compétence de lindustrie. Donc moi, jai besoin de croissance pour éviter les fermetures dentreprises, pour éviter que léconomie ne donne des signes de faiblesse, je ne peux pas accepter que des entreprises, même performantes aujourdhui, aient des difficultés à se financer parce quil ny a pas de perspectives de croissance. Et je dois vous dire, pour que la France soit attractive, elle a besoin de croissance, pour quil y ait des flux dinvestissement vers notre pays, elle a besoin de croissance. Donc notre travail à tous, cest une bataille collective pour la croissance.
PATRICK COHEN
Donc vous restez au gouvernement et vous continuez à travailler avec Jean-Marc AYRAULT en bonne entente.
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien écoutez, nous sommes dans une action collective, il y a des discussions dans le gouvernement, dailleurs, je trouve que ces discussions se passent bien, nous avons besoin de nous dire les choses, et quand il y a des arbitrages
PATRICK COHEN
Y compris en public
ARNAUD MONTEBOURG
Et quand il y a des arbitrages, eh bien, les arbitrages sont rendus. Ce que je sais, cest que dans la discussion avec lUnion européenne, il est normal que la France, comme la fait le président de la République, envoie des messages politiques volontaristes, parce que, on ne peut pas rester aujourdhui avec une politique dogmatique de lUnion européenne, quand des économistes disent : attention, la politique de laustérité partout en Europe, cest la débâcle, je ne fais que paraphraser le consensus des économistes européens.
PATRICK COHEN
Il ny a rien à changer au gouvernement sur le fond ou sur la forme aujourdhui, Arnaud MONTEBOURG ?
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien écoutez, le gouvernement fait aujourdhui de nombreux efforts pour rétablir les finances publiques, parce que nous avons aujourdhui finalement à gérer les conséquences de ce que nous ont laissé nos prédécesseurs
PATRICK COHEN
Ce nest pas ma question
ARNAUD MONTEBOURG
Mais cest ça le problème
PATRICK COHEN
Il ny a rien à changer ?
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien, ça, on le fait. Quand on mobilise le pays autour industriel dailleurs autour du made in France, quand on réforme lEducation nationale, quand on trouve les conditions dun accord entre les partenaires sociaux sur les conditions du dialogue dans lentreprise, quand des entreprises sont en difficulté, ce sont des progrès, et ce sont les moyens de répondre aux difficultés des temps.
PATRICK COHEN
La mort des hauts-fourneaux de Florange sera entérinée aujourdhui, lors dun comité dentreprise chez MITTAL ; la dernière flamme sera éteinte lundi, cest encore un combat perdu, Arnaud MONTEBOURG ?
ARNAUD MONTEBOURG
Ah ben écoutez, cest en tout cas, je crois, une décision qui a été prise, donc le choix qui a été fait, cest de passer un accord avec MITTAL, je conseille dailleurs à la firme MITTAL de bien respecter les conditions de laccord, car un certain nombre de choses ont été dites, y compris par le Premier ministre, sur les conditions dans lesquelles le gouvernement ne laissera pas piétiner un accord. Partout en Europe, des foyers de tension ont été créés par MITTAL, qui parce quil est à la tête dune entreprise surendettée, se retrouve en situation de devoir, pour des raisons financières, fermer des outils industriels, qui sont pourtant performants. Donc cette situation a donné lieu à des réprimandes de la Commission européenne, à des réactions très négatives et alignées sur la nôtre du gouvernement belge, luxembourgeois. Donc cela montre bien que, il y a un problème MITTAL en Europe, nous le savons, et cest une des raisons pour lesquelles, ces gouvernements, comme la Commission européenne, et les organisations syndicales ont une position aujourdhui très unitaire.
PATRICK COHEN
Bernard ARNAULT qui renonce à prendre la nationalité belge, cest une bonne nouvelle ?
ARNAUD MONTEBOURG
Oui, cest un acte patriotique, et je crois que le gouvernement qui lavait incité à renoncer à cette idée, je crois, a eu raison de le faire. Je voudrais dailleurs signaler quil y a de très nombreux de nos amis dans les pays voisins qui viennent en France prendre la nationalité française, on devrait aussi sen réjouir. Et il y a aussi de nombreuses personnes qui fuient le fisc dans dautres pays qui viennent en France. On devrait aussi le noter parfois. Il ny a pas que des mauvaises nouvelles dans notre pays.
PATRICK COHEN
Arnaud MONTEBOURG, invité de FRANCE INTER, on vous retrouve dans quelques minutes. Et on parlera de la lutte contre les paradis fiscaux, cest lun de vos anciens combats. Mais je sais quil est toujours là. On évoquera le plan annoncé hier par François HOLLANDE, et on va en parler tout de suite dans « La revue de presse. »
source : Service d'information du Gouvernement, le 12 avril 2013
Bonjour Arnaud MONTEBOURG.
ARNAUD MONTEBOURG
Bonjour.
PATRICK COHEN
Aucun ministre ne peut remettre en cause la politique qui est conduite et qui nest pas laustérité, a dit hier François HOLLANDE en réponse à vos critiques ; allez-vous rester dans ce gouvernement dont vous désapprouvez la politique économique ?
ARNAUD MONTEBOURG
Je crois que vous faites une erreur dans mes propos
PATRICK COHEN
Alors je ne suis pas le seul !
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien, justement, ça me permet dutiliser votre micro pour dire les choses. Est-ce que nous pouvons avoir un débat sur les politiques économiques de lUnion européenne, car lUnion européenne nest pas un objet extérieur, nous y participons, mais dautres Etats membres y participent. Aujourdhui, il y a un débat mondial sur la façon dont lUnion européenne se positionne sur la question du rétablissement des finances publiques, et en même temps, sur sa croissance.
PATRICK COHEN
Mais qui, au sein du gouvernement, à part vous, conteste la politique de lUnion européenne ? Quelle est la voix qui se fait entendre ?
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien, le président de la République par exemple, lorsque celui-ci dit : avec lAllemagne, nous sommes en tension amicale, laustérité, cest condamner lEurope à lexplosion, on voit déjà monter les égoïsmes nationaux, cest la certitude davoir des gouvernements impopulaires, dont les populistes ne feront dune bouchée ! Je suis pour le redressement, pas pour la maison de redressement ! Je suis exactement sur cette ligne-là. Pourquoi ? Parce que nous avons été élus pour réorienter lUnion européenne, non pas dans le sens de la récession et laustérité, mais dans le sens de la croissance et de la reprise, de la création des emplois dans toute la zone euro.
PATRICK COHEN
La politique économique que nous menons est sous la contrainte de lUnion européenne, Arnaud MONTEBOURG.
ARNAUD MONTEBOURG
Je crois que la façon dont la Commission européenne, aujourdhui, organise ses diagnostics, prépare ses remèdes ne correspond pas, dabord, au consensus des économistes. Nous avons le droit et le devoir de le dire. Il y a de très nombreux économistes européens, dailleurs de toutes sensibilités, qui se sont exprimés dès la fin 2012 pour dire : attention, il y a des erreurs dappréciation. Madame LAGARDE, enfin, ce nest même pas madame LAGARDE, le Fonds monétaire international a déclaré : leffet des plans daustérité sur la croissance est plus fort que nous avions anticipé, cétait une erreur dappréciation. Donc que dit le FMI, qui a ouvert le débat avec la Commission européenne : attention de ne pas tuer la croissance. Donc nous, notre travail de responsables politiques, le président de la République en tête, cest déviter que lEurope ne soit quune, finalement, mécanique à détruire la croissance, cest la seule région dans le monde qui est en récession. Il y a dix pays sur dix-sept pays de la zone euro qui sont en récession, et toutes les prévisions de la Commission ont été gravement démenties. Je vous rappelle quand même que, et pour la zone euro, comme pour la France, on prévoyait en 2013 1,4% de croissance, pour les deux. Et on est, dernier trimestre 2012, moins 0,6 pour lAllemagne, moins 0,7 pour lEspagne, moins 0,3 pour la France, moins 0,6 zone euro. Donc franchement, les erreurs dappréciation que signale madame LAGARDE sont parfaitement justifiées.
PATRICK COHEN
La politique économique que suit la France aujourdhui, cest laustérité ou pas ?
ARNAUD MONTEBOURG
Ah non, cest la politique du sérieux budgétaire. Mais nous avons besoin dêtre aidés par lEurope pour que celle-ci évite de multiplier
PATRICK COHEN
Sérieux budgétaire dont vous avez dit quil était absurde et dangereux.
ARNAUD MONTEBOURG
Quil pouvait, en effet, lêtre, pour une raison simple, et je vais vous dire pourquoi, cest que nous avons fait des efforts sans précédent lannée dernière, trente milliards, la Cour des comptes nous a dailleurs félicités, la Commission européenne a souligné la force de nos efforts. Mais nous demandons de laide à lEurope pour que, partout, elle utilise dailleurs les ressources qui existent pour relancer léconomie. Et que dit par exemple le secrétaire au Trésor américain, qui est venu en tournée européenne, il dit exactement ce que nous disons, nous, il dit : il y a des pays à excédents, il faut utiliser le levier de la relance, notamment du côté de lAllemagne.
PATRICK COHEN
Donc le changement de cap que vous réclamez, cest pour lUnion européenne, Arnaud MONTEBOURG, je vous ai bien compris ?
ARNAUD MONTEBOURG
Mais donc pour nous-mêmes ! Parce que cela veut dire que si lUnion européenne nous aide, nous serons en mesure davoir plus de croissance, vous avez remarqué que ce que nous faisons, cest à la fois remettre de lordre dans les finances publiques dévastées par ces dernières années, je regrette, mais nous avons des montagnes himalayennes de dettes, nous en sommes à 600 milliards, et nous empruntons 180 milliards par an
PATRICK COHEN
Et
ARNAUD MONTEBOURG
Les fins de mois des fonctionnaires
PATRICK COHEN
Et en attendant ce changement de cap de lUnion européenne, il faudra faire 3% de déficits en 2014, est-ce que cet objectif, vous le prenez en compte
ARNAUD MONTEBOURG
Mais ce nest pas en attendant, cest un combat permanent, quand le président de la République sexprime ainsi, quand Pierre MOSCOVICI
PATRICK COHEN
Il faudra faire 3% en 2014
ARNAUD MONTEBOURG
Dit lui-même quil faut une approche rééquilibrée entre la protection de la croissance, et en même temps le rétablissement des finances publiques, il dit exactement la même chose que le secrétaire au Trésor américain, que monsieur STIGLITZ ce matin, qui dit : tiens, le Japon a peut-être raison davoir une politique monétaire différente de celle des Européens. Quand dailleurs les Américains nous disent : vous devriez faire comme nous, parce que cest ce quils disent, avec la Banque centrale, cest-à-dire de monétiser une partie de la dette, il faut quand même savoir que la Banque centrale européenne na que 2% de dettes publiques dans son bilan, alors que la Federal Reserve Bank en est à 10%. La Banque dAngleterre en est à 25%. Et la Banque du Japon a décidé dinjecter des milliards dans léconomie, pour avoir un peu dinflation, pour accommoder les choses. Et je ne crois pas que ces dirigeants politiques soient des gauchistes, ce sont des gens qui raisonnent en fonction des besoins de leurs populations et de léconomie réelle.
PATRICK COHEN
Faudra-t-il revenir à lobjectif de 3% de déficits en 2014, comme votre collègue, Bernard CAZENEUVE, le dit ce matin, dans LES ECHOS, ce qui suppose allez environ une quinzaine de milliards deuros déconomies supplémentaires pour le budget 2014 ?
ARNAUD MONTEBOURG
Nous faisons des efforts sur nos dépenses publiques, pourquoi ? Parce que tout le monde a compris que nous ne pouvons pas continuer à augmenter les impôts
PATRICK COHEN
Ça, on a compris, mais les 3% ?
ARNAUD MONTEBOURG
Je laisse les hommes des chiffres parler au nom de la France. En ce qui me concerne, je nai pas cette compétence, en revanche, moi, jai la compétence de lindustrie. Donc moi, jai besoin de croissance pour éviter les fermetures dentreprises, pour éviter que léconomie ne donne des signes de faiblesse, je ne peux pas accepter que des entreprises, même performantes aujourdhui, aient des difficultés à se financer parce quil ny a pas de perspectives de croissance. Et je dois vous dire, pour que la France soit attractive, elle a besoin de croissance, pour quil y ait des flux dinvestissement vers notre pays, elle a besoin de croissance. Donc notre travail à tous, cest une bataille collective pour la croissance.
PATRICK COHEN
Donc vous restez au gouvernement et vous continuez à travailler avec Jean-Marc AYRAULT en bonne entente.
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien écoutez, nous sommes dans une action collective, il y a des discussions dans le gouvernement, dailleurs, je trouve que ces discussions se passent bien, nous avons besoin de nous dire les choses, et quand il y a des arbitrages
PATRICK COHEN
Y compris en public
ARNAUD MONTEBOURG
Et quand il y a des arbitrages, eh bien, les arbitrages sont rendus. Ce que je sais, cest que dans la discussion avec lUnion européenne, il est normal que la France, comme la fait le président de la République, envoie des messages politiques volontaristes, parce que, on ne peut pas rester aujourdhui avec une politique dogmatique de lUnion européenne, quand des économistes disent : attention, la politique de laustérité partout en Europe, cest la débâcle, je ne fais que paraphraser le consensus des économistes européens.
PATRICK COHEN
Il ny a rien à changer au gouvernement sur le fond ou sur la forme aujourdhui, Arnaud MONTEBOURG ?
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien écoutez, le gouvernement fait aujourdhui de nombreux efforts pour rétablir les finances publiques, parce que nous avons aujourdhui finalement à gérer les conséquences de ce que nous ont laissé nos prédécesseurs
PATRICK COHEN
Ce nest pas ma question
ARNAUD MONTEBOURG
Mais cest ça le problème
PATRICK COHEN
Il ny a rien à changer ?
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien, ça, on le fait. Quand on mobilise le pays autour industriel dailleurs autour du made in France, quand on réforme lEducation nationale, quand on trouve les conditions dun accord entre les partenaires sociaux sur les conditions du dialogue dans lentreprise, quand des entreprises sont en difficulté, ce sont des progrès, et ce sont les moyens de répondre aux difficultés des temps.
PATRICK COHEN
La mort des hauts-fourneaux de Florange sera entérinée aujourdhui, lors dun comité dentreprise chez MITTAL ; la dernière flamme sera éteinte lundi, cest encore un combat perdu, Arnaud MONTEBOURG ?
ARNAUD MONTEBOURG
Ah ben écoutez, cest en tout cas, je crois, une décision qui a été prise, donc le choix qui a été fait, cest de passer un accord avec MITTAL, je conseille dailleurs à la firme MITTAL de bien respecter les conditions de laccord, car un certain nombre de choses ont été dites, y compris par le Premier ministre, sur les conditions dans lesquelles le gouvernement ne laissera pas piétiner un accord. Partout en Europe, des foyers de tension ont été créés par MITTAL, qui parce quil est à la tête dune entreprise surendettée, se retrouve en situation de devoir, pour des raisons financières, fermer des outils industriels, qui sont pourtant performants. Donc cette situation a donné lieu à des réprimandes de la Commission européenne, à des réactions très négatives et alignées sur la nôtre du gouvernement belge, luxembourgeois. Donc cela montre bien que, il y a un problème MITTAL en Europe, nous le savons, et cest une des raisons pour lesquelles, ces gouvernements, comme la Commission européenne, et les organisations syndicales ont une position aujourdhui très unitaire.
PATRICK COHEN
Bernard ARNAULT qui renonce à prendre la nationalité belge, cest une bonne nouvelle ?
ARNAUD MONTEBOURG
Oui, cest un acte patriotique, et je crois que le gouvernement qui lavait incité à renoncer à cette idée, je crois, a eu raison de le faire. Je voudrais dailleurs signaler quil y a de très nombreux de nos amis dans les pays voisins qui viennent en France prendre la nationalité française, on devrait aussi sen réjouir. Et il y a aussi de nombreuses personnes qui fuient le fisc dans dautres pays qui viennent en France. On devrait aussi le noter parfois. Il ny a pas que des mauvaises nouvelles dans notre pays.
PATRICK COHEN
Arnaud MONTEBOURG, invité de FRANCE INTER, on vous retrouve dans quelques minutes. Et on parlera de la lutte contre les paradis fiscaux, cest lun de vos anciens combats. Mais je sais quil est toujours là. On évoquera le plan annoncé hier par François HOLLANDE, et on va en parler tout de suite dans « La revue de presse. »
source : Service d'information du Gouvernement, le 12 avril 2013