Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense, notamment sur le rôle de l'armée de l'air, à Avord le 12 avril 2013.

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Circonstance : Déplacement à la base aérienne 702 d’Avord (Cher), le 12 avril 2013

Texte intégral


Messieurs les élus,
Monsieur le sous-préfet,
Mon général,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux de pouvoir être avec vous aujourd’hui. Je viens de faire une visite passionnante, et je veux d’abord vous en remercier. Surtout, j’ai rencontré à travers vous des hommes et des femmes fiers de leur engagement, passionnés par leur mission, et déterminés à la mener à bien. Dans cette aventure, qui ne peut être que celle d’une vie, je voulais avant tout vous dire que je suis résolument à vos côtés. Depuis près d’un an dans mes fonctions, je suis plus que jamais déterminé à porter le combat de la Défense, parce que c’est un combat, une lutte pour préserver les intérêts de la France, qui sont ceux de tous les Français. Assurer la tranquillité de nos concitoyens, veiller sur les intérêts vitaux de la Nation, garantir la souveraineté de notre capacité d’appréciation et d’action : ce sont ces objectifs qui rassemblent aujourd’hui et qui font notre fierté partagée.
Mais je veux d’abord parler d’Avord, qui est devenue une base incontournable de l’armée de l’air. Tout en accueillant l’école du transport aérien militaire, c’est le lieu d’implantation des Awacs, mais c’est aussi un site d’alerte pour la mission de dissuasion nucléaire. Et avec l’arrivée du nouveau système de défense sol-air SAMP-T, l’éventail des missions de votre base s’est encore élargi.
Votre action quotidienne, ainsi, couvre tout le champ d’intervention de l’armée de l’air, depuis la préparation de l’engagement des systèmes d’armes les plus modernes et les plus performants dont elle dispose, jusqu’au soutien de ses formations déployées en opérations. Je sais toute l’importance des efforts qui sont demandés aux bases arrière, lorsqu’il s’agit de maintenir en condition des détachements lointains. Mais je connais aussi, et d’ailleurs je l’ai vérifié aujourd’hui, la détermination et l’efficacité avec lesquelles vous remplissez ces missions, qui sont essentielles. Ce faisant, c’est votre rôle qui est décisif et je crois qu’il faut le souligner.
Aujourd’hui, je viens donc rendre hommage à la valeur de votre engagement, et en particulier à l’implication remarquable des unités de la base d’Avord dans les opérations que nous menons.
Mais je viens aussi dans un contexte de décisions pour l’avenir de notre Défense, et je sais que vous attendez de moi un éclairage pour le futur, sur notre futur. Je voudrais vous répondre très directement, autour de quelques principes simples, essentiels, sur lesquels le Président de la République et moi-même ne transigerons pas : coopération européenne, matériel de qualité, dissuasion aéroportée, amélioration de la condition du personnel.
Je veux d’abord rappeler toute l’importance des différentes composantes de l’arme aérienne dans notre politique de défense. L’outil aérien offre en effet aux autorités politiques une réactivité et une souplesse d’emploi, qui permettent de garder la maîtrise d’un processus d’autant plus complexe qu’il s’inscrit alors sur fond de crise. Notre engagement au Mali, dès les premières heures, a offert une démonstration magistrale de cette souplesse d’utilisation, en stoppant l’avancée des terroristes, en désorganisant leurs bases-arrière dans un rythme auquel ils ne s’attendaient et qui a fait changer la peur de camp.
Au-delà même des opérations, l’armée de l’air est au cœur d’un enjeu qui est crucial pour notre Défense aujourd’hui : la coopération européenne. A Avord, c’est une attitude de tous les jours, avec la présence des équipages européens et africains qui sont en formation à l’école du transport. C’est ici une réalité très concrète de l’Europe de la Défense, mais qu’il convient de faire fructifier. J’y suis déterminé. Puisque j’ai parlé du Mali, et qu’une équipe de militaires belges est présente aujourd’hui, je voudrais souligner combien l’engagement des Britanniques et des Belges à nos côtés, pour prendre ces deux exemples parmi bien d’autres, représente une avancée européenne sur le plan militaire. C’est aussi par l’engagement opérationnel que l’Europe de la Défense poursuit son chemin vers des capacités militaires communes, qui sont plus que jamais nécessaires.
Les travaux du Livre blanc, qui sont en train de s’achever, constituent un jalon important pour l’avenir de notre politique de la défense. Dans cette perspective, nous n’avons le droit ni à l’erreur, ni même à l’approximation. Et c’est aussi pour avoir une vue précise sur l’avenir que j’ai accepté la proposition du général Mercier, d’assister à la démonstration du matériel et, au-delà, des différentes voies possibles pour l’armée de l’air de demain.
Nous avons ainsi identifié plusieurs besoins prioritaires, et j’en citerai quelques-uns. Je pense aux capacités de renseignement, d’analyse et d’anticipation, pour éclairer les décideurs, politiques et militaires, dans un monde où complexité géopolitique et l’incertitude stratégique ont rarement été aussi grandes.
Demain, il faudra aussi attacher une réelle importance aux drones, qui ont été trop longtemps négligés. J’étais d’ailleurs à Cognac en décembre dernier pour prendre toute la mesure de ces possibilités ainsi ouvertes. De la même façon, je serai attentif à la problématique du renouvellement de notre flotte de ravitailleurs, comme de notre flotte de transport, deux équipements incontournables dont nous mesurons toute l’utilité dans le contexte opérationnel actuel.
En ce qui concerne la dissuasion nucléaire, le Président a été clair : elle est l’une des bases fondamentales de notre sécurité nationale et de notre statut international. En sanctuarisant le territoire, nos intérêts vitaux, elle est « l’assurance-vie » de la Nation, notamment face à la menace de la prolifération. Elle est l’arme de l’autonomie de nos choix. Nous conserverons donc les deux composantes, aérienne et sous-marine, de notre dissuasion. Cette dissuasion nucléaire a un coût, mais qui est nécessaire pour maintenir notre effort de défense à un niveau crédible.
A côté de ces exigences opérationnelles, des réorganisations ont concerné l’armée de l’air en particulier, et je voudrais en dire un mot. Ces derniers mois, j’ai constaté combien les réorganisations avait pu être vécues, par le passé, dans une impression de désordre et prendre un sentiment d’abandon des militaires à leur sort. Louvois en est un exemple hélas flagrant. Mon général, je vous confirme que l’armée de l’air ne basculera pas dans ce système tant que le moindre doute subsistera.
Avant de vous retrouver, pour prolonger les échanges que nous avons entamés cet après-midi, je voudrais vous dire, à nouveau, combien la Nation est fière de vous et de toutes celles et ceux qui la servent au sein de l’armée de l’air. Le coup d’arrêt que nous avons su donner à l’offensive terroriste au Mali est à porter au crédit de nos armées dans leur ensemble, mais nos aviateurs y ont joué tout leur rôle. Dans ces circonstances difficiles, l’image que vous donnez à nos concitoyens, comme à nos partenaires internationaux, est celle d’une grande maîtrise technologique, professionnelle et humaine. C’est, je crois, un cap qui demeure et je vous sais résolus à le tenir. Aujourd’hui comme demain, je suis à vos côtés, dans les épreuves comme face aux beaux défis qui nous attendent. Et j’ai toute confiance en vous pour les relever.Source http://www.defense.gouv.fr, le 15 avril 2013