Texte intégral
Messieurs les élus,
Monsieur le sous-préfet,
Mon général,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux de pouvoir être avec vous aujourdhui. Je viens de faire une visite passionnante, et je veux dabord vous en remercier. Surtout, jai rencontré à travers vous des hommes et des femmes fiers de leur engagement, passionnés par leur mission, et déterminés à la mener à bien. Dans cette aventure, qui ne peut être que celle dune vie, je voulais avant tout vous dire que je suis résolument à vos côtés. Depuis près dun an dans mes fonctions, je suis plus que jamais déterminé à porter le combat de la Défense, parce que cest un combat, une lutte pour préserver les intérêts de la France, qui sont ceux de tous les Français. Assurer la tranquillité de nos concitoyens, veiller sur les intérêts vitaux de la Nation, garantir la souveraineté de notre capacité dappréciation et daction : ce sont ces objectifs qui rassemblent aujourdhui et qui font notre fierté partagée.
Mais je veux dabord parler dAvord, qui est devenue une base incontournable de larmée de lair. Tout en accueillant lécole du transport aérien militaire, cest le lieu dimplantation des Awacs, mais cest aussi un site dalerte pour la mission de dissuasion nucléaire. Et avec larrivée du nouveau système de défense sol-air SAMP-T, léventail des missions de votre base sest encore élargi.
Votre action quotidienne, ainsi, couvre tout le champ dintervention de larmée de lair, depuis la préparation de lengagement des systèmes darmes les plus modernes et les plus performants dont elle dispose, jusquau soutien de ses formations déployées en opérations. Je sais toute limportance des efforts qui sont demandés aux bases arrière, lorsquil sagit de maintenir en condition des détachements lointains. Mais je connais aussi, et dailleurs je lai vérifié aujourdhui, la détermination et lefficacité avec lesquelles vous remplissez ces missions, qui sont essentielles. Ce faisant, cest votre rôle qui est décisif et je crois quil faut le souligner.
Aujourdhui, je viens donc rendre hommage à la valeur de votre engagement, et en particulier à limplication remarquable des unités de la base dAvord dans les opérations que nous menons.
Mais je viens aussi dans un contexte de décisions pour lavenir de notre Défense, et je sais que vous attendez de moi un éclairage pour le futur, sur notre futur. Je voudrais vous répondre très directement, autour de quelques principes simples, essentiels, sur lesquels le Président de la République et moi-même ne transigerons pas : coopération européenne, matériel de qualité, dissuasion aéroportée, amélioration de la condition du personnel.
Je veux dabord rappeler toute limportance des différentes composantes de larme aérienne dans notre politique de défense. Loutil aérien offre en effet aux autorités politiques une réactivité et une souplesse demploi, qui permettent de garder la maîtrise dun processus dautant plus complexe quil sinscrit alors sur fond de crise. Notre engagement au Mali, dès les premières heures, a offert une démonstration magistrale de cette souplesse dutilisation, en stoppant lavancée des terroristes, en désorganisant leurs bases-arrière dans un rythme auquel ils ne sattendaient et qui a fait changer la peur de camp.
Au-delà même des opérations, larmée de lair est au cur dun enjeu qui est crucial pour notre Défense aujourdhui : la coopération européenne. A Avord, cest une attitude de tous les jours, avec la présence des équipages européens et africains qui sont en formation à lécole du transport. Cest ici une réalité très concrète de lEurope de la Défense, mais quil convient de faire fructifier. Jy suis déterminé. Puisque jai parlé du Mali, et quune équipe de militaires belges est présente aujourdhui, je voudrais souligner combien lengagement des Britanniques et des Belges à nos côtés, pour prendre ces deux exemples parmi bien dautres, représente une avancée européenne sur le plan militaire. Cest aussi par lengagement opérationnel que lEurope de la Défense poursuit son chemin vers des capacités militaires communes, qui sont plus que jamais nécessaires.
Les travaux du Livre blanc, qui sont en train de sachever, constituent un jalon important pour lavenir de notre politique de la défense. Dans cette perspective, nous navons le droit ni à lerreur, ni même à lapproximation. Et cest aussi pour avoir une vue précise sur lavenir que jai accepté la proposition du général Mercier, dassister à la démonstration du matériel et, au-delà, des différentes voies possibles pour larmée de lair de demain.
Nous avons ainsi identifié plusieurs besoins prioritaires, et jen citerai quelques-uns. Je pense aux capacités de renseignement, danalyse et danticipation, pour éclairer les décideurs, politiques et militaires, dans un monde où complexité géopolitique et lincertitude stratégique ont rarement été aussi grandes.
Demain, il faudra aussi attacher une réelle importance aux drones, qui ont été trop longtemps négligés. Jétais dailleurs à Cognac en décembre dernier pour prendre toute la mesure de ces possibilités ainsi ouvertes. De la même façon, je serai attentif à la problématique du renouvellement de notre flotte de ravitailleurs, comme de notre flotte de transport, deux équipements incontournables dont nous mesurons toute lutilité dans le contexte opérationnel actuel.
En ce qui concerne la dissuasion nucléaire, le Président a été clair : elle est lune des bases fondamentales de notre sécurité nationale et de notre statut international. En sanctuarisant le territoire, nos intérêts vitaux, elle est « lassurance-vie » de la Nation, notamment face à la menace de la prolifération. Elle est larme de lautonomie de nos choix. Nous conserverons donc les deux composantes, aérienne et sous-marine, de notre dissuasion. Cette dissuasion nucléaire a un coût, mais qui est nécessaire pour maintenir notre effort de défense à un niveau crédible.
A côté de ces exigences opérationnelles, des réorganisations ont concerné larmée de lair en particulier, et je voudrais en dire un mot. Ces derniers mois, jai constaté combien les réorganisations avait pu être vécues, par le passé, dans une impression de désordre et prendre un sentiment dabandon des militaires à leur sort. Louvois en est un exemple hélas flagrant. Mon général, je vous confirme que larmée de lair ne basculera pas dans ce système tant que le moindre doute subsistera.
Avant de vous retrouver, pour prolonger les échanges que nous avons entamés cet après-midi, je voudrais vous dire, à nouveau, combien la Nation est fière de vous et de toutes celles et ceux qui la servent au sein de larmée de lair. Le coup darrêt que nous avons su donner à loffensive terroriste au Mali est à porter au crédit de nos armées dans leur ensemble, mais nos aviateurs y ont joué tout leur rôle. Dans ces circonstances difficiles, limage que vous donnez à nos concitoyens, comme à nos partenaires internationaux, est celle dune grande maîtrise technologique, professionnelle et humaine. Cest, je crois, un cap qui demeure et je vous sais résolus à le tenir. Aujourdhui comme demain, je suis à vos côtés, dans les épreuves comme face aux beaux défis qui nous attendent. Et jai toute confiance en vous pour les relever.Source http://www.defense.gouv.fr, le 15 avril 2013