Texte intégral
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Vous en êtes où, dites-moi, de vos investigations sur le fameux scandale de la viande de cheval ?
BENOIT HAMON
Alors, pour ce qui relève dune situation, celle de la société SPANGHERO et de la responsabilité de sa Direction, c'est le Parquet qui poursuit lenquête, ça ne relève plus du Service national denquête de la répression des fraudes, donc de mes services. Pour ce qui concerne les tests que nous avons réalisés, nous en avons réalisé à peu près 156, si mes souvenirs sont bons, tests ADN, 17 ont été positifs, ce qui révèle que, en réalité, il y avait quand on cherche on trouve, il y avait la substitution de viande de cheval en nombre assez important, à la viande de boeuf. Alors, soit ce que lon appelle de la contamination résiduelle, c'est-à-dire, moins de 1 %, soit parfois un mélange de viandes, et nous avons maintenu la filière viande sous surveillance, c'est-à-dire quil y a encore des contrôles qui sont effectués, et qui montrent quoi, et ça c'est le point positif, c'est que plus on avance dans le temps, moins on trouve de substitution de viande de cheval ou dautres viandes, à la viande de boeuf, et nous sommes en train dassainir, en quelque sorte, la filière, c'est le point très positif, mais pour que ce soit durable, faut-il encore que les peines soient maintenant dissuasives, c'est le sens du projet de loi consommation.
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Alors, justement, vous allez renforcer les sanctions ? Il faut taper, clairement, au porte-monnaie ?
BENOIT HAMON
Oui, parce que nous avons jugé quoi ? Quau regard des bénéfices qui pouvaient être réalisés, le niveau des peines, des amendes, était relativement faible, 185 000 damende maximum pour une personne morale, quand dans le cas de laffaire de la viande de cheval que lon a connue, on pouvait avoir, aller à des bénéfices au moins jusquà 500 000 . Donc, en clair, le crime
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Il faut que ça soit équivalent.
BENOIT HAMON
Il faut que ça soit clairement dissuasif.
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Le crime ne doit pas payer, hein
BENOIT HAMON
Voilà.
RAPHAËLLE DUCHEMIN
C'est ce qua dit le Commissaire européen, même si les sanctions sont faibles, pour linstant il paie encore.
BENOIT HAMON
En tout cas, en France, avec cette loi, nous allons porter le niveau des pénalités jusquà 10 % du chiffre daffaires de la société. Pourquoi faire cela ? Parce que le préjudice, il n'est pas simplement pour lentreprise qui se révèle potentiellement coupable de tromperie économique, il est aussi, ce préjudice-là il est pour toute la filière. Et ce qui sest passé, en loccurrence en France, c'est que, en raison de la négligence de quelques-uns ou de la tromperie dautres, eh bien c'est toute la filière de lagroalimentaire, mais la distribution aussi qui a été touchée, il y a eu jusquà 50 % de ventes en moins, de plats préparés ou plats surgelés, et des salariés qui travaillaient chez FINDUS, dans la grande distribution, chez PICARD, ont ou être directement impactés par la responsabilité de quelques-uns, plus haut dans léchelle agroalimentaire. Donc il faut que ce soit vraiment dissuasif, pour lutter contre aussi la récidive, parce quil y en avait beaucoup dans ce domaine-là, ça sera le sens du projet de loi consommation, on va faire en sorte que le crime ne paie plus, en matière dagroalimentaire. Et dun mot, très vite, c'est aussi la conséquence dune forme déconomie low-cost en Europe, et léconomie low-cost ça veut dire aussi lalimentation low-cost. A force de tirer les prix vers le bas, on en finit par avoir une alimentation de très mauvaise qualité, et il faut constater quaujourd'hui, cette qualité dalimentation se dégrade. Ce qui ne veut pas dire quil y a des dangers pour votre santé, mais en loccurrence, la viande dans les plats préparés, elle fait de plus en plus de place aux nerfs, au gras, à plein dautres choses que de la viande.
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Et on peut faire quoi ? On peut faire quoi pour lutter contre ça ?
BENOIT HAMON
Eh bien il faut travailler avec les professionnels, et moi je me réjouis quen France, grande distribution, agroalimentaire et producteurs, aient décidé de privilégier la viande bovine française, la viande porcine française, et la volaille de France, le cas échéant la viande chevaline française, si on veut faire du cheval et lafficher comme du cheval, mais en tout cas, la viande française, ce sera peut-être un peu plus cher, mais on est à peu près certain, en tout cas, de la qualité de lalimentation et en tout cas de la qualité du bétail, et jinsiste là-dessus, et en tout cas, cet accord-là est un accord qui va dans le bon sens, il tend à améliorer la qualité de ce que lon mange.
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Alors, hier, le gouvernement s'est réuni en séminaire, ce nétait pas un goûter danniversaire, cétait un séminaire pour annoncer quon annoncerait un plan dinvestissements, jai envie de dire « waouh ! ». Vous croyez que les Français sont contents dentendre ce genre dannonce, on va annoncer quon annonce un plan dinvestissements ?
BENOIT HAMON
Eh bien écoutez, vous le prenez aussi dune telle manière, que présenté comme ça, effectivement, ça parait comme pas important, sauf que c'est un plan dinvestissements qui court à partir de maintenant et jusque dans dix ans, et qui privilégie quoi ? Des secteurs dans lesquels il faut être bon ou en tout cas il faut améliorer la performance ce notre économie, dans le domaine de la santé, du numérique, de la transition écologique notamment, qui sont des secteurs dans lesquels il y a non seulement beaucoup demplois à créer, mais surtout à développer la performance de notre économie.
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Mais pourquoi ne pas dire : voilà, on va faire ça, à tel moment, dans tel secteur précisément ?
BENOIT HAMON
Mais il faut prendre la mesure du temps. Et dans ce domaine-là, nous avons hérité dun pays, qui est un pays en ruine. Les difficultés sont là, nous les avons acceptées, c'est la réalité, mais on n'est pas obligé de perdre la mémoire de ce qui a été fait. Or, nous avons besoin de quoi ? Dun Etat stratège. Quest-ce qui manque ? Dun Etat qui pilote un tout petit peu léconomie pour dire : voilà les secteurs dans lesquels il y aura de lemploi, voilà les secteurs dans lesquels, si on développe notre excellence, ce sera bon pour tout le monde, y compris ceux qui ne travaillent pas dans la santé.
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Et léconomie solidaire en fait partie.
BENOIT HAMON
Bien sûr léconomie
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Vous savez, précisément, vous, déjà, où vous, vous allez ?
BENOIT HAMON
Eh bien je vais vous dire où exactement. Dans la transition écologique, quels sont les champions, aujourd'hui, du recyclage, de léconomie circulaire ? On les trouve dans léconomie sociale et solidaire. Alors, qu'est-ce que c'est léconomie sociale et le solidaire ? Ce sont des entreprises qui, quand elles réalisent des bénéfices, ne les distribuent pas à leurs actionnaires mais les réinjectent dans lentreprise. Ce sont des entreprises que lon appelle « privées non lucratives ». Eh bien elles sont aujourd'hui très fortes, elles développent des savoir-faire, de linnovation technologique, de linnovation sociale, pour recycler des tissus, des métaux, des biens électroménagers, pour travailler à leur réparation, leur réemploi. Tout ça, ce sont des emplois non délocalisables. Quand vous réparez quelque chose, vous le réparez ici. Eh bien moi je suis heureux que, en tout cas, ce savoir-faire
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Ça va se faire, finalement, avec votre projet de loi sur lobsolescence programmée, aussi.
BENOIT HAMON
Ah, c'est effectivement, ça croise mon portefeuille consommation et celui de léconomie sociale et solidaire, puisque, ce que nous allons faire dans le projet de loi consommation, c'est obliger désormais les professionnels à vous mettre à disposition les pièces détachées indispensables à la réparation du bien que vous ramenez, parce quil ne marche plus. Vous avez acheté, je ne sais pas moi, une machine à laver, elle ne marche plus, et la tentation peut être grande de la remplacer directement. Si vous la remplacez, la plupart du temps elle est faite en dehors de la France, donc vous remplacez quelque chose que vous importez. Si vous réparez, un ça coûte moins cher, c'est meilleur pour lenvironnement, et qui répare ? Quelquun à côté de chez vous, donc un salarié qui sera recruté et un emploi qui sera recréé ici.
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Français, made in France, on y revient toujours, hein, finalement. Dites-moi, ça ne vous dérange pas, justement, quon parle aujourd'hui de vendre, allez, je vais dire, vendre une partie des bijoux de famille, que lEtat cède une partie de ses parts dans des entreprises publiques, vous qui êtes clairement un homme de gauche ?
BENOIT HAMON
Alors, moi je vais vous le dire clairement, là il ne faut pas faire de fausse polémique, parce que je ne vois pas en quoi, si aujourd'hui on cède 1 ou 2 % dune société, que sans remettre en cause, ni linfluence de lEtat au conseil dadministration, c'est-à-dire sur la gouvernance de lentreprise, sans privatiser, sachant que cet argent va aller à linvestissement, quil sert à la stratégie dun état pilote et stratège, là on se crée des histoires à gauche, en en faisait un objet de polémique. Je le dis
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Ce n'est pas de la privatisation.
BENOIT HAMON
Mais non, ce n'est pas de la privatisation. Si cétait de la privatisation et si javais le sentiment quen clair on baisse la voilure des capacités dintervention de lEtat, moi je peux vous dire que je me serais exprimé. Vraiment, je ne le pense pas, et je pense au contraire que dès lors quon se donne les moyens davoir une stratégie dinvestissement à dix ans, que lon dise « cest dans ces secteurs là que lon va mettre de largent », que lon dise pourquoi, je pense que là on retrouve au contraire une capacité dintervention à lEtat, que lon avait perdue. On avait un état, honnêtement, impuissant, et limpuissance elle avait été orchestrée par qui, par Nicolas SARKOZY. Impuissance vis-à-vis de lAllemagne, impuissance vis-à-vis des marchés, incapacité à projeter léconomie française au-delà du court terme, et on sort de cela.
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Et on est toujours impuissant vis-à-vis de lAllemagne, ou pas ? Parce quil y a eu quand même pas mal de remue-ménage au Parti socialiste, vous le savez.
BENOIT HAMON
Eh bien écoutez, il suffit de lire la presse du lundi, la presse allemande, pour constater quoi ? Quelle sest une émotion vis-à-vis de la décision de changement de doctrine de la Commission européenne, en matière de rythme de consolidation budgétaire. La France a enregistré une authentique victoire politique. Victoire politique pourquoi ? Parce que la Commission européenne na pas changé son attitude vis-à-vis de la France, elle a changé son attitude en matière de politique économique vis-à-vis de lensemble des pays européens. C'est un changement de doctrine, c'est ce que nous voulions, ça procède et du rapport de force, et du travail de convictions. Eh bien quand on a une victoire politique, on lassume. Moi je suis heureux dappartenir à un gouvernement, qui a obtenu que la Commission européenne change sa politique. Bon, ça ne fait pas plaisir aux conservateurs allemands, c'est triste pour eux, mais moi je suis très content.
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Donc aujourd'hui, vous êtes plutôt content, finalement, de la politique sociale libérale, menée par François HOLLANDE.
BENOIT HAMON
Ce n'est pas une politique sociale libérale. La politique qui consiste à dire pardon de le dire aujourd'hui, la consolidation budgétaire c'est un marathon, un marathon ça ne se termine pas, si on le fait au rythme, à une course de 400 m, et de considérer quil faut mettre davantage dargent dans la croissance, linvestissement, ce que lon est en train de faire, je pense que c'est exactement le contraire dune politique dite libérale, cest au contraire une politique qui prépare lavenir, et qui ne fait pas de léconomie européenne, le jouet des marchés financiers. Cétait le cas avant, ça ne lest plus aujourd'hui.
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Merci.
BENOIT HAMON
En tout cas ça lest de moins en moins.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 mai 2013
Vous en êtes où, dites-moi, de vos investigations sur le fameux scandale de la viande de cheval ?
BENOIT HAMON
Alors, pour ce qui relève dune situation, celle de la société SPANGHERO et de la responsabilité de sa Direction, c'est le Parquet qui poursuit lenquête, ça ne relève plus du Service national denquête de la répression des fraudes, donc de mes services. Pour ce qui concerne les tests que nous avons réalisés, nous en avons réalisé à peu près 156, si mes souvenirs sont bons, tests ADN, 17 ont été positifs, ce qui révèle que, en réalité, il y avait quand on cherche on trouve, il y avait la substitution de viande de cheval en nombre assez important, à la viande de boeuf. Alors, soit ce que lon appelle de la contamination résiduelle, c'est-à-dire, moins de 1 %, soit parfois un mélange de viandes, et nous avons maintenu la filière viande sous surveillance, c'est-à-dire quil y a encore des contrôles qui sont effectués, et qui montrent quoi, et ça c'est le point positif, c'est que plus on avance dans le temps, moins on trouve de substitution de viande de cheval ou dautres viandes, à la viande de boeuf, et nous sommes en train dassainir, en quelque sorte, la filière, c'est le point très positif, mais pour que ce soit durable, faut-il encore que les peines soient maintenant dissuasives, c'est le sens du projet de loi consommation.
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Alors, justement, vous allez renforcer les sanctions ? Il faut taper, clairement, au porte-monnaie ?
BENOIT HAMON
Oui, parce que nous avons jugé quoi ? Quau regard des bénéfices qui pouvaient être réalisés, le niveau des peines, des amendes, était relativement faible, 185 000 damende maximum pour une personne morale, quand dans le cas de laffaire de la viande de cheval que lon a connue, on pouvait avoir, aller à des bénéfices au moins jusquà 500 000 . Donc, en clair, le crime
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Il faut que ça soit équivalent.
BENOIT HAMON
Il faut que ça soit clairement dissuasif.
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Le crime ne doit pas payer, hein
BENOIT HAMON
Voilà.
RAPHAËLLE DUCHEMIN
C'est ce qua dit le Commissaire européen, même si les sanctions sont faibles, pour linstant il paie encore.
BENOIT HAMON
En tout cas, en France, avec cette loi, nous allons porter le niveau des pénalités jusquà 10 % du chiffre daffaires de la société. Pourquoi faire cela ? Parce que le préjudice, il n'est pas simplement pour lentreprise qui se révèle potentiellement coupable de tromperie économique, il est aussi, ce préjudice-là il est pour toute la filière. Et ce qui sest passé, en loccurrence en France, c'est que, en raison de la négligence de quelques-uns ou de la tromperie dautres, eh bien c'est toute la filière de lagroalimentaire, mais la distribution aussi qui a été touchée, il y a eu jusquà 50 % de ventes en moins, de plats préparés ou plats surgelés, et des salariés qui travaillaient chez FINDUS, dans la grande distribution, chez PICARD, ont ou être directement impactés par la responsabilité de quelques-uns, plus haut dans léchelle agroalimentaire. Donc il faut que ce soit vraiment dissuasif, pour lutter contre aussi la récidive, parce quil y en avait beaucoup dans ce domaine-là, ça sera le sens du projet de loi consommation, on va faire en sorte que le crime ne paie plus, en matière dagroalimentaire. Et dun mot, très vite, c'est aussi la conséquence dune forme déconomie low-cost en Europe, et léconomie low-cost ça veut dire aussi lalimentation low-cost. A force de tirer les prix vers le bas, on en finit par avoir une alimentation de très mauvaise qualité, et il faut constater quaujourd'hui, cette qualité dalimentation se dégrade. Ce qui ne veut pas dire quil y a des dangers pour votre santé, mais en loccurrence, la viande dans les plats préparés, elle fait de plus en plus de place aux nerfs, au gras, à plein dautres choses que de la viande.
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Et on peut faire quoi ? On peut faire quoi pour lutter contre ça ?
BENOIT HAMON
Eh bien il faut travailler avec les professionnels, et moi je me réjouis quen France, grande distribution, agroalimentaire et producteurs, aient décidé de privilégier la viande bovine française, la viande porcine française, et la volaille de France, le cas échéant la viande chevaline française, si on veut faire du cheval et lafficher comme du cheval, mais en tout cas, la viande française, ce sera peut-être un peu plus cher, mais on est à peu près certain, en tout cas, de la qualité de lalimentation et en tout cas de la qualité du bétail, et jinsiste là-dessus, et en tout cas, cet accord-là est un accord qui va dans le bon sens, il tend à améliorer la qualité de ce que lon mange.
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Alors, hier, le gouvernement s'est réuni en séminaire, ce nétait pas un goûter danniversaire, cétait un séminaire pour annoncer quon annoncerait un plan dinvestissements, jai envie de dire « waouh ! ». Vous croyez que les Français sont contents dentendre ce genre dannonce, on va annoncer quon annonce un plan dinvestissements ?
BENOIT HAMON
Eh bien écoutez, vous le prenez aussi dune telle manière, que présenté comme ça, effectivement, ça parait comme pas important, sauf que c'est un plan dinvestissements qui court à partir de maintenant et jusque dans dix ans, et qui privilégie quoi ? Des secteurs dans lesquels il faut être bon ou en tout cas il faut améliorer la performance ce notre économie, dans le domaine de la santé, du numérique, de la transition écologique notamment, qui sont des secteurs dans lesquels il y a non seulement beaucoup demplois à créer, mais surtout à développer la performance de notre économie.
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Mais pourquoi ne pas dire : voilà, on va faire ça, à tel moment, dans tel secteur précisément ?
BENOIT HAMON
Mais il faut prendre la mesure du temps. Et dans ce domaine-là, nous avons hérité dun pays, qui est un pays en ruine. Les difficultés sont là, nous les avons acceptées, c'est la réalité, mais on n'est pas obligé de perdre la mémoire de ce qui a été fait. Or, nous avons besoin de quoi ? Dun Etat stratège. Quest-ce qui manque ? Dun Etat qui pilote un tout petit peu léconomie pour dire : voilà les secteurs dans lesquels il y aura de lemploi, voilà les secteurs dans lesquels, si on développe notre excellence, ce sera bon pour tout le monde, y compris ceux qui ne travaillent pas dans la santé.
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Et léconomie solidaire en fait partie.
BENOIT HAMON
Bien sûr léconomie
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Vous savez, précisément, vous, déjà, où vous, vous allez ?
BENOIT HAMON
Eh bien je vais vous dire où exactement. Dans la transition écologique, quels sont les champions, aujourd'hui, du recyclage, de léconomie circulaire ? On les trouve dans léconomie sociale et solidaire. Alors, qu'est-ce que c'est léconomie sociale et le solidaire ? Ce sont des entreprises qui, quand elles réalisent des bénéfices, ne les distribuent pas à leurs actionnaires mais les réinjectent dans lentreprise. Ce sont des entreprises que lon appelle « privées non lucratives ». Eh bien elles sont aujourd'hui très fortes, elles développent des savoir-faire, de linnovation technologique, de linnovation sociale, pour recycler des tissus, des métaux, des biens électroménagers, pour travailler à leur réparation, leur réemploi. Tout ça, ce sont des emplois non délocalisables. Quand vous réparez quelque chose, vous le réparez ici. Eh bien moi je suis heureux que, en tout cas, ce savoir-faire
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Ça va se faire, finalement, avec votre projet de loi sur lobsolescence programmée, aussi.
BENOIT HAMON
Ah, c'est effectivement, ça croise mon portefeuille consommation et celui de léconomie sociale et solidaire, puisque, ce que nous allons faire dans le projet de loi consommation, c'est obliger désormais les professionnels à vous mettre à disposition les pièces détachées indispensables à la réparation du bien que vous ramenez, parce quil ne marche plus. Vous avez acheté, je ne sais pas moi, une machine à laver, elle ne marche plus, et la tentation peut être grande de la remplacer directement. Si vous la remplacez, la plupart du temps elle est faite en dehors de la France, donc vous remplacez quelque chose que vous importez. Si vous réparez, un ça coûte moins cher, c'est meilleur pour lenvironnement, et qui répare ? Quelquun à côté de chez vous, donc un salarié qui sera recruté et un emploi qui sera recréé ici.
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Français, made in France, on y revient toujours, hein, finalement. Dites-moi, ça ne vous dérange pas, justement, quon parle aujourd'hui de vendre, allez, je vais dire, vendre une partie des bijoux de famille, que lEtat cède une partie de ses parts dans des entreprises publiques, vous qui êtes clairement un homme de gauche ?
BENOIT HAMON
Alors, moi je vais vous le dire clairement, là il ne faut pas faire de fausse polémique, parce que je ne vois pas en quoi, si aujourd'hui on cède 1 ou 2 % dune société, que sans remettre en cause, ni linfluence de lEtat au conseil dadministration, c'est-à-dire sur la gouvernance de lentreprise, sans privatiser, sachant que cet argent va aller à linvestissement, quil sert à la stratégie dun état pilote et stratège, là on se crée des histoires à gauche, en en faisait un objet de polémique. Je le dis
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Ce n'est pas de la privatisation.
BENOIT HAMON
Mais non, ce n'est pas de la privatisation. Si cétait de la privatisation et si javais le sentiment quen clair on baisse la voilure des capacités dintervention de lEtat, moi je peux vous dire que je me serais exprimé. Vraiment, je ne le pense pas, et je pense au contraire que dès lors quon se donne les moyens davoir une stratégie dinvestissement à dix ans, que lon dise « cest dans ces secteurs là que lon va mettre de largent », que lon dise pourquoi, je pense que là on retrouve au contraire une capacité dintervention à lEtat, que lon avait perdue. On avait un état, honnêtement, impuissant, et limpuissance elle avait été orchestrée par qui, par Nicolas SARKOZY. Impuissance vis-à-vis de lAllemagne, impuissance vis-à-vis des marchés, incapacité à projeter léconomie française au-delà du court terme, et on sort de cela.
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Et on est toujours impuissant vis-à-vis de lAllemagne, ou pas ? Parce quil y a eu quand même pas mal de remue-ménage au Parti socialiste, vous le savez.
BENOIT HAMON
Eh bien écoutez, il suffit de lire la presse du lundi, la presse allemande, pour constater quoi ? Quelle sest une émotion vis-à-vis de la décision de changement de doctrine de la Commission européenne, en matière de rythme de consolidation budgétaire. La France a enregistré une authentique victoire politique. Victoire politique pourquoi ? Parce que la Commission européenne na pas changé son attitude vis-à-vis de la France, elle a changé son attitude en matière de politique économique vis-à-vis de lensemble des pays européens. C'est un changement de doctrine, c'est ce que nous voulions, ça procède et du rapport de force, et du travail de convictions. Eh bien quand on a une victoire politique, on lassume. Moi je suis heureux dappartenir à un gouvernement, qui a obtenu que la Commission européenne change sa politique. Bon, ça ne fait pas plaisir aux conservateurs allemands, c'est triste pour eux, mais moi je suis très content.
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Donc aujourd'hui, vous êtes plutôt content, finalement, de la politique sociale libérale, menée par François HOLLANDE.
BENOIT HAMON
Ce n'est pas une politique sociale libérale. La politique qui consiste à dire pardon de le dire aujourd'hui, la consolidation budgétaire c'est un marathon, un marathon ça ne se termine pas, si on le fait au rythme, à une course de 400 m, et de considérer quil faut mettre davantage dargent dans la croissance, linvestissement, ce que lon est en train de faire, je pense que c'est exactement le contraire dune politique dite libérale, cest au contraire une politique qui prépare lavenir, et qui ne fait pas de léconomie européenne, le jouet des marchés financiers. Cétait le cas avant, ça ne lest plus aujourd'hui.
RAPHAËLLE DUCHEMIN
Merci.
BENOIT HAMON
En tout cas ça lest de moins en moins.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 mai 2013