Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Projet de loi sur lenseignement supérieur débattu à lAssemblée nationale à partir de la semaine prochaine, le 22 je crois. Cest bien cela ?
GENEVIEVE FIORASO
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le mercredi 22. Lun des volets du texte prévoit des cours en anglais dans certaines universités françaises et ça fait débat. Jai vu le nombre de pétitions qui ont surgi après cette volonté gouvernementale que vous avez de développer des cours en anglais dans les universités. Pourquoi vouloir développer des cours en anglais dans les universités françaises ?
GENEVIEVE FIORASO
Dabord il y a soixante articles dans la loi et jai vu quil y avait une espèce de polarisation sur cet article. De fait, il existe déjà plus de sept cents formations en langue étrangère, principalement en anglais, qui sont dispensées surtout par les écoles, très peu par luniversité. Pour les écoles, ça se passe depuis quinze ans. Personne na jamais trouvé quoi que ce soit à y redire et maintenant quon propose aux universités de le faire mais de façon très encadrée, et puis on propose de régulariser ce qui se fait aujourd'hui parce que les écoles, les universités qui le font aujourd'hui, le font en infraction avec la loi Toubon, on propose de le faire pour accueillir les étudiants des pays émergents la Corée, lIndonésie, lInde qui veulent multiplier par deux pour lInde, le Brésil, lIndonésie leur nombre détudiants qui aujourd'hui vont tous dans les universités anglo-saxonnes et qui pourraient utilement venir suivre des formations scientifiques et technologiques en France puisquon manque de vocations scientifiques et technologiques dans notre pays et plus largement en Europe. LAllemagne la fait, les pays scandinaves lont fait, lAllemagne est passée devant nous dailleurs comme pays dattractivité pour les étudiants. Nous étions longtemps au deuxième rang puis au troisième rang, nous sommes au cinquième rang maintenant. Donc il sagit dune mesure très encadrée qui vise un public spécifique et des disciplines spécifiques. Ça nest pas une généralisation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Beaucoup denseignants ou de chercheurs à luniversité disent : « Oh ! Ça napporte pas grand-chose. Rien ne prouve que dispenser des cours en anglais est un avantage compétitif » disent-ils dans leur pétition.
GENEVIEVE FIORASO
Ma loi défend la francophonie. Il ny a pas de pétition denseignant duniversité. Il y a une pétition très générale.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Enfin, il y a beaucoup denseignants duniversité qui sont contre cette idée, non ? Jen ai vus qui protestaient.
GENEVIEVE FIORASO
Écoutez, moi jai vu deux Prix Nobel, une médaille Fields, le président du CNRS, le président de la conférence des présidents duniversité qui se sont prononcés favorablement, lUNEF également, donc les étudiants y sont favorables.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les étudiants y sont favorables mais dites-moi, je vais être direct.
GENEVIEVE FIORASO
Moi, ce qui mimporte cest la réussite étudiante, et dans les universités.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, je comprends ça Geneviève FIORASO, mais il y a des enseignants qui sont contre parce quils ne parlent pas anglais. Parce quils ne peuvent pas enseigner en anglais, ils sont incapables denseigner en anglais.
GENEVIEVE FIORASO
Personne ne va contraindre un enseignant à enseigner en anglais, vous laviez bien compris. Il sagit dun anglais de spécialité des enseignements spécifiques pour des gens, des enseignants qui sont bilingues, qui parlent correctement langlais il nest pas question de parler un mauvais anglais ou bien pour des universités qui vont pouvoir, comme ça se fait déjà dans les écoles, embaucher des enseignants anglophones ou qui pratiquent lallemand pour le droit roman. Voilà, il sagit dune ouverture au monde. Moi ce qui minquiète dans les réactions, je vais vous le dire franchement, cest cette espèce de manque de confiance. La francophonie, elle nest pas en danger. Ma collège Yamina BENGUIGUI la défend, tout le gouvernement la défend, je la défends. Nous sommes deux cent cinquante millions dindividus sur cette planète à parler français ; nous serons sept cent cinquante millions dici à 2050 avec lévolution démographique. Il faut être davantage offensif avec lAfrique subsaharienne, avec le Maroc ; cest ce que je fais pour maintenir notre communauté francophone mais il faut aussi la développer en ouvrant notre culture.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et souvrir au monde.
GENEVIEVE FIORASO
Il faut souvrir au monde.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que la France a peur ?
GENEVIEVE FIORASO
La France a une culture formidable. La France a un enseignement et à luniversité, je le dis - pas seulement dans les écoles, et puis dailleurs je les rapproche les universités des écoles parce que cette dualité à la fin on finit par en souffrir- la France a une culture, un enseignement, une recherche avec ses prix Nobel et ses médailles Fields dun niveau formidable. Il faut en être fier et il faut souvrir au monde, il ne faut pas avoir peur. Nous ne sommes pas menacés. Retrouvons un peu la confiance qui doit nous porter. Cest comme ça quon développera notre commerce extérieur, cest comme ça quon souvrira au monde, cest comme ça quon développera la francophonie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. On aura loccasion de revenir sur votre projet de loi concernant luniversité et la recherche.
GENEVIEVE FIORASO
Oui, merci.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Simplement, jai vu quavec Manuel VALLS vous vouliez professionnaliser la formation des imams en France.
GENEVIEVE FIORASO
Ah non ! Là, il sagit dun travail commun que nous menons avec Manuel VALLS effectivement, parce que nous pensons que les imams doivent bénéficier dune formation qui soit une formation sérieuse et homogène. Nous avons un groupe de travail.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et que ces imams soient formés en France.
GENEVIEVE FIORASO
Absolument, absolument. Ils vivent en France mais ils vivent aussi avec leur communauté. Nous avons tout un travail. Cest un travail on na pas bien le temps den parler aujourd'hui cest un travail sérieux, cest un travail en profondeur que nous menons avec la communauté musulmane et je crois que cest important.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je crois quil y a un spécialiste qui a été nommé pour réfléchir aux moyens daméliorer la formation de ces imams.
GENEVIEVE FIORASO
Oui, absolument mais i y a déjà Strasbourg par exemple où il y a des formations pour dautres religions puisque Strasbourg est une ville qui accueille de nombreuses religions et qui a une grande pratique de la formation en théologie. Il y a déjà des formations mais elles se font dans un cadre laïque, je vous rassure.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 mai 2013