Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Cest avec plaisir que jouvre ce débat ce soir, où se croiseront les regards du Prix Nobel déconomie et célèbre chroniqueur du New York Times, Paul Krugman, et celui de Mario Monti, ancien Président du Conseil italien et président de lUniversité Bocconi.
Le grand débat qui traverse le monde et avouons le dabord lEurope aujourdhui, et qui devrait être au cur des échanges ce soir, est celui de la place du curseur entre austérité et croissance. Cest par là, en tout cas, que je voudrais entrer dans la discussion. Je veux demblée poser ici trois repères :
- Tout dabord, ce débat nest pas théorique. Il conditionne des choix de politique économique qui ont un impact direct, immédiat, sur le niveau de bien-être des citoyens ou sur les efforts attendus des acteurs économiques. En France, ou en Italie par exemple, il influe sur le niveau soutenable de prestations sociales, ou le poids acceptable de la fiscalité des entreprises. Ces arbitrages ont des conséquences très concrètes, très lourdes parfois, au quotidien.
- Ensuite, ce débat est aussi un débat de diagnostic. Si lon estime que le niveau de dette, publique et privée, est lunique cause de la crise, alors il est logique que la réponse soit de réduire les déficits coûte que coûte. Mais si lon estime à linverse que cette crise est le fruit dune conjonction de facteurs, à la fois économiques et financiers, alors le débat binaire entre apurement et relance doit nécessairement sélargir, tout comme la palette des réponses à apporter pour sortir de la crise actuelle. Jy reviendrai.
- Troisième point de repère : il est essentiel de prendre en considération la dimension démocratique du débat austérité / croissance. Cest un enjeu national : dans certains pays européens je pense à la Grèce par exemple les choix de politique économique ont été au cur des élections récentes. Cette préoccupation, à lévidence, taraude nos peuples, et les conduit à sinterroger sur leur relation à la politique, à ceux qui les dirigent. Lenjeu est, aussi, européen, et pose la question de la fragilité de lassise démocratique des institutions communautaires, violemment rejetées aujourdhui par certains peuples européens.
Je voudrais à présent dire un mot de la manière dont le gouvernement aborde ce débat, au niveau européen et au niveau national.
Depuis mai 2012, la France défend un rééquilibrage des politiques économiques suivies en Europe en faveur de la croissance. Cette position se fonde sur un diagnostic assez simple. Parmi les grandes zones monétaires touchées par la crise, lEurope est celle qui présente à la fois les déficits les plus bas et le taux de chômage le plus élevé, à la fois un excédent commercial et la croissance la plus faible. Je ny vois aucun lien de causalité avec lappartenance commune à la zone euro, dont la France souhaite et soutient à la fois lintégrité et le renforcement. Mais ce sont des signaux dalerte assez évidents que les politiques économiques européennes sont trop restrictives. Voila, il me semble, un premier élément de diagnostic absolument fondamental, et je suis sûr que Paul Krugman aura beaucoup à dire sur ce sujet.
Cependant, reconnaitre que la consolidation budgétaire a un impact négatif sur la croissance ne signifie pas que la réduction des déficits ne soit pas nécessaire. Les dettes accumulées font en effet peser un risque sur la stabilité financière et, in fine, sur la croissance elle-même. Cest là le second élément de diagnostic fondamental, et il est encore plus délicat à établir que le premier, comme on la vu avec la controverse sur les recherches de Reinhart et Roggoff et le fameux seuil de 90% de dette par rapport au PIB. Cette controverse montre limportance du débat sur lendettement, mais aussi son manque de maturité. La dette publique, jen suis convaincu depuis longtemps, est lennemie de léconomie, lennemie des services publics et des politiques de solidarité. Tout euro supplémentaire consacré au service de la dette est un euro improductif. Pour autant, il est à mes yeux évident quil ny a pas, quil ne peut pas y avoir, de chiffre « magique » indépendant du contexte institutionnel.
On peut en tout cas se féliciter que le débat économique ne soit pas mort. Ainsi, alors que les autorités monétaires explorent des terrains inconnus, certains sinquiètent des risques, dautres jugent au contraire quelles peuvent faire encore davantage Paul Krugman et Mario Monti en diront peut-être un mot tout à lheure. Le débat reste néanmoins animé, après avoir été ravivé, notamment, par les orientations récentes de la banque centrale du Japon et des choix des « Abenomics » faits par le nouveau gouvernement japonais.
Ces éléments posés, les pistes daction simposent delles-mêmes. Dabord, il faut poursuivre le redressement des budgets nationaux, mais en sattachant à définir un rythme et des modalités qui préservent les perspectives de croissance. Il y a un début dinflexion, à Bruxelles, sur ces sujets, sous aiguillon français notamment, mais qui reste à confirmer.
Ensuite, il faut élargir la focale. Une fois établi que le redressement des comptes doit être poursuivi, sans représenter pour autant lalpha et loméga des politiques économiques européennes, se pose la question des réformes de structure pour moderniser les économies européennes et remonter la pente de la compétitivité.
Cette question se pose au niveau national, mais aussi au niveau européen. Lune des réformes essentielles, à mes yeux, à achever pour renouer avec la croissance en Europe, cest lUnion bancaire. LUnion bancaire, cest ce qui nous manque aujourdhui pour que tous les pays de la zone euro tirent les bénéfices de leur appartenance à la monnaie unique, pour mettre un terme à la fragmentation financière, pour assurer les mêmes conditions de financements à une PME espagnole ou italienne et à une PME allemande pour leur développement. On ne peut pas se contenter de dire que la croissance reviendra en Europe quand les Etats auront remis leurs comptes en ordre : cest nécessaire, mais pas suffisant.
Enfin, il y a une question européenne particulière à régler, et je parle là avec lexpérience du vécu. Si nous avons tant de mal, en Europe, à définir et à négocier la juste tension, le juste dosage, entre redressement des comptes et soutien à la croissance, cest que notre gouvernance économique européenne est mal adaptée pour cela. Nous peinerons à déterminer la bonne ligne de crête tant que nous naurons pas réformé notre gouvernance commune. Cest pourquoi le Président de la République, François Hollande, a récemment proposé une présidence de long terme et exclusive de toute autre fonction pour la zone euro, ainsi que des réunions plus fréquentes des chefs dEtat et de gouvernement qui la composent. Cest pourquoi il a plaidé avec force pour une Union politique de lEurope, à commencer par son cur, la zone euro. Connaissant Mario Monti, je sais que cest un sujet qui lui tient à cur.
Un mot à présent de la manière dont la France cherche, depuis un an, à définir cette juste ligne de crête entre ce que jai appelé le « sérieux budgétaire » et le soutien à lactivité, à établir pour elle-même le bon dosage.
Le sérieux budgétaire, cest deux choses. Dune part, réduire les déficits structurels, ceux qui mesurent la réalité de leffort, sans crispation sur le déficit nominal. Je ne suis pas nominaliste : il faut réduire nos déficits structurels, mais accepter de laisser jouer les stabilisateurs automatiques en période de contraction de lactivité. Le sérieux budgétaire, dautre part, cest définir une composition de leffort de redressement des comptes qui affecte le moins possible la croissance, dabord en ciblant les entreprises et les ménages qui ont un taux dépargne élevé, et à partir de 2014, en déplaçant cet effort de redressement vers la maîtrise de la dépense. Cest toute la différence entre le sérieux budgétaire, qui met en uvre les ajustements, les réformes nécessaires à la croissance, et laustérité, qui opère des ajustements excessifs, susceptibles de prolonger la stagnation ou la récession de léconomie. Cette nuance est dimportance : je crois au sérieux, je refuse laustérité !
Mais le redressement budgétaire nest que la première étape. La clé du redressement de léconomie française est ailleurs, dans les grandes réformes de structure nécessaires pour rétablir durablement notre compétitivité et préparer activement le retour de la croissance.
Au cur de ces réformes de structure, un acteur incontournable : lentreprise, conçue comme entité globale, comme projet commun, dirigeants et salariés confondus je pourrais presque parler, à la place qui est la mienne, d « une entreprise France ». Celle-ci était déjà au centre des réformes phares de lAn I du Gouvernement. Cest pour permettre aux entreprises de se développer que nous avons décidé le Crédit dImpôt Compétitivité Emploi (CICE), une baisse du coût du travail de 20 milliards deuros, que personne na faite avant ce gouvernement, dailleurs.
Lentreprise est aussi au cur de la réforme du marché du travail, négociée entre partenaires sociaux, et transposée tout récemment dans la loi. Dans tous mes déplacements, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Suède, plus récemment en Chine, dans toutes les rencontres que jai pour parler de la France aux investisseurs étrangers, je constate que cest une réforme qui marque. Une réforme qui donne plus de visibilité juridique à lentreprise, et plus de sécurité aux salariés, auxquels elle confère de nouveaux droits. Cest une avancée fondamentale, qui va modifier en profondeur les relations dans lentreprise dans les années à venir.
Lentreprise est aussi au cur de loffensive que je mène pour améliorer le financement de léconomie, en agissant à tous les niveaux : fonds propres, dette, exploitation, trésorerie. Cest dans cette optique que sinscrivent la création de Bpifrance, la Banque publique dinvestissement qui aide les PME et les ETI à investir et à embaucher, la réforme du secteur bancaire, la modification toute récente du code des assurances pour soutenir le financement par endettement en permettant aux assurances de prêter plus facilement aux PME, ou bien encore les mesures pour améliorer les délais de paiement dans le cadre du plan trésorerie présenté en février.
Lentreprise est, enfin, au cur du « choc de simplification » voulu par le Président de la République pour améliorer lenvironnement règlementaire. Les Assises de lEntreprenariat ont décliné concrètement cet objectif, au travers notamment dune réforme de la fiscalité des plus-values de cessions : le nouveau régime, à la fois largement simplifié, plus incitatif pour linvestissement et mieux calibré pour reconnaître la prise de risque intrinsèque dune création dentreprise, sinscrit dans cet objectif.
Cest limportance de ces réformes de structure que capture si mal le débat entre austérité et croissance, qui définit néanmoins nos marges de manuvre. Je considère pour ma part que pour être un succès, une politique économique doit être globale : elle doit être macroéconomique et microéconomique, européenne et nationale, budgétaire et structurelle. Cela implique douvrir beaucoup de fronts à la fois et de rechercher en permanence le juste dosage. Je suis toutefois convaincu que cest la bonne approche, pour léconomie française mais aussi pour celles de nos partenaires européens. Et jattends maintenant, après ces quelques mots dintroduction, le débat entre vos deux invités, Mario Monti et Paul Krugman.
Source http://www.pierremoscovici.fr, le 18 juin 2013
Cest avec plaisir que jouvre ce débat ce soir, où se croiseront les regards du Prix Nobel déconomie et célèbre chroniqueur du New York Times, Paul Krugman, et celui de Mario Monti, ancien Président du Conseil italien et président de lUniversité Bocconi.
Le grand débat qui traverse le monde et avouons le dabord lEurope aujourdhui, et qui devrait être au cur des échanges ce soir, est celui de la place du curseur entre austérité et croissance. Cest par là, en tout cas, que je voudrais entrer dans la discussion. Je veux demblée poser ici trois repères :
- Tout dabord, ce débat nest pas théorique. Il conditionne des choix de politique économique qui ont un impact direct, immédiat, sur le niveau de bien-être des citoyens ou sur les efforts attendus des acteurs économiques. En France, ou en Italie par exemple, il influe sur le niveau soutenable de prestations sociales, ou le poids acceptable de la fiscalité des entreprises. Ces arbitrages ont des conséquences très concrètes, très lourdes parfois, au quotidien.
- Ensuite, ce débat est aussi un débat de diagnostic. Si lon estime que le niveau de dette, publique et privée, est lunique cause de la crise, alors il est logique que la réponse soit de réduire les déficits coûte que coûte. Mais si lon estime à linverse que cette crise est le fruit dune conjonction de facteurs, à la fois économiques et financiers, alors le débat binaire entre apurement et relance doit nécessairement sélargir, tout comme la palette des réponses à apporter pour sortir de la crise actuelle. Jy reviendrai.
- Troisième point de repère : il est essentiel de prendre en considération la dimension démocratique du débat austérité / croissance. Cest un enjeu national : dans certains pays européens je pense à la Grèce par exemple les choix de politique économique ont été au cur des élections récentes. Cette préoccupation, à lévidence, taraude nos peuples, et les conduit à sinterroger sur leur relation à la politique, à ceux qui les dirigent. Lenjeu est, aussi, européen, et pose la question de la fragilité de lassise démocratique des institutions communautaires, violemment rejetées aujourdhui par certains peuples européens.
Je voudrais à présent dire un mot de la manière dont le gouvernement aborde ce débat, au niveau européen et au niveau national.
Depuis mai 2012, la France défend un rééquilibrage des politiques économiques suivies en Europe en faveur de la croissance. Cette position se fonde sur un diagnostic assez simple. Parmi les grandes zones monétaires touchées par la crise, lEurope est celle qui présente à la fois les déficits les plus bas et le taux de chômage le plus élevé, à la fois un excédent commercial et la croissance la plus faible. Je ny vois aucun lien de causalité avec lappartenance commune à la zone euro, dont la France souhaite et soutient à la fois lintégrité et le renforcement. Mais ce sont des signaux dalerte assez évidents que les politiques économiques européennes sont trop restrictives. Voila, il me semble, un premier élément de diagnostic absolument fondamental, et je suis sûr que Paul Krugman aura beaucoup à dire sur ce sujet.
Cependant, reconnaitre que la consolidation budgétaire a un impact négatif sur la croissance ne signifie pas que la réduction des déficits ne soit pas nécessaire. Les dettes accumulées font en effet peser un risque sur la stabilité financière et, in fine, sur la croissance elle-même. Cest là le second élément de diagnostic fondamental, et il est encore plus délicat à établir que le premier, comme on la vu avec la controverse sur les recherches de Reinhart et Roggoff et le fameux seuil de 90% de dette par rapport au PIB. Cette controverse montre limportance du débat sur lendettement, mais aussi son manque de maturité. La dette publique, jen suis convaincu depuis longtemps, est lennemie de léconomie, lennemie des services publics et des politiques de solidarité. Tout euro supplémentaire consacré au service de la dette est un euro improductif. Pour autant, il est à mes yeux évident quil ny a pas, quil ne peut pas y avoir, de chiffre « magique » indépendant du contexte institutionnel.
On peut en tout cas se féliciter que le débat économique ne soit pas mort. Ainsi, alors que les autorités monétaires explorent des terrains inconnus, certains sinquiètent des risques, dautres jugent au contraire quelles peuvent faire encore davantage Paul Krugman et Mario Monti en diront peut-être un mot tout à lheure. Le débat reste néanmoins animé, après avoir été ravivé, notamment, par les orientations récentes de la banque centrale du Japon et des choix des « Abenomics » faits par le nouveau gouvernement japonais.
Ces éléments posés, les pistes daction simposent delles-mêmes. Dabord, il faut poursuivre le redressement des budgets nationaux, mais en sattachant à définir un rythme et des modalités qui préservent les perspectives de croissance. Il y a un début dinflexion, à Bruxelles, sur ces sujets, sous aiguillon français notamment, mais qui reste à confirmer.
Ensuite, il faut élargir la focale. Une fois établi que le redressement des comptes doit être poursuivi, sans représenter pour autant lalpha et loméga des politiques économiques européennes, se pose la question des réformes de structure pour moderniser les économies européennes et remonter la pente de la compétitivité.
Cette question se pose au niveau national, mais aussi au niveau européen. Lune des réformes essentielles, à mes yeux, à achever pour renouer avec la croissance en Europe, cest lUnion bancaire. LUnion bancaire, cest ce qui nous manque aujourdhui pour que tous les pays de la zone euro tirent les bénéfices de leur appartenance à la monnaie unique, pour mettre un terme à la fragmentation financière, pour assurer les mêmes conditions de financements à une PME espagnole ou italienne et à une PME allemande pour leur développement. On ne peut pas se contenter de dire que la croissance reviendra en Europe quand les Etats auront remis leurs comptes en ordre : cest nécessaire, mais pas suffisant.
Enfin, il y a une question européenne particulière à régler, et je parle là avec lexpérience du vécu. Si nous avons tant de mal, en Europe, à définir et à négocier la juste tension, le juste dosage, entre redressement des comptes et soutien à la croissance, cest que notre gouvernance économique européenne est mal adaptée pour cela. Nous peinerons à déterminer la bonne ligne de crête tant que nous naurons pas réformé notre gouvernance commune. Cest pourquoi le Président de la République, François Hollande, a récemment proposé une présidence de long terme et exclusive de toute autre fonction pour la zone euro, ainsi que des réunions plus fréquentes des chefs dEtat et de gouvernement qui la composent. Cest pourquoi il a plaidé avec force pour une Union politique de lEurope, à commencer par son cur, la zone euro. Connaissant Mario Monti, je sais que cest un sujet qui lui tient à cur.
Un mot à présent de la manière dont la France cherche, depuis un an, à définir cette juste ligne de crête entre ce que jai appelé le « sérieux budgétaire » et le soutien à lactivité, à établir pour elle-même le bon dosage.
Le sérieux budgétaire, cest deux choses. Dune part, réduire les déficits structurels, ceux qui mesurent la réalité de leffort, sans crispation sur le déficit nominal. Je ne suis pas nominaliste : il faut réduire nos déficits structurels, mais accepter de laisser jouer les stabilisateurs automatiques en période de contraction de lactivité. Le sérieux budgétaire, dautre part, cest définir une composition de leffort de redressement des comptes qui affecte le moins possible la croissance, dabord en ciblant les entreprises et les ménages qui ont un taux dépargne élevé, et à partir de 2014, en déplaçant cet effort de redressement vers la maîtrise de la dépense. Cest toute la différence entre le sérieux budgétaire, qui met en uvre les ajustements, les réformes nécessaires à la croissance, et laustérité, qui opère des ajustements excessifs, susceptibles de prolonger la stagnation ou la récession de léconomie. Cette nuance est dimportance : je crois au sérieux, je refuse laustérité !
Mais le redressement budgétaire nest que la première étape. La clé du redressement de léconomie française est ailleurs, dans les grandes réformes de structure nécessaires pour rétablir durablement notre compétitivité et préparer activement le retour de la croissance.
Au cur de ces réformes de structure, un acteur incontournable : lentreprise, conçue comme entité globale, comme projet commun, dirigeants et salariés confondus je pourrais presque parler, à la place qui est la mienne, d « une entreprise France ». Celle-ci était déjà au centre des réformes phares de lAn I du Gouvernement. Cest pour permettre aux entreprises de se développer que nous avons décidé le Crédit dImpôt Compétitivité Emploi (CICE), une baisse du coût du travail de 20 milliards deuros, que personne na faite avant ce gouvernement, dailleurs.
Lentreprise est aussi au cur de la réforme du marché du travail, négociée entre partenaires sociaux, et transposée tout récemment dans la loi. Dans tous mes déplacements, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Suède, plus récemment en Chine, dans toutes les rencontres que jai pour parler de la France aux investisseurs étrangers, je constate que cest une réforme qui marque. Une réforme qui donne plus de visibilité juridique à lentreprise, et plus de sécurité aux salariés, auxquels elle confère de nouveaux droits. Cest une avancée fondamentale, qui va modifier en profondeur les relations dans lentreprise dans les années à venir.
Lentreprise est aussi au cur de loffensive que je mène pour améliorer le financement de léconomie, en agissant à tous les niveaux : fonds propres, dette, exploitation, trésorerie. Cest dans cette optique que sinscrivent la création de Bpifrance, la Banque publique dinvestissement qui aide les PME et les ETI à investir et à embaucher, la réforme du secteur bancaire, la modification toute récente du code des assurances pour soutenir le financement par endettement en permettant aux assurances de prêter plus facilement aux PME, ou bien encore les mesures pour améliorer les délais de paiement dans le cadre du plan trésorerie présenté en février.
Lentreprise est, enfin, au cur du « choc de simplification » voulu par le Président de la République pour améliorer lenvironnement règlementaire. Les Assises de lEntreprenariat ont décliné concrètement cet objectif, au travers notamment dune réforme de la fiscalité des plus-values de cessions : le nouveau régime, à la fois largement simplifié, plus incitatif pour linvestissement et mieux calibré pour reconnaître la prise de risque intrinsèque dune création dentreprise, sinscrit dans cet objectif.
Cest limportance de ces réformes de structure que capture si mal le débat entre austérité et croissance, qui définit néanmoins nos marges de manuvre. Je considère pour ma part que pour être un succès, une politique économique doit être globale : elle doit être macroéconomique et microéconomique, européenne et nationale, budgétaire et structurelle. Cela implique douvrir beaucoup de fronts à la fois et de rechercher en permanence le juste dosage. Je suis toutefois convaincu que cest la bonne approche, pour léconomie française mais aussi pour celles de nos partenaires européens. Et jattends maintenant, après ces quelques mots dintroduction, le débat entre vos deux invités, Mario Monti et Paul Krugman.
Source http://www.pierremoscovici.fr, le 18 juin 2013