Texte intégral
Je suis venu ici pour renforcer encore notre coopération bilatérale. Cela est d'autant plus utile que nous avons ces deux présidences de l'Union européenne en perspective qui se succéderont. Cela va être l'occasion pour nous de comparer méthodiquement toutes nos positions sur tous les sujets importants, européens ou internationaux, et d'agir le plus possible ensemble. Le calendrier des présidences européennes donne à la France et à la Suède une très bonne occasion de travailler ensemble. C'est une circonstance qui ne s'était jamais produite sous cette forme auparavant que nous allons exploiter.
Q - Croyez- vous que la Russie et la Suède puissent jouer un rôle important dans le processus de paix au Kosovo, la Suède en tant que non membre de l'OTAN et avec sa longue tradition d'action en faveur de la paix, et la Russie avec sa position privilégiée ?
R - Je pense que la Suède peut jouer et joue une rôle important de deux façons en tant que membre de l'Union européenne d'abord, et en raison de sa relation particulière et de son dialogue très intense avec la Russie ensuite. La Suède participe activement au dialogue qui a lieu en ce moment avec la Russie visant à établir une position commune entre les Occidentaux et la Russie pour la solution du problème du Kosovo. L'objectif des échanges diplomatiques en cours en ce moment est d'aboutir à une résolution au Conseil de sécurité déterminant les principes politiques et militaires du règlement.
Q - Ma question concerne l'intervention de l'ONU dans la solution du conflit.
R - La position de la France, c'est que la solution doit être déterminée par une résolution du Conseil de sécurité. Je rappelle qu'à Washington, le sommet de l'OTAN a décidé de ne pas changer de stratégie.
J'estime que nous sommes assez avancés dans la préparation de cette résolution au sein du Conseil de sécurité. Vous avez entendu parler du projet de réunion des ministres des Affaires étrangères du G8. Je crois que cette réunion serait utile le plus tôt possible. Elle permettrait d'avancer dans cet accord avec les Russes sur la solution qui permettrait d'adopter ensuite une résolution au Conseil de sécurité.
Q - Dites-vous que vous respectez le principe d'un mandat de l'ONU, que la Suède et la France sont très proches sur ce point ? Croyez-vous que cela a de l'effet sur les discussions de l'Union européenne si le Conseil de sécurité doit autoriser toute action qu'elle prend ?
R - Je pense que tout ce qui renforce le rôle du Conseil de sécurité et qui rappelle son rôle est favorable à l'action européenne en matière de défense. La Suède n'est pas dans l'OTAN. La France y est. Mais au Sommet de l'OTAN à Washington, la France a agi pour que les communiqués se réfèrent à plusieurs reprises à la Charte des Nations unies et au rôle du Conseil de sécurité. Cela nous donne un socle commun, transversal. A ce stade, toutes les options pour la défense européenne future sont préservées.
Q - Estimez-vous que même les décisions de défense prises dans le cadre de la communauté européenne doivent être approuvées par le Conseil de sécurité ?
R - Il faut distinguer les types d'action. Il y a des actions qui sont celles de l'article 5, dans le cadre de l'OTAN. Ce sont les actions de défense collective. Là, il n'y a pas besoin d'autorisation du Conseil. La question est différente lorsqu'il s'agit d'opérations de maintien ou de rétablissement de la paix. Là, nous pensons que la Charte des Nations unies doit être respectée. En ce qui concerne le Kosovo, la France a pris une décision de participation alors que les résolutions n'étaient pas aussi complètes que ce que nous avions souhaité. On l'a fait parce qu'il y avait unanimité en Europe. Pour nous, c'est une exception due à la gravité du sujet. Ce n'est pas un changement de principe.
Q - Est-ce qu'au Sommet de Washington, la France était isolée dans cette position au sein de l'OTAN?
Le travail qui a été fait par la France avant Washington pour qu'il y ait de nombreuses références à la Charte des Nations unies a été, je crois, apprécié par beaucoup d'autres alliés.
Q - Monsieur le Ministre, comment commentez-vous les informations relatives à des discussions sur la paix au Kosovo menées par des Serbes, des Américains et des Russes.
R - Il y a, ces derniers jours, beaucoup d'indications qui montrent des craquements dans la position serbe. Nous avons le devoir de ne rien rejeter a priori et de tout examiner. Il faut ensuite distinguer les faux signaux et les vrais changements. Ce que nous attendons des autorités de Belgrade, ce ne sont pas des signaux indirects ou ambigus, c'est une vraie réponse positive sur les cinq points. Pour le moment, nous ne l'avons pas encore.
Mais les Russes font un travail important et nous espérons qu'il sera productif.
Q - Quelle est votre interprétation de cette réunion des parlementaires à Vienne ? Est-ce que cela fait partie des faux signaux ?
R - Nous sommes en train de l'évaluer.
Q - Monsieur le Ministre, un émissaire de l'OTAN a déjà été nommé par le Secrétaire général de l'ONU, un second venant d'un pays non allié doit être nommé. M. Bildt est l'un des noms qui ont été avancés. Est ce que cette question a été discutée ....
R - Nous n'en n'avons pas parlé. De toute manière, nous respectons la liberté de choix du Secrétaire général de l'ONU.
Le Secrétaire général pense à des personnalités qui sont toutes remarquables.
Q - Pensez-vous qu'il pourrait y avoir une situation où l'OTAN devrait intervenir au sol ?
R - Nous sommes solidaires des décisions qui ont été prises collectivement à Washington et il n'y a pas eu de décision de changement de stratégie. Il y a eu décision de persévérer dans la stratégie actuelle.
Q - De quelle façon la Suède a-t-elle l'intention d'influencer la Russie ? Si vous avez une remarque à faire à ce sujet ce sera certainement une question évoquée lors de la prochaine présidence finlandaise, qui est aussi très partisan d'une coopération accrue de l'Union européenne avec la Russie. Quelle est la position de la France à ce sujet ?
R - Pas seulement pour le Kosovo, mais en général, nous sommes très favorables à ce que l'Union européenne ait une vraie stratégie d'ensemble par rapport à la Russie en coordonnant mieux l'ensemble de ses actions et de ses interventions. Cette stratégie doit être élaborée dans le cadre d'un dialogue de plus en plus fort entre l'Union européenne et la Russie. Notre intention est qu'il y ait une grande continuité de l'Europe sur ce sujet, de la présidence finlandaise jusqu'à la présidence suédoise en passant par la présidence française.
Q - Comment pensez vous que la PESC évoluera après l'adhésion à l'OTAN de pays aujourd'hui neutres ?
R - Je pense que la question principale pour la politique de défense européenne et pour la politique européenne de sécurité est de trouver une bonne combinaison entre l'Alliance et une certaine autonomie au sein de l'Alliance. En France, nous sommes convaincus que l'on peut avoir à la fois une alliance forte et un pilier européen fort dans l'Alliance. Je pense que c'est quelque chose qui sera facilité si tous les pays européens sont dans la même situation.
Q - Quel serait l'impact pour la région nordique si la Finlande, par exemple, adhérait à l'OTAN ?
R - Il m'est difficile de me prononcer sur des décisions qui relèvent vraiment de la détermination intérieure de ces pays. Ce qui est important pour nous, je vous l'ai dit tout à l'heure, c'est qu'à l'intérieur de l'Alliance, on arrive à développer une vraie capacité européenne de défense.
Q - Si la guerre se prolongeait, jusqu'à combien de réfugiés êtes-vous prêt à accueillir ?
R - La France est déjà le troisième pays d'accueil à l'heure actuelle avec 2000 réfugiés. Les chiffres sont très élevés pour l'Allemagne, bien sûr, très élevés pour la Turquie. Mais là, il faut tenir compte du désir de l'immense majorité des réfugiés de rester proches de chez eux. Il ne faut pas les faire partir de force. Si cela dure, on fera ce qu'il faut par rapport à la Macédoine et l'Albanie.
Q - Auriez-vous une idée de qui vous voudriez voir comme Monsieur ou Madame PESC ? Est ce que cela pourrait être quelqu'un d'un pays non aligné ?
R - Le débat ne porte pas sur les catégories de pays à ce stade. Il est certain qu'il y a des situations dans certains pays qui favoriseront le travail de la personne qui sera dans ce poste. Les discussions à ce stade portent surtout sur la personnalité elle-même. C'est une fonction qui exigera un grand sens politique et beaucoup de subtilité. Il faut tenir compte de l'extrême diversité des pays le l'Union européenne et que cela soit une force et non pas une faiblesse.
Q - Etant donné que l'Europe est plutôt rose, peut-on imaginer qu'un dirigeant de droite en Europe puisse avoir ce poste ?
R - Je crois qu'il faut tenir compte des réalités politiques de l'Europe d'aujourd'hui mais je pense que la personne vient au premier plan quand même.
Q - Est-ce que vous êtes relativement optimiste ou pessimiste dans le conflit du Kosovo après le voyage de M. Tchernomyrdine à Washington ?
R - Je ne suis ni optimiste ni pessimiste mais le point important c'est qu'une réunion du groupe G8 est nécessaire à brève échéance.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 mai 1999)
Q - Croyez- vous que la Russie et la Suède puissent jouer un rôle important dans le processus de paix au Kosovo, la Suède en tant que non membre de l'OTAN et avec sa longue tradition d'action en faveur de la paix, et la Russie avec sa position privilégiée ?
R - Je pense que la Suède peut jouer et joue une rôle important de deux façons en tant que membre de l'Union européenne d'abord, et en raison de sa relation particulière et de son dialogue très intense avec la Russie ensuite. La Suède participe activement au dialogue qui a lieu en ce moment avec la Russie visant à établir une position commune entre les Occidentaux et la Russie pour la solution du problème du Kosovo. L'objectif des échanges diplomatiques en cours en ce moment est d'aboutir à une résolution au Conseil de sécurité déterminant les principes politiques et militaires du règlement.
Q - Ma question concerne l'intervention de l'ONU dans la solution du conflit.
R - La position de la France, c'est que la solution doit être déterminée par une résolution du Conseil de sécurité. Je rappelle qu'à Washington, le sommet de l'OTAN a décidé de ne pas changer de stratégie.
J'estime que nous sommes assez avancés dans la préparation de cette résolution au sein du Conseil de sécurité. Vous avez entendu parler du projet de réunion des ministres des Affaires étrangères du G8. Je crois que cette réunion serait utile le plus tôt possible. Elle permettrait d'avancer dans cet accord avec les Russes sur la solution qui permettrait d'adopter ensuite une résolution au Conseil de sécurité.
Q - Dites-vous que vous respectez le principe d'un mandat de l'ONU, que la Suède et la France sont très proches sur ce point ? Croyez-vous que cela a de l'effet sur les discussions de l'Union européenne si le Conseil de sécurité doit autoriser toute action qu'elle prend ?
R - Je pense que tout ce qui renforce le rôle du Conseil de sécurité et qui rappelle son rôle est favorable à l'action européenne en matière de défense. La Suède n'est pas dans l'OTAN. La France y est. Mais au Sommet de l'OTAN à Washington, la France a agi pour que les communiqués se réfèrent à plusieurs reprises à la Charte des Nations unies et au rôle du Conseil de sécurité. Cela nous donne un socle commun, transversal. A ce stade, toutes les options pour la défense européenne future sont préservées.
Q - Estimez-vous que même les décisions de défense prises dans le cadre de la communauté européenne doivent être approuvées par le Conseil de sécurité ?
R - Il faut distinguer les types d'action. Il y a des actions qui sont celles de l'article 5, dans le cadre de l'OTAN. Ce sont les actions de défense collective. Là, il n'y a pas besoin d'autorisation du Conseil. La question est différente lorsqu'il s'agit d'opérations de maintien ou de rétablissement de la paix. Là, nous pensons que la Charte des Nations unies doit être respectée. En ce qui concerne le Kosovo, la France a pris une décision de participation alors que les résolutions n'étaient pas aussi complètes que ce que nous avions souhaité. On l'a fait parce qu'il y avait unanimité en Europe. Pour nous, c'est une exception due à la gravité du sujet. Ce n'est pas un changement de principe.
Q - Est-ce qu'au Sommet de Washington, la France était isolée dans cette position au sein de l'OTAN?
Le travail qui a été fait par la France avant Washington pour qu'il y ait de nombreuses références à la Charte des Nations unies a été, je crois, apprécié par beaucoup d'autres alliés.
Q - Monsieur le Ministre, comment commentez-vous les informations relatives à des discussions sur la paix au Kosovo menées par des Serbes, des Américains et des Russes.
R - Il y a, ces derniers jours, beaucoup d'indications qui montrent des craquements dans la position serbe. Nous avons le devoir de ne rien rejeter a priori et de tout examiner. Il faut ensuite distinguer les faux signaux et les vrais changements. Ce que nous attendons des autorités de Belgrade, ce ne sont pas des signaux indirects ou ambigus, c'est une vraie réponse positive sur les cinq points. Pour le moment, nous ne l'avons pas encore.
Mais les Russes font un travail important et nous espérons qu'il sera productif.
Q - Quelle est votre interprétation de cette réunion des parlementaires à Vienne ? Est-ce que cela fait partie des faux signaux ?
R - Nous sommes en train de l'évaluer.
Q - Monsieur le Ministre, un émissaire de l'OTAN a déjà été nommé par le Secrétaire général de l'ONU, un second venant d'un pays non allié doit être nommé. M. Bildt est l'un des noms qui ont été avancés. Est ce que cette question a été discutée ....
R - Nous n'en n'avons pas parlé. De toute manière, nous respectons la liberté de choix du Secrétaire général de l'ONU.
Le Secrétaire général pense à des personnalités qui sont toutes remarquables.
Q - Pensez-vous qu'il pourrait y avoir une situation où l'OTAN devrait intervenir au sol ?
R - Nous sommes solidaires des décisions qui ont été prises collectivement à Washington et il n'y a pas eu de décision de changement de stratégie. Il y a eu décision de persévérer dans la stratégie actuelle.
Q - De quelle façon la Suède a-t-elle l'intention d'influencer la Russie ? Si vous avez une remarque à faire à ce sujet ce sera certainement une question évoquée lors de la prochaine présidence finlandaise, qui est aussi très partisan d'une coopération accrue de l'Union européenne avec la Russie. Quelle est la position de la France à ce sujet ?
R - Pas seulement pour le Kosovo, mais en général, nous sommes très favorables à ce que l'Union européenne ait une vraie stratégie d'ensemble par rapport à la Russie en coordonnant mieux l'ensemble de ses actions et de ses interventions. Cette stratégie doit être élaborée dans le cadre d'un dialogue de plus en plus fort entre l'Union européenne et la Russie. Notre intention est qu'il y ait une grande continuité de l'Europe sur ce sujet, de la présidence finlandaise jusqu'à la présidence suédoise en passant par la présidence française.
Q - Comment pensez vous que la PESC évoluera après l'adhésion à l'OTAN de pays aujourd'hui neutres ?
R - Je pense que la question principale pour la politique de défense européenne et pour la politique européenne de sécurité est de trouver une bonne combinaison entre l'Alliance et une certaine autonomie au sein de l'Alliance. En France, nous sommes convaincus que l'on peut avoir à la fois une alliance forte et un pilier européen fort dans l'Alliance. Je pense que c'est quelque chose qui sera facilité si tous les pays européens sont dans la même situation.
Q - Quel serait l'impact pour la région nordique si la Finlande, par exemple, adhérait à l'OTAN ?
R - Il m'est difficile de me prononcer sur des décisions qui relèvent vraiment de la détermination intérieure de ces pays. Ce qui est important pour nous, je vous l'ai dit tout à l'heure, c'est qu'à l'intérieur de l'Alliance, on arrive à développer une vraie capacité européenne de défense.
Q - Si la guerre se prolongeait, jusqu'à combien de réfugiés êtes-vous prêt à accueillir ?
R - La France est déjà le troisième pays d'accueil à l'heure actuelle avec 2000 réfugiés. Les chiffres sont très élevés pour l'Allemagne, bien sûr, très élevés pour la Turquie. Mais là, il faut tenir compte du désir de l'immense majorité des réfugiés de rester proches de chez eux. Il ne faut pas les faire partir de force. Si cela dure, on fera ce qu'il faut par rapport à la Macédoine et l'Albanie.
Q - Auriez-vous une idée de qui vous voudriez voir comme Monsieur ou Madame PESC ? Est ce que cela pourrait être quelqu'un d'un pays non aligné ?
R - Le débat ne porte pas sur les catégories de pays à ce stade. Il est certain qu'il y a des situations dans certains pays qui favoriseront le travail de la personne qui sera dans ce poste. Les discussions à ce stade portent surtout sur la personnalité elle-même. C'est une fonction qui exigera un grand sens politique et beaucoup de subtilité. Il faut tenir compte de l'extrême diversité des pays le l'Union européenne et que cela soit une force et non pas une faiblesse.
Q - Etant donné que l'Europe est plutôt rose, peut-on imaginer qu'un dirigeant de droite en Europe puisse avoir ce poste ?
R - Je crois qu'il faut tenir compte des réalités politiques de l'Europe d'aujourd'hui mais je pense que la personne vient au premier plan quand même.
Q - Est-ce que vous êtes relativement optimiste ou pessimiste dans le conflit du Kosovo après le voyage de M. Tchernomyrdine à Washington ?
R - Je ne suis ni optimiste ni pessimiste mais le point important c'est qu'une réunion du groupe G8 est nécessaire à brève échéance.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 mai 1999)