Déclaration de M. Bernard Cazeneuve, ministre du budget, sur la construction européenne et le discours de la France au sein de l'Union européenne, à l'Assemblée nationale le 26 juin 2013.

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Circonstance : Séance de questions d'actualité, à l'Assemblée nationale le 26 juin 2013

Texte intégral

Vous me posez la question de la réorientation de la politique de l'Union européenne et de la relation que nous devons entretenir avec les institutions de l'Union. Le gouvernement français n'a pas besoin, pour réorienter en profondeur cette politique, ni de s'en prendre aux institutions, ni de s'en prendre à ceux qui les dirigent. Il s'agit de faire, au sein de l'Union européenne, notre devoir de grand pays, et nous serons d'autant plus légitimes à réorienter sa politique que nous aurons réussi à mener à bien notre propre travail et à convaincre nos partenaires.
Quel est l'agenda du gouvernement ?
Tout d'abord, nous devons réussir à faire en sorte que l'Union économique et monétaire aille à son terme, ce qui veut dire réussir à conforter les compromis que nous avons déjà construits sur la supervision bancaire et sur l'Union bancaire - ce qui appelle la mise en place d'un véritable dispositif de résolution des crises bancaires et de garantie des dépôts - et à aller plus loin dans les initiatives de croissance. À cet égard, le plan de 120 milliards négocié par le président de la République se traduira par 20 milliards d'investissement supplémentaires en France si l'on agrège les opportunités offertes par les prêts de la Banque européenne d'investissement, par la réaffectation des fonds structurels et par l'utilisation des obligations de projet. Nous devons aussi mobiliser les crédits du budget européen consacrés à la croissance, qui augmentent de façon très significative : c'est le cas du projet Connecting Europe, avec 80 % d'augmentation, et des budgets de la rubrique 1a, consacrés à la croissance et à la politique industrielle, qui augmentent également beaucoup.
Nous devons en outre accompagner les initiatives à destination des jeunes. C'est ce qu'a dit le président de la République à la chancelière. Réorienter l'Europe, faire notre devoir, respecter nos partenaires : telles sont nos trois obligations.
(Interventions de parlementaires sur la politique économique européenne)
Je voudrais essayer de répondre aux quelques interrogations que j'ai tout de même pu percevoir. D'abord, quel est le discours de la France au sein de l'Union européenne ? Il est très différent de celui que vous avez tenu au cours des cinq dernières années. Tous les responsables européens se souviennent parfaitement de ce moment où, toutes affaires cessantes, ventre à terre, le précédent président de la République est venu expliquer aux institutions européennes qu'il n'accepterait plus de tenir les engagements de la France en matière de déficit, demandant que l'on remette en question le taux de 3 % de déficit budgétaire.
La perte de crédibilité de la France en Europe, c'est vous ! La dégradation de la compétitivité de la France en Europe, c'est vous, qui nous avez laissé près de 65 milliards d'euros de déficit du commerce extérieur alors que les Allemands affichaient 50 milliards d'euros d'excédent !
C'est vous qui avez ajouté près de 70 milliards d'euros aux déficits structurels de la France entre 2007 et 2012 ! Et c'est vous qui avez laissé se creuser considérablement les statistiques du chômage en laissant notre pays se désindustrialiser !
Nous sommes dans une autre stratégie, celle du retour de la crédibilité de la France, de la diminution de nos déficits, du retour de notre compétitivité, de l'engagement de réformes structurelles.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr,