Texte intégral
JEROME LIBESKIND
Pierre MOSCOVICI, puisque vous êtes sur notre plateau, est-ce que ce matin vous avez des pistes ? Est-ce que vous avez des idées dentreprises dans lesquelles vous pourriez céder des participations ?
PIERRE MOSCOVICI
Je ne vais pas comme ça devant vous faire ce genre dannonce. Je voudrais simplement expliciter encore ce qua dit le Premier ministre. Nous avons un besoin dinvestissement. Ce qui est crucial aujourd'hui, nous sommes un an après lélection de François HOLLANDE, cest la relance de notre économie, cest la croissance, cest la création demploi et pour ça, il faut tout faire pour investir, investir, investir encore, et le faire sans creuser les déficits puisque nous voulons garder le cap du sérieux budgétaire. Dès lors, on peut avoir une gestion stratégique de nos participations de lÉtat. Comme vous le savez, a été créée il y a quelques années ce quon appelle une agence des participations de lÉtat. Cest le rôle de lÉtat actionnaire, cette agence qui dépend du ministère des Finances. Tout en gardant nos intérêts stratégiques on peut envisager de jouer ici ou là, de céder
JEROME LIBESKIND
Cest de revendre à la marge quelques participations.
PIERRE MOSCOVICI
Ça peut être réduire les taux de participation, ça peut être vendre quelques participations qui sont non-stratégiques, ça peut être réduire sa participation ici ou là mais le tout en gardant parce que cest fondamental un État stratège, un État qui investit et aussi sans dégrader les finances publiques. Cest ça qua dit le Premier ministre hier. Observez que nous avons déjà ce type daction sur SAFRAN par exemple ou sur EADS ces derniers mois.
AMANDINE BÉGOT
Et ça permettrait de rapporter combien, ça ?
PIERRE MOSCOVICI
Comme monsieur LIBESKIND la dit, le stock ou le capital est de soixante milliards deuros. Il nest évidemment pas question de faire ça, mais ça peut permettre dabonder ici ou là les ressources que nous avons, par exemple le plan dinvestissement davenir précisément pour ça, pour investir, investir, investir encore. Non, ce nest pas le retour des privatisations mais cest une gestion fine du capital de lÉtat en conservant son rôle dÉtat stratège pour permettre de mieux investir dans lavenir du pays et de relancer son économie, sa croissance et donc de répondre aussi à lobjectif de François HOLLANDE qui est, je le rappelle, dinverser la courbe du chômage dici la fin de lannée 2013.
JEROME BERMYN
Pierre MOSCOVICI, on revient vers vous dans un instant. [ ]
AMANDINE BÉGOT
Pierre MOSCOVICI, on vient de les entendre ces habitants de Seine-Saint-Denis qui, on le rappelle, avaient massivement voté pour François HOLLANDE. Un an après, ils le disent, ils ny croient plus. Comment on les fait y croire à nouveau ?
PIERRE MOSCOVICI
Ça ne vaut pas tout à fait valeur prédictive, ces quelques témoignages que je prends au sérieux. Ce qui se passe, cest que les Français attendent des résultats. Les Français sont conscients, je crois, que nous sommes arrivés aux responsabilités dans un climat de crise exceptionnel, jamais vu. Cest ça qui explique aussi ces sondages. Nous menons une action qui est difficile, qui est une action de réforme de structure qui, comme le disait hier Jean-Marc AYRAULT, prend du temps. Le temps des semences, le temps des fondations et puis après le temps de la récolte et le temps des résultats. Mais je répète ici, lobjectif, le nôtre, celui qui mobilise complètement, cest linversion de la courbe du chômage dici la fin de lannée 2013.
CHRISTOPHE BARBIER
Mais votre message, cest la patience. « Patience » dites-vous à ces électeurs. « Il faut attendre encore ».
PIERRE MOSCOVICI
Nous sommes obligés de dire et de répéter que nous avons trouvé la France dans un état tellement dégradé car cétait incroyablement dégradé : les déficits, la croissance, la compétitivité française....
CHRISTOPHE BARBIER
Pourquoi ne le saviez-vous pas ? Il y avait des experts dans la campagne dHOLLANDE.
PIERRE MOSCOVICI
Mais nous le savions. Nous le savions complètement. La campagne de HOLLANDE nétait pas une campagne de promesses échevelées, cétait une campagne très réaliste. Cétait aussi une campagne de changement et le changement, nous sommes en train de le faire. Donc moi, le mot qui me frappe le plus là-dedans cest le mot fatalisme. Non, nous refusons la fatalité ! Nous voulons montrer par laction que nous sommes capables dinverser le cours des choses. Cest ça le changement mais il prend forcément du temps car, sans vouloir revenir sur le bilan je sais que nous sommes jugés, nous, sur nos résultats il faut être conscient quand même que cest vraiment les travaux dHercule que de redresser la France, une France qui cest vrai, dans sa compétitivité, dans sa croissance, dans ses déficits, dans sa capacité à lutter contre le chômage, avait été terriblement affaiblie à la fois par la crise, il faut le reconnaître, et dabord par elle, mais aussi par dix années de droite. [ ]
CHRISTOPHE BARBIER
Pierre MOSCOVICI, re-bonjour.
PIERRE MOSCOVICI
Re-bonjour.
CHRISTOPHE BARBIER
Merci de nous accompagner pendant toute cette heure dédition spéciale. On la vu déjà dans quelques reportages, dans quelques exemples, cette première année à lÉlysée est sous le signe de la difficulté pour François HOLLANDE. Dans Le Parisien, toute une série dartistes expliquent leurs sentiments après un an. Globalement ils soutiennent encore François HOLLANDE. Benjamin BIOLAY, lui, dit : « Ce nest pas le magicien dOz ». Est-ce que finalement ce nest pas ça le pire ? Cest quon a finalement un président normal ; or la situation ne lest pas.
PIERRE MOSCOVICI
Non, on na pas un président normal face à une situation exceptionnelle. On a un président qui est entièrement mobilisé dans une situation qui est dune gravité extraordinaire. Mais ce qui est vrai, cest que dans cette situation-là ça prend du temps dobtenir des résultats. Mais moi, tous ces témoignages dartistes, témoignages des citoyens, je les comprends. Je comprends quil y ait de limpatience, je comprends quil y ait de lattente, je comprends même quil y ait parfois de la déception. Je sais quil y a aussi de la sympathie. Jétais avec François HOLLANDE dans le Doubs il y a quelques jours, dans mon département.
CHRISTOPHE BARBIER
Le rejet nest pas personnel, il est politique.
PIERRE MOSCOVICI
Jai vu quil y avait pour ce président sympathie, respect, attente. Donc si vous voulez, ce quil faut expliquer et expliquer encore, cest que cest vrai que nous avons trouvé la France dans une situation extraordinairement compromise. Je ne veux pas revenir sur le bilan parce quencore une fois, je sais que cest nous qui sommes jugés, mais tout de même. Quand les déficits filaient allègrement vers six pourcents plutôt que vers cinq, la dette publique qui sest accrue de vingt points de PIB - ça cest considérable le chômage qui navait cessé de croître, la croissance qui est nulle sur les cinq années et la compétitivité française dégradée. Nous sommes en train de mener un travail considérable pour redresser le pays, ce que Jean-Marc AYRAULT a appelé hier les semences, et forcément ça prend du temps. Dans notre système de la Vème République, on rend le président et le gouvernement responsables ; nous sommes en responsabilité. Nous affrontons ça. Mais après lannée des fondations, je dirais lan I, Pierre MAUROY parlait du socle du changement, maintenant cest le temps de la mobilisation, de laccélération, de la simplification et des résultats à commencer par le premier résultat : linversion de la courbe du chômage. Je répète ici que pour le président de la République, cest là-dessus quil engage toutes ses forces.
CHRISTOPHE BARBIER
Que dites-vous à Jean-Luc MÉLENCHON et à ceux qui avec lui ont manifesté hier ? Ils étaient nombreux. Eux, ils veulent une autre politique.
PIERRE MOSCOVICI
Je réponds que les Français majoritairement ont voté pour cette politique il y a un an, y compris dailleurs ces électeurs au deuxième tour. Ils nont pas été bernés, ils nont pas été trompés, il ny a pas eu de reniement, il ny a pas eu de trahison, il ny a pas eu de changement
CHRISTOPHE BARBIER
Ils espéraient plus de pouvoir dachat, ils espéraient plus demplois directement.
PIERRE MOSCOVICI
Mais des emplois directement : regardez ce que nous sommes en train de faire sur lemploi. Contrat de génération, c'est-à-dire lier le maintien dun sénior dans lemploi avec lembauche dun jeune ; emploi davenir pour des jeunes notamment peu qualifiés ; réforme du marché du travail je sais quelle ne plaît pas à Jean-Luc MÉLENCHON mais qui donne de la sécurité aux travailleurs, des nouveaux droits aux travailleurs en même temps que plus de capacité dévolution pour lentreprise, dadaptation pour lentreprise ; compétitivité, la Banque Publique d'Investissement, le crédit dimpôt compétitivité emploi qui permet dinvestir et dembaucher, lorientation de lépargne sur linvestissement. Ce que le Premier ministre a annoncé hier dans le titre des cessions des participations de lÉtat ou de la gestion des participations de lÉtat, nous sommes tout entier mobilisés sur quoi ? Croissance, emploi. Et puis, je naurais garde doublier quand même les décisions de la commission européenne qui ne tombent pas du ciel mais qui viennent aussi dune part de notre crédibilité et dautre part de capacité de négociation plus forte.
CHRISTOPHE BARBIER
On va en parler.
PIERRE MOSCOVICI
La croissance, la croissance, la croissance ; lemploi, lemploi, lemploi, et je pense que cette politique est forte et juste.
CHRISTOPHE BARBIER
On va parler des décisions de la commission européenne. Sur les cessions, une autre entreprise, les Chantiers navals de Saint-Nazaire, vous demande exactement le contraire. Leur propriétaire sud-coréen envisagerait de les vendre, les Chantiers navals disent à lÉtat : « Achetez-nous. Nationalisez-nous provisoirement ». Est-ce que cest envisageable ?
PIERRE MOSCOVICI
Non, la demande nest pas faite de cette façon-là.
CHRISTOPHE BARBIER
Les syndicats lenvisagent.
PIERRE MOSCOVICI
Peut-être les syndicats mais permettez-moi dêtre précis sur ce sujet-là. Dabord, cest une entreprise qui va plutôt bien et elle va bien aussi parce que lÉtat est là. LÉtat est actionnaire à trente-trois pourcents et lÉtat a participé, aidé, au financement dun très grand projet c'est-à-dire la construction du plus grand paquebot du monde. Dix millions dheures de travail, du boulot jusquen 2016, donc cest une entreprise qui a un carnet de commandes solide. Alors moi aujourd'hui, ce que je peux vous dire, cest que je nai pas la notification nous sommes les actionnaires la notification dun retrait du sud-coréen mais nous serons là. Nous serons là de toute façon. LÉtat, et le Premier ministre y ait particulièrement vigilant ne laissera pas les Chantiers de lAtlantique évidemment. Mais encore une fois, cest une entreprise saine, nayons pas dinquiétude excessive et Arnaud MONTEBOURG lui-même a pu dire : « Il faut quil y ait des marchés avant tout ».
CHRISTOPHE BARBIER
Pour aider les entreprises à embaucher, Jean-Louis BORLOO a une idée ce matin. Il vous ladresse comme une prière, il vous objurgue de faire ceci :
JEAN-LOUIS BORLOO, PRESIDENT DE LUDI
Pourquoi ne baisse-t-on pas tout de suite de six pourcents les charges sur toutes les entreprises plutôt que ce crédit dimpôt compétitivité emploi incompréhensible pour plus tard et que quasiment personne, moins de six cents entreprises aujourd'hui, utilise ?
CHRISTOPHE BARBIER
Échec du crédit dimpôt, démarrage très lent ; à la place on baisserait les charges.
PIERRE MOSCOVICI
Non, non, cest totalement faux. Moi je faisais le point avec Nicolas DUFOURCQ, le directeur général de la Banque Publique d'Investissement qui préfinance.
CHRISTOPHE BARBIER
Alors cest combien ?
PIERRE MOSCOVICI
Au jour où nous sommes, il y a déjà eu cinq cents millions deuros de préfinancés. Il y aura plus de deux milliards deuros de préfinancés, c'est-à-dire où la Banque publique apporte déjà le produit du crédit dimpôt à des petites entreprises et à des très petites entreprises. Lobjectif de treize milliards deuros pour le crédit dimpôt pour cette année, ce qui représente quatre pourcents, je crois quil sera tenu et jen ai la conviction, six pourcents lan prochain. Non, nous sommes en train de baisser les charges. Je voulais rappeler
CHRISTOPHE BARBIER
Combien demplois en face ?
PIERRE MOSCOVICI
Nous avons dit trois cent mille emplois sur le quinquennat, et une augmentation de 0,5 points de PIB. Je pense que nous sommes sur ce cap-là. Cest une très bonne mesure, vous savez. Jétais avec François HOLLANDE, je le répète, dans le Doubs, dans une entreprise qui est une entreprise qui est dans les bracelets de montres et ils avaient utilisé le crédit dimpôt compétitivité emploi.
CHRISTOPHE BARBIER
Et la baisse des charges alors ? La baisse du coût du travail ? Une baisse forte des charges ?
PIERRE MOSCOVICI
Elle est là ! Mais cest une baisse du coût du travail. Cest bien de cela dont il sagit : une baisse de quatre pourcents en 2013, de six pourcents en 2014. Je ne comprends pas pourquoi on nous le reproche. Puis jajoute une chose quand même : cest que le crédit dimpôt, il prenait en compte le fait que nous avions des déficits que monsieur BORLOO et ses amis nous ont laissés et que nous ne voulions pas une hausse supplémentaire dimpôts ou déconomies supplémentaires en 2013 qui auraient tué la croissance. Cétait une mesure à la fois juste et intelligente. Cest une mesure juste et intelligente.
CHRISTOPHE BARBIER
Les déficits publics, la commission européenne a donné un sursis à la France jusquen 2015. Ça râle en Allemagne ! Pas votre ami Wolfgang SCHAÜBLE mais autour de lui, chez les libéraux, dans la CDU, on dit : « Ce nest pas normal que la France ait droit à ce sursis ». Que répondez-vous ?
PIERRE MOSCOVICI
Je peux comprendre que les libéraux qui font une campagne disons modérément pro-française voire les conservateurs, râlent comme vous dites parce que pour eux, ce nest pas un succès idéologique. Cest même un recul par rapport à certaines conditions quils ont eues. Mais nous avons avec la Chancelière Angela MERKEL François HOLLANDE lui a parlé samedi moi-même avec Wolfgang SCHAÜBLE, des discussions extrêmement constructives et pragmatiques sur un thème qui est très important : lAllemagne et la France ont une responsabilité commune en Europe et lAllemagne a besoin dune France qui réussit, et lAllemagne sait que nous sommes en train de mener des réformes structurelles à la française. Il ny a pas de malaise là-dessus franco-allemand. Mais ce qui se passe, cest vrai et je vous le dis, cest un changement de doctrine fondamental de la part de la commission européenne qui dit pour la première fois : « Cest dabord la croissance quil faut viser ». Ce sont des réformes quil faut faire, oui, mais des réformes de structure. Pas de fétichisme des trois pourcents pour une certaine année, mais un chemin de croissance, et croyez que nous allons lutiliser de façon intelligente, sans renoncer au sérieux, mais sans aussi mener de politique daustérité. Il ny aura pas de plan dajustement supplémentaire au-delà des économies de dépenses que nous ferons de toute façon.
CHRISTOPHE BARBIER
Écoutez ce quon en dit au Front national ; écoutez la question de Florian PHILIPPOT.
FLORIAN PHILIPPOT, VICE-PRESIDENT DU FRONT NATIONAL
Monsieur le Ministre, vous qui vous êtes engagé jeune dans des mouvements marqués à gauche, est-ce que vous navez pas parfois un problème de conscience quand vous soutenez une politique européenne que vous appliquez dailleurs et qui se traduit par un saccage social absolument épouvantable évidemment en Grèce, où on fait la même chose progressivement au Portugal, en Espagne, en Italie, la commission européenne nest pas loin de demander la même chose quasiment en France pour les années qui viennent ?
CHRISTOPHE BARBIER
On naura pas cela. On naura pas laustérité à la grecque.
PIERRE MOSCOVICI
Non. Dailleurs nous ne sommes pas la Grèce, nous sommes la deuxième économie dEurope, nous sommes la cinquième économie du monde. Moi, jen ai un peu marre quon nous tape dessus en se déplorant. Nous sommes un grand pays et François HOLLANDE dirige ce grand pays comme ce quil est, c'est-à-dire un territoire attractif et compétitif. Mais par rapport à lEurope, ce que je veux dire cest que je sais que les solutions du Front National, cest la sortie de leuro. La sortie de leuro, ce serait leffondrement de notre système bancaire et financier, ce serait lexplosion de notre dépense publique et ce serait pour le coup des difficultés sociales sans nom. Donc ce que je préfère moi, cest la démarche qui est la mienne, toujours dun homme de gauche social-démocrate qui consiste à essayer de réorienter la construction européenne vers la croissance. Mais vous savez, nous naurions pas pu le faire si nous nétions pas nous-mêmes crédibles et sérieux. Ça nest pas en étant laxistes, désordonnés ou anti-européens quon réoriente lEurope : cest en étant sérieux quon permet de bouger les choses.
CHRISTOPHE BARBIER
Est-ce que votre pire moment dans cette première année ça été laffaire Cahuzac ?
PIERRE MOSCOVICI
À titre personnel, oui. Mais je pense, si vous voulez, que cette affaire est la faute dun homme, le mensonge dun homme
CHRISTOPHE BARBIER
On dit quil envisage de se représenter à Villeneuve-sur-Lot pour que les électeurs tranchent sur son cas.
PIERRE MOSCOVICI
Mais ce gouvernement et le président de la République ont toujours gardé le cap.
CHRISTOPHE BARBIER
Sil se représente, que faut-il faire ?
PIERRE MOSCOVICI
Écoutez, je ne sais pas. Je ne verrai pas de cohérence - encore une fois, on ne sait plus rien là-dedans - entre le fait davoir démissionné dun mandat parce que ça posait un problème et le fait de se représenter.
CHRISTOPHE BARBIER
Alors ça a mis le coup de projecteur sur la fraude fiscale. Est-ce quil y a à Bercy en préparation une cellule de dégrisement ? Une cellule de régularisation pour que les Français qui souhaitent rapatrier leurs comptes de Suisse par exemple puissent le faire ?
PIERRE MOSCOVICI
Non, la lutte contre la fraude fiscale, cette lutte qui doit être absolue, totale et à léchelle française et à léchelle européenne et à léchelle internationale il y a dailleurs eu des propositions très fortes que nous avons fait là-dessus par exemple avec les Allemands, par exemple aussi au niveau du G20, je veux dire ici que notre combat contre le secret bancaire, les paradis fiscaux, la fraude fiscale, sera sans relâche et sans tolérance.
CHRISTOPHE BARBIER
Est-ce quon aura un remaniement avant lété ? avant le 14 Juillet ?
PIERRE MOSCOVICI
Ça, cest le président de la République qui est le maître de ça complètement.
CHRISTOPHE BARBIER
Si remaniement il y avait, est-ce que quelqu'un comme Pascal LAMY, qui va être libéré de ses obligations à lété, pourrait entrer dans un gouvernement ?
PIERRE MOSCOVICI
Toujours le président !
CHRISTOPHE BARBIER
Il a des compétences Pascal LAMY, ou au contraire cest trop la mondialisation ?
PIERRE MOSCOVICI
Écoutez, franchement moi jaime beaucoup Pascal LAMY.
CHRISTOPHE BARBIER
Et vous, vous continuez à Bercy avec un pôle ministériel resserré, homogène ? Ce serait bien, ce serait mieux, non ?
PIERRE MOSCOVICI
Écoutez, je vais vous dire : moi ce que je sais, cest que jaime ce que je fais, que je crois avoir eu des résultats. On ma donné un cahier des charges, réformer le financement de léconomie, faire en sorte de stabiliser lEurope et être aux côtés des entreprises. Voilà mes idées, mes idéaux, mes convictions, mon énergie sont intacts. Après, encore une fois, cest le président qui décide.
CHRISTOPHE BARBIER
Pierre MOSCOVICI, vous restez avec nous pour le journal de 8 heures 30 et tout à l'heure pour commenter le zap.
AMANDINE BÉGOT
Et on vous emmènera notamment dans les coulisses de lÉlysée ; vous les connaissez bien, Pierre MOSCOVICI. On les découvre, nous, un peu. Plongeon au coeur du pouvoir avec ce tout dernier film de Patrick ROTMAN. Vous allez découvrir lÉlysée comme vous ne lavez jamais vu. Cest dans un tout petit instant sur I-Télé. À tout de suite. [ ]
AMANDINE BÉGOT
Pierre MOSCOVICI disait à linstant : « Cest à Montbéliard quil fait le plus froid ». Le ministre de lÉconomie ne peut pas agir sur les températures ? Ce serait sympa !
PIERRE MOSCOVICI
(sourire) Sympa, oui. [ ]
JEROME BERMYN
Pierre MOSCOVICI, il faudrait plutôt utiliser cet argent pour réduire la dette ?
PIERRE MOSCOVICI
Il ne sagit pas du tout de vendre les bijoux de famille, je lai dit tout à l'heure. Cest plutôt une gestion intelligente par lÉtat dans le cadre dune stratégie qui lui permet de conserver ses intérêts fondamentaux, mais qui permet aussi dalimenter tout ce qui va dans le sens de linvestissement. Je pense quil y a différents types de dépenses publiques. Nous ferons des économies sur les dépenses. Les décisions qui ont été prises par la commission européenne au contraire nous contraignent, ou plutôt nous conduisent, à être toujours aussi sérieux et à faire en sorte que nous soyons capables de réduire cest notre objectif la part de la dépense publique dans le PIB. Ce ne sera plus cinquante-sept pourcents en 2017 à la fin du quinquennat de François HOLLANDE. En revanche, substituer de linvestissement à dautres dépenses qui sont moins utiles, ça me paraît de bonnes politiques. Nous ferons ça avec beaucoup de prudence en étant aussi actionnaire, c'est-à-dire au nom de lÉtat et donc du peuple français, en étant très responsable, en essayant de faire en sorte que les choses se gèrent bien. Il ne sagit encore une fois ni de brader, ni de vendre mais dinvestir et de gérer.
JEROME BERMYN
On revient vers vous dans un instant, juste le temps de regarder ce sondage : lexécutif plus que jamais malmené dans les sondages. Un an après son arrivée au pouvoir, regardez ce dernier exemple en date, cette enquête exclusive TNS Sofres pour I-Télé et on découvre que soixante-seize pourcents des Français estime que le bilan de laction du chef de lÉtat est plutôt négatif. [ ] Nous sommes retournées à Le Clat dans lAude ; ce petit village ne vous dit peut-être rien à vous, monsieur MOSCOVICI
PIERRE MOSCOVICI
Je vois ce que cest.
JEROME BERMYN
Vous vous en souvenez : cest la commune de France où François HOLLANDE a reçu le plus de suffrages lan dernier, 88,89 pourcents. Quen est-il un an plus tard ? déçus ou pas ? Regardez ce reportage. [ ]
JEROME BERMYN
Pierre MOSCOVICI, une réaction pour cet an 2 qui souvre aujourdhui ?
PIERRE MOSCOVICI
Je pense quen effet, un quinquennat ça dure 5 ans. Il faut aller vite, il faut être sans arrêt en accélération, il faut être sans arrêt en action, François HOLLANDE lest. Moi je suis au contraire frappé, je le connais depuis tellement dannées, de la gravité qui lhabite, du travail considérable quil abat. Et ce que je crois moi, cest que les Français en effet attendent les résultats économiques, cest là-dessus que nous allons être jugés et cest là-dessus que nous allons nous concentrer. Si en effet aujourdhui, lanniversaire nest pas loccasion dune célébration et encore moins dune autocongratulation mais sil y a une réunion de travail, vous avez raison, cest plus quun symbole, cest travail, travail, travail, cest dévouement, dévouement, dévouement ; et cest aussi et dabord pour tout la lutte contre la crise, la lutte contre le chômage, la lutte pour la croissance. Moi je crois que cest là-dessus que se joue le quinquennat. Et encore une fois, je ne mésestime pas les sondages, je sais ce quils veulent dire, je le vois, les Français ont de la sympathie pour leur président, ils ont du respect pour lui, ils attendent quil y ait ces fameux résultats en termes demploi et de croissance, cest là-dessus que nous sommes jugés et cest là-dessus quil faut se concentrer et uniquement là-dessus.
AMANDINE BEGOT
Et le coeur de ce quinquennat, le coeur du pouvoir, cest lElysée, toute la matinée, toute la journée dailleurs sur I-Télé, on vous emmène dans les coulisses de lElysée, vous allez découvrir le palais présidentiel comme vous ne lavez sans doute jamais vu. [ ]
JEROME BERMYN
Pierre MOSCOVICI, ça doit vous rappeler des souvenirs ce genre dimage. Patrick ROTMAN nous disait tout à lheure : cest le maximum de fermeté de François HOLLANDE.
PIERRE MOSCOVICI
Mais tel que vous le voyez là, cest un homme qui est courtois et moi je considère que cest plutôt une vertu que dêtre courtois, et aussi et dabord avec ceux avec qui on travaille, les respecter. Mais aussi, cest quelquun qui est extraordinairement exigeant, quelquun qui est précis. Moi je sortirai dune réunion comme celle-là et puis ça peut marriver je me dirai que jai intérêt à faire le bon discours
AMANDA BEGOT
Dailleurs il faut peut-être
PIERRE MOSCOVICI
Je veux dire par-là que vous savez la fermeté, ce nest pas vraiment quelque chose qui ressemble à du sarkozysme, ce nest pas une conception verticale du pouvoir, ce nest pas être désagréable avec les autres, mais François HOLLANDE là vous lavez vu tel quil est, exigeant, précis et très ferme. Cest un homme qui a une vraie autorité, vous savez.
MICHAËL DARMON
Eh bien justement, pour aller
PIERRE MOSCOVICI
Et qui décide parce que comme il le disait lui-même, on le présente sans arrêt comme indécis, mais regardez ce que nous avons fait au cours de cette première année. Nous avons fait plus de réformes et dailleurs jajoute plus positives, heureusement que la droite en 10 ans, vraiment cest et peut-être faut-il en effet mieux là le communiquer. Mais voilà ! Cet homme, il nest pas quelquun qui est
MICHAËL DARMON
On la évoqué tout à lheure
PIERRE MOSCOVICI
Un homme vous le voyez comme il est, très, très ferme.
MICHAËL DARMON
On la évoqué tout à lheure, justement effectivement cest le problème de nommer. Mais moi ce qui me frappe dans cet extrait et dailleurs comme dans lensemble du film qui est effectivement un voyage inédit et extraordinaire dans la machine du pouvoir
AMANDINE BEGOT
Même vous qui connaissez très bien tout ça, vous avez appris plein de choses.
MICHAËL DARMON
Et tous ceux qui ont lhabitude de connaître, mais en fait on ne connaît jamais assez puisquon nest pas quand les portes se ferment, donc par définition on découvre toujours plus. Là ce qui est quand même frappant cest queffectivement, il y a de lautorité, il y a même de la dureté, il y a une équipe qui se tient coite pendant pratiquement toutes les réunions. Moi ce qui est frappant et édifiant dans ce film, 1) effectivement cest lautorité du président HOLLANDE quon peut-être aimerait voir plus souvent, de manière plus forte affirmer quand il faut faire la politique, quand il faut peut-être mettre dehors des ministres qui mettent à mal sa politique, lorsquil faut peut-être affirmer, oser dire quon est la gauche réformiste et non pas tenter de ménager sa gauche la gauche de la gauche parce que sinon, la synthèse va effectivement être à mal. Ça, cest effectivement la première chose qui est édifiante dans ce film. La deuxième je dirai et il faut le dire cest quautour de lui, il ny a pas de politique, le ping-pong politique auquel François HOLLANDE est habitué depuis toute sa vie politique nexiste pas à lElysée. Et on sent bien et ses amis lui disent, et donc ce que lon dit là, ce ne sont pas nous qui le disons mais les propres proches de François HOLLANDE, il faut plus de politiques autour de lui, on voit bien quelque part que les politiques ne sont pas autour de lui et ils ne parlent pas.
AMANDINE BEGOT
Trop de technocrates autour du chef de lEtat
MICHAËL DARMON
Lisolement.
PIERRE MOSCOVICI
Non, non, mais les politiques ils sont là, ils sont dabord au gouvernement, et cest un homme qui a voulu respecter les institutions de la 5ème République
MICHAËL DARMON
Là, on parle de la
PIERRE MOSCOVICI
Moi, je parle
MICHAËL DARMON
Du cabinet présidentiel.
PIERRE MOSCOVICI
Du gouvernement parce que cest tout à fait important. Mais vous savez, la vie politique elle est faite aussi de contradictions, de différences, ça ne peut pas que le président de la République tienne compte des sensibilités, des tempéraments, des personnalités, des talents, non ! Ne faites pas comme sil fallait uniquement quil ny ait quune seule voix, il faut quil y ait une ligne et cest la sienne
AMANDINE BEGOT
Il ny a pas des moments où il faudrait un peu serrer la vis, si jose dire ?
PIERRE MOSCOVICI
Cest lui qui a son style, je crois que cest un homme qui a beaucoup réfléchi à ce quétait lexercice du pouvoir, il sy est préparé longuement, il sait où il va. Et encore une fois, là je trouve quon la bien vu comme il est en vérité, très ferme, avec beaucoup dautorité. Et pour vous le dire franchement, quand on sort dune réunion avec lui, on sait ce quon a à faire, on a vraiment voilà le cahier des charges, je ne dirai pas le cahier, est rempli et on y va
MICHAËL DARMON
Même Arnaud MONTEBOURG
PIERRE MOSCOVICI
Au travail.
MICHAËL DARMON
Même Arnaud MONTEBOURG, quand il sort dun tête à tête avec François HOLLANDE, il sait ce quil a à faire ?
PIERRE MOSCOVICI
Je pense oui, bien sûr.
MICHAËL DARMON
A rester au gouvernement ?
PIERRE MOSCOVICI
Ecoutez ! Arrêtez. Je vais vous dire quavec Arnaud MONTEBOURG, vous savez, contrairement à ce quon dit, nous avons des relations qui sont bonnes.
MICHAËL DARMON
Oui, mais ce nétait pas le
JEROME BERMYN
Pas forcément évident ce week-end.
PIERRE MOSCOVICI
Ne me faites pas dire à moi
MICHAËL DARMON
Non, non, ce nétait pas du tout le sens de la remarque, cest par rapport à ce film-là
PIERRE MOSCOVICI
Non, non
MICHAËL DARMON
On voit bien que
PIERRE MOSCOVICI
Parfois, on grossit certains incidents.
JEROME BERMYN
Cest le fait des médias. Dernière info
PIERRE MOSCOVICI
Mais ça peut arriver, vous savez.
- Le Zap politique
CHRISTOPHE BARBIER
Echec économique, politique, morale
PIERRE MOSCOVICI
Ecoutez ! François FILLON devrait garder un peu de pudeur. Moi je me souviens du temps où il paraît il avait dit lui-même quil avait bu un peu de rosé, où il avait fait une déclaration en disant quil était à la tête dun Etat en faillite, cétait en 2008. Alors si lEtat était en faillite en 2008, un Etat en super faillite, ce nest pas vrai dailleurs, la France est grande. Mais quand on a le bilan qui est le sien, quand on a augmenté la dette comme il la fait, quand on a laissé les déficits dans un état pathétique comme il la fait, quand on a fait 5 ans sans croissance Et la France aujourdhui nest pas en récession, la France est un pays qui, daprès nos prévisions, aura 0,1 %...
CHRISTOPHE BARBIER
Il doit se taire, il doit quitter la politique ?
PIERRE MOSCOVICI
Non, il ne doit pas quitter la politique mais simplement quil supporte quand même la contradiction. Cette forme darrogance, de jugement sur les autres qui empêche toute forme dinventaire et de lucidité sur ce quon a fait, ça ! Je pense que les Français le jugent aussi de manière sévère. Et cest pour ça que tout en étant par rapport à nous dans lattente, et je le sais, ils sont sévères avec la droite. Si cest pour voir revenir ce type de posture auto-satisfaite alors que soi-même, on a échoué en tout, non, non et non. Monsieur FILLON, cest vrai, la modestie nest pas son fort.
CHRISTOPHE BARBIER
Il y a des critiques aussi
PIERRE MOSCOVICI
Même Nicolas SARKOZY le sait.
CHRISTOPHE BARBIER
Il y a des critiques aussi à gauche, par exemple Manuel VALLS reconnaît une erreur dans ce début de quinquennat. [ ]
PIERRE MOSCOVICI
Il me semble quon dit un peu la même chose et on ne sait pas
CHRISTOPHE BARBIER
Sur FILLON oui mais erreur de com. quand même, lété mal géré 2012, un départ raté.
PIERRE MOSCOVICI
Je ne dirai pas les choses comme ça, de toute façon les erreurs on en fait vous savez, et il faut en tirer des leçons, on nest pas non plus obligés de sauto-flageller. Mais cest vrai quil y a eu le rapport de la Cour des comptes et on a estimé que cétait quelque chose qui posait objectivement les problèmes et quon na pas suffisamment cest vrai dit aux Français dans quelle situation était le pays. Je le dis aujourdhui et aujourdhui, on me dit « ah mais ça fait un an »
CHRISTOPHE BARBIER
Eh oui !
PIERRE MOSCOVICI
Mais néanmoins
CHRISTOPHE BARBIER
Bilan, trop tard ou pas assez.
PIERRE MOSCOVICI
Mais vous savez, ce boulet du bilan, il est toujours là, il pèse toujours sur nous. Et si nous sommes contraints à cet effort de redressement si difficile et qui prend du temps, cest parce que la dégradation était extrêmement forte
CHRISTOPHE BARBIER
Mais
PIERRE MOSCOVICI
Et encore une fois, ça ne condamne pas la droite au silence mais nous, ça nous donne lobligation de répliquer et aussi de dire quil y a une séquence. Cette séquence cest quoi ? 5 ans déchec avec SARKOZY, 1 an de fondations avec François HOLLANDE puis le déploiement, la mobilisation, laccélération, la simplification et les résultats sur le front du chômage.
CHRISTOPHE BARBIER
Cette année de fondation fragilise votre socle électoral. La majorité on va écouter Christian JACOB est très fragilisée. Pour la droite, il ny a plus aujourd'hui de majorité.
CHRISTIAN JACOB, PRESIDENT DU GROUPE UMP A LASSEMBLEE NATIONALE
Aujourd'hui le bateau coule, tout simplement, et on a un président qui est toujours dans cette incapacité à laction. Ce qui sest passé hier avec la mobilisation du Front de gauche, cest dune part la démonstration de léclatement de la majorité. On voit bien quaujourd'hui le Parti socialiste canal historique na plus la majorité absolue à lassemblée.
CHRISTOPHE BARBIER
Ça, cest le verdict de Christian JACOB. Écoutez maintenant ce quon en pense du côté de la gauche qui manifestait hier du côté du Front de Gauche. François DELAPIERRE.
FRANÇOIS DELAPIERRE, SECRETAIRE NATIONAL DU PARTI DE GAUCHE
Les députés socialistes aujourd'hui ont tous été élus par les électeurs de Jean-Luc MÉLENCHON. Je sais que cette chose, ils voudraient leffacer. On voudrait faire croire que la majorité qui sest exprimée en mai 2012, il y a maintenant un an, cest une majorité dans laquelle il ny avait que des sociaux libéraux séduits par la rigueur et je ne sais quelle billevesée. Non, ce nest pas vrai.
CHRISTOPHE BARBIER
Il ny a plus de majorité ?
PIERRE MOSCOVICI
Dabord, là on est typiquement dans un déni de réalité, dans un déni institutionnel. Nous sommes sous la Vème République, les élections ont eu lieu en 2012, le président a une légitimité. Cette légitimité, elle est là pour cinq ans. Il peut agir sur son gouvernement, il a une majorité à lAssemblée nationale. Il peut surtout dailleurs agir avec son gouvernement, il agit avec son gouvernement et on voit bien ce quest la tentation de la droite. La droite au fond elle na jamais accepté sa défaite. La droite pense quelle est propriétaire du pouvoir et cest ce qui explique que ce président François HOLLANDE, qui est un président dévoué aux Français soit critiqué, attaqué comme aucun autre avant lui. Et la presse aussi le fait parfois, vous le savez, Christophe BARBIER. Moi je trouve quon est vraiment dans linjustice par rapport à ça compte tenu de ce que nous faisons, donc légitimité. La droite, elle a cette tendance à vouloir précipiter toujours les échéances : ce nest pas bon de délégitimer le président de la République. Dans aucun autre pays au monde on ne fait ça. Il est président de tous les Français et il lest pour cinq ans.
CHRISTOPHE BARBIER
Cest la démocratie aussi de dire quil échoue, quil est en échec, que ça va mal.
PIERRE MOSCOVICI
Mais ça, cest une chose de faire un commentaire, cen est une autre que sans arrêt de saper la légitimité démocratique du chef de lÉtat. Elle est là. Quant à François DELAPIERRE, moi je sais que les électeurs de Jean-Luc MÉLENCHON ont contribué au deuxième tour mais il sait que jamais Jean-Luc MÉLENCHON ne sest inscrit dans la majorité. Là quand même, il faut aussi quil y ait un exercice de cohérence de leur part.
CHRISTOPHE BARBIER
Pierre MOSCOVICI, si vous revenez dans un an, 6 mai 2014, vous arriverez avec le chômage plus faible quaujourd'hui ? Vous en êtes sûr ?
PIERRE MOSCOVICI
Oui, jen suis convaincue, persuadé, mobilisé pour ça. Mais vous savez, il y a deux ministères qui travaillent sur ce sujet : le ministère du Travail, celui de Michel SAPIN, et le mien. Nous avons les mêmes prévisions. Il arrive que ce ne soit pas la même chose aux finances.
CHRISTOPHE BARBIER
Et elles sont optimistes.
PIERRE MOSCOVICI
Optimistes. Elles montrent que linversion de la courbe du chômage est possible, et nous allons tout faire pour cela. En effet, le 6 mai 2014 je reviendrai avec une perspective de croissance meilleure, avec des créations demploi plus fortes, avec une industrie redressée. Ce ne sera pas le paradis parce que ça prend du temps mais oui, la France va dans la bonne direction.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 7 mai 2013
Pierre MOSCOVICI, puisque vous êtes sur notre plateau, est-ce que ce matin vous avez des pistes ? Est-ce que vous avez des idées dentreprises dans lesquelles vous pourriez céder des participations ?
PIERRE MOSCOVICI
Je ne vais pas comme ça devant vous faire ce genre dannonce. Je voudrais simplement expliciter encore ce qua dit le Premier ministre. Nous avons un besoin dinvestissement. Ce qui est crucial aujourd'hui, nous sommes un an après lélection de François HOLLANDE, cest la relance de notre économie, cest la croissance, cest la création demploi et pour ça, il faut tout faire pour investir, investir, investir encore, et le faire sans creuser les déficits puisque nous voulons garder le cap du sérieux budgétaire. Dès lors, on peut avoir une gestion stratégique de nos participations de lÉtat. Comme vous le savez, a été créée il y a quelques années ce quon appelle une agence des participations de lÉtat. Cest le rôle de lÉtat actionnaire, cette agence qui dépend du ministère des Finances. Tout en gardant nos intérêts stratégiques on peut envisager de jouer ici ou là, de céder
JEROME LIBESKIND
Cest de revendre à la marge quelques participations.
PIERRE MOSCOVICI
Ça peut être réduire les taux de participation, ça peut être vendre quelques participations qui sont non-stratégiques, ça peut être réduire sa participation ici ou là mais le tout en gardant parce que cest fondamental un État stratège, un État qui investit et aussi sans dégrader les finances publiques. Cest ça qua dit le Premier ministre hier. Observez que nous avons déjà ce type daction sur SAFRAN par exemple ou sur EADS ces derniers mois.
AMANDINE BÉGOT
Et ça permettrait de rapporter combien, ça ?
PIERRE MOSCOVICI
Comme monsieur LIBESKIND la dit, le stock ou le capital est de soixante milliards deuros. Il nest évidemment pas question de faire ça, mais ça peut permettre dabonder ici ou là les ressources que nous avons, par exemple le plan dinvestissement davenir précisément pour ça, pour investir, investir, investir encore. Non, ce nest pas le retour des privatisations mais cest une gestion fine du capital de lÉtat en conservant son rôle dÉtat stratège pour permettre de mieux investir dans lavenir du pays et de relancer son économie, sa croissance et donc de répondre aussi à lobjectif de François HOLLANDE qui est, je le rappelle, dinverser la courbe du chômage dici la fin de lannée 2013.
JEROME BERMYN
Pierre MOSCOVICI, on revient vers vous dans un instant. [ ]
AMANDINE BÉGOT
Pierre MOSCOVICI, on vient de les entendre ces habitants de Seine-Saint-Denis qui, on le rappelle, avaient massivement voté pour François HOLLANDE. Un an après, ils le disent, ils ny croient plus. Comment on les fait y croire à nouveau ?
PIERRE MOSCOVICI
Ça ne vaut pas tout à fait valeur prédictive, ces quelques témoignages que je prends au sérieux. Ce qui se passe, cest que les Français attendent des résultats. Les Français sont conscients, je crois, que nous sommes arrivés aux responsabilités dans un climat de crise exceptionnel, jamais vu. Cest ça qui explique aussi ces sondages. Nous menons une action qui est difficile, qui est une action de réforme de structure qui, comme le disait hier Jean-Marc AYRAULT, prend du temps. Le temps des semences, le temps des fondations et puis après le temps de la récolte et le temps des résultats. Mais je répète ici, lobjectif, le nôtre, celui qui mobilise complètement, cest linversion de la courbe du chômage dici la fin de lannée 2013.
CHRISTOPHE BARBIER
Mais votre message, cest la patience. « Patience » dites-vous à ces électeurs. « Il faut attendre encore ».
PIERRE MOSCOVICI
Nous sommes obligés de dire et de répéter que nous avons trouvé la France dans un état tellement dégradé car cétait incroyablement dégradé : les déficits, la croissance, la compétitivité française....
CHRISTOPHE BARBIER
Pourquoi ne le saviez-vous pas ? Il y avait des experts dans la campagne dHOLLANDE.
PIERRE MOSCOVICI
Mais nous le savions. Nous le savions complètement. La campagne de HOLLANDE nétait pas une campagne de promesses échevelées, cétait une campagne très réaliste. Cétait aussi une campagne de changement et le changement, nous sommes en train de le faire. Donc moi, le mot qui me frappe le plus là-dedans cest le mot fatalisme. Non, nous refusons la fatalité ! Nous voulons montrer par laction que nous sommes capables dinverser le cours des choses. Cest ça le changement mais il prend forcément du temps car, sans vouloir revenir sur le bilan je sais que nous sommes jugés, nous, sur nos résultats il faut être conscient quand même que cest vraiment les travaux dHercule que de redresser la France, une France qui cest vrai, dans sa compétitivité, dans sa croissance, dans ses déficits, dans sa capacité à lutter contre le chômage, avait été terriblement affaiblie à la fois par la crise, il faut le reconnaître, et dabord par elle, mais aussi par dix années de droite. [ ]
CHRISTOPHE BARBIER
Pierre MOSCOVICI, re-bonjour.
PIERRE MOSCOVICI
Re-bonjour.
CHRISTOPHE BARBIER
Merci de nous accompagner pendant toute cette heure dédition spéciale. On la vu déjà dans quelques reportages, dans quelques exemples, cette première année à lÉlysée est sous le signe de la difficulté pour François HOLLANDE. Dans Le Parisien, toute une série dartistes expliquent leurs sentiments après un an. Globalement ils soutiennent encore François HOLLANDE. Benjamin BIOLAY, lui, dit : « Ce nest pas le magicien dOz ». Est-ce que finalement ce nest pas ça le pire ? Cest quon a finalement un président normal ; or la situation ne lest pas.
PIERRE MOSCOVICI
Non, on na pas un président normal face à une situation exceptionnelle. On a un président qui est entièrement mobilisé dans une situation qui est dune gravité extraordinaire. Mais ce qui est vrai, cest que dans cette situation-là ça prend du temps dobtenir des résultats. Mais moi, tous ces témoignages dartistes, témoignages des citoyens, je les comprends. Je comprends quil y ait de limpatience, je comprends quil y ait de lattente, je comprends même quil y ait parfois de la déception. Je sais quil y a aussi de la sympathie. Jétais avec François HOLLANDE dans le Doubs il y a quelques jours, dans mon département.
CHRISTOPHE BARBIER
Le rejet nest pas personnel, il est politique.
PIERRE MOSCOVICI
Jai vu quil y avait pour ce président sympathie, respect, attente. Donc si vous voulez, ce quil faut expliquer et expliquer encore, cest que cest vrai que nous avons trouvé la France dans une situation extraordinairement compromise. Je ne veux pas revenir sur le bilan parce quencore une fois, je sais que cest nous qui sommes jugés, mais tout de même. Quand les déficits filaient allègrement vers six pourcents plutôt que vers cinq, la dette publique qui sest accrue de vingt points de PIB - ça cest considérable le chômage qui navait cessé de croître, la croissance qui est nulle sur les cinq années et la compétitivité française dégradée. Nous sommes en train de mener un travail considérable pour redresser le pays, ce que Jean-Marc AYRAULT a appelé hier les semences, et forcément ça prend du temps. Dans notre système de la Vème République, on rend le président et le gouvernement responsables ; nous sommes en responsabilité. Nous affrontons ça. Mais après lannée des fondations, je dirais lan I, Pierre MAUROY parlait du socle du changement, maintenant cest le temps de la mobilisation, de laccélération, de la simplification et des résultats à commencer par le premier résultat : linversion de la courbe du chômage. Je répète ici que pour le président de la République, cest là-dessus quil engage toutes ses forces.
CHRISTOPHE BARBIER
Que dites-vous à Jean-Luc MÉLENCHON et à ceux qui avec lui ont manifesté hier ? Ils étaient nombreux. Eux, ils veulent une autre politique.
PIERRE MOSCOVICI
Je réponds que les Français majoritairement ont voté pour cette politique il y a un an, y compris dailleurs ces électeurs au deuxième tour. Ils nont pas été bernés, ils nont pas été trompés, il ny a pas eu de reniement, il ny a pas eu de trahison, il ny a pas eu de changement
CHRISTOPHE BARBIER
Ils espéraient plus de pouvoir dachat, ils espéraient plus demplois directement.
PIERRE MOSCOVICI
Mais des emplois directement : regardez ce que nous sommes en train de faire sur lemploi. Contrat de génération, c'est-à-dire lier le maintien dun sénior dans lemploi avec lembauche dun jeune ; emploi davenir pour des jeunes notamment peu qualifiés ; réforme du marché du travail je sais quelle ne plaît pas à Jean-Luc MÉLENCHON mais qui donne de la sécurité aux travailleurs, des nouveaux droits aux travailleurs en même temps que plus de capacité dévolution pour lentreprise, dadaptation pour lentreprise ; compétitivité, la Banque Publique d'Investissement, le crédit dimpôt compétitivité emploi qui permet dinvestir et dembaucher, lorientation de lépargne sur linvestissement. Ce que le Premier ministre a annoncé hier dans le titre des cessions des participations de lÉtat ou de la gestion des participations de lÉtat, nous sommes tout entier mobilisés sur quoi ? Croissance, emploi. Et puis, je naurais garde doublier quand même les décisions de la commission européenne qui ne tombent pas du ciel mais qui viennent aussi dune part de notre crédibilité et dautre part de capacité de négociation plus forte.
CHRISTOPHE BARBIER
On va en parler.
PIERRE MOSCOVICI
La croissance, la croissance, la croissance ; lemploi, lemploi, lemploi, et je pense que cette politique est forte et juste.
CHRISTOPHE BARBIER
On va parler des décisions de la commission européenne. Sur les cessions, une autre entreprise, les Chantiers navals de Saint-Nazaire, vous demande exactement le contraire. Leur propriétaire sud-coréen envisagerait de les vendre, les Chantiers navals disent à lÉtat : « Achetez-nous. Nationalisez-nous provisoirement ». Est-ce que cest envisageable ?
PIERRE MOSCOVICI
Non, la demande nest pas faite de cette façon-là.
CHRISTOPHE BARBIER
Les syndicats lenvisagent.
PIERRE MOSCOVICI
Peut-être les syndicats mais permettez-moi dêtre précis sur ce sujet-là. Dabord, cest une entreprise qui va plutôt bien et elle va bien aussi parce que lÉtat est là. LÉtat est actionnaire à trente-trois pourcents et lÉtat a participé, aidé, au financement dun très grand projet c'est-à-dire la construction du plus grand paquebot du monde. Dix millions dheures de travail, du boulot jusquen 2016, donc cest une entreprise qui a un carnet de commandes solide. Alors moi aujourd'hui, ce que je peux vous dire, cest que je nai pas la notification nous sommes les actionnaires la notification dun retrait du sud-coréen mais nous serons là. Nous serons là de toute façon. LÉtat, et le Premier ministre y ait particulièrement vigilant ne laissera pas les Chantiers de lAtlantique évidemment. Mais encore une fois, cest une entreprise saine, nayons pas dinquiétude excessive et Arnaud MONTEBOURG lui-même a pu dire : « Il faut quil y ait des marchés avant tout ».
CHRISTOPHE BARBIER
Pour aider les entreprises à embaucher, Jean-Louis BORLOO a une idée ce matin. Il vous ladresse comme une prière, il vous objurgue de faire ceci :
JEAN-LOUIS BORLOO, PRESIDENT DE LUDI
Pourquoi ne baisse-t-on pas tout de suite de six pourcents les charges sur toutes les entreprises plutôt que ce crédit dimpôt compétitivité emploi incompréhensible pour plus tard et que quasiment personne, moins de six cents entreprises aujourd'hui, utilise ?
CHRISTOPHE BARBIER
Échec du crédit dimpôt, démarrage très lent ; à la place on baisserait les charges.
PIERRE MOSCOVICI
Non, non, cest totalement faux. Moi je faisais le point avec Nicolas DUFOURCQ, le directeur général de la Banque Publique d'Investissement qui préfinance.
CHRISTOPHE BARBIER
Alors cest combien ?
PIERRE MOSCOVICI
Au jour où nous sommes, il y a déjà eu cinq cents millions deuros de préfinancés. Il y aura plus de deux milliards deuros de préfinancés, c'est-à-dire où la Banque publique apporte déjà le produit du crédit dimpôt à des petites entreprises et à des très petites entreprises. Lobjectif de treize milliards deuros pour le crédit dimpôt pour cette année, ce qui représente quatre pourcents, je crois quil sera tenu et jen ai la conviction, six pourcents lan prochain. Non, nous sommes en train de baisser les charges. Je voulais rappeler
CHRISTOPHE BARBIER
Combien demplois en face ?
PIERRE MOSCOVICI
Nous avons dit trois cent mille emplois sur le quinquennat, et une augmentation de 0,5 points de PIB. Je pense que nous sommes sur ce cap-là. Cest une très bonne mesure, vous savez. Jétais avec François HOLLANDE, je le répète, dans le Doubs, dans une entreprise qui est une entreprise qui est dans les bracelets de montres et ils avaient utilisé le crédit dimpôt compétitivité emploi.
CHRISTOPHE BARBIER
Et la baisse des charges alors ? La baisse du coût du travail ? Une baisse forte des charges ?
PIERRE MOSCOVICI
Elle est là ! Mais cest une baisse du coût du travail. Cest bien de cela dont il sagit : une baisse de quatre pourcents en 2013, de six pourcents en 2014. Je ne comprends pas pourquoi on nous le reproche. Puis jajoute une chose quand même : cest que le crédit dimpôt, il prenait en compte le fait que nous avions des déficits que monsieur BORLOO et ses amis nous ont laissés et que nous ne voulions pas une hausse supplémentaire dimpôts ou déconomies supplémentaires en 2013 qui auraient tué la croissance. Cétait une mesure à la fois juste et intelligente. Cest une mesure juste et intelligente.
CHRISTOPHE BARBIER
Les déficits publics, la commission européenne a donné un sursis à la France jusquen 2015. Ça râle en Allemagne ! Pas votre ami Wolfgang SCHAÜBLE mais autour de lui, chez les libéraux, dans la CDU, on dit : « Ce nest pas normal que la France ait droit à ce sursis ». Que répondez-vous ?
PIERRE MOSCOVICI
Je peux comprendre que les libéraux qui font une campagne disons modérément pro-française voire les conservateurs, râlent comme vous dites parce que pour eux, ce nest pas un succès idéologique. Cest même un recul par rapport à certaines conditions quils ont eues. Mais nous avons avec la Chancelière Angela MERKEL François HOLLANDE lui a parlé samedi moi-même avec Wolfgang SCHAÜBLE, des discussions extrêmement constructives et pragmatiques sur un thème qui est très important : lAllemagne et la France ont une responsabilité commune en Europe et lAllemagne a besoin dune France qui réussit, et lAllemagne sait que nous sommes en train de mener des réformes structurelles à la française. Il ny a pas de malaise là-dessus franco-allemand. Mais ce qui se passe, cest vrai et je vous le dis, cest un changement de doctrine fondamental de la part de la commission européenne qui dit pour la première fois : « Cest dabord la croissance quil faut viser ». Ce sont des réformes quil faut faire, oui, mais des réformes de structure. Pas de fétichisme des trois pourcents pour une certaine année, mais un chemin de croissance, et croyez que nous allons lutiliser de façon intelligente, sans renoncer au sérieux, mais sans aussi mener de politique daustérité. Il ny aura pas de plan dajustement supplémentaire au-delà des économies de dépenses que nous ferons de toute façon.
CHRISTOPHE BARBIER
Écoutez ce quon en dit au Front national ; écoutez la question de Florian PHILIPPOT.
FLORIAN PHILIPPOT, VICE-PRESIDENT DU FRONT NATIONAL
Monsieur le Ministre, vous qui vous êtes engagé jeune dans des mouvements marqués à gauche, est-ce que vous navez pas parfois un problème de conscience quand vous soutenez une politique européenne que vous appliquez dailleurs et qui se traduit par un saccage social absolument épouvantable évidemment en Grèce, où on fait la même chose progressivement au Portugal, en Espagne, en Italie, la commission européenne nest pas loin de demander la même chose quasiment en France pour les années qui viennent ?
CHRISTOPHE BARBIER
On naura pas cela. On naura pas laustérité à la grecque.
PIERRE MOSCOVICI
Non. Dailleurs nous ne sommes pas la Grèce, nous sommes la deuxième économie dEurope, nous sommes la cinquième économie du monde. Moi, jen ai un peu marre quon nous tape dessus en se déplorant. Nous sommes un grand pays et François HOLLANDE dirige ce grand pays comme ce quil est, c'est-à-dire un territoire attractif et compétitif. Mais par rapport à lEurope, ce que je veux dire cest que je sais que les solutions du Front National, cest la sortie de leuro. La sortie de leuro, ce serait leffondrement de notre système bancaire et financier, ce serait lexplosion de notre dépense publique et ce serait pour le coup des difficultés sociales sans nom. Donc ce que je préfère moi, cest la démarche qui est la mienne, toujours dun homme de gauche social-démocrate qui consiste à essayer de réorienter la construction européenne vers la croissance. Mais vous savez, nous naurions pas pu le faire si nous nétions pas nous-mêmes crédibles et sérieux. Ça nest pas en étant laxistes, désordonnés ou anti-européens quon réoriente lEurope : cest en étant sérieux quon permet de bouger les choses.
CHRISTOPHE BARBIER
Est-ce que votre pire moment dans cette première année ça été laffaire Cahuzac ?
PIERRE MOSCOVICI
À titre personnel, oui. Mais je pense, si vous voulez, que cette affaire est la faute dun homme, le mensonge dun homme
CHRISTOPHE BARBIER
On dit quil envisage de se représenter à Villeneuve-sur-Lot pour que les électeurs tranchent sur son cas.
PIERRE MOSCOVICI
Mais ce gouvernement et le président de la République ont toujours gardé le cap.
CHRISTOPHE BARBIER
Sil se représente, que faut-il faire ?
PIERRE MOSCOVICI
Écoutez, je ne sais pas. Je ne verrai pas de cohérence - encore une fois, on ne sait plus rien là-dedans - entre le fait davoir démissionné dun mandat parce que ça posait un problème et le fait de se représenter.
CHRISTOPHE BARBIER
Alors ça a mis le coup de projecteur sur la fraude fiscale. Est-ce quil y a à Bercy en préparation une cellule de dégrisement ? Une cellule de régularisation pour que les Français qui souhaitent rapatrier leurs comptes de Suisse par exemple puissent le faire ?
PIERRE MOSCOVICI
Non, la lutte contre la fraude fiscale, cette lutte qui doit être absolue, totale et à léchelle française et à léchelle européenne et à léchelle internationale il y a dailleurs eu des propositions très fortes que nous avons fait là-dessus par exemple avec les Allemands, par exemple aussi au niveau du G20, je veux dire ici que notre combat contre le secret bancaire, les paradis fiscaux, la fraude fiscale, sera sans relâche et sans tolérance.
CHRISTOPHE BARBIER
Est-ce quon aura un remaniement avant lété ? avant le 14 Juillet ?
PIERRE MOSCOVICI
Ça, cest le président de la République qui est le maître de ça complètement.
CHRISTOPHE BARBIER
Si remaniement il y avait, est-ce que quelqu'un comme Pascal LAMY, qui va être libéré de ses obligations à lété, pourrait entrer dans un gouvernement ?
PIERRE MOSCOVICI
Toujours le président !
CHRISTOPHE BARBIER
Il a des compétences Pascal LAMY, ou au contraire cest trop la mondialisation ?
PIERRE MOSCOVICI
Écoutez, franchement moi jaime beaucoup Pascal LAMY.
CHRISTOPHE BARBIER
Et vous, vous continuez à Bercy avec un pôle ministériel resserré, homogène ? Ce serait bien, ce serait mieux, non ?
PIERRE MOSCOVICI
Écoutez, je vais vous dire : moi ce que je sais, cest que jaime ce que je fais, que je crois avoir eu des résultats. On ma donné un cahier des charges, réformer le financement de léconomie, faire en sorte de stabiliser lEurope et être aux côtés des entreprises. Voilà mes idées, mes idéaux, mes convictions, mon énergie sont intacts. Après, encore une fois, cest le président qui décide.
CHRISTOPHE BARBIER
Pierre MOSCOVICI, vous restez avec nous pour le journal de 8 heures 30 et tout à l'heure pour commenter le zap.
AMANDINE BÉGOT
Et on vous emmènera notamment dans les coulisses de lÉlysée ; vous les connaissez bien, Pierre MOSCOVICI. On les découvre, nous, un peu. Plongeon au coeur du pouvoir avec ce tout dernier film de Patrick ROTMAN. Vous allez découvrir lÉlysée comme vous ne lavez jamais vu. Cest dans un tout petit instant sur I-Télé. À tout de suite. [ ]
AMANDINE BÉGOT
Pierre MOSCOVICI disait à linstant : « Cest à Montbéliard quil fait le plus froid ». Le ministre de lÉconomie ne peut pas agir sur les températures ? Ce serait sympa !
PIERRE MOSCOVICI
(sourire) Sympa, oui. [ ]
JEROME BERMYN
Pierre MOSCOVICI, il faudrait plutôt utiliser cet argent pour réduire la dette ?
PIERRE MOSCOVICI
Il ne sagit pas du tout de vendre les bijoux de famille, je lai dit tout à l'heure. Cest plutôt une gestion intelligente par lÉtat dans le cadre dune stratégie qui lui permet de conserver ses intérêts fondamentaux, mais qui permet aussi dalimenter tout ce qui va dans le sens de linvestissement. Je pense quil y a différents types de dépenses publiques. Nous ferons des économies sur les dépenses. Les décisions qui ont été prises par la commission européenne au contraire nous contraignent, ou plutôt nous conduisent, à être toujours aussi sérieux et à faire en sorte que nous soyons capables de réduire cest notre objectif la part de la dépense publique dans le PIB. Ce ne sera plus cinquante-sept pourcents en 2017 à la fin du quinquennat de François HOLLANDE. En revanche, substituer de linvestissement à dautres dépenses qui sont moins utiles, ça me paraît de bonnes politiques. Nous ferons ça avec beaucoup de prudence en étant aussi actionnaire, c'est-à-dire au nom de lÉtat et donc du peuple français, en étant très responsable, en essayant de faire en sorte que les choses se gèrent bien. Il ne sagit encore une fois ni de brader, ni de vendre mais dinvestir et de gérer.
JEROME BERMYN
On revient vers vous dans un instant, juste le temps de regarder ce sondage : lexécutif plus que jamais malmené dans les sondages. Un an après son arrivée au pouvoir, regardez ce dernier exemple en date, cette enquête exclusive TNS Sofres pour I-Télé et on découvre que soixante-seize pourcents des Français estime que le bilan de laction du chef de lÉtat est plutôt négatif. [ ] Nous sommes retournées à Le Clat dans lAude ; ce petit village ne vous dit peut-être rien à vous, monsieur MOSCOVICI
PIERRE MOSCOVICI
Je vois ce que cest.
JEROME BERMYN
Vous vous en souvenez : cest la commune de France où François HOLLANDE a reçu le plus de suffrages lan dernier, 88,89 pourcents. Quen est-il un an plus tard ? déçus ou pas ? Regardez ce reportage. [ ]
JEROME BERMYN
Pierre MOSCOVICI, une réaction pour cet an 2 qui souvre aujourdhui ?
PIERRE MOSCOVICI
Je pense quen effet, un quinquennat ça dure 5 ans. Il faut aller vite, il faut être sans arrêt en accélération, il faut être sans arrêt en action, François HOLLANDE lest. Moi je suis au contraire frappé, je le connais depuis tellement dannées, de la gravité qui lhabite, du travail considérable quil abat. Et ce que je crois moi, cest que les Français en effet attendent les résultats économiques, cest là-dessus que nous allons être jugés et cest là-dessus que nous allons nous concentrer. Si en effet aujourdhui, lanniversaire nest pas loccasion dune célébration et encore moins dune autocongratulation mais sil y a une réunion de travail, vous avez raison, cest plus quun symbole, cest travail, travail, travail, cest dévouement, dévouement, dévouement ; et cest aussi et dabord pour tout la lutte contre la crise, la lutte contre le chômage, la lutte pour la croissance. Moi je crois que cest là-dessus que se joue le quinquennat. Et encore une fois, je ne mésestime pas les sondages, je sais ce quils veulent dire, je le vois, les Français ont de la sympathie pour leur président, ils ont du respect pour lui, ils attendent quil y ait ces fameux résultats en termes demploi et de croissance, cest là-dessus que nous sommes jugés et cest là-dessus quil faut se concentrer et uniquement là-dessus.
AMANDINE BEGOT
Et le coeur de ce quinquennat, le coeur du pouvoir, cest lElysée, toute la matinée, toute la journée dailleurs sur I-Télé, on vous emmène dans les coulisses de lElysée, vous allez découvrir le palais présidentiel comme vous ne lavez sans doute jamais vu. [ ]
JEROME BERMYN
Pierre MOSCOVICI, ça doit vous rappeler des souvenirs ce genre dimage. Patrick ROTMAN nous disait tout à lheure : cest le maximum de fermeté de François HOLLANDE.
PIERRE MOSCOVICI
Mais tel que vous le voyez là, cest un homme qui est courtois et moi je considère que cest plutôt une vertu que dêtre courtois, et aussi et dabord avec ceux avec qui on travaille, les respecter. Mais aussi, cest quelquun qui est extraordinairement exigeant, quelquun qui est précis. Moi je sortirai dune réunion comme celle-là et puis ça peut marriver je me dirai que jai intérêt à faire le bon discours
AMANDA BEGOT
Dailleurs il faut peut-être
PIERRE MOSCOVICI
Je veux dire par-là que vous savez la fermeté, ce nest pas vraiment quelque chose qui ressemble à du sarkozysme, ce nest pas une conception verticale du pouvoir, ce nest pas être désagréable avec les autres, mais François HOLLANDE là vous lavez vu tel quil est, exigeant, précis et très ferme. Cest un homme qui a une vraie autorité, vous savez.
MICHAËL DARMON
Eh bien justement, pour aller
PIERRE MOSCOVICI
Et qui décide parce que comme il le disait lui-même, on le présente sans arrêt comme indécis, mais regardez ce que nous avons fait au cours de cette première année. Nous avons fait plus de réformes et dailleurs jajoute plus positives, heureusement que la droite en 10 ans, vraiment cest et peut-être faut-il en effet mieux là le communiquer. Mais voilà ! Cet homme, il nest pas quelquun qui est
MICHAËL DARMON
On la évoqué tout à lheure
PIERRE MOSCOVICI
Un homme vous le voyez comme il est, très, très ferme.
MICHAËL DARMON
On la évoqué tout à lheure, justement effectivement cest le problème de nommer. Mais moi ce qui me frappe dans cet extrait et dailleurs comme dans lensemble du film qui est effectivement un voyage inédit et extraordinaire dans la machine du pouvoir
AMANDINE BEGOT
Même vous qui connaissez très bien tout ça, vous avez appris plein de choses.
MICHAËL DARMON
Et tous ceux qui ont lhabitude de connaître, mais en fait on ne connaît jamais assez puisquon nest pas quand les portes se ferment, donc par définition on découvre toujours plus. Là ce qui est quand même frappant cest queffectivement, il y a de lautorité, il y a même de la dureté, il y a une équipe qui se tient coite pendant pratiquement toutes les réunions. Moi ce qui est frappant et édifiant dans ce film, 1) effectivement cest lautorité du président HOLLANDE quon peut-être aimerait voir plus souvent, de manière plus forte affirmer quand il faut faire la politique, quand il faut peut-être mettre dehors des ministres qui mettent à mal sa politique, lorsquil faut peut-être affirmer, oser dire quon est la gauche réformiste et non pas tenter de ménager sa gauche la gauche de la gauche parce que sinon, la synthèse va effectivement être à mal. Ça, cest effectivement la première chose qui est édifiante dans ce film. La deuxième je dirai et il faut le dire cest quautour de lui, il ny a pas de politique, le ping-pong politique auquel François HOLLANDE est habitué depuis toute sa vie politique nexiste pas à lElysée. Et on sent bien et ses amis lui disent, et donc ce que lon dit là, ce ne sont pas nous qui le disons mais les propres proches de François HOLLANDE, il faut plus de politiques autour de lui, on voit bien quelque part que les politiques ne sont pas autour de lui et ils ne parlent pas.
AMANDINE BEGOT
Trop de technocrates autour du chef de lEtat
MICHAËL DARMON
Lisolement.
PIERRE MOSCOVICI
Non, non, mais les politiques ils sont là, ils sont dabord au gouvernement, et cest un homme qui a voulu respecter les institutions de la 5ème République
MICHAËL DARMON
Là, on parle de la
PIERRE MOSCOVICI
Moi, je parle
MICHAËL DARMON
Du cabinet présidentiel.
PIERRE MOSCOVICI
Du gouvernement parce que cest tout à fait important. Mais vous savez, la vie politique elle est faite aussi de contradictions, de différences, ça ne peut pas que le président de la République tienne compte des sensibilités, des tempéraments, des personnalités, des talents, non ! Ne faites pas comme sil fallait uniquement quil ny ait quune seule voix, il faut quil y ait une ligne et cest la sienne
AMANDINE BEGOT
Il ny a pas des moments où il faudrait un peu serrer la vis, si jose dire ?
PIERRE MOSCOVICI
Cest lui qui a son style, je crois que cest un homme qui a beaucoup réfléchi à ce quétait lexercice du pouvoir, il sy est préparé longuement, il sait où il va. Et encore une fois, là je trouve quon la bien vu comme il est en vérité, très ferme, avec beaucoup dautorité. Et pour vous le dire franchement, quand on sort dune réunion avec lui, on sait ce quon a à faire, on a vraiment voilà le cahier des charges, je ne dirai pas le cahier, est rempli et on y va
MICHAËL DARMON
Même Arnaud MONTEBOURG
PIERRE MOSCOVICI
Au travail.
MICHAËL DARMON
Même Arnaud MONTEBOURG, quand il sort dun tête à tête avec François HOLLANDE, il sait ce quil a à faire ?
PIERRE MOSCOVICI
Je pense oui, bien sûr.
MICHAËL DARMON
A rester au gouvernement ?
PIERRE MOSCOVICI
Ecoutez ! Arrêtez. Je vais vous dire quavec Arnaud MONTEBOURG, vous savez, contrairement à ce quon dit, nous avons des relations qui sont bonnes.
MICHAËL DARMON
Oui, mais ce nétait pas le
JEROME BERMYN
Pas forcément évident ce week-end.
PIERRE MOSCOVICI
Ne me faites pas dire à moi
MICHAËL DARMON
Non, non, ce nétait pas du tout le sens de la remarque, cest par rapport à ce film-là
PIERRE MOSCOVICI
Non, non
MICHAËL DARMON
On voit bien que
PIERRE MOSCOVICI
Parfois, on grossit certains incidents.
JEROME BERMYN
Cest le fait des médias. Dernière info
PIERRE MOSCOVICI
Mais ça peut arriver, vous savez.
- Le Zap politique
CHRISTOPHE BARBIER
Echec économique, politique, morale
PIERRE MOSCOVICI
Ecoutez ! François FILLON devrait garder un peu de pudeur. Moi je me souviens du temps où il paraît il avait dit lui-même quil avait bu un peu de rosé, où il avait fait une déclaration en disant quil était à la tête dun Etat en faillite, cétait en 2008. Alors si lEtat était en faillite en 2008, un Etat en super faillite, ce nest pas vrai dailleurs, la France est grande. Mais quand on a le bilan qui est le sien, quand on a augmenté la dette comme il la fait, quand on a laissé les déficits dans un état pathétique comme il la fait, quand on a fait 5 ans sans croissance Et la France aujourdhui nest pas en récession, la France est un pays qui, daprès nos prévisions, aura 0,1 %...
CHRISTOPHE BARBIER
Il doit se taire, il doit quitter la politique ?
PIERRE MOSCOVICI
Non, il ne doit pas quitter la politique mais simplement quil supporte quand même la contradiction. Cette forme darrogance, de jugement sur les autres qui empêche toute forme dinventaire et de lucidité sur ce quon a fait, ça ! Je pense que les Français le jugent aussi de manière sévère. Et cest pour ça que tout en étant par rapport à nous dans lattente, et je le sais, ils sont sévères avec la droite. Si cest pour voir revenir ce type de posture auto-satisfaite alors que soi-même, on a échoué en tout, non, non et non. Monsieur FILLON, cest vrai, la modestie nest pas son fort.
CHRISTOPHE BARBIER
Il y a des critiques aussi
PIERRE MOSCOVICI
Même Nicolas SARKOZY le sait.
CHRISTOPHE BARBIER
Il y a des critiques aussi à gauche, par exemple Manuel VALLS reconnaît une erreur dans ce début de quinquennat. [ ]
PIERRE MOSCOVICI
Il me semble quon dit un peu la même chose et on ne sait pas
CHRISTOPHE BARBIER
Sur FILLON oui mais erreur de com. quand même, lété mal géré 2012, un départ raté.
PIERRE MOSCOVICI
Je ne dirai pas les choses comme ça, de toute façon les erreurs on en fait vous savez, et il faut en tirer des leçons, on nest pas non plus obligés de sauto-flageller. Mais cest vrai quil y a eu le rapport de la Cour des comptes et on a estimé que cétait quelque chose qui posait objectivement les problèmes et quon na pas suffisamment cest vrai dit aux Français dans quelle situation était le pays. Je le dis aujourdhui et aujourdhui, on me dit « ah mais ça fait un an »
CHRISTOPHE BARBIER
Eh oui !
PIERRE MOSCOVICI
Mais néanmoins
CHRISTOPHE BARBIER
Bilan, trop tard ou pas assez.
PIERRE MOSCOVICI
Mais vous savez, ce boulet du bilan, il est toujours là, il pèse toujours sur nous. Et si nous sommes contraints à cet effort de redressement si difficile et qui prend du temps, cest parce que la dégradation était extrêmement forte
CHRISTOPHE BARBIER
Mais
PIERRE MOSCOVICI
Et encore une fois, ça ne condamne pas la droite au silence mais nous, ça nous donne lobligation de répliquer et aussi de dire quil y a une séquence. Cette séquence cest quoi ? 5 ans déchec avec SARKOZY, 1 an de fondations avec François HOLLANDE puis le déploiement, la mobilisation, laccélération, la simplification et les résultats sur le front du chômage.
CHRISTOPHE BARBIER
Cette année de fondation fragilise votre socle électoral. La majorité on va écouter Christian JACOB est très fragilisée. Pour la droite, il ny a plus aujourd'hui de majorité.
CHRISTIAN JACOB, PRESIDENT DU GROUPE UMP A LASSEMBLEE NATIONALE
Aujourd'hui le bateau coule, tout simplement, et on a un président qui est toujours dans cette incapacité à laction. Ce qui sest passé hier avec la mobilisation du Front de gauche, cest dune part la démonstration de léclatement de la majorité. On voit bien quaujourd'hui le Parti socialiste canal historique na plus la majorité absolue à lassemblée.
CHRISTOPHE BARBIER
Ça, cest le verdict de Christian JACOB. Écoutez maintenant ce quon en pense du côté de la gauche qui manifestait hier du côté du Front de Gauche. François DELAPIERRE.
FRANÇOIS DELAPIERRE, SECRETAIRE NATIONAL DU PARTI DE GAUCHE
Les députés socialistes aujourd'hui ont tous été élus par les électeurs de Jean-Luc MÉLENCHON. Je sais que cette chose, ils voudraient leffacer. On voudrait faire croire que la majorité qui sest exprimée en mai 2012, il y a maintenant un an, cest une majorité dans laquelle il ny avait que des sociaux libéraux séduits par la rigueur et je ne sais quelle billevesée. Non, ce nest pas vrai.
CHRISTOPHE BARBIER
Il ny a plus de majorité ?
PIERRE MOSCOVICI
Dabord, là on est typiquement dans un déni de réalité, dans un déni institutionnel. Nous sommes sous la Vème République, les élections ont eu lieu en 2012, le président a une légitimité. Cette légitimité, elle est là pour cinq ans. Il peut agir sur son gouvernement, il a une majorité à lAssemblée nationale. Il peut surtout dailleurs agir avec son gouvernement, il agit avec son gouvernement et on voit bien ce quest la tentation de la droite. La droite au fond elle na jamais accepté sa défaite. La droite pense quelle est propriétaire du pouvoir et cest ce qui explique que ce président François HOLLANDE, qui est un président dévoué aux Français soit critiqué, attaqué comme aucun autre avant lui. Et la presse aussi le fait parfois, vous le savez, Christophe BARBIER. Moi je trouve quon est vraiment dans linjustice par rapport à ça compte tenu de ce que nous faisons, donc légitimité. La droite, elle a cette tendance à vouloir précipiter toujours les échéances : ce nest pas bon de délégitimer le président de la République. Dans aucun autre pays au monde on ne fait ça. Il est président de tous les Français et il lest pour cinq ans.
CHRISTOPHE BARBIER
Cest la démocratie aussi de dire quil échoue, quil est en échec, que ça va mal.
PIERRE MOSCOVICI
Mais ça, cest une chose de faire un commentaire, cen est une autre que sans arrêt de saper la légitimité démocratique du chef de lÉtat. Elle est là. Quant à François DELAPIERRE, moi je sais que les électeurs de Jean-Luc MÉLENCHON ont contribué au deuxième tour mais il sait que jamais Jean-Luc MÉLENCHON ne sest inscrit dans la majorité. Là quand même, il faut aussi quil y ait un exercice de cohérence de leur part.
CHRISTOPHE BARBIER
Pierre MOSCOVICI, si vous revenez dans un an, 6 mai 2014, vous arriverez avec le chômage plus faible quaujourd'hui ? Vous en êtes sûr ?
PIERRE MOSCOVICI
Oui, jen suis convaincue, persuadé, mobilisé pour ça. Mais vous savez, il y a deux ministères qui travaillent sur ce sujet : le ministère du Travail, celui de Michel SAPIN, et le mien. Nous avons les mêmes prévisions. Il arrive que ce ne soit pas la même chose aux finances.
CHRISTOPHE BARBIER
Et elles sont optimistes.
PIERRE MOSCOVICI
Optimistes. Elles montrent que linversion de la courbe du chômage est possible, et nous allons tout faire pour cela. En effet, le 6 mai 2014 je reviendrai avec une perspective de croissance meilleure, avec des créations demploi plus fortes, avec une industrie redressée. Ce ne sera pas le paradis parce que ça prend du temps mais oui, la France va dans la bonne direction.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 7 mai 2013