Déclaration de Mme Yamina Benguigui, ministre de la francophonie, sur le rôle de la Francophonie, à Paris le 28 juin 2013.

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Circonstance : 89ème session du Conseil permanent de la Francophonie, à Paris le 28 juin 2013

Texte intégral

Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs les Représentants personnels,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais tout d'abord vous remercier, Monsieur le Secrétaire général, pour le rapport que vous venez de présenter sur la situation dans l'espace francophone.
Je voudrais également vous remercier pour l'action menée par l'Organisation internationale de la Francophonie, sous votre autorité. Il est incontestable que l'OIF a développé au fil des années une expertise unique dans l'accompagnement en matière d'aide au retour à l'État de droit et à la réconciliation, de diplomatie préventive et d'alerte précoce.
Dans ce contexte, je voudrais saluer le plan d'action que l'OIF a élaboré pour apporter aux autorités maliennes son soutien dans le processus de transition. Ce plan, qui couvre aussi bien la préparation des élections que la formation des journalistes ou l'accompagnement du processus de réconciliation, met en oeuvre tout l'éventail des compétences de la Francophonie et témoigne de sa grande réactivité en faveur d'un pays dont la stabilisation est essentielle pour l'ensemble de la sous-région.
Dans un premier temps, il faut aider sans relâche le Mali à tenir ses élections le mois prochain, selon le calendrier qui a été arrêté. L'accord entre les autorités maliennes et les groupes armés non terroristes permettra la tenue des élections à Kidal dans de bonnes conditions. Il prévoit un cessez-le-feu immédiat et le respect des droits de l'Homme par l'ensemble des parties. Les forces françaises, dont le retrait progressif du Mali est engagé, accompagneront la transformation de la force africaine en une mission de stabilisation des Nations unies. Elles pourront en outre venir en aide à cette opération en cas de besoin, et continueront à soutenir les Maliens dans la lutte antiterroriste. Il sera parallèlement fondamental de favoriser le dialogue et la réconciliation.
En Guinée, dans la perspective des élections législatives qui seront l'aboutissement du processus de transition, l'OIF a apporté une expertise précieuse. Elle a, sous votre autorité décisive, contribué à relancer un dialogue politique constructif entre les autorités guinéennes et l'opposition pour assurer les conditions d'un scrutin libre et transparent. Il est désormais de la responsabilité de l'ensemble des acteurs politiques guinéens d'oeuvrer à restaurer le climat de confiance plus que jamais aujourd'hui nécessaire.
Il reste des situations plus difficiles encore. Je pense notamment à Madagascar où l'OIF n'a pas ménagé ses efforts pour soutenir la préparation des élections présidentielles, première étape du retour à une vie démocratique apaisée. L'inconséquence de quelques personnalités bloque aujourd'hui le processus de mise en oeuvre de la feuille de route. La population est la première victime de ces comportements car la vie économique ne peut reprendre dans un contexte aussi instable. La Francophonie doit désormais porter toute son attention vers les populations malgaches pour les faire bénéficier en priorité de ses programmes.
Je pense aussi à la République centrafricaine où l'application des accords de Libreville s'avère lente et difficile, ce qui suscite de nouvelles tensions. Je suis particulièrement préoccupée par la situation humanitaire et de sécurité. Les violences et violations des droits de l'Homme doivent cesser pour permettre à l'aide humanitaire de se déployer dans le pays. Parmi les violences, celles dont les femmes sont victimes dans ce pays sont particulièrement intolérables.
Monsieur le Secrétaire général,
J'aimerais vous remercier pour votre engagement en faveur des droits des femmes.
Le Forum mondial des femmes francophones qui s'est tenu le 20 mars dernier, ici même à Paris, n'aurait jamais vu le jour sans votre soutien et sans celui de l'OIF. J'aimerais remercier les États membres qui ont soutenu ce forum et, bien sûr, les 700 femmes venues du monde entier qui ont signé un appel contre les violences et les discriminations.
Une telle mobilisation nous encourage à poursuivre. D'ores et déjà, je souhaite proposer une deuxième édition de ce forum au printemps 2014 à l'occasion de la Journée de la Francophonie.
Je me réjouis, Monsieur le Secrétaire général, de l'annonce que vous venez de faire : la création d'un réseau des femmes francophones, porté par vos équipes, enrichira la dynamique. Je travaille actuellement en partenariat avec TV5Monde à une nouvelle version du site Terriennes qui deviendra, à la rentrée prochaine, le site Internet mondial des femmes francophones.
Dans le prolongement de l'appel du Forum des femmes francophones, la France souhaiterait que la thématique des femmes soit unes des priorités du Sommet de Dakar en 2014. En matière de droits, l'expérience montre que les acquis des femmes ne sont jamais des acquis. Les récentes crises qui secouent certaines parties du monde le montrent. Les inégalités dans l'éducation, l'économie et la prise de décision politique le prouvent également. Le statut des femmes est le baromètre essentiel de l'avancée démocratique d'une société.
Les femmes portent en elles le développement de leurs pays. C'est pourquoi, Monsieur le Secrétaire général, je crois essentiel que le respect des droits des femmes soit intégré dans les textes fondateurs de l'OIF. Et je suis certaine que les chefs d'États et de gouvernement auront à coeur d'y réfléchir dans la perspective du XVème sommet de la Francophonie.
Enfin, permettez-moi de conclure sur une note positive. Vous savez qu'en septembre à Nice nous fêterons la Francophonie, sa jeunesse, les arts et les sports. L'édition de Nice comptera le plus grand nombre de pays inscrits, 55 ! Les autorités françaises et la ville de Nice sont mobilisées pour assurer l'accueil des 3.000 jeunes qui viendront des 5 continents. Vos délégations qui se sont rendues sur place début juin ont pu mesurer combien les organisateurs sont motivés.
La cérémonie d'ouverture, le 7 septembre, sera un moment de rencontre et de partage des cultures francophones. 1.500 bénévoles niçois sont déjà enregistrés. Tout est mis en oeuvre pour que ces jeux de la Francophonie soient le symbole de l'ouverture à l'autre pour une jeunesse qui incarne la transmission des valeurs de la Francophonie, forte de 77 Nations sur les 5 continents.
Je serais heureuse de votre présence à tous pendant cette manifestation.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 juillet 2013