Texte intégral
Mesdames et messieurs les ministres,
mes chers collègues,
mesdames, messieurs les parlementaires,
monsieur le préfet de région,
monsieur le président de la région Ile de France,
mesdames et messieurs les élus,
monsieur le recteur,
monsieur le président de l'université,
merci de nous accueillir ici à l'université Pierre et Marie Curie, où je suis venu vous parler de la France de demain.
Dans cette institution vouée à la transmission du savoir à la jeunesse, dans ce haut-lieu de la recherche scientifique, je suis venu rappeler qu'investir, c'est se projeter dans l'avenir. Que sera la France dans dix et même dans 20 ans ? Pour façonner cette France il faut faire acte d'imagination et de volonté. Je veux une France où les villes et les villages devenus plus denses sauront préserver les terres agricoles, les espaces naturels, et la biodiversité. Je veux une France qui rassemble ces territoires sans en exclure aucun, ces territoires ruraux comme ceux de nos cités ; une France où dans chaque commune des logements de qualité seront accessibles à tous les ménages et leur permettront de réduire leur consommation d'énergie ; une France où l'énergie sera davantage issue de mode de production renouvelable et moins du nucléaire. Je veux une France où le service de santé se sera modernisé, où les dernières innovations thérapeutiques seront accessibles à tous ; une France où les jeunes seront mieux formés, où l'alternance sera vraiment développée ; une France qui valorisera la connaissance au sein d'un grand nombre de pôles universitaires et de laboratoires à rayonnement mondial.
Mesdames et messieurs, je veux une France où les voyageurs et les marchandises circuleront plus facilement grâce à des transports plus performants et plus économes en énergie ; une France qui émettra moins de gaz à effet de serre, où la qualité de l'air et de l'eau sera meilleure ; une France où l'économie circulaire se sera développée, et dont les entreprises intègreront systématiquement les enjeux environnementaux dans leurs décisions. Je veux une France où l'accès à la connaissance sera facilité grâce à l'internet à très haut débit accessible sur tous les territoires. Enfin je veux une France qui aura créé de nouveaux relais de croissance pour ces entreprises, rassemblées au sein de filières bien structurées, conquérantes à travers le monde et capable de créer des emplois durables.
Mesdames et messieurs, cette France là, c'est la France que nous volons et nous y arriverons à condition, à condition de faire en temps utile les choix qui s'imposent, et nous y sommes. Le gouvernement a fait des choix clairs. D'abord redresser les comptes publics, restaurer la compétitivité de nos entreprises, engage des réformes structurelles nécessaires et aussi tout faire en le réformant pour préserver notre modèle social et républicain. Et puis bien sûr réussir la transition écologique grâce à un nouveau modèle de développement.
Ces choix sont intimement liés au plan que je vous présente aujourd'hui. Prenez les finances publiques. Leur maîtrise est indispensable. II est indispensable pour l'avenir de la France. Et chacun admettra que sérieux budgétaire et investissement, l'un et l'autre sont nécessaires au redressement du pays. Et dans l'une et l'autre attitude doit souffler un même esprit. Si l'investissement public est une nécessité, il doit aussi être une discipline. Il doit être ciblé, il doit être réfléchi, rigoureux, en un mot efficace et utile. La France est un pays qui investit davantage aujourd'hui que par le passé. Et davantage que bon nombre de ses voisins. Et parmi les acteurs de l'investissement, il y a les entreprises. Certains de leurs représentants sont présents dans cet amphithéâtre aujourd'hui, et je veux leur dire que l'Etat est avec eux, et ils le savent. Avec le pacte pour la compétitivité, la croissance et l'emploi, l'Etat a pris ses responsabilités.
Pour stimuler l'investissement privé au service de l'emploi, en instituant un crédit d'impôt, l'Etat a investi 20 milliards d'euros pour aider les entreprises à croître, à innover, à former, à embaucher. En lançant la Banque Publique d'Investissement, l'Etat a répondu aux besoins de financement des entreprises. En simplifiant, en modernisant l'action publique, l'Etat supprime ce qui entrave l'activité.
Mesdames et messieurs je veux que l'Etat encourage tous ceux qui prennent des risques pour la France. Oui, je veux une puissance publique qui impulse, qui anticipe, et qui elle aussi sait prendre les risques nécessaires. L'Etat et les collectivités locales à commencer par les régions et les métropoles doit être en impulsion. Les grandes avancées technologiques sont souvent nées de la combinaison de l'impulsion publique et des énergies privées. Il nous faudra donc unir nos forces et nos efforts. Unir les forces. J'assume et je revendique ma mission d'une France plurielle, et décentralisée, qui se développe autour de plusieurs pôles.
Chaque territoire a son histoire industrielle et sociale, ses atouts, ses défis à relever. Cest dans chaque territoire que doit sinscrire notre politique dinvestissement. Je défends ainsi lidée quinvestir pour la France, cest investir dans ces territoires, avec ces territoires. Voilà donc, mesdames et messieurs, ma philosophie, la philosophie qui est la mienne pour linvestissement pour lavenir de la France.
A présent, je veux vous présenter quelques-unes des politiques et des ressources que lEtat va mobiliser pour que la France que jappelle de mes vux voit le jour dans les années qui viennent.
La France ne subit pas les évènements. Non. La France a un destin, elle a une politique, elle a une ambition et je vais prendre plusieurs axes. Le premier que je vais évoquer, cest celui du logement. Vous savez tous que nous avons engagé pour stimuler la construction de logements, en cédant à bas prix des terrains publics et en relevant les obligations dans la loi SRU, ça, cest parti et sur ce dossier fondamental quest le logement des Français, je suis, avec le gouvernement, décidé à aller plus loin.
Hier, jai signé le pacte entre lEtat et lUnion sociale de lhabitat qui regroupe tous les bailleurs sociaux de France. Ce pacte formalise nos engagements réciproques. Parmi dautres mesures, lEtat va baisser le taux de TVA applicable à la construction de logements sociaux et aux grosses rénovations. En contrepartie, les bailleurs sociaux sengagent à mutualiser leurs capacités dinvestissement, à accélérer la construction de nouveaux logements, 500 000 nouveaux logements par an, dont 150 000 logements sociaux, voilà notre objectif, il est connu, il est ambitieux, nous le tiendrons.
Dans nos villes, la rénovation des quartiers fragiles se poursuit. Le nouveau Programme national de rénovation urbaine sera doté de 5 milliards deuros. Fin mars, le président de la République a annoncé également un plan de rénovation thermique des bâtiments et des logements précisément qui concernera 500 000 logements par an et qui sera un puissant outil pour lutter contre la précarité énergétique qui touche 4 millions de Français, qui permettra de créer 75 000 emplois.
Pour cela, lEtat mobilisera 1,5 milliard deuros pendant les deux années qui viennent. Les ménages pourront bénéficier de cette aide, dès le mois de septembre, via un guichet unique qui sera installé dans tous les territoires, qui facilitera laccès à linformation et à la constitution des projets. Il sagit bien sûr là, cest très clair de réduire la consommation de lénergie, mais on le voit avec laugmentation du coût de lélectricité, ces prochains jours, il sagit aussi de diminuer la facture, daméliorer le pouvoir dachat des Français en réduisant leur facture de chauffage.
Je suis heureux de vous annoncer aujourdhui une autre nouvelle dinvestissement, cest le déploiement du compteur électrique Linky, dont on a beaucoup parlé depuis des mois et des mois, quon appelle aussi le compteur intelligent, qui remplacera les compteurs traditionnels que chacun connait et qui va faciliter la vie des utilisateurs grâce aux relevés à distance, qui les aidera à maîtriser leur consommation délectricité en les informant mieux, qui permettra de développer de nouveaux services comme le pilotage automatique des appareils électriques du foyer. Trois millions de compteurs Linky seront installés par ERDF dici 2016, tous les logements seront équipés dici 2020. Cest un investissement qui est financé par EDF, sur ses fonds propres, estimé au total à 5 milliards deuros.
Jen viens à un autre point essentiel qui est la question des déplacements, la question de la mobilité et des transports. Jai reçu il y a quelques jours le rapport de la Commission, avec le ministre des Transports, de la Commission Mobilité 21. Cest un rapport dune qualité exceptionnelle, je le dis franchement. Sa hauteur de vue contraste avec la démarche du gouvernement précédent qui consistait à aligner sans aucun financement ou plutôt à promettre daligner des kilomètres de rails ou de routes sans se soucier de leur impact sur léconomie, sur la vie quotidienne des Français, en un mot sur leur efficacité et leur faisabilité.
Le rapport Mobilité 21 montre quaujourdhui, lurgence nest pas de lancer de nouveaux projets pharaoniques ou déficitaires, mais dagir sur la mobilité quotidienne des Français. Parce que notre patrimoine routier et surtout ferroviaire sest beaucoup dégradé et que sa performance diminue régulièrement. Parce quil nous revient de garantir à tous nos concitoyens des moyens de transport rapides, réguliers, confortables, sûrs, pour aller au travail, pour se former, pour les loisirs. Parce que cest là quil faut encourager tout particulièrement le report vers des modes de transport moins polluants.
En ce qui concerne les grands projets, le gouvernement partage les critères danalyse proposés par la Commission Mobilité 21 et se fixe comme référence son scénario numéro deux qui prévoit environ 30 milliards deuros dinvestissements, tous financeurs confondus, pour mener des opérations prioritaires.
Accélérer la résorption des nuds ferroviaires, cest un préalable à lamélioration de loffre, y compris pour les dessertes TGV existantes. Renforcer la continuité des itinéraires de fret, améliorer le maillage du territoire grâce ?? la rénovation de lignes de chemin de fer classiques ou à la construction de nouvelles lignes.
La France ne tourne pas du tout le dos à la grande vitesse, elle y demeure attachée, dailleurs des projets sont en cours et devront être réalisés dici 2017. Les études des projets, des autres projets potentiels vont se poursuivre. Les priorités nationales seront actualisées tous les cinq ans et sur la base de critères objectifs et en tirant les conséquences de la reprise de la croissance. Mais entre les TER et les TGV, les trains Intercités doivent impérativement prendre toute leur place, comme la annoncé le président de la République.
Cest pourquoi, je vous annonce que les trains Intercités, qui maillent vraiment le territoire et qui facilitent la mobilité, seront intégralement renouvelés entre 2015 et 2025. LEtat lancera dès cet été une première commande dun minimum de 500 millions deuros pour des trains neufs, associés à des voies modernisées, ces nouveaux trains offriront aux Français un service plus efficace, plus confortable, plus accessible et plus accessible financièrement.
Pour servir ces ambitions, jai décidé de doter la FIT des moyens nécessaires. Au total, leffort de la nation pour la mobilité sera de plus de 5 milliards deuros par an. Cest un effort sans précédent que chacun doit apprécier à sa juste valeur. On doit dailleurs y ajouter tout ce qui a déjà été financé et décidé pour le Grand Paris, donc qui se cumule avec cet effort très important.
Les recommandations du rapport Duron doivent désormais être déclinées sur lensemble du territoire, particulièrement en ce qui concerne la modernisation et la transformation des réseaux. Cela exige détablir un diagnostic, puis une programmation fine, en concertation étroite avec les élus locaux qui connaissent les besoins les plus urgents et les plus concrets.
Ce sera lobjet du volet mobilité des futurs contrats de plans Etat/régions, dont je lance aujourdhui lélaboration. Jai annoncé aux préfets ce matin que cette procédure était relancée. Il sagit des contrats pour la période 2014-2020 qui devront formaliser nos engagements mutuels. Outre les transports avec une approche désormais multimodale, ces contrats de plans Etat/régions devront porter sur lenseignement supérieur, la recherche, linnovation, sur le numérique et ses usages, sur la transition écologique et énergétique, cest-à-dire sur les principaux leviers pour construire les territoires durables de demain.
Les préfets recevront dans les prochains jours des instructions précises pour engager les négociations qui prendront, certes, plusieurs mois, peut-être huit mois, mais jai demandé que sur le volet mobilité, les négociations soient anticipées pour être conclues avant la fin de lannée 2013.
Mesdames et messieurs, vous le voyez, lEtat, les régions, les métropoles investissent chaque jour pour offrir à nos concitoyens des territoires à haute qualité de service. Jai évoqué le logement, les transports, la mobilité, mais jaurais pu citer aussi lécole, luniversité, jai déjà parlé du numérique. Dailleurs, à propos du numérique, jai annoncé en février le déploiement en dix ans de lInternet à très haut débit, en dix ans, sur tout le territoire français, pour un montant mobilisé de 20 milliards deuros.
Mais au-delà de ces investissements directs, il faut investir pour linnovation, pour créer de nouvelles techniques de production, de nouveaux produits, de nouvelles formes de vie économique et sociale, autrement dit pour préparer les investissements de demain.
Cest pourquoi jai décidé de lancer un nouveau programme dinvestissements davenir doté de 12 milliards deuros. Le PIA aujourdhui, qui est géré par le commissaire général à linvestissement, Louis Gallois, est un outil remarquable. Il obéit à une méthodologie rigoureuse : lappel à projets, suivi dune expertise indépendante des propositions qui sont soumises. Il investit dans tous les secteurs économiques : la transition énergétique, la santé, lagroalimentaire et bien dautres. Il exerce un puissant effet de levier sur les collectivités, mais aussi sur les investisseurs privés, puisquil intervient pour 20 à 30 % en moyenne dans le financement des projets, il se distingue en cela des interventions traditionnelles de lEtat.
Ce nouveau PIA répond à deux objectifs stratégiques : le renforcement de notre compétitivité au service de lemploi et le caractère durable du développement de notre économie. La majorité des financements du nouveau PIA seront soumis à une éco-conditionnalité et 50 % concerneront directement ou indirectement des investissements pour la transition écologique.
Les principaux domaines dintervention du nouveau PIA seront au nombre de trois. Premièrement, la recherche et luniversité, avec une enveloppe supplémentaire de 3,6 milliards destinée notamment à poursuivre le financement des initiatives dexcellence. Lobjectif est de créer de nouveaux campus à rayonnement international, de les équiper des matériels de dernière génération et daccélérer la mise au point des technologies clé.
Deuxièmement, la transition énergétique et écologique et la construction urbaine durable auxquelles seront directement dédiés 2,3 milliards, par lintermédiaire de lADEME, qui recevra environ la moitié de cette dotation. Nous développerons, par exemple, les projets des entreprises du génie écologique, de la sobriété énergétique, du recyclage. Nous acquerrons la maîtrise des technologies des énergies du futur comme la pile à combustible, les réseaux de chaleur, la biomasse et nous généraliserons leur utilisation. Nous agirons enfin pour préserver notre biodiversité.
Et puis, sagissant de lindustrie, je ne peux pas manquer de rappeler lannonce que javais faite lannée dernière, à la Conférence environnementale, pour que notre industrie de lautomobile réussisse sa mutation avec linvestissement nécessaire pour réaliser la voiture à 2 litres à essence aux 100 kilomètres.
Si lon tient compte du vaste plan Linky, que jai évoqué tout à lheure, de maîtrise de la consommation dénergie, ce sont presque 7,5 milliards deuros qui sont ainsi directement mobilisés en faveur de la transition écologique et énergétique. Cest donc un choix stratégique qui est fait.
Le troisième domaine dintervention, je viens de lévoquer à travers un exemple, cest lindustrie, à laquelle nous consacrons 1,7 milliard deuros. Il sagit, là aussi, dencourager linnovation, notamment au sein des pôles de compétitivité pour favoriser lémergence de nouvelles filières à fort potentiel, la robotisation, le déploiement des services sans contact, le développement dune nouvelle génération de biocarburants, la constitution dune vraie industrie des dispositifs médicaux, lutilisation généralisée de réseaux intelligents, voilà quelques-uns des projets que le gouvernement présentera aux entreprises début septembre et que lEtat soutiendra par de linvestissement, mais aussi par le biais de la commande publique, de la règlementation et de formation dédiée.
Le PIA poursuivra également son engagement en faveur de lexcellence technologique de nos industries aéronautiques et spatiales et de défense, qui exportent, qui embauchent et dont les savoir-faire de pointe irriguent lensemble de léconomie.
Le PIA continuera à accompagner le développement des nouvelles technologies dans le domaine de la santé. La France, je lai dit tout à lheure, dispose dun des meilleurs systèmes de soins au monde, grâce auquel les avancées les plus récentes de la médecine sont mises au service de tous les patients. Mais il nest pas question de le laisser péricliter.
Ces dernières années, de nombreux espoirs ont été déçus par deux plans successifs pour la rénovation des hôpitaux. Cest pourquoi je me félicite du résultat auquel nous sommes parvenus. Dici 2022, la France investira 4,5 milliards deuros chaque année pour la modernisation de son réseau hospitalier dans lHexagone et dans les Outre-Mer.
Jai également voulu ouvrir le PIA à de nouveaux domaines, au premier rang desquels la jeunesse et la formation. Préparer lavenir, ce nest pas seulement financer linnovation technologique, cest aussi donner leur chance aux jeunes, cest soutenir leurs initiatives qui surgissent parfois sur notre territoire, dans sa diversité, dans les banlieues comme dans les zones en mutation. Des projets innovants en faveur de lemploi des jeunes dans les cités, mais aussi le développement de lapprentissage, la création dinternats de la réussite seront soutenus.
Jai voulu mettre le Programme dinvestissements davenir au service de la modernisation de lEtat, en finançant des projets qui transforment les conditions même de laction publique, car je veux que la France de demain dispose aussi de meilleurs services publics. Je lai dit, linvestissement et le sérieux budgétaire vont de pair.
Afin de respecter la stratégie de financement de lEtat, les dépenses liées au nouveau PIA monteront en puissance progressivement. Elles prendront le relais du programme dinvestissements davenir actuel, les recettes issues des cessions de participations de lEtat contribueront à son financement grâce à une gestion active et responsable du patrimoine de lEtat.
Mesdames et messieurs, évidemment, je ne suis pas rentré dans tous les détails. Jai voulu vous adresser lessentiel du message qui est le nôtre aujourdhui. Jai voulu quil soit dabord question dune vision de la France. mesdames et messieurs, la politique ne se nourrit pas que de décisions. La politique, cest se projeter dans le temps. Cest être capable de se dépasser et de sinscrire dans une grande et longue histoire. A cet exercice, jinvite toutes les Françaises et tous les Français. Je les invite à sy investir et à sy investir pour la France et jinvite chacun des acteurs qui font et qui feront la France à apporter leur contribution.
Source http://www.gouvernement.fr, le 15 juillet 2013
mes chers collègues,
mesdames, messieurs les parlementaires,
monsieur le préfet de région,
monsieur le président de la région Ile de France,
mesdames et messieurs les élus,
monsieur le recteur,
monsieur le président de l'université,
merci de nous accueillir ici à l'université Pierre et Marie Curie, où je suis venu vous parler de la France de demain.
Dans cette institution vouée à la transmission du savoir à la jeunesse, dans ce haut-lieu de la recherche scientifique, je suis venu rappeler qu'investir, c'est se projeter dans l'avenir. Que sera la France dans dix et même dans 20 ans ? Pour façonner cette France il faut faire acte d'imagination et de volonté. Je veux une France où les villes et les villages devenus plus denses sauront préserver les terres agricoles, les espaces naturels, et la biodiversité. Je veux une France qui rassemble ces territoires sans en exclure aucun, ces territoires ruraux comme ceux de nos cités ; une France où dans chaque commune des logements de qualité seront accessibles à tous les ménages et leur permettront de réduire leur consommation d'énergie ; une France où l'énergie sera davantage issue de mode de production renouvelable et moins du nucléaire. Je veux une France où le service de santé se sera modernisé, où les dernières innovations thérapeutiques seront accessibles à tous ; une France où les jeunes seront mieux formés, où l'alternance sera vraiment développée ; une France qui valorisera la connaissance au sein d'un grand nombre de pôles universitaires et de laboratoires à rayonnement mondial.
Mesdames et messieurs, je veux une France où les voyageurs et les marchandises circuleront plus facilement grâce à des transports plus performants et plus économes en énergie ; une France qui émettra moins de gaz à effet de serre, où la qualité de l'air et de l'eau sera meilleure ; une France où l'économie circulaire se sera développée, et dont les entreprises intègreront systématiquement les enjeux environnementaux dans leurs décisions. Je veux une France où l'accès à la connaissance sera facilité grâce à l'internet à très haut débit accessible sur tous les territoires. Enfin je veux une France qui aura créé de nouveaux relais de croissance pour ces entreprises, rassemblées au sein de filières bien structurées, conquérantes à travers le monde et capable de créer des emplois durables.
Mesdames et messieurs, cette France là, c'est la France que nous volons et nous y arriverons à condition, à condition de faire en temps utile les choix qui s'imposent, et nous y sommes. Le gouvernement a fait des choix clairs. D'abord redresser les comptes publics, restaurer la compétitivité de nos entreprises, engage des réformes structurelles nécessaires et aussi tout faire en le réformant pour préserver notre modèle social et républicain. Et puis bien sûr réussir la transition écologique grâce à un nouveau modèle de développement.
Ces choix sont intimement liés au plan que je vous présente aujourd'hui. Prenez les finances publiques. Leur maîtrise est indispensable. II est indispensable pour l'avenir de la France. Et chacun admettra que sérieux budgétaire et investissement, l'un et l'autre sont nécessaires au redressement du pays. Et dans l'une et l'autre attitude doit souffler un même esprit. Si l'investissement public est une nécessité, il doit aussi être une discipline. Il doit être ciblé, il doit être réfléchi, rigoureux, en un mot efficace et utile. La France est un pays qui investit davantage aujourd'hui que par le passé. Et davantage que bon nombre de ses voisins. Et parmi les acteurs de l'investissement, il y a les entreprises. Certains de leurs représentants sont présents dans cet amphithéâtre aujourd'hui, et je veux leur dire que l'Etat est avec eux, et ils le savent. Avec le pacte pour la compétitivité, la croissance et l'emploi, l'Etat a pris ses responsabilités.
Pour stimuler l'investissement privé au service de l'emploi, en instituant un crédit d'impôt, l'Etat a investi 20 milliards d'euros pour aider les entreprises à croître, à innover, à former, à embaucher. En lançant la Banque Publique d'Investissement, l'Etat a répondu aux besoins de financement des entreprises. En simplifiant, en modernisant l'action publique, l'Etat supprime ce qui entrave l'activité.
Mesdames et messieurs je veux que l'Etat encourage tous ceux qui prennent des risques pour la France. Oui, je veux une puissance publique qui impulse, qui anticipe, et qui elle aussi sait prendre les risques nécessaires. L'Etat et les collectivités locales à commencer par les régions et les métropoles doit être en impulsion. Les grandes avancées technologiques sont souvent nées de la combinaison de l'impulsion publique et des énergies privées. Il nous faudra donc unir nos forces et nos efforts. Unir les forces. J'assume et je revendique ma mission d'une France plurielle, et décentralisée, qui se développe autour de plusieurs pôles.
Chaque territoire a son histoire industrielle et sociale, ses atouts, ses défis à relever. Cest dans chaque territoire que doit sinscrire notre politique dinvestissement. Je défends ainsi lidée quinvestir pour la France, cest investir dans ces territoires, avec ces territoires. Voilà donc, mesdames et messieurs, ma philosophie, la philosophie qui est la mienne pour linvestissement pour lavenir de la France.
A présent, je veux vous présenter quelques-unes des politiques et des ressources que lEtat va mobiliser pour que la France que jappelle de mes vux voit le jour dans les années qui viennent.
La France ne subit pas les évènements. Non. La France a un destin, elle a une politique, elle a une ambition et je vais prendre plusieurs axes. Le premier que je vais évoquer, cest celui du logement. Vous savez tous que nous avons engagé pour stimuler la construction de logements, en cédant à bas prix des terrains publics et en relevant les obligations dans la loi SRU, ça, cest parti et sur ce dossier fondamental quest le logement des Français, je suis, avec le gouvernement, décidé à aller plus loin.
Hier, jai signé le pacte entre lEtat et lUnion sociale de lhabitat qui regroupe tous les bailleurs sociaux de France. Ce pacte formalise nos engagements réciproques. Parmi dautres mesures, lEtat va baisser le taux de TVA applicable à la construction de logements sociaux et aux grosses rénovations. En contrepartie, les bailleurs sociaux sengagent à mutualiser leurs capacités dinvestissement, à accélérer la construction de nouveaux logements, 500 000 nouveaux logements par an, dont 150 000 logements sociaux, voilà notre objectif, il est connu, il est ambitieux, nous le tiendrons.
Dans nos villes, la rénovation des quartiers fragiles se poursuit. Le nouveau Programme national de rénovation urbaine sera doté de 5 milliards deuros. Fin mars, le président de la République a annoncé également un plan de rénovation thermique des bâtiments et des logements précisément qui concernera 500 000 logements par an et qui sera un puissant outil pour lutter contre la précarité énergétique qui touche 4 millions de Français, qui permettra de créer 75 000 emplois.
Pour cela, lEtat mobilisera 1,5 milliard deuros pendant les deux années qui viennent. Les ménages pourront bénéficier de cette aide, dès le mois de septembre, via un guichet unique qui sera installé dans tous les territoires, qui facilitera laccès à linformation et à la constitution des projets. Il sagit bien sûr là, cest très clair de réduire la consommation de lénergie, mais on le voit avec laugmentation du coût de lélectricité, ces prochains jours, il sagit aussi de diminuer la facture, daméliorer le pouvoir dachat des Français en réduisant leur facture de chauffage.
Je suis heureux de vous annoncer aujourdhui une autre nouvelle dinvestissement, cest le déploiement du compteur électrique Linky, dont on a beaucoup parlé depuis des mois et des mois, quon appelle aussi le compteur intelligent, qui remplacera les compteurs traditionnels que chacun connait et qui va faciliter la vie des utilisateurs grâce aux relevés à distance, qui les aidera à maîtriser leur consommation délectricité en les informant mieux, qui permettra de développer de nouveaux services comme le pilotage automatique des appareils électriques du foyer. Trois millions de compteurs Linky seront installés par ERDF dici 2016, tous les logements seront équipés dici 2020. Cest un investissement qui est financé par EDF, sur ses fonds propres, estimé au total à 5 milliards deuros.
Jen viens à un autre point essentiel qui est la question des déplacements, la question de la mobilité et des transports. Jai reçu il y a quelques jours le rapport de la Commission, avec le ministre des Transports, de la Commission Mobilité 21. Cest un rapport dune qualité exceptionnelle, je le dis franchement. Sa hauteur de vue contraste avec la démarche du gouvernement précédent qui consistait à aligner sans aucun financement ou plutôt à promettre daligner des kilomètres de rails ou de routes sans se soucier de leur impact sur léconomie, sur la vie quotidienne des Français, en un mot sur leur efficacité et leur faisabilité.
Le rapport Mobilité 21 montre quaujourdhui, lurgence nest pas de lancer de nouveaux projets pharaoniques ou déficitaires, mais dagir sur la mobilité quotidienne des Français. Parce que notre patrimoine routier et surtout ferroviaire sest beaucoup dégradé et que sa performance diminue régulièrement. Parce quil nous revient de garantir à tous nos concitoyens des moyens de transport rapides, réguliers, confortables, sûrs, pour aller au travail, pour se former, pour les loisirs. Parce que cest là quil faut encourager tout particulièrement le report vers des modes de transport moins polluants.
En ce qui concerne les grands projets, le gouvernement partage les critères danalyse proposés par la Commission Mobilité 21 et se fixe comme référence son scénario numéro deux qui prévoit environ 30 milliards deuros dinvestissements, tous financeurs confondus, pour mener des opérations prioritaires.
Accélérer la résorption des nuds ferroviaires, cest un préalable à lamélioration de loffre, y compris pour les dessertes TGV existantes. Renforcer la continuité des itinéraires de fret, améliorer le maillage du territoire grâce ?? la rénovation de lignes de chemin de fer classiques ou à la construction de nouvelles lignes.
La France ne tourne pas du tout le dos à la grande vitesse, elle y demeure attachée, dailleurs des projets sont en cours et devront être réalisés dici 2017. Les études des projets, des autres projets potentiels vont se poursuivre. Les priorités nationales seront actualisées tous les cinq ans et sur la base de critères objectifs et en tirant les conséquences de la reprise de la croissance. Mais entre les TER et les TGV, les trains Intercités doivent impérativement prendre toute leur place, comme la annoncé le président de la République.
Cest pourquoi, je vous annonce que les trains Intercités, qui maillent vraiment le territoire et qui facilitent la mobilité, seront intégralement renouvelés entre 2015 et 2025. LEtat lancera dès cet été une première commande dun minimum de 500 millions deuros pour des trains neufs, associés à des voies modernisées, ces nouveaux trains offriront aux Français un service plus efficace, plus confortable, plus accessible et plus accessible financièrement.
Pour servir ces ambitions, jai décidé de doter la FIT des moyens nécessaires. Au total, leffort de la nation pour la mobilité sera de plus de 5 milliards deuros par an. Cest un effort sans précédent que chacun doit apprécier à sa juste valeur. On doit dailleurs y ajouter tout ce qui a déjà été financé et décidé pour le Grand Paris, donc qui se cumule avec cet effort très important.
Les recommandations du rapport Duron doivent désormais être déclinées sur lensemble du territoire, particulièrement en ce qui concerne la modernisation et la transformation des réseaux. Cela exige détablir un diagnostic, puis une programmation fine, en concertation étroite avec les élus locaux qui connaissent les besoins les plus urgents et les plus concrets.
Ce sera lobjet du volet mobilité des futurs contrats de plans Etat/régions, dont je lance aujourdhui lélaboration. Jai annoncé aux préfets ce matin que cette procédure était relancée. Il sagit des contrats pour la période 2014-2020 qui devront formaliser nos engagements mutuels. Outre les transports avec une approche désormais multimodale, ces contrats de plans Etat/régions devront porter sur lenseignement supérieur, la recherche, linnovation, sur le numérique et ses usages, sur la transition écologique et énergétique, cest-à-dire sur les principaux leviers pour construire les territoires durables de demain.
Les préfets recevront dans les prochains jours des instructions précises pour engager les négociations qui prendront, certes, plusieurs mois, peut-être huit mois, mais jai demandé que sur le volet mobilité, les négociations soient anticipées pour être conclues avant la fin de lannée 2013.
Mesdames et messieurs, vous le voyez, lEtat, les régions, les métropoles investissent chaque jour pour offrir à nos concitoyens des territoires à haute qualité de service. Jai évoqué le logement, les transports, la mobilité, mais jaurais pu citer aussi lécole, luniversité, jai déjà parlé du numérique. Dailleurs, à propos du numérique, jai annoncé en février le déploiement en dix ans de lInternet à très haut débit, en dix ans, sur tout le territoire français, pour un montant mobilisé de 20 milliards deuros.
Mais au-delà de ces investissements directs, il faut investir pour linnovation, pour créer de nouvelles techniques de production, de nouveaux produits, de nouvelles formes de vie économique et sociale, autrement dit pour préparer les investissements de demain.
Cest pourquoi jai décidé de lancer un nouveau programme dinvestissements davenir doté de 12 milliards deuros. Le PIA aujourdhui, qui est géré par le commissaire général à linvestissement, Louis Gallois, est un outil remarquable. Il obéit à une méthodologie rigoureuse : lappel à projets, suivi dune expertise indépendante des propositions qui sont soumises. Il investit dans tous les secteurs économiques : la transition énergétique, la santé, lagroalimentaire et bien dautres. Il exerce un puissant effet de levier sur les collectivités, mais aussi sur les investisseurs privés, puisquil intervient pour 20 à 30 % en moyenne dans le financement des projets, il se distingue en cela des interventions traditionnelles de lEtat.
Ce nouveau PIA répond à deux objectifs stratégiques : le renforcement de notre compétitivité au service de lemploi et le caractère durable du développement de notre économie. La majorité des financements du nouveau PIA seront soumis à une éco-conditionnalité et 50 % concerneront directement ou indirectement des investissements pour la transition écologique.
Les principaux domaines dintervention du nouveau PIA seront au nombre de trois. Premièrement, la recherche et luniversité, avec une enveloppe supplémentaire de 3,6 milliards destinée notamment à poursuivre le financement des initiatives dexcellence. Lobjectif est de créer de nouveaux campus à rayonnement international, de les équiper des matériels de dernière génération et daccélérer la mise au point des technologies clé.
Deuxièmement, la transition énergétique et écologique et la construction urbaine durable auxquelles seront directement dédiés 2,3 milliards, par lintermédiaire de lADEME, qui recevra environ la moitié de cette dotation. Nous développerons, par exemple, les projets des entreprises du génie écologique, de la sobriété énergétique, du recyclage. Nous acquerrons la maîtrise des technologies des énergies du futur comme la pile à combustible, les réseaux de chaleur, la biomasse et nous généraliserons leur utilisation. Nous agirons enfin pour préserver notre biodiversité.
Et puis, sagissant de lindustrie, je ne peux pas manquer de rappeler lannonce que javais faite lannée dernière, à la Conférence environnementale, pour que notre industrie de lautomobile réussisse sa mutation avec linvestissement nécessaire pour réaliser la voiture à 2 litres à essence aux 100 kilomètres.
Si lon tient compte du vaste plan Linky, que jai évoqué tout à lheure, de maîtrise de la consommation dénergie, ce sont presque 7,5 milliards deuros qui sont ainsi directement mobilisés en faveur de la transition écologique et énergétique. Cest donc un choix stratégique qui est fait.
Le troisième domaine dintervention, je viens de lévoquer à travers un exemple, cest lindustrie, à laquelle nous consacrons 1,7 milliard deuros. Il sagit, là aussi, dencourager linnovation, notamment au sein des pôles de compétitivité pour favoriser lémergence de nouvelles filières à fort potentiel, la robotisation, le déploiement des services sans contact, le développement dune nouvelle génération de biocarburants, la constitution dune vraie industrie des dispositifs médicaux, lutilisation généralisée de réseaux intelligents, voilà quelques-uns des projets que le gouvernement présentera aux entreprises début septembre et que lEtat soutiendra par de linvestissement, mais aussi par le biais de la commande publique, de la règlementation et de formation dédiée.
Le PIA poursuivra également son engagement en faveur de lexcellence technologique de nos industries aéronautiques et spatiales et de défense, qui exportent, qui embauchent et dont les savoir-faire de pointe irriguent lensemble de léconomie.
Le PIA continuera à accompagner le développement des nouvelles technologies dans le domaine de la santé. La France, je lai dit tout à lheure, dispose dun des meilleurs systèmes de soins au monde, grâce auquel les avancées les plus récentes de la médecine sont mises au service de tous les patients. Mais il nest pas question de le laisser péricliter.
Ces dernières années, de nombreux espoirs ont été déçus par deux plans successifs pour la rénovation des hôpitaux. Cest pourquoi je me félicite du résultat auquel nous sommes parvenus. Dici 2022, la France investira 4,5 milliards deuros chaque année pour la modernisation de son réseau hospitalier dans lHexagone et dans les Outre-Mer.
Jai également voulu ouvrir le PIA à de nouveaux domaines, au premier rang desquels la jeunesse et la formation. Préparer lavenir, ce nest pas seulement financer linnovation technologique, cest aussi donner leur chance aux jeunes, cest soutenir leurs initiatives qui surgissent parfois sur notre territoire, dans sa diversité, dans les banlieues comme dans les zones en mutation. Des projets innovants en faveur de lemploi des jeunes dans les cités, mais aussi le développement de lapprentissage, la création dinternats de la réussite seront soutenus.
Jai voulu mettre le Programme dinvestissements davenir au service de la modernisation de lEtat, en finançant des projets qui transforment les conditions même de laction publique, car je veux que la France de demain dispose aussi de meilleurs services publics. Je lai dit, linvestissement et le sérieux budgétaire vont de pair.
Afin de respecter la stratégie de financement de lEtat, les dépenses liées au nouveau PIA monteront en puissance progressivement. Elles prendront le relais du programme dinvestissements davenir actuel, les recettes issues des cessions de participations de lEtat contribueront à son financement grâce à une gestion active et responsable du patrimoine de lEtat.
Mesdames et messieurs, évidemment, je ne suis pas rentré dans tous les détails. Jai voulu vous adresser lessentiel du message qui est le nôtre aujourdhui. Jai voulu quil soit dabord question dune vision de la France. mesdames et messieurs, la politique ne se nourrit pas que de décisions. La politique, cest se projeter dans le temps. Cest être capable de se dépasser et de sinscrire dans une grande et longue histoire. A cet exercice, jinvite toutes les Françaises et tous les Français. Je les invite à sy investir et à sy investir pour la France et jinvite chacun des acteurs qui font et qui feront la France à apporter leur contribution.
Source http://www.gouvernement.fr, le 15 juillet 2013