Déclaration de Mme Fleur Pellerin, ministre des petites et moyennes entreprises, de l'innovation et de l'économie numérique, sur la compétitivité et l'innovation, Paris le 8 juillet 2013.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : 12ème journée nationale des pôles de compétitivité, à Paris le 8 juillet 2013

Texte intégral

Mesdames et messieurs les dirigeants de pôles de compétitivité,
Je ne peux malheureusement pas être des vôtres mais je me réjouis de pouvoir, par ce message, partager avec vous mes convictions et ma vision sur la compétitivité et l’innovation, des thèmes qui vous sont chers.
La compétitivité par l’innovation est au cœur de l’action du gouvernement auquel j’appartiens : c’est par l’innovation que nous réaliserons la montée en gamme de l’économie, qui est la stratégie centrale du Pacte pour la croissance, la compétitivité et l’emploi ; c’est par l’innovation que nous redresserons le tissu productif français, que nous maintiendrons notre position de grande puissance industrielle, que nous gagnerons des marges de manœuvre pour mener à bien notre projet politique !
Toutes les études, tous les rapports, toutes les analyses vont dans le même sens : il faut doper l’innovation en France. La question n’est pas de savoir s’il faut ou non innover : l’enjeu, c’est de décider comment nous voulons innover !
Comme je l’ai expliqué dans une tribune récente, l’innovation est devenu un enjeu politique. C’est tout le sens de la décision prise par le Président de la République de créer, et c’est une première, un ministère de l’innovation. L’innovation sort du domaine des experts et rentre dans le champ des choix politiques. Ce n’est pas un choix facile, car l’innovation suppose de dépasser les habitudes, parfois les peurs, souvent les conservatismes. C’est pourquoi il ne suffit pas de vouloir « plus » d’innovation. Ce que nous devons créer, c’est un « choc d’innovation » !
Le choc d’innovation, c’est d’abord la prise de conscience de notre place au niveau mondial. Ne nous voilons pas la face : les classements internationaux rangent la France parmi les « suiveurs » en matière d’innovation. Et c’est hors de France, dans les régions les plus dynamiques sur le plan économique, que se situent les poches de bouillonnement de l’innovation. Je pense à la Silicon Valley, à lsraël, à Karolinska, à ce que j’ai vu en Corée du Sud ou au Japon, lors de mes déplacements successifs, dans le cadre de la mission d’attractivité que m’a confiée le Premier Ministre.
Cette dynamique est impressionnante et nous devons en prendre toute la mesure. Et pour gagner la bataille de la compétitivité et de l’innovation, nous devons être capables de construire et de renforcer de tels écosystèmes innovants !
Qu’est-ce qu’un écosystème innovant ? Vous le savez mieux que quiconque, c’est, sur un territoire, la mobilisation de tous les acteurs de l’innovation, avec l’implication, déterminante, des collectivités :
- d’abord un tissu d’entreprises innovantes : des grands groupes avec une forte intensité de R&D, tirant des filières constituées, et, bien sûr, des PME, des startup, pour lesquelles tout doit être fait pour qu’elles soient le plus « up » possible.
- des acteurs de l’accompagnement: des « coachs » et des financeurs, publics et, on l’oublie souvent en France, privés, je pense bien sûr au capital-innovation.
- la formation initiale et continue dans les universités et les écoles d’ingénieur : nos atouts, dans la société de la connaissance, ce sont avant tout nos jeunes, bien formés, sur des filières d’avenir, positionnés sur des besoins en compétences exprimés par les entreprises !
- enfin, des laboratoires de la recherche publique, de haut niveau, engagés dans la compétition internationale, ouverts aux partenariats avec les entreprises.
Je ne vais pas vous apprendre ce que vous construisez au quotidien car vous êtes un bel exemple de cette dynamique, souvent chaotique, qui se construit dans la durée, dans la confiance, et donc avant tout dans les relations humaines ! Mais sachez que, pour l’Etat central, c’est une petite révolution. Admettre que les écosystèmes innovants ne s’administrent pas de Paris, c’est aussi cela le choc d’innovation !
Bien sûr, au cœur de cette dynamique, il y a l’esprit entrepreneurial, c’est-à-dire la culture de l’initiative, le goût du risque, l’ambition de voir grand, dès le début, pour un projet, de savoir s’adapter aux aléas… ! Tout cela ne se décrète pas, ne se planifie pas, ne se finance pas, mais c’est probablement l’ingrédient majeur !
Cette culture entrepreneuriale se construit, s’entretient au sein de réseaux, par des rencontres, des interactions, des aller-retours. Je mesure à ce titre l’importance du travail des équipes d’animation des pôles ! Bravo pour votre action de terrain !
Je souhaite conclure par un mot sur la phase III des pôles. A travers cette réforme nous avons voulu, avec Arnaud Montebourg, conforter le rôle central des pôles comme socle des écosystèmes innovants que je viens de décrire. Et dans le même temps, nous avons aussi voulu briser un mythe : la R&D ne crée pas de l’innovation par « génération spontanée ». C’est pour cela que nous vous avons demandé d’élargir votre action au-delà de l’« usine à projets de R&D», pour être aussi une « usine à innovation», c’est-à-dire, par le suivi et l’accompagnement des projets dans la durée, une usine à produits et services, c’est-à-dire une usine à activité économique !
Mais ne nous méprenons pas. La recherche restera un ingrédient nécessaire, essentiel, vital de l’innovation. Je l’affirme sans ambiguïté : la recherche, c’est aussi le carburant de l’innovation, et je tiens à rappeler le travail des chercheurs et des laboratoires de la recherche publique. C’est pourquoi nous avons voulu, avec Arnaud Montebourg, que le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, emmené avec conviction par notre collègue Geneviève Fioraso, joue un rôle croissant dans la gouvernance des pôles. Le choc d’innovation doit être aussi un choc de simplification. La France possède un mille-feuilles de structures et de dispositifs, qui n’est pas lisible pour les entreprises, notamment les PME : vous, les pôles, pouvez être un facteur de simplification et de structuration en construisant les articulations et les partenariats avec d’autres acteurs. Ce n’est qu’ainsi que vous pourrez remplir toutes vos missions, car il ne serait pas réaliste de vous demander de vous transformer en couteau suisse de l’innovation ! Tous ces sujets ont été décrits dans le rapport sur l’innovation que Pierre Tambourin et Jean-Luc Beylat ont remis au gouvernement en avril. Ce travail joue un rôle fondateur dans le plan innovation que le Premier ministre m’a demandé de lui remettre dans les jours qui viennent et au sein duquel le rôle des pôles sera conforté.
Soyez assurés de mon soutien !
Source http://competitivite.gouv.fr, le 22 juillet 2013