Texte intégral
ENTRETIEN AVEC LE QUOTIDIEN "LE JOURNAL DE SAONE-ET-LOIRE" le 24 avril 1999
Q - Lembargo pétrolier envisagé depuis quelques jours constitue-t-il un aveu dimpuissance des bombardements ?
R - Pas du tout. La stratégie des bombardements aériens demeure la meilleure, selon moi, pour contraindre le régime de Belgrade à accepter une solution politique qui garantisse un Kosovo en paix, où tous les habitants puissent vivre en liberté et en sécurité.
Chaque jour, les bombardements causent des dégâts très significatifs aux forces de répression serbes. Celles-ci, quoi quon en dise, sont de plus en plus affaiblies. Il faut donc continuer, persévérer, et il est beaucoup trop tôt pour dresser un bilan.
Sagissant du pétrole, nous avons décidé quil convenait de renforcer ainsi la pression sur le régime serbe. Lobjectif reste le même : réduire de plus en plus la capacité de nuisance de Milosevic, pour le faire plier, afin quil cesse son odieuse politique dépuration ethnique.
Q - On parle de plus en plus ouvertement dune intervention terrestre des forces de lOTAN. Pouvez-vous nous en dire plus, et, si tel est le cas, quel serait le degré dimplication de la France ?
R - Pour lheure, aucun gouvernement allié na exprimé lintention de passer à une telle phase terrestre, sauf, bien sûr, sil y avait un accord politique et sil sagissait de le garantir par un dispositif terrestre international. Je le répète, nous devons persévérer dans les frappes aériennes, afin daffaiblir de façon décisive lappareil de répression serbe. Et nous sommes en train de la faire.
Q - Slobodan Milosevic semble souhaiter lextension du conflit aux pays frontaliers.
Quelle sera lattitude de la France ?
R - Lintervention militaire des alliés a, notamment, été décidée pour éviter un pourrissement de la situation qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour la stabilité de la région. Cest donc une de nos préoccupations principales.
Par ailleurs, il est exact que le conflit du Kosovo et, en particulier lafflux massif de réfugiés en Albanie et en Macédoine, représentent un défi majeur pour la stabilité de ces pays déjà aux prises avec de grandes difficultés politiques, économiques et sociales. Nous nous efforçons dailleurs de leur porter assistance dans le cadre de lUnion européenne et des institutions financières internationales, mais aussi par une importante aide humanitaire française. Il faut que le régime de Belgrade sache que les alliés ne permettront pas quil attaque ou tente de déstabiliser les pays voisins, ce qui représenterait une nouvelle escalade inacceptable dans le comportement de la Serbie./.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 avril 1999)
ENTRETIEN AVEC L'HEBDOMADAIRE "MARIANNE" le 3 mai 1999
Q - Avec la gestion commune de la guerre au Kosovo, les éventuelles spécificités de la gauche en matière européenne disparaissent...
R - Les Français ont fait le choix de cette cohabitation et nous nallons pas nous plaindre de ce que la France parle dune seule voix. Lors des conseils restreints, la détermination et les analyses sont les mêmes. En politique extérieure, la cohabitation peut être un atout. Peut-être Chirac est-il plus à laise avec nous quavec une majorité tiraillée entre souverainistes et fédéralistes. Mais, si nous avions un président de gauche, nous pourrions aller plus loin sur lEurope sociale et sur lEurope politique.
Q - Une majorité des gouvernements européens sont de gauche et on na pas limpression que lEurope ait avancé...
R - Onze pays sur 15 sont dirigés par des socialistes et, même sil y a des différences, ce fait politique a un impact sur les réalités. Les priorités sont radicalement renversées : ce nest plus le marché et la déréglementation mais lemploi et la croissance. LEurope a changé de cap, comme on le verra concrètement à Cologne, notamment sur lemploi et les droits sociaux. LEurope nest pas une Ferrari. Cest un paquebot qui bouge lentement.
Q - Ne devriez-vous pas travailler avec les centristes fédéralistes de Bayrou ?
R - Je ne suis pas euro-béat, mais, comme je lexplique dans mon livre (Au coeur de lEurope. Entretiens avec Hervé de Bresson), je suis un euro-réaliste volontaire. Si je pense que les partis qui nacceptent pas la construction européenne sont des astres morts, je ne crois pas à la complicité socialiste-centriste. Le fédéralisme de François Bayrou relève dun programme présidentiel plus que dune conviction réelle./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 mai 1999)
Q - Lembargo pétrolier envisagé depuis quelques jours constitue-t-il un aveu dimpuissance des bombardements ?
R - Pas du tout. La stratégie des bombardements aériens demeure la meilleure, selon moi, pour contraindre le régime de Belgrade à accepter une solution politique qui garantisse un Kosovo en paix, où tous les habitants puissent vivre en liberté et en sécurité.
Chaque jour, les bombardements causent des dégâts très significatifs aux forces de répression serbes. Celles-ci, quoi quon en dise, sont de plus en plus affaiblies. Il faut donc continuer, persévérer, et il est beaucoup trop tôt pour dresser un bilan.
Sagissant du pétrole, nous avons décidé quil convenait de renforcer ainsi la pression sur le régime serbe. Lobjectif reste le même : réduire de plus en plus la capacité de nuisance de Milosevic, pour le faire plier, afin quil cesse son odieuse politique dépuration ethnique.
Q - On parle de plus en plus ouvertement dune intervention terrestre des forces de lOTAN. Pouvez-vous nous en dire plus, et, si tel est le cas, quel serait le degré dimplication de la France ?
R - Pour lheure, aucun gouvernement allié na exprimé lintention de passer à une telle phase terrestre, sauf, bien sûr, sil y avait un accord politique et sil sagissait de le garantir par un dispositif terrestre international. Je le répète, nous devons persévérer dans les frappes aériennes, afin daffaiblir de façon décisive lappareil de répression serbe. Et nous sommes en train de la faire.
Q - Slobodan Milosevic semble souhaiter lextension du conflit aux pays frontaliers.
Quelle sera lattitude de la France ?
R - Lintervention militaire des alliés a, notamment, été décidée pour éviter un pourrissement de la situation qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour la stabilité de la région. Cest donc une de nos préoccupations principales.
Par ailleurs, il est exact que le conflit du Kosovo et, en particulier lafflux massif de réfugiés en Albanie et en Macédoine, représentent un défi majeur pour la stabilité de ces pays déjà aux prises avec de grandes difficultés politiques, économiques et sociales. Nous nous efforçons dailleurs de leur porter assistance dans le cadre de lUnion européenne et des institutions financières internationales, mais aussi par une importante aide humanitaire française. Il faut que le régime de Belgrade sache que les alliés ne permettront pas quil attaque ou tente de déstabiliser les pays voisins, ce qui représenterait une nouvelle escalade inacceptable dans le comportement de la Serbie./.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 avril 1999)
ENTRETIEN AVEC L'HEBDOMADAIRE "MARIANNE" le 3 mai 1999
Q - Avec la gestion commune de la guerre au Kosovo, les éventuelles spécificités de la gauche en matière européenne disparaissent...
R - Les Français ont fait le choix de cette cohabitation et nous nallons pas nous plaindre de ce que la France parle dune seule voix. Lors des conseils restreints, la détermination et les analyses sont les mêmes. En politique extérieure, la cohabitation peut être un atout. Peut-être Chirac est-il plus à laise avec nous quavec une majorité tiraillée entre souverainistes et fédéralistes. Mais, si nous avions un président de gauche, nous pourrions aller plus loin sur lEurope sociale et sur lEurope politique.
Q - Une majorité des gouvernements européens sont de gauche et on na pas limpression que lEurope ait avancé...
R - Onze pays sur 15 sont dirigés par des socialistes et, même sil y a des différences, ce fait politique a un impact sur les réalités. Les priorités sont radicalement renversées : ce nest plus le marché et la déréglementation mais lemploi et la croissance. LEurope a changé de cap, comme on le verra concrètement à Cologne, notamment sur lemploi et les droits sociaux. LEurope nest pas une Ferrari. Cest un paquebot qui bouge lentement.
Q - Ne devriez-vous pas travailler avec les centristes fédéralistes de Bayrou ?
R - Je ne suis pas euro-béat, mais, comme je lexplique dans mon livre (Au coeur de lEurope. Entretiens avec Hervé de Bresson), je suis un euro-réaliste volontaire. Si je pense que les partis qui nacceptent pas la construction européenne sont des astres morts, je ne crois pas à la complicité socialiste-centriste. Le fédéralisme de François Bayrou relève dun programme présidentiel plus que dune conviction réelle./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 mai 1999)