Texte intégral
Cette journée, vous venez de le dire, elle est exceptionnelle. Je lai souhaitée, et je vous rassure dailleurs, quand jen ai formulé le vu, on ma expliqué que cétait impossible. Je ne sais pas si cest un sentiment de solitude qui peut gagner parfois les ministres, mais cest en tout cas lintime conviction que la tâche qui est la mienne est essentiellement la nôtre.
En réalité, lorsquon connaît à la fois notre histoire, nos traditions et la réalité de l'Education nationale, nous savons, et je lai toujours pensé, que ce ne sont pas des lois, des circulaires, des décisions de ministres, voire des administrations centrales, qui font la réalité des réformes et de ce que nous devons au pays. A un moment ou à un autre, toujours, lessentiel va se passer entre un élève et un professeur. Dans la classe, dans létablissement scolaire, dans cette relation si particulière finalement à laquelle vous avez décidé que les professeurs y consacrent leur existence.
Pas seulement pour assurer vos besoins, mais parce que vous êtes convaincus que cela justifie votre existence au-delà même de vos propres intérêts particuliers.
Parce que vous appartenez à une histoire, bien sûr, à une communauté comme on dit maintenant, bien sûr, et vous nêtes pas une cellule mécanique administrative, mais parce que vous participez dun esprit public, celui de la force républicaine qui sest construite, et qui doit porter, cest votre rôle particulier, une certaine conception de la capacité pour chacun à sélever, à progresser, à séduquer, à sinstruire. Donc le respect, la bienveillance, lécoute, lattention, leffort, toutes les vertus qui sont celles dune discipline maîtrisée, mais aussi la passion de les transmettre avec la simplicité nécessaire que lon acquiert quand on maîtrise bien sa discipline.
La pédagogie est toujours la plus grande des politiques. Il a fallu attendre la révolution française, mais cest beaucoup plus ancien que cela.
Cest dire que, pour moi cette rencontre est importante parce que je sais profondément que lélan que nous voulons porter - et ce nest jamais simple, et les forces de ladversité sont là, les forces de labaissement - cet élan que nous devons porter, nous devons le porter ensemble, et il naura une chance de réussir, même modestement, que si nous uvrons tous dans la même direction. Cet état desprit, je veux quil soit le vôtre à chaque instant. Cette réunion nétait pas possible, nous la faisons quand même. « Tu dois donc tu peux », ce que les maîtres enseignaient au début de notre école publique obligatoire !
Hier encore, et vous allez le comprendre mieux que personne, vous lavez vu, on nous dit : pour le baccalauréat qui vient, dans lequel vous allez vous impliquer encore, les élèves en situation de handicap vont composer 9h20. Jimagine que vous avez passé des concours. Certains très difficiles. Qui a composé 9h20 ?
Nous, dans notre responsabilité, nous aurions comme unique réponse : on ne sait pas faire autrement. Il faut que les personnes en situation de handicap composent 9h20 dans une journée. Cette réunion se tient, et les enfants en situation de handicap ne composeront pas 9h20 ! Jai demandé quil ne puisse pas y avoir plus de 8h dépreuves par jour. Cet exemple est significatif du rôle essentiel, le regard dans la classe, le regard dans linstitution, le souci de lélève en permanence, de la réussite, de la qualité de la pédagogie. Cest cela que vous devez porter dans linstitution.
Vous aurez pour cela tout mon soutien. Nous ne sommes pas une administration, une gouvernance, nous ne sommes pas accablés sous une multitude de telles tâches. Votre action, votre reconnaissance, seront assurées dans linstitution pour que vous puissiez y faire valoir pleinement des exigences intellectuelles, morales, portées par vos disciplines et vos compétences pédagogiques. Je lavais dit à plusieurs reprises : il ny aura de refondation républicaine de lEcole que lorsquelle remettra au cur de son fonctionnement la pédagogie, linstruction, léducation, et ceux qui y dévouent leurs existences. Vous êtes au premier rang de cela.
Je sais dailleurs combien une accumulation de tâches, une non-reconnaissance dans certaines académies, des projets sur lévaluation, ont pu vous inquiéter. Ce temps-là est fini. Je porterai tout le temps nécessaire pour cet impératif qui est le nôtre : nous voulons et nous devons nous donner les moyens de la réussite des élèves. Ces moyens-là, ce sont toujours des moyens humains, pédagogiques. Donc les corps dinspection qui connaissent mieux que personne les disciplines, les didactiques, les pédagogies, les situations denseignement et les établissements, doivent être au cur de notre système.
Nous allons aborder, cétait le thème des derniers jours, une nouvelle phase de notre action. Il y a eu une rentrée, celle de 2012, la dernière, elle était la rentrée du changement, dans lurgence, il fallait donner des signes, des moyens, mais nous étions encore, vous le savez, dans une situation de difficulté. Et il faudra dailleurs du temps pour remonter cela. Cest aussi notre rôle dans la société, au cur de la République, de substituer toujours la raison à lémotion, le temps long au temps court. On demande à lécole de transmettre des valeurs, on demande à lécole dorganiser des apprentissages, on demande à lécole de développer chez lenfant, chez lélève, un certain nombre de qualités, qui sont à longueur de journées bafouées à lextérieur de notre école. Mais nous avons, par lexemplarité, la persévérance, par notre unité, à reprendre place au cur de la société et être capable de défendre nos valeurs, car la refondation de lécole de la République, cest ainsi, et ça ne peut pas être autrement, car cest un projet de société, une refondation de la République elle-même.
Alors, ce moment est un moment différent, dabord parce que nous allons avoir une rentrée qui est une rentrée différente, qui est non pas celle du changement, mais celle de la première année de la refondation. Nous devons la réussir, pas pour nous-mêmes, pas pour de courtes vues politiques, mais parce que les orientations que nous avons choisies sont des orientations utiles et qui doivent être utiles à chaque enfant.
La première, cest bien entendu les moyens. Lan passé, malgré les moyens supplémentaires, on a essayé un peu sur le secondaire, on a fait un peu plus pour le primaire, nous étions dans un mouvement de milliers de suppressions de postes. Nous avons voté la loi de programmation, nous avons cette année des créations de postes. Je le dis dailleurs car je ne veux pas quil y ait de malentendus : je nai jamais cru que les moyens étaient suffisants. Nous avons mis une priorité au primaire, et nous avons eu raison de le faire, nous devons le faire dans la continuité.
Mais la priorité au primaire sert aussi le secondaire. Pas un professeur, accueillant les élèves en 6e, et qui doit les accompagner après, qui ne sait que si les apprentissages essentiels ne sont pas réussis, plus tard, les élèves sont en difficulté. Cest aussi permettre au secondaire de se recentrer sur ses missions. En même temps, le secondaire, on en parle beaucoup moins, mais dans la loi de programmation, il y a des postes qui sont prévus et qui répondent à cet engagement du président de la République sur les 60 000 créations de poste. Mais lorsquon regarde en réalité de quelle façon ces postes vont être distribués, et nous avons joué la transparence totale, un tiers sur les postes sera affecté directement au secondaire. 7 000 au secondaire, 14 000 au primaire. Et les autres seront affectés à la mise en place des écoles supérieures.(54000 (scolaire) = 21000 (postes « neufs ») + 27000 (ESPE) + 6000 (autres)) (note JYD)
Cela doit être une satisfaction pour vous tous de voir que nous avons trouvé au rendez-vous de nos deux concours des jeunes qui veulent exercer notre métier.
Nous avons à les accueillir, nous avons à les encadrer, aussi à accompagner les tuteurs, cest une tâche fondamentale et cest une tâche qui vous revient.
Aucune grande réforme de léducation ne peut se faire sans réforme de la formation des enseignants.
On a fait récemment un grand colloque sur cette question jétais hier obligé de revenir plus tôt à cause de ce fait divers épouvantable dans une école - : le thème était la formation des enseignants. Ce que nous faisons en France est observé, et parce que vous êtes tous des connaisseurs de ce système, vous savez que notre tâche est très difficile. Les écoles supérieures du professorat et de léducation, ce ne sont pas les écoles normales ressuscitées, cest un nouveau projet, différent. Dans ce projet, vous allez en parler ce matin, va se jouer lessentiel dune réforme qui prendra du temps. Les grandes réformes de léducation ne se font pas en un an, elles se font sur des années, et le grand moteur, cest la formation. Cest pour ça que jai souhaité consacrer lessentiel des moyens aux stages.
Il faut que vous mesuriez pleinement que mon attente est que vous soyez totalement impliqués dans ces écoles et la formation des enseignants. Elle nest pas réservée aux universités. Elle doit permettre de réunir tous ceux qui concourent à la tâche éducative, et au premier chef, les inspecteurs de l'éducation nationale.
Pas seulement dans une partition des tâches qui reviendrait à dire : nous accueillons sur le terrain, les inspecteurs pédagogiques de l'éducation nationale doivent être présents dans les écoles, pour lenseignement de la professionnalisation du métier. Beaucoup de discussions ont lieu en ce moment pour réunir des cultures différentes. Cest là-dessus que les IUFM ont échoué. Nous devons réfléchir à ce sujet. Nous ne sommes pas passifs à regarder les choses passer, nous sommes l'éducation nationale, nous sommes ceux qui défendent la liberté du jugement, lautonomie, lactivité, nous devons imposer l'éducation nationale, et vous devez vous imposer, avec le soutien des recteurs, dans ces écoles supérieures. Cest ainsi que je les ai conçues, elles réussiront si vous y êtes. Il se peut quon ne vienne pas toujours naturellement vous chercher. Nous allons faire en sorte que cela sarrange. Mais je vous le demande aussi : je vois bien de quelle façon nous devons, nous aussi, nous imposer. Ce sera lintérêt de ces étudiants qui veulent devenir professeurs.
Vous ne le ferez pas pour vous, mais pour une tâche beaucoup plus grande. Nous ne pouvons pas nous permettre de continuer : vous connaissez la dégradation des résultats de notre système et cest assez désagréable dêtre le ministre de léducation dans une assemblée à 27 qui commence par des évaluations. Nous savons quel héritage est le nôtre. Nous devons mesurer notre responsabilité. Je ferai tout, et nous allons le faire dans les semaines qui viennent, pour faire en sorte que vous soyez présents dans ces écoles. Et je vous demande, pour lannée qui vient et au-delà, de vous investir pleinement dans cet accompagnement et cette formation des jeunes. Cest pour vous la tâche la plus belle, cest là où vous serez le plus utile, où nous pourrons réussir ce pari que nous faisons.
Il y a donc les moyens, il y a ce grand projet de la formation des enseignants, et puis il y a aussi dès cette rentrée un certain nombre de principes que nous portons dans la loi de refondation, qui doivent se mettre en uvre et qui sont des transformations profondes de notre façon de travailler. Il y a larticulation entre lécole et le collège, ça ne doit pas rester un texte, ça doit se pratiquer. Il y a le service public du numérique éducatif. Cest une ambition colossale et cest une ambition nécessaire. Nous allons y mettre tous les moyens, même réorganiser notre beau ministère. Ce nest pas une volonté instrumentale, je nai pas sombré dans lillusion techniciste, ce ne sont pas les écrans qui vont permettre la réussite des élèves, mais les pédagogies que nous allons pouvoir mettre en uvre avec ces outils numériques. Qui conteste quils sont efficaces pour aider ? Qui conteste que ça a de toute façon déjà changé ? Nous devons nous donner les moyens y compris pour concurrencer un privé qui a décidé dinvestir le champ éducatif. Les valeurs ne doivent pas être secondarisées.
Je souhaite que vous soyez pleinement impliqués dans ce travail qui va débuter, et samplifier. Il doit prendre toute sa mesure dans les années qui viennent.
Il y a aussi une tâche très importante. Sur la réforme des rythmes scolaires, je le vois encore dans les débats au Sénat, jai voulu des principes. Relisant il y a peu de temps le projet de décret de Condorcet, il ne fallait pas que les ministres ne se mêlent pas des programmes, de la vie de linspection publique. Pas si sots, on ne va pas aller jusque-là, mais nous avons une difficulté considérable, nous ne sommes pas ceux qui pensent que les contenus sont sans importance. Des progrès ont été faits, je peux saluer le travail dun certain nombre dentre vous. Mais nous devons remettre le travail en route. Mais nous devons donner des principes, ce sera le conseil supérieur des programmes. Ça a existé, ça a été supprimé. Pourquoi ? Il naura pas pour tâche décrire au millimètre chaque chose, il devra donner des grandes orientations associant toute la nation, et il reviendra aux professionnels que vous êtes, connaissant le travail des professeurs dans leurs établissements, de participer au groupe qui accompagnera ce conseil, qui sera créé dès le vote définitif de la loi. Il faut que nous soyons capables de reconstruire ces programmes tels quils sont attendus de beaucoup de professeurs, et tels que nous devons être capables de les mettre en uvre. Sur les épreuves du bac en langue vivante, il faut aussi quon ait des principes, si on considère que ce nest pas au ministre, dans lombre de son cabinet, de rédiger les programmes, il faut associer les professionnels. Je le fais sur le conseil, ça prend un peu de temps, mais la démocratie aura les outils de son intelligence et de son exemplarité.
Il y a le même sujet sur la réforme du lycée. La réforme du lycée, il fallait intervenir, vous le savez mieux que quiconque, elle navait pas encore pu être mise en place définitivement. Jai parlé avec les uns et les autres, les syndicats, les professeurs, les avis sont contradictoires.
On a des consensus sur la priorité au primaire, sur les écoles supérieures. Là où les réformes nont pas encore déployé leurs effets, on na même pas pu les évaluer. Nous avons une tâche considérable à accomplir, il nous a semblé raisonnable dattendre un peu et de voir ensemble ce quil conviendra de changer, de réformer. Et de le faire pour ce qui concerne le lycée, dans une intelligence totale avec le ministère de lenseignement supérieur et de la recherche, car on la vu par le passé, cest la clef de la réussite. Si nous pensons à partir de la seconde, nous devons penser trois ans après le bac et nous devons être capables de concevoir ce moment de la vie des élèves et des étudiants. Ce sera inscrit à notre programme.
Avant, nous aurons très vite - le premier groupe de travail sest mis en place - à intervenir sur le collège, qui est en grande souffrance. Il faut travailler différemment, apporter des moyens, des pédagogies, des capacités dinitiative quil faut lui laisser. Nous avons à mettre en uvre cette réforme. Je poursuivrai le temps nécessaire les consultations. Quand le temps de la réforme viendra, ce sera très difficile. Je veux construire au maximum le consensus. Nous avons fait une part importante du chemin, vous le savez. Cette part, elle est la suivante. Notre système éducatif a été affaibli par des débats qui navaient pas de fondement, entre les républicains et les pédagogues. Il faut relire Jules Ferry notamment pour comprendre la sottise dimaginer quêtre républicain, ce serait être méprisant. Ce sont les républicains qui ont amené cette pédagogie. On considérait que la coopération, la bienveillance, la confiance des élèves était un élément essentiel dune République dans laquelle on veut que les citoyens aient leur autonomie. Aucune contradiction. Et ce débat entre ceux qui voulaient ramener le collège vers lécole primaire et ceux qui voulaient vers le lycée.
Des débats infinis qui nous ont immobilisés et ont permis à ceux qui naiment pas lécole de lattaquer rudement. Ces débats sont derrière nous. Nous avons revu les maquettes des concours. Oui, la discipline. Mais qui pourrait douter une seconde quon a là la plus grande leçon dhumanité et de morale ? Cest notre responsabilité et ceux qui connaissent vraiment le savent : tout grand professeur, grand savant sait que lui-même doit apprendre au contact de ses élèves, et apprendre dans sa discipline, la capacité de simplifier les raisonnements les plus compliqués.
Nous pouvons avancer dans le respect des disciplines et aussi de ce métier exceptionnel. Nous sommes plus savants, nous sommes capables de transmettre. Nos qualités humaines doivent accompagner cela.
Nous allons pouvoir aussi, sur le secondaire, continuer les efforts. Mais il nous fallait de la méthode. La méthode, cest le chemin. Il ny a nul privilège pour les uns et pour les autres. Nul privilège pour aucun élève dans la classe, pour aucune catégorie détablissement. Je crois que cest votre fonction à vous, tout particulièrement dans ce système - et je sais combien votre groupe exprime de la lassitude, ce qui nous fait perdre de vue lessentiel - qui fait que lon soit capable de construire pour tous les enfants de France, quon leur donne les moyens de leur instruction et de leur développement. Cest notre responsabilité, lépanouissement de la personne humaine. Bien sûr, du citoyen, et vous aurez aussi dans lenseignement de la morale laïque, un rôle essentiel à jouer, car cest aussi notre rôle aujourdhui, et lécole doit assumer pleinement dêtre un pouvoir spirituel, de représenter la transmission des valeurs.
Linsertion professionnelle également, parce que nous vivons dans un pays où 25% de nos jeunes sont au chômage, et quand nous voyons à quel point cela touche les jeunes issus des milieux les plus fragiles, nous aurons ensemble à réformer.
Nous avons déjà à mettre en place, et ça appartiendra à votre regard, lorientation. Vous évoquiez lAllemagne, cela fait partie de la culture du professeur de se dire : je dois aussi aider lélève à construire ses choix dorientation. Ce nest pas rien, le parcours dinsertion et dorientation.
Ce nest pas des stages à partir de la 6e que lon multiplie.
Mais cest un parcours dorientation continu qui sera extrêmement utile pour les jeunes. Nous avons beaucoup trop de difficultés, de décrochages. Pour les personnels spécialisés, nous avons besoin de vous. Tout le monde devra être associé à cette tâche qui consiste précisément, par rapport à nos valeurs fondamentales, à permettre aux jeunes de construire leur autonomie, et en même temps de porter la justice, légalité, les mêmes droits pour tous, la réussite pour tous les élèves, car une société aussi déprimée que la nôtre, elle est aussi déprimée lorsque son école ne peut plus assurer ce quon attend delle. Et dans notre histoire, la République française a attendu de son école en permanence la promotion de ses valeurs, en particulier de justice. Vous avez à vous impliquer aussi, et je le souhaite profondément, dans la mise en place de ce parcours dorientation, comme du service public du numérique, comme dans la prévention du décrochage, et nous obtenons maintenant des résultats, comme dans la réparation des programmes.
Je voudrais conclure en vous disant la chose suivante : très souvent, dans notre maison, nous sommes en train de confondre en permanence les phases et les moyens. Nous avons même adopté un langage que je ne comprends pas toujours, plein de sigles, plein de technicités, qui ressemblent assez peu à notre langue commune, pourtant si belle, si riche, pleine de nuances. Nous avons de la société une immense attente. Vous avez la confiance du président de la République. Nous laurons pour des années, il la rappelé hier soir en conclusion de sa conférence de presse. Nous avons confiance en vous. Vous êtes des individus, cest lindividualisme républicain, la personne. Si vous êtes inspecteur de l'éducation nationale, ce nest pas simplement parce que vous avez choisi un gagne-pain. Cela vient de très loin, cest parce que vous considérez que vous avez une mission. Hier, une jeune fille était à un café, elle ma dit : jai eu mon CAPES lan dernier. Elle avait un sourire jusque-là. Pour nous, cest lessentiel. Elle viendra bien à un moment dans la maison, on aura à la former, et une première affectation, on laccompagnera, on laidera à être une bonne enseignante, on aidera à décloisonner.
Cest lattente qui est la nôtre.
On est dans une société qui nest pas toujours très favorable aux valeurs que nous portons. Bien sûr, nous sommes encore dans les contraintes budgétaires, mais nous avons les moyens de bien faire. « Tu dois, donc tu peux. » Nous pouvons avoir des désaccords sur les points de pédagogie. Chacun dentre vous a sa liberté de jugement. Mais nous avons un redressement à conduire pour notre école, pour cette jeunesse qui attend.
La journée éducative était une très belle réussite. Quand nous sommes allés à Reims et que nous avons signé ces premiers contrats demplois du professorat, nous avons vu des gamins qui nauraient pas pu devenir professeurs, et ils nous ont dit : nous sommes heureux de pouvoir servir la France, ce nest pas quun territoire ou une langue, une histoire, mais cest un ensemble de valeurs que nous partageons. Nous qui venons de milieux difficiles, parfois de létranger, nous allons le rendre à la France en étant professeurs. Ces valeurs ont de lavenir, cest celui que nous serons capables de leur donner ensemble.
Je compte énormément sur vous.
Source http://www.snia-ipr.fr, le 23 juillet 2013