Texte intégral
STÉPHANE CARPENTIER
Vous rencontrez aujourdhui, les organisations syndicales, pour annoncer un nouveau dispositif sur les bourses. Vous voyez faire davantage, plus de boursiers et des bourses plus importantes ? Cest bien ça, le principe ?
GENEVIEVE FIORASO
Cest bien ça ! Davantage et mieux. Mieux ciblé. Parce quaujourdhui, il y a sur les 635 000 boursiers, c'est-à-dire à peu près un quart des étudiants, il y a 135 000 jeunes qui ne perçoivent rien. Qui sont ce que lon appelle à léchelon zéro. Et leur seul avantage, cest quil ne paie pas de droit dinscription. Or on sait quen France, les droits dinscription ne sont pas très élevés. Ce qui coûte cher, on la vu dans vos reportages, cest le logement, en particulier en Ile de France, pour le logement étudiant, en particulier en résidence est trop rare. Donc nous avons un gros programme de construction, de réhabilitation de logement avec les collectivités locales. Et puis ce qui coûte cher aussi, cest la nourriture, je ne parle pas même pas de laccès à la culture et aux soins, puisquils sont en régression chez ces étudiants. Et du coup, ces étudiants qui ne perçoivent rien, ont tendance à travailler pour subvenir à leurs besoins et comme ils travaillent souvent trop, cest au détriment de leurs études. On a en France, lun des taux en Europe, les plus importants déchecs en licence.
STEPHANE CARPENTIER
Et cest lié directement au fait que les étudiants sont obligés de travailler en même temps ? Vous avez des études là-dessus ?
GENEVIEVE FIORASO
Cest multifactoriel et cest pour ça que dans la loi sur lenseignement supérieur et la recherche, nous avons agi sur une meilleure orientation, les bacs pro, dans les sections STS, des bacs techno dans les sections, dans les IUT pour avoir des bacs généraux, qui sont mieux formés, pour réussir à luniversité. Nous avons agi sur la pédagogie, sur la spécialisation progressive, sur les passerelles, sur un encadrement meilleur en licence. Sur un redéploiement de moyens du master vers la licence. Mais nous devons agir sur les conditions de vie, cest un élément important. Il y a un rapport qui vient de, qui est en train dêtre terminé, là-dessus, et on voit bien que les conditions de vie, sont très importantes pour la réussite étudiante.
STEPHANE CARPENTIER
Donc on va préciser, cette réforme va sappliquer en partie dès la rentrée, va prendre de lampleur dans les années suivantes.
GENEVIEVE FIORASO
Absolument, cest en deux temps.
STEPHANE CARPENTIER
Ça concerne les étudiants dont les familles ont quel niveau de revenus à peu près ?
GENEVIEVE FIORASO
Alors ça concerne deux types détudiants. On a ciblé deux types détudiants, dont on a vu quils étaient parmi les plus pénalisés par leurs conditions de vie. Cest dune part ceux dont les familles ont des revenus vraiment très bas. Niveau minimas sociaux.
STEPHANE CARPENTIER
Daccord !
GENEVIEVE FIORASO
750 euros par mois. Donc pour ces étudiants-là, on va augmenter la bourse, le montant de la bourse, et puis, ça concerne aussi, à lautre bout de léchelle, vous savez quil y a 6 échelons dans les boursiers de 0 à 6. Donc ça en fait 7 ! A lautre bout, donc si vous voulez, cest le bas, si vous voulez des classes moyennes. On parle toujours des classes moyennes, mais classe moyenne ça ne veut pas dire grand-chose.
STEPHANE CARPENTIER
Cest quoi ? Cest 30 000 de revenus par foyer environ ?
GENEVIEVE FIORASO
A peu près ! A peu près !
STEPHANE CARPENTIER
Donc jusquà 30 000 euros de revenus par foyer, il y aura des bourses
GENEVIEVE FIORASO
Voilà ! Parce que ce sont ceux qui aujourdhui, font partie des 135 000 étudiants qui ne perçoivent rien en réalité, qui ont simplement une exonération des droits dinscription, cest ceux qui travaillent souvent plus de 15 heures, 16 heures par semaine, on estime quau-delà de 15 ou 16 heures par semaine, de travail salarié on compromet ses chances de réussite. On est à 33 % de réussite en licence en trois ans.
STEPHANE CARPENTIER
33 % seulement.
GENEVIEVE FIORASO
33 % et pour vous donner, on a reculé de 5 points avec le plan Réussite en licence de Valérie PECRESSE, ce qui prouve que le problème est ailleurs, que dans les moyens simplement à allouer. Et en revanche, en Allemagne, pour des filières non sélectives, on a 60 % de réussite. 33-60 donc on a bien un problème de conditions de vie.
STEPHANE CARPENTIER
Madame le ministre vous faisiez référence tout à lheure à nos reportages. On entendait une jeune fille qui est étudiante à Paris, en licence justement, elle touche 167 euros de bourse par mois, elle paie 600 euros de loyer sans parler de la nourriture, des transports, du téléphone, de lInternet. Tout ça, 167 euros par mois, même si vous faites un petit coup de pouce, ça ne va pas changer fondamentalement, elle va devoir continuer à travailler ?
GENEVIEVE FIORASO
Malgré tout, elle perçoit tout de même une allocation logement.
STEPHANE CARPENTIER
Cest vrai !
GENEVIEVE FIORASO
Qui doit lui payer une partie de son loyer. Mais cest vrai quil y a un problème spécifique à la région Ile de France. Mais là, il faut agir sur loffre en logement, et lerreur du précédent gouvernement, cest quil navait pas travaillé avec les collectivités territoriales. Nous, nous travaillons avec la région Ile de France, nous travaillons avec la ville de Paris, nous réhabilitons et nous construisons des logements avec un objectif de 40 000 logements dans le quinquennat. Ce qui est deux fois plus, que ce qui a été réalisé dans les 8 années précédentes.
STEPHANE CARPENTIER
Alors Geneviève FIORASO, madame la ministre on a des auditeurs qui nous appellent pour parler des bourses. On a en ligne Marie-France. Bonjour, Marie-France.
MARIE-FRANCE, AUDITRICE
Oui, bonjour.
GENEVIEVE FIORASO
Bonjour.
STEPHANE CARPENTIER
Vous, vous avez une fille qui vient davoir le bac ?
MARIE-FRANCE, AUDITRICE
Oui, elle vient davoir son bac. Donc voilà, nous, on a
GENEVIEVE FIORASO
Bravo !
MARIE-FRANCE, AUDITRICE
Merci, beaucoup. Donc on a fait les démarches pour pouvoir linscrire en fac de médecine. Donc on a fait CROUS, tout ça, hier, on est retourné voir lassistante sociale et tout, et là, ils nous ont dit que voilà, quelle navait pas le droit, et tout ça, quil fallait refaire un courrier et tout
STEPHANE CARPENTIER
Rien du tout !
MARIE-FRANCE, AUDITRICE
Non, rien du tout, parce quon dépasse le plafond.
STEPHANE CARPENTIER
De combien ? De beaucoup ?
MARIE-FRANCE, AUDITRICE
33.
STEPHANE CARPENTIER
C'est-à-dire quen gros vous gagnez plusieurs milliers deuros par an, en plus, en trop, par rapport au niveau maximum ?
MARIE-FRANCE, AUDITRICE
Oui, voilà ! Etant donné quon a énormément de charges et tout ça, on ne sait pas comment on doit faire ?
STEPHANE CARPENTIER
Alors pour les étudiants qui nont pas de bourse, pour les parents détudiant qui ne peuvent pas bénéficier de bourse, quest-ce quils peuvent faire ? Quest-ce quils peuvent faire pour espérer boucler les fins de mois des étudiants ?
GENEVIEVE FIORASO
Oui, cest vrai, cest un problème. Vous êtes en région parisienne ?
MARIE-FRANCE, AUDITRICE
Oui.
GENEVIEVE FIORASO
Cest ce que je disais, le plus gros problème est quand même pour les étudiants qui résident dans la région parisienne, à cause du coût du logement. Votre fille peut résider chez vous ? Vous êtes obligée de faire
MARIE-FRANCE, AUDITRICE
Non, elle vit à la maison.
GENEVIEVE FIORASO
Déjà ça vous reviendra tout de même moins cher, si elle reste chez vous. Quels sont les coûts
MARIE-FRANCE, AUDITRICE
Oui, bien sûr !
GENEVIEVE FIORASO
Parce que linscription nest pas élevée ?
MARIE-FRANCE, AUDITRICE
Enormément, cest tellement, tellement très cher, parce que voilà, elle va faire une prépa aussi .
GENEVIEVE FIORASO
Ah ! Oui, non mais voilà, le problème. Cest là où je voulais en venir. Si vous voulez, dans la réforme, madame dans la réforme du premier cycle en licence, il y a aussi une réforme des études, ce quon appelle lannée de PACES, c'est-à-dire la première année daccès aux métiers de santé. Notre objectif, cest quand même darrêter ce système à deux vitesses qui enrichit les prépas. Moi, jen ai quand même un peu assez, dun système, dun service public de lenseignement, qui dune part, à cause de la complexité de loffre, enrichi des coachs privés pour aider les familles à sorienter, on est dans un service public. Nous devons être capables dorienter en toute clarté, les familles. Donc nous allons simplifier loffre de formation et pour les études de santé, nous allons faire en sorte quil y a un meilleur encadrement, une meilleure orientation, et éviter le doublement par les boîtes privées. Je crois quil faut dire, qui sont très onéreuses, et qui en plus, qui renforcent les inégalités et qui ne sont pas le meilleur garant pour réussir des études. Je vous le dis, faites attention à la qualité aussi de loffre de ces entreprises privées.
STEPHANE CARPENTIER
Marie-France, la ministre Geneviève FIORASO vous a répondu. Bonne journée à vous. On a en ligne, Thierry, bonjour, Thierry.
THIERRY, AUDITEUR
Allô ! Oui.
STEPHANE CARPENTIER
Thierry vous nous appelez de lAisne, vous aussi, votre fille est étudiante en médecine et vous avez un avis un peu différent sur les bourses vous ?
THIERRY, AUDITEUR
Oui, bien sûr, je parle en ce sens, bonjour, les auditeurs. Bonjour madame la ministre.
GENEVIEVE FIORASO
Bonjour, monsieur.
THIERRY, AUDITEUR
Je parle en ce sens, où il y a la bourse au mérite, donc qui permet quand on a le bac mention très bien, davoir une bourse de 200 euros en plus. Et donc qui va être supprimé lannée prochaine. Donc elle ne laura pas pour sa deuxième année, ainsi que les bourses départementales qui sont de lordre de 800 euros annuels.
STEPHANE CARPENTIER
Oui, cest ça, madame la ministre, on na pas bien compris. Vous vouliez supprimer les bourses au mérite, elles sont maintenues dans certains cas, cest assez complexe.
GENEVIEVE FIORASO
Non, cest assez simple, en réalité, les bourses au mérite font partie de la remise à plat de lensemble des dispositifs. On a fait une analyse, qui nest pas encore complètement aboutie, donc lannonce qui avait été faite, était prématurée. Cest pourquoi nous avons, et puis ça na pas été négocié, cest pourquoi nous avons maintenu le système, jusquà la rentrée 2014, date à laquelle la réforme sera amplifiée, et les aides seront également amplifiées. Ça fonctionne très mal, en réalité, aujourdhui. Parce quun certain nombre, vous savez que ça fonctionne de la première année de licence jusquà la maîtrise. Un certain nombre duniversités, ne donnent pas les informations sur la réussite des étudiants. Ce qui fait quon est dans un système à deux vitesses injustes et on est passé de 20 % détudiants en master aidés à 2,5 % aujourdhui. Donc on voit que cest un système qui dans le temps, ne fonctionne pas. De plus, lorsquon attribue des bourses et à un plus grand nombre détudiants, ce qui est notre objectif pour que davantage détudiants réussissent, puisque nous avons un objectif de 50 % détudiants diplômés du supérieur et nous sommes en-dessous, nous sommes autour de 40, entre 40 et 42 % sur les années. Il nous faut absolument aider davantage détudiants. Donc lobjectif, ce nest pas de ne pas contrôler les étudiants. Les bourses sont assujetties à un contrôle de lassiduité de la réussite des étudiants. On a simplement une autorisation dune année de redoublement dans le premier cycle. Donc ce nest pas du laxisme, on contrôle lassiduité des étudiants, mais on veut sadresser à davantage détudiants, et de façon plus juste.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 août 2013