Déclaration de Mme Yamina Benguigui, ministre de la francophonie, sur la francophonie en Afrique, à Paris le 28 août 2013.

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Circonstance : XXIe Conférence des Ambassadeurs, à Paris le 28 août 2013

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Cher Jacques, cher Lionel, cher Yannick, je vous remercie de vous être joints à nous,
Chers collègues,
En parlant de francophonie économique, je voudrais vous entretenir sur ce qui est aujourd’hui le réservoir économique de l’espace francophone, c’est-à-dire l’Afrique, les opportunités qu’elle offre, et mon engagement pour le développement d’une francophonie économique.
Dans son projet présidentiel, François Hollande indiquait, concernant la francophonie et l’Afrique, vouloir « proposer une relation fondée sur l’égalité, la confiance et la solidarité » et relancer la francophonie.
Après son élection,
Après son discours de « rupture »à l’Assemblée nationale sénégalaise à Dakar,
Après son discours sur les valeurs et les droits de l’homme dans la francophonie au Sommet de Kinshasa,
Après l’opération SERVAL où, côte à côte, militaires africains et français ont combattu pour la liberté et les valeurs humanistes que nous portons, la France est le partenaire, l’alliée du Mali et de l’Afrique.
Nous avons combattu au nom des valeurs francophones humanistes de liberté et de démocratie. Ce combat commun aux francophones est mené par la France et ses alliés, il a restauré la démocratie au Mali avec une élection présidentielle saluée par tous.
Les enjeux de Paix et Sécurité sont au coeur des priorités du gouvernement concernant l’Afrique.
Ce retour à la paix de l’Afrique ne sera consolidé que si des emplois sont créés, l’économie locale développée et la jeunesse épanouie.
Nous devons accompagner l’émergence et la construction d’une nouvelle Afrique avec nos partenaires du continent.
Une nouvelle page de notre relation à l’Afrique s’est ouverte. Nous sommes à un tournant historique.
Une nouvelle génération de dirigeants (politiques, économiques, syndicaux, sociaux) est arrivée au pouvoir, au Nord comme au Sud. Ceux-ci n’ont pas vécu le fait colonial, ceux-ci ne se sentent ni coupables, ni complexés, ni redevables.
La langue française n’est pas une langue de domination, c’est une langue qui est aujourd’hui indissociable de la consolidation de l’Etat de droit.
C’est également une langue d’opportunités économiques, c’est le nouveau fondement de la francophonie économique.
Nous ne sommes pas uniquement des financiers, des bailleurs de fonds, nous sommes également des partenaires.
La France et ses entreprises ont un rôle à jouer dans la reconstruction des économies africaines.
A compétences égales et dans le respect des procédures de passation de marchés publics, les entreprises françaises ont un avantage : la langue que nous avons en partage. Celle-ci permet un transfert de compétences, en faisant participer les populations à la croissance.
Quant aux BRICs, à la différence de l’approche adoptée par les francophones, ils ne forment pas le capital humain local, ils n’emploient pas ou que très peu la main d’oeuvre locale. Le risque est que les efforts démocratiques auxquels nous participons soient sapés, et que cela dégénère en révoltes.
Car aujourd’hui, cette jeunesse africaine francophone qui a moins de 15 ans veut étudier, se soigner, travailler, se projeter dans l’avenir, chez elle. C’est ce qu’ils espèrent de Dakar à Kinshasa, à Bujumbura, à Accra, à Abidjan, à Bamako, dans cette Afrique qui à l’horizon 2050 représentera 80% de la population francophone.
Déjà en 2013, le taux de croissance de ce continent avoisine les 6%.
Le PIB cumulé de l’Afrique atteindra 2 000 milliards d’euros d’ici 2020. Après l’Asie émergente, l’Afrique est donc la région du monde qui connaît la plus forte croissance.
L’Afrique est le réservoir de la francophonie dans le monde pour les prochaines décennies.
Nous y avons avec le français, qui est une langue d’émancipation économique, un impact positif sur les économies.
L’étude que j’ai commandé à la Fondation pour les Etudes et Recherches sur le Développement International (FERDI), a démontré ce que nous supputions tous :
- Il y a un impact positif du français sur les flux commerciaux francophones : « les flux commerciaux entre deux pays de l’espace francophone sont supérieurs d’environ 22%» ;
- Il y a un impact positif du français dans l’accroissement du PIB par habitant : « les échanges induits par l’appartenance à l’espace francophone se traduisent, dans le long terme, par un accroissement du PIB par tête de 6%».
Le français est une arme commerciale. C’est un avantage indéniable qu’il faut valoriser auprès des Etats.
C’est pourquoi je lance en septembre à Paris, en octobre à Brazzaville, en janvier au Ghana, le fonds de solidarité prioritaire « 100 000 professeurs pour l’Afrique ».Notre objectif est de former des formateurs, qui à leur tour, formeront les professeurs de français de demain.
Pour que cette langue ne connaisse pas un affaissement de sa qualité dans l’espace francophone,il faut de l’engagement, l’engagement de tout notre dispositif de coopération.
Pour toutes ces raisons, je vous invite à être les Ambassadeurs de la francophonie économique !
Sachez qu’à Paris et sur le terrain, lors de mes déplacements, je reste à votre disposition pour faire progresser cette dimension de la Francophonie.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 août 2013