Texte intégral
Q - Les Jeux de la francophonie ont lieu en ce moment. C'est un évènement que l'on connaît assez mal. Il s'agit de quoi, précisément ?
R - Ils ont lieu en France, à Nice. Il y a deux grands rassemblements au sein de l'Organisation internationale de la francophonie : le sommet des chefs d'État francophone qui a lieu tous les deux ans ; les Jeux de la francophonie qui ont lieu tous les quatre ans. C'est le plus grand rassemblement de jeunes francophones. Ils sont cette année 3300.
Q - Mais en France, on en parle assez peu.
R - Effectivement, en France, la francophonie ne fait pas encore la Une des journaux, mais c'est très connu ! Les derniers Jeux ont eu lieu à Beyrouth. C'était une immense fête, à la fois sportive et culturelle, et, au-delà, c'est l'expression, c'est la caisse de résonance de tous ces jeunes qui viennent des 77 pays de l'espace francophone.
Je crois que les médias n'ont pas pris conscience de ce qu'était l'espace francophone. Ce n'est pas simplement la défense de la langue française ; aujourd'hui c'est une aire géopolitique, culturelle. L'espace francophone, c'est le Mali, le Niger, mais aussi l'Uruguay, le Liban, la Tunisie, l'Égypte. C'est aujourd'hui une francophonie ouverte sur le monde, avec cette langue et nos valeurs que nous avons en partage, mais c'est aussi une francophonie économique.
Q - Il y a eu une polémique au moment de la cérémonie d'ouverture des Jeux, avec une chanson d'un rappeur qui disait notamment : «Ce que la France nous donne pas, on va lui prendre». Est-ce que cela vous choque ?
R - Il s'agit de Kery James, un très grand rappeur sur la scène internationale, que tous les jeunes connaissent. Il dit : «Ce que la France ne nous donne pas, on va lui prendre. Je veux pas brûler des voitures, mais en construire et en vendre». On a coupé cette phrase en deux - c'est dommage - pour créer une polémique...
Q - Donc, vous pensez que c'est une mauvaise polémique ?
R - C'est une très mauvaise polémique, c'est... d'ailleurs ne veux même pas la faire... la perdurer, la faire enfler. En tout cas, c'est honteux pour l'expression de la jeunesse. Je trouve que ce Kery James, qui est venu avec sa chorale de 25 jeunes issus des banlieues, mais qui étaient en résonance avec les banlieues de Dakar, de Bamako, d'Haïti, a une très grande place dans l'espace francophone. Haïti est un des pays qui parle français, qui a le français en première langue et qui nous défend bien sur le continent américain.
Q - Sur le reste, Jacques Attali disait il n'y a pas longtemps : «La francophonie, c'est un formidable atout économique, parce qu'il y aura dans 30 ans, 750 millions de francophones». Est-ce que l'on défend assez la francophonie ? Est-ce que l'on aura vraiment ces 750 millions ?
R - Oui, aujourd'hui la francophonie est présente sur les cinq continents, 77 pays. Il y a 280 millions de locuteurs et il y en aura, en 2050, plus de 800 millions dont 80 % en Afrique. Le continent africain connait une progression économique extraordinaire. Aujourd'hui, il ne faut donc pas que la France rate son rendez-vous avec l'Afrique francophone et avec l'espace francophone. Elle est au sein de cet espace francophone. Elle ne regarde pas, de l'extérieur, la francophonie.
Q - Mais quand on voit par exemple que la dernière loi sur la recherche, instaure l'anglais comme langue d'enseignement dans les universités, ce n'est pas un très bon exemple.
R - Aujourd'hui, des étudiants anglais peuvent venir étudier en langue anglaise, mais ils ont pour obligation d'apprendre le français. Nous aurons donc des francophones à terme.
Q - Donc vous approuvez la mesure ?
R - Oui, parce qu'il y a une dimension francophone à terme, et il y a eu des aménagements dans cette loi.
Q - Quand il y a des ministres français qui parlent anglais à l'étranger, que nous, à la télé on est obligé de traduire en français, n'est-ce pas un petit problème ?
R - Le président a été très clair, très peu de membres du gouvernement parlent anglais à l'étranger ; je crois vraiment qu'il y a une volonté du gouvernement et au sein des institutions, de parler français. On ne va pas les citer, nous connaissons ceux qui s'expriment en anglais, mais nous nous battons au sein de ces institutions. Surtout, il faut défendre le français parce que c'est une langue qui va assurer cette mobilité au sein de cet espace francophone. La langue française est aujourd'hui une langue économique, nous sommes dans un espace économique ; il faut que la France s'en rendre compte.
Q - Est-ce qu'on en fait assez ? Est-ce que par exemple votre budget va être maintenu en l'état ?
R - Mon budget est maintenu en l'état, c'est une volonté du président d'avoir remis la francophonie au centre de sa politique. Encore une fois, il faut dépasser ce mot «francophonie» et aller vers l'espace francophone. Le Ghana, qui est à l'intérieur de la francophonie, de cet espace, est un pays anglophone, avec deux millions de francophones. Nous faisons en sorte d'arriver avec un très grand programme de formation de professeurs de français, pour grignoter un peu plus sur cette anglophonie ambiante.
Q - Il y a un pays francophone en difficulté, c'est le Liban. Est-ce que ce qui se passe en Syrie ne risque pas de le faire exploser ?
R - Le Liban paie sa proximité avec la Syrie ; le pays accueille près d'un million et demi de réfugiés. C'est un pays qui porte la francophonie, qui a porté cette francophonie aussi en Afrique. Les Libanais y sont très présents, ainsi que dans les Caraïbes. Le français a perduré de cette manière, en partant du Liban.
Aujourd'hui, Le Liban est dans une très grande difficulté. Nous avons vu le président libanais ; il est venu ouvrir les Jeux, avec le président Macky Sall et Alassane Ouattara. Le président libanais s'est entretenu avec le président Hollande, à propos de la situation très précaire du Liban. Le conflit syrien aura des conséquences énormes sur le Liban.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 septembre 2013
R - Ils ont lieu en France, à Nice. Il y a deux grands rassemblements au sein de l'Organisation internationale de la francophonie : le sommet des chefs d'État francophone qui a lieu tous les deux ans ; les Jeux de la francophonie qui ont lieu tous les quatre ans. C'est le plus grand rassemblement de jeunes francophones. Ils sont cette année 3300.
Q - Mais en France, on en parle assez peu.
R - Effectivement, en France, la francophonie ne fait pas encore la Une des journaux, mais c'est très connu ! Les derniers Jeux ont eu lieu à Beyrouth. C'était une immense fête, à la fois sportive et culturelle, et, au-delà, c'est l'expression, c'est la caisse de résonance de tous ces jeunes qui viennent des 77 pays de l'espace francophone.
Je crois que les médias n'ont pas pris conscience de ce qu'était l'espace francophone. Ce n'est pas simplement la défense de la langue française ; aujourd'hui c'est une aire géopolitique, culturelle. L'espace francophone, c'est le Mali, le Niger, mais aussi l'Uruguay, le Liban, la Tunisie, l'Égypte. C'est aujourd'hui une francophonie ouverte sur le monde, avec cette langue et nos valeurs que nous avons en partage, mais c'est aussi une francophonie économique.
Q - Il y a eu une polémique au moment de la cérémonie d'ouverture des Jeux, avec une chanson d'un rappeur qui disait notamment : «Ce que la France nous donne pas, on va lui prendre». Est-ce que cela vous choque ?
R - Il s'agit de Kery James, un très grand rappeur sur la scène internationale, que tous les jeunes connaissent. Il dit : «Ce que la France ne nous donne pas, on va lui prendre. Je veux pas brûler des voitures, mais en construire et en vendre». On a coupé cette phrase en deux - c'est dommage - pour créer une polémique...
Q - Donc, vous pensez que c'est une mauvaise polémique ?
R - C'est une très mauvaise polémique, c'est... d'ailleurs ne veux même pas la faire... la perdurer, la faire enfler. En tout cas, c'est honteux pour l'expression de la jeunesse. Je trouve que ce Kery James, qui est venu avec sa chorale de 25 jeunes issus des banlieues, mais qui étaient en résonance avec les banlieues de Dakar, de Bamako, d'Haïti, a une très grande place dans l'espace francophone. Haïti est un des pays qui parle français, qui a le français en première langue et qui nous défend bien sur le continent américain.
Q - Sur le reste, Jacques Attali disait il n'y a pas longtemps : «La francophonie, c'est un formidable atout économique, parce qu'il y aura dans 30 ans, 750 millions de francophones». Est-ce que l'on défend assez la francophonie ? Est-ce que l'on aura vraiment ces 750 millions ?
R - Oui, aujourd'hui la francophonie est présente sur les cinq continents, 77 pays. Il y a 280 millions de locuteurs et il y en aura, en 2050, plus de 800 millions dont 80 % en Afrique. Le continent africain connait une progression économique extraordinaire. Aujourd'hui, il ne faut donc pas que la France rate son rendez-vous avec l'Afrique francophone et avec l'espace francophone. Elle est au sein de cet espace francophone. Elle ne regarde pas, de l'extérieur, la francophonie.
Q - Mais quand on voit par exemple que la dernière loi sur la recherche, instaure l'anglais comme langue d'enseignement dans les universités, ce n'est pas un très bon exemple.
R - Aujourd'hui, des étudiants anglais peuvent venir étudier en langue anglaise, mais ils ont pour obligation d'apprendre le français. Nous aurons donc des francophones à terme.
Q - Donc vous approuvez la mesure ?
R - Oui, parce qu'il y a une dimension francophone à terme, et il y a eu des aménagements dans cette loi.
Q - Quand il y a des ministres français qui parlent anglais à l'étranger, que nous, à la télé on est obligé de traduire en français, n'est-ce pas un petit problème ?
R - Le président a été très clair, très peu de membres du gouvernement parlent anglais à l'étranger ; je crois vraiment qu'il y a une volonté du gouvernement et au sein des institutions, de parler français. On ne va pas les citer, nous connaissons ceux qui s'expriment en anglais, mais nous nous battons au sein de ces institutions. Surtout, il faut défendre le français parce que c'est une langue qui va assurer cette mobilité au sein de cet espace francophone. La langue française est aujourd'hui une langue économique, nous sommes dans un espace économique ; il faut que la France s'en rendre compte.
Q - Est-ce qu'on en fait assez ? Est-ce que par exemple votre budget va être maintenu en l'état ?
R - Mon budget est maintenu en l'état, c'est une volonté du président d'avoir remis la francophonie au centre de sa politique. Encore une fois, il faut dépasser ce mot «francophonie» et aller vers l'espace francophone. Le Ghana, qui est à l'intérieur de la francophonie, de cet espace, est un pays anglophone, avec deux millions de francophones. Nous faisons en sorte d'arriver avec un très grand programme de formation de professeurs de français, pour grignoter un peu plus sur cette anglophonie ambiante.
Q - Il y a un pays francophone en difficulté, c'est le Liban. Est-ce que ce qui se passe en Syrie ne risque pas de le faire exploser ?
R - Le Liban paie sa proximité avec la Syrie ; le pays accueille près d'un million et demi de réfugiés. C'est un pays qui porte la francophonie, qui a porté cette francophonie aussi en Afrique. Les Libanais y sont très présents, ainsi que dans les Caraïbes. Le français a perduré de cette manière, en partant du Liban.
Aujourd'hui, Le Liban est dans une très grande difficulté. Nous avons vu le président libanais ; il est venu ouvrir les Jeux, avec le président Macky Sall et Alassane Ouattara. Le président libanais s'est entretenu avec le président Hollande, à propos de la situation très précaire du Liban. Le conflit syrien aura des conséquences énormes sur le Liban.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 septembre 2013