Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Première question toute simple sur la Syrie : est-ce que François HOLLANDE est toujours déterminé à frapper militairement le régime syrien ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
François HOLLANDE est déterminé, en effet, à apporter une riposte la plus appropriée possible à linsupportable agression chimique du régime syrien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La riposte nest que militaire.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non. La nature de la riposte peut être différente. Aujourd'hui François HOLLANDE sévertue à créer les conditions dune coalition la plus large possible.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Coalition militaire et diplomatique.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Dune coalition militaire dans un premier temps et puis nous verrons sir cette coalition militaire ne pouvait pas se faire, car la France ninterviendra pas seule, mais en même temps nous sommes pour linstant dans une démarche pro-active. Barack OBAMA lui-même en parallèle lest, qui est en train de convaincre les Républicains et toutes les composantes de son pays pour faire en sorte que les États-Unis puissent y aller aussi. Je crois que la situation appelle une intervention rapide.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Une intervention militaire rapide.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Lintervention militaire dès lors quil y a coalition
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce quil y a une autre solution que la solution militaire ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Dès lors quil y a coalition, c'est-à-dire dès lors que plusieurs États y vont ensemble, je pense que lintervention militaire est la plus adaptée mais sil ny avait pas coalition, alors il faudrait réfléchir à dautres moyens. Cela étant, nous pouvons déjà avoir le soutien pas simplement des États-Unis, en cours de discussion, mais aussi de la ligue arabe, de pays comme la Turquie, de pays comme lAustralie. Il y a un certain nombre de pays qui se sont dits prêts à intervenir, y compris militairement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que les notes et vidéos des services secrets français prouvent que Bachar el-ASSAD utilise des armes chimiques contre son peuple ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Les notes des services secrets ont été rendues publiques. Dailleurs, je crois quil faut quand même saluer cet effort de transparence de la part du gouvernement. Ce sont des éléments qui démontrent absolument
JEAN-JACQUES BOURDIN
Des preuves ou des éléments ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ce sont des preuves, des éléments de preuves, qui démontrent sans le moindre doute, sans la moindre ambigüité
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous navez pas le moindre doute.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Qui démontrent sans la moindre ambigüité plusieurs choses. 1/ Quil y a eu usage de gaz sarin. 2/ Que cet usage a été le fait du régime syrien parce que, vous pouvez vous plonger dans les documents de la DGSE pour en prendre connaissance, de là où le gaz a été tiré, compte tenu du quartier quon a cherché à toucher avec ce gaz, on voit bien que ce sont les rebelles qui étaient visés, que cest la population, dailleurs de façon totalement indifférenciée, c'est-à-dire pas simplement des combattants mais aussi des femmes, des vieillards, des enfants qui étaient visés. Cest donc un acte commis par le régime syrien, un acte que Ban KI-MOON a qualifié de crime contre lhumanité à raison. Vous savez que lutilisation de ces gaz, les armes chimiques, sont aujourd'hui interdites depuis 1925 par une convention signée unanimement dans le monde, et donc nous devons la faire respecter.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous repose la question. Est-ce que pour le président de la République, pour le gouvernement, les preuves sont irréfutables ? les preuves sont là ? Est-ce quelles sont là les preuves suffisantes ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Il ny a pour le président de la République et pour le gouvernement aucun doute sur le fait que Bachar el-ASSAD est responsable de cette attaque chimique contre son propre peuple, oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jai une autre question subsidiaire. Dabord, où en sont les travaux des inspecteurs de lONU ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ils sont en cours comme vous le savez. Simplement, il faut avoir une chose à lesprit. Cest que ce qui est attendu des experts de lONU, cest quils démontrent quutilisation de gaz sarin il y a eu. Ils ne sont pas là pour dire la responsabilité du régime.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui a tiré.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Voilà, qui a tiré. Et donc ce que nous allons avoir avec les résultats des experts de lONU, cest simplement la confirmation de ce que nous savons déjà. Jean-Jacques BOURDIN, je vous rappelle que la France avait dores et déjà, grâce au travail dailleurs de quelques journalistes du Monde, identifié, récupéré des fioles de gaz qui avait été utilisé une précédente fois, quelle avait fait analyser et donc la France avait déjà la conviction que du gaz était utilisé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand rendront-ils leurs conclusions, ces inspecteurs de lONU, Najat VALLAUD-BELKACEM ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Cest une question de jours. Cest une question de jours mais encore une fois, c'est à la fois important que cette expertise existe et nous lavons demandée. Nous avons été les premiers en France à la demander. Dailleurs Bachar el-ASSAD, pendant très longtemps, sy est opposé et donc il a retardé les opérations dexpertise, ce qui est aussi un élément dans le faisceau dindices de preuves de sa responsabilité en la matière. En même temps, je vous dis ce que les inspecteurs vont établir : cest lutilisation de gaz sarin, chose que nous savons déjà. Ils ne se prononceront non pas eux sur la responsabilité, ils napporteront donc pas déléments nouveaux en réalité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Najat VALLAUD-BELKACEM, on a besoin de comprendre parce que jai écouté attentivement le président de la République qui a parlé à plusieurs reprises de punir Bachar el-ASSAD. Mais comment peut-on punir Bachar el-ASSAD sans vouloir lobliger à quitter la présidence ? à quitter le pouvoir ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je me disais tout à l'heure, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale les pays, les États se sont entendus sur la nécessité de mettre un terme à une pratique barbare qui était lutilisation de gaz. On la connue, y compris en France, dans les guerres. Cette convention a été signée, dailleurs elle a été signée en France. Notre pays est dépositaire de la convention interdisant
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. La Syrie ne la pas signée.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Si. La Syrie la signée précisément. La Syrie la signée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La Syrie a signé ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bien sûr. La Syrie est signataire de cette convention interdisant les armes chimiques.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La Syrie est signataire. Alors justement, justement
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Simplement pour répondre à votre question, de quoi sagit-il aujourd'hui quand on dit punir ? Il sagit de faire appliquer cette convention. Elle a été violée par un pays qui en était signataire comme tous les pays du monde, donc nous devons sanctionner cette violation pour dissuader la Syrie elle-même, mais aussi dautres pays, voire dautres groupes, de réutiliser ces armes chimiques.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais je ne comprends pas. Dissuader, vous ne pouvez pas dissuader un homme qui aurait utilisé cette arme chimique. Vous êtes obligé de le destituer.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Vous pouvez le dissuader en lui démontrant quil ny a pas dimpunité. Mais vous savez, mettez-vous à léchelle dun individu pour que ce soit encore plus clair. Lorsquun individu commet une faute, lorsquil vole dans un magasin, soit la sanction soit elle ne tombe pas. La pire des situations est que la sanction ne tombe pas car le sentiment dimpunité lincite alors à reproduire son acte, et donc à voler une deuxième ou troisième fois.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc Bachar el-ASSAD, on le pousse à quitter le pouvoir ; on loblige à quitter le pouvoir.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ce sont des coups de semonce que nous tirons en quelque sorte avec cette riposte qui vise à la fois à envoyer un signal clair de plus jamais ça, voilà, plus jamais ça. Puisque vous avez utilisé les gaz chimiques, vous avez une sanction qui tombe jallais dire quasiment automatiquement. Mais en même temps, cest vrai et je réponds à votre question, que cette intervention a aussi pour but denrayer la mécanique infernale de la violence en Syrie et de lescalade de violence à laquelle se livre le régime syrien. De lenrayer, pour quoi faire ? Pour précisément permettre au dialogue politique de reprendre dans de bonnes conditions. Vous savez que la France, depuis maintenant quasiment deux ans, est engagée dans le soutien au dialogue politique en Syrie. Nous avons été les premiers, François HOLLANDE a été le premier, à reconnaître lexistence de la coalition nationale syrienne qui soppose au régime syrien pour faire en sorte que puisse sengager ce dialogue dont on a besoin pour la suite des événements. Aujourd'hui, ce dialogue est interrompu parce que les forces en présence sont trop déséquilibrées. Pour les rééquilibrer, nous intervenons pour mettre un coup darrêt à lescalade meurtrière de Bachar el-ASSAD et nous souhaitons ensuite que le dialogue politique reprenne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Najat VALLAUD-BELKACEM, nous sommes en Europe ? Est-ce que nous sommes en Europe ? Je plaisante quand je dis cela, évidemment je suis ironique. Parce que je ne vois pas lEurope dans cette affaire, aucune Europe diplomatique. Rien ! Nous sommes à la pointe dans cette affaire syrienne et lEurope ne dit rien. Est-ce quon doit sattendre à un engagement européen commun ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je ne peux qualler dans votre sens lorsque vous dites quon pourrait attendre de lEurope quelle ait une parole commune.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Est-ce quon doit avoir une initiative ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Aujourd'hui lEurope de la défense, disons les choses
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle est inexistante.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui. Elle nest pas au niveau auquel on pourrait prétendre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je sais bien quen Allemagne, il y a des élections prochaines
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Indéniablement, indéniablement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Madame MERKEL ne dit rien sur la Syrie, pratiquement rien. Vous le déplorez ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Il va y avoir, comme vous le savez, la rencontre du G20 demain et le président de la République aura loccasion déchanger avec ses homologues européens de façon un peu privilégiée, même si le G20 porte sur des sujets économiques, mais malgré tout il sera question de la Syrie dans les rencontres bilatérales, et les Européens auront un échange à ce moment-là. Cela étant, il y a eu des échanges entre notre pays et la Grande-Bretagne par exemple avec David CAMERON qui était très proactif aussi sur ce sujet de lintervention en Syrie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est éteint à la Chambre des communes.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Peut-être momentanément.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Peut-être momentanément ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Nous verrons.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah ! Bon, nous verrons. Najat VALLAUD-BELKACEM, parlons des heures supplémentaires défiscalisées parce que jentends tout et peut-être nimporte quoi sur cette affaire. Jentends des députés socialistes qui disent quil faut rouvrir le dossier. Jentends le gouvernement à Bercy qui dit : Non, non ! Ce nest pas vrai. Alors, est-ce que vous confirmez quil ny aura pas de retour en arrière ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je vous confirme que dans cette période où lobjectif prioritaire du gouvernement est dinverser la courbe, dinverser la courbe du chômage c'est-à-dire de mettre davantage de chômeurs en activité, la défiscalisation des heures supplémentaires est une mesure qui ne va pas dans le bon sens et cest la raison pour laquelle nous y avions mis un terme. Nous navons aucune raison aujourd'hui de nous reposer la question. En revanche peut se poser une question de pouvoir dachat des bas salaires que lon peut résoudre autrement. Mais réduire les cotisations des employeurs sur le temps supplémentaire effectué par des salariés déjà en activité, cest les désinciter à embaucher de nouveaux salariés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous le confirmez bien : aucune heure supplémentaire ne sera défiscalisée.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Voilà ! Je confirme que nous nallons pas revenir sur la suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même envisager une franchise des impôts de mille à mille cinq cents euros pour les salariés qui feraient des heures supplémentaires dans les PME ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Puis-je me permettre de rappeler une chose en parlant de cela ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que cette information circule, vous le savez bien !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Il y a une chose, me semble-t-il, qui nest pas suffisamment rappelée. Cest que les heures supplémentaires continuent dêtre payées par ailleurs vingt-cinq pourcents de plus que le salaire normal et que les heures normales. On est quand même, quand on fait des heures supplémentaires, récompensé dune certaine façon du travail supplémentaire qui est fourni.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous dites fermement non.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il ny aura pas de retour en arrière.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Il ny aura pas de retour en arrière pour les raisons que jai invoquées. La lutte contre le chômage est notre priorité et dailleurs, lutter contre le chômage c'est aussi se poser une question de pouvoir dachat parce que les chômeurs que vous remettez en activité, vous leur offrez nécessairement du pouvoir dachat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Najat VALLAUD-BELKACEM, vous navez pas été frappée par ce chiffre ? Quatre-vingt-quatre impôts, taxes nouvelles crées et par Nicolas SARKOZY et par François HOLLANDE en deux ans. Vous avez vu ça ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Merci de préciser : Et par Nicolas SARKOZY et par François HOLLANDE.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais parce que cest la vérité, je le précise.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Cest très bien. Cest très bien parce que parfois les choses sont présentées de façon, disons, plus schématique. La moitié ont été créés par Nicolas SARKOZY.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, oui. Vous êtes à égalité pour linstant mais enfin, François HOLLANDE va prendre lavantage à partir de janvier.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Quon se comprenne bien, je ne suis pas ici pour nier que nous avons levé des impôts depuis que nous sommes là. Mais pourquoi est-ce que nous avons levé ces impôts ? Nous sommes arrivés avec un déficit public qui avait été considérablement creusé par dix ans de droite. Nous sommes arrivés avec la nécessité de remettre au coeur de laction publique des priorités qui avaient été complètement abandonnées ces dernières années. Je pense par exemple au financement de léducation nationale ou de la justice, ou de la sécurité. Alors comment fait-on lorsquon a à la fois le souci de redresser les comptes publics et de financer les politiques publiques ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
On lève des impôts.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
On cherche des recettes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On fait payer les entreprises et les ménages.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Voilà. Ces recettes, on les trouve dans trois choses. En effet, les prélèvements obligatoires auprès des entreprises et des ménages, et donc ces prélèvements obligatoires nous y avons eu recours mais de façon juste. C'est la différence avec les fameux impôts levés par Nicolas SARKOZY puisque pour lessentiel, même si dautres ont été touchés, mais pour lessentiel ce sont quand même les plus grandes entreprises et ce sont les ménages les plus aisés à qui il a été demandé des efforts. Troisième moyen de récupérer des recettes : faire des économies et moi jinsiste sur les économies que les pouvoirs publics font aujourd'hui. Cest la première fois que dans un budget, le budget 2014, lÉtat va avoir un milliard et demi deuros de réduction de ses dépenses. C'est inédit de présenter ça sous la Vème République. Donc oui, des efforts ont été demandés, une pause a été annoncée par le président de la République en termes de prélèvements obligatoires, ils auront été utiles.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On en aura encore quelques-uns quand même malgré tout. La TVA qui va augmenter en janvier par exemple.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bien sûr, mais en même temps, si vous le permettez Jean-Jacques BOURDIN, dabord on sait pourquoi la TVA augmente en janvier. Pourquoi est-ce quelle augmente ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
On sait !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, non ! parce que le problème, c'est quil faut prendre lensemble du spectre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais vous prenez toujours lensemble, Najat VALLAUD-BELKACEM, mais nous on voit à la fin du mois lensemble aussi !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Daccord. Elle augmente notamment pour financer le fameux crédit dimpôt compétitivité emploi que nous avons mis à disposition des entreprises, dont je rappelle que cest une réduction de charges de six pourcents sur les salaires qui vont jusquà 2,5 SMIC. C'est-à-dire quen gros, cest une centaine deuros de moins par mois que lentreprise doit payer sur les salaires concernés. Cest vraiment une mesure destinée à favoriser la compétitivité des entreprises et à leur permettre dembaucher davantage. Voilà, donc cest un ensemble.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que dautres charges des entreprises, payées par les entreprises vont être transférées ? Je pense aux charges familiales. Est-ce que ça va être transféré ? Apparemment oui, la décision est prise. Vers quoi ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je confirme que la décision est prise en effet de continuer à favoriser la compétitivité des entreprises en réduisant le coût du travail.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors vers quoi ? Vers la CSG ? Qui va payer si lentreprise ne paye pas ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Cet arbitrage-là nest pas rendu pour le moment.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah ! Cest le mot arbitrage !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Il le sera à la fin du mois de septembre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y avait longtemps que je ne lavais pas entendu celui-là ! Tiens ! Larbitrage, le fameux arbitrage !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Vous voulez que je vous le formule autrement ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous fais sourire, vous-même vous en souriez. Cet élément de langage me fait sourire à chaque fois. Donc larbitrage nest pas rendu, mais il va être rendu.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Vous savez, les ménages, les Françaises et les Français qui vous écoutent comprennent très bien ce quest un arbitrage lorsquils doivent choisir entre deux choses.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La CSG va augmenter obligatoirement.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, pas nécessairement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas nécessairement ? Vous avez une autre solution ? Laquelle ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Pas nécessairement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors quelle autre solution, Najat VALLAUD-BELKACEM ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Quand je vous dis que les arbitrages ne sont pas rendus, c'est que dans la mesure du possible nous chercherons à ne pas augmenter la CSG.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Vous allez chercher.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, mais nous allons faire en sorte que ce soit le budget de lÉtat qui couvre désormais ces réductions.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ces transferts de charges.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Voilà, ces transferts de charges.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Cest le budget de lÉtat.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ça nest pas une annonce que je vous fais. Je vous dis que dans les arbitrages
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les économies que lÉtat va faire serviront à financer cela ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Tout cela est en discussion. Pour linstant, aucune décision nest prise. Je vous donne rendez-vous à la fin du mois de septembre mais retenez lessentiel, à savoir que nous souhaitons réduire plus encore que nous ne lavons déjà fait le coût du travail pour les entreprises, et donc ce transfert de cotisations familiales servira.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les chefs dentreprise seront contents parce quils nen peuvent plus. Ils nen peuvent plus ! Bien, Najat VALLAUD-BELKACEM, quelques précisions sur les recettes parce que je nai pas très bien compris. Donc les pensions, si jai bien compris on a été les premiers à parler de ça le niveau des pensions et des basses pensions sera indexé le 1er avril.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Cest cela.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors lesquelles ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Le minimum vieillesse.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Combien cest le minimum vieillesse,
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Vous voulez dire ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien cest ? Cest quoi le minimum vieillesse ? Combien est le montant ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Combien de personnes est-ce que cela touche ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, le montant. Six cent mille personnes, mais le montant ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Le montant c'est quelques centaines deuros. Ce nest pas très élevé. Cest sept cents
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, sept cent quatre-vingt-sept euros.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, cest ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire que celui qui a neuf cents euros de pension, quest-ce qui lui arrive ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non mais attendez. Il faut bien avoir à lesprit une chose, c'est que dans la réforme
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce sera revalorisé le 1er avril ou le 1er octobre ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ceux qui ne sont pas au minimum vieillesse seront revalorisés au 1er octobre, en effet.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc les petites pensions vont trinquer.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Là encore, attendez
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les petites retraites vont trinquer.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Jean-Jacques BOURDIN, gardez à lesprit que dans la réforme des retraites il a été prévu daugmenter le minimum contributif. Ça veut dire que ceux qui natteignent pas les mille deux cents euros de retraite
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mille deux cent cinquante, oui.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mille deux cent cinquante euros de retraite contre mille vingt-huit auparavant - cest ça ce que je change la réforme vont se voir donner un coup de pouce pour atteindre ce seuil de mille deux cent cinquante euros. Donc quand on parle du minimum vieillesse, cest autre chose. Le minimum vieillesse, ce sont les personnes qui nont pas pu cotiser
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je touche neuf cents euros de retraite, je suis revalorisé chaque année le 1er avril, je serai revalorisé le 1er octobre, c'est-à-dire que je perds six mois de pouvoir dachat. On est daccord ? on est daccord ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, sur la première année.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est daccord. Il faut assumer, il faut assumer.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, mais attendez
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut assumer.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Juste une chose parce que présenté comme ça, jallais dire que c'est un peu facile.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce nest pas un peu facile : cest la réalité.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, attendez. Quelles étaient les options qui se présentaient au gouvernement au moment de mener cette réforme des retraites ? Cétait, on la entendu dire, lallongement de lâge légal, cétait la désindexation des pensions de retraite, donc les retraités auraient pu perdre carrément du pouvoir dachat. Nous avons fait des choix.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La désindexation sur les retraites complémentaires, elle existe déjà.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Sur les retraites complémentaires ? C'est la responsabilité des partenaires sociaux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà, on est daccord.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ils ont pris cette décision, cest plutôt raisonnable dailleurs de leur part davoir décidé de cela, mais nous avons fait des choix.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, alors assumez-les ! Très bien ! Un effort aussi aux petits retraités !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Et nous ne nions pas que nous demandons aux salariés, aux employeurs
JEAN-JACQUES BOURDIN
Aux salariés, aux employeurs et aux petits retraités.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Et dans une moindre mesure aux retraités de contribuer, mais dans une vraiment moindre mesure par rapport à ce qui aurait été préparé par dautres.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors deux questions sur les retraites ; une question sur les retraites et une question sur les droits des femmes parce que vous êtes aussi ministre des Droits des femmes, Najat VALLAUD-BELKACEM. Est-ce que les entreprises financeront bien le compte pénibilité ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui. Les entreprises seront amenées à financer le compte pénibilité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il ny aura pas de compensation ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Écoutez, cest vraiment pardon de réutiliser ce terme
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur les arbitrages ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Que vous trouvez barbare darbitrage, mais ce sont des choses qui seront précisées dans le projet de loi réforme des retraites qui sera présenté, et puis dans le PLF.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous y êtes favorable, vous ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Moi je suis favorable à ce que ce compte pénibilité existe et avant de, jallais dire, chercher polémique rappelons-nous que cest quand même un formidable progrès social qui est offert aux Français. Le compte pénibilité, ça va concerner un salarié sur cinq en France et ça va permettre dindividualiser finalement la pension de retraite en prenant en considération la vraie vie active de lindividu et la pénibilité de son métier quand il a eu à porter des charges lourdes, à travailler la nuit, et cætera. Ça nest pas pareil dêtre ouvrier que dêtre cadre dans notre pays face à lespérance de vie. Cest une évidence, oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes ministre des Droits des femmes. La parité salariale, légalité salariale entre hommes et femmes : deux entreprises ont écopé en avril de sanctions financières. Où en est-on ? Est-ce que dautres entreprises ont été sanctionnées ou vont lêtre ? Où en est-on ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Nous avons depuis en particulier le mois de janvier 2013, largement augmenté notre vigilance et notre politique de contrôle sur les entreprises en matière dégalité professionnelle pour une raison simple. C'est que depuis trente ans, on a des textes de loi disant : Les entreprises doivent respecter cette égalité professionnelle, adopter des plans daction, mais aucun contrôle et du coup aucune sanction alors même que la loi de 2010 prévoyait des sanctions jusquà un pourcent de la masse salariale des entreprises pour celles qui ne jouaient pas le jeu. Donc moi, jai fait en sorte de mettre en place des procédures de contrôle, de faire en sorte que les inspecteurs du travail puissent réellement à ces investigations et nous sommes aujourd'hui à quatre entreprises qui ont été sanctionnées financièrement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quatre.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Quatre entreprises. Quand on dit : sanctionnées financièrement, cest assez lourd parce que ça veut dire plusieurs milliers deuros à verser chaque mois jusquau moment où elles se mettent en conformité avec la loi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien de contrôles ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Il y a quatre cents entreprises qui ont été mises en demeure.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quatre cents mises en demeure.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Voilà. Ça veut dire que vous avez six mois pour vous mettre en conformité et si rien ne change, la sanction tombe. Et puis surtout, je pense que cest le chiffre le plus intéressant à retenir, depuis que nous avons mis en place cette procédure nouvelle, ce sont deux mille sept cents plans dégalité qui nous ont été envoyés par les entreprises, qui ont compris que le couperet désormais tombe. Je crois que nous arrivons à atteindre nos objectifs. Nous allons continuer et la loi que je présenterai dailleurs à partir du 16 septembre au sénat sur légalité entre les femmes et les hommes va introduire de nouvelles mesures, notamment empêchant les entreprises qui ne respectent pas légalité professionnelle de sous-missionner à des marchés publics.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah ! Ça, cest intéressant.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ce qui va être une mesure particulièrement dissuasive me semble-t-il.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas dégalité salariale dans lentreprise, pas de marché public.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Voilà, exactement. Pas de démarche en faveur de légalité professionnelle, pas de marché public et ça, je crois que ça devrait avoir son effet.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 4 septembre 2013