Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense, sur le prix Brienne du livre géopolitique, à Paris le 24 septembre 2013.

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Circonstance : Remise du Prix Brienne du livre géopolitique, à Paris le 24 septembre 2013

Texte intégral


Mesdames et Messieurs les membres du jury,
Mesdames et Messieurs, chers amis,
Je suis très heureux que la rentrée littéraire passe cette année par l’Hôtel de Brienne. Certains diront peut-être : « encore un nouveau prix », « encore un ministère qui veut exister à la table des éditeurs et des libraires ».
C’est vrai, c’est la première année que nous attribuons ce prix du livre géopolitique. Mais les livres n’ont pas attendu ce prix pour faire leur entrée au ministère, et leurs auteurs y sont chez eux depuis longtemps. Ces murs ont d’ailleurs vu passer de grandes figures qui savaient aussi tenir la plume. Je pense à Clemenceau. Je pense au Général de Gaulle, dont vous avez traversé le bureau tout à l’heure.
C’est en mémoire de cette tradition que nous avons baptisé « Prix Brienne » ce prix du livre géopolitique.
Mais l’histoire se décline au présent, et si j’ai pour ma part des ambitions d’écriture plus modestes, le ministère dont j’ai la charge est aussi un ministère pensant.
L’actualité le rappelle, notre pays peut être tributaire des bouleversements géopolitiques qui reconfigurent notre environnement stratégique. Le rôle de notre défense est de se préparer à ces bouleversements, pour y faire face, lorsque c’est nécessaire. C’est pour cette raison que la vocation opérationnelle et de court terme du ministère, qui est première, doit aussi s’appuyer sur une démarche réflexive, de long terme, qui est fondamentale.
C’est le sens du travail de préparation de l’avenir que nous menons en ce moment, avec le nouveau livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, et maintenant le projet de loi de programmation militaire. Ce travail n’a de pertinence que s’il se fonde sur une vision du monde, qui requiert toute l’attention du regard des chercheurs.
C’est le sens, également, de la politique que nous menons au profit de la réflexion stratégique, et je suis heureux de saluer parmi vous les équipes de la DAS et de l’IRSEM qui font vivre cette politique au quotidien, en lien avec le CSFRS et l’IHEDN.
Et c’est tout le sens du Prix Brienne du livre géopolitique que je vais remettre dans un instant.
Plus que jamais, la pensée stratégique est nécessaire. Nous ne retrouverons plus les facilités conceptuelles de la Guerre Froide, qui nous permettaient de voir la planète de façon bicolore. La tranquillité des rentes de situation est derrière nous. Aucun pays ne peut plus avancer à l’aveugle dans un monde dont les données majeures sont désormais l’incertitude et la complexité.
Pour réduire cette incertitude, pour percer cette complexité, nous avons pu avoir au sein du jury de vives discussions. Je note d’ailleurs que ces échanges ont été marqués par une certaine complexité, une certaine incertitude aussi, jusqu’aux délibérations de ce soir.
Avant de laisser la parole à Frédéric ENCEL pour nous présenter les deux prix que nous allons décerner, le prix spécial du jury et le prix Brienne, je voudrais ajouter quelques mots.
Aux membres du jury, je voudrais dire très simplement le plaisir que j’ai eu de présider nos débats.
Aux trois finalistes, je voudrais dire que vos livres m’ont accompagné partout, en Afghanistan, au Mali, et que ma perception des choses n’a fait que confirmer, à mes yeux, la grande valeur de vos réflexions.
Enfin, je voudrais tous vous inviter à lire les ouvrages que nous avons mis en lumière. Le regard qu’ils portent sur le monde n’est pas celui du ministère de la défense, mais il peut être celui de chacun d’entre nous. C’est ce qui a emporté notre adhésion.
Je vous remercie et cède maintenant la parole à Frédéric ENCEL.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 25 septembre 2013