Texte intégral
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les membres du Conseil supérieur de la réserve militaire,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux de pouvoir être avec vous aujourdhui. Je reviens tout juste du Mali et, en dépit de la pression quexerce le contexte international que vous connaissez, je tenais à présider cette assemblée plénière.
Le Livre blanc rendu public le 29 avril dernier, et le projet de loi de programmation militaire que jai lhonneur de défendre en ce moment, laffirment expressément : les réserves militaires sont partie intégrante de notre modèle darmées. Cest dire combien cette réunion du conseil supérieur de la réserve militaire est un événement important pour le ministère dont jai la charge. Vos sessions permettent en effet de faire vivre le dialogue avec les réservistes, à travers les fédérations et les associations nationales, et ce dialogue donne sens à leur mission. Elles permettent aussi de rassembler lensemble des acteurs concernés employeurs publics et privés, représentants des professions libérables, salariés, agents publics ou personnalités qualifiées autour dune même ambition, celle de mettre notre réserve au service des armées dans la Nation.
A cet égard, je tiens à saluer le préfet Thierry Lataste, directeur de cabinet du ministre de lIntérieur. Sa présence, ainsi que celle du général Richard Lizurey, major général de la gendarmerie nationale qui représente le DGGN, le général Favier, est là pour nous rappeler que la gendarmerie représente, à elle seule, la moitié des effectifs de la réserve militaire. Jy reviendrai tout à lheure, mais il est clair que les constats autant que les défis nous sont communs, même si les spécificités de nos deux maisons réclament dadapter la réponse que nous leur portons.
Je voudrais dabord revenir sur le contexte dans lequel sinscrit notre ambition pour la réserve. Depuis votre dernière session, le Président de la République a pris une série de décisions qui répondent à un défi majeur, celui de ladaptation de notre politique de défense aux menaces de demain.
Pour relever ce défi, dans un contexte budgétaire lui-même exceptionnellement difficile, le Président de la République sest prononcé sur quatre grandes orientations, qui sont au cur du Livre blanc de 2013 et du projet de LPM pour les années 2014-2019. Vous me permettrez de les évoquer simplement, parce que cest aussi ce contexte, ces orientations, cette ambition, qui donnent tout leur sens aux échanges que je souhaite avoir avec vous aujourdhui.
En premier lieu, la décision a été prise de sanctuariser notre effort de défense, en dépit de la contrainte financière considérable qui sexerce sur le budget de lEtat. En reconduisant le budget du ministère à son niveau actuel, cest-à-dire 31,4 Mds, puis en envisageant une hausse à compter de 2016, le Président de la République a marqué et répété une priorité dont ne bénéficie pas la plupart des ministères. La raison en est simple, mais je crois quelle mérite dêtre rappelée : cest là un effort que la Nation consent, non pas pour ses armées en elles-mêmes, mais pour leur finalité qui est de garantir la sécurité du pays.
Pour autant, des efforts seront nécessaires, je ne lai jamais caché, et nous devons résoudre de nombreuses difficultés. Nous avons veillé à définir une ambition opérationnelle en rapport avec nos intérêts de sécurité, comme avec nos responsabilités. De cela, le Président de la République et le Gouvernement sont garants et, pour atteindre ces objectifs, la réserve militaire aura un rôle à jouer. Nous devrons conduire le mouvement de diminution des effectifs dactive nécessaires pour adapter le modèle de nos armées aux nouveaux contrats opérationnels, et permettre ainsi les économies recherchées. Mais cette évolution, dont je mesure la difficulté autant que jen éprouve la nécessité, reposera sur une démarche de concertation, au sein et hors du ministère.
Deuxième grande orientation, maintenir la France au premier rang stratégique. Lambition du Gouvernement sénonce clairement : conforter notre capacité de dissuasion, qui est une des clés de lautonomie stratégique ; garantir notre aptitude à intervenir dans lensemble des situations où nos intérêts de sécurité et nos responsabilités internationales pourraient être mis en jeu ; assurer en permanence la protection du territoire et de sa population. La capacité à remplir simultanément les trois missions fondamentales, définies par le Livre blanc, répondait à cette ambition. Et grâce au niveau de ressources que je viens dévoquer, nous resterons lun des rares pays dans le monde à pouvoir assurer ces trois missions ensemble.
Jajoute que pour traduire cette deuxième grande orientation dans les faits, nous avons marqué deux priorités. Dabord en faveur de lentraînement et de la préparation opérationnelle, parce que lexcellence de nos armées, leur crédibilité en découle directement. Ensuite au profit de léquipement des forces, avec un niveau de crédits qui sera en constante progression sur la durée de la programmation.
Cest dailleurs la troisième grande orientation, limpératif industriel. Disposer dune industrie performante est aussi un élément de notre rang stratégique. Avec 4 000 entreprises, dont une majorité de PME/ETI, 165 000 emplois directs, un chiffre daffaires global denviron 15 Mds, les industries de défense sont à la fois lune des conditions de notre autonomie, et lun des moteurs les plus dynamiques de la compétitivité de notre économie. Elles représentent lun des atouts importants dont nous disposons pour léquilibre de la balance de nos comptes publics, grâce aux exportations. Elles constituent enfin un domaine dexcellence pour lemploi. Aujourdhui, le Gouvernement sengage donc pour quelles le demeurent.
Quatrième et dernière grande orientation, tirer le meilleur parti de nos alliances et de notre choix en faveur de la construction européenne. Je pense à lAlliance atlantique, où nous devons jouer sans complexe un rôle actif et qui soit favorable à laffirmation des Européens dans le lien transatlantique. Je pense aussi, bien sûr, à la relance de lEurope de la défense elle-même. LUnion européenne a besoin dappuyer sa force de frappe économique sur des ressorts politiques et stratégiques si elle entend demeurer dans les années à venir lune des principales puissances mondiales. Cest le sens de la démarche que jai initiée et qui va connaître un temps fort avec le Conseil européen de décembre.
Ces quatre grandes orientations, sur leffort de défense, sur notre rang stratégique, sur la base industrielle et sur lEurope de la défense, constituent le socle du renouvellement de notre politique de défense.
Car lenjeu nétait pas seulement dadapter loutil aux circonstances, mais bien de le concevoir à long terme, de le préparer aux guerres de demain, aux menaces du futur. Cest ainsi que le Livre blanc prend en compte un certain nombre dévolutions juridiques, technologiques, stratégiques ; et cest dans la même perspective que le projet de loi de programmation militaire marque plusieurs priorités, sur notre politique spatiale, sur la cyberdéfense, sur le renseignement
Ce renouvellement de notre politique de défense sinscrit dans une certaine trajectoire de la Nation, à un moment où son environnement lui commande de ne pas baisser la garde. De ce point de vue, la vigilance doit être luvre de tous. Jaime à dire que la communauté de défense, ce nest pas simplement les hommes et les femmes du ministère dont jai la charge. Cest la communauté nationale dans son ensemble, qui se reconnaît des intérêts de sécurité et des responsabilités, et décide de se montrer à la hauteur de ces enjeux.
Cest à la lumière de ce contexte que je voudrais vous exposer mon ambition pour les réserves militaires.
Cette ambition se fonde dabord sur un constat. Ces trois dernières années, la réserve militaire a vu son rôle réaffirmé, mais il faut reconnaître que son pilotage budgétaire a pu compliquer la vie quotidienne et susciter des interrogations.
Après une montée en puissance qui a trouvé ses fondements dans la loi du 22 octobre 1999 sur la réserve, la réserve militaire a connu une stabilisation puis une lente érosion des effectifs et du budget. Cest un paradoxe pour une armée professionnelle, qui a besoin de ses réserves.
Cette évolution trouve sans doute une part dexplication dans le contexte des crises financières qui se sont succédées depuis 2008. Mais il me semble que, labsence de dialogue et de communication a pu accroître les interrogations.
A ce stade de mon propos, je crois quil faut rappeler quelques chiffres simples. Ils confirment à mes yeux, je le dis tout net, que nos armées ont besoin de la réserve.
En termes dactivité, la réserve a représenté 1,16 millions de jours en 2012.
Au plan des effectifs, on a compté 56 300 contrats dengagement pour 2012.
Au plan de la durée de lactivité, enfin, la moyenne était de 20,6 jours en 2012.
Ces quelques chiffres reflètent une réalité : cest avec la réserve que les armées et la gendarmerie nationale remplissent les missions qui leur incombent. Elles ne sauraient atteindre les mêmes objectifs sans les compétences et lénergie que la réserve représente.
Cela est particulièrement vrai, vous le savez, pour les missions de protection, quil sagisse de Vigipirate, de la surveillance aérienne ou maritime du territoire, ou encore de larmement des états-majors des zones de défense et de sécurité.
Bien sûr, des questions et parfois des doutes ont pu naître chez les réservistes. Là encore, quelques chiffres sont éloquents. Il y a dabord un écart réel entre les ambitions et la réalité : la programmation précédente visait ainsi 40 000 réservistes pour les armées, mais nous navons pas dépassé 33 800 cétait en 2008 , et nous sommes aujourdhui à 27 500 réservistes.
Ensuite, on peut faire le constat que la part des anciens militaires est forte au sein de la réserve opérationnelle : environ 53% (hors gendarmerie nationale). Ce pourcentage élevé est bien sûr dû à la décroissance des anciens appelés du contingent, mais il traduit aussi une certaine difficulté à ouvrir la réserve à la société civile. Cette difficulté, il faut nous en saisir, parce que cest un défi majeur pour les prochaines années.
Enfin, il y a eu une diminution régulière des budgets depuis trois ans : 78 M en 2010, 74 M en 2011 et 71,5 M en 2012, montant qui a été reconduit en 2013. Les décisions de réduction ont souvent été prises en cours dannée, ce qui a pu donner aux réservistes le sentiment quils étaient des variables dajustement. Ce nest pas acceptable, et la prise en compte de limportance des réserves passe dabord par le dialogue, à linstar de celui que nous avons aujourdhui.
Le constat est donc simple. Parce quun million deuros représente à peu près 10 000 jours dactivité de réserviste, on mesure leffet déroutant dune réduction, même limitée, de ce budget. Cest une programmation semestrielle qui seffondre. Cest une durée dengagement qui se trouve divisée par deux, cela sans préavis. Là encore, ce nest pas acceptable.
Il y a donc une sensibilité particulière de la réserve aux aléas budgétaires, et je crois que cette sensibilité na pas été suffisamment appréhendée. Il en ressort une incompréhension légitime, et en même temps des attentes, un besoin de clarification en particulier, quil nous revient de satisfaire.
Cest sur la base de ce constat que le Président de la République a souhaité reformuler et renforcer lambition qui doit être la nôtre pour la réserve militaire. Cette ambition, le Livre blanc de 2013 en dessine les contours.
Il répond dabord au besoin de clarification que je viens dévoquer, en validant les grands principes sur lesquels repose notre réserve militaire. Elle est organisée en deux branches réserve opérationnelle et réserve citoyenne qui permettent de faire appel à tous les types dengagement, tous les types de disponibilité.
La réserve opérationnelle, dabord, fait partie intégrante du modèle darmée tel quil a été repensé. Il ny a donc pas des missions qui seraient confiées à larmée dactive, et dautres qui incomberaient à larmée de réserve. Il ny a quune seule armée, face à un ensemble de missions. Ainsi, la réserve militaire a-t-elle vocation à être employée en opérations extérieures, et cest un cas de figure que je veux préserver. Pour le dire autrement, les seules missions auxquelles les réservistes nont pas accès, sont celles qui exigent une formation et un entraînement tels que seul un travail à temps complet permettrait dy répondre.
Le Livre blanc prévoit par ailleurs de « continuer à développer les missions sur le territoire national ». Je relève avec satisfaction que cest bien linflexion prise avec la création du bataillon Ile-de-France. Jai déjà eu loccasion de saluer cette création. Je crois quil faut la souligner et mettre en valeur ce bataillon, par exemple en envisageant sa participation au défilé du 14 juillet. Je crois que cette initiative contribuerait à étendre la notoriété de la réserve.
La réserve citoyenne, quant à elle, a été confirmée par le Livre blanc. Je lai fermement souhaitée. Ses 3 000 volontaires bénévoles offrent de leur dynamisme et de leur temps pour être des relais de la défense vers la société civile. A cet égard, elle est une expression forte et originale de notre citoyenneté. Son développement sera donc encouragé. Dans cette perspective, deux axes deffort continueront dêtre explorés : la contribution à la diffusion de lesprit de défense, et le renforcement des forces armées par lapport de compétences spécifiques.
Dernier grand principe énoncé par le nouveau Livre blanc, la « réserve de sécurité nationale » voit son importance à nouveau soulignée pour la gestion des crises majeures. Cette réserve devra être plus efficace, en optimisant notamment la réserve dite « de disponibilité » où se retrouvent les militaires qui viennent de quitter le service. Ici, le Livre blanc rappelle la nécessité daller au bout des travaux réglementaires et législatifs, en faisant paraître les décrets dapplication. Nous devons achever cette démarche, et je sais que vous y êtes attachés, comme le montre la question écrite posée à ce sujet par le sénateur Michel Boutant, que je suis heureux de saluer parmi nous.
Laffirmation de ces grands principes ancre la réserve au cur du renouvellement de notre politique de défense. Jy vois la confirmation que notre concept de réserve militaire a du sens et que le doute nest pas permis sur sa pertinence.
Sil y a pleine adéquation avec le besoin, il nen reste pas moins que des adaptations sont nécessaires, pour répondre aux préoccupations que jévoquais tout à lheure. Cest dans cette perspective que je voudrais partager avec vous une série dorientations qui concernent autant des changements structurels, que des ajustements plus immédiats.
Aujourdhui, je retiendrai trois grandes orientations.
Dabord, il faut simplifier la gouvernance des réserves militaires. La multiplication des acteurs et des instances de décision nest pas de nature à faciliter lefficacité de notre dispositif. Avec le COMEX pour fixer les orientations politiques, avec le CSRM pour réfléchir ensemble à cette politique et ses conséquences pour les réservistes, enfin avec les employeurs pour la mettre en uvre, je crois que nous disposons de tous les outils nécessaires pour piloter la réserve militaire. Mon intention est donc den simplifier la gouvernance, en supprimant linstance du comité directeur qui na pas démontré sa pertinence.
Deuxièmement, il faut mettre en place une stratégie de communication plus ambitieuse. Daprès un récent sondage, moins de 30% des jeunes identifient suffisamment la réserve pour pouvoir envisager de la rejoindre. Or, la réserve doit être aussi connue que les armées elles-mêmes, dont elles font partie. La réserve militaire, cest larmée qui se rend accessible à toutes les bonnes volontés. Lenjeu premier est donc de le faire savoir.
Le secrétaire général du CSRM et le DICOD me transmettront leurs propositions dans le courant du mois doctobre. Cette nécessité de mieux communiquer, est un enjeu citoyen, au-delà même de lenjeu du recrutement pour la réserve. Cest aussi en parlant de ce lien auquel nous sommes si attachés entre les armées, la réserve et la société civile, que nous le faisons vivre. Cest dailleurs pour cette raison que jai souhaité retenir le thème « réserve militaire et citoyenneté » pour la Journée nationale du réserviste 2014.
Troisième et dernière orientation, il faut revoir lorganisation du recrutement. Il nous appartient de le rendre plus efficace, plus cohérent aussi avec la priorité donnée au recrutement de réservistes issus de la société civile. Dans les décennies à venir, la réserve militaire se présentera à des générations dont le seul lien avec nos armées consistera le plus souvent dans la Journée défense et citoyenneté. Cest là un enjeu dont nous devons prendre toute la mesure. Notre politique de recrutement doit donc être plus volontariste, pour développer la connaissance et lattractivité de la réserve à légard de la société civile.
Préparer la réserve de demain est notre devoir. La cohésion entre la défense et la Nation en dépend pour une part essentielle.
Dans la suite de ces trois grandes orientations, jai souhaité ainsi entreprendre une série dactions très concrètes.
- Dabord, améliorer le recours à des réservistes opérationnels dans les domaines qui sont déficitaires. Je pense en premier lieu à la cyberdéfense, nouvelle donne stratégique qui est également au cur du Livre blanc de 2013. Lenjeu de la cyberdéfense intéresse les réservistes opérationnels et les réservistes citoyens. Cest une priorité. Au-delà, ce sont lensemble des métiers de la résilience, autour de la gestion des crises, qui gagneraient à senrichir des compétences que possèdent les réservistes.
- La deuxième action vise à accroître la fidélisation des personnels. La durée moyenne des ESR est aujourdhui de 2,5 ans, ce qui suppose plus de 10 000 nouveaux contrats signés chaque année. Je sais que cest trop pour les organismes chargés du recrutement et de la formation. Cest trop, également, pour les autorités militaires qui doivent pouvoir compter sur lexpérience des réservistes. Je veux donc travailler à fidéliser les personnels, sachant que cela suppose des initiatives de la part des armées, mais également de la part des employeurs civils. De la part du ministère de la défense, il sagira de mieux identifier les perspectives de carrière, de favoriser la proximité géographique ou encore de développer la fongibilité des emplois. De la part de lemployeur, cest bien sûr une vraie reconnaissance du statut de réserviste qui est nécessaire pour sinscrire dans la durée. Cest un enjeu important, qui associe tous les acteurs, représentés dans cette salle. Cest dire vos réflexions et propositions seront utiles.
- Troisièmement, et le sujet est lié au précédent, il faut développer la coopération avec les entreprises, condition de développement du vivier de la réserve militaire. Les outils existants sont les bons, mais il nous faut les dynamiser encore, avec peut-être des objectifs plus ambitieux. Je pense aux comités de liaison réserve-entreprise, ainsi quaux correspondants régionaux entreprises défense, dont leffectif a été doublé, passant de 30 à 60. Je pense au pacte Défense-PME, qui nous permet de diffuser lesprit de réserve dans les petites et moyennes entreprises. Je pense encore aux 330 conventions signées à ce jour. Il y en aura 500 dici la fin 2014. Le lien entre les entreprises et le ministère de la défense est aussi fondamental pour lorganisation et le rayonnement de la réserve. Je veux y porter toute mon attention.
- Quatrième engagement, sanctuariser le budget de la réserve opérationnelle. Lenjeu est doffrir aux réservistes à la fois la visibilité et la confiance dont ils ont besoin au moment de signer leur engagement. Cet engagement est déjà inscrit dans le projet de LPM qui des crédits annuels de 71 M sur la période 2014-2015. Ce montant est une synthèse des ambitions que nous tenons à marquer et des efforts qui nous sont en même temps demandés. Cest désormais sur la stabilité et la visibilité que nous offre ce chiffre quil faut bâtir les réserves militaires dont nous avons besoin.
- Cinquième action, jy ai fait allusion tout à lheure, rénover la réserve de disponibilité. Si tous les employeurs sont conscients de la nécessité den simplifier la gestion et la mise en uvre éventuelle, elle ne semble pas suffisamment crédible et mobilisable, du moins à la hauteur des enjeux dune gestion de crise majeure. Il faut donc en améliorer le suivi et la gestion, pour être certain de sa réponse. Faut-il en diminuer le volume global pour mieux la maîtriser, ou conserver des effectifs théoriques élevés, en tolérant une incertitude dans la réponse ? Les modalités de cette optimisation ne sont pas encore fixées. Il faut donc continuer à y travailler pour être en mesure de prendre les décisions qui simposent dans les mois qui viennent.
Enfin, dernière action à mener, clarifier et actualiser les missions de la réserve citoyenne, pour lui donner toute lampleur et tout le rayonnement que nous souhaitons. Une directive interministérielle, que jai cosignée avec le ministre de lIntérieur Manuel Valls, harmonise et détaille le rôle de cette réserve. Il est certain que la bonne volonté autant que lexpertise de ces réservistes doivent être davantage sollicités. Pour massurer de la cohérence de cette démarche, jai désigné votre secrétaire général pour être le coordonnateur de cette réserve citoyenne.
Quil sagisse des orientations structurelles ou des objectifs plus concrets, cest sur vous, membres du conseil supérieur de la réserve militaire, que je compte maintenant pour approfondir ces pistes et nous apporter les réponses les plus pertinentes. En tant quinstance de réflexion et de conseil qui réunit tous les visages et toutes les sensibilités de la réserve militaire, il vous revient de prendre à bras le corps ces axes de travail. Jattends donc de vous des propositions, pour que nous consolidions ensemble les réserves, mieux assurer leur fondations, confiantes dans leur avenir et heureuses de servir.
Après une période dincertitude, mon souhait est que nous nous engagions résolument vers des réserves renforcées. Elles garderont leur efficacité. Elles seront mieux encore intégrées à nos armées. Elles seront mieux connues de nos concitoyens.
Voilà en quelques mots lambition que je voulais partager avec vous, mais je voudrais à présent recueillir votre point de vue et je vous laisse sans plus tarder la parole.
Je vous remercie pour votre attention.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 25 septembre 2013
Mesdames et Messieurs les membres du Conseil supérieur de la réserve militaire,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux de pouvoir être avec vous aujourdhui. Je reviens tout juste du Mali et, en dépit de la pression quexerce le contexte international que vous connaissez, je tenais à présider cette assemblée plénière.
Le Livre blanc rendu public le 29 avril dernier, et le projet de loi de programmation militaire que jai lhonneur de défendre en ce moment, laffirment expressément : les réserves militaires sont partie intégrante de notre modèle darmées. Cest dire combien cette réunion du conseil supérieur de la réserve militaire est un événement important pour le ministère dont jai la charge. Vos sessions permettent en effet de faire vivre le dialogue avec les réservistes, à travers les fédérations et les associations nationales, et ce dialogue donne sens à leur mission. Elles permettent aussi de rassembler lensemble des acteurs concernés employeurs publics et privés, représentants des professions libérables, salariés, agents publics ou personnalités qualifiées autour dune même ambition, celle de mettre notre réserve au service des armées dans la Nation.
A cet égard, je tiens à saluer le préfet Thierry Lataste, directeur de cabinet du ministre de lIntérieur. Sa présence, ainsi que celle du général Richard Lizurey, major général de la gendarmerie nationale qui représente le DGGN, le général Favier, est là pour nous rappeler que la gendarmerie représente, à elle seule, la moitié des effectifs de la réserve militaire. Jy reviendrai tout à lheure, mais il est clair que les constats autant que les défis nous sont communs, même si les spécificités de nos deux maisons réclament dadapter la réponse que nous leur portons.
Je voudrais dabord revenir sur le contexte dans lequel sinscrit notre ambition pour la réserve. Depuis votre dernière session, le Président de la République a pris une série de décisions qui répondent à un défi majeur, celui de ladaptation de notre politique de défense aux menaces de demain.
Pour relever ce défi, dans un contexte budgétaire lui-même exceptionnellement difficile, le Président de la République sest prononcé sur quatre grandes orientations, qui sont au cur du Livre blanc de 2013 et du projet de LPM pour les années 2014-2019. Vous me permettrez de les évoquer simplement, parce que cest aussi ce contexte, ces orientations, cette ambition, qui donnent tout leur sens aux échanges que je souhaite avoir avec vous aujourdhui.
En premier lieu, la décision a été prise de sanctuariser notre effort de défense, en dépit de la contrainte financière considérable qui sexerce sur le budget de lEtat. En reconduisant le budget du ministère à son niveau actuel, cest-à-dire 31,4 Mds, puis en envisageant une hausse à compter de 2016, le Président de la République a marqué et répété une priorité dont ne bénéficie pas la plupart des ministères. La raison en est simple, mais je crois quelle mérite dêtre rappelée : cest là un effort que la Nation consent, non pas pour ses armées en elles-mêmes, mais pour leur finalité qui est de garantir la sécurité du pays.
Pour autant, des efforts seront nécessaires, je ne lai jamais caché, et nous devons résoudre de nombreuses difficultés. Nous avons veillé à définir une ambition opérationnelle en rapport avec nos intérêts de sécurité, comme avec nos responsabilités. De cela, le Président de la République et le Gouvernement sont garants et, pour atteindre ces objectifs, la réserve militaire aura un rôle à jouer. Nous devrons conduire le mouvement de diminution des effectifs dactive nécessaires pour adapter le modèle de nos armées aux nouveaux contrats opérationnels, et permettre ainsi les économies recherchées. Mais cette évolution, dont je mesure la difficulté autant que jen éprouve la nécessité, reposera sur une démarche de concertation, au sein et hors du ministère.
Deuxième grande orientation, maintenir la France au premier rang stratégique. Lambition du Gouvernement sénonce clairement : conforter notre capacité de dissuasion, qui est une des clés de lautonomie stratégique ; garantir notre aptitude à intervenir dans lensemble des situations où nos intérêts de sécurité et nos responsabilités internationales pourraient être mis en jeu ; assurer en permanence la protection du territoire et de sa population. La capacité à remplir simultanément les trois missions fondamentales, définies par le Livre blanc, répondait à cette ambition. Et grâce au niveau de ressources que je viens dévoquer, nous resterons lun des rares pays dans le monde à pouvoir assurer ces trois missions ensemble.
Jajoute que pour traduire cette deuxième grande orientation dans les faits, nous avons marqué deux priorités. Dabord en faveur de lentraînement et de la préparation opérationnelle, parce que lexcellence de nos armées, leur crédibilité en découle directement. Ensuite au profit de léquipement des forces, avec un niveau de crédits qui sera en constante progression sur la durée de la programmation.
Cest dailleurs la troisième grande orientation, limpératif industriel. Disposer dune industrie performante est aussi un élément de notre rang stratégique. Avec 4 000 entreprises, dont une majorité de PME/ETI, 165 000 emplois directs, un chiffre daffaires global denviron 15 Mds, les industries de défense sont à la fois lune des conditions de notre autonomie, et lun des moteurs les plus dynamiques de la compétitivité de notre économie. Elles représentent lun des atouts importants dont nous disposons pour léquilibre de la balance de nos comptes publics, grâce aux exportations. Elles constituent enfin un domaine dexcellence pour lemploi. Aujourdhui, le Gouvernement sengage donc pour quelles le demeurent.
Quatrième et dernière grande orientation, tirer le meilleur parti de nos alliances et de notre choix en faveur de la construction européenne. Je pense à lAlliance atlantique, où nous devons jouer sans complexe un rôle actif et qui soit favorable à laffirmation des Européens dans le lien transatlantique. Je pense aussi, bien sûr, à la relance de lEurope de la défense elle-même. LUnion européenne a besoin dappuyer sa force de frappe économique sur des ressorts politiques et stratégiques si elle entend demeurer dans les années à venir lune des principales puissances mondiales. Cest le sens de la démarche que jai initiée et qui va connaître un temps fort avec le Conseil européen de décembre.
Ces quatre grandes orientations, sur leffort de défense, sur notre rang stratégique, sur la base industrielle et sur lEurope de la défense, constituent le socle du renouvellement de notre politique de défense.
Car lenjeu nétait pas seulement dadapter loutil aux circonstances, mais bien de le concevoir à long terme, de le préparer aux guerres de demain, aux menaces du futur. Cest ainsi que le Livre blanc prend en compte un certain nombre dévolutions juridiques, technologiques, stratégiques ; et cest dans la même perspective que le projet de loi de programmation militaire marque plusieurs priorités, sur notre politique spatiale, sur la cyberdéfense, sur le renseignement
Ce renouvellement de notre politique de défense sinscrit dans une certaine trajectoire de la Nation, à un moment où son environnement lui commande de ne pas baisser la garde. De ce point de vue, la vigilance doit être luvre de tous. Jaime à dire que la communauté de défense, ce nest pas simplement les hommes et les femmes du ministère dont jai la charge. Cest la communauté nationale dans son ensemble, qui se reconnaît des intérêts de sécurité et des responsabilités, et décide de se montrer à la hauteur de ces enjeux.
Cest à la lumière de ce contexte que je voudrais vous exposer mon ambition pour les réserves militaires.
Cette ambition se fonde dabord sur un constat. Ces trois dernières années, la réserve militaire a vu son rôle réaffirmé, mais il faut reconnaître que son pilotage budgétaire a pu compliquer la vie quotidienne et susciter des interrogations.
Après une montée en puissance qui a trouvé ses fondements dans la loi du 22 octobre 1999 sur la réserve, la réserve militaire a connu une stabilisation puis une lente érosion des effectifs et du budget. Cest un paradoxe pour une armée professionnelle, qui a besoin de ses réserves.
Cette évolution trouve sans doute une part dexplication dans le contexte des crises financières qui se sont succédées depuis 2008. Mais il me semble que, labsence de dialogue et de communication a pu accroître les interrogations.
A ce stade de mon propos, je crois quil faut rappeler quelques chiffres simples. Ils confirment à mes yeux, je le dis tout net, que nos armées ont besoin de la réserve.
En termes dactivité, la réserve a représenté 1,16 millions de jours en 2012.
Au plan des effectifs, on a compté 56 300 contrats dengagement pour 2012.
Au plan de la durée de lactivité, enfin, la moyenne était de 20,6 jours en 2012.
Ces quelques chiffres reflètent une réalité : cest avec la réserve que les armées et la gendarmerie nationale remplissent les missions qui leur incombent. Elles ne sauraient atteindre les mêmes objectifs sans les compétences et lénergie que la réserve représente.
Cela est particulièrement vrai, vous le savez, pour les missions de protection, quil sagisse de Vigipirate, de la surveillance aérienne ou maritime du territoire, ou encore de larmement des états-majors des zones de défense et de sécurité.
Bien sûr, des questions et parfois des doutes ont pu naître chez les réservistes. Là encore, quelques chiffres sont éloquents. Il y a dabord un écart réel entre les ambitions et la réalité : la programmation précédente visait ainsi 40 000 réservistes pour les armées, mais nous navons pas dépassé 33 800 cétait en 2008 , et nous sommes aujourdhui à 27 500 réservistes.
Ensuite, on peut faire le constat que la part des anciens militaires est forte au sein de la réserve opérationnelle : environ 53% (hors gendarmerie nationale). Ce pourcentage élevé est bien sûr dû à la décroissance des anciens appelés du contingent, mais il traduit aussi une certaine difficulté à ouvrir la réserve à la société civile. Cette difficulté, il faut nous en saisir, parce que cest un défi majeur pour les prochaines années.
Enfin, il y a eu une diminution régulière des budgets depuis trois ans : 78 M en 2010, 74 M en 2011 et 71,5 M en 2012, montant qui a été reconduit en 2013. Les décisions de réduction ont souvent été prises en cours dannée, ce qui a pu donner aux réservistes le sentiment quils étaient des variables dajustement. Ce nest pas acceptable, et la prise en compte de limportance des réserves passe dabord par le dialogue, à linstar de celui que nous avons aujourdhui.
Le constat est donc simple. Parce quun million deuros représente à peu près 10 000 jours dactivité de réserviste, on mesure leffet déroutant dune réduction, même limitée, de ce budget. Cest une programmation semestrielle qui seffondre. Cest une durée dengagement qui se trouve divisée par deux, cela sans préavis. Là encore, ce nest pas acceptable.
Il y a donc une sensibilité particulière de la réserve aux aléas budgétaires, et je crois que cette sensibilité na pas été suffisamment appréhendée. Il en ressort une incompréhension légitime, et en même temps des attentes, un besoin de clarification en particulier, quil nous revient de satisfaire.
Cest sur la base de ce constat que le Président de la République a souhaité reformuler et renforcer lambition qui doit être la nôtre pour la réserve militaire. Cette ambition, le Livre blanc de 2013 en dessine les contours.
Il répond dabord au besoin de clarification que je viens dévoquer, en validant les grands principes sur lesquels repose notre réserve militaire. Elle est organisée en deux branches réserve opérationnelle et réserve citoyenne qui permettent de faire appel à tous les types dengagement, tous les types de disponibilité.
La réserve opérationnelle, dabord, fait partie intégrante du modèle darmée tel quil a été repensé. Il ny a donc pas des missions qui seraient confiées à larmée dactive, et dautres qui incomberaient à larmée de réserve. Il ny a quune seule armée, face à un ensemble de missions. Ainsi, la réserve militaire a-t-elle vocation à être employée en opérations extérieures, et cest un cas de figure que je veux préserver. Pour le dire autrement, les seules missions auxquelles les réservistes nont pas accès, sont celles qui exigent une formation et un entraînement tels que seul un travail à temps complet permettrait dy répondre.
Le Livre blanc prévoit par ailleurs de « continuer à développer les missions sur le territoire national ». Je relève avec satisfaction que cest bien linflexion prise avec la création du bataillon Ile-de-France. Jai déjà eu loccasion de saluer cette création. Je crois quil faut la souligner et mettre en valeur ce bataillon, par exemple en envisageant sa participation au défilé du 14 juillet. Je crois que cette initiative contribuerait à étendre la notoriété de la réserve.
La réserve citoyenne, quant à elle, a été confirmée par le Livre blanc. Je lai fermement souhaitée. Ses 3 000 volontaires bénévoles offrent de leur dynamisme et de leur temps pour être des relais de la défense vers la société civile. A cet égard, elle est une expression forte et originale de notre citoyenneté. Son développement sera donc encouragé. Dans cette perspective, deux axes deffort continueront dêtre explorés : la contribution à la diffusion de lesprit de défense, et le renforcement des forces armées par lapport de compétences spécifiques.
Dernier grand principe énoncé par le nouveau Livre blanc, la « réserve de sécurité nationale » voit son importance à nouveau soulignée pour la gestion des crises majeures. Cette réserve devra être plus efficace, en optimisant notamment la réserve dite « de disponibilité » où se retrouvent les militaires qui viennent de quitter le service. Ici, le Livre blanc rappelle la nécessité daller au bout des travaux réglementaires et législatifs, en faisant paraître les décrets dapplication. Nous devons achever cette démarche, et je sais que vous y êtes attachés, comme le montre la question écrite posée à ce sujet par le sénateur Michel Boutant, que je suis heureux de saluer parmi nous.
Laffirmation de ces grands principes ancre la réserve au cur du renouvellement de notre politique de défense. Jy vois la confirmation que notre concept de réserve militaire a du sens et que le doute nest pas permis sur sa pertinence.
Sil y a pleine adéquation avec le besoin, il nen reste pas moins que des adaptations sont nécessaires, pour répondre aux préoccupations que jévoquais tout à lheure. Cest dans cette perspective que je voudrais partager avec vous une série dorientations qui concernent autant des changements structurels, que des ajustements plus immédiats.
Aujourdhui, je retiendrai trois grandes orientations.
Dabord, il faut simplifier la gouvernance des réserves militaires. La multiplication des acteurs et des instances de décision nest pas de nature à faciliter lefficacité de notre dispositif. Avec le COMEX pour fixer les orientations politiques, avec le CSRM pour réfléchir ensemble à cette politique et ses conséquences pour les réservistes, enfin avec les employeurs pour la mettre en uvre, je crois que nous disposons de tous les outils nécessaires pour piloter la réserve militaire. Mon intention est donc den simplifier la gouvernance, en supprimant linstance du comité directeur qui na pas démontré sa pertinence.
Deuxièmement, il faut mettre en place une stratégie de communication plus ambitieuse. Daprès un récent sondage, moins de 30% des jeunes identifient suffisamment la réserve pour pouvoir envisager de la rejoindre. Or, la réserve doit être aussi connue que les armées elles-mêmes, dont elles font partie. La réserve militaire, cest larmée qui se rend accessible à toutes les bonnes volontés. Lenjeu premier est donc de le faire savoir.
Le secrétaire général du CSRM et le DICOD me transmettront leurs propositions dans le courant du mois doctobre. Cette nécessité de mieux communiquer, est un enjeu citoyen, au-delà même de lenjeu du recrutement pour la réserve. Cest aussi en parlant de ce lien auquel nous sommes si attachés entre les armées, la réserve et la société civile, que nous le faisons vivre. Cest dailleurs pour cette raison que jai souhaité retenir le thème « réserve militaire et citoyenneté » pour la Journée nationale du réserviste 2014.
Troisième et dernière orientation, il faut revoir lorganisation du recrutement. Il nous appartient de le rendre plus efficace, plus cohérent aussi avec la priorité donnée au recrutement de réservistes issus de la société civile. Dans les décennies à venir, la réserve militaire se présentera à des générations dont le seul lien avec nos armées consistera le plus souvent dans la Journée défense et citoyenneté. Cest là un enjeu dont nous devons prendre toute la mesure. Notre politique de recrutement doit donc être plus volontariste, pour développer la connaissance et lattractivité de la réserve à légard de la société civile.
Préparer la réserve de demain est notre devoir. La cohésion entre la défense et la Nation en dépend pour une part essentielle.
Dans la suite de ces trois grandes orientations, jai souhaité ainsi entreprendre une série dactions très concrètes.
- Dabord, améliorer le recours à des réservistes opérationnels dans les domaines qui sont déficitaires. Je pense en premier lieu à la cyberdéfense, nouvelle donne stratégique qui est également au cur du Livre blanc de 2013. Lenjeu de la cyberdéfense intéresse les réservistes opérationnels et les réservistes citoyens. Cest une priorité. Au-delà, ce sont lensemble des métiers de la résilience, autour de la gestion des crises, qui gagneraient à senrichir des compétences que possèdent les réservistes.
- La deuxième action vise à accroître la fidélisation des personnels. La durée moyenne des ESR est aujourdhui de 2,5 ans, ce qui suppose plus de 10 000 nouveaux contrats signés chaque année. Je sais que cest trop pour les organismes chargés du recrutement et de la formation. Cest trop, également, pour les autorités militaires qui doivent pouvoir compter sur lexpérience des réservistes. Je veux donc travailler à fidéliser les personnels, sachant que cela suppose des initiatives de la part des armées, mais également de la part des employeurs civils. De la part du ministère de la défense, il sagira de mieux identifier les perspectives de carrière, de favoriser la proximité géographique ou encore de développer la fongibilité des emplois. De la part de lemployeur, cest bien sûr une vraie reconnaissance du statut de réserviste qui est nécessaire pour sinscrire dans la durée. Cest un enjeu important, qui associe tous les acteurs, représentés dans cette salle. Cest dire vos réflexions et propositions seront utiles.
- Troisièmement, et le sujet est lié au précédent, il faut développer la coopération avec les entreprises, condition de développement du vivier de la réserve militaire. Les outils existants sont les bons, mais il nous faut les dynamiser encore, avec peut-être des objectifs plus ambitieux. Je pense aux comités de liaison réserve-entreprise, ainsi quaux correspondants régionaux entreprises défense, dont leffectif a été doublé, passant de 30 à 60. Je pense au pacte Défense-PME, qui nous permet de diffuser lesprit de réserve dans les petites et moyennes entreprises. Je pense encore aux 330 conventions signées à ce jour. Il y en aura 500 dici la fin 2014. Le lien entre les entreprises et le ministère de la défense est aussi fondamental pour lorganisation et le rayonnement de la réserve. Je veux y porter toute mon attention.
- Quatrième engagement, sanctuariser le budget de la réserve opérationnelle. Lenjeu est doffrir aux réservistes à la fois la visibilité et la confiance dont ils ont besoin au moment de signer leur engagement. Cet engagement est déjà inscrit dans le projet de LPM qui des crédits annuels de 71 M sur la période 2014-2015. Ce montant est une synthèse des ambitions que nous tenons à marquer et des efforts qui nous sont en même temps demandés. Cest désormais sur la stabilité et la visibilité que nous offre ce chiffre quil faut bâtir les réserves militaires dont nous avons besoin.
- Cinquième action, jy ai fait allusion tout à lheure, rénover la réserve de disponibilité. Si tous les employeurs sont conscients de la nécessité den simplifier la gestion et la mise en uvre éventuelle, elle ne semble pas suffisamment crédible et mobilisable, du moins à la hauteur des enjeux dune gestion de crise majeure. Il faut donc en améliorer le suivi et la gestion, pour être certain de sa réponse. Faut-il en diminuer le volume global pour mieux la maîtriser, ou conserver des effectifs théoriques élevés, en tolérant une incertitude dans la réponse ? Les modalités de cette optimisation ne sont pas encore fixées. Il faut donc continuer à y travailler pour être en mesure de prendre les décisions qui simposent dans les mois qui viennent.
Enfin, dernière action à mener, clarifier et actualiser les missions de la réserve citoyenne, pour lui donner toute lampleur et tout le rayonnement que nous souhaitons. Une directive interministérielle, que jai cosignée avec le ministre de lIntérieur Manuel Valls, harmonise et détaille le rôle de cette réserve. Il est certain que la bonne volonté autant que lexpertise de ces réservistes doivent être davantage sollicités. Pour massurer de la cohérence de cette démarche, jai désigné votre secrétaire général pour être le coordonnateur de cette réserve citoyenne.
Quil sagisse des orientations structurelles ou des objectifs plus concrets, cest sur vous, membres du conseil supérieur de la réserve militaire, que je compte maintenant pour approfondir ces pistes et nous apporter les réponses les plus pertinentes. En tant quinstance de réflexion et de conseil qui réunit tous les visages et toutes les sensibilités de la réserve militaire, il vous revient de prendre à bras le corps ces axes de travail. Jattends donc de vous des propositions, pour que nous consolidions ensemble les réserves, mieux assurer leur fondations, confiantes dans leur avenir et heureuses de servir.
Après une période dincertitude, mon souhait est que nous nous engagions résolument vers des réserves renforcées. Elles garderont leur efficacité. Elles seront mieux encore intégrées à nos armées. Elles seront mieux connues de nos concitoyens.
Voilà en quelques mots lambition que je voulais partager avec vous, mais je voudrais à présent recueillir votre point de vue et je vous laisse sans plus tarder la parole.
Je vous remercie pour votre attention.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 25 septembre 2013