Texte intégral
Le 12 février dernier, nous avons signé ensemble la convention triennale Etat FPSPP, sous le signe dune confiance retrouvée et de lengagement dans laction au service de la qualification des actifs les plus fragiles. Cette convention-cadre a permis deux choses importantes :
- dune part, justifier plus fortement encore lobjectif de sécurisation que le FPSPP porte dans son titre, au bénéfice des publics les plus fragiles. En cela nous avons anticipé dans le sens même de la réforme de la formation professionnelle désormais engagée.
- dautre part, que le FPSPP intègre pleinement les grands enjeux des prochaines années : lavenir de notre jeunesse, la transmission intergénérationnelle et laccompagnement des mutations économiques. Aujourdhui, notre cercle sélargit et je men réjouis.
Nous franchissons une étape supplémentaire en signant un accord cadre à trois cette fois, entre lEtat, lAssociation des Régions de France et les Partenaires sociaux. Il va nous donner les moyens de construire ensemble, sur les territoires, des dispositifs de sécurisation des parcours. Je veux vous dire pourquoi, à mes yeux, cet accord est si important.
1. La méthode et la dimension tripartite de la convention
Dabord parce quen social-démocrate convaincu et assumé, je considère que lon progresse par les accords, que lon doit être capable de sortir de son pré carré et de se rassembler, avec les autres acteurs, nos cultures et nos méthodes de travail.
Au fond, nous portons ensemble lintérêt général ; les uns par le service public, au niveau national ou local, les autres par la représentation des forces économiques et sociales de la Nation.
Bien sur, il y a des divergences et des frottements entre nous. Mais leur dépassement est nécessaire lorsquil sagit doffrir aux salariés et aux demandeurs demploi les moyens de se former, dacquérir de nouvelles compétences et en cela de nouvelles raisons davoir confiance en lavenir, dans un contexte morose en matière demploi depuis trop dannées.
Nous y réussissons, je crois, de manière inédite et prometteuse depuis le lancement cet été du plan 30 000 formations prioritaires pour lemploi qui articule nos interventions respectives en faveur des demandeurs demploi. Derrière nos périmètres institutionnels, quils soient nationaux, régionaux, syndicaux ou patronaux, il y a en effet des millions dhommes et de femmes pour lesquels la « sécurisation » que jévoquais doit être bien plus quun mot. Elle doit être une assurance
- assurance dune reconversion quand son emploi vient à disparaître,
- assurance daméliorer ses compétences voire dacquérir une qualification, et donc de souvrir le champ des possibles professionnels,
- assurance enfin davoir une protection contre lincertitude de léconomie, un filet qui évite de se retrouver livré à son propre sort au gré du fonctionnement du marché et des accidents conjoncturels.
2. Lapproche territorialisée
Le second élément qui fonde à mes yeux limportance de cet accord, cest quil permet de compléter notre approche traditionnelle par publics (les demandeurs demplois, les premiers niveaux de qualifications, les personnes en situation dillettrisme), par une approche territorialisée, cest-à-dire inscrite dans une géographie ou, pour le dire en spécialiste de la politique de lemploi, par bassin demploi.
Notre accord-cadre le souligne : laction du FPSPP peut aussi être territorialisée. La loi, dès 2009, en prévoyait la possibilité mais nos prédécesseurs, vous le savez, y étaient peu favorables.
Nous le savons bien, il est faux de croire que nous serons tous mobiles et sans attache. Il est donc pertinent de travailler à léchelle du bassin demploi. Ensuite, la même question est toujours posée : à cette échelle, qui est le plus compétent pour agir ? Avec cet accord, nous proposons une réponse à cette question : sortons des querelles théoriques pour savoir si lEtat, les régions ou les partenaires sociaux sont les plus à même dagir et agissons justement ensemble !
Agissons au plus près des besoins des salariés ET des entreprises. Car la sécurisation nest pas seulement laffaire des salariés, mais aussi celle des entreprises qui ont besoin dune main doeuvre formée, confiante, impliquée.
Le saut de compétitivité se trouve ici. Nous le savons bien, dans un monde où les mutations saccélèrent et où la concurrence internationale se renforce, notre compétitivité ne se joue plus seulement sur les prix, mais aussi sur la qualité de nos produits et services, et donc sur la qualification des femmes et des hommes dans nos entreprises.
Cest donc à nous tous, collectivement, de créer cet écosystème favorable à la performance économique et sociale de nos entreprises et de nos salariés. Cet accord, qui incite les partenaires sociaux à renforcer leur représentation et leur capacité daction au niveau local, y contribue.
Cest un tournant qui peut être extrêmement fructueux pour lavenir. Ce nest pas lunion sacrée, mais ça y ressemble. Cest lunion des signataires pour améliorer dans les territoires
- linsertion professionnelle durable des jeunes et leur accès à au moins un premier niveau de qualification,
- laccès à la formation des demandeurs demploi, et des salariés notamment les plus fragiles. Mais pourquoi tout cela me direz-vous ? Parce que la bataille de lemploi, ce nest pas seulement de créer des emplois aidés, même de grande qualité, même comportant de la formation. Je pense bien sur aux emplois davenir, dont le succès est en partie lié à linvestissement du FPSPP qui participe au financement de leur formation,. Cest important, cest nécessaire mais ce nest pas suffisant. « Lunion pour lemploi », cest aussi laccès pour tous, salariés ou demandeurs demploi, aux savoirs, compétences et qualifications dans la durée. Voilà une arme massive contre le chômage et un levier puissant pour permettre le retour à lemploi, les évolutions professionnelles et les reconversions lorsquelles sont nécessaires. Par le déploiement des politiques de filières, danticipation, de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, nous construisons une politique structurelle, en plus des outils conjoncturels pour faire face à la crise.
3. Les mutations économiques
Le troisième élément structurant de cet accord, cest le cadre donné pour mettre en oeuvre des actions daccompagnement des mutations économiques, qui seront financées par le biais dun appel à projet spécifique du fonds paritaire. Son objectif principal : anticiper les mobilités des salariés et particulièrement de ceux qui évoluent dans des TPE-PME.
Parmi ces mutations, figurent au premier rang celles liées à la transition écologique et au développement du numérique.
Nous ne pouvons pas aller contre les mouvements profonds de léconomie nous ne le souhaitons dailleurs pas : des emplois vont se créer, dautres se détruire et dautres encore changer profondément. Cest normal, cest le cycle économique. Et il va de plus en plus vite.
Alors, il nous faut accompagner, je dirais même devancer, ce mouvement, en formant en amont, en étant capable danticiper les mutations de lactivité, lévolution des compétences et ce, territoire par territoire. Il nous faut pouvoir moderniser ici des activités déclinantes en apportant des compétences nouvelles, là créer des passerelles entre celles qui séteignent et celles qui prennent de lampleur, ailleurs mutualiser la formation, en créant des pôles territoriaux et des solidarités.
Cest ce que nous faisons déjà dans les treize plateformes dappui aux mutations économiques que nous avons mises en place depuis 6 mois dans le cadre du Pacte National pour la Croissance, la Compétitivité et lEmploi.
Aujourdhui, je veux que nous allions plus loin. Ayons lambition dêtre demain bien plus forts dans les périodes de transitions souvent difficiles. Cest là que notre plus-value est réelle : sécuriser les transitions, agir contre les fragilités du marché du travail.
Je sais que tous les territoires peuvent réussir.
Alors en avant !
Appuyons nous sur cet accord pour constituer ensemble une réponse collective qui assurera à chacun chaque individu ou chaque bassin demploi des sécurités dynamiques, adaptées au mouvement de léconomie.
Pour cela, deux conditions doivent être réunies :
- Dabord une mobilisation collective, pas seulement des opérateurs, mais aussi des décideurs et les financeurs, mobilisation qui doit permettre, je le souhaite, de décliner cet accord cadre dans chaque région par une convention tripartite.
- Ensuite, celle des moyens bien sur. Pour ce qui est de laccompagnement des mutations économiques, lEtat et les partenaires du fonds ont dores et déjà décidé de mettre 10 millions deuros pour le restant de lannée 2013. Lan prochain, nous pourrons, je lespère, multiplier par trois ou quatre ce montant, et je ne doute pas que lEtat et les Régions sauront conforter cet effort.
Les conventions régionales auront pour objet de déterminer les objectifs et les modalités de ce partenariat, incluant la nature et le montant des cofinancements. Elles seront les « bras armés » de lambition politique et collective que je viens de vous décrire. Cap donc désormais sur les projets et les actions car les défis ne manquent pas et il y a beaucoup de belles réalisations devant nous.
Lheure est aux nouvelles ambitions. Je vous fais confiance, je nous fais confiance, pour les atteindre ensemble.
Je vous remercie.
Source http://travail-emploi.gouv.fr, le 11 octobre 2013