Texte intégral
PATRICK COHEN
Vous publiez cette semaine un livre qui fait un premier bilan de votre action à la tête du ministère de lEconomie et des Finances : « Combat, pour que la France sen sorte » chez FLAMMARION. Lactualité dabord, Brignoles, lélection dun conseiller général du Front National, enjeu local ou message national ?
PIERRE MOSCOVICI
Il y a une donnée locale, ce nétait pas la première fois quil y avait un conseiller général FN à Brignoles. Il y a bien sûr aussi un message national et cest un message qui est préoccupant pour ceux qui sont amoureux de la démocratie, parce que moi je nhésite pas à le dire quand un parti est europhobe, quand il est islamophobe, quand il est hostile à la mondialisation, quand il préfère la préférence nationale à tous, cest un parti dont les racines puisent dans lextrême droite assurément. Et en même temps, cest vrai quil y a une inquiétude qui sexprime à travers ça, une crainte de beaucoup de Français que la France ne soit plus ce quelle est, une crainte pour eux-mêmes, une attente de résultat économique, tout ça nous devons lentendre, nous devons réagir, nous devons répondre. Et pour moi répondre, cest dabord continuer à développer une stratégie économique qui produit ses résultats. La France
PATRICK COHEN
Oui, des résultats que les Français ne voient pas, parce que vous lécrivez dans votre bouquin, il y a une rupture avec les gouvernants et pour renouer la confiance, il faut des résultats. Et pour linstant
PIERRE MOSCOVICI
Jarrive du Fonds monétaire international où pendant 4 jours se sont tenues à Washington les assemblées générales du Fonds monétaire international, cest la Banque mondiale. Jy avais déjà été il y a 6 mois, jy avais été il y a 1 an, cétait à Tokyo. Et moi, je suis frappé du fait que le regard porté sur lEurope dune part, sur la France dautre part a changé. Il y a 1 an, quand jallais dans ces assemblées, on disait « est-ce que leuro va survivre, est-ce que la Grèce va partir, est-ce que Chypres va seffondrer », et la France était regardée comme un patient ou un malade quil fallait surveiller. Mais aujourdhui, 1 an après, leuro eh bien ! Regardez son intégrité, lEurope sest stabilisée et la France a des performances économiques meilleures que celles qui étaient prévues, y compris dailleurs par nous-mêmes avant lété
PATRICK COHEN
Une majorité de français pense quils sont toujours en pleine crise.
PIERRE MOSCOVICI
Mais je comprends ça parce que ça fait 5 ans que ça dure, parce que le chômage est à un niveau trop élevé, parce que les inégalités se sont accrues. Et en même temps, je suis obligé de le dire, obligé et pas malheureux, cest vrai que la France est en train de retrouver une croissance plus significative, nous sommes sur un rythme dores et déjà de 1 % par an, ce qui nest pas suffisant mais
PATRICK COHEN
Ça sera 0,2 pour cette année.
PIERRE MOSCOVICI
0,2 pour cette année, nous sommes déjà si on défalque le 1er trimestre de cette année sur un rythme annuel de 1 % par an. Et donc nous avons eu 0,5 % au 2ème trimestre 2013, nous aurons probablement cest ce que dit lINSEE 0,4 % au dernier trimestre de cette année. Non ! Il y a eu reprise en France, elle est indéniable, il faudra sans doute quelques mois pour quon la perçoive, quelques semaines peut-être pour quon la perçoive, certains la perçoivent déjà. Mais moi ce que je veux dire, cest que ce pays est un pays fort, c'est que la France est une économie solide, cest que nous méritons la confiance, et commençons par avoir confiance en nous-mêmes. Quand je vais au FMI, je suis le ministre des Finances de la 5ème puissance économique du monde, de la 2ème économie dEurope. La France est un pays créatif, un pays innovant, un pays qui a un bon système éducatif, un très fort système universitaire, une main doeuvre très qualifiée. Et donc moi je pense quil faut vraiment que nous soyons conscients que la politique que suit le gouvernement cest une politique qui permet à linvestissement de repartir, qui permet au pouvoir dachat de se développer, cette politique produit ses résultats.
PATRICK COHEN
Cest ce que Philippe LEFEBURE appelait tout à lheure la « Méthode Coué », passage obligé, formule obligée de tout ministre de lEconomie et des Finances, c'est-à-dire
PIERRE MOSCOVICI
Non, cest
PATRICK COHEN
Une sorte doptimisme forcé pour que la confiance puisse revenir chez ceux qui vous entendent ?
PIERRE MOSCOVICI
En loccurrence, je sais tout ce quil reste à faire, je ne suis pas du tout dans lautosatisfaction, cest très dur la situation de la France en crise, et être ministre de lEconomie et des Finances cest se battre en effet, doù le titre de mon livre « Combat », combat pour que la France sen sorte, combat pour que la croissance revienne, combat pour que linvestissement reparte, combat pour que les entreprises de ce pays aillent mieux et combat pour lemploi. Non ! Je ne suis pas du tout là-dedans. En même temps, quand se produit ce qui est en train de se produire, c'est-à-dire que léconomie repart, que léconomie reprend, que léconomie va mieux, franchement pourquoi ne pas le dire. Jentendais Bruno Le MAIRE hier qui critiquait mes propos, en disant que cétait je ne sais quelle élucubration, moi je voudrais dailleurs que la droite
PATRICK COHEN
Il a dit quil était effaré par
PIERRE MOSCOVICI
Que la droite, que lUMP ne soit pas sans arrêt en train de saper le moral des Français, et quon soit capables de se rassembler sur le redressement du pays, parce que cest ça qui compte.
PATRICK COHEN
Cest la droite qui plombe le moral des Français ?
PIERRE MOSCOVICI
Non, ce nest pas ce que je veux dire cest que quand arrive une reprise et elle est là plutôt que de dire « non, non, ça nexiste pas », plutôt que daller fouailler les inquiétudes ou les angoisses ou les craintes du déclassement, il faut se mobiliser, tout le pays doit se mobiliser. Le redressement du pays, le redressement de ses finances publiques, le redressement de son appareil productif, le redémarrage de linvestissement, voilà ce qui doit nous mobiliser. Et je voudrais quon ait aussi une droite responsable, parce que si tout le monde est en train de se déplorer, si on nest pas capables de se mobiliser, alors à ce moment-là cest vrai, beaucoup délecteurs se tournent vers le Front National qui est le réceptacle de toutes les inquiétudes. La France se redresse.
PATRICK COHEN
Pierre MOSCOVICI, on parle de PEUGEOT CITROEN et de ce groupe chinois DONGFENG qui pourrait devenir le premier actionnaire de PSA devant la famille PEUGEOT, à quelles conditions lEtat français pourrait-il laisser faire ?
PIERRE MOSCOVICI
Je ne vais pas faire ce genre de commentaire ici. Ce que je veux dire simplement cest que lEtat ne se désintéresse pas de PEUGEOT, de PSA, il la montré. Il y a quelques mois, nous avons accordé ce quon appelle « une garantie dEtat » pour soutenir la banque de PSA Finance, ce qui permet de vendre des voitures, de financer lexpansion du groupe, il y a un comité de garantie, et donc nous sommes investis là-dedans. PEUGEOT, ce nest pas un mystère, est en train de chercher des partenariats industriels, il en a déjà construits dailleurs avec 2 grands partenaires, avec GENERAL MOTORS, constructeur américain, avec DONGFENG, constructeur chinois. Ce qui compte cest en effet que PSA puisse pour consolider sa situation nourrir, travailler
PATRICK COHEN
Modifier
PIERRE MOSCOVICI
Développer ces partenariats
PATRICK COHEN
Son actionnariat.
PIERRE MOSCOVICI
Non, cest exactement le contraire de ce que je vous dis
PATRICK COHEN
Lactionnariat nest pas en question aujourdhui ?
PIERRE MOSCOVICI
Le préalable la situation financière de PSA nest pas une situation qui est une situation de difficulté, ça a été montré il y a quelques mois. Ce que je dis cest que ce qui doit précéder tout, cest la réflexion industrielle, cest les partenariats industriels, cest la production. Vous savez, je connais bien cette entreprise, il se trouve que je suis moi-même élu du pays de Montbéliard, où dans ma circonscription il y a une usine qui sappelle « le centre de production de PSA » à Sochaux et donc, nous suivons ça de près. Mais ce qui compte avant tout, cest la logique industrielle.
PATRICK COHEN
Bon ! Vous ne confirmez pas le scénario dune entrée conjointe des Chinois et de lEtat français dans le capital de PSA ?
PIERRE MOSCOVICI
Non, non, je vous dis que ce qui doit tout précéder, ce qui doit être le préalable de tout, cest la logique industrielle.
PATRICK COHEN
Mais il y avait bien des représentants de votre administration en Chine ce week-end !
INTERVENANT
Il y a bien une banque daffaires MERRILL LYNCH qui vous conseille sur ce dossier !
PIERRE MOSCOVICI
Mais encore une fois je vous lai dit, nous sommes tout à fait investis dans le sort de cette entreprise. Je vous rappelle que nous avons accordé une garantie, nous le gouvernement mais nous lEtat, nous les Français de 7 milliards deuros à la banque PSA Finance, pour que celle-ci puisse alors quelle était menacée continuer davoir accès au marché et permettre le développement de ce groupe, lirrigation de ses structures productives.
PATRICK COHEN
Et ça pourrait aller plus loin !
PIERRE MOSCOVICI
Je viens de vous répondre.
PATRICK COHEN
Pas vraiment.
PIERRE MOSCOVICI
Tout à fait.
PATRICK COHEN
Non, je ne crois pas
PIERRE MOSCOVICI
Complètement.
PATRICK COHEN
Mais cest dommage parce quon attend un communiqué de PSA ce matin qui va préciser les choses, donc cest dommage que vous ne vouliez pas aller plus loin sur
PIERRE MOSCOVICI
Non, non, je vous assure, ne prenez pas les choses comme ça parce quon parle tout de même de société cotée, et on parle de lavenir industriel dune très grande entreprise qui emploie près de 100.000 personnes en France. Et cest à ça que je pense, et je pense avant tout encore une fois au partenariat industriel, cest ça quil faut consolider. Je rappelle quils existent déjà et quils peuvent peut-être se développer, et avec GENERAL MOTORS et avec DONGFENG.
PATRICK COHEN
Les collectivités locales dépensent trop, la dérive financière continue, va redire la COUR DES COMPTES dans un rapport très attendu qui sera publié ce matin. Elle a raison Pierre MOSCOVICI ?
PIERRE MOSCOVICI
Ecoutez ! Dans ce pays de toute façon, nous sommes engagés dans un processus de modernisation de laction publique, et il est nécessaire avec Bernard CAZENEUVE demain, je présenterai le projet de loi de finance à lAssemblée nationale. Et ce projet, il est basé il est tourné vers la croissance et lemploi, il est basé avant tout et surtout sur le fait que nous devons faire des économies dans les dépenses publiques. Il y aura 15 milliards deuros déconomie qui seront proposés pour lannée 2014, qui se répartiront à 9 milliards pour lEtat dont les collectivités locales, en tout cas les concours que nous leur apportons ; et 6 milliards pour la Sécurité sociale. Et donc cet effort, qui est un effort dévaluation dabord, de modernisation ensuite, il doit toucher tous les niveaux daction publique et il doit le faire pour quoi, pour améliorer la qualité des services publics
PATRICK COHEN
Est-ce quil faut limiter
PIERRE MOSCOVICI
Pas seulement pour réduire le déficit.
PATRICK COHEN
Lautonomie financière des collectivités locales ?
PIERRE MOSCOVICI
Non, je pense quil faut rester dans un pays dans lequel la décentralisation respire. Vous savez, jai moi-même présidé une collectivité locale et je sais à quel point
PATRICK COHEN
Elle respire mais elle coûte cher, daprès beaucoup de rapports.
PIERRE MOSCOVICI
Je sais à quel point elles sont nécessaires aussi les collectivités locales, linvestissement. Ne soyons pas dans la caricature de nos collectivités locales, il y a là des élus qui se dévouent au bien commun, il y a surtout une action très importante pour le tissu économique. Et si on veut résister à la crise, il faut aussi des collectivités locales solides. Cela dit, elles ne doivent pas non plus échapper à cette logique de bonne gestion.
PATRICK COHEN
Et comment on fait alors, on les responsabilise ?
PIERRE MOSCOVICI
Encore une fois ben oui, cest la responsabilisation et cest aussi le fait que dans le cadre encore une fois des économies que jévoquais, lEtat fait supporter à lensemble des niveaux daction publique la politique économique qui est nécessaire.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 octobre 2013
Vous publiez cette semaine un livre qui fait un premier bilan de votre action à la tête du ministère de lEconomie et des Finances : « Combat, pour que la France sen sorte » chez FLAMMARION. Lactualité dabord, Brignoles, lélection dun conseiller général du Front National, enjeu local ou message national ?
PIERRE MOSCOVICI
Il y a une donnée locale, ce nétait pas la première fois quil y avait un conseiller général FN à Brignoles. Il y a bien sûr aussi un message national et cest un message qui est préoccupant pour ceux qui sont amoureux de la démocratie, parce que moi je nhésite pas à le dire quand un parti est europhobe, quand il est islamophobe, quand il est hostile à la mondialisation, quand il préfère la préférence nationale à tous, cest un parti dont les racines puisent dans lextrême droite assurément. Et en même temps, cest vrai quil y a une inquiétude qui sexprime à travers ça, une crainte de beaucoup de Français que la France ne soit plus ce quelle est, une crainte pour eux-mêmes, une attente de résultat économique, tout ça nous devons lentendre, nous devons réagir, nous devons répondre. Et pour moi répondre, cest dabord continuer à développer une stratégie économique qui produit ses résultats. La France
PATRICK COHEN
Oui, des résultats que les Français ne voient pas, parce que vous lécrivez dans votre bouquin, il y a une rupture avec les gouvernants et pour renouer la confiance, il faut des résultats. Et pour linstant
PIERRE MOSCOVICI
Jarrive du Fonds monétaire international où pendant 4 jours se sont tenues à Washington les assemblées générales du Fonds monétaire international, cest la Banque mondiale. Jy avais déjà été il y a 6 mois, jy avais été il y a 1 an, cétait à Tokyo. Et moi, je suis frappé du fait que le regard porté sur lEurope dune part, sur la France dautre part a changé. Il y a 1 an, quand jallais dans ces assemblées, on disait « est-ce que leuro va survivre, est-ce que la Grèce va partir, est-ce que Chypres va seffondrer », et la France était regardée comme un patient ou un malade quil fallait surveiller. Mais aujourdhui, 1 an après, leuro eh bien ! Regardez son intégrité, lEurope sest stabilisée et la France a des performances économiques meilleures que celles qui étaient prévues, y compris dailleurs par nous-mêmes avant lété
PATRICK COHEN
Une majorité de français pense quils sont toujours en pleine crise.
PIERRE MOSCOVICI
Mais je comprends ça parce que ça fait 5 ans que ça dure, parce que le chômage est à un niveau trop élevé, parce que les inégalités se sont accrues. Et en même temps, je suis obligé de le dire, obligé et pas malheureux, cest vrai que la France est en train de retrouver une croissance plus significative, nous sommes sur un rythme dores et déjà de 1 % par an, ce qui nest pas suffisant mais
PATRICK COHEN
Ça sera 0,2 pour cette année.
PIERRE MOSCOVICI
0,2 pour cette année, nous sommes déjà si on défalque le 1er trimestre de cette année sur un rythme annuel de 1 % par an. Et donc nous avons eu 0,5 % au 2ème trimestre 2013, nous aurons probablement cest ce que dit lINSEE 0,4 % au dernier trimestre de cette année. Non ! Il y a eu reprise en France, elle est indéniable, il faudra sans doute quelques mois pour quon la perçoive, quelques semaines peut-être pour quon la perçoive, certains la perçoivent déjà. Mais moi ce que je veux dire, cest que ce pays est un pays fort, c'est que la France est une économie solide, cest que nous méritons la confiance, et commençons par avoir confiance en nous-mêmes. Quand je vais au FMI, je suis le ministre des Finances de la 5ème puissance économique du monde, de la 2ème économie dEurope. La France est un pays créatif, un pays innovant, un pays qui a un bon système éducatif, un très fort système universitaire, une main doeuvre très qualifiée. Et donc moi je pense quil faut vraiment que nous soyons conscients que la politique que suit le gouvernement cest une politique qui permet à linvestissement de repartir, qui permet au pouvoir dachat de se développer, cette politique produit ses résultats.
PATRICK COHEN
Cest ce que Philippe LEFEBURE appelait tout à lheure la « Méthode Coué », passage obligé, formule obligée de tout ministre de lEconomie et des Finances, c'est-à-dire
PIERRE MOSCOVICI
Non, cest
PATRICK COHEN
Une sorte doptimisme forcé pour que la confiance puisse revenir chez ceux qui vous entendent ?
PIERRE MOSCOVICI
En loccurrence, je sais tout ce quil reste à faire, je ne suis pas du tout dans lautosatisfaction, cest très dur la situation de la France en crise, et être ministre de lEconomie et des Finances cest se battre en effet, doù le titre de mon livre « Combat », combat pour que la France sen sorte, combat pour que la croissance revienne, combat pour que linvestissement reparte, combat pour que les entreprises de ce pays aillent mieux et combat pour lemploi. Non ! Je ne suis pas du tout là-dedans. En même temps, quand se produit ce qui est en train de se produire, c'est-à-dire que léconomie repart, que léconomie reprend, que léconomie va mieux, franchement pourquoi ne pas le dire. Jentendais Bruno Le MAIRE hier qui critiquait mes propos, en disant que cétait je ne sais quelle élucubration, moi je voudrais dailleurs que la droite
PATRICK COHEN
Il a dit quil était effaré par
PIERRE MOSCOVICI
Que la droite, que lUMP ne soit pas sans arrêt en train de saper le moral des Français, et quon soit capables de se rassembler sur le redressement du pays, parce que cest ça qui compte.
PATRICK COHEN
Cest la droite qui plombe le moral des Français ?
PIERRE MOSCOVICI
Non, ce nest pas ce que je veux dire cest que quand arrive une reprise et elle est là plutôt que de dire « non, non, ça nexiste pas », plutôt que daller fouailler les inquiétudes ou les angoisses ou les craintes du déclassement, il faut se mobiliser, tout le pays doit se mobiliser. Le redressement du pays, le redressement de ses finances publiques, le redressement de son appareil productif, le redémarrage de linvestissement, voilà ce qui doit nous mobiliser. Et je voudrais quon ait aussi une droite responsable, parce que si tout le monde est en train de se déplorer, si on nest pas capables de se mobiliser, alors à ce moment-là cest vrai, beaucoup délecteurs se tournent vers le Front National qui est le réceptacle de toutes les inquiétudes. La France se redresse.
PATRICK COHEN
Pierre MOSCOVICI, on parle de PEUGEOT CITROEN et de ce groupe chinois DONGFENG qui pourrait devenir le premier actionnaire de PSA devant la famille PEUGEOT, à quelles conditions lEtat français pourrait-il laisser faire ?
PIERRE MOSCOVICI
Je ne vais pas faire ce genre de commentaire ici. Ce que je veux dire simplement cest que lEtat ne se désintéresse pas de PEUGEOT, de PSA, il la montré. Il y a quelques mois, nous avons accordé ce quon appelle « une garantie dEtat » pour soutenir la banque de PSA Finance, ce qui permet de vendre des voitures, de financer lexpansion du groupe, il y a un comité de garantie, et donc nous sommes investis là-dedans. PEUGEOT, ce nest pas un mystère, est en train de chercher des partenariats industriels, il en a déjà construits dailleurs avec 2 grands partenaires, avec GENERAL MOTORS, constructeur américain, avec DONGFENG, constructeur chinois. Ce qui compte cest en effet que PSA puisse pour consolider sa situation nourrir, travailler
PATRICK COHEN
Modifier
PIERRE MOSCOVICI
Développer ces partenariats
PATRICK COHEN
Son actionnariat.
PIERRE MOSCOVICI
Non, cest exactement le contraire de ce que je vous dis
PATRICK COHEN
Lactionnariat nest pas en question aujourdhui ?
PIERRE MOSCOVICI
Le préalable la situation financière de PSA nest pas une situation qui est une situation de difficulté, ça a été montré il y a quelques mois. Ce que je dis cest que ce qui doit précéder tout, cest la réflexion industrielle, cest les partenariats industriels, cest la production. Vous savez, je connais bien cette entreprise, il se trouve que je suis moi-même élu du pays de Montbéliard, où dans ma circonscription il y a une usine qui sappelle « le centre de production de PSA » à Sochaux et donc, nous suivons ça de près. Mais ce qui compte avant tout, cest la logique industrielle.
PATRICK COHEN
Bon ! Vous ne confirmez pas le scénario dune entrée conjointe des Chinois et de lEtat français dans le capital de PSA ?
PIERRE MOSCOVICI
Non, non, je vous dis que ce qui doit tout précéder, ce qui doit être le préalable de tout, cest la logique industrielle.
PATRICK COHEN
Mais il y avait bien des représentants de votre administration en Chine ce week-end !
INTERVENANT
Il y a bien une banque daffaires MERRILL LYNCH qui vous conseille sur ce dossier !
PIERRE MOSCOVICI
Mais encore une fois je vous lai dit, nous sommes tout à fait investis dans le sort de cette entreprise. Je vous rappelle que nous avons accordé une garantie, nous le gouvernement mais nous lEtat, nous les Français de 7 milliards deuros à la banque PSA Finance, pour que celle-ci puisse alors quelle était menacée continuer davoir accès au marché et permettre le développement de ce groupe, lirrigation de ses structures productives.
PATRICK COHEN
Et ça pourrait aller plus loin !
PIERRE MOSCOVICI
Je viens de vous répondre.
PATRICK COHEN
Pas vraiment.
PIERRE MOSCOVICI
Tout à fait.
PATRICK COHEN
Non, je ne crois pas
PIERRE MOSCOVICI
Complètement.
PATRICK COHEN
Mais cest dommage parce quon attend un communiqué de PSA ce matin qui va préciser les choses, donc cest dommage que vous ne vouliez pas aller plus loin sur
PIERRE MOSCOVICI
Non, non, je vous assure, ne prenez pas les choses comme ça parce quon parle tout de même de société cotée, et on parle de lavenir industriel dune très grande entreprise qui emploie près de 100.000 personnes en France. Et cest à ça que je pense, et je pense avant tout encore une fois au partenariat industriel, cest ça quil faut consolider. Je rappelle quils existent déjà et quils peuvent peut-être se développer, et avec GENERAL MOTORS et avec DONGFENG.
PATRICK COHEN
Les collectivités locales dépensent trop, la dérive financière continue, va redire la COUR DES COMPTES dans un rapport très attendu qui sera publié ce matin. Elle a raison Pierre MOSCOVICI ?
PIERRE MOSCOVICI
Ecoutez ! Dans ce pays de toute façon, nous sommes engagés dans un processus de modernisation de laction publique, et il est nécessaire avec Bernard CAZENEUVE demain, je présenterai le projet de loi de finance à lAssemblée nationale. Et ce projet, il est basé il est tourné vers la croissance et lemploi, il est basé avant tout et surtout sur le fait que nous devons faire des économies dans les dépenses publiques. Il y aura 15 milliards deuros déconomie qui seront proposés pour lannée 2014, qui se répartiront à 9 milliards pour lEtat dont les collectivités locales, en tout cas les concours que nous leur apportons ; et 6 milliards pour la Sécurité sociale. Et donc cet effort, qui est un effort dévaluation dabord, de modernisation ensuite, il doit toucher tous les niveaux daction publique et il doit le faire pour quoi, pour améliorer la qualité des services publics
PATRICK COHEN
Est-ce quil faut limiter
PIERRE MOSCOVICI
Pas seulement pour réduire le déficit.
PATRICK COHEN
Lautonomie financière des collectivités locales ?
PIERRE MOSCOVICI
Non, je pense quil faut rester dans un pays dans lequel la décentralisation respire. Vous savez, jai moi-même présidé une collectivité locale et je sais à quel point
PATRICK COHEN
Elle respire mais elle coûte cher, daprès beaucoup de rapports.
PIERRE MOSCOVICI
Je sais à quel point elles sont nécessaires aussi les collectivités locales, linvestissement. Ne soyons pas dans la caricature de nos collectivités locales, il y a là des élus qui se dévouent au bien commun, il y a surtout une action très importante pour le tissu économique. Et si on veut résister à la crise, il faut aussi des collectivités locales solides. Cela dit, elles ne doivent pas non plus échapper à cette logique de bonne gestion.
PATRICK COHEN
Et comment on fait alors, on les responsabilise ?
PIERRE MOSCOVICI
Encore une fois ben oui, cest la responsabilisation et cest aussi le fait que dans le cadre encore une fois des économies que jévoquais, lEtat fait supporter à lensemble des niveaux daction publique la politique économique qui est nécessaire.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 octobre 2013