Déclaration de Mme Sylvia Pinel, ministre de l'artisanat, du commerce et du tourisme, sur la place du tourisme dans la stratégie de redressement économique du pays, Toulon le 10 octobre 2013.

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Circonstance : 48ème Congrès national du Renatour (Réseau national tourisme), à Toulon les 10 et 11 octobre 2013

Texte intégral

Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les présidents,
Mesdames et messieurs,
C’est avec beaucoup de plaisir que je suis aujourd’hui avec vous pour ouvrir ce 48ème congrès national du Renatour et je tiens à vous remercier tous pour votre accueil chaleureux dans votre si beau département et dans cette ville de Toulon que je retrouve avec plaisir dans ce beau théâtre.
Vous l’avez souligné, cher André Marcon, c’est la première fois qu’un ministre se rend à votre congrès. Et je me réjouis d’autant plus que le sujet qui nous rassemble est important et que j’attache énormément à la proximité, et l’élue locale que je suis le sait pertinemment.
C’est bien la preuve que le rapport au tourisme est en train de changer, vers plus de considération et une meilleure prise en compte de ce secteur essentiel au redressement économique de notre pays.
C’est aussi le lien, le trait d’union entre deux activités de mon périmètre commerce et tourisme – tourisme et commerce et nos liens avec les Chambres de commerce et d’industrie. C’est la bataille que je mène depuis plus d’un an, celle du développement du tourisme pour la croissance et pour l’emploi.
En effet, si le président de la République a élevé la question du tourisme au rang de « Grande Cause Nationale », alors que le Gouvernement livre une bataille acharnée pour l’emploi et pour la croissance, c’est bien parce que c’est une politique majeure pour notre économie nationale et pour notre attractivité.
La France, vous le savez, est la première destination touristique au monde ; chaque année, ce sont plus de 80 millions de visiteurs qui sont accueillis sur notre territoire. C’est donc une véritable industrie qui emploie plus de deux millions de personnes et qui représente plus de 7 % de notre PIB.
C’est plus que le secteur automobile !
Ce secteur dans lequel vous travaillez est un secteur dynamique qui crée des emplois, qui doit attirer la jeunesse et qui contribue pleinement au redressement économique de la France !
Ici dans le Var, le tourisme représente plus de 9 % de la richesse créée dans le département, soit 2,3 milliards d’euros.
Et pourtant notre pays n’occupe que le troisième rang lorsque l’on regarde les retombées économiques ; un peu plus 55 milliards d’euros, ce qui la place derrière l’Espagne dans les destinations européennes.
Les raisons à cela, nous les connaissons : la France est un carrefour dans l’Europe que beaucoup ne font que traverser, les séjours sont trop courts, les circuits européens pas suffisamment élaborés qui concentrent trop sa fréquentation sur deux régions, l’Ile-de-France et PACA.
Et pourtant, notre territoire présente de nombreux atouts et de grandes richesses ! Vous les connaissez bien ici dans le 1er département touristique après Paris.
Notre culture, notre patrimoine, notre gastronomie, nos 44 000 monuments historiques, nos 21 000 km d’aménagements cyclables, nos paysages de mer, de montagne, de campagne ; rien ne nous fait défaut pour que nous réussissions à développer ensemble une offre touristique capable d’apporter à la France des retombées économiques qui correspondent à sa place de première destination mondiale.
Ce qui nous manque en revanche - et c’est une conviction qui guide l’ensemble de ma politique - c’est une véritable collaboration et coordination entre les différents acteurs du tourisme qui leur permette de bâtir, à partir de l’identité et des capacités du territoire qu’ils partagent, une proposition touristique lisible et visible et une véritable stratégie pour son développement.
C’est pourquoi je me réjouis du thème de votre congrès cette année : « Réussir la chaîne du tourisme, pour une meilleure attractivité des territoires ». Il s’agit bien de l’enjeu principal auquel le tourisme français est aujourd’hui confronté.
Au niveau territorial, la filière touristique doit se fédérer. Le tourisme est une compétence partagée entre les différentes collectivités territoriales : Régions et Comités Régionaux du Tourisme, départements et Comités Départementaux du Tourisme, communes et Offices du Tourisme.
Par ailleurs, les structures de coopération intercommunales peuvent également avoir dans leurs champs de compétence certains aspects impactant la politique touristique locale.
Les acteurs privés sont eux aussi encore trop dispersés et pas assez structurés. Je compte sur les CCI pour être les relais de cette politique auprès des professionnels.
Vous êtes à la frontière entre les sphères publiques et privés, et vous avez, à l’échelle d’un territoire, la compétence technique pour faire travailler ensemble tous les acteurs traditionnels du tourisme, mais aussi pour inviter d’autres filières qui contribuent au développement touristique, comme par exemple les transports ou la culture et bien d’autres. Car beaucoup de secteurs d’activité ont un rôle majeur à jouer pour le développement de l’attractivité touristique de la France.
J’ai bien entendu, monsieur le Président, le souhait des CCI de s’impliquer davantage dans cette politique et je vous en remercie. Les mois qui viennent nous seront utiles pour formaliser cette montée en puissance de la politique touristique et je souhaite vous impliquer pleinement dans les contrats de destination, comme j’ai déjà pu le faire dans ceux qui sont en cours de finalisation.
On peut d’ailleurs constater que l’action des CCI dans le domaine du développement du tourisme est particulièrement efficace. Je pense par exemple aux dispositifs qui ont été expérimentés ici dans le Var, comme par exemple le Club Qualivar ou le déploiement de la charte de confiance dans plusieurs départements via le réseau des CCI et grâce au soutien du conseil régional.
Je pense également au niveau national au projet High Hospitality porté par CCI France depuis février dernier pour améliorer la qualité de l’accueil de nos destinations touristiques, à travers des actions de sensibilisation et de formation à la culture de service des professionnels en lien étroit avec mes services et je souhaite que nous puissions poursuivre cette fructueuse collaboration.
L’ambition du gouvernement - je sais que c’est aussi la vôtre - est de rendre plus visible la gouvernance du tourisme, de créer des synergies profitables à tous.
C’est ainsi que tous ensemble nous contribuerons à un meilleur équilibre territorial entre les destinations françaises. Il s’agit là d’un enjeu essentiel pour la France, mieux équilibrer la répartition des flux touristiques, entre les territoires, et même au sein des territoires comme ici dans le Var entre le littoral et l’arrière-pays.
En coordonnant les actions de différents partenaires, en renforçant la visibilité des offres, nous pouvons mettre en place une force de frappe beaucoup plus importante qu’aujourd’hui et allonger la durée des séjours.
Je souhaite pour cela privilégier le déploiement des contrats de destination pour fédérer les différents acteurs sur la base d’une destination touristique clairement identifiée et cohérente qui puisse transcender les découpages administratifs.
J’en ai déjà signé deux, et près de trente sont aujourd’hui en cours d’élaboration.
Il s’agit là d’une priorité car si nous voulons être forts, attractifs et compétitifs, nous devons mutualiser les énergies et travailler davantage dans une direction commune.
Je souhaite en particulier que les acteurs privés soient totalement impliqués dans ces contrats de destination, qui ne sont pas une nouvelle manière de nommer un schéma départemental ou régional, mais bien un engagement, entre l’Etat, les collectivités et les professionnels du tourisme, que ce soit de l’hôtellerie, de la restauration, de la culture, des transports, des loisirs, l’environnement, l’agriculture, les commerces, l’artisanat, les grands sites, le développement durable, d’établir ensemble des priorités et des objectifs et d’élaborer une feuille de route partagée.
Et les pouvoirs publics, tout comme les réseaux d’accompagnement comme celui des CCI, ont un rôle crucial à jouer pour aider ces entreprises à anticiper les évolutions auxquelles elles doivent faire face.
Le Gouvernement mène actuellement une politique de redressement économique du pays qui concerne tous les secteurs, et toutes les entreprises.
La BPI a aussi été pensée et conçue pour répondre aux besoins de financement des PME et TPE. J’ai veillé à ce que cette nouvelle banque publique puisse être accessible aux plus petites entreprises. La mise en place en janvier dernier d’un fonds de garantie de 500 millions d’euros doit permettre d’apporter des réponses aux difficultés de trésorerie. Nous avons maintenant un outil efficace, au service des entreprises.
Vous avez pu le constater, compétitivité économique, compétitivité sociale, efficacité économique, solidarité, vont de pair. C’est la conviction du gouvernement et tout le sens de la politique que nous menons.
Les entreprises de tourisme bénéficieront bien sûr pleinement de toutes ces mesures.
Et parce que le secteur du tourisme recèle un potentiel d’emplois important, le gouvernement a décidé d’ouvrir les emplois d’avenir aux entreprises privées.
Avec Michel Sapin, nous avons écrit aux préfets pour leur demander de se mobiliser en faveur du tourisme, et je veillerai dans les mois qui viennent à ce que les résultats soient au rendez-vous.
Dans la bataille pour l’emploi que mène le gouvernement, et pour atteindre l’objectif fixé par le Président de la République d’inverser la courbe du chômage avant la fin de l’année 2013, j’en suis convaincue, les entreprises du tourisme ont un rôle essentiel à jouer.
Et là encore, je compte bien évidemment sur le réseau des CCI pour nous aider à faire connaître ces dispositifs et orienter les entreprises vers les mesures les plus adaptées à leur situation. Vous êtes des partenaires essentiels pour informer, guider, accompagner les entreprises sur le terrain ; et c’est ensemble que nous remettrons la France sur le chemin de la croissance et de l’emploi.
Malgré la crise dont nous commençons à sortir, il y a un chiffre qui porte en lui toutes les promesses à venir : celui de la croissance du secteur du tourisme à l’échelle mondiale.
Comme l’a indiqué l’OMT, le tourisme dans le monde confirme encore cette année sa bonne santé avec un potentiel de 3 à 4 % de croissance annuelle pour 2013. L’année dernière, nous avions même dépassé pour la première fois le nombre d’un milliard d’arrivées de touristes internationaux dans le monde !
Et je sais que, pour que nos entreprises françaises puissent pleinement profiter de ces opportunités nous devons avant même de les inclure dans une politique globale de développement du tourisme, répondre à des préoccupations récurrentes : je pense aux difficultés de trésorerie, à l’évolution de la réglementation, à celle du marché du travail.
J’ai annoncé ce matin les chiffres provisoires de l’INSEE du tourisme cet été et je vous confirme bien que, la fréquentation dans l'ensemble des hébergements marchands est en croissance par rapport à l’an passé, d'au moins 1,5 % en juillet et d'au moins 3 % en août. De plus, si la croissance est avant tout tirée par les touristes étrangers, globalement, la fréquentation des Français n’a pas reculé cet été : + 0,5 % en juillet et de l’ordre de 2 % en août dans l’ensemble.
Mais ces bons chiffres recouvrent des réalités disparates, car nous avons assisté à un recul des nuitées dans l’hôtellerie en juillet, compensé par la hausse de 3,3 % en août. Dans les campings, la hausse est de 2,0 % en juillet et serait de 3,3 % en août.
On le voit bien, malgré la crise, le secteur du tourisme continue de se développer, même si des disparités territoriales jouent sur le ressenti des professionnels en fonction des destinations.
Mais pour en profiter, les entreprises du tourisme doivent réinventer leurs modèles économiques, prendre enfin résolument la voie de l’innovation et du numérique.
Ce sujet est aujourd’hui au coeur de l’actualité avec la question des pratiques des centrales de réservation qui ont fait l'objet d'un avis de la commission d'examen des pratiques commerciales. Si des dispositions sont illégales, elles doivent être condamnées en tant que telles. De nombreux professionnels me font remonter des difficultés.
Mais nous ne devons pas non plus nier les services rendus par les centrales de réservation en ligne, dont les professionnels reconnaissent qu’elles apportent de nouvelles clientèles, atténuent la saisonnalité et leur offrent une visibilité internationale qu’ils n’auraient pas pu avoir seuls.
Je souhaite que l’ensemble de ces acteurs puisse trouver le moyen de développer des relations équilibrées et favorables au développement de tous.
Cette question montre bien que l’enjeu du numérique et de l’innovation est au coeur de l’avenir du tourisme qu'il s'agisse des hôteliers ou des restaurateurs, du monde des loisirs, de la culture. La filière doit s'unir pour proposer des nouveaux services, des nouvelles prestations, des nouvelles activités à destination des visiteurs.
L’autre enjeu c’est celui de l’offre, qui doit être innovante, diversifiée, attractive et permettre à nos visiteurs de vivre en France les expériences qu’ils viennent y chercher, car c’est aussi par l’innovation et la modernisation de notre offre et la recherche de synergie avec le commerce et la culture que nous réussirons à augmenter les retombées économiques liées au tourisme.
Les professionnels du tourisme sont les ambassadeurs de notre pays, et ils doivent incarner ce style France qui fait notre renommée.
Voici, Mesdames et Messieurs, ce que je souhaitais vous dire aujourd’hui. De nombreux enjeux nous attendent, qu’ils soient économiques, sociaux, ou organisationnels, nous devons ensemble renforcer le rayonnement de la France.
Ce sont là de grandes et belles ambitions qui se présentent à nous et je sais pouvoir compter sur votre engagement et votre mobilisation.
Chacun à notre place, nous avons notre part à assumer pour redonner toutes ses chances à notre pays.
Chacun à notre place, nous devons conjuguer nos efforts et nous mettre au service d’un objectif qui nous dépasse. Il s’agit de redresser notre économie, de renforcer notre image, notre positionnement. Il s’agit de préparer et de réussir l’avenir de la France !
Source http://www.artisanat-commerce-tourisme.gouv.fr, le 16 octobre 2013