Texte intégral
STEPHANE CARPENTIER
Le ministre de la Défense est actuellement dans l'avion avec les quatre ex-otages Français à destination de Paris mais, juste avant le décollage et après une première nuit de liberté pour nos compatriotes, Jean-Michel APHATIE a pu enregistrer une interview avec Jean-Yves LE DRIAN.
JEAN-MICHEL APHATIE
Il est 6 h à Paris, 6 h aussi à Niamey (au Niger) où vous vous trouvez maintenant
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui !
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous allez embarquer dans quelques instants dans l'avion qui vous ramènera en France avec les quatre Français libérés hier, ils ont été retenus près de trois ans en otages, Thierry DOL, Daniel LARRIBE, Mac FÉRET, Pierre LEGRAND seront dans quelques heures à Paris. Vous avez passé la nuit avec eux, enfin une partie de la soirée d'hier avec eux, comment vont-ils ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Ecoutez, lorsqu'on les a retrouvés à la sortie de l'hélicoptère de l'armée nigérienne à l'aéroport de Niamey, ils étaient un peu choqués, un peu hébétés de retrouver ainsi des gens en nombre,, la vie sociale, tout cela c'était évidemment extrêmement perturbant et puis, après avoir passé les visites médicales, s'être douchés, s'être reposés, nous avons dîné avec Laurent FABIUS et eux en petit cercle hier soir, là, progressivement, la vie sociale revenait, ils parlaient et je les tourne en forme - enfin autant qu'on puisse l'être après une telle épreuve - au bout de trois ans de réclusion. Mais
JEAN-MICHEL APHATIE
Ils ont raconté un peu leur détention, on l'a souvent définie comme très dure, vous le confirmez ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui ! Oui et non, enfin il faudra leur demander de raconter, mais ils ont fait part des conditions de détention qui ont varié au fur et à mesure des mois et des évènements parce qu'ils nont pas toujours été au même endroit mais ils déclarent avoir été bien traités, autant qu'on puisse l'être dans des conditions aussi rudes que sont les environnements désertiques du Nord Mali.
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est ça ! Vous confirmez, Jean-Yves LE DRIAN, qu'ils étaient détenus dans le Nord Mali
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui !
JEAN-MICHEL APHATIE
Par un groupe d'Al-Qaïda Maghreb Islamique ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Par les groupes d'Al Qaïda Maghreb Islamique effectivement, ça toujours été ce groupe qui a revendiqué l'enlèvement et qui les a gardés jusqu'à la fin.
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est un groupe, Al-Qaïda Maghreb Islamique, un groupe qui mène une politique très agressive vis-à-vis de la France...
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui !
JEAN-MICHEL APHATIE
Pourquoi cette libération a-t-elle été décidée par eux ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Eh bien ils sont en même temps des otages depuis de nombreuses années, à un moment il est sans doute difficile même pour des groupes de ce type de continuer à itinérer avec des otages qui font l'objet de très nombreuses recherches et donc on a eu de nombreuses initiatives au cours des trois années, enfin en ce qui me concerne depuis seize mois, à la demande de François HOLLANDE pour essayer de trouver des solutions d'extraction ou d'intervention, plusieurs ont failli aboutir, donc AQMI savait que notre détermination resterait intacte jusqu'à la fin. Il y a eu l'initiative du président ISSOUFOU, qui en raison de sa connaissance, ses relais et sa méthode, nous a permis d'aboutir. J'ai compris hier que le président ISSOUFOU se sentait, d'une certaine manière, un peu responsable de la fin de l'histoire parce qu'ils avaient été enlevés au Niger et, donc, il estimait que le Niger avait une forme de responsabilité et donc que c'est son action qui a été déterminante.
JEAN-MICHEL APHATIE
On imagine qu'une telle libération ait obtenu contre quelque chose, il y a des contreparties, on ne sait pas lesquelles et vous ne le direz sans doute pas, mais il y a des contreparties quand une libération comme celle-là intervient ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Oh ! Mais, là, il sagit d'une initiative d'état, l'état du Niger, qui, par sa méthode, par ses réseaux, par son histoire, a les moyens de rencontres, de discussions, qui étaient indispensables pour qu'il y ait une sortie des otages avec la vie sauve.
JEAN-MICHEL APHATIE
La presse a écrit ici ce matin à Paris que AREVA a négocié la libération, peut-être payé une rançon puisque ces quatre personnes étaient salariés d'AREVA ?
JEAN-YVES LE DRIAN
C'est le Oh ! Vous savez dans cette période l'imagination est fertile, extrêmement fertile, moi je m'en tiens à ce que j'ai vécu pour avoir été aux premières loges de tout cela, c'est ISSOUFOU qui a fait des initiatives majeures et qui a lui-même pris en main la libération des otages.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et donc pas de rançon ou en tout cas
JEAN-YVES LE DRIAN
La France a toujours eu la même ligne depuis trois ans, on ne paie pas, parce qu'autrement on rentre dans une autre logique.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ces quatre Français se trouvaient-ils dans les montagnes du Nord Mali quand l'armée française y a mené son offensive au printemps dernier, Jean-Yves LE DRIAN ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Ils l'étaient au départ ! Nous savions qu'ils étaient dans cet ensemble-là, mais qui est extrêmement vaste, et parfois les citoyens en France peuvent nous dire : mais comment ça se fait qu'une armée aussi nombreuse sur le territoire, parce que nous étions à peu près près de cinq mille, n'arrive à pas trouver ? Mais c'est extrêmement vaste ! Moi je m'y suis rendu plusieurs fois, y compris dans l'Adrar des Ifoghas, j'ai constaté hier soir en recoupant des informations que les otages commençaient à se remémorer, parce qu'il faut aussi qu'ils se remémorent trois années comme cela, qu'à deux ou trois reprises nous avions failli les libérer. Voilà ! Mais, bon, ça n'a pas été le cas.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ce printemps ? Ce printemps vous avez failli les libérer...
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui ! Ce printemps, oui.
JEAN-MICHEL APHATIE
Pendant l'offensive qu'a menée la belle armée française ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Eh bien, après, ils sont partis très, très profondément dans le désert - complètement vers l'Ouest - et c'est là qu'ils se trouvaient in fine.
JEAN-MICHEL APHATIE
D'autres Français demeurent en otages
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui !
JEAN-MICHEL APHATIE
Parmi eux je voudrais juste évoquer Serge LAZAREVIC qui a été arrêté au Mali il y a pratiquement deux ans, sa fille, Diane LAZAREVIC, a peur qu'on l'oublie, qu'on se mobilise moins peut-être pour lui. Que lui dites-vous, Jean-Yves LE DRIAN ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Oh ! Mais moi je comprends à la fois sa tristesse et son angoisse ce matin mais je comprends aussi l'angoisse des autres familles d'otages, parce qu'il n'y a pas que LAZAREVIC, il y a d'autres otages encore ailleurs, deux en Sahel, un au Nigeria et quatre en Syrie - et donc des journalistes cela veut dire que le président François HOLLANDE est tout à fait déterminé à mener toutes les actions nécessaires pour libérer tous les otages, pour chaque cas l'initiative est différente.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous demeurez mobilisés pour les libérer ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Absolument ! Moi je n'aurai de cesse comme ministre de la Défense d'aboutir à ce que l'ensemble soit libéré. Alors c'est très compliqué, chaque cas est particulier, ce ne sont jamais les mêmes réseaux, il ne faut pas se tromper, bref ça demande beaucoup de discrétion.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 novembre 2013
Le ministre de la Défense est actuellement dans l'avion avec les quatre ex-otages Français à destination de Paris mais, juste avant le décollage et après une première nuit de liberté pour nos compatriotes, Jean-Michel APHATIE a pu enregistrer une interview avec Jean-Yves LE DRIAN.
JEAN-MICHEL APHATIE
Il est 6 h à Paris, 6 h aussi à Niamey (au Niger) où vous vous trouvez maintenant
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui !
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous allez embarquer dans quelques instants dans l'avion qui vous ramènera en France avec les quatre Français libérés hier, ils ont été retenus près de trois ans en otages, Thierry DOL, Daniel LARRIBE, Mac FÉRET, Pierre LEGRAND seront dans quelques heures à Paris. Vous avez passé la nuit avec eux, enfin une partie de la soirée d'hier avec eux, comment vont-ils ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Ecoutez, lorsqu'on les a retrouvés à la sortie de l'hélicoptère de l'armée nigérienne à l'aéroport de Niamey, ils étaient un peu choqués, un peu hébétés de retrouver ainsi des gens en nombre,, la vie sociale, tout cela c'était évidemment extrêmement perturbant et puis, après avoir passé les visites médicales, s'être douchés, s'être reposés, nous avons dîné avec Laurent FABIUS et eux en petit cercle hier soir, là, progressivement, la vie sociale revenait, ils parlaient et je les tourne en forme - enfin autant qu'on puisse l'être après une telle épreuve - au bout de trois ans de réclusion. Mais
JEAN-MICHEL APHATIE
Ils ont raconté un peu leur détention, on l'a souvent définie comme très dure, vous le confirmez ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui ! Oui et non, enfin il faudra leur demander de raconter, mais ils ont fait part des conditions de détention qui ont varié au fur et à mesure des mois et des évènements parce qu'ils nont pas toujours été au même endroit mais ils déclarent avoir été bien traités, autant qu'on puisse l'être dans des conditions aussi rudes que sont les environnements désertiques du Nord Mali.
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est ça ! Vous confirmez, Jean-Yves LE DRIAN, qu'ils étaient détenus dans le Nord Mali
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui !
JEAN-MICHEL APHATIE
Par un groupe d'Al-Qaïda Maghreb Islamique ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Par les groupes d'Al Qaïda Maghreb Islamique effectivement, ça toujours été ce groupe qui a revendiqué l'enlèvement et qui les a gardés jusqu'à la fin.
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est un groupe, Al-Qaïda Maghreb Islamique, un groupe qui mène une politique très agressive vis-à-vis de la France...
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui !
JEAN-MICHEL APHATIE
Pourquoi cette libération a-t-elle été décidée par eux ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Eh bien ils sont en même temps des otages depuis de nombreuses années, à un moment il est sans doute difficile même pour des groupes de ce type de continuer à itinérer avec des otages qui font l'objet de très nombreuses recherches et donc on a eu de nombreuses initiatives au cours des trois années, enfin en ce qui me concerne depuis seize mois, à la demande de François HOLLANDE pour essayer de trouver des solutions d'extraction ou d'intervention, plusieurs ont failli aboutir, donc AQMI savait que notre détermination resterait intacte jusqu'à la fin. Il y a eu l'initiative du président ISSOUFOU, qui en raison de sa connaissance, ses relais et sa méthode, nous a permis d'aboutir. J'ai compris hier que le président ISSOUFOU se sentait, d'une certaine manière, un peu responsable de la fin de l'histoire parce qu'ils avaient été enlevés au Niger et, donc, il estimait que le Niger avait une forme de responsabilité et donc que c'est son action qui a été déterminante.
JEAN-MICHEL APHATIE
On imagine qu'une telle libération ait obtenu contre quelque chose, il y a des contreparties, on ne sait pas lesquelles et vous ne le direz sans doute pas, mais il y a des contreparties quand une libération comme celle-là intervient ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Oh ! Mais, là, il sagit d'une initiative d'état, l'état du Niger, qui, par sa méthode, par ses réseaux, par son histoire, a les moyens de rencontres, de discussions, qui étaient indispensables pour qu'il y ait une sortie des otages avec la vie sauve.
JEAN-MICHEL APHATIE
La presse a écrit ici ce matin à Paris que AREVA a négocié la libération, peut-être payé une rançon puisque ces quatre personnes étaient salariés d'AREVA ?
JEAN-YVES LE DRIAN
C'est le Oh ! Vous savez dans cette période l'imagination est fertile, extrêmement fertile, moi je m'en tiens à ce que j'ai vécu pour avoir été aux premières loges de tout cela, c'est ISSOUFOU qui a fait des initiatives majeures et qui a lui-même pris en main la libération des otages.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et donc pas de rançon ou en tout cas
JEAN-YVES LE DRIAN
La France a toujours eu la même ligne depuis trois ans, on ne paie pas, parce qu'autrement on rentre dans une autre logique.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ces quatre Français se trouvaient-ils dans les montagnes du Nord Mali quand l'armée française y a mené son offensive au printemps dernier, Jean-Yves LE DRIAN ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Ils l'étaient au départ ! Nous savions qu'ils étaient dans cet ensemble-là, mais qui est extrêmement vaste, et parfois les citoyens en France peuvent nous dire : mais comment ça se fait qu'une armée aussi nombreuse sur le territoire, parce que nous étions à peu près près de cinq mille, n'arrive à pas trouver ? Mais c'est extrêmement vaste ! Moi je m'y suis rendu plusieurs fois, y compris dans l'Adrar des Ifoghas, j'ai constaté hier soir en recoupant des informations que les otages commençaient à se remémorer, parce qu'il faut aussi qu'ils se remémorent trois années comme cela, qu'à deux ou trois reprises nous avions failli les libérer. Voilà ! Mais, bon, ça n'a pas été le cas.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ce printemps ? Ce printemps vous avez failli les libérer...
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui ! Ce printemps, oui.
JEAN-MICHEL APHATIE
Pendant l'offensive qu'a menée la belle armée française ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Eh bien, après, ils sont partis très, très profondément dans le désert - complètement vers l'Ouest - et c'est là qu'ils se trouvaient in fine.
JEAN-MICHEL APHATIE
D'autres Français demeurent en otages
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui !
JEAN-MICHEL APHATIE
Parmi eux je voudrais juste évoquer Serge LAZAREVIC qui a été arrêté au Mali il y a pratiquement deux ans, sa fille, Diane LAZAREVIC, a peur qu'on l'oublie, qu'on se mobilise moins peut-être pour lui. Que lui dites-vous, Jean-Yves LE DRIAN ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Oh ! Mais moi je comprends à la fois sa tristesse et son angoisse ce matin mais je comprends aussi l'angoisse des autres familles d'otages, parce qu'il n'y a pas que LAZAREVIC, il y a d'autres otages encore ailleurs, deux en Sahel, un au Nigeria et quatre en Syrie - et donc des journalistes cela veut dire que le président François HOLLANDE est tout à fait déterminé à mener toutes les actions nécessaires pour libérer tous les otages, pour chaque cas l'initiative est différente.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous demeurez mobilisés pour les libérer ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Absolument ! Moi je n'aurai de cesse comme ministre de la Défense d'aboutir à ce que l'ensemble soit libéré. Alors c'est très compliqué, chaque cas est particulier, ce ne sont jamais les mêmes réseaux, il ne faut pas se tromper, bref ça demande beaucoup de discrétion.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 novembre 2013