Texte intégral
Le Parti communiste a fixé hier la ligne à ne pas franchir par la France: il ne s'associera pas à une offensive terrestre de l'Otan en Yougoslavie. Dans ce cas le PC prendrait "toutes ses responsabilités", affirme Robert Hue. La tête de liste communiste aux européennes, qui animera un meeting aujourd'hui à Nîmes (19 heures à Holliday-In), brandit la menace à peine voilée d'une démission du gouvernement. Interview.
Midi Libre: Vous êtes aujourd'hui à Nîmes, une étape de votre tour de France, pour promouvoir votre liste pour les européennes. Comment réagit l'opinion?
Robert Hue: A ma grande surprise, l'opinion ne se démobilise pas parce qu'elle est davantage préoccupée des conséquences du Kosovo que de l'actuelle campagne des européennes. Je rencontre partout des assistances nombreuses qui vont bien au-delà des militants politiques.
Les gens sont très attentifs et émus à propos du Kosovo. Ils veulent connaître précisément notre position sur ce sujet. Elle est claire. Notre première pensée va aux centaines de milliers de Kosovars jetés sur les routes de l'exil dans des conditions épouvantables. Nous participons à l'élan de solidarité qui fait l'honneur du peuple français.
Puis nous faisons ce constat: 27 jours après leur début, ces bombardements n'ont aucun effet sur Milosevic. La purification ethnique s'est amplifiée. Rien n'est réglé.
Fallait-il ne rien dire?
Le pacifisme bêlant n'est pas ma tasse de thé! Je sais qu'intervenir est parfois nécessaire mais l'intervention actuelle débouche sur une impasse dramatique. Non seulement Milosevic n'est pas affaibli, mais il a renforcé ses pouvoirs.
Quant à son opposition, elle rase les murs quand, face aux bombardements, la population serbe se regroupe derrière le pouvoir.
"Le nationalisme de Slobodan Milosevic est tout le contraire du communisme"
Cette opposition ne dit-elle pas que Milosevic est un avatar du régime communiste défunt?
A la vérité, Milosevic est viscéralement anticommuniste. Pour s'emparer du pouvoir, il s'est d'abord attaqué aux communistes. L'idéologie qu'il développe, c'est le nationalisme, c'est-à-dire le contraire du communisme.
En attendant, les frappes continuent avec l'assentiment du gouvernement français que vous soutenez.
Nous les communistes, dans la majorité comme au gouvernement, nous pesons de toutes nos forces pour qu'une solution politique offre une issue pour sortir de l'impasse.
Mais jusqu'où le PC ne suivra-t-il pas le gouvernement?
Chacun comprend bien que les communistes ne peuvent accepter que la France soit entraînée dans l'engrenage que j'ai évoqué. Notre devoir est de dire avec la plus grande force ce que nous pensons et ce que nous proposons. Il y a be-soin d'un garde-fou contre des décisions qui conduiraient à l'enlisement dans les Balkans.
Une intervention terrestre nous placerait au bord de l'abîme. Les communistes prendraient alors leurs responsabilités.
Toutes leurs responsabilités?
Toutes !
Même si l'intervention terrestre a un objectif humanitaire?
C'est différent. Nous sommes pour une force d'interposition au Kosovo. Contre la partition. Pour un Kosovo pluri-ethnique autonome. Avec le retour des réfugiés, une zone démilitarisée après le retrait de l'armée serbe et de toutes les forces armées.
D'où la nécessité d'une force d'interposition internationale qui permettra de remettre en place les structures de sécurité nécessaires au retour d'une vie normale au Kosovo.
Vous êtes donc prêt à quitter le gouvernement si Lionel Jospin engageait la France dans une attaque terrestre au Kosovo?
Je suis convaincu que notre voix sera entendue. C'est la voix de la raison...
Qu'arriverait-il si Jacques Chirac suivait l'Otan dans cette offensive terrestre?
Cela deviendrait alors un problème de cohabitation entre le Premier ministre et le président de la République...
(source http://www.pcf.fr, le 8 février 2001)
Midi Libre: Vous êtes aujourd'hui à Nîmes, une étape de votre tour de France, pour promouvoir votre liste pour les européennes. Comment réagit l'opinion?
Robert Hue: A ma grande surprise, l'opinion ne se démobilise pas parce qu'elle est davantage préoccupée des conséquences du Kosovo que de l'actuelle campagne des européennes. Je rencontre partout des assistances nombreuses qui vont bien au-delà des militants politiques.
Les gens sont très attentifs et émus à propos du Kosovo. Ils veulent connaître précisément notre position sur ce sujet. Elle est claire. Notre première pensée va aux centaines de milliers de Kosovars jetés sur les routes de l'exil dans des conditions épouvantables. Nous participons à l'élan de solidarité qui fait l'honneur du peuple français.
Puis nous faisons ce constat: 27 jours après leur début, ces bombardements n'ont aucun effet sur Milosevic. La purification ethnique s'est amplifiée. Rien n'est réglé.
Fallait-il ne rien dire?
Le pacifisme bêlant n'est pas ma tasse de thé! Je sais qu'intervenir est parfois nécessaire mais l'intervention actuelle débouche sur une impasse dramatique. Non seulement Milosevic n'est pas affaibli, mais il a renforcé ses pouvoirs.
Quant à son opposition, elle rase les murs quand, face aux bombardements, la population serbe se regroupe derrière le pouvoir.
"Le nationalisme de Slobodan Milosevic est tout le contraire du communisme"
Cette opposition ne dit-elle pas que Milosevic est un avatar du régime communiste défunt?
A la vérité, Milosevic est viscéralement anticommuniste. Pour s'emparer du pouvoir, il s'est d'abord attaqué aux communistes. L'idéologie qu'il développe, c'est le nationalisme, c'est-à-dire le contraire du communisme.
En attendant, les frappes continuent avec l'assentiment du gouvernement français que vous soutenez.
Nous les communistes, dans la majorité comme au gouvernement, nous pesons de toutes nos forces pour qu'une solution politique offre une issue pour sortir de l'impasse.
Mais jusqu'où le PC ne suivra-t-il pas le gouvernement?
Chacun comprend bien que les communistes ne peuvent accepter que la France soit entraînée dans l'engrenage que j'ai évoqué. Notre devoir est de dire avec la plus grande force ce que nous pensons et ce que nous proposons. Il y a be-soin d'un garde-fou contre des décisions qui conduiraient à l'enlisement dans les Balkans.
Une intervention terrestre nous placerait au bord de l'abîme. Les communistes prendraient alors leurs responsabilités.
Toutes leurs responsabilités?
Toutes !
Même si l'intervention terrestre a un objectif humanitaire?
C'est différent. Nous sommes pour une force d'interposition au Kosovo. Contre la partition. Pour un Kosovo pluri-ethnique autonome. Avec le retour des réfugiés, une zone démilitarisée après le retrait de l'armée serbe et de toutes les forces armées.
D'où la nécessité d'une force d'interposition internationale qui permettra de remettre en place les structures de sécurité nécessaires au retour d'une vie normale au Kosovo.
Vous êtes donc prêt à quitter le gouvernement si Lionel Jospin engageait la France dans une attaque terrestre au Kosovo?
Je suis convaincu que notre voix sera entendue. C'est la voix de la raison...
Qu'arriverait-il si Jacques Chirac suivait l'Otan dans cette offensive terrestre?
Cela deviendrait alors un problème de cohabitation entre le Premier ministre et le président de la République...
(source http://www.pcf.fr, le 8 février 2001)