Conférence de presse et déclaration de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, sur la préparation d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU sur le conflit au Kosovo, la proposition française pour l'administration du Kosovo en lien avec une force de sécurité et sur les contacts diplomatiques russes et finlandais, Bruxelles le 17 avril 1999.

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Circonstance : Conseil affaires générales à Bruxelles (Belgique) le 17 mai 1999

Texte intégral

CONFERENCE DE PRESSE :
Je vais dire deux ou trois mots sur le programme. Il y a des points importants qui n'ont pas encore été discutés, concernant par exemple les questions de défense ou les Balkans.
Nous avons eu un déjeuner fort intéressant avec le président du Monténégro et maintenant, il y a un café avec M. Ibrahim Rugova. Ce sont deux bonnes initiatives de la présidence allemande, deux bonnes occasions de contact qui approfondissent notre connaissance de la situation.
Je vais vous dire deux ou trois mots sur nos discussions d'aujourd'hui notamment sur le Kosovo et les Balkans. Avant je vous dirai que nous espérons qu'il sortira des urnes israéliennes une bonne nouvelle pour le processus de paix.
Sur le Kosovo, nous sommes au travail pour la poursuite de la mise au point d'une résolution au Conseil de sécurité. C'est un travail qui se poursuit sans relâche. Nous travaillons à la fois entre Occidentaux en général ou Européens, et de façon plus concentrée avec les membres permanents du Conseil de sécurité. Nous menons un travail en amont et en concertation.
La prochaine étape sera mercredi la réunion des directeurs politiques des pays du G8 ; c'est notre priorité, notre tâche principale. C'est autour de cela que s'organise le travail diplomatique sur le Kosovo. Tous les contacts des uns et des autres, dans tous les sens, reviennent à un moment donné sur ce point.
J'ai fait proposer ce matin à la réunion des directeurs politiques que l'Union européenne mandate pour sa mission qui n'est pas encore mise en oeuvre, le président finlandais Ahtisaari pour qu'il soit mandaté également au nom de l'Union européenne pour son action qui devra s'inscrire dans un calendrier. C'est l'idée qui est retenue.
La question de l'administration future du Kosovo est un des points dont nous discutons au sein de l'Union européenne pour la préparation de la résolution. Il s'agit de mettre en oeuvre la proposition française qui avait été retenue par les chefs d'Etats et de gouvernements le 14 avril, qui serait que le Conseil de sécurité, lorsque nous arriverons à la résolution, confie à l'Union européenne le soin principal de cette future administration internationale transitoire du Kosovo. Nous allons en parler aujourd'hui et je vais proposer qu'un administrateur issu de l'Union européenne soit à la fois mandaté par celle-ci, par le Conseil de sécurité et par l'OSCE et soit assisté d'un comité de suivi dans lequel seront représentées toutes les organisations qui auront à faire un travail utile pour l'administration future du Kosovo. Je parle bien de l'administration civile, parce que c'est un problème tout à fait distinct de la question de la force, de son organisation, de sa composition et de son commandement.
J'ai noté dans les propos du président Djukanovic qu'il estimait qu'il fallait en rester à l'autonomie modèle "Rambouillet" tel qu'il avait été prévu. Il a redit son accord à cette formule, complétée par une force internationale qui assurerait la sécurité au Kosovo. Voilà les points concernant le travail au Kosovo qui est transversal à presque toutes les réunions que nous avons.
En ce qui concerne la question des Balkans, nous considérons que c'est une question très importante, pas uniquement à cause de l'affaire du Kosovo, mais une question importante en soi. C'est une région de l'Europe qui appelle une très vigoureuse politique pour y favoriser la sécurité, la démocratie, le développement, ce qui suppose une politique de très longue haleine. Cela nécessite de coordonner l'action de toutes les organisations qui à un titre ou à un autre peuvent avoir à intervenir dans les Balkans. Il faut éviter les doubles emplois et les concurrences inutiles. Il faut arriver à une approche régionalement cohérente qui, en même temps, soit du "sur-mesure" parce que chaque pays, pose des problèmes particuliers.
Nous estimons que l'Union européenne est placée de façon centrale pour des raisons évidentes, - politiques, géographiques, historiques -, pour inspirer l'ensemble de cette politique qui doit naturellement inclure également l'OSCE, l'OTAN, le HCR, les institutions financières internationales etc... C'est la conception française d'une politique européenne à long terme sur les Balkans, point d'application par excellence de ce que l'on appelle les "stratégies communes".
A partir de ces idées, nous jugeons bon le document préparé par la présidence allemande qui s'appelle "pacte de stabilité" - on peut choisir plusieurs termes, mais ce qui est important c'est le contenu. Nous trouvons qu'il est très utile que la présidence allemande ait convoqué une première réunion le 27 pour débattre de ces sujets avec l'ensemble de ceux qui sont intéressés et je peux vous dire que la France participera très activement au processus de conférence pour les Balkans. C'est un processus qu'il ne faut pas voir comme devant être réglé par une réunion, ce n'est pas une réunion d'experts ou une conférence de ministres qui va régler ce problème. C'est un processus : la stratégie commune est une stratégie globale et de longue haleine.
Ceci est un résumé de ce que je dirai cet après-midi. Il y a beaucoup de cohésion au sein de l'Union européenne sur ce point. Il faut qu'on s'organise simplement pour être le plus efficace possible étant donné qu'il y a déjà beaucoup de processus, d'initiatives, de conférences, avec des configurations variables de pays de la région. Il y a d'autre part une dizaine de plans ou de propositions différentes. C'est une discussion qui reste ouverte : nous allons avoir un échange à ce sujet aujourd'hui. La discussion va se poursuivre pour que cette démarche européenne s'enrichisse des apports et des contributions des uns et des autres. J'ai résumé la nôtre. Voilà pour les points Kosovo et, plus largement, Balkans.
Q - Allez-vous négocier ce texte, ou l'ensemble de la solution avec la République fédérale de Yougoslavie ?
R - Je ne vous ai pas parlé de négociation avec la République fédérale de Yougoslavie. Quand je vous parle de négociation, c'est d'une négociation entre les pays occidentaux pour achever de mettre au point les textes de la future résolution. C'est une négociation entre les occidentaux et les autres membres permanents du conseil de sécurité, russe et chinois. Quand j'emploie le mot négociation, il faut pas qu'il y ait d'erreurs, c'est à cela que je fais allusion.
Q - Offrez-vous aux pays balkaniques une adhésion lointaine à l'Union européenne ?
R - Je trouve que la démarche est bonne, mais j'ai dit pourquoi nous avons absolument besoin, nous, Union européenne, d'une vraie politique sur ce plan. Ce n'est pas du luxe, c'est une nécessité à tous points de vue.
Maintenant, on regarde le détail des mesures, - c'est pour cela que je disais que la discussion n'est pas achevée -, on va en parler cette après-midi, on continuera à d'autres moments, notamment jusqu'à la conférence du 27. Je pense qu'il faut plutôt concevoir des instruments ad hoc. La région des Balkans est très particulière, elle forme un tout puisqu'on voit bien que les problèmes des uns se répercutent sur les autres, qu'il y a des contagions entre voisins, mais en même temps, elle rassemble des pays qui sont dans des situations extraordinairement différentes. Je ne pense pas qu'on puisse dire la même chose aux Albanais et aux Roumains, aux Bulgares, aux Macédoniens ou à la Bosnie. C'est pour cela que j'insistais tout à l'heure sur la vision régionale et la nécessité de bien maîtriser les interactions tout en faisant du "sur-mesure". Je ne crois pas qu'on puisse puiser dans l'arsenal actuel des instruments dont dispose l'Union européenne, les instruments parfaitement adaptés à des situations diverses et les transposer comme cela.
Nous sommes en charge de l'avenir de l'Union européenne, de son développement, et de son élargissement. Cet élargissement doit être maîtrisé. C'est l'intérêt des pays membres, des pays candidats, ceux d'aujourd'hui, ceux de demain, donc c'est un des points que nous souhaiterions voir évoluer. Il faut donc plutôt inventer des instruments ad hoc, et voir ce que l'Union européenne peut faire, et maintenant, et dans la durée, par rapport aux trois grands sujets dont je parlais, c'est-à-dire : le renforcement de la sécurité, le renforcement de la démocratie et le renforcement du développement ?
Q - Comment ressentez-vous les déclarations de M. Cook ce matin ?
R - Ecoutez, pour être franc je n'ai pas eu l'occasion d'en parler avec lui. J'ai échangé trois mots avec lui tout à l'heure mais sur un autre sujet. Nous n'avons pas eu de discussions là-dessus. Je préfère donc ne pas commenter ce qu'il a dit ce matin à l'OTAN.
Ce que je sais c'est que l'Alliance n'a pas modifié sa stratégie depuis le sommet de Washington dont vous connaissez les conclusions. Il y a un contact quotidien à de très nombreux niveaux et l'Alliance poursuit dans le sens de la stratégie actuelle.
Par ailleurs les ministres des Affaires étrangères et tous leurs collaborateurs compétents sur ce plan continuent de travailler d'arrache-pied à la solution par les canaux diplomatiques. Je ne connais pas de changement par rapport à cela. Peut être a-t-il fait une proposition de changement. Je lui demanderai, dès que je le verrai, si c'est en son nom, si c'est au nom de son pays, et quelles sont les répercussions, mais je ne peux pas en dire plus.
Q - Au nom de son pays... Il y a d'autres voix en Angleterre qui ont l'air de dire qu'au fond il faut compléter notre dispositif, sur le plan terrestre....
R - C'est un peu ce qu'avait dit le Premier ministre britannique à Washington, mais ce n'était pas la ligne qui avait été finalement retenue. Je préfère ne pas en dire plus.
Q - Que vous a dit M. Rugova ?
R - M. Rugova a énormément remercié les quinze ministres présents pour l'aide qui lui a été apportée, pour la façon dont il a été accueilli, pour les invitations qu'il a reçues. Il a insisté sur deux ou trois points simples, qui est qu'il faut tout faire pour faire rentrer les gens, et que cela va être très difficile. C'est quand même une situation dévastée : il faut faire recommencer la vie normale avant de faire recommencer ou en tout cas de construire une vie politique. Pour cela il faut une force de l'OTAN et des autres pays et il faut l'application des cinq points. Il s'est référé aux conclusions du G8 tout en disant, - il l'a d'ailleurs à ma connaissance toujours dit -, que naturellement sa préférence était l'indépendance, qu'il l'avait toujours pensé mais qu'il était prêt à travailler à partir de ce que la communauté internationale avait dégagé comme solutions.
La différence quand on en parle à quelques minutes d'intervalle avec le président Djukanovic et M. Rugova, c'est que le président du Monténégro dit clairement que la solution c'est l'autonomie telle qu'elle a été conçue à Rambouillet, que ce n'est pas du tout lié au contexte particulier de la présidence de Milosevic, que c'est une bonne solution à long terme et qu'il ne souhaite pas autre chose. M. Rugova dit qu'il préférerait aller jusqu'à l'indépendance mais que, dans le contexte que nous connaissons, il est prêt à travailler sur la base de la solution d'autonomie que nous proposons. Il a d'autre part insisté sur le dialogue qui existait et qu'il voulait redévelopper entre les différentes expressions politiques des Kosovars.
Q - Combien de temps peut prendre la rédaction d'une résolution du Conseil de sécurité ?
R - On ne peut faire aucun pronostic sur la durée parce que ce n'est pas un problème de temps de travail, - la résolution peut être faite demain, techniquement, en terme d'écriture. Le problème c'est la question de l'acceptation et, là, on ne peut pas faire de pronostic. Nous employons tous nos efforts et tous les contacts diplomatiques à tous les niveaux avec les Russes, et avec d'autres pays, portent là dessus. Cela veut dire que, pour la faire adopter, il faut surmonter un certain nombre de blocages ou de contradictions qui existent encore. Par exemple, les Russes disent qu'ils ne pourront pas voter la résolution si les actions aériennes ne sont pas suspendues, et les actions aériennes ne peuvent pas être suspendues si on n'obtient pas satisfaction sur l'ensemble des demandes que tout le monde connaît et qui sont des demandes évidentes pour la communauté internationale. Il y a là une combinaison sur laquelle nous travaillons et par rapport à laquelle la réponse n'a pas été trouvée sinon la résolution serait déjà votée. On ne peut donc faire aucune évaluation sauf que, je vous le répète, tous nos efforts de tous les instants sont concentrés là-dessus.
Q - Vous vous en tenez donc aux conditions de l'OTAN ?
R - Le plan en cinq points n'a pas été fait par les militaires. C'est la réponse des ministres, c'est l'élaboration par les ministres des Affaires étrangères de la réponse à l'initiative qui avait été prise tout à fait à l'origine par les autorités de Belgrade disant qu'il fallait suspendre les opérations pendant une sorte de trêve pascale. La réponse avait été de dire "les opérations peuvent être suspendue si..." et puis, il y avait une série de conditions qui sont encore une fois claires et logiques. Cela a été repris ensuite par le secrétaire général des Nations unies, puis par le G8, mais c'est la même chose tout le temps. Le G8 les a reprises dans une rédaction un peu différente, - c'est pour cela qu'il y a sept paragraphes au lieu de cinq -, mais le fond est le même.
Maintenant il s'agit à partir de ces textes, adoptés par les Occidentaux dans des géométries variables, de transformer cela en une résolution, donc de donner à cette approche toute l'autorité et la légalité internationale qui s'attache à tout ce que fait le Conseil de Sécurité avec les Russes et aussi avec les Chinois. C'est cela qui est en cours, et qui change la portée de ce texte. Il n'y a que cohérence entre ces différentes expressions.
Q - Vous avez bon espoir ?
R - Naturellement et nous aboutirons, mais je ne peux pas vous dire dans combien de temps. Nous travaillons à cela continuellement.
Q - Vous avez donné mandat à M. Ahtisaari d'aller à Belgrade ?
R - Ce n'est pas précisément un mandat pour aller voir M. Milosevic. C'est le président finlandais, et je ne peux parler pour lui, mais je sais qu'il n'a pas l'intention de se précipiter et qu'il ira éventuellement s'il y a quelque chose à dire aux autorités de Belgrade qui puisse nous aider pour atteindre notre objectif. Le président finlandais lui aussi, si je suis bien informé, considère qu'il faut qu'on ait défini dans la résolution du Conseil de sécurité tous les principes de règlement. A partir de là, peut être que lui, avec d'autres médiateurs ou d'autres personnalités qui auront été désignées pour une action de ce type, pourraient faire quelque chose d'utile. Cela reste prudent, ce n'est pas décidé, on est pas en train de préparer un voyage à ma connaissance.
M. Tchernomyrdine, le président Ahtisaari, les envoyés désignés par le secrétaire général des Nations unies, sont disponibles pour éventuellement, à un moment donné, faciliter la mise en oeuvre de la solution qu'on met en avant. Il ne s'agit pas de rouvrir la négociation sur la solution. La solution, c'est celle qui sera inscrite dans la résolution du Conseil de sécurité. Les personnalités dont nous venons de parler peuvent avoir un rôle à jouer à ce moment-là. Mais nous ne sommes pas tout à fait encore dans cette situation.
Q - Par rapport à l'adoption d'une résolution par le Conseil de sécurité, quand faudra-t-il arrêter les bombardements ?
R - C'est une question qui est intégrée dans la discussion à l'heure actuelle. C'est une bonne question mais le problème c'est la réponse à la question : comment intégrer la transformation des conditions que vous connaissez dans la résolution, l'arrêt des exactions, le retrait des troupes, la proclamation du droit au retour des réfugiés et le début de sa mise en oeuvre ? Après, il y a la question de l'acceptation de la solution politique pour le Kosovo, avec tous les problèmes qui en découlent. Après, il y a la question de la force, cela forme un ensemble.
Il est évident que la question de la suspension des bombardements, et à un autre moment de l'arrêt, se poser à ce moment-là, mais dans quelle combinaison, dans quelle chronologie, dans quel ordre cela se passe-t-il ? Est-ce que c'est pendant, juste après ? Si il y avait la réponse, on aurait déjà voté. Cela veut dire que c'est là qu'on travaille.
Q - Avez-vous évoqué les relations avec le Mercosur ?
R - Là aussi nous travaillons. Je n'ai pas de déclarations à faire spécialement à ce sujet, sauf que nous y travaillons, d'ailleurs pas spécialement sur une position française mais sur une position européenne. Nous travaillons sur ce sujet pour que le Sommet de Rio puisse, entre autres, être sur ce point une grande réussite.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 mai 1999)
ENTRETIEN AVEC LA PRESSE FRANCAISE :
On est en plein travail entre les Occidentaux, à la fois entre les Européens du Groupe de contact, les ministres européens des Quinze, les occidentaux du Conseil de sécurité, notamment les membres permanents mais en réalité ces différentes catégories se rejoignent. Il y a une discussion pour achever de mettre au point le texte de la résolution qui doit reprendre les fameux cinq points dont on parle depuis des semaines, et d'autre part les conclusions de la récente réunion ministérielle du G8 pour aboutir à la solution sur le Kosovo. Par ailleurs on négocie avec nos partenaires russes sur le contenu de cette résolution de même qu'il y a une discussion avec les Chinois puisqu'au bout du compte ce sont les membres du Conseil de sécurité qui devront adopter cette résolution.
Q - Quels sont les points sur lesquels cela bloque actuellement ?
R - Je préfère parler de points qui ne sont pas encore résolus parce qu'il y aurait blocage si nous n'arrivions plus à travailler, or ce n'est pas le cas. Nous sommes en train de discuter sur chacun des points importants. Ce qui reste à préciser, ce sont les conditions de l'administration internationale transitoire du Kosovo de demain, tel que le Conseil de sécurité la confiera. Nous nous pensons que ce serait bien qu'il la confie à l'Union européenne, en liaison avec l'OSCE, dans une combinaison à trouver. Nous travaillons sur ce point. Quelles combinaisons, quelles organisations, quels rôles ? Ca, c'est sur le plan civil.
Il y a d'autre part une discussion sur la force, ce que nous avons appelé à la réunion de Bonn du G8 à la demande des Russes "présence internationale de sécurité" qui est en réalité une vraie force, sinon elle ne serait pas efficace. A Bonn, ce jour-là, nous avons bien souligné qu'il fallait qu'elle soit efficace pour remplir ses missions, notamment de rendre le Kosovo sûr pour que les réfugiés puissent y revenir. Là, il y a une discussion sur l'organisation, le fonctionnement et le mode de commandement de cette force. C'est un point qui est compliqué mais nous avançons. Les discussions ont lieu, elles sont réelles.
L'autre point qui est important, c'est de savoir comment va se combiner l'adoption de la résolution et, à un moment donné, mais qui reste à fixer, la suspension des frappes.
Q - Comment étaient les entretiens avec MM. Jukanovic et Rugova ?
C'était très intéressant. Naturellement, ils ont beaucoup remercié les 15 pays représentés dans ce déjeuner du Conseil Affaires générales par les 15 ministres des Affaires étrangères pour l'aide qui a été apportée sur tous les plans : politique, morale, financière, économique, et humanitaire. Ils ont répondu à de nombreuses questions. Il y a eu des petites nuances dans la mesure où le président du Monténégro estime que, à l'avenir, il faut s'en tenir pour le Kosovo à une solution d'autonomie, mais il se réfère complètement aux cinq points et aux conclusions du G8. M. Rugova se réfère également, lui, au G8 qui se réfère à la solution de Rambouillet. Il ajoute qu'en temps que responsable kosovar, il a toujours espéré encore plus loin, c'est-à-dire l'indépendance, mais en même temps il accepte tout à fait de travailler sur des propositions qui ont été finalement retenues par la communauté internationale.
Q - Aujourd'hui, quels sont les problèmes essentiels sur la route d'une résolution des Nations unies sur le Kosovo ?
R - Il nous reste à préciser entre Occidentaux et avec les Russes et les Chinois, les formules exactes concernant l'administration internationale transitoire future du Kosovo. Nous avons proposé que ce soit l'Union européenne. Et tout ce qui relève de la composition, du fonctionnement et du commandement de la force qui assurera la sécurité au Kosovo et la façon dont viendra s'insérer la suspension des bombardements par rapport à cette disposition de la résolution et par rapport à son adoption. C'est le travail des prochains jours. Le plus tôt sera le mieux, nous travaillons d'arrache-pied.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 mai 1999)