Texte intégral
Monsieur le Président de la mission langue française et francophonie,
Chers Invités,
C'est dans les années 60 que les anglicismes sont importés en France.
Ils arrivent pour désigner un mouvement culturel, un mode d'expression. La modernité : c'est s'exprimer en anglais.
Ces mots désignent alors des réalités nouvelles.
Ils sont transmis en particulier par la musique, la mode, la publicité, à une époque de massification des relais culturel, de massification des produits culturels.
Aujourd'hui, cette époque est révolue et l'usage d'anglicismes en 2013 à la télévision est une preuve de complexe.
L'anglicisme ne représente plus aujourd'hui la modernité ; car l'usage à outrance d'anglicisme à la télévision et dans les médias envoie à l'opinion publique une image subliminale de complexe, de ceux qui ne savent pas parler avec leurs propres mots. L'anglicisme est bel et bien passé de mode et qu'à perpétuer cet usage nous finirons par perdre notre dignité.
C'est pourquoi notre réflexion doit porter sur les moyens de redonner la priorité à la langue française. L'illustrer, la promouvoir, la faire vivre, et redonner de la fierté aux mots français, parce qu'il y va de notre identité.
Dans cette bataille pour la créativité et la vivacité de notre langue, les vecteurs de succès ce sont les médias et particulièrement les médias audiovisuels : la télévision.
La Loi Toubon de 1994 doit être le socle de notre action renouvelée. Et c'est à cela que je m'attache.
En prenant cette posture, je ne considère pas que la langue française soit une citadelle assiégée par des langues menaçantes.
Non, je considère que notre langue sait digérer les influences extérieures, se les approprier et féconder des mots qui lui sont propres. C'est cela le génie de cette langue : rester vivante, s'inspirer et inspirer.
À défaut, nous ne parlerions ni français ni anglais, nous ne maîtriserions aucune de ces deux langues. De la masse hybride de vocabulaire qui sera apparu, les locuteurs ne seraient que français et plutôt que d'être ouverts sur le monde, nous nous serons recroquevillés sur nous-même. Or ce monde, le monde, c'est le français qu'il réclame. C'est en français qu'aujourd'hui 250 millions de locuteurs s'expriment dans un espace fait de 77 nations.
L'horizon francophone est celui d'un dynamisme démographique qui est hors de nos frontières. La langue française appartient à tous ces hommes et ces femmes qui de Vanuatu à Québec, de Port au Prince à Djibouti, de Bruxelles à Beyrouth ont en partage avec nous une langue vivante : le français.
En 2050, ce seront plus de 800 millions de locuteurs de français dont 80 % d'africains qui sont attendus.
Et il nous faut objectivement considérer qu'elle est une langue au destin africain.
Cette langue, notre langue, n'est pas assiégée ! Elle est bien au contraire au carrefour des cultures. Elle doit continuer à s'inspirer des influences locales, puisé dans les cultures qui sont la sienne pour donner à tous ses locuteurs le mot, l'expression qui est la sienne !
Le Français c'est non seulement la langue officielle de nombreux pays africains, mais c'est aussi la langue de partage et de communication pour des pays riches de la diversité de leurs langues maternelles.
C'est à l'intérieur des frontières des pays francophones, comme ce fut le cas pour nous, la langue de la mobilité, l'identité commune, la langue qui fait l'identité nationale de ces pays. Quand l'on part de Dakar à Ziguinchor aujourd'hui c'est le français qui permet de communiquer.
C'est comme quand nous partions, de Brest à Saint-Jean-de-Luz.
De Kinshasa à Goma, en République démocratique du Congo, c'est le français qui fait l'unité nationale.
Comme il l'a fait pour nous de Bordeaux à Strasbourg !
Et aujourd'hui ce qui véhicule le mieux cette langue ce sont les média.
Et, dans cette Afrique qui se construit et qui au-delà des soubresauts des crises qui peuvent encore exister, c'est le dynamisme économique qu'il faut voir. L'Afrique est le continent de la croissance avec un taux annuel moyen de 6 %, le plus dynamique après celui de l'Asie. C'est cela dont nous avons conscience et c'est ce dynamisme que notre langue accompagne.
Sur le continent africain, la langue de la mobilité au-delà des frontières c'est également le français. Quand l'on part de Djibouti pour Bamako c'est avec le français que l'on voyage. Quand on part de Conakry à Brazzaville c'est encore avec cette langue que l'on communique.
En République démocratique du Congo, le plus grand pays francophone du monde, on compte par exemple plus de cent langues maternelles différentes. C'est dire l'importance du français comme langue trait d'union.
En Afrique, l'exposition aux programmes des télévisions francophones a un impact au moins aussi important dans l'acquisition du français que l'école.
À l'école, Les enseignants portent cette responsabilité de la transmission. Ils sont en première ligne. C'est pourquoi j'ai initié le programme «100.000 professeurs pour l'Afrique» dans le cadre de mon ministère. Il concerne l'appui à la formation des professeurs et mise sur l'enseignement à distance pour consolider la formation des enseignants et transmettre un français de qualité.
Ce programme sera lancé le 20 mars prochain, à l'occasion de la journée de la Francophonie, à l'Élysée, par le président François Hollande.
Dans les médias audiovisuels, nous pouvons trouver un formidable complément au travail des enseignants. Les journalistes, les programmateurs, les producteurs, les dirigeants des médias audiovisuels ont donc également une responsabilité importante vis-à-vis de la transmission de la langue.
Je veux rendre tout spécialement hommage aux émissions développées par TV5 Monde sur son antenne mais aussi sur son site internet.
C'est en Juillet dernier que nous avons lancé en partenariat avec la chaine le site «parlons français c'est facile». C'est sur ce site que l'on peut aborder l'apprentissage gratuit d'une langue réputée difficile mais qui est proposée sous la forme de parcours ludiques, mêlant web documentaires à des jeux.
C'est un site proposé en 6 langues dont l'arabe et le Chinois. Car toute stratégie de diffusion francophone par les médias doit aujourd'hui s'inscrire pleinement dans le multilinguisme.
TV5Monde incarne bien cette ouverture sur les autres. Car c'est un média partagé avec nos partenaires francophones.
Ce qui réunit, autour de cette table le représentant de la RTBF ou celui de Radio Canada, c'est cet opérateur précieux de la Francophonie qui propose des programmes venus de tous les points de l'espace francophone.
Sa présence dans plus de 200 pays et territoires, ses 243 millions de foyers raccordés, voilà l'illustration de la Francophonie concrète dont je vous parle, celle d'un des plus grands réseaux mondiaux de télévisions.
La présence de notre langue dans le domaine, très compétitif, des médias d'information internationale, doit être également soulignée, tout comme le choix d'une stratégie francophone misant là encore sur le multilinguisme.
Ces médias, qui réunissent 92 millions de téléspectateurs et d'auditeurs chaque semaine, ont fait le choix de s'adresser aux publics étrangers, non seulement en français, mais aussi dans d'autres langues, notamment en anglais et en arabe pour France 24.
Première chaîne internationale d'information en Europe financée par l'Union européenne, Euronews participe également par sa version en français, à la présence de notre langue à l'échelle mondiale.
Notre stratégie francophone pour les médias, passe également par la présence de programmes audiovisuels français dans les médias étrangers.
L'essor de la francophonie se réalise tous les jours grâce à la production de programmes en français par ses médias.
Le continent africain n'a jamais produit autant d'images de lui-même notamment grâce aux formidables potentialités offertes par les nouveaux outils numériques.
Notre opérateur Canal France International (CFI) apporte son appui à un réseau constitué d'une quarantaine de chaînes partenaires francophones. Il le fait en tant que «banque à images», en mettant à disposition des centaines d'heures de documentaires, d'actualités et de dessins animés ; mais c'est surtout par le partage des compétences que CFI agit pour accompagner la montée en puissance des médias audiovisuels africains : le renforcement de la professionnalisation des journalistes, des techniciens, des monteurs, des réalisateurs africains est un enjeu capital de l'inscription de ces médias dans un marché mondial concurrentiel où la demande de contenus francophones augmente. Je salue d'ailleurs les résultats obtenus grâce au programme de formation «Afrique en série» qui a concerné des professionnels des médias au Ghana, au Cameroun et au Burkina Faso.
C'est d'ailleurs une des missions de nos ambassades et de notre réseau culturel, qui doivent, sur ce sujet, accompagner les efforts des professionnels de l'audiovisuel. Ces programmes, quand ils sont montrés en VO, éventuellement sous-titrés, ce qui est le cas dans bien des pays, contribuent puissamment à la francophonie.
La langue française, c'est un regard, des valeurs, une vision du monde - au centre desquels se trouve le souci de la vérité, l'attachement au pluralisme, le respect de la dignité de la personne, la solidarité- que nous voulons promouvoir à travers les médias et que vous défendez à votre niveau.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 décembre 2013
Chers Invités,
C'est dans les années 60 que les anglicismes sont importés en France.
Ils arrivent pour désigner un mouvement culturel, un mode d'expression. La modernité : c'est s'exprimer en anglais.
Ces mots désignent alors des réalités nouvelles.
Ils sont transmis en particulier par la musique, la mode, la publicité, à une époque de massification des relais culturel, de massification des produits culturels.
Aujourd'hui, cette époque est révolue et l'usage d'anglicismes en 2013 à la télévision est une preuve de complexe.
L'anglicisme ne représente plus aujourd'hui la modernité ; car l'usage à outrance d'anglicisme à la télévision et dans les médias envoie à l'opinion publique une image subliminale de complexe, de ceux qui ne savent pas parler avec leurs propres mots. L'anglicisme est bel et bien passé de mode et qu'à perpétuer cet usage nous finirons par perdre notre dignité.
C'est pourquoi notre réflexion doit porter sur les moyens de redonner la priorité à la langue française. L'illustrer, la promouvoir, la faire vivre, et redonner de la fierté aux mots français, parce qu'il y va de notre identité.
Dans cette bataille pour la créativité et la vivacité de notre langue, les vecteurs de succès ce sont les médias et particulièrement les médias audiovisuels : la télévision.
La Loi Toubon de 1994 doit être le socle de notre action renouvelée. Et c'est à cela que je m'attache.
En prenant cette posture, je ne considère pas que la langue française soit une citadelle assiégée par des langues menaçantes.
Non, je considère que notre langue sait digérer les influences extérieures, se les approprier et féconder des mots qui lui sont propres. C'est cela le génie de cette langue : rester vivante, s'inspirer et inspirer.
À défaut, nous ne parlerions ni français ni anglais, nous ne maîtriserions aucune de ces deux langues. De la masse hybride de vocabulaire qui sera apparu, les locuteurs ne seraient que français et plutôt que d'être ouverts sur le monde, nous nous serons recroquevillés sur nous-même. Or ce monde, le monde, c'est le français qu'il réclame. C'est en français qu'aujourd'hui 250 millions de locuteurs s'expriment dans un espace fait de 77 nations.
L'horizon francophone est celui d'un dynamisme démographique qui est hors de nos frontières. La langue française appartient à tous ces hommes et ces femmes qui de Vanuatu à Québec, de Port au Prince à Djibouti, de Bruxelles à Beyrouth ont en partage avec nous une langue vivante : le français.
En 2050, ce seront plus de 800 millions de locuteurs de français dont 80 % d'africains qui sont attendus.
Et il nous faut objectivement considérer qu'elle est une langue au destin africain.
Cette langue, notre langue, n'est pas assiégée ! Elle est bien au contraire au carrefour des cultures. Elle doit continuer à s'inspirer des influences locales, puisé dans les cultures qui sont la sienne pour donner à tous ses locuteurs le mot, l'expression qui est la sienne !
Le Français c'est non seulement la langue officielle de nombreux pays africains, mais c'est aussi la langue de partage et de communication pour des pays riches de la diversité de leurs langues maternelles.
C'est à l'intérieur des frontières des pays francophones, comme ce fut le cas pour nous, la langue de la mobilité, l'identité commune, la langue qui fait l'identité nationale de ces pays. Quand l'on part de Dakar à Ziguinchor aujourd'hui c'est le français qui permet de communiquer.
C'est comme quand nous partions, de Brest à Saint-Jean-de-Luz.
De Kinshasa à Goma, en République démocratique du Congo, c'est le français qui fait l'unité nationale.
Comme il l'a fait pour nous de Bordeaux à Strasbourg !
Et aujourd'hui ce qui véhicule le mieux cette langue ce sont les média.
Et, dans cette Afrique qui se construit et qui au-delà des soubresauts des crises qui peuvent encore exister, c'est le dynamisme économique qu'il faut voir. L'Afrique est le continent de la croissance avec un taux annuel moyen de 6 %, le plus dynamique après celui de l'Asie. C'est cela dont nous avons conscience et c'est ce dynamisme que notre langue accompagne.
Sur le continent africain, la langue de la mobilité au-delà des frontières c'est également le français. Quand l'on part de Djibouti pour Bamako c'est avec le français que l'on voyage. Quand on part de Conakry à Brazzaville c'est encore avec cette langue que l'on communique.
En République démocratique du Congo, le plus grand pays francophone du monde, on compte par exemple plus de cent langues maternelles différentes. C'est dire l'importance du français comme langue trait d'union.
En Afrique, l'exposition aux programmes des télévisions francophones a un impact au moins aussi important dans l'acquisition du français que l'école.
À l'école, Les enseignants portent cette responsabilité de la transmission. Ils sont en première ligne. C'est pourquoi j'ai initié le programme «100.000 professeurs pour l'Afrique» dans le cadre de mon ministère. Il concerne l'appui à la formation des professeurs et mise sur l'enseignement à distance pour consolider la formation des enseignants et transmettre un français de qualité.
Ce programme sera lancé le 20 mars prochain, à l'occasion de la journée de la Francophonie, à l'Élysée, par le président François Hollande.
Dans les médias audiovisuels, nous pouvons trouver un formidable complément au travail des enseignants. Les journalistes, les programmateurs, les producteurs, les dirigeants des médias audiovisuels ont donc également une responsabilité importante vis-à-vis de la transmission de la langue.
Je veux rendre tout spécialement hommage aux émissions développées par TV5 Monde sur son antenne mais aussi sur son site internet.
C'est en Juillet dernier que nous avons lancé en partenariat avec la chaine le site «parlons français c'est facile». C'est sur ce site que l'on peut aborder l'apprentissage gratuit d'une langue réputée difficile mais qui est proposée sous la forme de parcours ludiques, mêlant web documentaires à des jeux.
C'est un site proposé en 6 langues dont l'arabe et le Chinois. Car toute stratégie de diffusion francophone par les médias doit aujourd'hui s'inscrire pleinement dans le multilinguisme.
TV5Monde incarne bien cette ouverture sur les autres. Car c'est un média partagé avec nos partenaires francophones.
Ce qui réunit, autour de cette table le représentant de la RTBF ou celui de Radio Canada, c'est cet opérateur précieux de la Francophonie qui propose des programmes venus de tous les points de l'espace francophone.
Sa présence dans plus de 200 pays et territoires, ses 243 millions de foyers raccordés, voilà l'illustration de la Francophonie concrète dont je vous parle, celle d'un des plus grands réseaux mondiaux de télévisions.
La présence de notre langue dans le domaine, très compétitif, des médias d'information internationale, doit être également soulignée, tout comme le choix d'une stratégie francophone misant là encore sur le multilinguisme.
Ces médias, qui réunissent 92 millions de téléspectateurs et d'auditeurs chaque semaine, ont fait le choix de s'adresser aux publics étrangers, non seulement en français, mais aussi dans d'autres langues, notamment en anglais et en arabe pour France 24.
Première chaîne internationale d'information en Europe financée par l'Union européenne, Euronews participe également par sa version en français, à la présence de notre langue à l'échelle mondiale.
Notre stratégie francophone pour les médias, passe également par la présence de programmes audiovisuels français dans les médias étrangers.
L'essor de la francophonie se réalise tous les jours grâce à la production de programmes en français par ses médias.
Le continent africain n'a jamais produit autant d'images de lui-même notamment grâce aux formidables potentialités offertes par les nouveaux outils numériques.
Notre opérateur Canal France International (CFI) apporte son appui à un réseau constitué d'une quarantaine de chaînes partenaires francophones. Il le fait en tant que «banque à images», en mettant à disposition des centaines d'heures de documentaires, d'actualités et de dessins animés ; mais c'est surtout par le partage des compétences que CFI agit pour accompagner la montée en puissance des médias audiovisuels africains : le renforcement de la professionnalisation des journalistes, des techniciens, des monteurs, des réalisateurs africains est un enjeu capital de l'inscription de ces médias dans un marché mondial concurrentiel où la demande de contenus francophones augmente. Je salue d'ailleurs les résultats obtenus grâce au programme de formation «Afrique en série» qui a concerné des professionnels des médias au Ghana, au Cameroun et au Burkina Faso.
C'est d'ailleurs une des missions de nos ambassades et de notre réseau culturel, qui doivent, sur ce sujet, accompagner les efforts des professionnels de l'audiovisuel. Ces programmes, quand ils sont montrés en VO, éventuellement sous-titrés, ce qui est le cas dans bien des pays, contribuent puissamment à la francophonie.
La langue française, c'est un regard, des valeurs, une vision du monde - au centre desquels se trouve le souci de la vérité, l'attachement au pluralisme, le respect de la dignité de la personne, la solidarité- que nous voulons promouvoir à travers les médias et que vous défendez à votre niveau.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 décembre 2013