Conseil des ministres du 29 janvier 2014. La situation économique et l'emploi.

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Auteur(s) moral(aux) : Secrétariat général du Gouvernement

Texte intégral

Le ministre de l'économie et des finances et le ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social ont présenté une communication relative à la situation économique et à l'emploi.
La situation des principaux partenaires commerciaux de la France continue de s'améliorer. En particulier, les pays de la zone euro, l'Allemagne, mais également l'Espagne et l'Italie bénéficient d'une accélération de l'activité entre la fin de l'année 2013 et le début de cette année. Les actions conduites par les gouvernements et les institutions communautaires, le redressement des finances publiques à un rythme plus soutenable pour la croissance, le renforcement de la confiance dans le système financier grâce à la mise en place de l'union bancaire commencent à porter leurs fruits et permettent aux pays les plus fragiles de la zone euro de se renforcer et de retrouver de la croissance. En revanche, certains pays émergents connaissent des épisodes de tension depuis plusieurs semaines et l'évolution des politiques monétaires de grandes banques centrales, ainsi que la persistance de déséquilibres mondiaux, ont entraîné des tensions sur certaines devises qui se sont accentuées ces derniers jours. Ces évolutions méritent d'être surveillées, même si le risque de contagion de ces turbulences vers la zone euro reste pour le moment contenu.
L'économie française continue à se redresser, mais à un rythme encore insuffisant au regard de son potentiel. Les enquêtes de conjoncture de l'INSEE font état d'une poursuite de la reprise à un rythme constant en janvier.
L'accélération de la reprise passera par l'investissement des entreprises. Déjà en 2013, les mesures de soutien au financement de l'économie ont permis de favoriser l'accès au crédit de nombreuses entreprises. En particulier, les dispositifs décidés dans le cadre du Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi – c'est-à-dire le préfinancement du crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE), la garantie Renforcement de la trésorerie, le Prêt pour l'innovation, ainsi que le préfinancement du crédit d'impôt recherche (CIR) – ont permis à BPI France d'injecter près d'1,9 milliards d'euros dans l'économie au cours de l'année 2013, dont un peu plus de 1 milliard d'euros au titre du préfinancement du CICE. L'investissement est également soutenu par l'action de la Caisse des dépôts et consignations, qui a annoncé avoir prêté près de 21 milliards d'euros via son fonds d'épargne en faveur du logement social et des collectivités au cours de l'année 2013, c'est-à-dire près de 10 % des crédits totaux accordés aux sociétés non-financières et aux collectivités territoriales. De même, la Banque européenne d'investissement a investi plus de 7,8 milliards d'euros en 2013 en France dans des projets d'infrastructure, d'innovation, d'éducation et de formation. La simplification administrative ainsi que la visibilité, accentuées au cours de 2014, devraient constituer des facteurs d'incitation à l'investissement.
La consommation des ménages a bien résisté durant la crise, et au regard des données sur les ventes de détail publiées par la Banque de France, la consommation en biens aurait progressé au 4e trimestre, pour le troisième trimestre consécutif. Pour le mois de janvier, la confiance des ménages s'améliore graduellement selon l'enquête de l'INSEE, tout en restant à des niveaux encore bas. La loi sur la consommation, actuellement en deuxième lecture au Sénat, devrait soutenir cette demande en favorisant le pouvoir d'achat des ménages et en renforçant la confiance entre les consommateurs et les entreprises.
Les signaux de reprise de l'économie se multiplient depuis la moitié de l'année 2013, grâce aux mesures de soutien à l'activité, mais la croissance reste trop faible. Le soutien à la compétitivité des entreprises, déjà engagé avec le CICE, la montée en charge des réformes et leur approfondissement à travers le Pacte de responsabilité, permettront de redonner à la France toute sa force économique.
Les chiffres de demandeurs d'emploi de décembre font apparaître sur l'ensemble de l'année 2013 une progression de +177 800 (+5,7 % en catégorie A), soit 100 000 de moins qu'en 2012 (+283 800, soit +10 %). L'année 2013 aura été marquée par un net mouvement d'amélioration, qui ressort clairement d'une analyse par trimestre (moyenne mensuelle sur le trimestre) : au 4ème trimestre 2013, le nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A a progressé de +2 500 chaque mois, après +5 500 par mois au 3ème trimestre, +18 000 par mois au 2ème trimestre et +33 000 par mois au 1er trimestre. Cette amélioration globale au cours de l'année permet une quasi-stabilisation du chômage fin 2013. Mais, avec un nombre de demandeurs d'emploi qui croit de +0,3 % au mois de décembre (+ 10 200 en catégorie A), l'inversion de la courbe du chômage pour l'ensemble des classes d'âge ne s'est pas encore réalisée sur le dernier trimestre.
Pour les jeunes, priorité de l'action du Gouvernement depuis 20 mois, l'inversion de la courbe du chômage est effective depuis maintenant 8 mois. Le nombre de jeunes inscrits à Pôle emploi baisse de -2 300 en décembre, soit de 25 000 environ en 8 mois. Il y a désormais moins de jeunes au chômage qu'au début de l'année 2013. C'est un résultat très significatif, fruit d'une intense mobilisation pour l'emploi des jeunes depuis 20 mois, qu'illustre bien un programme comme les emplois d'avenir. Cette mobilisation ne fléchira pas en 2014, et la priorité à la jeunesse s'affirmera plus que jamais.
Chez les adultes entre 25 et 50 ans, l'inversion est également amorcée au 4ème trimestre : - 1200 demandeurs d'emploi en 3 mois : c'est un premier pas, modeste mais encourageant, qu'il faut amplifier et inscrire dans la durée en 2014.
L'inversion de la courbe du chômage est donc effective pour les chômeurs de moins de 50 ans, qui représentent 78 % des demandeurs d'emploi (catégorie A). Ce n'est en revanche pas encore une réalité pour les personnes de 50 ans et plus, qui subissent plus que les autres une situation de l'emploi encore tendue. Pour la seule année 2013, près de la moitié de la hausse totale du chômage (46 %) concerne cette classe d'âge, ce qui rend d'autant plus nécessaire de s'attacher au renforcement des actions les concernant. Ce sera l'un des sujets à discuter avec les partenaires sociaux dans le cadre du futur Pacte de responsabilité.Les politiques de l'emploi ont suppléé en 2013 au dynamisme insuffisant de l'activité et de l'emploi marchand. En 2014, tout en poursuivant une politique de l'emploi intense, c'est l'ensemble du tissu économique qu'il faut mobiliser pour soutenir la croissance et inverser durablement la courbe du chômage pour les demandeurs d'emploi de tous les âges. C'est tout l'enjeu du Pacte de responsabilité que propose le Président de la République aux acteurs sociaux.