Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous. Ce matin, j'avais sur RMC un sénateur socialiste que vous connaissez, qui s'appelle Gaétan GORCE, et qui déclarait : « Le président de la République n'a ni les moyens, ni la volonté de dégager 50 milliards d'euros d'économies supplémentaires en trois ans », ces fameux 50 milliards d'euros. C'est un leurre, ces 50 milliards d'euros franchement ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Écoutez, si j'en crois ce qu'est en train de faire en ce moment-même le ministre du Budget, à savoir Bernard CAZENEUVE, qui recueille auprès de chaque ministre et avec l'insistance qu'il faut vous pouvez me croire les propositions d'économies dans chaque secteur, dans chaque ministère, je crois que nous allons y arriver. Ce ne sera pas facile, personne n'a dit que ça allait être facile, mais cela impose, c'est ce que nous sommes ne train de faire, d'interroger la pertinence de chacune de nos politiques publiques. Pas simplement au niveau de l'État mais aussi des collectivités locales, de la Sécurité sociale et je pense que nous pouvons y arriver, oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tout le monde sera mis à contribution si j'ai bien compris.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Tout le monde sera mis à contribution, absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les collectivités locales, l'État et les citoyens.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Voilà, tout le monde sera mis à contribution. Je parle des opérateurs en disant cela, c'est-à-dire l'État, les collectivités locales, la Sécurité sociale, non pas par une espèce de gigantesque coup de rabot, un peu à l'aveugle, mais par une interrogation fine de ce qui nécessite d'être gardé comme politique publique et ce qu'on peut laisser de côté.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc ce que dit Gaétan GORCE est une vue de l'esprit ; ça lui appartient. Pas question d'enfumer c'est lui qui emploie cette expression, je n'aime pas trop ce mot la Commission européenne avec laquelle la France a rendez-vous au mois d'avril.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais ce n'est pas pour les beaux yeux de la Commission européenne que nous cherchons à faire ces économies. C'est aussi pour rendre plus efficaces tout simplement nos pouvoirs publics, nos collectivités locales. Tenez, par exemple une source d'économie dans les collectivités locales, c'est évidemment le rapprochement de plusieurs collectivités locales, voire la fusion interne. Il se trouve que je viens de la région lyonnaise. Ce qui est en train de se faire entre la communauté urbaine de Lyon et le conseil général du Rhône, qui ne vont plus former qu'une seule collectivité, a évidemment des impacts en termes de mutualisation à la fois des services mais aussi des achats des deux collectivités et donc d'économies à la clef.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien sûr mais Najat VALLAUD-BELKACEM, je voudrais entrer dans le détail. Quand j'écoute le gouvernement, j'ai entendu quoi ? Pas de gel des primes et de l'avancement des fonctionnaires : on est bien d'accord ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Pas de baisse du nombre de fonctionnaires : on est bien d'accord ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
De manière plus précise, à partir du moment où vous nous interrogeons les politiques publiques et leur pertinence, s'il apparaît qu'il vaut mieux se recentrer sur quelques politiques publiques-phares et laisser de côté d'autres qui apparaissent moins utiles, ç'aura des conséquences évidemment en termes de gestion du personnel.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire qu'il y aura une baisse du nombre des fonctionnaires dans les trois années qui viennent ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Nous nous refusons à nous fixer des objectifs chiffrés à l'aveugle. Je crois vraiment que nous avons été précis là-dessus et c'est pour cela que
JEAN-JACQUES BOURDIN
On a bien compris mais vous n'écartez pas cette hypothèse, franchement ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Le Premier ministre a demandé à Marylise LEBRANCHU, la ministre en charge de la Fonction publique, d'ouvrir les négociations dans la fonction publique pour faire en sorte d'affecter là où c'est le plus utile en effet les fonctionnaires. Quel résultat cela aura sur le nombre global de fonctionnaires ? Je ne peux pas vous répondre pour une raison simple, c'est que nous
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais c'est une piste sérieuse d'économies.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je voudrais vraiment être précise sur ce sujet. Nous ne sommes pas dans la démarche du gouvernement précédent, vous vous souvenez, le gouvernement de François FILLON avec sa RGPP qui consistait à supprimer un fonctionnaire sur deux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ne nous intéressons pas à ce qu'a fait le gouvernement précédent. On ne va pas traîner ça comme un boulet.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, mais pour expliquer ce que nous faisons nous, c'est bien toujours d'avoir en mémoire ce qui se faisait avant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors justement, que faites-vous ? Pas de gel des primes et de l'avancement des fonctionnaires, on est bien d'accord ; baisse du nombre des fonctionnaires, peut-être, nous verrons bien. C'est ce que j'entends.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Quand par exemple je vous parle - cela vaut pour les collectivités locales comme pour l'État quand je vous parle de mutualisation des services, il y a bien un moment où, oui, il peut advenir qu'on ait moins de fonctionnaires dans tel ou tel secteur, oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dites-le, dites-le ! Alors peut-être une baisse. La désindexation des aides sociales sur l'inflation, oui ou non ? C'est une source d'économies aussi.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je ne crois pas que ce soit une bonne chose en période de précarité. Je pense que vous voyez bien les chiffres de la pauvreté, donc il faut évidemment prendre ces choses-là avec beaucoup de mesure. Je ne procède pas par généralité sur ces sujets, non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas de la généralité là quand même. Certaines aides sociales pourraient être désindexées, les aides au logement par exemple.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je pense qu'il y a quand même aujourd'hui dans notre pays
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vrai ou faux ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non. Il n'y a pas de décision de désindexation des aides au logement. Je pense qu'aujourd'hui dans notre pays, il y a beaucoup de gens qui souffrent de la pauvreté et qu'il faut faire attention et leur permettre aussi de consommer. Donc tout ce qui est de l'ordre du pouvoir d'achat doit être traité avec beaucoup de prudence.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas de baisse des aides sociales ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ce n'est évidemment pas au programme.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas de remise en cause des indemnités chômage ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
D'abord, ça ne dépend pas de l'État comme vous le savez. Ça dépend des partenaires sociaux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais l'État aura son mot à dire à un moment donné ou à un autre.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ça dépend des partenaires sociaux, ça n'est pas le programme de l'État, non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça n'est pas non plus le programme de l'État, mais il faut bien trouver des économies.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais des économies, on en trouve !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais parce que c'est bien beau, vous me dites : « Non, non, non, non, non » !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je vais vous en donner, des exemples d'économies. Par exemple ne serait-ce qu'à Bercy, pour prendre une administration que vous connaissez bien, la dématérialisation qui a été engagée, qui vise à avoir des procédures qui passent par le net plutôt que par l'écrit, ça rapporte 150 millions d'euros pour l'année 2013. C'est 150 millions d'euros d'économies qui sont réalisés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est 150 millions d'euros mais nous cherchons 50 milliards en trois ans.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je sais, j'ai bien compris mais c'est pour vous donner des exemples. Ministère par ministère, vous êtes en capacité de faire des économies.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je comprends, mais pourquoi ne pas réduire le nombre de ministres par exemple ? Tiens ! Ça ferait des économies, non ? au lieu de faire ministère par ministère ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je vous donne un autre exemple peut-être plus massif. Prenez la Sécurité sociale. Le fait de nous être engagés comme nous l'avons fait et nous allons continuer, dans le développement des médicaments génériques, de la chirurgie ambulatoire, de la vente de médicaments à l'unité, tout ça fait des économies. Rien que le développement des médicaments génériques, c'est un milliard d'euros.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ça va suffire tout ça ? Franchement ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Un milliard d'euros, c'est un milliard d'euros pour l'année 2013 et un nouveau milliard d'euros pour l'année 2014. Oui, mis bout à bout je pense que nous sommes capables, État, collectivités locales, Sécurité sociale, de trouver des sources d'économies.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Uniquement comme ça, uniquement comme ça, sans prendre de mesures vraiment plus impopulaires.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Les mesures, encore une fois, d'interrogation fine de la pertinence des politiques publiques, c'est dans le conseil stratégique de la dépense publique qui, sous l'égide du président de la République lui-même, se réunit désormais régulièrement et va être amené à prendre des décisions, oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il va être amené à prendre des décisions parce que les dépenses sociales, c'est 600 milliards d'euros. Il y a peut-être des économies à faire.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Sans doute. En même temps, moi je ne suis pas encore une fois, je déteste les généralités. Je déteste qu'on jette le bébé avec l'eau du bain en quelque sorte.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! Je ne jette pas le bébé, je veux savoir.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
On peut quand même aussi se réjouir de vivre dans un pays dans lequel nous avons un État social développé et le préserver.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi nous voulons savoir, Najat VALLAUD-BELKACEM ? Parce que le président de la République a fait cette promesse le 14 janvier et que nous sommes le 18 février, que ça fait déjà plus d'un mois et pour l'instant, on ne sait rien sur ces économies. Vous êtes bien d'accord avec moi ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Parce que le travail se fait sérieusement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'État n'a pas l'argent, vous le savez bien.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je crois que c'est vraiment la différence, en effet, entre les coups d'éclat, les coups de communication et puis le travail sérieux, c'est que le travail sérieux ça prend un peu de temps.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas de la communication, tout ça ? La compétitivité, la responsabilité, l'attractivité, ce n'est pas de la communication ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
La compétitivité, l'attractivité, alléger les charges des entreprises, faire venir des entreprises étrangères sur notre territoire, vous trouvez que c'est de la communication ? Non, moi je crois que c'est au contraire les clefs de la relance.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je n'en sais rien, je verrai les résultats, Najat VALLAUD-BELKACEM.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Écoutez, vous savez, l'effort que nous réalisons avec le pacte de responsabilité par exemple ou alors les mesures annoncées hier sur l'attractivité, ce sont des efforts et des mesures qui étaient attendus depuis facilement trente ans et qui n'avaient pas été réalisés par d'autres gouvernements. Je veux bien qu'on soit impatient à l'égard de celui-ci précisément mais à partir du moment où des décisions aussi majeures que celles-là sont prises, donnons-leur le temps de faire leurs preuves.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On saura quand donc pour ces économies ? à la fin du mois de mars, c'est ça ? Avant le rendez-vous avec Bruxelles quand même.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Au mois d'avril, nous devrions y voir plus clair.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. L'impôt sur les sociétés, est-ce que cet impôt va baisser ? L'impôt sur les sociétés payé par les entreprises.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, oui. Le ministre de l'Économie Pierre MOSCOVICI s'était en effet exprimé dans ce sens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et alors ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Écoutez, pour l'instant les arbitrages ne sont pas rendus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça faisait longtemps que je n'avais pas entendu ça, tiens ! les arbitrages ! Ah oui, ça fait très longtemps ! Il se murmure que l'idée de l'impôt à la source serait abandonnée. C'est vrai ou pas ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Attendez, chaque question en son temps. Sur l'impôt sur les sociétés, il y a je crois vraiment une démarche simple de la part du gouvernement : c'est de faciliter la vie des entreprises. Tout ce qui ira dans ce sens est le bienvenu même si les décisions dans le détail ne sont pas prises, je le redis. Pardonnez-moi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans le détail, j'imagine, mais ça baissera pour être dans la globalité, si je puis dire. Ça baissera, c'est la volonté du gouvernement.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
De manière générale entre le crédit d'impôt compétitivité emploi, le pacte de responsabilité et la suppression des cotisations famille, et peut-être l'impôt sur les sociétés, les entreprises en effet devraient être largement favorisées pendant l'année qui vient, oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, Najat VALLAUD-BELKACEM, je vais vous demander de vous engager au nom du gouvernement. PSA, PEUGEOT CITROËN, l'État va entrer au capital déjà en versant 800 millions d'euros. Augmentation de capital chez PSA, 800 millions d'euros c'est la part de l'État, 14 % : l'État va posséder 14 % de PEUGEOT. L'État va présider le conseil de surveillance, le conseil d'administration. Oui ou non ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
L'État va être présent au conseil de surveillance. Il a un représentant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, et le présider. Et le présider ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, je n'ai pas confirmation qu'il préside le conseil de surveillance mais qu'il sera présent, oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et il sera présent. Est-ce que vous garantissez l'emploi chez PSA en France, oui ou non ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Vous savez, il faut quand même se replonger dans ces derniers mois pour comprendre en quoi est-ce que nous avons fait évoluer la situation chez PSA. Vous avez évoqué la garantie que l'État a apportée à la banque de PSA pour permettre à l'entreprise de fonctionner.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, d'accord, mais là ce n'est plus la banque.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais aussi, ce que nous avons réalisé, et Arnaud MONTEBOURG en tête pour faire en sorte que les partenaires sociaux s'entendent et évitent les licenciements secs tels qu'ils étaient programmés à l'origine. Déjà, il y a une situation qui s'est améliorée par rapport à ce que nous avons découvert quand nous sommes arrivés aux responsabilités. Maintenant PSA, évidemment, fait partie des fleurons de notre industrie et nous voulons et assumons de vouloir la défendre. C'est pour ça que l'État est aussi engagé, oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, ça on le sait très bien. C'est un joli discours, mais est-ce que l'État s'engage à maintenir le niveau d'emplois actuel en France chez PSA ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
L'État fera son maximum évidemment pour maintenir le niveau actuel et même pour développer l'activité de PSA.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Trois actionnaires qui vont détenir 14 % de PSA : la famille PEUGEOT, le Chinois DONGFENG et l'État français.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Et alors ? Quelle est la difficulté exactement ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
La difficulté, c'est de maintenir l'emploi. C'est de rassurer tous ceux et celles qui travaillent chez PSA.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais enfin, est-ce que c'est l'arrivée d'un actionnaire en l'occurrence chinois qui vous pose problème dans l'absolu ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas du tout, ça ne me pose absolument pas de problème. Ce qui me pose problème, c'est l'avenir des salariés de cette entreprise.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
D'accord, donc nous sommes d'accord. Si vous me permettez, l'avenir des salariés de cette entreprise passait par l'existence de repreneurs de l'activité de PSA. C'est donc une bonne chose que nous ayons un nouvel actionnaire et la présence de l'État au sein du conseil de surveillance est une garantie en effet de ce que nous défendrons les intérêts des salariés de PSA et de l'entreprise.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous défendrez, okay. La République Centrafricaine, parlons-en. Dites-moi, jusqu'à quand la présence française ? Je croyais que nous étions là-bas pour six mois et puis c'est prolongé. La présidente par intérim de la République Centrafricaine demande encore une prolongation de la présence militaire française. Est-ce qu'on va prolonger encore ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Nous l'avons dit. Le déploiement des troupes françaises se fait évidement eut égard à la façon dont montent en puissance les troupes africaines et les troupes de l'ONU puisque vous savez que va être déployée une force de maintien de la paix.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous sommes bien seuls, dites-moi. Nous sommes bien seuls financièrement et militairement.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, mais le président de la République François HOLLANDE qui a eu Ban KI-MOON, qui a pu échanger avec Ban KI-MOON, le secrétaire général de l'ONU, a conclu avec lui à la nécessité de déployer cette opération de maintien de la paix, force de l'ONU. Les forces françaises sont là pour faire la transition, pour permettre aussi à la fois de répondre à une situation qui est une situation de crise humanitaire pour organiser les meilleures conditions de transition politique possibles et donc, sitôt que nous pourrons repartir de là en laissant d'autres troupes faire le travail, nous le ferons. Mais j'insiste quand même sur le fait que les troupes françaises ont été sans doute les plus promptes à réagir mais elles ne sont désormais plus les seules puisqu'elles sont rejointes par des hommes qui sont déployés par nos camarades européens, par les pays européens. Il y a plusieurs centaines d'hommes qui sont en train d'arriver provenant de toute l'Europe. On peut toujours faire mieux mais c'est déjà pas mal.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai vu qu'Angela MERKEL et Nicolas SARKOZY avaient rendez-vous le 28 février à Berlin. Est-ce opportun ? Selon vous, est-ce que ça peut gêner l'action de la France une telle initiative ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Si j'ai bien compris, c'est pour une conférence. Nicolas SARKOZY a du temps libre, il l'utilise comme il veut.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous n'avez rien à redire sur tout cela.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, je n'ai rien à redire évidemment. Par contre, puisqu'on parle de l'Allemagne, je peux vous dire que va se tenir ce mercredi un conseil des ministres franco-allemand. D'ailleurs Michel SAPIN, ministre du Travail, et son homologue allemand ont commencé à le préparer notamment sur cette dimension essentielle qui est celle du travail et notamment du travail des jeunes. Ça va être l'occasion, ce conseil des ministres franco-allemand, de faire progresser notre partenariat sur des sujets qui nous tiennent à coeur comme cette question de l'emploi des jeunes, de la formation, des stages, comme sur bien d'autres sujets, oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Najat VALLAUD-BELKACEM, on balaye l'actualité. Est-ce que vous avez vu ce qu'a déclaré Jean-Vincent PLACÉ à propos d'Arnaud MONTEBOURG : « Il ne sert à rien » ? Non, il a posé la question : « À quoi sert-il ? » Ça vous laisse dubitative, ça ne vous intéresse pas.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non. J'ai le droit de répondre ça ? En fait, ça ne m'intéresse pas !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pourquoi ne pas répondre à cela ? « Ce que dit Jean-Vincent PLACÉ ne m'intéresse absolument pas ».
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, non. Ce n'est pas lié au seul Jean-Vincent PLACÉ. Je pense qu'il n'y a pas d'intérêt particulier à commenter cette sortie, voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord. Vous avez vu CIVITAS qui a diffusé des photos présentant une jeune femme en jean mimant des poses sexuelles. C'était au Canada, ils se sont trompés. Vous avez vu, ça ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui. C'est bien que tout le monde puisse se rendre compte des méthodes de CIVITAS : la manipulation, le mensonge. Ce sont des faussaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Manipulations et mensonges dont vous êtes victime aussi, dont vous avez été victime aussi.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, ça arrive.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Récemment. Pourquoi est-ce qu'on vous en veut selon vous ? Pourquoi est-ce que cette frange très à droite vous en veut, Najat VALLAUD-BELKACEM ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je crois qu'il faut poser la question à ceux qui m'en veulent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous y avez réfléchi j'imagine, non ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Moi je crois qu'au fond, ce n'est pas tant ma personne. Je crois vraiment que cette promotion de l'égalité entre les femmes et les hommes, contrairement à une idée reçue, elle ne fait pas tant consensus que ça. Plus exactement, elle fait plutôt consensus dans la société française, la vraie, les gens, les Français, mais il existe toujours des franges qui sont hostiles, résolument hostiles, et qui se battront contre cette égalité hommes-femmes. Pourquoi ? Parce qu'ils ont tout à gagner de l'inégalité, ils ont tout à gagner de la domination d'un sexe par l'autre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Vous savez ce qu'on va faire ? On va rejoindre Sotchi parce qu'on a une médaille d'or ! C'est une bonne nouvelle ! Mais tout de suite, je voudrais que nous écoutions ce qui s'est passé à Lyon. Invitée d'un café-débat sur l'enfance, une candidate du Front National dans le Vème arrondissement, Nicole HUGON, a eu des propos choquants sur vous, sur la théorie du genre. Écoutez.
NICOLE HUGON, CANDIDATE AUX MUNICIPALES A LYON
Je pense que madame BELKACEM a dû se réveiller un matin en pensant qu'elle était hermaphrodite. Pour moi, ça relève de la psychiatrie complètement. Si elle ne s'est pas aperçue qu'un garçon n'était pas physiologiquement fait comme une fille, je crois que ça devient grave et dans ce cas-là, on peut la remettre à l'école pour l'apprendre. Au nom de l'égalité, je voudrais savoir si madame BELKACEM, qui certainement doit rêver de s'appeler Robert, enseignerait la théorie du genre au Roi du Maroc et dans les écoles marocaines.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà. Vous avez entendu ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui. Je suis toujours hésitante face à ce type de sortie parce qu'est-ce que leur répondre, ce n'est pas déjà leur donner une importance qu'elles ne méritent pas ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous ne leur répondez pas.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, la finale de snowboard cross avec François GIUSEPPI. Médaille d'or pour Pierre VAULTIER, François ? [ ] Tout va bien, vous êtes la ministre la plus populaire du gouvernement. J'ai vu ça maintenant !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
L'action que je conduis comme ministre des Droits des femmes en effet rencontre l'adhésion des Français. C'est une bonne chose parce que, vous savez, on a vécu quelques jours de polémiques stériles et fallacieuses qui ont pu laisser croire peut-être que les Français ne partageaient pas cet objectif.
JEAN-JACQUES BOURDIN
« Khmer rose », on vous qualifie de Khmer rose. Vous avez vu ça ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, ce sont des critiques.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ce n'est pas une critique, ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est un commentaire, oui. C'est un commentaire.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'est excessif et insignifiant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Najat VALLAUD-BELKACEM. C'est un peu décousu aujourd'hui mais ça arrive.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, je suis désolée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 21 février 2014