Texte intégral
« Mesdames et messieurs les parlementaires,
Monsieur le secrétaire général,
Messieurs les officiers,
Mesdames et Messieurs,
Je tenais à vous remercier, et à remercier en particulier le secrétaire général Laurent Berger, pour cette invitation à clôturer le colloque qui vous a réunis aujourd'hui, mais dont je sais qu'il est le fruit d'une réflexion engagée il y a bien longtemps, et qui s'inscrit dans le long terme.
Nous sommes ici dans un haut lieu de la République. Le Conseil économique, social et environnemental est un lieu symbolique, qui marque à la fois l'ouverture des institutions à la société civile, et la réunion de toutes les forces vives de la Nation pour faire progresser ensemble le pays.
Un lieu symbolique en effet, pour accueillir le dialogue qui nous réunit aujourd'hui.
Ce dialogue est une priorité du gouvernement, et vous savez que le président de la République, dans sa préface au livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, soulignait le rôle essentiel des acteurs de la société civile pour relever les défis qui attendent notre Défense.
L'intérêt que vous avez manifesté à l'occasion des différentes tables-rondes est un signe fort de l'implication des citoyens français autour de ces problématiques.
Pour comprendre les enjeux de cette implication, je crois qu'il faut, comme bien souvent, revenir à l'Histoire. Au cours du XXe siècle, nous sommes passés de la Nation en armes, celle qui a combattu dans les tranchées, à l'armée professionnelle, celle qui est engagée aujourd'hui au nom de la France sur les différents théâtres d'opérations extérieures.
Dans le même temps, notre culture militaire nationale s'est enrichie de multiples expériences à travers des partenaires européens et internationaux je vais y revenir.
En parallèle, des instances nouvelles ont fait leur apparition aux côtés des Etats dans l'univers militaire : je pense aux acteurs économiques, qui se sont pour un certain nombre d'entre eux émancipés des États, tout en continuant de travailler étroitement avec eux.
Mais je pense aussi, bien sûr, à tous les acteurs de la société civile, les syndicats, comme celui qui nous rassemble aujourd'hui, les associations la communauté de Défense en abrite un grand nombre ou encore les organisations non-gouvernementales qui exercent, par exemple sur la question des exportations d'armement, une légitime vigilance.
En un mot, nous vivons dans un monde où coexistent une société internationale des Etats et des acteurs infra-étatiques, qui sont plus dynamiques que jamais. Tout cela se complexifie encore avec le développement de l'espace virtuel et l'apparition de nouvelles technologies de combat.
Les risques de cyber guerre, les nouvelles formes de terrorisme, la dissémination des armes conventionnelles, la prolifération des armes de destruction massive, comptent parmi les menaces qui achèvent de bouleverser les équilibres stratégiques, et nous imposent de redéfinir le rôle de nos armées.
Les travaux que vous avez menés aujourd'hui rappellent ces nouveaux enjeux, ces nouveaux défis.
Avec vous, je voudrais d'abord revenir sur le travail de refondation de notre politique de Défense, qui nous a occupés tout au long de l'année 2013, et qui répond à ces enjeux. Je m'attarderai ensuite, non pas sur tous les nouveaux acteurs de la Défense, mais sur trois d'entre eux qui sont appelés à jouer un rôle majeur dans les mois et les années qui viennent.
D'abord, quel renouvellement pour notre politique de Défense ?
Comment garantir les capacités militaires qui nous permettront d'être à la hauteur, demain comme aujourd'hui, de nos intérêts de sécurité, ceux de la France et ceux de l'Europe auxquels nous sommes intimement liés, comme des responsabilités internationales qui sont les nôtres de par l'histoire et notre place au Conseil de sécurité ?
Cette question se pose à nous avec une gravité particulière dans le contexte actuel.
Les menaces qui pèsent sur notre sécurité collective évoluent rapidement, dans le sens d'un durcissement de notre environnement stratégique et d'une diversification des risques d'atteinte au potentiel de la Nation. En même temps, la pression de la dette publique atteint des niveaux inconnus jusque-là, sous le coup des crises économiques qui se sont succédé depuis 2008. Chacun conviendra que c'est, pour la France, un autre enjeu de souveraineté.
On a beaucoup glosé sur cette tension entre impératif militaire et impératif budgétaire.
Pourtant, elle se résout d'elle-même : sans contrôle de la dette de l'Etat, comment peut-il y avoir maîtrise de nos choix stratégiques ?
Le Président de la République, dans les grandes orientations qu'il a arrêtées à travers le Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale, a fait un double choix : celui de notre autonomie stratégique et celui de notre souveraineté budgétaire. L'une ne va pas sans l'autre.
Pour faire des économies faciles, nous aurions pu chercher à occulter tout un pan de notre environnement stratégique. Ou prononcer des renoncements spectaculaires à certaines de nos responsabilités hors du territoire, comme certains nous y incitent. Telle n'est pas notre conception de la préparation de l'avenir pour la défense de la France.
Au contraire : nous nous sommes tenus à un principe de stricte sincérité dans la description des menaces, comme dans la définition des moyens pour y faire face.
C'est pourquoi la décision a été prise de sanctuariser notre effort de Défense, c'est-à-dire 31,4 milliards d'euros. Puis, en envisageant une hausse à compter de 2016, le Président de la République a marqué une priorité.
La raison en est simple, mais je crois qu'elle mérite d'être rappelée : c'est là un effort que la Nation consent, non pas pour ses armées en elles-mêmes, mais pour leur finalité qui est de garantir la sécurité du pays.
Le choix est fait, c'est celui de maintenir la France au premier rang stratégique. L'ambition du gouvernement s'énonce clairement :
- conforter notre capacité de dissuasion, qui est une des clés de l'autonomie stratégique ;
- garantir notre capacité à intervenir dans l'ensemble des situations où nos intérêts de sécurité et nos responsabilités internationales pourraient être mis en jeu ;
- assurer en permanence la protection du territoire et de sa population.
Pour atteindre ces objectifs, nous avons fait de l'entraînement et de la préparation opérationnelle une priorité, parce que l'excellence de nos armées, leur crédibilité en découlent directement. Ensuite au profit de l'équipement des forces, avec un niveau de crédits qui sera en constante progression sur la durée de la programmation.
Ces choix s'inscrivent dans une certaine trajectoire de la Nation, à un moment où son environnement lui commande de ne pas baisser la garde.
Je tiens à réaffirmer, et je pense que vous partagez cette analyse, que la communauté de Défense ce n'est pas simplement les hommes et les femmes qui relèvent de ce ministère. C'est la communauté nationale dans son ensemble, qui se reconnaît des intérêts de sécurité et des responsabilités, et décide donc de s'en montrer à la hauteur.
C'est à cet égard que les nouveaux acteurs de la Défense ont un rôle particulier à jouer. Je veux en mentionner trois, qui me semblent particulièrement importants dans la période qui s'ouvre.
Il y a d'abord l'Union européenne, et vous savez que la relance de l'Europe de la Défense est pour nous une orientation stratégique majeure.
A chaque fois qu'une crise éclate, qui met en jeu la sécurité internationale, la même question revient sur la table. Où est l'Europe ? Que fait l'Union européenne ?
Pour ma part, je fais d'abord une lecture positive de ce questionnement. Il prouve au minimum une chose : l'opinion publique française a intégré l'Europe comme un acteur de la sécurité internationale. C'est un acquis non négligeable.
Certains nous décrivent une Europe insuffisante, absente, sur les enjeux de sécurité et de défense. Ce n'est pas la réalité de ce que nous constatons depuis vingt mois. Je prendrai un exemple.
Le 11 janvier 2013, en réponse à un appel à l'aide des autorités maliennes, le président de la République a pris la décision d'intervenir au Mali en déclenchant l'opération Serval.
Ce que l'on sait moins, c'est que 48 heures plus tard, Jean-Yves Le Drian recevait, de manière spontanée, des appels de ses homologues européens pour offrir un soutien.
Évidemment, ce soutien n'allait pas jusqu'au déploiement de troupes sur le terrain, mais il correspondait à des besoins critiques de nos forces. En matière de renseignement, mais aussi de transport et de ravitaillement.
Bien sûr, il y a des progrès qui sont possibles. Mais je crois que nous devons être pragmatiques, et là encore, ne demandons pas à l'Europe ce qu'elle ne peut pas donner. Sur vingt-huit États membres, combien sont dotés d'institutions qui autorisent l'engagement des forces armées en moins de vingt-quatre heures ?
J'ai choisi l'exemple du Mali, parce que je trouve qu'il est révélateur des malentendus et des déceptions qui ont jalonné la construction de l'Europe de la Défense.
C'est une évidence, mais je veux la redire ici : nous ne construisons pas l'Europe de la Défense pour répliquer à 28 le système français. Nous ne pouvons pas attendre de nos partenaires qu'ils adoptent, du jour au lendemain, les réflexes d'ailleurs patiemment construits de notre Vème République.
Avec une détermination dans laquelle il entre autant de volontarisme que de pragmatisme et de patience, nous construisons en revanche un projet inédit. Ce projet a sa dynamique propre. Il peut avoir d'ailleurs des contradictions, mais cela ne l'empêche pas d'être une entreprise sans précédent et sans comparaison à l'échelle mondiale.
Pour le mener à bien, il faut assumer ses échecs, comme sur la crise libyenne dont l'Union européenne a été dramatiquement absente. Mais il faut aussi valoriser ses succès, ce que nous ne faisons pas suffisamment.
C'est à cet égard que j'interprète la décision, très positive, de l'Union européenne de lancer une opération en Centrafrique.
Plus globalement, si nous croyons à ce projet d'Europe de la Défense, ce n'est ni par optimisme béat, ni par réalisme froid sur les limites de nos capacités nationales. Si nous y croyons tant, c'est que ce projet a un sens profond, qui renvoie aux fondamentaux de notre identité européenne telle qu'elle s'est forgée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Ce sens, nous l'avons peut-être un peu perdu de vue, à force de nous enliser dans des querelles d'institutions et d'organisations. Mais on peut le rappeler simplement, et je retrouve ici, tout naturellement, mes fonctions de ministre en charge de la politique mémorielle.
L'année 2014, vous le savez, est l'occasion de revenir aux premiers traumatismes qui ont nourri le projet européen. Les commémorations du Centenaire de la Première Guerre mondiale rappelleront l'idéal d'Europe de la paix auxquels les acteurs de la Grande Guerre ont cru au lendemain du conflit.
Nous nous rappellerons la volonté historique qui a présidé à la construction européenne : arracher notre continent aux errements de l'Histoire, pour faire du rêve européen une réalité de paix et de prospérité, ce cadre que l'Europe nous garantit aujourd'hui.
Les parallèles historiques ont leur limite, mais il faut savoir être au rendez-vous de l'Histoire. Ma conviction est que les Européens sont devant l'opportunité unique de se rassembler autour d'un grand projet, car c'est l'Europe de la Défense qui posera la dernière pierre de l'Europe de la paix.
En évoquant les nouveaux acteurs de la Défense, j'ai souhaité porter notre regard plus haut, vers cette Europe qui parfois attire et parfois effraie. Je veux maintenant évoquer d'autres acteurs, une multitude d'acteurs, dont la diversité et la richesse font notre force commune. Il s'agit des PME de Défense.
Disposer d'une industrie performante est clairement affiché comme un élément de notre rang stratégique. Les industries de Défense représentent 165 000 emplois directs, avec un chiffre d'affaires global d'environ 15 milliards d'euros.
Sur les 4 000 entreprises existantes, nous savons qu'une majorité représente des PME/ETI. Elles sont à la fois l'une des conditions de notre autonomie, et l'un des moteurs les plus dynamiques de la compétitivité de notre économie.
Elles représentent l'un des atouts importants dont nous disposons pour l'équilibre de la balance de nos comptes publics, grâce aux exportations. Elles constituent enfin un domaine d'excellence pour l'emploi.
Mais elles sont aussi, et c'est une dimension majeure, des acteurs à part entière de la Défense. C'est ce qu'a souhaité inscrire le ministre de la Défense et le gouvernement à travers le Pacte Défense PME.
L'industrie de Défense a toujours été une composante essentielle de notre autonomie stratégique. Mais elle a longtemps été partie intégrante de l'Etat, à travers les arsenaux par exemple. Son affirmation comme un acteur à part entière, partie prenante et cependant indépendante de la politique de défense, lié et délié à la fois, est relativement récente.
Les récents défis de nos armées au Mali ont permis d'illustrer à nouveau la nécessité de l'excellence technologique de l'équipement de nos forces. Face à des configurations de combat qui évoluent, à la diversification des menaces, il est primordial pour nos forces de disposer d'équipement permettant d'imposer à l'ennemi un rythme d'opération auquel il ne s'attend pas.
La Défense doit soutenir l'industrie française, tout comme l'industrie française soutient la Défense française. Je pense notamment au rôle qu'est le nôtre en matière d'innovation.
Nous devons susciter l'innovation au sein de l'industrie de défense pour créer de nouveaux outils et systèmes qui répondent à ces défis. La création des fonds ASTRID et RAPID dédiés à l'innovation permet par exemple de stimuler l'émergence de nouveaux acteurs et de nouveaux produits de Défense. Avec le Pacte Défense PME, ce sont les grands groupes qui se sont associés au ministère pour assurer la pérennité d'un tissu de PME performantes.
La nécessité de l'interaction permanente entre le ministère de la Défense et les entreprises se retrouve aussi dans le domaine de la cyber-défense. Lancé il y a deux semaines dans la lignée du Pacte Défense PME, le Pacte Défense Cyber contribuera à mobiliser les énergies pour faire face notamment aux nouveaux enjeux en matière d'intelligence économique, un thème que vous avez abordé lors de vos tables rondes ce matin.
En menant cette réflexion, vous avez à nouveau fait la preuve de votre pleine légitimité à penser les évolutions de la société, à contribuer à cette réflexion globale qui porte, et vous le soulignez à juste titre, tant sur les stratégies de défense que sur les choix de société.
C'est pourquoi dans cet énoncé des acteurs qui doivent être nos interlocuteurs quotidiens, et dont le rôle est voué à se développer davantage, je veux dire un mot particulier des syndicats.
Les syndicats ont depuis longtemps toute leur place au sein du ministère, en raison des nombreux personnels civils qui apportent un concours décisif à la réussite de notre politique de Défense. Comme dans tout ministère, mais peut-être particulièrement dans celui-là, le dialogue social est essentiel à la bonne marche de notre action.
Depuis une quinzaine d'années, le ministère de la Défense se réforme. On peut même dire qu'il est depuis cette date à la pointe de la modernisation de l'Etat, ayant par exemple anticipé un certain nombre des évolutions introduites par la suite dans d'autres ministères.
Dans ce contexte, le dialogue est indispensable à l'entretien du lien de confiance entre tous les acteurs de la Défense. C'est d'ailleurs l'un des points forts du colloque que vous organisez aujourd'hui, que de rassembler des acteurs provenant d'employeurs différents. Particulièrement attaché à la bonne tenue de ce dialogue, Jean-Yves Le Drian a souhaité le renforcer, notamment du côté des militaires, qui ne sont pas syndiqués et qui, bien sûr, n'ont pas vocation à l'être compte-tenu des exigences de leur statut.
Pour autant, il a semblé que la concertation pouvait être améliorée pour le bénéfice de tous. A la demande du président de la République, le ministre de la Défense a donc lancé des travaux importants à l'occasion de la 90ème session du Conseil supérieur de la fonction militaire.
A la suite du Livre blanc, il s'agit notamment de faire évoluer les modes de désignation des membres des instances de concertation locales autant que nationales.
La réaffirmation du rôle des acteurs sociaux au sein de notre politique de Défense concerne aussi les syndicats. Pour les civils, un amendement parlementaire que nous avons soutenu dans le cadre du débat sur la LPM a en effet permis d'accroître le champ du dialogue social.
Les comités techniques ministériels du ministère de la Défense et, pour ce qui concerne la gendarmerie, du ministère de l'Intérieur, étaient en effet privés des discussions portant sur les questions d'organisation et de fonctionnement des services. Cette exception, qui n'avait pas lieu d'être, a été supprimée.
C'est aussi par des dispositions aussi concrètes que nous pouvons améliorer les conditions du dialogue qui doit plus que jamais nous rassembler.
Ce que je tiens à souligner, et c'est la raison de ma présence ici, c'est que ce dialogue est certes légitime sur les questions sociales, ou relatives aux conditions de vie et de travail des personnels, mais il est légitime bien au-delà.
Il est légitime en tant que dialogue avec un acteur de la Défense, un acteur de la société, un acteur de cette pensée qu'il nous faut sans cesse renouveler ensemble pour préparer la France et l'Europe de demain.
Par votre action, vous syndicats, et au-delà toute la société civile, vous contribuez à faire de la Nation un acteur de la Défense réinventé.
Hier en armes, la Nation a délégué à certains de ses fils le soin de la défendre. Un lien armée-nation payé au prix du sang et de destins brisés.
Un temps, certains ont pu craindre que l'avènement d'une armée strictement professionnelle coupe le pays de certaines réalités du monde, qui continue de voir, au-delà de l'espace pacifié de l'Europe, le développement de menaces qui nous concernent pourtant de près.
Aujourd'hui, alors que l'actualité récente vient encore de rappeler combien nous pouvions être fiers et avoir confiance dans cette armée professionnelle, notre armée, le moment est peut-être venu de réfléchir à nouveau aux liens entre l'armée au cur de la Nation et cette Nation qui porte son armée au cur.
Toutes les enquêtes d'opinion le montrent, il ne peut y avoir de Défense et de sécurité efficaces sans l'adhésion de la population. La Défense et la sécurité nationale sont l'affaire de tous les Français ; elles requièrent leur confiance dans l'action que mènent les pouvoirs publics et la certitude que ces derniers mettent tout en uvre pour garantir notre souveraineté et notre protection.
Cette appropriation collective de la stratégie de Défense et de sécurité, le ministère de la Défense a souhaité la renforcer. Je pense à la rénovation de l'enseignement de Défense. Je pense également à la rénovation de la journée Défense et citoyenneté.
Il y a là un beau défi, qui nous concerne tous. Et parce que vous êtes au croisement de ces univers, le monde de la Défense, la société civile, le monde de l'entreprise, vous avez un rôle particulier à jouer. Vous êtes au cur du lien armée-nation. Votre analyse des menaces, des enjeux, de nos forces et de nos faiblesses, doit être entendue. Elle doit être écoutée. C'est le sens de ma présence ici.
Je sais que nous partageons une même admiration pour le travail exceptionnel de nos forces armées ; une même sensibilité à l'enjeu de Défense et à la sécurité de la Nation ; une même ambition pour une France forte, porteuse de valeurs sur la scène internationale et source de progrès économique, social et environnemental sur notre territoire.
Les choix opérés au sein de la Défense ont un impact considérable. Pas seulement sur nos forces armées. Ils sont des choix de société.
Je suis fier aujourd'hui du succès militaire de notre engagement au Mali ; je suis fier du rayonnement de nos entreprises et de l'innovation qu'elles disséminent dans le civil ; je suis fier de voir une armée qui repense sans cesse sa place dans l'environnement, pour le protéger et en protéger les ressources ; je suis fier de l'égalité qui fait que chacun trouve sa place et est traité avec respect dans nos armées ; je suis fier d'honorer la mémoire des combattants d'hier, qui font écho à ceux d'aujourd'hui
Alors en ce dernier jour de janvier, où nous pouvons encore nous adresser des vux, par-delà les vux de bonheur que vous adresse sur le plan personnel, je fais le vu que nous continuions à porter une Défense où chacun puisse se reconnaître, car cela serait une force pour notre pays, pour notre Nation, en fait pour l'ensemble des Françaises et des Français. Je vous remercie. »
source http://www.defense.gouv.fr, le 24 février 2014
Monsieur le secrétaire général,
Messieurs les officiers,
Mesdames et Messieurs,
Je tenais à vous remercier, et à remercier en particulier le secrétaire général Laurent Berger, pour cette invitation à clôturer le colloque qui vous a réunis aujourd'hui, mais dont je sais qu'il est le fruit d'une réflexion engagée il y a bien longtemps, et qui s'inscrit dans le long terme.
Nous sommes ici dans un haut lieu de la République. Le Conseil économique, social et environnemental est un lieu symbolique, qui marque à la fois l'ouverture des institutions à la société civile, et la réunion de toutes les forces vives de la Nation pour faire progresser ensemble le pays.
Un lieu symbolique en effet, pour accueillir le dialogue qui nous réunit aujourd'hui.
Ce dialogue est une priorité du gouvernement, et vous savez que le président de la République, dans sa préface au livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, soulignait le rôle essentiel des acteurs de la société civile pour relever les défis qui attendent notre Défense.
L'intérêt que vous avez manifesté à l'occasion des différentes tables-rondes est un signe fort de l'implication des citoyens français autour de ces problématiques.
Pour comprendre les enjeux de cette implication, je crois qu'il faut, comme bien souvent, revenir à l'Histoire. Au cours du XXe siècle, nous sommes passés de la Nation en armes, celle qui a combattu dans les tranchées, à l'armée professionnelle, celle qui est engagée aujourd'hui au nom de la France sur les différents théâtres d'opérations extérieures.
Dans le même temps, notre culture militaire nationale s'est enrichie de multiples expériences à travers des partenaires européens et internationaux je vais y revenir.
En parallèle, des instances nouvelles ont fait leur apparition aux côtés des Etats dans l'univers militaire : je pense aux acteurs économiques, qui se sont pour un certain nombre d'entre eux émancipés des États, tout en continuant de travailler étroitement avec eux.
Mais je pense aussi, bien sûr, à tous les acteurs de la société civile, les syndicats, comme celui qui nous rassemble aujourd'hui, les associations la communauté de Défense en abrite un grand nombre ou encore les organisations non-gouvernementales qui exercent, par exemple sur la question des exportations d'armement, une légitime vigilance.
En un mot, nous vivons dans un monde où coexistent une société internationale des Etats et des acteurs infra-étatiques, qui sont plus dynamiques que jamais. Tout cela se complexifie encore avec le développement de l'espace virtuel et l'apparition de nouvelles technologies de combat.
Les risques de cyber guerre, les nouvelles formes de terrorisme, la dissémination des armes conventionnelles, la prolifération des armes de destruction massive, comptent parmi les menaces qui achèvent de bouleverser les équilibres stratégiques, et nous imposent de redéfinir le rôle de nos armées.
Les travaux que vous avez menés aujourd'hui rappellent ces nouveaux enjeux, ces nouveaux défis.
Avec vous, je voudrais d'abord revenir sur le travail de refondation de notre politique de Défense, qui nous a occupés tout au long de l'année 2013, et qui répond à ces enjeux. Je m'attarderai ensuite, non pas sur tous les nouveaux acteurs de la Défense, mais sur trois d'entre eux qui sont appelés à jouer un rôle majeur dans les mois et les années qui viennent.
D'abord, quel renouvellement pour notre politique de Défense ?
Comment garantir les capacités militaires qui nous permettront d'être à la hauteur, demain comme aujourd'hui, de nos intérêts de sécurité, ceux de la France et ceux de l'Europe auxquels nous sommes intimement liés, comme des responsabilités internationales qui sont les nôtres de par l'histoire et notre place au Conseil de sécurité ?
Cette question se pose à nous avec une gravité particulière dans le contexte actuel.
Les menaces qui pèsent sur notre sécurité collective évoluent rapidement, dans le sens d'un durcissement de notre environnement stratégique et d'une diversification des risques d'atteinte au potentiel de la Nation. En même temps, la pression de la dette publique atteint des niveaux inconnus jusque-là, sous le coup des crises économiques qui se sont succédé depuis 2008. Chacun conviendra que c'est, pour la France, un autre enjeu de souveraineté.
On a beaucoup glosé sur cette tension entre impératif militaire et impératif budgétaire.
Pourtant, elle se résout d'elle-même : sans contrôle de la dette de l'Etat, comment peut-il y avoir maîtrise de nos choix stratégiques ?
Le Président de la République, dans les grandes orientations qu'il a arrêtées à travers le Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale, a fait un double choix : celui de notre autonomie stratégique et celui de notre souveraineté budgétaire. L'une ne va pas sans l'autre.
Pour faire des économies faciles, nous aurions pu chercher à occulter tout un pan de notre environnement stratégique. Ou prononcer des renoncements spectaculaires à certaines de nos responsabilités hors du territoire, comme certains nous y incitent. Telle n'est pas notre conception de la préparation de l'avenir pour la défense de la France.
Au contraire : nous nous sommes tenus à un principe de stricte sincérité dans la description des menaces, comme dans la définition des moyens pour y faire face.
C'est pourquoi la décision a été prise de sanctuariser notre effort de Défense, c'est-à-dire 31,4 milliards d'euros. Puis, en envisageant une hausse à compter de 2016, le Président de la République a marqué une priorité.
La raison en est simple, mais je crois qu'elle mérite d'être rappelée : c'est là un effort que la Nation consent, non pas pour ses armées en elles-mêmes, mais pour leur finalité qui est de garantir la sécurité du pays.
Le choix est fait, c'est celui de maintenir la France au premier rang stratégique. L'ambition du gouvernement s'énonce clairement :
- conforter notre capacité de dissuasion, qui est une des clés de l'autonomie stratégique ;
- garantir notre capacité à intervenir dans l'ensemble des situations où nos intérêts de sécurité et nos responsabilités internationales pourraient être mis en jeu ;
- assurer en permanence la protection du territoire et de sa population.
Pour atteindre ces objectifs, nous avons fait de l'entraînement et de la préparation opérationnelle une priorité, parce que l'excellence de nos armées, leur crédibilité en découlent directement. Ensuite au profit de l'équipement des forces, avec un niveau de crédits qui sera en constante progression sur la durée de la programmation.
Ces choix s'inscrivent dans une certaine trajectoire de la Nation, à un moment où son environnement lui commande de ne pas baisser la garde.
Je tiens à réaffirmer, et je pense que vous partagez cette analyse, que la communauté de Défense ce n'est pas simplement les hommes et les femmes qui relèvent de ce ministère. C'est la communauté nationale dans son ensemble, qui se reconnaît des intérêts de sécurité et des responsabilités, et décide donc de s'en montrer à la hauteur.
C'est à cet égard que les nouveaux acteurs de la Défense ont un rôle particulier à jouer. Je veux en mentionner trois, qui me semblent particulièrement importants dans la période qui s'ouvre.
Il y a d'abord l'Union européenne, et vous savez que la relance de l'Europe de la Défense est pour nous une orientation stratégique majeure.
A chaque fois qu'une crise éclate, qui met en jeu la sécurité internationale, la même question revient sur la table. Où est l'Europe ? Que fait l'Union européenne ?
Pour ma part, je fais d'abord une lecture positive de ce questionnement. Il prouve au minimum une chose : l'opinion publique française a intégré l'Europe comme un acteur de la sécurité internationale. C'est un acquis non négligeable.
Certains nous décrivent une Europe insuffisante, absente, sur les enjeux de sécurité et de défense. Ce n'est pas la réalité de ce que nous constatons depuis vingt mois. Je prendrai un exemple.
Le 11 janvier 2013, en réponse à un appel à l'aide des autorités maliennes, le président de la République a pris la décision d'intervenir au Mali en déclenchant l'opération Serval.
Ce que l'on sait moins, c'est que 48 heures plus tard, Jean-Yves Le Drian recevait, de manière spontanée, des appels de ses homologues européens pour offrir un soutien.
Évidemment, ce soutien n'allait pas jusqu'au déploiement de troupes sur le terrain, mais il correspondait à des besoins critiques de nos forces. En matière de renseignement, mais aussi de transport et de ravitaillement.
Bien sûr, il y a des progrès qui sont possibles. Mais je crois que nous devons être pragmatiques, et là encore, ne demandons pas à l'Europe ce qu'elle ne peut pas donner. Sur vingt-huit États membres, combien sont dotés d'institutions qui autorisent l'engagement des forces armées en moins de vingt-quatre heures ?
J'ai choisi l'exemple du Mali, parce que je trouve qu'il est révélateur des malentendus et des déceptions qui ont jalonné la construction de l'Europe de la Défense.
C'est une évidence, mais je veux la redire ici : nous ne construisons pas l'Europe de la Défense pour répliquer à 28 le système français. Nous ne pouvons pas attendre de nos partenaires qu'ils adoptent, du jour au lendemain, les réflexes d'ailleurs patiemment construits de notre Vème République.
Avec une détermination dans laquelle il entre autant de volontarisme que de pragmatisme et de patience, nous construisons en revanche un projet inédit. Ce projet a sa dynamique propre. Il peut avoir d'ailleurs des contradictions, mais cela ne l'empêche pas d'être une entreprise sans précédent et sans comparaison à l'échelle mondiale.
Pour le mener à bien, il faut assumer ses échecs, comme sur la crise libyenne dont l'Union européenne a été dramatiquement absente. Mais il faut aussi valoriser ses succès, ce que nous ne faisons pas suffisamment.
C'est à cet égard que j'interprète la décision, très positive, de l'Union européenne de lancer une opération en Centrafrique.
Plus globalement, si nous croyons à ce projet d'Europe de la Défense, ce n'est ni par optimisme béat, ni par réalisme froid sur les limites de nos capacités nationales. Si nous y croyons tant, c'est que ce projet a un sens profond, qui renvoie aux fondamentaux de notre identité européenne telle qu'elle s'est forgée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Ce sens, nous l'avons peut-être un peu perdu de vue, à force de nous enliser dans des querelles d'institutions et d'organisations. Mais on peut le rappeler simplement, et je retrouve ici, tout naturellement, mes fonctions de ministre en charge de la politique mémorielle.
L'année 2014, vous le savez, est l'occasion de revenir aux premiers traumatismes qui ont nourri le projet européen. Les commémorations du Centenaire de la Première Guerre mondiale rappelleront l'idéal d'Europe de la paix auxquels les acteurs de la Grande Guerre ont cru au lendemain du conflit.
Nous nous rappellerons la volonté historique qui a présidé à la construction européenne : arracher notre continent aux errements de l'Histoire, pour faire du rêve européen une réalité de paix et de prospérité, ce cadre que l'Europe nous garantit aujourd'hui.
Les parallèles historiques ont leur limite, mais il faut savoir être au rendez-vous de l'Histoire. Ma conviction est que les Européens sont devant l'opportunité unique de se rassembler autour d'un grand projet, car c'est l'Europe de la Défense qui posera la dernière pierre de l'Europe de la paix.
En évoquant les nouveaux acteurs de la Défense, j'ai souhaité porter notre regard plus haut, vers cette Europe qui parfois attire et parfois effraie. Je veux maintenant évoquer d'autres acteurs, une multitude d'acteurs, dont la diversité et la richesse font notre force commune. Il s'agit des PME de Défense.
Disposer d'une industrie performante est clairement affiché comme un élément de notre rang stratégique. Les industries de Défense représentent 165 000 emplois directs, avec un chiffre d'affaires global d'environ 15 milliards d'euros.
Sur les 4 000 entreprises existantes, nous savons qu'une majorité représente des PME/ETI. Elles sont à la fois l'une des conditions de notre autonomie, et l'un des moteurs les plus dynamiques de la compétitivité de notre économie.
Elles représentent l'un des atouts importants dont nous disposons pour l'équilibre de la balance de nos comptes publics, grâce aux exportations. Elles constituent enfin un domaine d'excellence pour l'emploi.
Mais elles sont aussi, et c'est une dimension majeure, des acteurs à part entière de la Défense. C'est ce qu'a souhaité inscrire le ministre de la Défense et le gouvernement à travers le Pacte Défense PME.
L'industrie de Défense a toujours été une composante essentielle de notre autonomie stratégique. Mais elle a longtemps été partie intégrante de l'Etat, à travers les arsenaux par exemple. Son affirmation comme un acteur à part entière, partie prenante et cependant indépendante de la politique de défense, lié et délié à la fois, est relativement récente.
Les récents défis de nos armées au Mali ont permis d'illustrer à nouveau la nécessité de l'excellence technologique de l'équipement de nos forces. Face à des configurations de combat qui évoluent, à la diversification des menaces, il est primordial pour nos forces de disposer d'équipement permettant d'imposer à l'ennemi un rythme d'opération auquel il ne s'attend pas.
La Défense doit soutenir l'industrie française, tout comme l'industrie française soutient la Défense française. Je pense notamment au rôle qu'est le nôtre en matière d'innovation.
Nous devons susciter l'innovation au sein de l'industrie de défense pour créer de nouveaux outils et systèmes qui répondent à ces défis. La création des fonds ASTRID et RAPID dédiés à l'innovation permet par exemple de stimuler l'émergence de nouveaux acteurs et de nouveaux produits de Défense. Avec le Pacte Défense PME, ce sont les grands groupes qui se sont associés au ministère pour assurer la pérennité d'un tissu de PME performantes.
La nécessité de l'interaction permanente entre le ministère de la Défense et les entreprises se retrouve aussi dans le domaine de la cyber-défense. Lancé il y a deux semaines dans la lignée du Pacte Défense PME, le Pacte Défense Cyber contribuera à mobiliser les énergies pour faire face notamment aux nouveaux enjeux en matière d'intelligence économique, un thème que vous avez abordé lors de vos tables rondes ce matin.
En menant cette réflexion, vous avez à nouveau fait la preuve de votre pleine légitimité à penser les évolutions de la société, à contribuer à cette réflexion globale qui porte, et vous le soulignez à juste titre, tant sur les stratégies de défense que sur les choix de société.
C'est pourquoi dans cet énoncé des acteurs qui doivent être nos interlocuteurs quotidiens, et dont le rôle est voué à se développer davantage, je veux dire un mot particulier des syndicats.
Les syndicats ont depuis longtemps toute leur place au sein du ministère, en raison des nombreux personnels civils qui apportent un concours décisif à la réussite de notre politique de Défense. Comme dans tout ministère, mais peut-être particulièrement dans celui-là, le dialogue social est essentiel à la bonne marche de notre action.
Depuis une quinzaine d'années, le ministère de la Défense se réforme. On peut même dire qu'il est depuis cette date à la pointe de la modernisation de l'Etat, ayant par exemple anticipé un certain nombre des évolutions introduites par la suite dans d'autres ministères.
Dans ce contexte, le dialogue est indispensable à l'entretien du lien de confiance entre tous les acteurs de la Défense. C'est d'ailleurs l'un des points forts du colloque que vous organisez aujourd'hui, que de rassembler des acteurs provenant d'employeurs différents. Particulièrement attaché à la bonne tenue de ce dialogue, Jean-Yves Le Drian a souhaité le renforcer, notamment du côté des militaires, qui ne sont pas syndiqués et qui, bien sûr, n'ont pas vocation à l'être compte-tenu des exigences de leur statut.
Pour autant, il a semblé que la concertation pouvait être améliorée pour le bénéfice de tous. A la demande du président de la République, le ministre de la Défense a donc lancé des travaux importants à l'occasion de la 90ème session du Conseil supérieur de la fonction militaire.
A la suite du Livre blanc, il s'agit notamment de faire évoluer les modes de désignation des membres des instances de concertation locales autant que nationales.
La réaffirmation du rôle des acteurs sociaux au sein de notre politique de Défense concerne aussi les syndicats. Pour les civils, un amendement parlementaire que nous avons soutenu dans le cadre du débat sur la LPM a en effet permis d'accroître le champ du dialogue social.
Les comités techniques ministériels du ministère de la Défense et, pour ce qui concerne la gendarmerie, du ministère de l'Intérieur, étaient en effet privés des discussions portant sur les questions d'organisation et de fonctionnement des services. Cette exception, qui n'avait pas lieu d'être, a été supprimée.
C'est aussi par des dispositions aussi concrètes que nous pouvons améliorer les conditions du dialogue qui doit plus que jamais nous rassembler.
Ce que je tiens à souligner, et c'est la raison de ma présence ici, c'est que ce dialogue est certes légitime sur les questions sociales, ou relatives aux conditions de vie et de travail des personnels, mais il est légitime bien au-delà.
Il est légitime en tant que dialogue avec un acteur de la Défense, un acteur de la société, un acteur de cette pensée qu'il nous faut sans cesse renouveler ensemble pour préparer la France et l'Europe de demain.
Par votre action, vous syndicats, et au-delà toute la société civile, vous contribuez à faire de la Nation un acteur de la Défense réinventé.
Hier en armes, la Nation a délégué à certains de ses fils le soin de la défendre. Un lien armée-nation payé au prix du sang et de destins brisés.
Un temps, certains ont pu craindre que l'avènement d'une armée strictement professionnelle coupe le pays de certaines réalités du monde, qui continue de voir, au-delà de l'espace pacifié de l'Europe, le développement de menaces qui nous concernent pourtant de près.
Aujourd'hui, alors que l'actualité récente vient encore de rappeler combien nous pouvions être fiers et avoir confiance dans cette armée professionnelle, notre armée, le moment est peut-être venu de réfléchir à nouveau aux liens entre l'armée au cur de la Nation et cette Nation qui porte son armée au cur.
Toutes les enquêtes d'opinion le montrent, il ne peut y avoir de Défense et de sécurité efficaces sans l'adhésion de la population. La Défense et la sécurité nationale sont l'affaire de tous les Français ; elles requièrent leur confiance dans l'action que mènent les pouvoirs publics et la certitude que ces derniers mettent tout en uvre pour garantir notre souveraineté et notre protection.
Cette appropriation collective de la stratégie de Défense et de sécurité, le ministère de la Défense a souhaité la renforcer. Je pense à la rénovation de l'enseignement de Défense. Je pense également à la rénovation de la journée Défense et citoyenneté.
Il y a là un beau défi, qui nous concerne tous. Et parce que vous êtes au croisement de ces univers, le monde de la Défense, la société civile, le monde de l'entreprise, vous avez un rôle particulier à jouer. Vous êtes au cur du lien armée-nation. Votre analyse des menaces, des enjeux, de nos forces et de nos faiblesses, doit être entendue. Elle doit être écoutée. C'est le sens de ma présence ici.
Je sais que nous partageons une même admiration pour le travail exceptionnel de nos forces armées ; une même sensibilité à l'enjeu de Défense et à la sécurité de la Nation ; une même ambition pour une France forte, porteuse de valeurs sur la scène internationale et source de progrès économique, social et environnemental sur notre territoire.
Les choix opérés au sein de la Défense ont un impact considérable. Pas seulement sur nos forces armées. Ils sont des choix de société.
Je suis fier aujourd'hui du succès militaire de notre engagement au Mali ; je suis fier du rayonnement de nos entreprises et de l'innovation qu'elles disséminent dans le civil ; je suis fier de voir une armée qui repense sans cesse sa place dans l'environnement, pour le protéger et en protéger les ressources ; je suis fier de l'égalité qui fait que chacun trouve sa place et est traité avec respect dans nos armées ; je suis fier d'honorer la mémoire des combattants d'hier, qui font écho à ceux d'aujourd'hui
Alors en ce dernier jour de janvier, où nous pouvons encore nous adresser des vux, par-delà les vux de bonheur que vous adresse sur le plan personnel, je fais le vu que nous continuions à porter une Défense où chacun puisse se reconnaître, car cela serait une force pour notre pays, pour notre Nation, en fait pour l'ensemble des Françaises et des Français. Je vous remercie. »
source http://www.defense.gouv.fr, le 24 février 2014