Déclaration de M. Alain Richard, ministre de la défense, sur la participation de la gendarmerie à la sécurité des vacanciers, notamment dans le Calvados, Villers-sur-Mer le 30 août 2001.

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Circonstance : Déplacement de M. Richard dans le Calvados le 30 août 2001

Texte intégral

Madame la députée,
Monsieur le président du Conseil régional,
Mesdames, Messieurs les élus,
Monsieur le Préfet,
Mesdames, Messieurs,
Comme tous les ans, je tenais, avant la fin de cette période estivale, à me rendre sur le terrain dans un secteur fortement fréquenté par les vacanciers, afin de visiter un dispositif de renfort saisonnier et tirer les enseignements qui permettent de continuer à le perfectionner. Je souhaitais avant tout rencontrer les personnels de la Gendarmerie, bien entendu, mais également les élus et, d'une façon générale, tous ceux qui participent sur le terrain à la mise en uvre de la politique de sécurité.
C'est donc avec un réel plaisir que je me trouve aujourd'hui avec vous à Villers-sur-Mer, et c'est avec le plus grand intérêt que je mets à profit ce déplacement pour mesurer sur place les problèmes posés par les migrations saisonnières et compléter encore la qualité de la réponse qui y est apportée par la Gendarmerie.
Les mouvements migratoires saisonniers sont devenus un événement social et économique majeur pour notre pays, qui est la première destination touristique mondiale, et leurs conséquences sont importantes à la fois sur la délinquance, sur la sécurité routière et sur les missions de secours. Les personnes en congés aspirent légitimement à passer leurs vacances en toute tranquillité. La sécurité des zones touristiques, qui incombe principalement aux unités de la Gendarmerie nationale, constitue donc pour nous une priorité.
Les unités locales deviennent sous-dimensionnées au regard de l'importance de la population et des activités de toute nature que génère cet afflux. C'est la mission et la tradition de la Gendarmerie de s'adapter à ces mouvements et de les anticiper pour assurer l'égalité devant le droit à la sécurité que le Gouvernement a érigé en principe.
La mise en uvre de ce dispositif représente un effort considérable. En juillet et août, ce sont près de 4 000 militaires de la Gendarmerie qui y ont participé. Dans le Calvados, ces renforts ont été composés de 92 gendarmes au total, soit 37 gendarmes mobiles, 7 élèves gendarmes, 17 gendarmes adjoints volontaires et 13 gendarmes départementaux. Ces renforts sont complétés d'une façon chaque année plus substantielle par des réservistes, dont la montée en puissance au sein de la Gendarmerie est désormais une réalité opérationnelle : les effectifs convoqués ont presque doublé par rapport à l'été 2000, et dans le département du Calvados ce sont en moyenne 18 réservistes qui ont travaillé aux côtés de leurs camarades de l'active. Cette évolution est très représentative du changement de nature de la réserve qui devient un outil précieux de service public et représente une interface importante entre la Gendarmerie et la société civile. Au total, ce sont 90 gendarmes/jour qui ont renforcé les unités du groupement du Calvados.
La Gendarmerie n'est pas isolée quand il s'agit de fournir cet effort d'adaptation et l'implication des collectivités locales est indispensable. Que ce soit par la mise à disposition de locaux de service ou la recherche des logements destinés aux militaires et à leurs familles, cette implication - tout à fait exemplaire à Villers - est une illustration parmi d'autres de la nécessité de la synergie que la politique partenariale favorise entre les services de l'Etat et les autorités décentralisées. La mission de sécurité générale incombe à l'Etat, mais il faut la mener dans une large association de tous les partenaires, tant au stade des constats et de l'expression des besoins qu'à celui de la mise en uvre. Cette politique de synergie, déjà formellement sanctionnée par la signature de 535 contrats locaux de sécurité, dont 180 associent activement la Gendarmerie, nous nous efforçons de lui donner le maximum de répercussions.
J'ai pu constater, dans le département du Calvados, combien le dispositif mis en uvre répondait aux impératifs de souplesse et d'adaptation qui s'imposent pour faire face à une situation très évolutive. Les effectifs supplémentaires ont ainsi renforcé 12 brigades territoriales du Calvados et ont permis de constituer 3 postes provisoires. Ils sont également employés au sein d'un détachement de sécurité et d'intervention temporaire (DSI), dont l'action dans les zones les plus fréquentées se révèle particulièrement efficace. L'accent porté dans beaucoup d'unités sur les services nocturnes est une excellente réponse aux attentes de la population, toujours attentive à la présence ostensible des forces de l'ordre, tout en permettant aux unités traditionnelles de faire face à l'importante charge de travail de jour. Le développement des moyens spécialisés, et le poste à cheval de Deauville en est un exemple, la collaboration avec la Gendarmerie maritime, soulignent également la volonté de la Gendarmerie d'aller au devant de la population, même dans des secteurs difficilement accessibles, tant pour assurer une présence dissuasive que pour garantir le respect de la réglementation ou remplir des missions de secours.
A cet égard, je voudrais profiter de l'occasion qui m'est donnée aujourd'hui pour insister sur l'importance du rôle joué par la Gendarmerie dans la mission de police en mer. La gendarmerie est en effet un participant important à l'action de l'Etat en mer, aux côtés de la Marine nationale, des Affaires maritimes et des Douanes. Ses attributions sont très étendues et concernent la constatation d'infractions et la recherche des auteurs, ainsi que le règlement des troubles à l'ordre public en mer. Dans le domaine plus spécifique des actions de l'Etat en mer, elles concernent la surveillance maritime, le sauvetage, la police de la navigation et des pêches ou la protection de l'environnement.
Toutes les composantes de la Gendarmerie sont associées à ces missions : la Gendarmerie maritime, qui dispose des moyens nautiques que la Marine nationale met à sa disposition ; la Gendarmerie départementale, qui met en uvre des brigades nautiques dont celle de Ouistreham dans le Calvados.
Cette visite aura également été pour moi une occasion supplémentaire de constater la qualité de l'engagement des personnels de la Gendarmerie. Les estivants doivent avoir conscience du fait que la présence des effectifs nécessaires pour assurer leur sécurité et la tranquillité de leurs vacances ne va pas sans imposer des sujétions importantes aux militaires de la Gendarmerie ainsi qu'à leur famille. Non seulement le volume des effectifs concernés crée des contraintes fortes dans l'attribution de congés durant les vacances scolaires, mais le rythme d'emploi durant ces missions saisonnières est particulièrement intense. Je tiens à témoigner ici de l'implication personnelle qui est celle des personnels de la Gendarmerie.
En termes de disponibilité, de réactivité et de souci du service public, ils donnent une illustration particulièrement édifiante des qualités inhérentes à l'état de militaire. En tant que ministre de la Défense, je ne puis qu'être très sensible à l'image positive qu'ils donnent des forces armées, dont la Gendarmerie est un élément central.
Nous devons néanmoins avoir conscience, alors que se rapprochent les échéances de la mise en uvre des mesures sur l'aménagement et la réduction du temps de travail dans la fonction publique, que la condition militaire ne doit pas être oubliée dans les importantes mutations sociales en cours. La disponibilité est et doit rester une qualité majeure des militaires. Mais si la règle des 35 heures ne leur est évidemment pas applicable, des mesures particulières doivent permettre d'éviter que ne se crée un déséquilibre qui pourrait se révéler très préjudiciable au moral des personnels et, à terme, à l'attractivité des carrières militaires. C'est pourquoi je confirme aujourd'hui ce que j'ai déjà eu l'occasion d'annoncer devant le Conseil supérieur de la fonction militaire Gendarmerie. Des mesures concrètes d'amélioration sociale sont à l'étude visant à poursuivre les efforts destinés à réduire la charge de travail des unités, à augmenter les effectifs en proportion de l'accroissement des missions et à prendre en compte les contraintes particulières de la Gendarmerie.
Avec les migrations saisonnières, la Gendarmerie est confrontée à un défi important et elle y fait face avec toute l'efficacité dont nos concitoyens la créditent. Il s'agit d'un travail à la fois complexe et de grande ampleur, qui mobilise toutes les énergies dans un esprit de partenariat.
Je suis heureux d'avoir pu constater aujourd'hui que l'adhésion des personnels de la Gendarmerie et leur sens du service rendu à la collectivité sont à la hauteur de ce défi et des attentes de la population.
Je vous remercie.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 10 septembre 2001)