Texte intégral
Monsieur le président de l'université Paris-1,
Monsieur le vice-principal de King's College,
Monsieur le directeur, cher Louis Gautier,
Mesdames et Messieurs, chers amis,
Je suis très heureux de vous recevoir à l'Hôtel de Brienne. C'est pour moi l'occasion de saluer, au terme de sa première année d'existence, la chaire « Grands enjeux stratégiques contemporains ».
Le ministère de la Défense s'est tout de suite félicité de sa création. Il l'a fait pour une raison évidente. Comme l'actualité nous le rappelle avec insistance, notre pays peut être tributaire des bouleversements géopolitiques qui reconfigurent sans cesse notre environnement stratégique. Le rôle de notre défense est de se préparer à ces bouleversements, pour y faire face, lorsque c'est nécessaire. C'est pour cette raison que la vocation opérationnelle et de court terme du ministère, qui est première, doit aussi s'appuyer sur une démarche réflexive, de long terme, qui est fondamentale.
Cette chaire, dont vous êtes les uns et les autres parties prenantes, est une excellente nouvelle pour la réflexion stratégique française.
D'abord pour la qualité de ses travaux. J'en ai eu les meilleurs échos. Il suffit d'ailleurs de voir le programme des conférences, et du colloque qui a lieu après-demain, pour en être convaincu.
Le mérite en revient à Louis GAUTIER, qui a eu l'initiative de cette chaire et qui met son expérience et sa compétence de spécialiste des questions de défense au service d'une noble cause, celle de la réflexion stratégique.
Je veux saluer aussi les différents intervenants de la chaire : en premier lieu Sir Lawrence FREEDMAN, Pal SIDHU, Béatrice HEUSER, John KRIGE et Pierre HASSNER, dont les conférences ont placé l'ambition de la chaire au meilleur niveau, mais aussi Bruno TERTRAIS, Nicole GNESOTTO, Hervé DREVILLON, Caroline MORICOT, Isabelle SOURBES-VERGER, Aurélien COLSON, Christian MALIS, Armelle CEGLEC, Cyril BARTH et tous ceux qui ont joué un rôle, par leur implication personnelle, dans le succès de cette première année.
Je me tourne également vers les partenaires de la chaire. L'université Paris-1 et son président Philippe BOUTRY sont bien davantage que des partenaires, je vais y revenir. Je pense aux institutions et aux sociétés qui ont accepté d'être de l'aventure : la Fondation Saint-Cyr, Airbus, Astrium, le CEA, MBDA et Thalès. La présence parmi nous d'éminents représentants de ces partenaires me laisse penser qu'ils n'en sont pas totalement mécontents.
Des travaux au meilleur niveau, qui sont donc le fruit d'une mobilisation collective. Mais cette chaire est aussi une excellente nouvelle pour une deuxième raison, que je voudrais souligner.
Le combat de la chaire, c'est celui du développement de la réflexion stratégique en France, dont nous avons besoin. Dans ce combat, ma conviction est que les universités ont un rôle à jouer, un rôle bien plus important que celui qu'on leur prête aujourd'hui.
Il est vrai que les War studies n'existent pas dans les facultés françaises, et que les études stratégiques sont ballotées entre plusieurs disciplines. Il est vrai, aussi, que l'administration craint parfois le temps long de l'Université sans voir que ce qui prend des années, ce n'est pas la rédaction d'un article, mais la construction d'une expertise solide. Aujourd'hui, je ne crois plus que nous puissions nous permettre de faire comme si les universités, avec leurs spécificités, n'étaient pas des lieux privilégiés pour la création et l'entretien d'une pensée stratégique de haut niveau.
Avec cette chaire, l'université Paris-1 « Panthéon-Sorbonne » ouvre une voie promise à un bel avenir. C'est une première pierre.
Ministre de la Défense, je veux apporter la deuxième.
Au moment où la direction des affaires stratégiques du ministère se transforme, avec la création d'une direction générale de l'action internationale et de la stratégie de défense, j'ai demandé à Philippe ERRERA, son directeur, de me faire des propositions fortes pour ouvrir aux universités notre politique de soutien à la recherche stratégique.
Mieux identifier les chercheurs et les centres universitaires qui se trouvent dans le périmètre d'intérêts du ministère ; les intéresser à travers des dispositifs de soutien adaptés, qui seront au besoin repensés ; peut-être, enfin, créer des filières, pour que les universités jouent tout leur rôle dans la formation de la relève stratégique : voilà le cap que je veux nous fixer.
D'ici là, bravo à tous. En peu de temps, vous avez fait de l'université Paris-1 l'endroit où il faut aller, lorsqu'on s'intéresse à la réflexion stratégique française. Je sais que la chaire va monter en puissance pour sa deuxième année, et vous me permettrez de conclure en formant le vu de pouvoir y apporter, à cette occasion, une contribution plus personnelle.
Je vous remercie.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 10 avril 2014