Texte intégral
(...)
Q - Vous vous êtes longtemps battu contre l'extension de la zone d'exclusion concernant la pêche, avec le Canada, et aujourd'hui vous êtes chargée de la francophonie.
R - On peut être dans un milieu très anglophone et se battre pour que la langue française, ses valeurs, sa jeunesse, puissent demain davantage rayonner. Je crois que je suis quelque part le témoin de ces combats, qui sont à la fois économiques, sociaux et la défense de cette langue que je partage.
Q - Vous connaissez très bien le Québec, vous avez travaillé avec le Québec qui se bat aussi dans cet océan anglophone.
R - Oui, les Québécois sont nos voisins mais au-delà des Québécois, il y a aussi le Nouveau Brunswick et les Acadiens. À Saint-Pierre et Miquelon, nous avons des liens forts avec l'Acadie et le Congrès mondial acadien cet été. Oui, nous avons l'habitude de travailler ensemble et en tant que ministre de la francophonie, je souhaite effectivement renforcer l'ensemble de ces liens. Je crois honnêtement que les Outre-mer, puisque la France est sur tous les océans, sont des bases intéressantes, notamment avec les médias pour êtres les relais de la langue française et développer la francophonie.
Q - Vous êtes de Saint-Pierre et Miquelon, c'est la plus petite circonscription, c'est un peu Astérix et les Romains en face, vous avez l'habitude de vous battre pour exister sur ce petit territoire.
R - Alors, c'est un peu ma personnalité, oui. Je suis quelqu'un qui s'est toujours un peu battu, dans le milieu associatif d'abord, ensuite, dans les années 2000, avec mon implication politique. Je suis députée depuis 2007. Quand on est porte-parole où la voix d'un petit territoire en métropole, on a l'habitude d'apprendre à faire sa place, d'apprendre à parler de son territoire, je compte effectivement mettre ce caractère au service de la francophonie, du développement et du climat.
Q - Vous êtes pour la VIème République, pour l'Europe fédérale, vous voulez beaucoup de changements finalement.
R - François Hollande et Manuel Valls souhaitaient avoir un gouvernement de combat et c'est pour ça qu'une femme qui est une combattante en fait partie. De toute façon, c'est un grand honneur, et je compte bien mener les missions qui m'ont été confiées. C'est-à-dire le développement, la francophonie du mieux possible et en cohérence et en partenariat avec tous les ministères. Je crois honnêtement que ce gouvernement doit montrer ce signe de solidarité les uns entre les autres, les différents ministères entre eux sur des projets communs. Les Français souhaitent effectivement que l'on se mette au travail et qu'il y ait des résultats dans notre action commune.
Q - C'est à nouveau l'union entre la francophonie et le développement dans un même ministère. Qu'est-ce que ça change d'avoir deux dossiers ?
R - Je pense que cela donne plus de cohérence à l'action de la France en faveur du développement. L'accompagnement des pays en développement mais aussi l'accompagnement des pays en développement francophones, je crois que les deux vont bien ensemble. On répond là à une diplomatie nouvelle, aux enjeux mondiaux qui sont devant nous. Je crois que cela nous met une dynamique supplémentaire. Je sais que quelques-uns sont inquiets mais, honnêtement, dans l'histoire, il est rare que la francophonie ait été isolée. La francophonie s'est retrouvée certaines années avec la culture - j'en étais la représentante en tant que fonctionnaire sur mon territoire - ou avec les Français de l'étranger, et à mon avis c'était moins sa place. Là, je crois qu'il y a une véritable cohérence et une véritable chance avec les deux, ensemble, dans un portefeuille unique.
Q - Ce sera toujours non à la Françafrique ? Au système passé ?
R - La Françafrique est enfin une page que l'on a tournée. Le président de la République a donné le tempo : le discours de Dakar, aujourd'hui, est dans les faits. D'ailleurs, le projet de loi que je vais développer, que je vais défendre au Sénat est aussi une continuité de cette question. Puisque Pascal Canfin, qui est mon prédécesseur avec Laurent Fabius ont travaillé sur ce projet qui est déjà passé à l'Assemblée nationale, je le défendrai au Sénat, Plus de transparence, un accompagnement selon les besoins du pays, des moyens qui seront mieux utilisés, plus performants, car on pourra évaluer, parce qu'on aura des critères, une base commune de travail et puis aussi simplement parce qu'on doit aux Français l'explication, la justification des dépenses des finances de l'État ; ils participent largement à cette solidarité. On doit pouvoir faire des évaluations, on doit pouvoir être transparents, on doit pouvoir dire là où on peut se réorienter, c'est important. Ce projet de loi est important et il faut pouvoir le mener jusqu'au bout et c'est maintenant mon rôle.
Q - Il va y avoir le Sommet de Dakar qui va dire adieu à Abdou Diouf, le Secrétaire général. Il y a de grands enjeux pour ce Sommet, vous prenez le dossier, vous le voyez comment ce Sommet ?
R - Dans les premiers contacts que j'ai eus, soit avec M. Diouf, soit dernièrement avec le ministère des affaires étrangères du Sénégal, on voit bien que le dossier avance, qu'il se prépare et que l'on devrait être dans les temps. J'espère pouvoir m'y rendre d'ici à mi-juillet de manière à effectivement constater moi-même l'évolution de ce dossier. Et oui on prépare la suite. La Francophonie est une chance, la langue française est une chance. On sera plus nombreux demain à parler le français qu'aujourd'hui. Ce n'est pas parce que l'anglais se développe, notamment dans le domaine économique, que la France ou que le français n'a pas sa place, au contraire. Au-delà des valeurs humanitaires, c'est un avenir commun que l'on peut construire, c'est une vision de cet avenir que l'on doit effectivement mettre en place. Et puis la jeunesse, la francophonie, c'est aussi le climat, c'est aussi les nouvelles technologies, c'est le développement économique, je crois qu'on a tout un enjeu à défendre tous ensemble.
Q - Avez-vous une idée du profil du successeur d'Abdou Diouf ? Un profil souhaité ?
R - Du profil, non. La France a une position, c'est de travailler avec tous les chefs d'États africains sur un consensus, sur une candidature. Je commence les rencontres, j'échange avec Laurent Fabius, mon ministre de tutelle, et aussi avec le cabinet du président de la République sur ces questions. On avance, c'est quelque chose qui s'annoncera à mon avis un peu avant le Sommet.
Q - La francophonie, c'est avant tout l'Afrique, c'est l'avenir aussi de la France ?
R - C'est l'avenir aussi de la France, c'est-à-dire que l'on a, à côté de nous, des francophones mais aussi des non-francophones avec qui on peut travailler, avec qui on va travailler. Mais aux côtés d'eux. Y compris quand on vient d'Outre-mer on a envie de porter ce message, la France ne fera plus, fera quand on lui demandera, fera quand elle sera utile parce qu'elle aura des compétences à mettre au service, ou des moyens à mettre au service des pays africains qui le souhaitent, c'est comme cela que l'on doit voir le chemin que l'on doit tous parcourir ensemble pour un avenir meilleur, pour les jeunes qui arrivent, c'est cela que l'on construit aujourd'hui.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 mai 2014
Q - Vous vous êtes longtemps battu contre l'extension de la zone d'exclusion concernant la pêche, avec le Canada, et aujourd'hui vous êtes chargée de la francophonie.
R - On peut être dans un milieu très anglophone et se battre pour que la langue française, ses valeurs, sa jeunesse, puissent demain davantage rayonner. Je crois que je suis quelque part le témoin de ces combats, qui sont à la fois économiques, sociaux et la défense de cette langue que je partage.
Q - Vous connaissez très bien le Québec, vous avez travaillé avec le Québec qui se bat aussi dans cet océan anglophone.
R - Oui, les Québécois sont nos voisins mais au-delà des Québécois, il y a aussi le Nouveau Brunswick et les Acadiens. À Saint-Pierre et Miquelon, nous avons des liens forts avec l'Acadie et le Congrès mondial acadien cet été. Oui, nous avons l'habitude de travailler ensemble et en tant que ministre de la francophonie, je souhaite effectivement renforcer l'ensemble de ces liens. Je crois honnêtement que les Outre-mer, puisque la France est sur tous les océans, sont des bases intéressantes, notamment avec les médias pour êtres les relais de la langue française et développer la francophonie.
Q - Vous êtes de Saint-Pierre et Miquelon, c'est la plus petite circonscription, c'est un peu Astérix et les Romains en face, vous avez l'habitude de vous battre pour exister sur ce petit territoire.
R - Alors, c'est un peu ma personnalité, oui. Je suis quelqu'un qui s'est toujours un peu battu, dans le milieu associatif d'abord, ensuite, dans les années 2000, avec mon implication politique. Je suis députée depuis 2007. Quand on est porte-parole où la voix d'un petit territoire en métropole, on a l'habitude d'apprendre à faire sa place, d'apprendre à parler de son territoire, je compte effectivement mettre ce caractère au service de la francophonie, du développement et du climat.
Q - Vous êtes pour la VIème République, pour l'Europe fédérale, vous voulez beaucoup de changements finalement.
R - François Hollande et Manuel Valls souhaitaient avoir un gouvernement de combat et c'est pour ça qu'une femme qui est une combattante en fait partie. De toute façon, c'est un grand honneur, et je compte bien mener les missions qui m'ont été confiées. C'est-à-dire le développement, la francophonie du mieux possible et en cohérence et en partenariat avec tous les ministères. Je crois honnêtement que ce gouvernement doit montrer ce signe de solidarité les uns entre les autres, les différents ministères entre eux sur des projets communs. Les Français souhaitent effectivement que l'on se mette au travail et qu'il y ait des résultats dans notre action commune.
Q - C'est à nouveau l'union entre la francophonie et le développement dans un même ministère. Qu'est-ce que ça change d'avoir deux dossiers ?
R - Je pense que cela donne plus de cohérence à l'action de la France en faveur du développement. L'accompagnement des pays en développement mais aussi l'accompagnement des pays en développement francophones, je crois que les deux vont bien ensemble. On répond là à une diplomatie nouvelle, aux enjeux mondiaux qui sont devant nous. Je crois que cela nous met une dynamique supplémentaire. Je sais que quelques-uns sont inquiets mais, honnêtement, dans l'histoire, il est rare que la francophonie ait été isolée. La francophonie s'est retrouvée certaines années avec la culture - j'en étais la représentante en tant que fonctionnaire sur mon territoire - ou avec les Français de l'étranger, et à mon avis c'était moins sa place. Là, je crois qu'il y a une véritable cohérence et une véritable chance avec les deux, ensemble, dans un portefeuille unique.
Q - Ce sera toujours non à la Françafrique ? Au système passé ?
R - La Françafrique est enfin une page que l'on a tournée. Le président de la République a donné le tempo : le discours de Dakar, aujourd'hui, est dans les faits. D'ailleurs, le projet de loi que je vais développer, que je vais défendre au Sénat est aussi une continuité de cette question. Puisque Pascal Canfin, qui est mon prédécesseur avec Laurent Fabius ont travaillé sur ce projet qui est déjà passé à l'Assemblée nationale, je le défendrai au Sénat, Plus de transparence, un accompagnement selon les besoins du pays, des moyens qui seront mieux utilisés, plus performants, car on pourra évaluer, parce qu'on aura des critères, une base commune de travail et puis aussi simplement parce qu'on doit aux Français l'explication, la justification des dépenses des finances de l'État ; ils participent largement à cette solidarité. On doit pouvoir faire des évaluations, on doit pouvoir être transparents, on doit pouvoir dire là où on peut se réorienter, c'est important. Ce projet de loi est important et il faut pouvoir le mener jusqu'au bout et c'est maintenant mon rôle.
Q - Il va y avoir le Sommet de Dakar qui va dire adieu à Abdou Diouf, le Secrétaire général. Il y a de grands enjeux pour ce Sommet, vous prenez le dossier, vous le voyez comment ce Sommet ?
R - Dans les premiers contacts que j'ai eus, soit avec M. Diouf, soit dernièrement avec le ministère des affaires étrangères du Sénégal, on voit bien que le dossier avance, qu'il se prépare et que l'on devrait être dans les temps. J'espère pouvoir m'y rendre d'ici à mi-juillet de manière à effectivement constater moi-même l'évolution de ce dossier. Et oui on prépare la suite. La Francophonie est une chance, la langue française est une chance. On sera plus nombreux demain à parler le français qu'aujourd'hui. Ce n'est pas parce que l'anglais se développe, notamment dans le domaine économique, que la France ou que le français n'a pas sa place, au contraire. Au-delà des valeurs humanitaires, c'est un avenir commun que l'on peut construire, c'est une vision de cet avenir que l'on doit effectivement mettre en place. Et puis la jeunesse, la francophonie, c'est aussi le climat, c'est aussi les nouvelles technologies, c'est le développement économique, je crois qu'on a tout un enjeu à défendre tous ensemble.
Q - Avez-vous une idée du profil du successeur d'Abdou Diouf ? Un profil souhaité ?
R - Du profil, non. La France a une position, c'est de travailler avec tous les chefs d'États africains sur un consensus, sur une candidature. Je commence les rencontres, j'échange avec Laurent Fabius, mon ministre de tutelle, et aussi avec le cabinet du président de la République sur ces questions. On avance, c'est quelque chose qui s'annoncera à mon avis un peu avant le Sommet.
Q - La francophonie, c'est avant tout l'Afrique, c'est l'avenir aussi de la France ?
R - C'est l'avenir aussi de la France, c'est-à-dire que l'on a, à côté de nous, des francophones mais aussi des non-francophones avec qui on peut travailler, avec qui on va travailler. Mais aux côtés d'eux. Y compris quand on vient d'Outre-mer on a envie de porter ce message, la France ne fera plus, fera quand on lui demandera, fera quand elle sera utile parce qu'elle aura des compétences à mettre au service, ou des moyens à mettre au service des pays africains qui le souhaitent, c'est comme cela que l'on doit voir le chemin que l'on doit tous parcourir ensemble pour un avenir meilleur, pour les jeunes qui arrivent, c'est cela que l'on construit aujourd'hui.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 mai 2014