Interview de M. Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du gouvernement, à "RMC/BFMTV" le 5 mai 2014, sur le bilan des deux ans de la présidence de François Hollande.

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Média : BFM TV - Emission Forum RMC FR3 - RMC

Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN
Stéphane LE FOLL est avec nous, porte-parole du gouvernement, ministre de l'Agriculture. Stéphane LE FOLL bonjour.
STEPHANE LE FOLL
Et de la Forêt.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et de la Forêt oui.
STEPHANE LE FOLL
Et de l'Agroalimentaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et de l'Agroalimentaire. Tiens, on va peut-être en parler. On va même sûrement en parler, Stéphane LE FOLL bonjour.
STEPHANE LE FOLL
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous. Deux ans de présidence pour François HOLLANDE, deux ans demain. Vous allez fêter cet anniversaire ?
STEPHANE LE FOLL
Non. On ne fêtera rien. On a deux ans qui ont été marqués par des difficultés, beaucoup de décisions de prises, et aujourd'hui des perspectives et un cadre pour les 3 ans qui viennent. Voilà où nous en sommes et personne n'est là pour faire la fête, personne n'est là pour…
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'imagine oui.
STEPHANE LE FOLL
Faire autre chose que ce pour quoi il a une mission.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors deux ans d'échec, de réussite ou deux ans mitigés avec des échecs et quelques réussites et quelques échecs dites-moi ?
STEPHANE LE FOLL
Deux ans…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Franchement ?
STEPHANE LE FOLL
Franchement ! Lucidement ! Deux ans assainir une situation difficile, deux ans avec des objectifs forts sur le chômage et un échec sur l'inversion de la courbe. Et deux ans pour préparer une sortie solide de la crise, voilà !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le retournement arrive, c'est ce qu'a confié hier…
STEPHANE LE FOLL
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le président de la République.
STEPHANE LE FOLL
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le retournement arrive, pour l'instant, vous le voyez arriver le retournement ?
STEPHANE LE FOLL
Je le sens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous le sentez ?
STEPHANE LE FOLL
Voilà !
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire ?
STEPHANE LE FOLL
Dans la responsabilité qui est la mienne, j'ai rencontré des entreprises, j'ai constaté d'abord que le crédit d'impôt compétitivité emploi, parti qui consiste à assainir, mais à redonner surtout de la force aux entreprises, dans l'industrie agroalimentaire, j'ai vu et je sais qu'il y a aujourd'hui des projets d'investissement à un niveau qui n'avaient pas été connus depuis plusieurs années. Alors une fois qu'il y a ces projets, il faut les réaliser. Ils sont réalisés pour améliorer la productivité, pour faire des investissements peut-être en capacité, produire plus, mais en tout cas, ils sont là. Donc je sens qu'il y a un état d'esprit qui doit changer, je trouve que depuis deux ans et à juste raison, quand on connait la situation que l'on a trouvée et surtout, un point majeur, parce que souvent a été dit, on n'avait estimé suffisamment la crise et le niveau de la crise. Mais il y a un point…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous le pensez d'ailleurs ça ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, je le pense et très clairement et je l'explique en plus. Et je l'explique en particulier par la situation de la zone euro qui a été sous-estimée de notre part, mais de manière très claire, parce que quand on est arrivé, je me souviens de septembre, octobre, novembre, qu'est-ce qui a été dit ? Que la Grèce allait quitter la zone euro et je me rappelle même d'une candidate aujourd'hui aux Européennes qui a annoncé l'éclatement de la zone euro. La Grèce d'abord, le Portugal, l'Espagne ensuite, l'Italie et la France allaient quitter la zone euro. Stabiliser cette zone pour avoir un socle sur lequel on puisse ensuite envisager à nouveau un peu plus de croissance, c'était un objectif qui a pris du temps, mais qui était un élément majeur de la sous-estimation que nous avons faite de manière très claire, du niveau de la croissance potentielle.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien ! Méthode Coué ce retournement…
STEPHANE LE FOLL
Non !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Méthode Coué ou pas ? Parce qu'il y a quand même eu, pardon Stéphane LE FOLL, il y a eu l'inversion de la courbe du chômage…
STEPHANE LE FOLL
Je suis votre invité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a eu l'inversion de la courbe du chômage, puis le 14 juillet dernier, les propos du président de la République « la reprise est là. » La reprise, on l'attend ! L'inversion de la courbe du chômage, on ne l'a pas vu venir.
STEPHANE LE FOLL
Je l'ai dit ça ! Sauf sur les jeunes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, mais vous l'avez dit.
STEPHANE LE FOLL
Sauf sur les jeunes, mais c'était déjà important.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors c'est bien beau de nous dire, c'est bien beaucoup de nous dire « le retournement arrive »….
STEPHANE LE FOLL
Oui, j'ai bien compris, mais je pense que là aussi, je peux essayer d'expliquer les choses.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, allez ! Allez ! Mais expliquez ! Expliquez !
STEPHANE LE FOLL
2012, 0,1 % de croissance, pratiquement zéro.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Rien.
STEPHANE LE FOLL
Voilà ! Et quand on se réfère à 2008/2013 c'est zéro. 2013 0,3, l'Allemagne fait 0,4. L'Espagne et l'Italie sont en récession. Ils ont 1 % de baisse de leur production, plus de 1 % d'ailleurs. Donc on a une zone euro qui est dans cette difficulté, mais on fait 0,3. Les prévisions aujourd'hui, c'est 1 % pour cette année et 1,7 pour l'année prochaine.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est ce que dit le FMI.
STEPHANE LE FOLL
C'est ce que dit le FMI. C'est ce que nous disons nous, c'est ce que l'Europe…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais le vrai retournement c'est quoi ? C'est 2 – 2,5 % de croissance c'est là que l'on créait des emplois ?
STEPHANE LE FOLL
Ca c'est un retournement, c'est là que l'on créait de l'emploi, on créait de l'emploi à partir de 1,5. Qu'est-ce que c'est que retourner quelque chose, c'est regarder ce qu'il y a derrière.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
STEPHANE LE FOLL
Derrière un discours qui a été suffisamment porté sur la crise, sur les difficultés, quelquefois sur cette espèce de discours sur le déclin de la France, il faut changer et retourner l'état d'esprit. Il faut que l'on retrouve un état d'esprit avec plus de confiance. C'est ce qu'a souhaité le Premier ministre dans son discours de politique générale et je pense que c'est ce que souhaite le président de la République quand il parle d'un retournement. Changer l'état d'esprit.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais j'ai entendu, j'ai entendu certains députés socialistes dire : oui, ah ! Le retournement c'est quoi ? C'est le gel des salaires des fonctionnaires, c'est le gel des retraites au-dessus de 1200 euros, c'est le gel de certaines prestations sociales, ce sont les baisses des cotisations accordées aux entreprises. C'est ça le retournement de Manuel VALLS et de François HOLLANDE ?
STEPHANE LE FOLL
Le retournement, alors je vais prendre à l'envers. Premier élément les entreprises, il n'y aura pas de création de richesses, de capacité demain à redistribuer si la situation des entreprises continuent à se dégrader. On a vu les faillites qu'il y a eu entre 2012 et avant d'ailleurs, au plus haut niveau historique en France. J'en connais les causes, puisque dans mon département aujourd'hui, il y a encore des fermetures. J'en ai parfaitement conscience. Si on n'améliore pas la situation des entreprises, on ne risque pas, ni d'avoir de la production de richesse, ni d'avoir de la création d'emploi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On ne va pas jusqu'à baisser les salaires, comme dit Pierre GATTAZ ?
STEPHANE LE FOLL
Non, jamais il n'a été question de ça. C'est bien là où…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu'est-ce que vous lui répondez d'ailleurs quand il dit cela ?
STEPHANE LE FOLL
Mais il parle toujours de la même chose, baisser les salaires, jusqu'où ? Jusqu'à quel niveau ? C'est quoi cette stratégie qui consisterait uniquement à ne parler que de la question du coût du travail sans parler des innovations nécessaires, sans parler de l'investissement, c'est une manière patronale de parler que nous n'acceptons pas. Le SMIC existe en France et ce n'est pas à un moment où en Allemagne on le met en place, qu'on va revenir sur cette question-là. Deuxième point vous avez dit gel du point d'indice…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, du point d'indice.
STEPHANE LE FOLL
Du point d'indice, ce qui est le point d'indice ça s'applique à tous les salaires de la Fonction publique, vous oubliez de préciser que dans ce débat on revalorise les catégories C et les catégories…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ca a été fait, ça a été fait, on l'a précisé plusieurs fois.
STEPHANE LE FOLL
Lutte contre les inégalités. Choix du Premier ministre, assumer pleinement les valeurs de la gauche c'est ça aussi, mettre en place une politique qui consiste à être sérieux, à réduire un déficit budgétaire, sans remettre en cause l'équilibre social et en luttant en même temps contre les inégalités sociales.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors pour résumer, est-ce que le président de la République a raté ses deux premières années de présidence ?
STEPHANE LE FOLL
Non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Franchement, il ne les a pas ratées ?
STEPHANE LE FOLL
Bien sûr que non ! Il a eu à prendre en charge une situation européenne et nationale de grandes difficultés, à prendre énormément de mesures, je rappelle en particulier que pour ceux qui ont leur durée de cotisations, c'est 150 000 personnes qui peuvent partir à 60 ans.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pourquoi a-t-il perdu la confiance d'une grande partie, notamment de ceux qui ont voté pour lui au second tour.
STEPHANE LE FOLL
Je l'ai dit hier, je l'ai dit hier, il y a un lien qui a été perdu, entre les Français en partie et le président de la République. Parce que le poids…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire que cette confiance qui existait entre les Français et le président de la République…
STEPHANE LE FOLL
Oui, ce lien qu'il a su créer pendant la campagne, il y a eu un lien qui s'est en parti distendu et je le comprend parfaitement, parce que le poids de ce qu'il y avait à décider et à mettre en oeuvre pendant les deux premières années a été tel qu'on a fini par perdre cette capacité qu'avait eu François HOLLANDE à avoir un discours qui a fait adhérer de nombreux Français. Il faut le retrouver.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous-mêmes, si vous étiez sympathisant, même pas militant socialiste vous auriez des doutes, sincèrement ?
STEPHANE LE FOLL
Mais bien sûr ! Je le comprends parfaitement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et vous hésiteriez à revoter pour François HOLLANDE sincèrement ?
STEPHANE LE FOLL
Mais j'aurais des doutes bien sûr que j'aurais des doutes ! Ce n'est jamais facile de prendre des décisions comme celles qui ont été prises. Ce n'est jamais facile d'arriver à trouver cet équilibre entre la nécessité du soutien aux entreprises et la préservation d'un modèle social de manière générale, globale, ce n'est jamais facile de parler en disant : on va prendre le temps du dialogue social entre les partenaires sociaux, patronat et syndicats et pourtant, c'est essentiel. Ca c'est des socles qui vont être demain des atouts pour la France. Mais aujourd'hui c'est vrai, on peut se dire : mais tout ça, ça prend du temps. Tout ça, ça ne va pas assez vite. Et où va-t-on ? L'enjeu c'est de redire une chose simple, parlons le mieux possible de la France de manière générale, retrouvons de la confiance, et ça permettra à notre grand pays, de sortir de la situation difficile dans laquelle il est, en particulier avec les mesures qui ont été prises j'en reviens à tout l'enjeu du pacte de responsabilité et de solidarité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Stéphane LE FOLL, François HOLLANDE est candidat en 2017, il ne sera en candidat, c'est lui qui l'a dit, en 2017 que s'il a réussi à faire baisser le chômage. Voilà ce qu'il a dit. Ca veut dire quoi ? Faire baisser le chômage sur un mois, sur deux mois, sur un an ?
STEPHANE LE FOLL
Non, là, on est très clair. On n'est plus et d'ailleurs François REBSAMEN l'a dit dans l'inversion de la courbe, on est dans une, comment dirais-je dans une approche très simple, il y a un niveau de chômage, à un moment T donné, celui que l'on connait aujourd'hui et qui a baissé pour les jeunes, il doit baisser de manière globale pour tout le monde. Voilà baisser.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, oui, c'est-à-dire sur 3 ans ?
STEPHANE LE FOLL
Sur 3 ans.
JEAN-JACQUES BOURDIN
S'il baisse régulièrement sur 3 ans, le président de la République est candidat. S'il ne baisse pas…
STEPHANE LE FOLL
Mais je n'anticipe pas, la question de l'élection de 2017.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais ce n'est pas moi ! C'est lui qui l'a dit.
STEPHANE LE FOLL
Je comprends une chose dans le message, c'est qu'à un moment on pouvait discuter de pleins de sujets. Il a voulu rappeler qu'il y avait un enjeu majeur pour lui, c'était le chômage et que de toute façon et c'est la vérité, s'il n'y avait aucun résultat sur le front du chômage…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On ne se présente pas ?
STEPHANE LE FOLL
Personne ne pourrait imaginer d'ailleurs qu'il y ait quelques conditions pour pouvoir se présenter à l'élection présidentielle.
JEAN-JACQUES BOURDIN
S'il se présente faut-il organiser des primaires ? C'est ce que pensait Julien DRAY, ici même ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, oui, j'ai vu, j'ai vu. Mais il y a toujours des gens qui anticipent sur tout et qui sont déjà en train de parler de 2017. Moi, je suis en 2014, début 2014 et je cherche à faire en sorte que ce pays, mon pays, se redresse.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors il y a une curiosité aujourd'hui, dans la vie politique française, c'est que le président de la République est au plus bas dans toutes les enquêtes d'opinion, Manuel VALLS, lui, est à 50 %, après un mois de fonction de Premier ministre, mais pourtant Manuel VALLS applique la politique de François HOLLANDE et la politique même de Jean-Marc AYRAULT ! Est-ce qu'il n'y a pas une curiosité là ?
STEPHANE LE FOLL
Mais Manuel VALLS déjà…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quelle est cette curiosité ?
STEPHANE LE FOLL
La curiosité, elle est là depuis le début. Je vous rappellerai que pendant le gouvernement de Jean-Marc AYRAULT, Manuel VALLS était le ministre le plus populaire du gouvernement de Jean-Marc AYRAULT.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quel que soit les résultats, quel que soit les résultats, comment se fait-il ?
STEPHANE LE FOLL
Quel que soit les résultats, il a une popularité qu'il met au service…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est quoi ? C'est subjectif ça ?
STEPHANE LE FOLL
Du gouvernement de Jean-Marc AYRAULT quand il était ministre de l'Intérieur et qu'il met au service du gouvernement tout entier, et de la France…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est subjectif ?
STEPHANE LE FOLL
Les cotes de popularité, ce sont des choses qui se mesurent dans l'opinion de manière générale…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais est-ce tenable un président de la République à 18 %, 20 % ou 22 % d'opinions favorables et un Premier ministre à 50 % ?
STEPHANE LE FOLL
Un Premier ministre qui est populaire et qui est en capacité de mener la politique et les grands choix qui sont faits par le président de la République, c'est un atout. On ne va pas s'en plaindre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bruno LE ROUX disait hier : « Il faut que le président de la République reçoive les députés de la majorité ». Va-t-il les recevoir ?
STEPHANE LE FOLL
C'est une demande du président du groupe. Je pense qu'il y a là une demande qui consiste à dire : « On a besoin d'avoir un contact avec le président de la République », d'autant que beaucoup des députés qui ont été élus en 2012 sont de nouveaux députés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous pensez que le président de la République doit les recevoir ?
STEPHANE LE FOLL
Il donnera sa réponse. Ce n'est pas moi qui vais donner la réponse à la place du président de la République mais j'ai bien entendu et parfaitement compris la demande du président du groupe socialiste.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord, d'accord. Pourtant : « Moi président, je ne recevrai pas les parlementaires à l'Elysée », donc ailleurs c'est possible.
STEPHANE LE FOLL
D'ailleurs, j'ai vu sur BFM qu'il y avait beaucoup de « Moi, président » ; on pourrait en discuter par rapport à tout ce qui a été dit.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour les « Moi, président » ?
STEPHANE LE FOLL
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire ?
STEPHANE LE FOLL
Je trouve que sur le fond est fait l'exégèse de cette anaphore en vérifiant tout ce qui a été fait ou pas fait. Regardons ! Il y a quand même énormément de choses, et si tout n'est pas fait des choses qui avaient été dites à ce moment-là qui sont mises en oeuvre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous voulez qu'on regarde d'ailleurs les « Moi, président » parce que je dois les avoir dans mes fiches ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, allez-y, allez-y !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je les cherche.
STEPHANE LE FOLL
Cherchez !
JEAN-JACQUES BOURDIN
« Moi président, j'aurai à coeur de ne pas avoir un statut pénal du chef de l'Etat. Je le ferai réformer ».
STEPHANE LE FOLL
Voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
« Je constituerai un gouvernement qui sera paritaire » ; d'accord.
STEPHANE LE FOLL
C'est fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
« Code de déontologie pour les ministres ».
STEPHANE LE FOLL
C'est fait, j'ai signé. Après, il y a des ministres qui ont triché. Monsieur BOURDIN, on est clair.
JEAN-JACQUES BOURDIN
« Je ferai en sorte que mon comportement soit exemplaire ».
STEPHANE LE FOLL
Oui. Qu'est-ce qu'on peut lui dire et lui reprocher aujourd'hui ? Il a baissé son revenu, toutes les indemnités des ministres, du président de la République, le niveau des dépenses à l'Elysée a été réduit de manière extrêmement significative.
JEAN-JACQUES BOURDIN
« Moi président, j'engagerai de grands débats ». On attend quand même le débat sur l'énergie.
STEPHANE LE FOLL
Oui, il a déjà eu lieu. Il y a eu de grands débats.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur l'écologie ? sur l'environnement ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, il va avoir lieu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand ? Quand d'ailleurs ?
STEPHANE LE FOLL
C'est au mois de septembre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est après l'été ? après l'été alors ? Je croyais que c'était avant.
STEPHANE LE FOLL
Non, non, non. Présentation des grandes lignes avant l'été et débat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Débat après l'été. Bon, enfin on ne va pas continuer là-dessus.
STEPHANE LE FOLL
Si, si ! On peut, on peut.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous pouvez ? Bon, moi non !
STEPHANE LE FOLL
[rires]
JEAN-JACQUES BOURDIN
VALLS à 60 % d'opinions favorables, 50-60 %, Manuel VALLS est un atout.
STEPHANE LE FOLL
C'est un atout.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dites-moi, Manuel VALLS n'est pas du tout d'accord avec ce que l'Assemblée nationale pourrait voter à propos des gardes à vue. Vous avez vu ça ?
STEPHANE LE FOLL
Il y a un amendement, oui, et le gouvernement n'y est pas favorable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un amendement qui a été voté en commission sur les gardes à vue et sur l'accès de l'avocat au dossier dès le début de la garde à vue.
STEPHANE LE FOLL
Sujet que l'on connaît bien et là, il y a une position qui a été exprimée par le gouvernement et son Premier ministre, pas favorable à cet amendement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et le gouvernement va s'y opposer lors du vote ?
STEPHANE LE FOLL
Il s'y est déjà opposé. Je pense qu'il y a des négociations qui sont en cours et il continuera. Je crois que la position du gouvernement est claire sur ce sujet.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le gouvernement va s'opposer au vote, ou donner des consignes.
STEPHANE LE FOLL
Des consignes qui ont déjà été données, monsieur BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui ont déjà été données, je suis d'accord mais c'est bien de le répéter.
STEPHANE LE FOLL
Vous me rappelez une position du gouvernement, je vous la rappelle. Elle est claire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle est claire, elle n'a pas changé et donc vous ferez en sorte que cet amendement ne soit pas voté.
STEPHANE LE FOLL
Oui mais après, les députés vous connaissez.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Evidemment, je connais.
STEPHANE LE FOLL
Voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'Europe. La moitié des Français perçoit mal l'Europe. Je regardais là aussi un sondage : 49 % négatifs, 45 % une vision positive de l'Europe, 60 % des Français sont contre une sortie de la France de l'euro et de l'Union européenne, 58 % pensent que l'Europe est une contrainte économique. J'ai vu que le député socialiste responsable des élections craignait une rude défaite du PS pour ces élections européennes.
STEPHANE LE FOLL
Je pense que cette élection effectivement électoralement, vu ce qui s'est passé aux municipales, n'est pas la plus facile. Deuxièmement, le sentiment sur l'Europe et la défiance qui existe par rapport à cette Europe ne date pas d'aujourd'hui. Vous savez, j'ai mené cette campagne du oui ou du non, et je me souviens très bien. On sent bien et on voit bien plutôt dans ce sondage qu'il y a l'ambigüité qui consiste à dire que la sortie de l'Europe pour les Français dans une large majorité n'est pas envisagée, ils considèrent que ce serait une erreur. Mais en même temps ce qu'ils disent, c'est qu'il faudrait que l'Europe change aussi globalement de politique, d'appréhension des problèmes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ça aussi c'était une promesse de François HOLLANDE au début. Rappelez-vous !
STEPHANE LE FOLL
Oui. Je disais tout à l'heure dans quelle situation on est arrivé. Sur la situation européenne, il y avait à l'époque la sortie de la Grèce de l'euro posée clairement, l'Espagne, le Portugal, l'Italie ; on disait même que la France était touchée. On était dans une situation d'instabilité totale. Instabilité totale. Ce moment-là est passé. C'est encore fragile mais c'est passé. Le président de la République l'avait d'ailleurs rappelé. Maintenant, il faut bâtir autre chose. Les Européennes à ce titre sont un moment où on doit faire un choix. Cette fois-ci, ce n'est pas uniquement des députés, je le dis au passage, mais c'est aussi la possibilité contrairement à ce que j'ai lu de choisir un président pour la Commission européenne. Si aujourd'hui on fait le constat, la droite largement majoritaire au Parlement avait une Commission largement à son image, et c'est normal, et un président de la Commission qui était monsieur BARROSO. Si on veut changer de politique, il faut être capable de changer ceux qui sont à la tête de l'Europe. L'occasion est donnée au niveau des Européennes. Je veux juste envoyer ce message : si vous voulez faire plus d'harmonisation sociale en Europe, à qui faut-il faire confiance ? A l'ancien Premier ministre du Luxembourg monsieur JUNCKER, leader du PPE ? ou à Martin SCHULZ, SPD allemand, qui a été un des artisans du smic en Allemagne ? Je pose cette question ; la réponse me semble évidente.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai encore deux questions à vous poser sur le plan institutionnel. La proportionnelle, c'était une promesse de François HOLLANDE. 2017 ?
STEPHANE LE FOLL
De toute façon, elle ne peut pas s'appliquer avant. La discussion, c'était une dose de proportionnelle. C'était dans le projet, on en a suffisamment discuté.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, oui, oui, oui. 2017 ?
STEPHANE LE FOLL
Projet, discussion, il y a beaucoup de choses à faire et avant parler systématiquement, réformons d'abord l'ensemble des dispositions et des dispositifs. Je parle en particulier de la question de l'aménagement du territoire, de la décentralisation et tout ça. C'est déjà encore un grand sujet.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi attendre 2021 d'ailleurs ? Vous pourriez aller plus vite ?
STEPHANE LE FOLL
C'était pour se donner le temps pour pouvoir discuter. On pourrait aller plus vite, ça dépendra de la discussion qui s'engagera avec les élus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous souhaitez qu'on aille plus vite sur cette réforme ?
STEPHANE LE FOLL
Je souhaite qu'on aille plus vite pour une bonne et simple raison. Plus les choses seront claires et plus ça permettra aux collectivités locales de pouvoir s'inscrire et de se projeter dans l'avenir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et les élections de l'année prochaine, est-ce qu'elles seraient retardées à 2016, les régionales, les cantonales ?
STEPHANE LE FOLL
Non, je n'ai pas d'avis sur ce sujet.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que je vois que tout le monde s'exprime à gauche notamment.
STEPHANE LE FOLL
Il y a beaucoup de gens qui se sont exprimés, et à gauche notamment. Oui, oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous y êtes favorable ou pas ?
STEPHANE LE FOLL
Je n'ai pas d'avis. Je n'ai pas d'avis à donner. Moi, j'ai un avis personnel mais je ne le dirai pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et pourquoi ?
STEPHANE LE FOLL
Pourquoi ? Parce que je suis porte-parole du gouvernement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon ? Ça vous empêche de parler ?
STEPHANE LE FOLL
Ça ne m'empêche pas de parler. Ça m'empêche de dire des choses sur des sujets précis qui ne sont pas réglés. Deuxièmement, ça ne m'empêche pas de parler. La preuve ? On a passé suffisamment de temps ensemble.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez raison, c'est l'heure !
STEPHANE LE FOLL
Merci.Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 mai 2014