Déclaration de M. Arnaud Montebourg, ministre de l'économie, du redressement productif et du numérique, sur le dossier Alstom, à l'Assemblée nationale le 29 avril 2014.

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Circonstance : Séance de questions d'actualité à l'Assemblée nationale le 29 avril 2014

Texte intégral

Monsieur le Député,
Le gouvernement n'accepte pas d'avoir été informé un vendredi que l'un de ses fleurons nationaux, qui vit de la commande publique, totalise 20 Milliards de chiffre d'affaires et compte 95.000 salariés, serait vendu le dimanche soir. Aucun gouvernement dans aucun autre État n'accepterait d'être placé devant le fait accompli !
(...)
Je veux vous rappeler, Monsieur le Député, qu'Alstom fabrique les turbines des chaudières nucléaires d'EDF, notamment de l'EPR. C'est la raison pour laquelle j'ai invoqué auprès des investisseurs étrangers, comme General Electric, la clause du contrôle des investissements étrangers - ce que tout citoyen américain peut comprendre, puisqu'elle existe aux États-Unis.
Une offre du groupe allemand Siemens s'est présentée - c'est une information : elle est déposée en ce moment entre les mains du conseil d'administration d'Alstom. Nous avons donc demandé, en liaison avec l'autorité des marchés financiers, que soit assurée l'égalité de traitement des offres. Nous avons déjà gagné quarante-huit heures depuis dimanche soir. Nous gagnerons le temps nécessaire pour que les intérêts industriels de la nation soient préservés.
Monsieur le Député, je voudrais vous rassurer : notre politique industrielle vise, comme celle de tous les États du monde, à accroître notre base industrielle, à augmenter notre puissance économique dans le monde et à nous armer dans la mondialisation. C'est la raison pour laquelle nous accueillons de nombreux investissements étrangers en France. Nous sommes la première destination d'investissements américains en Europe.
Je voudrais d'ailleurs saluer General Electric qui, dans cette affaire, a été très correct, et les remercier de l'intérêt qu'ils portent à la France. Si l'allemand Siemens emploie 8.000 personnes sur notre territoire, General Electric en fait travailler 11.000.
Nous l'avons dit, avec le président de la République, aux deux dirigeants intéressés par Alstom, lorsqu'ils ont été reçus à l'Élysée : nous préférons nouer des alliances plutôt que vendre par pièces détachées un fleuron industriel du secteur de l'énergie, secteur fondamental et stratégique. Je ne pense pas seulement au nucléaire, mais aussi aux énergies renouvelables, à la fabrication de turbines, aux transports car le transport représente l'avenir. Pour toutes ces raisons, nous leur souhaitons la bienvenue en France.
En revanche, nous souhaitons que soient nouées des alliances car notre économie, nos entreprises, ne sont pas des proies, mais des entités puissantes capables d'affronter avec des alliés dans le monde, le monde tel qu'il est.
Voilà, Monsieur le Député, la politique industrielle du gouvernement.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 mai 2014