Texte intégral
GUILLAUME DURAND
Ravi de retrouver, et donc Jean-Marie LE GUEN, chargé des Relations avec le Parlement est notre invité ce matin. Que cherche Ségolène ROYAL ? La question est ouverte, parce que tout le monde se le demande.
JEAN-MARIE LE GUEN
Je crois qu'on l'a fait s'exprimer beaucoup plus qu'elle ne le fait en réalité. C'est normal, c'est du travail de journaliste, je pense qu'elle a émis un certain nombre d'idées, elles deviennent maintenant des déclarations fracassantes, je pense qu'il faut ramener ça à ses justes proportions, et nous aurons l'occasion de le faire.
GUILLAUME DURAND
Ben non, mais on en parle maintenant, parce qu'elle s'oppose finalement à une partie des propositions qui sont celles des parlementaires, et elle s'oppose à des positions qui sont celles d'Arnaud MONTEBOURG, c'est-à-dire qu'elle se, pardonnez-moi, mais elle fait front contre à la fois la majorité et le gouvernement. C'est beaucoup.
JEAN-MARIE LE GUEN
En disant ça, vous voyez bien que si elle était...
GUILLAUME DURAND
Enfin, je parle de l'écotaxe et d'ALSTOM.
JEAN-MARIE LE GUEN
...dans cette situation, absolument, elle serait effectivement peut-être en difficultés. Donc je crois que les choses sont un petit peu plus nuancées. Je pense que sur ALSTOM, je ne sais pas le contenu exact des déclarations...
GUILLAUME DURAND
Eh bien elle dit...
JEAN-MARIE LE GUEN
J'ai bien lu ce qu'elle disait dans la presse...
GUILLAUME DURAND
Oui, elle choisit GENERAL ELECTRIC, contre la position du gouvernement.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, mais elle choisit, mais il se trouve que c'est le gouvernement qui choisit, et elle n'est pas directement en charge de ce dossier, donc voilà. En même temps, et c'est bien d'ailleurs, il y a eu des déclarations à la fois d'Arnaud MONTEBOURG, montrant qu'il pouvait y avoir des options différentes, il n'y a pas qu'une seule option. Il n'y a pas... le gouvernement n'a pas eu une option anti GENERAL ELECTRIC, il regarde toutes les offres, celle de GENERAL ELECTRIC, celle de SIEMENS, il réfléchit même à la stratégie globale d'ALSTOM, donc il n'y a pas une position qui est anti-GENERAL ELECTRIC.
GUILLAUME DURAND
D'accord, mais elle n'est pas innocente, elle a été plusieurs fois ministre, candidate à la présidentielle, on peut imaginer qu'elle est parfaitement consciente, quand elle prononce des mots, à la fois sur l'écotaxe et sur ALSTOM, qu'elle sait parfaitement ce qu'elle dit, l'objectif choisi.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, en tout cas, je pense que la position du gouvernement elle a été rappelée et elle-même a rappelé que le gouvernement est en position d'attente et d'observation de toutes les possibilités...
GUILLAUME DURAND
Il faut la recadrer ou pas ? Le président l'a-t-il déjà fait ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, je crois qu'elle mesure peut-être la... aujourd'hui, on est peut être par rapport à il y a même quelques années, il y a une telle pression médiatique, que la déclaration la plus, comment dirais-je, s'écartant apparemment un petit peu de l'orientation générale, devient un problème politique. Donc, je pense qu'elle mesure peut-être ça un peu mieux et qu'un certain nombre de réflexions, qui sont des réflexions naturelles dans une conversation, eh bien deviennent des déclarations politiques, donc voilà, je crois qu'on peut tourner cette page.
GUILLAUME DURAND
Mais elle cherche quoi exactement ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oh, vous savez bien, par ailleurs, que Ségolène ROYAL a une personnalité très forte et ce qui fait d'ailleurs l'intérêt qu'elle soit au gouvernement et ce qu'elle apporte à la vie politique dans ce pays. Voilà. Elle a du tempérament, elle a une originalité, elle a une identité, elle s'exprime. C'est aussi...
GUILLAUME DURAND
Non mais on ne peut qu'être d'accord avec la description que vous faites de son tempérament, mais le problème c'est que Manuel VALLS est arrivé, donc, à Matignon, justement parce que ce type d'opération, ou alors de laisser aller, ou alors de sous-entendu, n'intervienne plus.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, à condition... Je pense, et c'est un peu aussi mon rôle d'ailleurs en tant que ministre chargé des Relations avec le Parlement, il faut aussi que les ministres se sentent bien, qu'ils s'épanouissent, qu'ils s'expriment, qu'ils nous montrent leur identité. Il ne faut pas un gouvernement de clones ou un gouvernement grisâtre, ni même une majorité qui ne respire pas. Nous ne sommes pas dans cette idée-là, nous sommes là pour que...
GUILLAUME DURAND
Donc ce matin vous nous diriez que ce n'est pas un couac grave.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, je pense que ce n'est pas un couac grave, d'abord parce que l'orientation du gouvernement sera donnée par le Premier ministre et le président de la République. Deuxièmement parce que c'est Ségolène ROYAL, parce que c'est les propos qu'elle a tenus, elle est déjà un petit peu revenue en arrière, donc je pense que... et il y aura pas d'embêtement particulier et je pense que ça va servir de leçon à tout le monde, à tout le monde.
GUILLAUME DURAND
Et qu'elle va rentrer dans le rang.
JEAN-MARIE LE GUEN
Je pense que vraiment l'intérêt de tous, ce qu'attendent les Français, c'est un gouvernement cohérent. Il attend, il attend effectivement des ministres qu'il y ait de la personnalité, parce que sinon c'est pas la vie. Bon. Mais en même temps, je pense qu'il va falloir que chacun maitrise mieux, dans la société où nous sommes, avec des chaines d'information, en continu, avec des journalistes très actifs et très regardants sur les attitudes des uns et des autres, il faut effectivement éviter d'ouvrir trop les angles, comme on dit au football.
GUILLAUME DURAND
Alors, sur ce sujet-là, une dernière question, et après il y a beaucoup d'autres sujets qui vous concernent de matin. Pourrait-elle avoir comme arrière-pensée 2017, en disant finalement : HOLLANDE c'est cuit, VALLS est dans le bateau, il ne restera plus que moi ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, nous sommes vraiment sur une seule stratégie, qui est celle de faire gagner la France, de faire gagner la gauche, autour du président de la République.
GUILLAUME DURAND
Mais moi je vois parle de ses arrière-pensées à elles.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, je ne crois pas, les arrière-pensées seraient totalement à côté de la réalité. Nous gagnons tous ensemble avec le président de la République ou nous ne gagnerons pas. Il n'y a pas de jeu individuel dans cette affaire. On est dans un collectif et c'est par ce collectif que la France pourra se redresser et que la gauche pourra dire aux Français : « voilà, nous avons redressé ce pays ».
GUILLAUME DURAND
Question sur les parlementaires. Est-ce qu'il y a une fronde, comment peut-on dire, limitée à l'intérieur du groupe socialiste que vous connaissez bien, ou est-ce que vous avez le sentiment que, comment peut-on dire, réunions parlementaires après réunions parlementaires, vote après vote, on pourrait avoir une augmentation de la fronde de ceux qui contestent, comme la gauche de la gauche, par exemple, un collectif gouvernemental ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, pour faire simple, il y a un groupe vivant là aussi, des personnalités, des gens qui s'interrogent, comme s'interrogent d'ailleurs nos concitoyens, ce qui est bien normal. Et puis il y a des gens qui ont une stratégie politique, qui est d'ailleurs connue, ça fait maintenant pratiquement deux ans que sur tous les votes importants, ils se sont abstenus, ont voté contre. Alors, ça pose un problème au Parti socialiste, je dis bien au Parti socialiste, que de voir qu'il y a des gens qui de toute façon se dispensent de la vision collective. Bien. Mais une fois que l'on a dit ça, moi en tant que chargé des Relations avec le Parlement, je veux surtout, et le Premier ministre s'y est engagé tout particulièrement cette semaine avec son gouvernement, nouer des liens très constructifs avec cette majorité.
GUILLAUME DURAND
Et c'est le cas ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui c'est le cas.
GUILLAUME DURAND
Ce matin ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, nous travaillons...
GUILLAUME DURAND
Vous avez l'impression que ceux qui ont frondé ces derniers temps sont en train de rentrer dans le rang ? Après l'intervention de Manuel VALLS.
JEAN-MARIE LE GUEN
Je pense qu'il y a des gens qui ont des arrière-pensées politiques et ils continueront à les avoir. Je pense que quand nous sommes arrivés il y avait un certain malaise, lié y compris évidemment au résultat des élections municipales, une certaine forme de désorientation. Bon, eh bien maintenant le dialogue est en train de se nouer de façon intense avec le gouvernement, les ministres travaillent d'une façon différente, par exemple on a un budget et un budget de la Sécurité sociale, rectificatif, comme on dit dans notre langage parlementaire, au mois de juin, eh bien Christian ECKERT, Michel SAPIN, travaillent d'ores et déjà avec les commissaires socialistes, les commissaires de la majorité, de la même façon Marisol TOURAINE, et donc nous allons arriver à quelque chose qui sera je crois une production collective, positive.
GUILLAUME DURAND
Donc vous nous diriez ce matin qu'il n'y a pas à l'intérieur du groupe socialiste à l'Assemblée, une fronde grandissante qui finalement aboutirait à défaire le gouvernement sur un certain nombre de textes.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, je ne le crois pas, je ne crois pas du tout à ce scénario. Les parlementaires socialistes sont responsables, ils savent comment ils ont été élus, sur quelle orientation, nous sommes dans la Vème République, mais une Vème République où le Parlement a son mot à dire, mais nous n'allons pas défaire le système politique que nous avons construit.
GUILLAUME DURAND
Question : est-ce qu'il y aura une session extraordinaire au mois de septembre, et sur quel thème ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Il y aura sans aucun doute une session extraordinaire, sur la transition énergétique, c'est-à-dire sur le projet de loi qui sera porté, principalement par Ségolène ROYAL, qui est un texte tout à fait fondamental. Nous on engagera la capacité de notre pays à faire front d'abord aux besoins énergétiques, à une consommation d'énergie et une énergie qui soient accessible, à des coûts le plus minorés pour nos compatriotes, mais surtout, et j'allais dire aussi, la capacité que nous avons, à faire face aux problèmes du réchauffement climatique, c'est-à-dire de fournir de l'énergie décarbonée, et que la France soit de ce point de vue exemplaire. Parce que, vous l'avez remarqué, c'est un débat mondial, c'est un débat européen et en Europe il y a pas beaucoup de pays qui sont capables d'avoir une bonne équation, décarbonation, énergie peu chère, sécurité d'approvisionnement, ce sont des éléments majeurs, sur lesquels nous allons continuer à avancer.
GUILLAUME DURAND
Mais justement, vous nous annoncez cette session extraordinaire, en même temps on va se retrouver face au problème de fond qui est celui de la position divergente entre Ségolène ROYAL et donc une partie des parlementaires socialistes qui veulent une éco-redevance.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, eh bien là aussi je pense que...
GUILLAUME DURAND
Est-ce que vous pensez que d'ici septembre le problème va être réglé ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oh mais bien avant. Je pense que... d'abord ce n'est pas le coeur de la transition énergétique, même si c'est un aspect, vous savez...
GUILLAUME DURAND
C'est important.
JEAN-MARIE LE GUEN
... la fameuse écotaxe qu'on a héritée de monsieur SARKOZY, elle a posé des problèmes. Qu'est-ce que dit Ségolène ROYAL ? Moi, comment j'entends ses propos ? Elle nous dit : voilà, une écologie qui soit répressive, punitive, ça ne marche pas. Bien. Et je pense que d'un certain point de vue, les faits lui ont donné en partie raison, on a vu ce qui s'est passé en Bretagne. Donc, en même temps, personne de sérieux, et je pense que notamment tous les parlementaires, quelle que soit leur sensibilité politique, tout le monde justifie l'idée qu'il faut avoir la capacité à opérer une transformation de nos modes de mobilité, et pour ça il faut de l'investissement, et pour ça il faut de la redevance. D'où l'idée, la sensibilité qu'exprime Ségolène ROYAL, c'est non à l'écologie punitive et la sensibilité que disent les parlementaires, c'est : il faut des moyens pour financer la transition, une mobilité plus écologique.
GUILLAUME DURAND
Et vous avez l'impression que d'ici le mois de septembre ils vont se mettre d'accord ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, j'en suis certain, et d'ailleurs...
GUILLAUME DURAND
Vous en êtes certain sur quelle base ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ah mais je pense que déjà, je ne vais peut-être pas forcément détailler devant vous l'ensemble des solutions, mais je constate qu'il y a une convergence, y compris que la question dites autoroutière, je rentre un petit peu dans la technique, mais Ségolène ROYAL avait dit : il y a là une manne que l'on pourrait utiliser en substitution à l'écotaxe, je constate que la mission parlementaire veut réfléchir justement sur la manière...
GUILLAUME DURAND
Donc vous nous dites encore une fois ce matin qu'ils vont se mettre d'accord, qu'il n'y aura plus de divergence dans les semaines qui viennent, Ségolène ROYAL et les parlementaires qui travaillent sur ce sujet.
JEAN-MARIE LE GUEN
C'est clair, mais Ségolène ROYAL est la première à savoir et à avoir besoin des moyens financiers d'opérer la transition pour une mobilité plus écologique. Donc elle sait très bien qu'elle a besoin de cet argent. Je n'ai jamais dit le contraire d'ailleurs.
GUILLAUME DURAND
Sur le plan de l'environnement économique, faible croissance, voire croissance zéro, est-ce que vous pensez que ça va permettre au gouvernement d'afficher les résultats qu'il ambitionne ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, la croissance...
GUILLAUME DURAND
Sur les résultats du...
JEAN-MARIE LE GUEN
La croissance que nous enregistrons, qui n'est pas excellente, mais elle reste en ligne avec ce qui avait été prévu pour cette année, et nous pensons qu'il y aura, les signaux avant-coureurs sont présents, il y aura une croissance positive.
GUILLAUME DURAND
Mais il y avait quand même un scénario qui devait aboutir vers 2016 à une croissance supérieure à 2, pour l'instant on n'y est pas du tout.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non mais il ne faut pas avoir le nez sur le guidon.
GUILLAUME DURAND
Ben, ce sont les chiffres, hein.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui mais d'accord, mais ils ne disent pas ce que sera la route d'ici trois, six, huit mois, neuf mois et a fortiori deux ou trois ans. Nous sommes en ligne avec ce que nous avons prévu, nous savions qu'en début d'année il y avait une croissance faible, là elle est nulle, mais entre nulle ou avec un décile, ça n'a pas une grande importance, par contre la perspective elle est croissante.
GUILLAUME DURAND
Deux dernières questions, pardonnez-moi de vous demander d'y répondre brièvement. Fallait-il un décret concernant justement les industries stratégiques ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, absolument. Bien sûr, mais quel pays ne le ferait pas ? Qu'est-ce qu'on aurait dit si la France n'était pas capable de défendre l'ensemble du périmètre industriel d'ALSTOM, une partie est j'allais dire sur le marché et de façon mondiale, mais une autre partie, elle est totalement stratégique, je pense notamment à tout ce qui a lieu au nucléaire, et là il est hors de question que la France se fasse dépouiller de ses éléments stratégiques.
GUILLAUME DURAND
Et la dernière question c'est : est-ce que vous avez vu le dernier sondage concernant le Parti socialiste, moins de 20 % pour les européennes dans moins de 15 jours. Est-ce que vous avez une manière ou une stratégie pour remonter la pente, de votre point de vue, ou est-ce que c'est une bérézina qui s'annonce ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, moi je ne commente pas des sondages, par contre j'appelle à voter le 25 mai. L'Europe c'est important, ces élections elles vont déterminer, plus que jamais puisque vous savez qu'il y a un changement de nature en quelque sorte de cette élection, qui va désigner le leader européen, et en l'occurrence celui que nous poussons, Martin SCHULZ, sera peut-être demain le président de la Commission, c'est-à-dire qu'il y aura véritablement un changement de nature, démocratique de l'Europe, c'est-à-dire que c'est les électeurs qui vont choisir l'orientation de la commission, c'est fondamental de voter et nous avons des raisons de penser que voter socialiste, c'est à la fois voter pour l'Europe, mais aussi pour une Europe de progrès.
GUILLAUME DURAND
Jean-Marie LE GUEN était notre invité ce matin, il est chargé des Relations avec le Parlement, donc, au sein du gouvernement de Manuel VALLS. Merci, bonne journée à vous.
JEAN-MARIE LE GUEN
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 mai 2014
Ravi de retrouver, et donc Jean-Marie LE GUEN, chargé des Relations avec le Parlement est notre invité ce matin. Que cherche Ségolène ROYAL ? La question est ouverte, parce que tout le monde se le demande.
JEAN-MARIE LE GUEN
Je crois qu'on l'a fait s'exprimer beaucoup plus qu'elle ne le fait en réalité. C'est normal, c'est du travail de journaliste, je pense qu'elle a émis un certain nombre d'idées, elles deviennent maintenant des déclarations fracassantes, je pense qu'il faut ramener ça à ses justes proportions, et nous aurons l'occasion de le faire.
GUILLAUME DURAND
Ben non, mais on en parle maintenant, parce qu'elle s'oppose finalement à une partie des propositions qui sont celles des parlementaires, et elle s'oppose à des positions qui sont celles d'Arnaud MONTEBOURG, c'est-à-dire qu'elle se, pardonnez-moi, mais elle fait front contre à la fois la majorité et le gouvernement. C'est beaucoup.
JEAN-MARIE LE GUEN
En disant ça, vous voyez bien que si elle était...
GUILLAUME DURAND
Enfin, je parle de l'écotaxe et d'ALSTOM.
JEAN-MARIE LE GUEN
...dans cette situation, absolument, elle serait effectivement peut-être en difficultés. Donc je crois que les choses sont un petit peu plus nuancées. Je pense que sur ALSTOM, je ne sais pas le contenu exact des déclarations...
GUILLAUME DURAND
Eh bien elle dit...
JEAN-MARIE LE GUEN
J'ai bien lu ce qu'elle disait dans la presse...
GUILLAUME DURAND
Oui, elle choisit GENERAL ELECTRIC, contre la position du gouvernement.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, mais elle choisit, mais il se trouve que c'est le gouvernement qui choisit, et elle n'est pas directement en charge de ce dossier, donc voilà. En même temps, et c'est bien d'ailleurs, il y a eu des déclarations à la fois d'Arnaud MONTEBOURG, montrant qu'il pouvait y avoir des options différentes, il n'y a pas qu'une seule option. Il n'y a pas... le gouvernement n'a pas eu une option anti GENERAL ELECTRIC, il regarde toutes les offres, celle de GENERAL ELECTRIC, celle de SIEMENS, il réfléchit même à la stratégie globale d'ALSTOM, donc il n'y a pas une position qui est anti-GENERAL ELECTRIC.
GUILLAUME DURAND
D'accord, mais elle n'est pas innocente, elle a été plusieurs fois ministre, candidate à la présidentielle, on peut imaginer qu'elle est parfaitement consciente, quand elle prononce des mots, à la fois sur l'écotaxe et sur ALSTOM, qu'elle sait parfaitement ce qu'elle dit, l'objectif choisi.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, en tout cas, je pense que la position du gouvernement elle a été rappelée et elle-même a rappelé que le gouvernement est en position d'attente et d'observation de toutes les possibilités...
GUILLAUME DURAND
Il faut la recadrer ou pas ? Le président l'a-t-il déjà fait ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, je crois qu'elle mesure peut-être la... aujourd'hui, on est peut être par rapport à il y a même quelques années, il y a une telle pression médiatique, que la déclaration la plus, comment dirais-je, s'écartant apparemment un petit peu de l'orientation générale, devient un problème politique. Donc, je pense qu'elle mesure peut-être ça un peu mieux et qu'un certain nombre de réflexions, qui sont des réflexions naturelles dans une conversation, eh bien deviennent des déclarations politiques, donc voilà, je crois qu'on peut tourner cette page.
GUILLAUME DURAND
Mais elle cherche quoi exactement ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oh, vous savez bien, par ailleurs, que Ségolène ROYAL a une personnalité très forte et ce qui fait d'ailleurs l'intérêt qu'elle soit au gouvernement et ce qu'elle apporte à la vie politique dans ce pays. Voilà. Elle a du tempérament, elle a une originalité, elle a une identité, elle s'exprime. C'est aussi...
GUILLAUME DURAND
Non mais on ne peut qu'être d'accord avec la description que vous faites de son tempérament, mais le problème c'est que Manuel VALLS est arrivé, donc, à Matignon, justement parce que ce type d'opération, ou alors de laisser aller, ou alors de sous-entendu, n'intervienne plus.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, à condition... Je pense, et c'est un peu aussi mon rôle d'ailleurs en tant que ministre chargé des Relations avec le Parlement, il faut aussi que les ministres se sentent bien, qu'ils s'épanouissent, qu'ils s'expriment, qu'ils nous montrent leur identité. Il ne faut pas un gouvernement de clones ou un gouvernement grisâtre, ni même une majorité qui ne respire pas. Nous ne sommes pas dans cette idée-là, nous sommes là pour que...
GUILLAUME DURAND
Donc ce matin vous nous diriez que ce n'est pas un couac grave.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, je pense que ce n'est pas un couac grave, d'abord parce que l'orientation du gouvernement sera donnée par le Premier ministre et le président de la République. Deuxièmement parce que c'est Ségolène ROYAL, parce que c'est les propos qu'elle a tenus, elle est déjà un petit peu revenue en arrière, donc je pense que... et il y aura pas d'embêtement particulier et je pense que ça va servir de leçon à tout le monde, à tout le monde.
GUILLAUME DURAND
Et qu'elle va rentrer dans le rang.
JEAN-MARIE LE GUEN
Je pense que vraiment l'intérêt de tous, ce qu'attendent les Français, c'est un gouvernement cohérent. Il attend, il attend effectivement des ministres qu'il y ait de la personnalité, parce que sinon c'est pas la vie. Bon. Mais en même temps, je pense qu'il va falloir que chacun maitrise mieux, dans la société où nous sommes, avec des chaines d'information, en continu, avec des journalistes très actifs et très regardants sur les attitudes des uns et des autres, il faut effectivement éviter d'ouvrir trop les angles, comme on dit au football.
GUILLAUME DURAND
Alors, sur ce sujet-là, une dernière question, et après il y a beaucoup d'autres sujets qui vous concernent de matin. Pourrait-elle avoir comme arrière-pensée 2017, en disant finalement : HOLLANDE c'est cuit, VALLS est dans le bateau, il ne restera plus que moi ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, nous sommes vraiment sur une seule stratégie, qui est celle de faire gagner la France, de faire gagner la gauche, autour du président de la République.
GUILLAUME DURAND
Mais moi je vois parle de ses arrière-pensées à elles.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, je ne crois pas, les arrière-pensées seraient totalement à côté de la réalité. Nous gagnons tous ensemble avec le président de la République ou nous ne gagnerons pas. Il n'y a pas de jeu individuel dans cette affaire. On est dans un collectif et c'est par ce collectif que la France pourra se redresser et que la gauche pourra dire aux Français : « voilà, nous avons redressé ce pays ».
GUILLAUME DURAND
Question sur les parlementaires. Est-ce qu'il y a une fronde, comment peut-on dire, limitée à l'intérieur du groupe socialiste que vous connaissez bien, ou est-ce que vous avez le sentiment que, comment peut-on dire, réunions parlementaires après réunions parlementaires, vote après vote, on pourrait avoir une augmentation de la fronde de ceux qui contestent, comme la gauche de la gauche, par exemple, un collectif gouvernemental ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, pour faire simple, il y a un groupe vivant là aussi, des personnalités, des gens qui s'interrogent, comme s'interrogent d'ailleurs nos concitoyens, ce qui est bien normal. Et puis il y a des gens qui ont une stratégie politique, qui est d'ailleurs connue, ça fait maintenant pratiquement deux ans que sur tous les votes importants, ils se sont abstenus, ont voté contre. Alors, ça pose un problème au Parti socialiste, je dis bien au Parti socialiste, que de voir qu'il y a des gens qui de toute façon se dispensent de la vision collective. Bien. Mais une fois que l'on a dit ça, moi en tant que chargé des Relations avec le Parlement, je veux surtout, et le Premier ministre s'y est engagé tout particulièrement cette semaine avec son gouvernement, nouer des liens très constructifs avec cette majorité.
GUILLAUME DURAND
Et c'est le cas ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui c'est le cas.
GUILLAUME DURAND
Ce matin ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, nous travaillons...
GUILLAUME DURAND
Vous avez l'impression que ceux qui ont frondé ces derniers temps sont en train de rentrer dans le rang ? Après l'intervention de Manuel VALLS.
JEAN-MARIE LE GUEN
Je pense qu'il y a des gens qui ont des arrière-pensées politiques et ils continueront à les avoir. Je pense que quand nous sommes arrivés il y avait un certain malaise, lié y compris évidemment au résultat des élections municipales, une certaine forme de désorientation. Bon, eh bien maintenant le dialogue est en train de se nouer de façon intense avec le gouvernement, les ministres travaillent d'une façon différente, par exemple on a un budget et un budget de la Sécurité sociale, rectificatif, comme on dit dans notre langage parlementaire, au mois de juin, eh bien Christian ECKERT, Michel SAPIN, travaillent d'ores et déjà avec les commissaires socialistes, les commissaires de la majorité, de la même façon Marisol TOURAINE, et donc nous allons arriver à quelque chose qui sera je crois une production collective, positive.
GUILLAUME DURAND
Donc vous nous diriez ce matin qu'il n'y a pas à l'intérieur du groupe socialiste à l'Assemblée, une fronde grandissante qui finalement aboutirait à défaire le gouvernement sur un certain nombre de textes.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, je ne le crois pas, je ne crois pas du tout à ce scénario. Les parlementaires socialistes sont responsables, ils savent comment ils ont été élus, sur quelle orientation, nous sommes dans la Vème République, mais une Vème République où le Parlement a son mot à dire, mais nous n'allons pas défaire le système politique que nous avons construit.
GUILLAUME DURAND
Question : est-ce qu'il y aura une session extraordinaire au mois de septembre, et sur quel thème ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Il y aura sans aucun doute une session extraordinaire, sur la transition énergétique, c'est-à-dire sur le projet de loi qui sera porté, principalement par Ségolène ROYAL, qui est un texte tout à fait fondamental. Nous on engagera la capacité de notre pays à faire front d'abord aux besoins énergétiques, à une consommation d'énergie et une énergie qui soient accessible, à des coûts le plus minorés pour nos compatriotes, mais surtout, et j'allais dire aussi, la capacité que nous avons, à faire face aux problèmes du réchauffement climatique, c'est-à-dire de fournir de l'énergie décarbonée, et que la France soit de ce point de vue exemplaire. Parce que, vous l'avez remarqué, c'est un débat mondial, c'est un débat européen et en Europe il y a pas beaucoup de pays qui sont capables d'avoir une bonne équation, décarbonation, énergie peu chère, sécurité d'approvisionnement, ce sont des éléments majeurs, sur lesquels nous allons continuer à avancer.
GUILLAUME DURAND
Mais justement, vous nous annoncez cette session extraordinaire, en même temps on va se retrouver face au problème de fond qui est celui de la position divergente entre Ségolène ROYAL et donc une partie des parlementaires socialistes qui veulent une éco-redevance.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, eh bien là aussi je pense que...
GUILLAUME DURAND
Est-ce que vous pensez que d'ici septembre le problème va être réglé ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oh mais bien avant. Je pense que... d'abord ce n'est pas le coeur de la transition énergétique, même si c'est un aspect, vous savez...
GUILLAUME DURAND
C'est important.
JEAN-MARIE LE GUEN
... la fameuse écotaxe qu'on a héritée de monsieur SARKOZY, elle a posé des problèmes. Qu'est-ce que dit Ségolène ROYAL ? Moi, comment j'entends ses propos ? Elle nous dit : voilà, une écologie qui soit répressive, punitive, ça ne marche pas. Bien. Et je pense que d'un certain point de vue, les faits lui ont donné en partie raison, on a vu ce qui s'est passé en Bretagne. Donc, en même temps, personne de sérieux, et je pense que notamment tous les parlementaires, quelle que soit leur sensibilité politique, tout le monde justifie l'idée qu'il faut avoir la capacité à opérer une transformation de nos modes de mobilité, et pour ça il faut de l'investissement, et pour ça il faut de la redevance. D'où l'idée, la sensibilité qu'exprime Ségolène ROYAL, c'est non à l'écologie punitive et la sensibilité que disent les parlementaires, c'est : il faut des moyens pour financer la transition, une mobilité plus écologique.
GUILLAUME DURAND
Et vous avez l'impression que d'ici le mois de septembre ils vont se mettre d'accord ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, j'en suis certain, et d'ailleurs...
GUILLAUME DURAND
Vous en êtes certain sur quelle base ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ah mais je pense que déjà, je ne vais peut-être pas forcément détailler devant vous l'ensemble des solutions, mais je constate qu'il y a une convergence, y compris que la question dites autoroutière, je rentre un petit peu dans la technique, mais Ségolène ROYAL avait dit : il y a là une manne que l'on pourrait utiliser en substitution à l'écotaxe, je constate que la mission parlementaire veut réfléchir justement sur la manière...
GUILLAUME DURAND
Donc vous nous dites encore une fois ce matin qu'ils vont se mettre d'accord, qu'il n'y aura plus de divergence dans les semaines qui viennent, Ségolène ROYAL et les parlementaires qui travaillent sur ce sujet.
JEAN-MARIE LE GUEN
C'est clair, mais Ségolène ROYAL est la première à savoir et à avoir besoin des moyens financiers d'opérer la transition pour une mobilité plus écologique. Donc elle sait très bien qu'elle a besoin de cet argent. Je n'ai jamais dit le contraire d'ailleurs.
GUILLAUME DURAND
Sur le plan de l'environnement économique, faible croissance, voire croissance zéro, est-ce que vous pensez que ça va permettre au gouvernement d'afficher les résultats qu'il ambitionne ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, la croissance...
GUILLAUME DURAND
Sur les résultats du...
JEAN-MARIE LE GUEN
La croissance que nous enregistrons, qui n'est pas excellente, mais elle reste en ligne avec ce qui avait été prévu pour cette année, et nous pensons qu'il y aura, les signaux avant-coureurs sont présents, il y aura une croissance positive.
GUILLAUME DURAND
Mais il y avait quand même un scénario qui devait aboutir vers 2016 à une croissance supérieure à 2, pour l'instant on n'y est pas du tout.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non mais il ne faut pas avoir le nez sur le guidon.
GUILLAUME DURAND
Ben, ce sont les chiffres, hein.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui mais d'accord, mais ils ne disent pas ce que sera la route d'ici trois, six, huit mois, neuf mois et a fortiori deux ou trois ans. Nous sommes en ligne avec ce que nous avons prévu, nous savions qu'en début d'année il y avait une croissance faible, là elle est nulle, mais entre nulle ou avec un décile, ça n'a pas une grande importance, par contre la perspective elle est croissante.
GUILLAUME DURAND
Deux dernières questions, pardonnez-moi de vous demander d'y répondre brièvement. Fallait-il un décret concernant justement les industries stratégiques ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, absolument. Bien sûr, mais quel pays ne le ferait pas ? Qu'est-ce qu'on aurait dit si la France n'était pas capable de défendre l'ensemble du périmètre industriel d'ALSTOM, une partie est j'allais dire sur le marché et de façon mondiale, mais une autre partie, elle est totalement stratégique, je pense notamment à tout ce qui a lieu au nucléaire, et là il est hors de question que la France se fasse dépouiller de ses éléments stratégiques.
GUILLAUME DURAND
Et la dernière question c'est : est-ce que vous avez vu le dernier sondage concernant le Parti socialiste, moins de 20 % pour les européennes dans moins de 15 jours. Est-ce que vous avez une manière ou une stratégie pour remonter la pente, de votre point de vue, ou est-ce que c'est une bérézina qui s'annonce ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, moi je ne commente pas des sondages, par contre j'appelle à voter le 25 mai. L'Europe c'est important, ces élections elles vont déterminer, plus que jamais puisque vous savez qu'il y a un changement de nature en quelque sorte de cette élection, qui va désigner le leader européen, et en l'occurrence celui que nous poussons, Martin SCHULZ, sera peut-être demain le président de la Commission, c'est-à-dire qu'il y aura véritablement un changement de nature, démocratique de l'Europe, c'est-à-dire que c'est les électeurs qui vont choisir l'orientation de la commission, c'est fondamental de voter et nous avons des raisons de penser que voter socialiste, c'est à la fois voter pour l'Europe, mais aussi pour une Europe de progrès.
GUILLAUME DURAND
Jean-Marie LE GUEN était notre invité ce matin, il est chargé des Relations avec le Parlement, donc, au sein du gouvernement de Manuel VALLS. Merci, bonne journée à vous.
JEAN-MARIE LE GUEN
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 mai 2014