Texte intégral
Je suis heureuse de vous rencontrer tous. Je suis heureuse de saluer notre hôte tout d'abord,
de retrouver ici Bruno, avec qui je suis liée par une vieille complicité à la fois dans les périodes où, je dirais, nous essayions de faire avancer la France, mais également dans les périodes où il convient de lutter contre un certain nombre de dérives, lorsque nous ne sommes pas au gouvernement.
Je suis également heureuse de saluer l'ensemble des nos amis parlementaires D.L.et U.D.F.
qui se joint à vous, sans compter de vieux amis comme Bernard de Nonencourt, que je retrouve plus souvent sur la côte basque qu'ici ; et puis je salue Jean-Paul Bernard et René- Paul Savary qui sont ici.
C'est pour moi un grand plaisir de vous rencontrer dans une période qui n'est pas facile. Il est bien évident que nous sommes tous très frappés par les événements qui se sont produits aux Etats-Unis. Ce sont des événements qui nous concernent aussi, parce que le terrorisme n'a pas de frontières, que la France a déjà été touchée dans les années passées, et assez régulièrement, dans certaines zones précises, par le terrorisme, et que, par conséquent, c'est peut être ce qui nous a rendus encore plus sensibles à ce qui s'est passé.
Outre le fait que nous avons des liens avec les Etats-Unis, pas toujours faciles, car nous les considérons certes comme des amis - ils nous l'ont prouvé : dans les périodes noires de l'Histoire de France, ils ont été à nos côtés - mais il est vrai aussi que nous ne sommes pas toujours d'accord avec eux et que nous tenons à notre souveraineté et à notre indépendance. Chaque fois qu'il y a des événements graves qui touchent, de part et d'autre de l'Atlantique, nos deux peuples, nous savons nous montrer totalement solidaires. C'est ce que nous avons fait au cours de ces dernières semaines, au sein du R.P.R., en manifestant immédiatement notre compassion et notre solidarité aux Américains, et surtout ce qui a été fait au nom de la France, par le président de la République, Jacques Chirac qui, en la matière, a montré comment un homme d'Etat de son envergure, pouvait gérer une situation extrêmement difficile avec sang froid, - c'est la première des choses -, avec détermination, dans la lutte à mener contre le terrorisme, mais également avec beaucoup d'humanité. Là, nous avons tous pris comme une grande chance de l'avoir à la tête de l'Etat, et j'ai été très frappée de voir combien, parmi les personnes que je côtoyais, dont je ne connaissais même pas les opinions publiques, et dont je ne suis pas sûre qu'elles soient proches des nôtres, m'ont dit à plusieurs reprises : " nous nous sommes sentis fiers d'être Français en voyant comment le Président nous représentait dans ces circonstances exceptionnelles ".
Ces circonstances difficiles, il faut en être bien conscients, vont avoir des conséquences sur notre pays. Quelles conséquences ? Aujourd'hui, nous ne le savons pas ! Cela peut avoir des conséquences positives, mais cela peut également présenter un certain nombre de risques. Des conséquences positives, parce qu'enfin nous allons convaincre un certain nombre de pays voisins ou plus lointains de poursuivre avec nous la lutte contre le terrorisme. Cela fait des années - justement parce que nous étions l'un des pays les plus " visés " - que nous disions qu'il était indispensable qu'il y ait une union de tous les Etats pour essayer de mettre fin au
terrorisme.
Je crois aujourd'hui que presque tous les pays du monde ont compris que c'était leur survie, la survie de leur peuple qui était en cause, parce que les actes de terrorisme que nous avons vus ne sont pas des actes ponctuels, ce sont des actions qui ont pour but de faire disparaître le plus grand nombre possible de personnes, de faire disparaître des civilisations quelles qu'elles soient. Ceci explique sans doute que des pays qui, jusqu'à présent, avaient été très réticents à s'engager dans une telle lutte, sont aujourd'hui prêts à le faire. Cela est également une prise de conscience par de nombreuses populations qu'il y a une très grande différence entre défendre des idées, défendre une vision de la société, et d'autre part être prêts à tuer et à disparaître soi-même pour simplement faire disparaître les autres.
Alors, dans cette phase, il faut que nous soyons très déterminés dans une lutte qui va prendre des formes multiples : militaires, bien sûr, mais également des formes de lutte contre le blanchiment de l'argent sale qui alimente les réseaux terroristes, des formes de coopération en matière de justice ou de police, et d'autre part le besoin de nous protéger, car il faut savoir que ces luttes qui vont être menées contre les terroristes vont entraîner un certain nombre de réactions, pas spécifiquement contre tel ou tel pays qui aura décidé de mener la lutte, mais simplement pour essayer de créer une globalisation des conflits. Et là, il faut faire attention à une chose, il faut lutter mais éviter de faire des amalgames, car c'est ce que souhaitent les terroristes. Il ne faut pas faire d'amalgames entre l'intégrisme terroriste et fanatique, et d'autre part le monde musulman. Ce n'est pas une lutte de l'Occident contre le monde musulman ; cette lutte est souhaitée par les terroristes, il faut que nous y prenions garde ; les terroristes souhaitent toujours créer la panique et entraîner des conflits mondiaux. Aujourd'hui, je crois que tous les Etats ont bien pris conscience de ce risque, mais il faut que nous y veillions nous mêmes, et que nous y veillions y compris jusque chez nous.
Il faut aussi se préparer également - cela a été évoqué hier à l'Assemblée Nationale - contre ces éventuelles ripostes en faisant, là aussi, attention à ce que ces ripostes n'aient pas pour but la provocation pour entraîner, y compris sur notre territoire, un certain nombre de dérives et d'amalgames.
Nous sommes donc aujourd'hui dans une période difficile qui va sans doute durer longtemps parce que la lutte contre le terrorisme est une lutte de longue haleine, qui durera des semaines, des mois, période pendant laquelle nous devrons tous rester mobilisés et vigilants. Mais en même temps, je dirais que cette sensibilité à ce problème ne doit pas nous faire oublier le reste.
Je crois que ce qui s'est passé a fait prendre conscience à l'ensemble des Français qu'il y avait, dans la vie, et dans la vie politique en particulier, des choses accessoires et puis des choses essentielles. L'essentiel, c'est la défense de valeurs, la défense d'une conception de la société ou chaque personne est respectée, et où chacun peut s'épanouir. Or, il se trouve que cette prise de conscience correspond à ce que nous, gaullistes, avons choisi depuis longtemps comme étant la valeur suprême à nos yeux : celle de la défense de chaque personne, celle qui consiste à permettre à chacun de s'épanouir. Ce sont donc bien là les idées et les thèmes sur lesquels nous allons avoir à nous battre pour préparer les prochaines échéances électorales.
Ne nous faisons aucune illusion ! Les échéances électorales ne sont jamais gagnées d'avance. Certes, aujourd'hui, par son action courageuse, déterminée et humaine, le président de la République a autour de lui une très grande majorité de Français, mais cela ne veut pas dire que les élections présidentielles ou législatives sont déjà gagnées. La campagne sera dure ; elle se fera sur les idées et les projets qui intéressent chacun de nos concitoyens. Alors ces idées et ces projets, ce sont ceux sur lesquels nous travaillons. Nous travaillons d'abord en ayant écouté les Français, et c'est le sens de mes déplacements. Chaque semaine, je vais dans deux ou trois départements, bien sûr pour rencontrer les militants, pour rencontrer nos amis de DL et de l'UDF, mais aussi et surtout pour écouter ce que pensent les Français dans leurs différentes activités, quels sont leurs problèmes, quelles sont leurs aspirations. Et c'est à partir de là que nous avons commencé, dans nos forums, qui ont lieu tous les mardis au siège du RPR, dans les conventions qui se sont déjà réunies, à élaborer notre projet. Et qu'ai-je entendu de la part des Français ? et qu'est-ce qui va être à la base de notre projet ? Ce que j'ai entendu , c'est que les Français ont envie d'avoir confiance dans ce monde qui est un monde incertain avec, ces derniers temps, la menace terroriste, mais également avec les grands défis qui sont ceux de l'introduction des nouvelles technologies, de la mondialisation, des changements d'approche de notre société. Les Français ont besoin d'avoir confiance ! Ce mot confiance peut paraître banal, car on se demande ce que cela recouvre, c'est flou ! eh bien non, avoir confiance, c'est pouvoir sortir le soir quand on est en ville sans craindre de se faire agresser dans la rue ; avoir confiance, c'est, quand on approche de l'âge de la retraite, avoir effectivement des revenus payés régulièrement et correspondant aux efforts que l'on a fait durant sa vie active. Avoir confiance c'est, quand on envoie ses enfants à l'école, se dire que ce qu'ils vont apprendre leur sera utile pour leur avenir professionnel et pour leur vie. Avoir confiance, c'est, quand on est agriculteur ou chef d'entreprise, se dire que, lorsqu'on fait des investissements ou des efforts, ils ne seront pas remis en cause dans quatre ou cinq ans par des éléments extérieurs et incontrôlés, que l'on continuera à avoir son entreprise, sa ferme, et à pouvoir en vivre. C'est tout cela avoir confiance. Je crois que les Français ont besoin de retrouver cette confiance. Et pour retrouver cette confiance, ils ont, eux, besoin d'avoir confiance en l'Etat, que l'Etat intervienne pour que la sécurité cesse de se dégrader, comme on le voit, depuis plusieurs années. Avoir confiance, c'est faire en sorte que l'Etat garantisse peut-être aussi la sécurité de la vie quotidienne : la qualité de l'air que l'on respire, la qualité de notre alimentation. Tout ceci, c'est ce que l'on demande à l'Etat. Avoir confiance en l'Etat, c'est aussi avoir la certitude que, si l'on est malade, on sera correctement soigné.
Mais réciproquement, les Français ont besoin aussi l'Etat ait confiance en eux. Les Français ont besoin aussi que l'Etat leur fasse confiance et cesse de les considérer toujours comme des mineurs. Aujourd'hui, les Français sont formés, ils sont informés par les médias, ils en ont assez qu'on leur dise sans cesse ce qu'ils doivent faire, que ce soit dans leur vie familiale, que ce soit dans leur vie professionnelle ou dans leur vie associative. Il faut démontrer aujourd'hui que les Français sont des adultes. Exemple : il me paraît, entre autre, aberrant que l'on interdise, par le biais des 35 heures, obligatoires, aux Français de travailler comme ils veulent. Le problème, ce ne sont pas les 35 heures, c'est de pouvoir choisir, y compris pour les entreprises, car il y a des entreprises pour qui le système des 35 heures permet des aménagements nécessaires. Il existe des salariés qui peuvent souhaiter travailler 35 heures, mais j'en connais beaucoup, et notamment parmi les salariés les plus modestes, qui ont envie, soit parce qu'ils débutent dans la vie soit qu'ils préparent leur retraite, de gagner davantage d'argent, pour pouvoir s'installer ou tout simplement construire ou terminer la construction de leur maison avant l'âge de la retraite. Pourquoi donc leur imposer de ne pas travailler ? Et c'est la même chose pour l'âge de la retraite. Qu'est-ce que c'est que cet Etat qui dit " à tel âge, c'est terminé, vous ne valez plus rien ! " ? Le résultat, c'est que je connais un grand chercheur sur les problèmes du sida à qui l'on a dit : " c'est terminé, à 65 ans, vous ne valez plus rien ". Il est parti aux Etats-Unis, qui sont ravis de l'accueillir et s'enrichissent de son savoir. Là aussi, laissons faire les Français, et si certains ont envie de travailler au-delà de 60 ans, si certains ont envie de se constituer en plus de la retraite par répartition, une retraite complémentaire, qu'on leur donne la possibilité de le faire. Je rappelle que l'on donne cette possibilité aux fonctionnaires et que l'on fait même de la publicité sur les ondes pour la PREFONDS. Alors donnons à tous les Français la possibilité de se constituer en exonération d'impôts, comme pour les fonctionnaires, une retraite complémentaire. C'est cela un Etat qui fait confiance aux Français, c'est-à-dire qui leur donne plus de liberté d'agir : il reconnaît davantage leur travail, au lieu d'avoir un système fiscal qui devient spoliateur parce qu'il leur prend toujours davantage et que, finalement, il décourage les gens de travailler. A quoi bon travailler si 50% de ce que l'on gagne passe dans les impôts ? Il faut donc changer tout cela. Il faut permettre à chacun de transmettre à ses enfants un patrimoine, sans être obligé de le vendre pour régler les frais de succession. Tout cela est une autre approche des rapports entre l'Etat et le citoyen. Nous, nous disons : il faut que le citoyen puisse avoir confiance en l'Etat, mais il est indispensable que l'Etat fasse aussi confiance aux citoyens.
La confiance doit aussi exister entre les Français. Depuis quelques années, on a trop souvent essayé d'opposer les catégories de Français entre elles : on oppose les salariés aux chefs d'entreprise, les agriculteurs à ceux qui vivent dans le monde urbain, les parents d'élèves aux enseignants. Tout cela ne fait que créer des tensions dans notre société.
Mais, tout le monde le sait bien, la France n'est jamais si dynamique, si grande, que lorsqu'elle est fraternelle. Je crois que le but de la nation française, c'est de faire en sorte que chacun, parce qu'il est reconnu, ait envie de partager un destin commun qui est celui de la France. C'est cela notre conception de la France, c'est cela notre conception de la politique.
Je crois que c'est pour cela que nous nous battons les uns et les autres : pour faire en sorte qu'à travers les prochaines échéances électorales, celle de l'élection présidentielle, celle des élections législatives, nous offrions à nos enfants d'autres perspectives, des perspectives plus optimistes de l'avenir, que finalement, ensemble, et derrière Jacques Chirac, nous réussissions à reconstruire une France qui soit grande, qui soit généreuse, qui soit ouverte au monde.
Merci d'y participer.
(Source http://www.rpr.asso.fr, le 8 octobre 2001)
de retrouver ici Bruno, avec qui je suis liée par une vieille complicité à la fois dans les périodes où, je dirais, nous essayions de faire avancer la France, mais également dans les périodes où il convient de lutter contre un certain nombre de dérives, lorsque nous ne sommes pas au gouvernement.
Je suis également heureuse de saluer l'ensemble des nos amis parlementaires D.L.et U.D.F.
qui se joint à vous, sans compter de vieux amis comme Bernard de Nonencourt, que je retrouve plus souvent sur la côte basque qu'ici ; et puis je salue Jean-Paul Bernard et René- Paul Savary qui sont ici.
C'est pour moi un grand plaisir de vous rencontrer dans une période qui n'est pas facile. Il est bien évident que nous sommes tous très frappés par les événements qui se sont produits aux Etats-Unis. Ce sont des événements qui nous concernent aussi, parce que le terrorisme n'a pas de frontières, que la France a déjà été touchée dans les années passées, et assez régulièrement, dans certaines zones précises, par le terrorisme, et que, par conséquent, c'est peut être ce qui nous a rendus encore plus sensibles à ce qui s'est passé.
Outre le fait que nous avons des liens avec les Etats-Unis, pas toujours faciles, car nous les considérons certes comme des amis - ils nous l'ont prouvé : dans les périodes noires de l'Histoire de France, ils ont été à nos côtés - mais il est vrai aussi que nous ne sommes pas toujours d'accord avec eux et que nous tenons à notre souveraineté et à notre indépendance. Chaque fois qu'il y a des événements graves qui touchent, de part et d'autre de l'Atlantique, nos deux peuples, nous savons nous montrer totalement solidaires. C'est ce que nous avons fait au cours de ces dernières semaines, au sein du R.P.R., en manifestant immédiatement notre compassion et notre solidarité aux Américains, et surtout ce qui a été fait au nom de la France, par le président de la République, Jacques Chirac qui, en la matière, a montré comment un homme d'Etat de son envergure, pouvait gérer une situation extrêmement difficile avec sang froid, - c'est la première des choses -, avec détermination, dans la lutte à mener contre le terrorisme, mais également avec beaucoup d'humanité. Là, nous avons tous pris comme une grande chance de l'avoir à la tête de l'Etat, et j'ai été très frappée de voir combien, parmi les personnes que je côtoyais, dont je ne connaissais même pas les opinions publiques, et dont je ne suis pas sûre qu'elles soient proches des nôtres, m'ont dit à plusieurs reprises : " nous nous sommes sentis fiers d'être Français en voyant comment le Président nous représentait dans ces circonstances exceptionnelles ".
Ces circonstances difficiles, il faut en être bien conscients, vont avoir des conséquences sur notre pays. Quelles conséquences ? Aujourd'hui, nous ne le savons pas ! Cela peut avoir des conséquences positives, mais cela peut également présenter un certain nombre de risques. Des conséquences positives, parce qu'enfin nous allons convaincre un certain nombre de pays voisins ou plus lointains de poursuivre avec nous la lutte contre le terrorisme. Cela fait des années - justement parce que nous étions l'un des pays les plus " visés " - que nous disions qu'il était indispensable qu'il y ait une union de tous les Etats pour essayer de mettre fin au
terrorisme.
Je crois aujourd'hui que presque tous les pays du monde ont compris que c'était leur survie, la survie de leur peuple qui était en cause, parce que les actes de terrorisme que nous avons vus ne sont pas des actes ponctuels, ce sont des actions qui ont pour but de faire disparaître le plus grand nombre possible de personnes, de faire disparaître des civilisations quelles qu'elles soient. Ceci explique sans doute que des pays qui, jusqu'à présent, avaient été très réticents à s'engager dans une telle lutte, sont aujourd'hui prêts à le faire. Cela est également une prise de conscience par de nombreuses populations qu'il y a une très grande différence entre défendre des idées, défendre une vision de la société, et d'autre part être prêts à tuer et à disparaître soi-même pour simplement faire disparaître les autres.
Alors, dans cette phase, il faut que nous soyons très déterminés dans une lutte qui va prendre des formes multiples : militaires, bien sûr, mais également des formes de lutte contre le blanchiment de l'argent sale qui alimente les réseaux terroristes, des formes de coopération en matière de justice ou de police, et d'autre part le besoin de nous protéger, car il faut savoir que ces luttes qui vont être menées contre les terroristes vont entraîner un certain nombre de réactions, pas spécifiquement contre tel ou tel pays qui aura décidé de mener la lutte, mais simplement pour essayer de créer une globalisation des conflits. Et là, il faut faire attention à une chose, il faut lutter mais éviter de faire des amalgames, car c'est ce que souhaitent les terroristes. Il ne faut pas faire d'amalgames entre l'intégrisme terroriste et fanatique, et d'autre part le monde musulman. Ce n'est pas une lutte de l'Occident contre le monde musulman ; cette lutte est souhaitée par les terroristes, il faut que nous y prenions garde ; les terroristes souhaitent toujours créer la panique et entraîner des conflits mondiaux. Aujourd'hui, je crois que tous les Etats ont bien pris conscience de ce risque, mais il faut que nous y veillions nous mêmes, et que nous y veillions y compris jusque chez nous.
Il faut aussi se préparer également - cela a été évoqué hier à l'Assemblée Nationale - contre ces éventuelles ripostes en faisant, là aussi, attention à ce que ces ripostes n'aient pas pour but la provocation pour entraîner, y compris sur notre territoire, un certain nombre de dérives et d'amalgames.
Nous sommes donc aujourd'hui dans une période difficile qui va sans doute durer longtemps parce que la lutte contre le terrorisme est une lutte de longue haleine, qui durera des semaines, des mois, période pendant laquelle nous devrons tous rester mobilisés et vigilants. Mais en même temps, je dirais que cette sensibilité à ce problème ne doit pas nous faire oublier le reste.
Je crois que ce qui s'est passé a fait prendre conscience à l'ensemble des Français qu'il y avait, dans la vie, et dans la vie politique en particulier, des choses accessoires et puis des choses essentielles. L'essentiel, c'est la défense de valeurs, la défense d'une conception de la société ou chaque personne est respectée, et où chacun peut s'épanouir. Or, il se trouve que cette prise de conscience correspond à ce que nous, gaullistes, avons choisi depuis longtemps comme étant la valeur suprême à nos yeux : celle de la défense de chaque personne, celle qui consiste à permettre à chacun de s'épanouir. Ce sont donc bien là les idées et les thèmes sur lesquels nous allons avoir à nous battre pour préparer les prochaines échéances électorales.
Ne nous faisons aucune illusion ! Les échéances électorales ne sont jamais gagnées d'avance. Certes, aujourd'hui, par son action courageuse, déterminée et humaine, le président de la République a autour de lui une très grande majorité de Français, mais cela ne veut pas dire que les élections présidentielles ou législatives sont déjà gagnées. La campagne sera dure ; elle se fera sur les idées et les projets qui intéressent chacun de nos concitoyens. Alors ces idées et ces projets, ce sont ceux sur lesquels nous travaillons. Nous travaillons d'abord en ayant écouté les Français, et c'est le sens de mes déplacements. Chaque semaine, je vais dans deux ou trois départements, bien sûr pour rencontrer les militants, pour rencontrer nos amis de DL et de l'UDF, mais aussi et surtout pour écouter ce que pensent les Français dans leurs différentes activités, quels sont leurs problèmes, quelles sont leurs aspirations. Et c'est à partir de là que nous avons commencé, dans nos forums, qui ont lieu tous les mardis au siège du RPR, dans les conventions qui se sont déjà réunies, à élaborer notre projet. Et qu'ai-je entendu de la part des Français ? et qu'est-ce qui va être à la base de notre projet ? Ce que j'ai entendu , c'est que les Français ont envie d'avoir confiance dans ce monde qui est un monde incertain avec, ces derniers temps, la menace terroriste, mais également avec les grands défis qui sont ceux de l'introduction des nouvelles technologies, de la mondialisation, des changements d'approche de notre société. Les Français ont besoin d'avoir confiance ! Ce mot confiance peut paraître banal, car on se demande ce que cela recouvre, c'est flou ! eh bien non, avoir confiance, c'est pouvoir sortir le soir quand on est en ville sans craindre de se faire agresser dans la rue ; avoir confiance, c'est, quand on approche de l'âge de la retraite, avoir effectivement des revenus payés régulièrement et correspondant aux efforts que l'on a fait durant sa vie active. Avoir confiance c'est, quand on envoie ses enfants à l'école, se dire que ce qu'ils vont apprendre leur sera utile pour leur avenir professionnel et pour leur vie. Avoir confiance, c'est, quand on est agriculteur ou chef d'entreprise, se dire que, lorsqu'on fait des investissements ou des efforts, ils ne seront pas remis en cause dans quatre ou cinq ans par des éléments extérieurs et incontrôlés, que l'on continuera à avoir son entreprise, sa ferme, et à pouvoir en vivre. C'est tout cela avoir confiance. Je crois que les Français ont besoin de retrouver cette confiance. Et pour retrouver cette confiance, ils ont, eux, besoin d'avoir confiance en l'Etat, que l'Etat intervienne pour que la sécurité cesse de se dégrader, comme on le voit, depuis plusieurs années. Avoir confiance, c'est faire en sorte que l'Etat garantisse peut-être aussi la sécurité de la vie quotidienne : la qualité de l'air que l'on respire, la qualité de notre alimentation. Tout ceci, c'est ce que l'on demande à l'Etat. Avoir confiance en l'Etat, c'est aussi avoir la certitude que, si l'on est malade, on sera correctement soigné.
Mais réciproquement, les Français ont besoin aussi l'Etat ait confiance en eux. Les Français ont besoin aussi que l'Etat leur fasse confiance et cesse de les considérer toujours comme des mineurs. Aujourd'hui, les Français sont formés, ils sont informés par les médias, ils en ont assez qu'on leur dise sans cesse ce qu'ils doivent faire, que ce soit dans leur vie familiale, que ce soit dans leur vie professionnelle ou dans leur vie associative. Il faut démontrer aujourd'hui que les Français sont des adultes. Exemple : il me paraît, entre autre, aberrant que l'on interdise, par le biais des 35 heures, obligatoires, aux Français de travailler comme ils veulent. Le problème, ce ne sont pas les 35 heures, c'est de pouvoir choisir, y compris pour les entreprises, car il y a des entreprises pour qui le système des 35 heures permet des aménagements nécessaires. Il existe des salariés qui peuvent souhaiter travailler 35 heures, mais j'en connais beaucoup, et notamment parmi les salariés les plus modestes, qui ont envie, soit parce qu'ils débutent dans la vie soit qu'ils préparent leur retraite, de gagner davantage d'argent, pour pouvoir s'installer ou tout simplement construire ou terminer la construction de leur maison avant l'âge de la retraite. Pourquoi donc leur imposer de ne pas travailler ? Et c'est la même chose pour l'âge de la retraite. Qu'est-ce que c'est que cet Etat qui dit " à tel âge, c'est terminé, vous ne valez plus rien ! " ? Le résultat, c'est que je connais un grand chercheur sur les problèmes du sida à qui l'on a dit : " c'est terminé, à 65 ans, vous ne valez plus rien ". Il est parti aux Etats-Unis, qui sont ravis de l'accueillir et s'enrichissent de son savoir. Là aussi, laissons faire les Français, et si certains ont envie de travailler au-delà de 60 ans, si certains ont envie de se constituer en plus de la retraite par répartition, une retraite complémentaire, qu'on leur donne la possibilité de le faire. Je rappelle que l'on donne cette possibilité aux fonctionnaires et que l'on fait même de la publicité sur les ondes pour la PREFONDS. Alors donnons à tous les Français la possibilité de se constituer en exonération d'impôts, comme pour les fonctionnaires, une retraite complémentaire. C'est cela un Etat qui fait confiance aux Français, c'est-à-dire qui leur donne plus de liberté d'agir : il reconnaît davantage leur travail, au lieu d'avoir un système fiscal qui devient spoliateur parce qu'il leur prend toujours davantage et que, finalement, il décourage les gens de travailler. A quoi bon travailler si 50% de ce que l'on gagne passe dans les impôts ? Il faut donc changer tout cela. Il faut permettre à chacun de transmettre à ses enfants un patrimoine, sans être obligé de le vendre pour régler les frais de succession. Tout cela est une autre approche des rapports entre l'Etat et le citoyen. Nous, nous disons : il faut que le citoyen puisse avoir confiance en l'Etat, mais il est indispensable que l'Etat fasse aussi confiance aux citoyens.
La confiance doit aussi exister entre les Français. Depuis quelques années, on a trop souvent essayé d'opposer les catégories de Français entre elles : on oppose les salariés aux chefs d'entreprise, les agriculteurs à ceux qui vivent dans le monde urbain, les parents d'élèves aux enseignants. Tout cela ne fait que créer des tensions dans notre société.
Mais, tout le monde le sait bien, la France n'est jamais si dynamique, si grande, que lorsqu'elle est fraternelle. Je crois que le but de la nation française, c'est de faire en sorte que chacun, parce qu'il est reconnu, ait envie de partager un destin commun qui est celui de la France. C'est cela notre conception de la France, c'est cela notre conception de la politique.
Je crois que c'est pour cela que nous nous battons les uns et les autres : pour faire en sorte qu'à travers les prochaines échéances électorales, celle de l'élection présidentielle, celle des élections législatives, nous offrions à nos enfants d'autres perspectives, des perspectives plus optimistes de l'avenir, que finalement, ensemble, et derrière Jacques Chirac, nous réussissions à reconstruire une France qui soit grande, qui soit généreuse, qui soit ouverte au monde.
Merci d'y participer.
(Source http://www.rpr.asso.fr, le 8 octobre 2001)