Texte intégral
JEAN LEYMARIE
Bonjour Benoît HAMON.
BENOÎT HAMON
Bonjour.
JEAN LEYMARIE
Les enfants sont presque en vacances, et déjà, les parents pensent à la rentrée et à cette fameuse réforme des rythmes scolaires qui va se généraliser, elle continue à provoquer de l'inquiétude, parfois de la colère. Est-ce qu'elle va s'appliquer partout au mois de septembre ?
BENOIT HAMON
Le 2 septembre, dans toutes les écoles primaires de France, et élémentaires, maternelles comme primaires, la réforme des rythmes scolaires s'appliquera. Qu'est-ce qui s'appliquera ? Les cinq matinées de classe. Tous les enfants de France travailleront cinq matins, pourquoi un matin de plus qu'ils ne le faisaient jusqu'ici ? Parce que nous constatons que les enfants sont le plus concentrés, le plus attentifs pour apprendre en mathématiques, en calcul, en français, entre 09h et 11h. Le fait d'avoir un matin de plus, c'est un matin de plus pour apprendre, apprendre correctement, avoir le goût d'apprendre et le goût du travail, et c'est sur l'essentiel que cette réforme se concentre, que les apprentissages fondamentaux, les mathématiques, le français, soient maîtrisés par les enfants à la fin de leur CM2. On ne peut pas regarder sans réagir le fait que le niveau de nos élèves, des élèves français baisse dans la compréhension des textes, en calcul, en mathématiques, on ne peut pas regarder cela sans réagir, et ne pas penser qu'une organisation du temps scolaire plus adaptée au rythme de l'enfant leur permettra justement de mieux apprendre. Jusqu'ici, on demandait aux enfants de s'adapter à l'organisation des adultes dans l'école. Eh bien, désormais, l'école s'adapte au rythme de l'enfant, c'est une petite révolution, je comprends qu'elle fasse réagir les adultes.
JEAN LEYMARIE
Elle fait plus que réagir, Monsieur le Ministre, sur l'importance de l'apprentissage, tout le monde est d'accord
BENOIT HAMON
Oui, mais Monsieur LEYMARIE, on a beaucoup trop fait changer l'école en fonction de l'intérêt des adultes, et pas assez en fonction de l'intérêt des enfants. Tout le monde s'accorde à dire que c'est mieux qu'ils travaillent le matin, tout le monde est d'accord pour cela, mais j'observe qu'avec tant de partisans de la réforme, derrière, ça coince beaucoup plus, pourquoi ? Parce que les intérêts des adultes reprennent le dessus. Moi, je suis l'avocat des élèves d'abord, et comme ministre de l'Education nationale, ce qui m'intéresse, c'est que le niveau de l'école française pour la compréhension des textes, pour le français à l'oral, à l'écrit, à la lecture, en mathématiques, s'améliore
JEAN LEYMARIE
Tout le monde est attaché à l'école et à l'apprentissage, n'empêche
BENOIT HAMON
Oui, tout le monde
JEAN LEYMARIE
La mise en oeuvre de la réforme
BENOIT HAMON
Tout le monde, mais manifestement, ça se manifeste un peu moins dès lors qu'on pose les débats concrètement.
JEAN LEYMARIE
L'organisation des journées devient compliquée, les parents le disent, vous les entendez, vous les rencontrez, que leur répondez-vous ?
BENOIT HAMON
Parce que ça fait un matin de plus, je leur rappelle qu'auparavant, eux, ils travaillaient, ils étaient à l'école le samedi matin.
JEAN LEYMARIE
Et les fameuses activités périscolaires, dont on va parler dans un instant, que leur dites-vous aujourd'hui, 12 juin, à quelques semaines des vacances et de la rentrée qui suit ?
BENOIT HAMON
Bon, d'abord, je leur redis pourquoi cette réforme a été faite, et je vais leur écrire, je vais leur écrire, et ils la recevront, ou en tout cas, ils pourront voir cette lettre qui réexplique la réforme des rythmes scolaires
JEAN LEYMARIE
Une lettre à tous les parents ?
BENOIT HAMON
A tous les parents d'élèves. Mais je veux leur redire pourquoi nous l'avons faite, d'abord, sur le temps de classe, cette réforme des rythmes scolaires, elle concerne le temps passé par leurs enfants dans la classe. De fait, comme nous avons décidé de faire une matinée de travail en plus en classe, cela libère trois heures dans la semaine, trois heures dont nous avons souhaité qu'elles soient remplies par ce qui existait déjà dans beaucoup de communes, des activités périscolaires, des activités périscolaires qui sont effectivement à la main des collectivités locales, la responsabilité de l'Etat, c'est ce qui se passe dans la classe la responsabilité des maires, c'est ce qui se passe dans le périscolaire.
JEAN LEYMARIE
Alors justement, un mot, vous avez permis des assouplissements là-dessus, puisque les communes notamment avec votre décret, peuvent maintenant concentrer les activités périscolaires sur une seule après-midi, c'est ça ?
BENOIT HAMON
C'est facultatif d'ailleurs, le périscolaire
JEAN LEYMARIE
Ça, c'est une possibilité, combien de communes finalement seront dans cette situation ? Vous avez les calculs les plus récents.
BENOIT HAMON
Oui, assez peu, en fait, nous sommes aujourd'hui dans une proportion de communes qui devrait utiliser le vendredi après-midi qui, je pense, dans la réalité, sera inférieure à 5%, 5% des communes, je pense même, très inférieure à 5%, puisque nous avons des intentions, en tout cas des maires qui nous ont dit qu'ils avaient l'intention de concentrer le périscolaire sur un après-midi, après, de là à ce que l'expérimentation qu'ils proposent soit validée, il y a un pas, il faut que le projet soit solide, donc je pense que l'utilisation de cette opportunité ne sera validée d'abord que quand c'est dans l'intérêt de l'enfant, et quand le projet est robuste, et elle ne concernera qu'une toute, toute, toute petite minorité de communes.
JEAN LEYMARIE
Dans certaines communes, dans certaines écoles, les activités périscolaires sont et seront payantes, est-ce que c'est normal, ça, Benoît HAMON ?
BENOIT HAMON
Ecoutez, je le redis, les activités périscolaires, non seulement, c'est facultatif, les maires
JEAN LEYMARIE
Enfin, l'organisation, c'est une conséquence de votre réforme, même si ça ne dépend pas directement de l'Etat
BENOIT HAMON
Oui, mais avant, il y avait du périscolaire aussi, parce que, on découvre, Monsieur LEYMARIE, on découvre le périscolaire aujourd'hui, pardon de le dire, ça existait avant
JEAN LEYMARIE
Mais est-ce que c'est normal de payer pour rester à l'école jusqu'à 16h30 ?
BENOIT HAMON
Non, je pense que, aujourd'hui, ce n'est pas pour rester à l'école, c'est pour faire des activités en dehors du temps de classe, que l'on soit bien clair là-dessus, c'est l'école qui s'ouvre à des activités périscolaires, mais l'école, pour vous comme pour moi, c'est que nos enfants en classe face à leurs professeurs apprennent, ce qui se fait en plus, que nous allons essayer de généraliser, des activités sportives, des activités culturelles, ce sont aux mairies, aux intercommunalités de l'organiser, c'est pour ça d'ailleurs que je le dis à tous les parents d'élèves, l'Etat donne cinquante euros par enfant à toutes les communes. Quand vous avez un maire qui, comme à Valence, j'écoutais votre reportage dit : je n'organiserai rien
JEAN LEYMARIE
Le reportage de Célia QUILLERET à 07h45.
BENOIT HAMON
Je n'organiserai rien, je demande aux parents d'élèves de lui demander, à lui, ce qu'il fait des cinquante euros que nous donnons pour leurs enfants, et s'ils vont au renouvellement des costumes de la police municipale de Valence. Si c'est cela, je trouve que c'est un argent très mal utilisé là où il était prévu pour faire en sorte que justement, les enfants puissent avoir des activités qui soient des activités sportives, il y a des clubs sportifs dans toutes les communes, il peut y avoir des activités culturelles. Là où ce n'était pas simple parce que ça coûte cher, nous avons décidé de faire en sorte que le fonds puisse être prolongé d'un an supplémentaire, donc pour la rentrée 2015-2016, ce qui montre que le gouvernent s'engage, qu'il aidera les communes, mais je le dis à ceux qui en font au fonds de cette réforme un objet, on va dire, de polémique politique, ma conviction
JEAN LEYMARIE
Les maires qui n'appliqueront pas, vous allez les poursuivre devant la justice ?
BENOIT HAMON
Mais s'ils ne l'appliquaient pas, oui, si un maire décidait que l'école n'ouvrirait pas le mercredi
JEAN LEYMARIE
Il y en aura peut-être.
BENOIT HAMON
Je ne le crois pas, je ne le crois pas, et un maire qui n'ouvrirait pas l'école le mercredi alors qu'il doit y avoir classe, c'est aussi absurde qui n'ouvrirait pas une école le dimanche lorsque c'est un jour de vote. C'est illégal, ça n'est pas possible. Et je vois mal les maires ou en tout cas, des maires s'entêter dans une posture comme celle-là, c'est parfaitement illégal, ils seraient condamnés comme tels.
JEAN LEYMARIE
On quitte les bancs de l'école pour les bancs de l'Assemblée nationale, avec une gauche en ébullition, quelques dizaines de députés socialistes demandent toujours à François HOLLANDE de mener une autre politique économique, plus pour les ménages, moins pour les entreprises ; certains députés, certains de vos amis ont été reçus hier par Manuel VALLS, est-ce que vous soutenez ceux qu'on appelle les frondeurs, Benoît HAMON ?
BENOIT HAMON
Mais ils s'expriment dans le cadre du groupe spécialiste, et ils s'expriment sur quoi ? Sur ce qui, à leurs yeux, apparaît comme une bonne politique économique, avec un souhait, c'est qu'il y ait, si j'ai bien lu toutes les propositions qu'ils font, davantage d'instruments de relance par le pouvoir d'achat, par la demande des ménages, là où le gouvernement a fait un choix de soutenir la compétitivité des entreprises, de soutenir le pouvoir d'achat des ménages, je rappelle que grâce à la mesure que nous allons prendre en projet de loi de Finances rectificative, pour 3,7 millions de ménages français, on paiera moins d'impôts, et pour 1,9 million, on ne paiera plus d'impôts ; ce n'est pas rien !
JEAN LEYMARIE
Est-ce que vos amis ont raison d'insister, ont raison de demander une autre politique économique ?
BENOIT HAMON
Mais il y a un débat, ils ont été reçus par le Premier ministre
JEAN LEYMARIE
Mais ils ont raison ?
BENOIT HAMON
Non, mais c'est que leur parole est prise au sérieux, et moi, je pense que les députés, qu'ils soient parmi les frondeurs ou qu'ils ne le soient pas, qui s'impliquent, qui s'impliquent dans le débat économique, qui se préoccupent de faire remonter ce que sont les besoins aujourd'hui des ménages français, en l'occurrence des Français quand ils veulent pouvoir consommer plus, pour leur emploi comme pour leur pouvoir d'achat, moi, je préfère avoir un groupe de députés socialistes vivants, qui n'est pas godillot, qui s'inscrit dans le débat politique, que des députés qui regardent les trains passer, en l'occurrence, je pense que, il y a plus de 300 députés socialistes aujourd'hui qui se préoccupent, et au-delà avec la majorité, de réussir, et de réussir sur le plan de l'emploi et du pouvoir d'achat.
JEAN LEYMARIE
Merci Benoît HAMON.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 juin 2014