Texte intégral
CHRISTOPHE BARBIER
Michel SAPIN bonjour, bienvenu.
MICHEL SAPIN
Bonjour.
CHRISTOPHE BARBIER
« Arnaud MONTEBOURG va démissionner », c'est LE NOUVEL OBS qui l'affirme, alors ça sera juste avant ou juste après l'été, on ne sait pas trop. Est-ce qu'Arnaud MONTEBOURG vous a mis dans la confidence ?
MICHEL SAPIN
Vous savez ce que c'est que des Unes de magazine.
CHRISTOPHE BARBIER
Oh oui !
MICHEL SAPIN
Vous connaissez bien, vous savez, parfois, la volonté de noircir ou de durcir le trait ; Arnaud MONTEBOURG est un excellent ministre, sa place est au gouvernement.
CHRISTOPHE BARBIER
Est-ce que ce n'est pas lui qui est un peu matamore et qui est assez souvent dans la posture « si vous ne me retenez pas, je fais un malheur » ?
MICHEL SAPIN
Il a une flamboyance, il a une manière d'être, une manière de parler, mais qui est utile. Qui est utile, qui est utile au sein de ce gouvernement, qui est utile au sein de la gauche, parce que c'est aussi une manière de parler aux Français, que les Français comprennent et apprécient.
CHRISTOPHE BARBIER
Mais qui fait naitre des espoirs à Florange ou à ALSTOM et puis après, il y a des déceptions.
MICHEL SAPIN
Elle peut faire naitre des espoirs, mais elle montre aussi que la bataille pour le territoire France, la bataille pour la production, la bataille pour que la France soit de nouveau une terre de production industrielle, pas avec des usines des fumées, mais production industrielle moderne, c'est une bataille qui vaut, qui est entendue, et c'est une des grandes batailles d'aujourd'hui.
CHRISTOPHE BARBIER
Eh bien justement, le dossier ALSTOM. On a les offres sur la table maintenant, alors vous soutenez SIEMENS MITSUBISHI ou vous soutenez GENERAL ELECTRIC ?
MICHEL SAPIN
Ni l'un ni l'autre, on n'est pas là pour soutenir une position ou pour l'autre, on est là, on a d'abord été là pour arrêter ce que j'appellerais une sorte de guerre éclair qui avait été enclenchée, pour en quelques heures s'approprier ALSTOM. Le gouvernement a dit non, il a pris d'ailleurs des moyens juridiques pour dire non. Ensuite il fait monter les enchères, pour employer des termes simples, il essaie d'enrichir ou de faire enrichir les offres des uns et des autres, et ALSTOM, le conseil d'administration d'ALSTOM, aura donc le choix entre les offres de bien meilleure qualité, que ce qui se passait au départ.
CHRISTOPHE BARBIER
Les lois de finance rectificatives vont arriver au Parlement, est-ce que la majorité, votre majorité, aura le droit de les retoucher ?
MICHEL SAPIN
Mais, elle a déjà aujourd'hui, déposé un certain nombre d'amendements. Sur la loi de finance rectificative, la commission s'est réunie hier, elle a adopté un certain nombre d'amendements qui sont normaux, qui sont bienvenus, enfin, le dialogue avec une majorité, c'est permettre aussi à cette majorité, ça pourrait aussi venir éventuellement de l'opposition, le dialogue avec le Parlement, c'est évidemment accepter un certain nombre de modifications. Mais pas de chamboulement, mais pas de modification de l'architecture, de la logique elle-même, sinon qu'est-ce que comprendraient les Français, qu'est-ce que comprendraient les chefs d'entreprise ? Nous avons annoncé un certain nombre d'orientations, ces orientations sont en train d'être votées, avec évidemment les adaptations nécessaires.
CHRISTOPHE BARBIER
Les adaptations, ça peut vouloir dire : on peut faire un cadeau à tel ou tel français en difficultés, pourvu qu'on fasse des économies ailleurs ?
MICHEL SAPIN
Ce n'est pas le terme de cadeau, mais on peut prendre en considération la difficulté des uns et des autres. Il y a des ménages aujourd'hui, en France, des ménages modestes, mais ça peut être une partie de la classe moyenne, qui paie trop d'impôts, qui ont le sentiment d'en payer trop. Nous avons décidé, dès la rentrée prochaine, dès septembre, octobre prochain, de faire sortir de l'impôt sur le revenu, un certain nombre de ménages modestes. Donc, vous savez, on n'est pas dans le cadeau, on est dans la prise en compte d'une réalité et en même temps on a besoin qu'il y ait cette consommation, qu'il y ait cette demande des classes les plus modestes des français, des plus modestes, mais oui, tout doit être équilibré. C'est quoi la caractéristique de ce pacte de responsabilité ? Premièrement, les entreprises, nous les aidons pour qu'il y ait plus d'investissement et d'emploi. Deuxièmement, nous diminuons la dette, parce qu'il faut diminuer la dette, on ne peut pas continuer à voir augmenter la dette des Français, de chacun des Français et troisièmement on finance tout par des économies. Donc, oui, lorsque quelque chose est accordé d'un côté, ce doit être équilibré par des économies de l'autre.
CHRISTOPHE BARBIER
Alors, les entreprises, elles, vont recevoir 41 milliards d'allègements, comment pouvez-vous être sûr qu'elles vont embaucher ? Quel est le mécanisme de garantie ?
MICHEL SAPIN
Mais il n'y a absolument pas de garantie obligatoire. Il n'y a pas de mécanisme obligatoire, surtout pas d'en haut. Ce n'est pas monsieur GATTAZ ou le ministre de l'Economie et des Finances, ou le ministre de l'Economie et le ministre des Finances, qui vont décider d'en haut le nombre d'emplois. Non, là où ça se joue et c'est en train de se jouer, et c'est la bonne manière de faire, c'est ce que l'on appelle les branches, par secteur, dans la métallurgie il y a une situation particulière, dans la banque c'est une situation différente, dans l'agriculture il y a une situation différente, etc. etc., c'est là que ça se joue.
CHRISTOPHE BARBIER
Ça démarre, il y a des emplois qui sont en train de se créer ?
MICHEL SAPIN
C'est fait, c'est de la discussion elle-même sur comment vérifier, comment voir ce qui se passe dans les entreprises, est-ce qu'il y a des emplois qui sont créés ? Est-ce qu'il y a des emplois qui sont maintenus ? Est-ce qu'il y a des emplois qui sont enrichis ? Par exemple qui au lieu d'être précaires deviennent des emplois à durée indéterminée. Ça c'est en train de se passer dans les branches. Des accords ont été signés dans la métallurgie, ça a été signé, il y a 24 branches, en ce moment, qui discutent de cela, pour que le pacte de responsabilité soit suivi, que chacun puisse voir où on en est, que chaque étape de ce pacte de responsabilité permette de faire le point, parce qu'effectivement il doit y avoir des contreparties.
CHRISTOPHE BARBIER
Pour les ménages, il y a par exemple le gel des retraites complémentaires. Est-ce que vois allez compenser ?
MICHEL SAPIN
Non, mais le gel des retraites complémentaires, il n'a pas été décidé parle gouvernement.
CHRISTOPHE BARBIER
Par les partenaires sociaux.
MICHEL SAPIN
Par les partenaires sociaux, et donc...
CHRISTOPHE BARBIER
Le gouvernement, l'Etat pourrait aider les retraités.
MICHEL SAPIN
Non, mais si on commence à rentrer dans des dispositifs de cette nature-là, ce qui est vrai là, comme pour le chômage, ce sont les partenaires sociaux qui gèrent ces deux régimes-là, c'est les deux derniers qui leur reste, si je puis dire, qu'ils gèrent. Ils prennent leurs responsabilités. Ils ont pris leurs responsabilités, y compris du côté syndical, avec un nombre très important d'organisations syndicales qui ont signé cet accord. Ils ont décidé de le geler il y a un an, d'ailleurs on n'en a pas beaucoup entendu parler, entre nous soit dit, depuis lors. Nous, nous prenons nos responsabilités, s'agissant des retraites, qui sont des retraites décidées par l'Etat, en épargnant évidemment les petites retraites.
CHRISTOPHE BARBIER
Jusqu'où irez-vous pour aider les emplois à domicile. Il y aura de nouveau un petit cadeau fiscal ?
MICHEL SAPIN
Ça me parait nécessaire.
CHRISTOPHE BARBIER
Parce que vous l'aviez annulé en arrivant.
MICHEL SAPIN
Non, c'est pas nous. Là aussi il y a des simplifications qui sont abusives.
CHRISTOPHE BARBIER
Oui...
MICHEL SAPIN
Donc la principale mesure en faveur de ces emplois, qui avait été inventée par monsieur BORLOO, a été détruite par monsieur FILLON et par monsieur SARKOZY, en 2011, donc c'est de cette date-là.
CHRISTOPHE BARBIER
Alors, qu'allez-vous rétablir, là ?
MICHEL SAPIN
Donc, ensuite, ce n'est pas parce que c'est les autres qui en sont responsables, que pour autant on ne doit rien faire. Donc il y a des aides qui ont déjà été accordées qui s'appellent d'ailleurs des aides Eckert, du nom de...
CHRISTOPHE BARBIER
De l'actuel ministre du Budget.
MICHEL SAPIN
... celui qui est aujourd'hui ministre du Budget. Voilà. Est-ce qu'on peut les augmenter, est-ce qu'on doit les augmenter ? Le débat est ouvert et je pense qu'il va avancer au cours de la discussion budgétaire.
CHRISTOPHE BARBIER
La Cour des Comptes assure qu'en 2014, on va dépasser 4 % de déficit. Comment pouvez-vous, et Christian ECKERT, aussi, ce matin, dans LES ECHOS, dire que ça sera 3,8 ?
MICHEL SAPIN
Non mais la Cour des Comptes n'assure pas, elle dit qu'il y a un risque que. Elle a raison, il y a toujours un risque c'est d'ailleurs la raison pour laquelle, dès maintenant, là, dans les semaines qui viennent, nous allons faire 4 milliards d'économies supplémentaires en 2014, indépendamment du financement, que vous venez de dire, du pacte de responsabilité, dès maintenant, ça n'a jamais été fait. Nous allons annuler des crédits.... nous allons faire des économies en cours d'année, pourquoi ? Justement pour respecter les objectifs qui sont les nôtres, ce n'est pas pour respecter des chiffres. Qui comprend, quand vous le prononcez, 3,8 % par rapport au PIB ? Personne ne comprend ça. Si je vous dis : la dette de la France n'a pas cessé d'augmenter depuis des années et des années, et que ça doit s'arrêter, là je pense que chacun peut comprendre.
CHRISTOPHE BARBIER
La nomination de Jacques TOUBON comme Défenseur des droits, soulève la polémique à gauche. Est-ce que François HOLLANDE doit revenir su ce choix ?
MICHEL SAPIN
C'est un choix qu'il propose, puisque, comme vous le savez, il doit y avoir aussi un débat...
CHRISTOPHE BARBIER
3/5ème pour le rejeter.
MICHEL SAPIN
Voilà, il doit y avoir un débat à l'Assemblée nationale et au Sénat. Il a fait cette proposition, je crois qu'il a bien fait de faire cette proposition.
CHRISTOPHE BARBIER
Et donc, vous le soutenez.
MICHEL SAPIN
Eh bien c'est ensuite au Parlement, bien entendu, de débattre de ces choses-là, c'est fait pour ça. C'est monsieur SARKOZY qui avait souhaité, et ce net pas une mauvaise réforme, qu'il y ait ce débat à l'Assemblée nationale, dans les commissions compétentes, donc nous verrons ce que diront les commissions compétentes.
CHRISTOPHE BARBIER
Les élections régionales et départementales auront lieu en décembre 2015...
MICHEL SAPIN
Si la réforme est adoptée.
CHRISTOPHE BARBIER
Entre Noël et le jour de l'an, pour être tranquille, qu'il n'y ait pas trop de sanctions électorales ?
MICHEL SAPIN
Non. Si on l'avait fait plus tard, vous auriez dit : vous repoussez à plus tard parce que vous avez peur de la sanction, etc. Non, la réforme d'abord, et pour faire la réforme, il faut repousser de quelques mois. On ne repousse pas, pour repousser et pour la facilité, non, on repousse de quelques mois pour mettre en place une réforme qui est la plus importante réforme de notre territoire, qui va nous permettre...
CHRISTOPHE BARBIER
Mais elle est mort-née cette réforme, les sénateurs vont la mettre en pièces.
MICHEL SAPIN
Elle n'est pas encore née, donc elle ne peut pas être encore morte. Donc, elle est en train, aujourd'hui, d'être posée sur la table des sénateurs. Les sénateurs vont être, me semble-t-il, plus constructifs que vous ne le pensez, y compris du côté de la droite. Parce que comme beaucoup à droite ont déjà fait la même proposition, consistant à diminuer le nombre de régions et à supprimer les départements, il y a un moment donné où il faut quand même dépasser ces contradictions.
CHRISTOPHE BARBIER
Donc on verra le « Limouchantre », votre future région, Poitou-Charentes Limousin Centre, ou ça va être encore travaillé, on pourra amender ?
MICHEL SAPIN
On verra quel nom sera choisi. Je trouve que c'est une région qui a un certain sens, surtout pour moi qui habite dans le Sud de cette région Centre, mais les choses ne sont pas figées. Il fallait faire des propositions, le gouvernement, lui, a pris ses responsabilités, maintenant, à chaque parlementaire, en particulier à droite, de prendre ses responsabilités.
CHRISTOPHE BARBIER
Michel SAPIN, merci, bonne journée.
MICHEL SAPIN
Merci.
BRUCE TOUSSAINT
Merci beaucoup.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 juin 2014
Michel SAPIN bonjour, bienvenu.
MICHEL SAPIN
Bonjour.
CHRISTOPHE BARBIER
« Arnaud MONTEBOURG va démissionner », c'est LE NOUVEL OBS qui l'affirme, alors ça sera juste avant ou juste après l'été, on ne sait pas trop. Est-ce qu'Arnaud MONTEBOURG vous a mis dans la confidence ?
MICHEL SAPIN
Vous savez ce que c'est que des Unes de magazine.
CHRISTOPHE BARBIER
Oh oui !
MICHEL SAPIN
Vous connaissez bien, vous savez, parfois, la volonté de noircir ou de durcir le trait ; Arnaud MONTEBOURG est un excellent ministre, sa place est au gouvernement.
CHRISTOPHE BARBIER
Est-ce que ce n'est pas lui qui est un peu matamore et qui est assez souvent dans la posture « si vous ne me retenez pas, je fais un malheur » ?
MICHEL SAPIN
Il a une flamboyance, il a une manière d'être, une manière de parler, mais qui est utile. Qui est utile, qui est utile au sein de ce gouvernement, qui est utile au sein de la gauche, parce que c'est aussi une manière de parler aux Français, que les Français comprennent et apprécient.
CHRISTOPHE BARBIER
Mais qui fait naitre des espoirs à Florange ou à ALSTOM et puis après, il y a des déceptions.
MICHEL SAPIN
Elle peut faire naitre des espoirs, mais elle montre aussi que la bataille pour le territoire France, la bataille pour la production, la bataille pour que la France soit de nouveau une terre de production industrielle, pas avec des usines des fumées, mais production industrielle moderne, c'est une bataille qui vaut, qui est entendue, et c'est une des grandes batailles d'aujourd'hui.
CHRISTOPHE BARBIER
Eh bien justement, le dossier ALSTOM. On a les offres sur la table maintenant, alors vous soutenez SIEMENS MITSUBISHI ou vous soutenez GENERAL ELECTRIC ?
MICHEL SAPIN
Ni l'un ni l'autre, on n'est pas là pour soutenir une position ou pour l'autre, on est là, on a d'abord été là pour arrêter ce que j'appellerais une sorte de guerre éclair qui avait été enclenchée, pour en quelques heures s'approprier ALSTOM. Le gouvernement a dit non, il a pris d'ailleurs des moyens juridiques pour dire non. Ensuite il fait monter les enchères, pour employer des termes simples, il essaie d'enrichir ou de faire enrichir les offres des uns et des autres, et ALSTOM, le conseil d'administration d'ALSTOM, aura donc le choix entre les offres de bien meilleure qualité, que ce qui se passait au départ.
CHRISTOPHE BARBIER
Les lois de finance rectificatives vont arriver au Parlement, est-ce que la majorité, votre majorité, aura le droit de les retoucher ?
MICHEL SAPIN
Mais, elle a déjà aujourd'hui, déposé un certain nombre d'amendements. Sur la loi de finance rectificative, la commission s'est réunie hier, elle a adopté un certain nombre d'amendements qui sont normaux, qui sont bienvenus, enfin, le dialogue avec une majorité, c'est permettre aussi à cette majorité, ça pourrait aussi venir éventuellement de l'opposition, le dialogue avec le Parlement, c'est évidemment accepter un certain nombre de modifications. Mais pas de chamboulement, mais pas de modification de l'architecture, de la logique elle-même, sinon qu'est-ce que comprendraient les Français, qu'est-ce que comprendraient les chefs d'entreprise ? Nous avons annoncé un certain nombre d'orientations, ces orientations sont en train d'être votées, avec évidemment les adaptations nécessaires.
CHRISTOPHE BARBIER
Les adaptations, ça peut vouloir dire : on peut faire un cadeau à tel ou tel français en difficultés, pourvu qu'on fasse des économies ailleurs ?
MICHEL SAPIN
Ce n'est pas le terme de cadeau, mais on peut prendre en considération la difficulté des uns et des autres. Il y a des ménages aujourd'hui, en France, des ménages modestes, mais ça peut être une partie de la classe moyenne, qui paie trop d'impôts, qui ont le sentiment d'en payer trop. Nous avons décidé, dès la rentrée prochaine, dès septembre, octobre prochain, de faire sortir de l'impôt sur le revenu, un certain nombre de ménages modestes. Donc, vous savez, on n'est pas dans le cadeau, on est dans la prise en compte d'une réalité et en même temps on a besoin qu'il y ait cette consommation, qu'il y ait cette demande des classes les plus modestes des français, des plus modestes, mais oui, tout doit être équilibré. C'est quoi la caractéristique de ce pacte de responsabilité ? Premièrement, les entreprises, nous les aidons pour qu'il y ait plus d'investissement et d'emploi. Deuxièmement, nous diminuons la dette, parce qu'il faut diminuer la dette, on ne peut pas continuer à voir augmenter la dette des Français, de chacun des Français et troisièmement on finance tout par des économies. Donc, oui, lorsque quelque chose est accordé d'un côté, ce doit être équilibré par des économies de l'autre.
CHRISTOPHE BARBIER
Alors, les entreprises, elles, vont recevoir 41 milliards d'allègements, comment pouvez-vous être sûr qu'elles vont embaucher ? Quel est le mécanisme de garantie ?
MICHEL SAPIN
Mais il n'y a absolument pas de garantie obligatoire. Il n'y a pas de mécanisme obligatoire, surtout pas d'en haut. Ce n'est pas monsieur GATTAZ ou le ministre de l'Economie et des Finances, ou le ministre de l'Economie et le ministre des Finances, qui vont décider d'en haut le nombre d'emplois. Non, là où ça se joue et c'est en train de se jouer, et c'est la bonne manière de faire, c'est ce que l'on appelle les branches, par secteur, dans la métallurgie il y a une situation particulière, dans la banque c'est une situation différente, dans l'agriculture il y a une situation différente, etc. etc., c'est là que ça se joue.
CHRISTOPHE BARBIER
Ça démarre, il y a des emplois qui sont en train de se créer ?
MICHEL SAPIN
C'est fait, c'est de la discussion elle-même sur comment vérifier, comment voir ce qui se passe dans les entreprises, est-ce qu'il y a des emplois qui sont créés ? Est-ce qu'il y a des emplois qui sont maintenus ? Est-ce qu'il y a des emplois qui sont enrichis ? Par exemple qui au lieu d'être précaires deviennent des emplois à durée indéterminée. Ça c'est en train de se passer dans les branches. Des accords ont été signés dans la métallurgie, ça a été signé, il y a 24 branches, en ce moment, qui discutent de cela, pour que le pacte de responsabilité soit suivi, que chacun puisse voir où on en est, que chaque étape de ce pacte de responsabilité permette de faire le point, parce qu'effectivement il doit y avoir des contreparties.
CHRISTOPHE BARBIER
Pour les ménages, il y a par exemple le gel des retraites complémentaires. Est-ce que vois allez compenser ?
MICHEL SAPIN
Non, mais le gel des retraites complémentaires, il n'a pas été décidé parle gouvernement.
CHRISTOPHE BARBIER
Par les partenaires sociaux.
MICHEL SAPIN
Par les partenaires sociaux, et donc...
CHRISTOPHE BARBIER
Le gouvernement, l'Etat pourrait aider les retraités.
MICHEL SAPIN
Non, mais si on commence à rentrer dans des dispositifs de cette nature-là, ce qui est vrai là, comme pour le chômage, ce sont les partenaires sociaux qui gèrent ces deux régimes-là, c'est les deux derniers qui leur reste, si je puis dire, qu'ils gèrent. Ils prennent leurs responsabilités. Ils ont pris leurs responsabilités, y compris du côté syndical, avec un nombre très important d'organisations syndicales qui ont signé cet accord. Ils ont décidé de le geler il y a un an, d'ailleurs on n'en a pas beaucoup entendu parler, entre nous soit dit, depuis lors. Nous, nous prenons nos responsabilités, s'agissant des retraites, qui sont des retraites décidées par l'Etat, en épargnant évidemment les petites retraites.
CHRISTOPHE BARBIER
Jusqu'où irez-vous pour aider les emplois à domicile. Il y aura de nouveau un petit cadeau fiscal ?
MICHEL SAPIN
Ça me parait nécessaire.
CHRISTOPHE BARBIER
Parce que vous l'aviez annulé en arrivant.
MICHEL SAPIN
Non, c'est pas nous. Là aussi il y a des simplifications qui sont abusives.
CHRISTOPHE BARBIER
Oui...
MICHEL SAPIN
Donc la principale mesure en faveur de ces emplois, qui avait été inventée par monsieur BORLOO, a été détruite par monsieur FILLON et par monsieur SARKOZY, en 2011, donc c'est de cette date-là.
CHRISTOPHE BARBIER
Alors, qu'allez-vous rétablir, là ?
MICHEL SAPIN
Donc, ensuite, ce n'est pas parce que c'est les autres qui en sont responsables, que pour autant on ne doit rien faire. Donc il y a des aides qui ont déjà été accordées qui s'appellent d'ailleurs des aides Eckert, du nom de...
CHRISTOPHE BARBIER
De l'actuel ministre du Budget.
MICHEL SAPIN
... celui qui est aujourd'hui ministre du Budget. Voilà. Est-ce qu'on peut les augmenter, est-ce qu'on doit les augmenter ? Le débat est ouvert et je pense qu'il va avancer au cours de la discussion budgétaire.
CHRISTOPHE BARBIER
La Cour des Comptes assure qu'en 2014, on va dépasser 4 % de déficit. Comment pouvez-vous, et Christian ECKERT, aussi, ce matin, dans LES ECHOS, dire que ça sera 3,8 ?
MICHEL SAPIN
Non mais la Cour des Comptes n'assure pas, elle dit qu'il y a un risque que. Elle a raison, il y a toujours un risque c'est d'ailleurs la raison pour laquelle, dès maintenant, là, dans les semaines qui viennent, nous allons faire 4 milliards d'économies supplémentaires en 2014, indépendamment du financement, que vous venez de dire, du pacte de responsabilité, dès maintenant, ça n'a jamais été fait. Nous allons annuler des crédits.... nous allons faire des économies en cours d'année, pourquoi ? Justement pour respecter les objectifs qui sont les nôtres, ce n'est pas pour respecter des chiffres. Qui comprend, quand vous le prononcez, 3,8 % par rapport au PIB ? Personne ne comprend ça. Si je vous dis : la dette de la France n'a pas cessé d'augmenter depuis des années et des années, et que ça doit s'arrêter, là je pense que chacun peut comprendre.
CHRISTOPHE BARBIER
La nomination de Jacques TOUBON comme Défenseur des droits, soulève la polémique à gauche. Est-ce que François HOLLANDE doit revenir su ce choix ?
MICHEL SAPIN
C'est un choix qu'il propose, puisque, comme vous le savez, il doit y avoir aussi un débat...
CHRISTOPHE BARBIER
3/5ème pour le rejeter.
MICHEL SAPIN
Voilà, il doit y avoir un débat à l'Assemblée nationale et au Sénat. Il a fait cette proposition, je crois qu'il a bien fait de faire cette proposition.
CHRISTOPHE BARBIER
Et donc, vous le soutenez.
MICHEL SAPIN
Eh bien c'est ensuite au Parlement, bien entendu, de débattre de ces choses-là, c'est fait pour ça. C'est monsieur SARKOZY qui avait souhaité, et ce net pas une mauvaise réforme, qu'il y ait ce débat à l'Assemblée nationale, dans les commissions compétentes, donc nous verrons ce que diront les commissions compétentes.
CHRISTOPHE BARBIER
Les élections régionales et départementales auront lieu en décembre 2015...
MICHEL SAPIN
Si la réforme est adoptée.
CHRISTOPHE BARBIER
Entre Noël et le jour de l'an, pour être tranquille, qu'il n'y ait pas trop de sanctions électorales ?
MICHEL SAPIN
Non. Si on l'avait fait plus tard, vous auriez dit : vous repoussez à plus tard parce que vous avez peur de la sanction, etc. Non, la réforme d'abord, et pour faire la réforme, il faut repousser de quelques mois. On ne repousse pas, pour repousser et pour la facilité, non, on repousse de quelques mois pour mettre en place une réforme qui est la plus importante réforme de notre territoire, qui va nous permettre...
CHRISTOPHE BARBIER
Mais elle est mort-née cette réforme, les sénateurs vont la mettre en pièces.
MICHEL SAPIN
Elle n'est pas encore née, donc elle ne peut pas être encore morte. Donc, elle est en train, aujourd'hui, d'être posée sur la table des sénateurs. Les sénateurs vont être, me semble-t-il, plus constructifs que vous ne le pensez, y compris du côté de la droite. Parce que comme beaucoup à droite ont déjà fait la même proposition, consistant à diminuer le nombre de régions et à supprimer les départements, il y a un moment donné où il faut quand même dépasser ces contradictions.
CHRISTOPHE BARBIER
Donc on verra le « Limouchantre », votre future région, Poitou-Charentes Limousin Centre, ou ça va être encore travaillé, on pourra amender ?
MICHEL SAPIN
On verra quel nom sera choisi. Je trouve que c'est une région qui a un certain sens, surtout pour moi qui habite dans le Sud de cette région Centre, mais les choses ne sont pas figées. Il fallait faire des propositions, le gouvernement, lui, a pris ses responsabilités, maintenant, à chaque parlementaire, en particulier à droite, de prendre ses responsabilités.
CHRISTOPHE BARBIER
Michel SAPIN, merci, bonne journée.
MICHEL SAPIN
Merci.
BRUCE TOUSSAINT
Merci beaucoup.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 juin 2014