Déclaration de M. Alain Juppé, Premier ministre, à l'occasion des 20 ans du RPR sur le gaullisme, les valeurs défendues par le RPR et la volonté de réforme du gouvernement, Paris le 1er décembre 1996.

Prononcé le 1er décembre 1996

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Circonstance : Vingtième anniversaire du RPR, le 1er décembre 1996

Texte intégral

M. JUPPÉ.- Chers compagnons de l'Ile-de-France, je vous souhaite un joyeux anniversaire.
Merci de votre accueil. Merci de votre enthousiasme. Merci d'être là comme tous nos compagnons qui se sont rassemblés à travers la France tout au long de la journée, en outre-mer comme en métropole, pour fêter le 20e anniversaire de notre Mouvement. Merci aux anciens et merci aux jeunes.
Une fois encore, comme à chacun des grands rendez-vous de notre Rassemblement, votre présence nombreuse est bien la marque de l'actualité, de la vitalité, du dynamisme, des idéaux du gaullisme.
Le RPR a 20 ans et nous sommes nombreux, j'en suis sûr, dans cette salle, à avoir encore en mémoire l'appel au renouveau que nous lançait Jacques Chirac, le 5 décembre 1976. Ce jour-là, devant une foule de militants innombrable, à la Porte de Versailles, l'UDR allait donner naissance au RPR. Je me souviens d'y avoir participé comme vous en tant que simple militant et je sens encore au fond de mon coeur ce moment extraordinaire de liesse et d'enthousiasme. Ce fut le départ d'une grande épopée comme les aiment les gaullistes.
Aujourd'hui encore, je suis fier, comme beaucoup d'entre vous, d'avoir partagé un tel moment qui n'était pas facile. On a un peu tendance avec le recul du temps à tout idéaliser, ce n'était pas un moment facile. Nous l'avons partagé, ce fut le point de départ d'une grande espérance qui trouva sa consécration presque 20 ans après, le 7 mai 1995, au moment de la victoire de notre Président, Jacques Chirac.
Vous le voyez, on ne se défait pas si facilement de toutes ces habitudes. Je disais "notre Président", c'est aujourd'hui, et c'est la raison de notre joie, de notre confiance en l'avenir et de notre enthousiasme, il est le Président de tous les Français.
Ces 20 années que nous fêtons aujourd'hui, c'est le temps d'une génération. J'allais dire : "vous étiez en culottes courtes", il y a beaucoup de jeunes filles, pardon ! Ce fut un temps où se succédèrent les moments forts, les victoires, mais aussi les échecs et parfois même les deuils. Rappelons-nous la naissance de notre Mouvement.
Nous étions depuis quelques années orphelins du Général de Gaulle et de Georges Pompidou. Nous aspirions à un nouvel élan. Jacques Chirac appelait le Mouvement gaulliste à prendre un nouveau départ. Il l'avait fait dès son discours d'Égletons qui reste, comme Philippe Séguin a eu raison de le rappeler aujourd'hui, à Égletons même, l'un des fondements de notre engagement. Beaucoup d'entre vous ont entendu alors l'appel de Jacques Chirac, ils y ont répondu, j'étais de ceux-là.
Pendant cette période, je le disais, la famille gaulliste a vécu de grands moments : l'élection de Jacques Chirac à la mairie de Paris. Je salue, ici, le maire qui lui a succédé et qui nous accueille sur ses terres, Jean Tibéri.
La victoire aux élections législatives de 1986 qui nous permit de mettre un temps d'arrêt bref à la fâcheuse expérience que le socialisme faisait connaître à la France et puis la victoire de 1993 qui fit de nous la première formation politique de France.
Nous avons aussi connu des désillusions et des épreuves. Je pense surtout aux défaites de 1981 et de 1988. Les échecs servent aussi à quelque chose. Nous avons mûri, nous avons réfléchi, nous avons appris la patience. Nous avons su nous ressourcer, nous avons appris, cela n'a pas toujours été facile, à rester unis au-delà de nos différences qui sont souvent profondes et surtout nous avons su garder intact notre enthousiasme.
Ces années restent le creuset où se sont forgées l'originalité et la force de notre Mouvement. Et nous sommes aujourd'hui, grâce à vous toutes et à vous tous, un mouvement politique jeune, populaire, moderne, présent à tous les échelons de la vie publique de la France. Des dizaines de milliers de militants et de sympathisants qui se réunissent aujourd'hui, (je viens de l'Aquitaine, vous ne serez pas surpris de ce choix), bien sur, témoignent de cette réussite. Oui, nous sommes le premier parti politique de France, nous avons la ferme intention de le rester et cela nous crée des responsabilités.
Car cet anniversaire qui nous rassemble aujourd'hui ne doit pas être seulement une commémoration. Nous n'avons pas encore l'âge des commémorations trop prolongées. Un anniversaire doit être un pari sur l'avenir aussi. Et notre responsabilité devant les Françaises et les Français, c'est de préparer ensemble les 20 ans qui viennent. Ce que je voudrais vous proposer ce soir, en ce 20e anniversaire du Rassemblement, c'est de prendre ensemble un nouvel engagement, de prêter ensemble un nouveau serment : Préparer la France du XXIe siècle pour qu'elle soit à la hauteur de nos espérances et de nos ambitions.
Ce nouvel engagement, ce nouveau contrat ou ce nouveau serment entre nous, je le résumerai en trois mots qui sont des mots forts auxquels nous tenons : rassemblement, fidélité, réformes.
Tout d'abord, le rassemblement, qui est dans notre titre même, dans notre nom. Cela n'est pas facile de rassembler les Gaulois que nous sommes et les gaullistes sont parfois un peu plus Gaulois que les autres Il est vrai que nous avons, je l'ai dit tout à l'heure, entre nous des différences, parfois même de grandes différences, et ce n'est pas nouveau. Ceux qui ont vécu tout au long de ces décennies l'épopée du mouvement gaulliste le savent bien. Et pourtant, il y a quelque chose qui est plus fort que nos différences, c'est notre sentiment d'appartenance à une même famille, à cette famille gaulliste à laquelle nous attache un lien affectif, qui fait qu'il est difficilement compréhensible parfois pour ceux qui nous regardent de l'extérieur.
Certains d'entre nous, au cours des derniers mois, se sont un peu laissés aller à l'expression de leurs différences. Et pour dire les choses même très franchement : ils m'ont un peu secoué.
Attention, qu'applaudissez-vous ? Le fait que je le dise ou le fait qu'ils m'aient secoué ?
(Les militants crient le nom de "Juppé")
Eh bien, je le dis ce soir devant vous, et vous savez qu'en général je ne mâche pas mes mots ou je ne cache pas mes sentiments : je ne leur en garde aucune rancune et je suis heureux de les avoir tous vus aujourd'hui dans ce qui est notre maison commune, qu'ils y occupent toute leur place.
Je leurs dis, avec peut-être un peu de familiarité, mais entre compagnons on peut se payer ce luxe si je puis dire, oui je leur dis : Charles, Edouard, Philippe et tous les autres, soyez avec nous parce que c'est ensemble que nous gagnerons et jamais séparés ou désunis.
Rassemblement, et je vois bien que c'est ce que vous voulez, mais aussi fidélité. Fidélité à celui qui, bien avant le 5 décembre 1976, a été le fondateur de notre engagement politique. Fidélité au Général de Gaulle, bien sûr.
Je sais que tout à l'heure Charles Pasqua a évoqué ce qui, à ses yeux comme aux yeux de beaucoup, incarne le gaullisme. Il y a bien des définitions, c'est vrai, du gaullisme. Il y en a une qui me plaît peut-être plus que d'autres, bien qu'elle soit, dans sa formulation, parfois un peu négative : je crois que le gaullisme, d'un certain moment de l'Histoire, c'est tout simplement de savoir dire non quand tout le monde se prépare lâchement à dire oui.
Le gaullisme, c'est aussi une capacité et un devoir de résistance. Et, aujourd'hui, nous avons à résister. Nous avons à résister d'abord à la démagogie des uns qui ne faiblit pas si j'en juge par la lecture de ce qui est sorti plus récemment en matière de programme économique. Je le dis ici très calmement, mais c'est un devoir que de le dire : le programme économique du Parti socialiste est un monument à la gloire de la démagogie. Et nous avons le devoir de rencontrer les Français pour leur expliquer que les 35 heures obligatoires payées 39, ce sera plus de chômage et non pas plus d'emplois, comme on veut le faire croire. Je pourrais prolonger l'énumération de ce catalogue de ce que la démagogie a fait de plus provocant.
Devoir de résistance, donc, de ce côté-là. Devoir de résistance aussi à la violence et à l'extrémisme des autres. Je ne me lasserai pas de le dire, quelques critiques que cela m'attire : on ne mobilise pas pour une juste cause en jouant en permanence sur la peur et sur la haine. Ce ne sont pas des sentiments sur lesquels on construit l'avenir.
Et notre devoir de gaullistes, fidèles à nos valeurs, c'est de rappeler que la solution à tous nos problèmes, ne consiste pas à désigner tel ou tel ennemi de l'intérieur ou de l'extérieur, mais de faire acte entre nous de solidarité et de responsabilité. Voilà le double refus que nous aurons à opposer au cours des années qui viennent pour rester, on m'a reproché cette expression et, d'ailleurs, je n'en ai jamais porté, mais je la reprendrai tout de même, droit dans mes bottes, en tout cas droits dans nos convictions de gaullistes.
Fidélité à de Gaulle, fidélité à la République et à ses valeurs. Nous sommes le Rassemblement Pour la République, ce choix veut dire quelque chose. Nous sommes fidèles aux valeurs de la République qu'on n'a jamais trouvé moyen d'exprimer plus simplement et plus joliment que dans la devise, précisément, de la République : Oui, aujourd'hui, il faut se battre pour la liberté, la liberté de chacun de nos concitoyens et la liberté de la France dans un monde qui ne cesse de bouger.
Il faut se battre pour l'égalité, pas simplement celle qui est inscrite dans les codes, mais celle qui est inscrite dans la vie, c'est-à-dire l'égalité des chances.
Il faut se battre pour la fraternité car le combat de Jacques Chirac contre la fracture sociale n'est rien d'autre que cette fidélité à la valeur de fraternité de la République.
Fidélité aussi à la France. Tout à l'heure, en arrivant, j'entendais Franck Borotra en parler comme il sait en parler avec de la flamme, de l'enthousiasme, de la passion et il disait : "Ce n'est pas simplement une culture, ce n'est pas simplement une langue, c'est plus que cela, c'est plus que nous-mêmes, c'est un message. Ce sont des principes de justice et de démocratie que nous incarnons aux yeux du monde, ce qui nous fait devoir de garder notre puissance, notre vitalité, notre prospérité pour continuer à porter ce message". Qui mieux que Jacques Chirac depuis mai 1995 le fait aux quatre coins du monde ?
Rassemblement, fidélité et j'ai dit aussi réformes.
J'évoquais tout à l'heure à Agen, devant nos compagnons d'Aquitaine, le souvenir d'un film qui m'a beaucoup ému quand j'étais étudiant. Il n'est pas d'un réalisateur français, mais il est d'un des plus grands réalisateurs du Monde, Visconti, c'est "Le Guépard", et le héros de ce film dit à plusieurs reprises : "Il faut que tout change pour que tout demeure". C'est un beau programme. Il y a des choses dont nous voulons qu'elles demeurent : la France, son identité, sa culture, sa place dans le monde, la République, ses valeurs, le gaullisme. Et pour garder tout cela, il faut changer parce que tout change autour de nous et nous n'avons pas le droit d'accepter que la France soit immobile alors que le monde entier est emporté dans ce train de changements et de bouleversements. C'est la raison pour laquelle la réforme, aujourd'hui, est pour nous un devoir.
Sous l'impulsion de Jacques Chirac, c'est ce que notre Gouvernement s'attache à faire et cela avance, ce n'est pas facile, mais cela avance. La réforme de la Sécurité sociale, cela avance. Et cette réforme, contrairement à ce qu'on distille, matin, midi et soir, à nos concitoyens, n'est pas faite pour rationner les soins, elle est faite pour sauver un système qui, s'il n'est pas réformé, s'effondrera. Je le dis, avec toute la force de ma conviction, aux Français.
Je le dis à nos amis médecins qui, je le sais, sont un peu perdus aujourd'hui devant la mise en oeuvre de cette réforme, mais je les adjure de comprendre que ce n'est pas contre eux que nous voulons la faire, mais pour eux et avec eux pour que le juste soin soit dispensé à chaque Française et à chaque Français dans les années qui viennent.
Réforme de la Défense nationale. Quand vous y réfléchissez, 1989, le mur de Berlin qui s'effondre, l'Union soviétique qui disparaît et que fait-on en France pour adapter notre Défense nationale ? Rien. Il a fallu, là encore, que fort de l'élan donné par l'élection présidentielle, Jacques Chirac, renouant avec la tradition gaulliste, modernise notre Défense nationale pour qu'elle soit à la hauteur des enjeux de demain et cela avance.
Réforme de l'État, cela avance, non pas pour sortir des textes nouveaux, mais tout simplement pour rendre l'Administration plus proche des Français. Davantage au contact du terrain, plus humaine, plus rapide, plus transparente.
Réforme de l'éducation nationale, elle avance elle aussi.
Réforme des entreprises publiques. À combien de fois fallut-il s'y reprendre pour transformer France Télécom en une véritable entreprise ? Vous avez peut-être observé récemment qu'en Allemagne Deustche Telekom était devenue une entreprise un peu comme les autres et que cela avait été un succès formidable. Et pendant ce temps-là, nous aurions, nous, figé les choses alors que nous avons, là, une entreprise superbe sur le plan de la technologie et de la qualité des hommes ! Il fallait bien moderniser son statut pour qu'elle puisse relever le défi de la concurrence internationale. Eh bien, notre Gouvernement et notre majorité sont en train de le réussir.
Réforme de la fiscalité aussi. J'avais dit : "Il faudra que l'impôt sur le revenu, celui qui pèse sur les Français qui travaillent, soit à la fois plus simple et moins lourd", on avait applaudi. J'ai essayé de le rendre moins lourd, on a continué à applaudir, et plus simple, alors, là, cela commençait à grincer un peu partout parce que notre pays est ainsi fait que, la réforme, ça dérange. Et pourtant il faut que nous les menions à bien.
Les Français au fond d'eux-mêmes, j'en suis sûr, ont compris que c'était nécessaire. Encore faut-il les expliquer...
... Eh bien, faites-le. Je sais que vous le faites et je sais que je peux compter sur votre engagement et sur votre enthousiasme. Et je vais vous demander de le faire plus encore parce que, au-delà de ce qui a été engagé, il nous faut maintenant ouvrir le grand débat des réformes du XXIe siècle. On ne peut pas se contenter de ce qui a été engagé, il faut imaginer l'avenir. Et je voudrais donc qu'au cours des prochains mois, notre Rassemblement lance partout en France le grand débat avec les Françaises et les Français sur ce que notre société, notre économie, notre pays doit devenir à l'aube du XXIe siècle.
Je voudrais que vous le fassiez, pas simplement entre vous comme vous avez parfois tendance à vous y limiter. Il ne faut pas que ce grand débat soit simplement les réunions des comités de circonscription ou des comités départementaux. Ouvrez les portes et les fenêtres, adressez-vous à toutes les Françaises et à tous les Français qui ont quelque chose à nous dire et qui attendent que nous leur tracions la voie.
Il faut que ce grand débat nous permette de réfléchir à ce que doit être la nouvelle démocratie de l'an 2000, comme je le proposais à nos parlementaires, au début du mois d'octobre, à l'Assemblée nationale, à ce que doit être le nouveau citoyen du XXIe siècle. Et je crois, sans anticiper sur les résultats de ce débat, qu'un maître-mot devra inspirer nos réflexions et notre action, le mot de responsabilité. Nous ne pouvons plus vivre dans un monde où chacun attend tous les autres et si possible de cette entité anonyme que constitue l'État. Il faut que chacun s'engage, il faut que chacun assume ses droits, mais aussi ses devoirs. Il faut que chacun soit responsable. Libre et responsable, c'est la clé de tout.
Je voudrais aussi que, dans ce grand débat, nous n'éludions pas une question qui nous divise, qui nous a divisés et qui est pourtant au coeur de ce qui se passera en France et autour de nous dans la prochaine décennie.
Avec Jacques Chirac, la France a la chance d'avoir à sa tête un président de la République qui a clairement fixé le cap : celui d'une France forte dans une Europe forte.
Nous sommes à un an d'une échéance capitale, d'un acte politique qui sera fondateur, aussi fondateur que le fut pour nos aînés le traité de Rome de 1956 que le Général de Gaulle a eu la volonté d'appliquer dans toutes ses dispositions, à partir de 1958, car il avait la vision d'une Europe en mouvement et le souci d'y assurer la place de la France.
Je suis déterminé, avec vous, à ce que la France soit exacte à ce rendez-vous historique de l'Union économique et monétaire qui, je ne le répèterai jamais assez, n'est pas une lubie de technocrates ou de gouverneurs de banque centrale, mais d'abord et avant tout un projet politique pour nos enfants et pour la France.
Je sais que beaucoup de Français, je sais que beaucoup d'entre vous même, en ressentent un certain vertige. Nombreux sont ceux qui expriment des doutes, des inquiétudes, des réserves et je les comprends parce que c'est un véritable saut dans l'avenir. D'autres se demandent, à la veille de l'échéance, si la France ne va pas y perdre un peu de son âme et s'il ne faut pas différer notre engagement. J'écoute attentivement toutes ces interrogations, mais être gaulliste, n'est-ce pas précisément se projeter au-delà des difficultés présentes pour assumer une grande ambition nationale. Notre réponse doit être claire : Oui, nous sommes Européens, soyons-le sans hésitation, soyons-le avec toute la force de nos convictions, avec le souci des réalités que vivent les Français, n'ayons pas peur de l'Europe, c'est une grande chance pour une France forte et une France libre.
Les gaullistes peuvent être fiers de l'oeuvre accomplie par les Français dans la construction de l'Europe depuis 1958. Ce n'est pas le moment de flancher alors que nous sommes sur le point de réussir. Ce que nous voulons, c'est une Europe forte, proche de ses citoyens, respectueuse de l'identité des nations. Cette Europe doit être pour nous, gaullistes, une ambition politique, humaine, sociale. L'ambition politique, humaine et sociale de la génération à laquelle nous avons tracé la voie.
Fidèles à l'esprit du Général de Gaulle et du chancelier Adenauer qui avaient vu, eux, l'Europe broyée à deux reprises par la guerre, continuons aussi à faire de l'entente franco-allemande la force d'entraînement de l'Europe. Le partenariat franco-allemand, plus que jamais, repose sur une ambition partagée dans le respect des intérêts et de la personnalité de chacun, et je dois vous dire que j'ai été heureux de voir, hier soir, à Périgueux, entre le chancelier d'Allemagne et le président de la République française cette amitié, cette chaleur, cette cordialité qui était sincère et qui nous fait bien augurer de l'avenir entre nos deux pays.
Alors, bien sûr, vouloir l'Europe, ce n'est pas non plus se mettre sous l'autorité de je ne sais quelle technocratie bruxelloise. Elle existe, elle a parfois tendance à déborder des responsabilités qui lui sont confiées, eh bien, faites-nous confiance pour faire en sorte que les intérêts fondamentaux de la France soient en permanence défendus dans la construction de l'Europe.
Mes chers compagnons, on me dit souvent, on me dit tous les jours que la France est déprimée et cela n'est peut-être pas tout à fait faux. Il y a à cela des raisons objectives : les temps sont durs pour beaucoup de nos compatriotes, le dialogue social n'est pas toujours ce qu'il devrait être dans notre pays. Admirez comme les choses se retournent vite. Les mêmes qui, il y a quelques jours, disaient : Mais qu'attend le Gouvernement pour faire avancer le dialogue social entre les routiers et leurs salariés, commencent à dire aujourd'hui : Ah ! il va falloir payer la facture. Sous l'impulsion de Bernard Pons et d'Anne-Marie Idrac, dans le cadre des instructions que je leur avais données, le Gouvernement a joué dans cette crise tout son rôle, c'est-à-dire qu'il a affirmé que, dans une profession difficile, difficile pour les salariés, difficile pour les patrons, on ne peut pas s'en sortir si on ne se parle pas. Et, voilà, ce que nous avons essayé et réussi à faire.
.... Mais il y a aussi, et je ne me lasserai pas de le dire, les raisons de se ressaisir et de repartir de l'avant. Même s'il y a beaucoup de Français qui souffrent, la France est un grand pays qui a les moyens d'assurer entre tous ses enfants la solidarité et la fraternité. Notre économie repart, notre société se modernise, le rayonnement et la puissance de la France s'affirment dans le monde grâce à Jacques Chirac. Et je vous le dis, parce que c'est ce qui m'émeut, jour après jour : le courage des réformes va payer.
Alors, c'est à nous, c'est à vous qui portez le beau nom de "militants" de secouer la déprime pour faire souffler l'esprit de confiance et l'esprit de conquête. C'est une question de foi et d'espérance. C'est une question de fidélité, encore, au Général de Gaulle qui jamais ne désespérait de la France.
Souvenez-vous de cette phrase que je cite de mémoire, peut-être de manière inexacte : Vieux pays chargé d'épreuves mais capable de sursaut pour peu qu'on le rassemble.
Alors, vous me dites souvent, vous m'avez dit tout à l'heure quand je suis passé parmi vous : Alain, tiens bon. Je vous le dis avec vous : Je vais tenir bon parce qu'il y va de l'avenir de la France et de nos enfants.
Vive le Rassemblement, vive la République et vive la France.