Texte intégral
JEAN-JEROME BERTOLUS
Bonjour Kader ARIF.
MONSIEUR LE SECRETAIRE D'ETAT KADER ARIF
Bonjour.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Vous êtes Ministre des Anciens combattants et de la Mémoire, également un très proche de François HOLLANDE. Ce matin, les nouvelles économiques ne sont pas bonnes ; la France est en panne ?
KADER ARIF
L'Europe est en panne puisque l'Italie est en récession, l'Allemagne est en stagnation et la France connaît une croissance nulle pour le deuxième trimestre consécutif. Des causes à l'échelle européenne ont été évoquées dans une politique monétaire. Même si la BCE, la Banque Centrale Européenne, a avancé, je crois qu'il faut aller beaucoup plus loin.
JEAN-JEROME BERTOLUS
On abandonne les trois pourcent ?
KADER ARIF
Non. Il faut tenir un discours de vérité, en même temps dire de maintenir ce discours de volonté sur la réduction du déficit, la lutte contre le chômage, une politique d'investissement forte - ce qui est fait - la lutte contre le fait que la croissance ne soit pas au rendez-vous, faire de nouveau de la croissance et en même temps, un rythme différent par rapport à ces trois pourcent.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Encore une question sur ce sujet. J'ai dit que vous étiez proche de François HOLLANDE. Comment le président de la République a-t-il pu le 14 juillet parler de retournement alors qu'aujourd'hui ce retournement n'est pas là ? C'est même le contraire. Est-ce que tout mettre sur Bruxelles n'est pas un aveu d'impuissance ?
KADER ARIF
Ce n'est pas tout mettre sur Bruxelles. Le président de la République comme le Premier ministre ou le Ministre des Finances ont raison de porter cette question à l'échelle européenne. Nous avons évoqué et nous évoquons aussi les causes qui sont dues aux politiques qui ont été menées de 2007 à 2012, l'Etat dans lequel nous avons trouvé la France et les mesures que nous avons prises.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Mais vous ne l'avez peut-être pas dit assez fortement en 2012 ?
KADER ARIF
Nous ne l'avons pas dit assez fortement dans une espèce de respect qui s'est opéré comme cela. Il aurait certainement fallu le dire beaucoup plus fort dans une France qui était dans une situation dramatique, pour rappeler les choses. Il faudra qu'on le rappelle. Mais ce n'est pas faire acte de critique, c'est juste dire la vérité. En même temps, tenir un discours de volonté et dire que nous continuons. Il y a un Pacte de stabilité, un Pacte de responsabilité qu'il faudra mener jusqu'au bout. Il faudra continuer à mener cette politique volontariste très forte, maintenir une politique de réforme qui est le choix du gouvernement et adapter ensuite ce que va être le budget 2015 à l'aune de ces mauvais résultats.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Les réactions vont être nombreuses bien sûr, mais pour résumer votre propos, c'est : On tape du poing sur la table en Europe ; on demande aux Européens d'être réalistes et de prendre en compte la situation ; et en France, on continue.
KADER ARIF
Absolument, absolument. Je crois que la France se doit de porter mais elle l'a déjà fait. Ç'a été l'expression du Premier ministre avant l'été. Ç'a été cette réunion le 1er août dernier autour du président de la République pour que la France parle, comme elle l'a déjà fait depuis 2012 à l'échelle européenne, au-delà de ce que sont les discussions avec nos amis Allemands.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Je disais que vous êtes Ministre délégué aux Anciens combattants et à la Mémoire. Vous êtes rattaché au Ministère de la Défense. Quelle est la situation en Irak ? Est-ce que vous pouvez nous dire un petit peu de quelles informations vous disposez ? On parlait d'urgence humanitaire et hier, les Américains présents sur place disent que la situation n'est finalement pas si grave que cela.
KADER ARIF
C'est une urgence humanitaire. C'est quand même des centaines de milliers de gens qui aujourd'hui risquent leur vie et sont dans une situation catastrophique. C'est un Etat islamique qui sème la terreur, la barbarie, ce qui est pour nous inacceptable. C'est des Chrétiens d'Irak qui sont en difficulté, c'est une population de quatre cent mille personnes Yazidis qu'on remet en cause parce qu'ils ne seraient pas une religion du Livre. Ce sont des choses pour nous qui ne sont pas acceptables pour la France. La France a pris toute sa place. La France a été à la hauteur de son Histoire et de sa Mémoire, puisqu'on l'évoque.
JEAN-JEROME BERTOLUS
La France a une mission par rapport aux Chrétiens d'Orient ?
KADER ARIF
Ce n'est pas une mission par rapport aux Chrétiens d'Orient mais par rapport à toutes les populations qui subissent la barbarie quel que soit le territoire. C'est ça la réponse de la France, c'est ça être à la hauteur de la grandeur de notre pays. Le Ministre des Affaires étrangères mène cela sous la houlette du président de la République depuis déjà plusieurs semaines. C'est grâce à la France que le Conseil de sécurité des Nations Unies s'est réuni. C'est grâce à la France qu'il y a une réunion d'urgence qui se tient demain à l'échelle européenne. C'est grâce à la France qu'il y a eu les premières livraisons sur le plan humanitaire. La France a fait le bon choix de faire la livraison des armes qui a été annoncée par l'Elysée hier.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Pourtant, vous savez qu'hier dans Le Monde trois anciens Premiers ministres ont estimé que la politique étrangère de la France depuis deux ans hésitait entre suivisme et passivité.
KADER ARIF
Je crois que ce qu'a dit le Ministre des Affaires étrangères était très juste. L'outrance pour des raisons de politique intérieure, je crois que cela mérite mieux. N'est pas CHURCHILL qui veut puisque le mot de déshonneur avait été utilisé par CHURCHILL. Il faut faire attention aux mots qu'on utilise au regard de ce qu'est l'Histoire et pour qui on se prend par ailleurs. Il faut faire très attention. Je crois que les Français savent bien que la France mène une politique en termes d'affaires étrangères qui est une politique forte. C'est une politique respectée, une politique qui est aujourd'hui demandée par l'ensemble des pays avec lesquels nous travaillons à l'échelle internationale - la coordination avec nos amis Américains en particulier - mais aussi une demande qui est faite par nos amis Kurdes et par Bagdad.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Au moins dans le domaine de la politique étrangère, un domaine que vous connaissez bien, il faut une sorte d'union nationale ?
KADER ARIF
Oui. C'est ce qu'on essaye de faire, je crois. Le Parlement est associé dans les commissions qui suivent cela. Je suis toujours pour essayer d'éviter dans ce domaine de la politique étrangère et de la défense une espèce de confrontation stérile qui n'amène à rien, sinon une mauvaise image de notre pays. Il faut essayer de trouver là un rassemblement, une unité. Cela ne veut pas dire forcément un accord sur tout mais une unité nationale qui fait là aussi la force de la France.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Encore un tout petit mot sur les crises internationales. Qu'est-ce que vous dites aujourd'hui aux Russes alors qu'il y a un convoi ? Ce convoi préoccupe beaucoup les Occidentaux, y compris le président de la République. Qu'est-ce que vous dites aux Russes ? Attention ! On joue là véritablement avec le feu ?
KADER ARIF
Je crois que la décision est grâce là aussi à l'initiative française de donner une image forte de la diplomatie européenne, très faible. Les sanctions qui ont été prises par l'Europe sont aussi une volonté française. Que ces sanctions soient prises à l'échelle européenne, c'est une démocratie européenne qui est en train de naître. On verra ensuite dans le cadre de la nouvelle Commission comment tout cela pourra se traduire de manière encore plus conséquente. Il ne peut pas y avoir là de sortie par les armes. Toute sortie est une sortie politique. C'est de dire : Reprenons le chemin du dialogue avec nos amis Russes. Le dialogue n'est pas rompu, il est maintenu. J'ai vu qu'il y avait aujourd'hui une acceptation par Kiev de ce convoi humanitaire qui pouvait faire poser question. Il va quand même falloir continuer à regarder et c'est ensuite savoir comment on peut avancer sur le chemin de la réconciliation. Je crois que c'est la meilleure manière là aussi de pouvoir faire que la démocratie s'installe en Ukraine et que la Russie reste un grand pays.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Monsieur le Ministre, vous serez demain aux côtés du président de la République sur le porte-avions Charles-de-Gaulle pour le 70ème anniversaire du Débarquement en Provence. Le président de la République va évoquer toutes ces crises. Après tout, le Débarquement en Provence était la solidarité de nations par rapport à une nation en danger. On retrouve ce thème sur l'Irak et sur d'autres crises. Il va l'évoquer dans son discours ?
KADER ARIF
Vous avez raison de le rappeler. Je n'ai pas son discours donc je ne vais pas évoquer le discours du président de la République. Oui, il faut rappeler qu'il y a soixante-dix ans, le 15 août 1944, des hommes venus de tous les continents, de couleurs différentes, de confessions différentes quand on voit aujourd'hui ce que peuvent être les conflits autour de confessions réelles ou supposées par ailleurs, c'est une autre question sont venus se battre pour des choses qui nous dépassent tous, qui s'appellent la Liberté. Je me dis que c'est une belle image qui était donnée il y a soixante-dix ans et qu'il faut peut-être se nourrir de ce passé pour essayer de donner du sens au présent dans lequel nous vivons. Ce serait une belle chose.
JEAN-JEROME BERTOLUS
C'est ça le message de demain, la tolérance ? y compris effectivement par rapport aux minorités ? y compris par rapport aux étrangers ? Ça va être le message de demain ?
KADER ARIF
Ecoutez, la tolérance est un message de tous les jours. De demain à l'évidence certainement, au regard de cette Histoire, mais un message de tous les jours. Je crois que la France se grandit chaque fois qu'elle rappelle les valeurs qui sont les siennes et son Histoire, c'est-à-dire un pays qui est un pays de démocratie, de liberté, de tolérance, du respect de l'autre. Je crois que si on peut donner cette image, ce sera fait.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Et rappeler que les héros d'il y a soixante-dix ans étaient des Français mais des Marocains, des Tunisiens, des Burkinabés.
KADER ARIF
Oui, et qu'ils étaient musulmans, qu'ils étaient juifs, qu'ils étaient catholiques, qu'ils étaient agnostiques, qu'ils étaient non-croyants. C'était cela, la force.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Pour terminer, il n'y a quand même pas trop de cérémonies ? Il y en a eu beaucoup, il va encore y en avoir beaucoup. Est-ce qu'effectivement le président de la République n'en fait pas trop ?
KADER ARIF
J'adore ces polémiques très franco-françaises !
JEAN-JEROME BERTOLUS
Ce n'est pas une polémique, c'est une question.
KADER ARIF
J'ai vu un sondage dernièrement puisque cette question est une question récurrente. Plus de soixante pourcent des Français considérait que le président de la République était à sa place dans le cas de ces commémorations, qu'il fallait les faire et qu'il répondait à la question qui était posée. Quand je sens la formidable appétence de nos concitoyens à l'égard de notre Histoire commune, je me dis que nous avons raison de faire que ce cycle commémoratif soit un cycle de rassemblement et d'unité nationale.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Merci beaucoup Monsieur le Ministre d'avoir été l'invité d'i-Télé.
KADER ARIF
Merci.
JEAN-JEROME BERTOLUS
On vous retrouve sûrement demain sur ces cérémonies du 70ème anniversaire du Débarquement en Provence.
KADER ARIF
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 août 2014
Bonjour Kader ARIF.
MONSIEUR LE SECRETAIRE D'ETAT KADER ARIF
Bonjour.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Vous êtes Ministre des Anciens combattants et de la Mémoire, également un très proche de François HOLLANDE. Ce matin, les nouvelles économiques ne sont pas bonnes ; la France est en panne ?
KADER ARIF
L'Europe est en panne puisque l'Italie est en récession, l'Allemagne est en stagnation et la France connaît une croissance nulle pour le deuxième trimestre consécutif. Des causes à l'échelle européenne ont été évoquées dans une politique monétaire. Même si la BCE, la Banque Centrale Européenne, a avancé, je crois qu'il faut aller beaucoup plus loin.
JEAN-JEROME BERTOLUS
On abandonne les trois pourcent ?
KADER ARIF
Non. Il faut tenir un discours de vérité, en même temps dire de maintenir ce discours de volonté sur la réduction du déficit, la lutte contre le chômage, une politique d'investissement forte - ce qui est fait - la lutte contre le fait que la croissance ne soit pas au rendez-vous, faire de nouveau de la croissance et en même temps, un rythme différent par rapport à ces trois pourcent.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Encore une question sur ce sujet. J'ai dit que vous étiez proche de François HOLLANDE. Comment le président de la République a-t-il pu le 14 juillet parler de retournement alors qu'aujourd'hui ce retournement n'est pas là ? C'est même le contraire. Est-ce que tout mettre sur Bruxelles n'est pas un aveu d'impuissance ?
KADER ARIF
Ce n'est pas tout mettre sur Bruxelles. Le président de la République comme le Premier ministre ou le Ministre des Finances ont raison de porter cette question à l'échelle européenne. Nous avons évoqué et nous évoquons aussi les causes qui sont dues aux politiques qui ont été menées de 2007 à 2012, l'Etat dans lequel nous avons trouvé la France et les mesures que nous avons prises.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Mais vous ne l'avez peut-être pas dit assez fortement en 2012 ?
KADER ARIF
Nous ne l'avons pas dit assez fortement dans une espèce de respect qui s'est opéré comme cela. Il aurait certainement fallu le dire beaucoup plus fort dans une France qui était dans une situation dramatique, pour rappeler les choses. Il faudra qu'on le rappelle. Mais ce n'est pas faire acte de critique, c'est juste dire la vérité. En même temps, tenir un discours de volonté et dire que nous continuons. Il y a un Pacte de stabilité, un Pacte de responsabilité qu'il faudra mener jusqu'au bout. Il faudra continuer à mener cette politique volontariste très forte, maintenir une politique de réforme qui est le choix du gouvernement et adapter ensuite ce que va être le budget 2015 à l'aune de ces mauvais résultats.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Les réactions vont être nombreuses bien sûr, mais pour résumer votre propos, c'est : On tape du poing sur la table en Europe ; on demande aux Européens d'être réalistes et de prendre en compte la situation ; et en France, on continue.
KADER ARIF
Absolument, absolument. Je crois que la France se doit de porter mais elle l'a déjà fait. Ç'a été l'expression du Premier ministre avant l'été. Ç'a été cette réunion le 1er août dernier autour du président de la République pour que la France parle, comme elle l'a déjà fait depuis 2012 à l'échelle européenne, au-delà de ce que sont les discussions avec nos amis Allemands.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Je disais que vous êtes Ministre délégué aux Anciens combattants et à la Mémoire. Vous êtes rattaché au Ministère de la Défense. Quelle est la situation en Irak ? Est-ce que vous pouvez nous dire un petit peu de quelles informations vous disposez ? On parlait d'urgence humanitaire et hier, les Américains présents sur place disent que la situation n'est finalement pas si grave que cela.
KADER ARIF
C'est une urgence humanitaire. C'est quand même des centaines de milliers de gens qui aujourd'hui risquent leur vie et sont dans une situation catastrophique. C'est un Etat islamique qui sème la terreur, la barbarie, ce qui est pour nous inacceptable. C'est des Chrétiens d'Irak qui sont en difficulté, c'est une population de quatre cent mille personnes Yazidis qu'on remet en cause parce qu'ils ne seraient pas une religion du Livre. Ce sont des choses pour nous qui ne sont pas acceptables pour la France. La France a pris toute sa place. La France a été à la hauteur de son Histoire et de sa Mémoire, puisqu'on l'évoque.
JEAN-JEROME BERTOLUS
La France a une mission par rapport aux Chrétiens d'Orient ?
KADER ARIF
Ce n'est pas une mission par rapport aux Chrétiens d'Orient mais par rapport à toutes les populations qui subissent la barbarie quel que soit le territoire. C'est ça la réponse de la France, c'est ça être à la hauteur de la grandeur de notre pays. Le Ministre des Affaires étrangères mène cela sous la houlette du président de la République depuis déjà plusieurs semaines. C'est grâce à la France que le Conseil de sécurité des Nations Unies s'est réuni. C'est grâce à la France qu'il y a une réunion d'urgence qui se tient demain à l'échelle européenne. C'est grâce à la France qu'il y a eu les premières livraisons sur le plan humanitaire. La France a fait le bon choix de faire la livraison des armes qui a été annoncée par l'Elysée hier.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Pourtant, vous savez qu'hier dans Le Monde trois anciens Premiers ministres ont estimé que la politique étrangère de la France depuis deux ans hésitait entre suivisme et passivité.
KADER ARIF
Je crois que ce qu'a dit le Ministre des Affaires étrangères était très juste. L'outrance pour des raisons de politique intérieure, je crois que cela mérite mieux. N'est pas CHURCHILL qui veut puisque le mot de déshonneur avait été utilisé par CHURCHILL. Il faut faire attention aux mots qu'on utilise au regard de ce qu'est l'Histoire et pour qui on se prend par ailleurs. Il faut faire très attention. Je crois que les Français savent bien que la France mène une politique en termes d'affaires étrangères qui est une politique forte. C'est une politique respectée, une politique qui est aujourd'hui demandée par l'ensemble des pays avec lesquels nous travaillons à l'échelle internationale - la coordination avec nos amis Américains en particulier - mais aussi une demande qui est faite par nos amis Kurdes et par Bagdad.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Au moins dans le domaine de la politique étrangère, un domaine que vous connaissez bien, il faut une sorte d'union nationale ?
KADER ARIF
Oui. C'est ce qu'on essaye de faire, je crois. Le Parlement est associé dans les commissions qui suivent cela. Je suis toujours pour essayer d'éviter dans ce domaine de la politique étrangère et de la défense une espèce de confrontation stérile qui n'amène à rien, sinon une mauvaise image de notre pays. Il faut essayer de trouver là un rassemblement, une unité. Cela ne veut pas dire forcément un accord sur tout mais une unité nationale qui fait là aussi la force de la France.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Encore un tout petit mot sur les crises internationales. Qu'est-ce que vous dites aujourd'hui aux Russes alors qu'il y a un convoi ? Ce convoi préoccupe beaucoup les Occidentaux, y compris le président de la République. Qu'est-ce que vous dites aux Russes ? Attention ! On joue là véritablement avec le feu ?
KADER ARIF
Je crois que la décision est grâce là aussi à l'initiative française de donner une image forte de la diplomatie européenne, très faible. Les sanctions qui ont été prises par l'Europe sont aussi une volonté française. Que ces sanctions soient prises à l'échelle européenne, c'est une démocratie européenne qui est en train de naître. On verra ensuite dans le cadre de la nouvelle Commission comment tout cela pourra se traduire de manière encore plus conséquente. Il ne peut pas y avoir là de sortie par les armes. Toute sortie est une sortie politique. C'est de dire : Reprenons le chemin du dialogue avec nos amis Russes. Le dialogue n'est pas rompu, il est maintenu. J'ai vu qu'il y avait aujourd'hui une acceptation par Kiev de ce convoi humanitaire qui pouvait faire poser question. Il va quand même falloir continuer à regarder et c'est ensuite savoir comment on peut avancer sur le chemin de la réconciliation. Je crois que c'est la meilleure manière là aussi de pouvoir faire que la démocratie s'installe en Ukraine et que la Russie reste un grand pays.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Monsieur le Ministre, vous serez demain aux côtés du président de la République sur le porte-avions Charles-de-Gaulle pour le 70ème anniversaire du Débarquement en Provence. Le président de la République va évoquer toutes ces crises. Après tout, le Débarquement en Provence était la solidarité de nations par rapport à une nation en danger. On retrouve ce thème sur l'Irak et sur d'autres crises. Il va l'évoquer dans son discours ?
KADER ARIF
Vous avez raison de le rappeler. Je n'ai pas son discours donc je ne vais pas évoquer le discours du président de la République. Oui, il faut rappeler qu'il y a soixante-dix ans, le 15 août 1944, des hommes venus de tous les continents, de couleurs différentes, de confessions différentes quand on voit aujourd'hui ce que peuvent être les conflits autour de confessions réelles ou supposées par ailleurs, c'est une autre question sont venus se battre pour des choses qui nous dépassent tous, qui s'appellent la Liberté. Je me dis que c'est une belle image qui était donnée il y a soixante-dix ans et qu'il faut peut-être se nourrir de ce passé pour essayer de donner du sens au présent dans lequel nous vivons. Ce serait une belle chose.
JEAN-JEROME BERTOLUS
C'est ça le message de demain, la tolérance ? y compris effectivement par rapport aux minorités ? y compris par rapport aux étrangers ? Ça va être le message de demain ?
KADER ARIF
Ecoutez, la tolérance est un message de tous les jours. De demain à l'évidence certainement, au regard de cette Histoire, mais un message de tous les jours. Je crois que la France se grandit chaque fois qu'elle rappelle les valeurs qui sont les siennes et son Histoire, c'est-à-dire un pays qui est un pays de démocratie, de liberté, de tolérance, du respect de l'autre. Je crois que si on peut donner cette image, ce sera fait.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Et rappeler que les héros d'il y a soixante-dix ans étaient des Français mais des Marocains, des Tunisiens, des Burkinabés.
KADER ARIF
Oui, et qu'ils étaient musulmans, qu'ils étaient juifs, qu'ils étaient catholiques, qu'ils étaient agnostiques, qu'ils étaient non-croyants. C'était cela, la force.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Pour terminer, il n'y a quand même pas trop de cérémonies ? Il y en a eu beaucoup, il va encore y en avoir beaucoup. Est-ce qu'effectivement le président de la République n'en fait pas trop ?
KADER ARIF
J'adore ces polémiques très franco-françaises !
JEAN-JEROME BERTOLUS
Ce n'est pas une polémique, c'est une question.
KADER ARIF
J'ai vu un sondage dernièrement puisque cette question est une question récurrente. Plus de soixante pourcent des Français considérait que le président de la République était à sa place dans le cas de ces commémorations, qu'il fallait les faire et qu'il répondait à la question qui était posée. Quand je sens la formidable appétence de nos concitoyens à l'égard de notre Histoire commune, je me dis que nous avons raison de faire que ce cycle commémoratif soit un cycle de rassemblement et d'unité nationale.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Merci beaucoup Monsieur le Ministre d'avoir été l'invité d'i-Télé.
KADER ARIF
Merci.
JEAN-JEROME BERTOLUS
On vous retrouve sûrement demain sur ces cérémonies du 70ème anniversaire du Débarquement en Provence.
KADER ARIF
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 août 2014