Texte intégral
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
Bonjour Fleur PELLERIN.
FLEUR PELLERIN
Bonjour.
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
De vous à moi ce n'est pas un peu pénible d'être membre d'un gouvernement qui se fait éreinter à longueur de journée, où l'on compare les ministres à des cancres, où l'on donne à un bonnet d'âne à François HOLLANDE ?
FLEUR PELLERIN
Ecoutez la raison pour laquelle on m'a demandé et j'ai fait partie de cette aventure, car c'est une aventure que de faire partie d'un gouvernement, c'est parce que je me sens membre d'un collectif, parce que j'ai des valeurs à défendre, parce que j'étais d'accord avec les principes et les objectifs qui ont guidé la campagne du candidat François HOLLANDE, puis du président de la République François HOLLANDE, donc non ce n'est pas pénible. Ca fait partie évidemment du métier j'ai envie de dire le fait d'être critiqué, le fait de sentir l'impatience des Français qui voudraient avoir des résultats plus rapidement, ça ne nous empêche pas de rester extrêmement mobilisés, extrêmement concentrés sur les objectifs, de ne pas varier lorsque les pressions se font plus fortes et je crois que nous sommes plus que jamais mobilisés autour du souhait de réussir cette politique.
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
On a presque l'impression qu'on est passés de l'impatience à la colère et que, là, on approche de la résignation de la part des Français ?
FLEUR PELLERIN
Je ne sais pas comment on peut qualifier le sentiment et puis si on peut le faire de manière générale ! Nous avons une situation économique qui est difficile, qui est difficile en France mais qui est difficile dans toute la zone euro, qui est difficile en Europe, et c'est normal que nos concitoyens souhaitent voir le chômage baisser, souhaitent voir leur pouvoir d'achat progresser, souhaitent voir la France regagner des parts de marché dans la compétition internationale, c'est à tout cela que nous travaillons
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
Mais on est quand même
FLEUR PELLERIN
Je crois qu'il est normal qu'il y ait cette impatience, il est normal aussi que les politiques mettent du temps à agir, nous avons eu une dizaine d'années de gestion dramatique des finances publiques, de baisse de compétitivité des entreprises, nous ne sommes pas responsables de cette situation-là, nous sommes responsables de ce qui est fait depuis 2 ans, mais c'est vrai que les politiques mettent parfois du temps à produire les effets.
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
On a quand même on est assez sidérés par le discours politique actuel, soit on a l'opposition qui dit : « c'est un désastre » mais qui ne dit pas grand-chose de plus, soit on a un président qui répète, je regardais ça dans Le Monde encore hier : « on doit aller plus vite, on doit aller plus loin » comme une sorte d'incantation un peu vaine, résultat on a un pays totalement tétanisé aujourd'hui. C'est quoi ? Il y a une solution ? Il y a quelque chose ? Quand vous sortez du conseil des ministres, vous vous dites quoi ?
FLEUR PELLERIN
Non ! Mais vous avez raison de pointer quelque chose qui est relativement nouveau, qui est à l'intersection entre l'accélération du temps de la communication politique et le fait qu'aujourd'hui, dans une situation de crise où l'économie française, la société française, est de plus en plus connectée au monde et où par conséquent c'est plus difficile parfois de mener des réformes en interne sans avoir l'ensemble des pays européens ou l'ensemble des pays partenaires économiques avec nous, il y a cette difficulté, cette volonté d'aller de plus en plus vite et en même temps, parfois, une latence plus grande des politiques ; et je pense que les gens aussi attendent que l'on fasse aussi un peu de politique différemment, qu'on soit plus innovant je m'occupais de l'innovation précédemment et je crois que c'est quelque chose qui s'applique aussi, qui devrait s'appliquer peut-être davantage à la politique et que l'opposition, la majorité cessent d'être dans ce jeu de rôle permanent, qui en réalité est assez peu constructif, se mettent d'accord peut-être sur des réformes importantes - comme celles que nous menons actuellement contre un certain nombre de professions réglementées ou de rentes qui ne sont aujourd'hui pas justifiées d'un point de vue économique - ce sont des réformes qui devraient pouvoir faire l'objet d'un consensus national je crois.
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
Vous êtes en charge notamment du Commerce extérieur, comment vous expliquez cette frilosité, presque cette peur des chefs d'entreprise français dès qu'il s'agit d'exportation ?
FLEUR PELLERIN
Alors, d'abord, quand on parle de je n'aime pas parler uniquement d'exportation, parce que je crois qu'aujourd'hui l'internationalisation de l'économie ce n'est pas seulement
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
C'est quand même un souci, non ?
FLEUR PELLERIN
Oui !
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
On a l'impression que les patrons de PME en France pensent, allez, vaguement à l'Europe et puis pas au-delà ?
FLEUR PELLERIN
Alors aujourd'hui pour moi l'internationalisation de l'économie française ce n'est pas seulement exporter des biens physiques et voir des biens physiques traverser la frontière de la France, c'est aussi une PME, une entreprise, une start-up qui va installer une filiale au Vietnam, aux Etats-Unis, dans un pays émergent ou à l'étranger c'est ça aussi l'internationalisation de l'économie - et, quand on parle du déficit du commerce extérieur, on ne parle que de la balance, c'est-à-dire les sorties de produits à l'étranger, on oublie aussi que la France est très excédentaire dans le domaine des services, la France est très bonne dans le secteur des services, nous sommes excédentaires de 10 milliards d'euros en matière d'exportation de services. Donc, nous avons un certain nombre d'atouts. Et effectivement, vous avez raison, on a moins de tradition d'exportation que peuvent l'avoir par exemple des entreprises italiennes qui sont beaucoup plus nombreuses à exporter ou les entreprises allemandes bien évidemment auxquelles on pense
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
Alors, les Allemands, on a l'impression qu'ils innovent 100 fois plus que nous et qu'ils exportent 100 fois mieux que nous ?
FLEUR PELLERIN
Non ! Je crois que c'est faux. Je pense qu'il y a effectivement une plus grande tradition d'export, il y a aussi eu depuis de très nombreuses années en Allemagne une bien meilleure spécialisation, qu'on appelle spécialisation de pays-produit, c'est à dire que les Allemands savent vendre les bons produits dans la bonne gamme dans les bons pays. Moi je suis en train de travailler actuellement, dans le cadre de mon portefeuille « commerce extérieur », justement à faire en sorte que la France, les entreprises françaises puissent aller conquérir les marchés avec les bons produits qui sont adaptés - ça peut paraître un peu basique ce que je dis mais
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
Quels types de marchés, alors ?
FLEUR PELLERIN
Alors vous avez certains marchés dans certains pays émergents qui sont en train de construire par exemple des industries de santé ou une filière hospitalière, bon eh bien nous avons une excellente recherche médicale, nous avons de très bon hôpitaux qui sont reconnus comme tels dans le monde nous avons les moyens de proposer à la fois des systèmes d'assurance médicale, des produits pharmaceutiques, de la recherche, etc., et je crois qu'en allant grouper, en étant mieux organisés, en ayant les financements adaptés, nous pouvons aller proposer - dans les pays du Golfe par exemple qui sont en train de construire ces industries de santé actuellement nous pouvons proposer et nous sommes potentiellement leaders sur ces marchés. Donc, il suffit parfois juste de mettre en ordre de marche des acteurs économiques qui sont déjà extrêmement performants pour pouvoir être plus efficaces dans la conquête de parts de marché à l'export.
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
Et vous dites à ces patrons de PME, ce matin sur EUROPE 1 : « on peut vous aide, on a la structure ».
FLEUR PELLERIN
Absolument ! Alors l'Etat ne peut pas tout faire bien évidemment, mais ce que l'Etat peut faire et peut mieux faire sans doute qu'actuellement c'est déjà de mettre tous les acteurs publics, que ce soit les acteurs financiers comme la Banque Publique d'Investissement, que ce soit la Coface qui garantit l'export, que ce soit les acteurs comme Ubifrance - qui est l'agence qui s'occupe d'aider les PME justement à exporter - les Chambres de Commerce et de l'Industrie, ça fait beaucoup de monde, eh bien ce que je suis en train de faire actuellement c'est d'essayer précisément de mettre tous ces acteurs, d'aligner tous ces acteurs pour faire en sorte qu'ils soient vraiment au service non pas de leur propre promotion ou de leur propre action, mais des entreprises - et ça c'est quelque chose que nous sommes en train de faire actuellement et puis il y a la rénovation des financements à l'export et la réflexion autour je le disais tout à l'heure des produits et des pays pour faire en sorte que loffre française soit très bien adaptée à la demande qui s'exprime actuellement dans les pays qui croissent.
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
Fleur PELLERIN, notre balance commerciale on en a un peu parlée n'est pas au mieux, vous avez un objectif chiffré ?
FLEUR PELLERIN
Alors, vous avez raison, elle n'est pas au mieux mais elle est quand même en voie d'amélioration depuis 3 ans
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
Un peu mieux ! Oui.
FLEUR PELLERIN
Là sur le premier semestre nous sommes à un peu moins de 30 milliards de déficit, à la mi-année, c'est-à-dire c'est le meilleur chiffre depuis 2000, ce n'est pas pour autant un objet de satisfaction béate parce que c'est vrai que les importations ont été relativement limitées parce que l'énergie, le prix de l'énergie a plutôt baissé, que l'hiver a été assez doux - donc on n'a pas beaucoup importé d'énergie mais moi je souhaiterais évidemment voir nos exportations progresser. Le déficit était de l'ordre de 70 milliards lorsque nous sommes arrivés en 2012
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
Et donc
FLEUR PELLERIN
Cette année il devrait être 50 et 55 milliards, donc il a quand même baissé d'une quinzaine de milliards. Alors objectif chiffré, je ne sais pas, moi je souhaite vraiment travailler sur une tendance - donc tout ce que je vous ai expliqué tout à l'heure sur les familles pays-produits, sur les dispositifs d'accompagnement public à l'export pour les PME, tout ça ce sont des instruments qui visent à améliorer la situation - mais à se donner un objectif chiffré, c'est toujours un peu compliqué
JEAN-LOUIS BALLASSE
D'accord !
FLEUR PELLERIN
Compte tenu en plus du contexte international.
JEAN-LOUIS BALLASSE
« De l'intérieur, voyage au pays de la désillusion », le titre du livre de Cécile DUFLOT ex-ministre, règlement de compte avec François HOLLANDE, vous allez le lire ce livre ?
FLEUR PELLERIN
Je vais sans doute lire, par curiosité oui, mais je n'aime pas trop moi cette façon de très rapidement après avoir participé à un collectif on peut être déçu, on peut avoir des reproches à faire, on les fait entre soi, mais je trouve que les exposer comme ça à des fins politiques à un moment où en plus il va y avoir à nouveau des échéances électorales je trouve que c'est assez peu élégant.
JEAN-LOUIS BALLASSE
Le journal l'Opinion dresse votre portrait chinois ce matin ! Alors, à la question si vous étiez une reine, vous répondez par un personnage d'une série télévisée américaine qui a énormément de succès, c'est « GAME OF THRONES », alors le personnage s'appelle Daenerys, elle est très blonde autant que
FLEUR PELLERIN
Comme moi !
JEAN-LOUIS BALLASSE
Que vous êtes brune, vous dites elle est la surprise, celle qui prend en main son destin dans un univers hostile, avec un esprit conquérant dans des modalités très féminines. C'est vous quoi, Fleur PELLERIN ?
FLEUR PELLERIN
Je ne sais pas si c'est moi ! Je trouvais amusant, c'est une boutade, je trouvais ça amusant - parce que je trouve que c'est une série remarquable à tout point de vue - réalisation, le scénario et j'aimerais que la France puisse aussi produire et exporter des séries de ce type - et je crois qu'elle sera d'ailleurs très prochainement capable de le faire - donc c'est à la fois un personnage que je trouve effectivement inattendu, parce qu'au début de la série on la voit un petit peu secondaire, un peu humiliée, etc., et puis finalement elle prend progressivement de l'ampleur jusqu'à devenir une forme de femme conquérante, reine, en majesté, et je trouve que c'est un personnage rigolo.
JEAN-LOUIS BALLASSE
Donc, avis aux scénaristes qui nous écoutent, Fleur PELLERIN prend toutes vos propositions. Merci, bonne journée.
FLEUR PELLERIN
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 août 2014
Bonjour Fleur PELLERIN.
FLEUR PELLERIN
Bonjour.
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
De vous à moi ce n'est pas un peu pénible d'être membre d'un gouvernement qui se fait éreinter à longueur de journée, où l'on compare les ministres à des cancres, où l'on donne à un bonnet d'âne à François HOLLANDE ?
FLEUR PELLERIN
Ecoutez la raison pour laquelle on m'a demandé et j'ai fait partie de cette aventure, car c'est une aventure que de faire partie d'un gouvernement, c'est parce que je me sens membre d'un collectif, parce que j'ai des valeurs à défendre, parce que j'étais d'accord avec les principes et les objectifs qui ont guidé la campagne du candidat François HOLLANDE, puis du président de la République François HOLLANDE, donc non ce n'est pas pénible. Ca fait partie évidemment du métier j'ai envie de dire le fait d'être critiqué, le fait de sentir l'impatience des Français qui voudraient avoir des résultats plus rapidement, ça ne nous empêche pas de rester extrêmement mobilisés, extrêmement concentrés sur les objectifs, de ne pas varier lorsque les pressions se font plus fortes et je crois que nous sommes plus que jamais mobilisés autour du souhait de réussir cette politique.
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
On a presque l'impression qu'on est passés de l'impatience à la colère et que, là, on approche de la résignation de la part des Français ?
FLEUR PELLERIN
Je ne sais pas comment on peut qualifier le sentiment et puis si on peut le faire de manière générale ! Nous avons une situation économique qui est difficile, qui est difficile en France mais qui est difficile dans toute la zone euro, qui est difficile en Europe, et c'est normal que nos concitoyens souhaitent voir le chômage baisser, souhaitent voir leur pouvoir d'achat progresser, souhaitent voir la France regagner des parts de marché dans la compétition internationale, c'est à tout cela que nous travaillons
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
Mais on est quand même
FLEUR PELLERIN
Je crois qu'il est normal qu'il y ait cette impatience, il est normal aussi que les politiques mettent du temps à agir, nous avons eu une dizaine d'années de gestion dramatique des finances publiques, de baisse de compétitivité des entreprises, nous ne sommes pas responsables de cette situation-là, nous sommes responsables de ce qui est fait depuis 2 ans, mais c'est vrai que les politiques mettent parfois du temps à produire les effets.
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
On a quand même on est assez sidérés par le discours politique actuel, soit on a l'opposition qui dit : « c'est un désastre » mais qui ne dit pas grand-chose de plus, soit on a un président qui répète, je regardais ça dans Le Monde encore hier : « on doit aller plus vite, on doit aller plus loin » comme une sorte d'incantation un peu vaine, résultat on a un pays totalement tétanisé aujourd'hui. C'est quoi ? Il y a une solution ? Il y a quelque chose ? Quand vous sortez du conseil des ministres, vous vous dites quoi ?
FLEUR PELLERIN
Non ! Mais vous avez raison de pointer quelque chose qui est relativement nouveau, qui est à l'intersection entre l'accélération du temps de la communication politique et le fait qu'aujourd'hui, dans une situation de crise où l'économie française, la société française, est de plus en plus connectée au monde et où par conséquent c'est plus difficile parfois de mener des réformes en interne sans avoir l'ensemble des pays européens ou l'ensemble des pays partenaires économiques avec nous, il y a cette difficulté, cette volonté d'aller de plus en plus vite et en même temps, parfois, une latence plus grande des politiques ; et je pense que les gens aussi attendent que l'on fasse aussi un peu de politique différemment, qu'on soit plus innovant je m'occupais de l'innovation précédemment et je crois que c'est quelque chose qui s'applique aussi, qui devrait s'appliquer peut-être davantage à la politique et que l'opposition, la majorité cessent d'être dans ce jeu de rôle permanent, qui en réalité est assez peu constructif, se mettent d'accord peut-être sur des réformes importantes - comme celles que nous menons actuellement contre un certain nombre de professions réglementées ou de rentes qui ne sont aujourd'hui pas justifiées d'un point de vue économique - ce sont des réformes qui devraient pouvoir faire l'objet d'un consensus national je crois.
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
Vous êtes en charge notamment du Commerce extérieur, comment vous expliquez cette frilosité, presque cette peur des chefs d'entreprise français dès qu'il s'agit d'exportation ?
FLEUR PELLERIN
Alors, d'abord, quand on parle de je n'aime pas parler uniquement d'exportation, parce que je crois qu'aujourd'hui l'internationalisation de l'économie ce n'est pas seulement
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
C'est quand même un souci, non ?
FLEUR PELLERIN
Oui !
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
On a l'impression que les patrons de PME en France pensent, allez, vaguement à l'Europe et puis pas au-delà ?
FLEUR PELLERIN
Alors aujourd'hui pour moi l'internationalisation de l'économie française ce n'est pas seulement exporter des biens physiques et voir des biens physiques traverser la frontière de la France, c'est aussi une PME, une entreprise, une start-up qui va installer une filiale au Vietnam, aux Etats-Unis, dans un pays émergent ou à l'étranger c'est ça aussi l'internationalisation de l'économie - et, quand on parle du déficit du commerce extérieur, on ne parle que de la balance, c'est-à-dire les sorties de produits à l'étranger, on oublie aussi que la France est très excédentaire dans le domaine des services, la France est très bonne dans le secteur des services, nous sommes excédentaires de 10 milliards d'euros en matière d'exportation de services. Donc, nous avons un certain nombre d'atouts. Et effectivement, vous avez raison, on a moins de tradition d'exportation que peuvent l'avoir par exemple des entreprises italiennes qui sont beaucoup plus nombreuses à exporter ou les entreprises allemandes bien évidemment auxquelles on pense
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
Alors, les Allemands, on a l'impression qu'ils innovent 100 fois plus que nous et qu'ils exportent 100 fois mieux que nous ?
FLEUR PELLERIN
Non ! Je crois que c'est faux. Je pense qu'il y a effectivement une plus grande tradition d'export, il y a aussi eu depuis de très nombreuses années en Allemagne une bien meilleure spécialisation, qu'on appelle spécialisation de pays-produit, c'est à dire que les Allemands savent vendre les bons produits dans la bonne gamme dans les bons pays. Moi je suis en train de travailler actuellement, dans le cadre de mon portefeuille « commerce extérieur », justement à faire en sorte que la France, les entreprises françaises puissent aller conquérir les marchés avec les bons produits qui sont adaptés - ça peut paraître un peu basique ce que je dis mais
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
Quels types de marchés, alors ?
FLEUR PELLERIN
Alors vous avez certains marchés dans certains pays émergents qui sont en train de construire par exemple des industries de santé ou une filière hospitalière, bon eh bien nous avons une excellente recherche médicale, nous avons de très bon hôpitaux qui sont reconnus comme tels dans le monde nous avons les moyens de proposer à la fois des systèmes d'assurance médicale, des produits pharmaceutiques, de la recherche, etc., et je crois qu'en allant grouper, en étant mieux organisés, en ayant les financements adaptés, nous pouvons aller proposer - dans les pays du Golfe par exemple qui sont en train de construire ces industries de santé actuellement nous pouvons proposer et nous sommes potentiellement leaders sur ces marchés. Donc, il suffit parfois juste de mettre en ordre de marche des acteurs économiques qui sont déjà extrêmement performants pour pouvoir être plus efficaces dans la conquête de parts de marché à l'export.
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
Et vous dites à ces patrons de PME, ce matin sur EUROPE 1 : « on peut vous aide, on a la structure ».
FLEUR PELLERIN
Absolument ! Alors l'Etat ne peut pas tout faire bien évidemment, mais ce que l'Etat peut faire et peut mieux faire sans doute qu'actuellement c'est déjà de mettre tous les acteurs publics, que ce soit les acteurs financiers comme la Banque Publique d'Investissement, que ce soit la Coface qui garantit l'export, que ce soit les acteurs comme Ubifrance - qui est l'agence qui s'occupe d'aider les PME justement à exporter - les Chambres de Commerce et de l'Industrie, ça fait beaucoup de monde, eh bien ce que je suis en train de faire actuellement c'est d'essayer précisément de mettre tous ces acteurs, d'aligner tous ces acteurs pour faire en sorte qu'ils soient vraiment au service non pas de leur propre promotion ou de leur propre action, mais des entreprises - et ça c'est quelque chose que nous sommes en train de faire actuellement et puis il y a la rénovation des financements à l'export et la réflexion autour je le disais tout à l'heure des produits et des pays pour faire en sorte que loffre française soit très bien adaptée à la demande qui s'exprime actuellement dans les pays qui croissent.
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
Fleur PELLERIN, notre balance commerciale on en a un peu parlée n'est pas au mieux, vous avez un objectif chiffré ?
FLEUR PELLERIN
Alors, vous avez raison, elle n'est pas au mieux mais elle est quand même en voie d'amélioration depuis 3 ans
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
Un peu mieux ! Oui.
FLEUR PELLERIN
Là sur le premier semestre nous sommes à un peu moins de 30 milliards de déficit, à la mi-année, c'est-à-dire c'est le meilleur chiffre depuis 2000, ce n'est pas pour autant un objet de satisfaction béate parce que c'est vrai que les importations ont été relativement limitées parce que l'énergie, le prix de l'énergie a plutôt baissé, que l'hiver a été assez doux - donc on n'a pas beaucoup importé d'énergie mais moi je souhaiterais évidemment voir nos exportations progresser. Le déficit était de l'ordre de 70 milliards lorsque nous sommes arrivés en 2012
JEAN-PHILIPPE BALLASSE
Et donc
FLEUR PELLERIN
Cette année il devrait être 50 et 55 milliards, donc il a quand même baissé d'une quinzaine de milliards. Alors objectif chiffré, je ne sais pas, moi je souhaite vraiment travailler sur une tendance - donc tout ce que je vous ai expliqué tout à l'heure sur les familles pays-produits, sur les dispositifs d'accompagnement public à l'export pour les PME, tout ça ce sont des instruments qui visent à améliorer la situation - mais à se donner un objectif chiffré, c'est toujours un peu compliqué
JEAN-LOUIS BALLASSE
D'accord !
FLEUR PELLERIN
Compte tenu en plus du contexte international.
JEAN-LOUIS BALLASSE
« De l'intérieur, voyage au pays de la désillusion », le titre du livre de Cécile DUFLOT ex-ministre, règlement de compte avec François HOLLANDE, vous allez le lire ce livre ?
FLEUR PELLERIN
Je vais sans doute lire, par curiosité oui, mais je n'aime pas trop moi cette façon de très rapidement après avoir participé à un collectif on peut être déçu, on peut avoir des reproches à faire, on les fait entre soi, mais je trouve que les exposer comme ça à des fins politiques à un moment où en plus il va y avoir à nouveau des échéances électorales je trouve que c'est assez peu élégant.
JEAN-LOUIS BALLASSE
Le journal l'Opinion dresse votre portrait chinois ce matin ! Alors, à la question si vous étiez une reine, vous répondez par un personnage d'une série télévisée américaine qui a énormément de succès, c'est « GAME OF THRONES », alors le personnage s'appelle Daenerys, elle est très blonde autant que
FLEUR PELLERIN
Comme moi !
JEAN-LOUIS BALLASSE
Que vous êtes brune, vous dites elle est la surprise, celle qui prend en main son destin dans un univers hostile, avec un esprit conquérant dans des modalités très féminines. C'est vous quoi, Fleur PELLERIN ?
FLEUR PELLERIN
Je ne sais pas si c'est moi ! Je trouvais amusant, c'est une boutade, je trouvais ça amusant - parce que je trouve que c'est une série remarquable à tout point de vue - réalisation, le scénario et j'aimerais que la France puisse aussi produire et exporter des séries de ce type - et je crois qu'elle sera d'ailleurs très prochainement capable de le faire - donc c'est à la fois un personnage que je trouve effectivement inattendu, parce qu'au début de la série on la voit un petit peu secondaire, un peu humiliée, etc., et puis finalement elle prend progressivement de l'ampleur jusqu'à devenir une forme de femme conquérante, reine, en majesté, et je trouve que c'est un personnage rigolo.
JEAN-LOUIS BALLASSE
Donc, avis aux scénaristes qui nous écoutent, Fleur PELLERIN prend toutes vos propositions. Merci, bonne journée.
FLEUR PELLERIN
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 août 2014