Texte intégral
BRUNO DUVIC
Stéphane LE FOLL, le ministre de l'Agriculture, porte-parole du gouvernement, est ce matin l'invité de FANCE INTER, bonjour monsieur
STEPHANE LE FOLL
Bonjour.
BRUNO DUVIC
Et merci à Guillaume, du Maine, de FRANCE BLEU MAINE, qui nous permet de vous entendre en duplex depuis Le Mans. Le chiffre de la croissance pour le deuxième trimestre est tombé il y a un peu moins d'heure, monsieur LE FOLL, 0 %, premier commentaire.
STEPHANE LE FOLL
Premier commentaire, pas de satisfaction, un constat - je rappellerai aussi ce matin à tous les auditeurs que semble-t-il en Allemagne même trimestre récession en Allemagne donc il y a un problème européen, problème européen de croissance, problème européen de faible inflation, on va être à 0,4 0,5 d'inflation, on a là un objectif commun : redresser l'ensemble de la zone euro et faire en sorte que des politiques soient menées à léchelle européenne pour redresser cette croissance et retrouver la voie justement de la croissance. Donc, la France est concernée, la France doit faire des efforts, la France fait des efforts et la France doit aussi préparer, travailler, investir et avoir une politique offensive, c'est ce qui sera fait dès la rentrée au mois de septembre.
BRUNO DUVIC
Problème européen, problème tout de même spécifiquement français sans doute monsieur LE FOLL, quasiment tous les moteurs de la croissance sont à l'arrêt : l'investissement, les exportations, tout est au rouge ou au vert très, très pâle ?
STEPHANE LE FOLL
Ecoutez, vous avez pris un bon exemple
BRUNO DUVIC
Qu'est-ce qui ne marche pas ? Allez !
STEPHANE LE FOLL
Le déficit commercial, je voudrais rappeler que quand nous sommes arrives en 2012 le déficit commercial dépassait 70 milliards d'euros, aujourd'hui on arrivera autour de 50 milliards, 70 milliards. Oui ça ne marche pas, là il y a un problème de compétitivité, il y a un problème de redressement productif, ce qui n'a pas été fait pendant les années précédentes. Je rappellerai que le grand engagement de Nicolas SARKOZY quand il est arrivé c'était le bouclier fiscal, nous c'est le redressement productif, c'est l'idée que justement il y a un problème en termes d'investissement, c'est pourquoi d'ailleurs en septembre, à la rentrée le Premier ministre l'a annoncé il y aura une réunion spécifique sur l'investissement en même temps qu'il y aura l'emploi et en même temps qu'on soutiendra le pouvoir d'achat des ménages.
BRUNO DUVIC
En attendant, monsieur LE FOLL, pour l'instant les objectifs du gouvernement que ce soit en termes de croissance pour cette année, que ce soit en termes de déficit public ils ne seront pas tenus ?
STEPHANE LE FOLL
Alors, avec un niveau de croissance comme celui que vous venez d'annoncer, ce que l'INSEE annonce et globalement je l'ai dit au niveau de la zone euro on est dans la même situation, on ne pourra pas atteindre les objectifs de déficits budgétaires qui étaient fixés, c'est clair. Il faut être lucide et dire la vérité aux Français, on ne fera pas 3,8 % de déficit, on fera plus de 4 % - je crois que c'est ce qu'a dit le ministre des Finances - moins de croissance, moins d'inflation, c'est moins de recettes et, donc, c'est une capacité rendue plus difficile de réduire les déficits budgétaires.
BRUNO DUVIC
On a entendu dès votre première intervention le message à l'Europe, est-ce que clairement ce matin il faut abandonner l'objectif, le sacro-saint objectif de déficit public de 3 %, théoriquement la France est censée y arriver l'année prochaine
STEPHANE LE FOLL
Mais ce n'est pas
BRUNO DUVIC
Probablement qu'elle n'y arrivera pas, il faut l'abandonner cet objectif monsieur LE FOLL ?
STEPHANE LE FOLL
Mais ce n'est pas les questions d'abandonner, il y a une nécessité de redresser les comptes publics, mais il s'agit de savoir le tempo qu'on impose, la manière dont on ne le fait, je rappelle aussi d'ailleurs qu'en termes d'inflation les objectifs pour la Banque Centrale Européenne c'est 2 % d'inflation, je l'ai dit on est loin des 2 %. Donc on a tous, par rapport à des objectifs macroéconomiques, des choix stratégiques à faire. Mais il y en a un qui est sûr c'est que, si on ne retrouve pas par l'investissement, par le soutien aux entreprises la voie de la croissance, un peu de croissance, on ne règlera pas les équilibres budgétaires, ni les grandes questions posées par l'emploi et le chômage.
BRUNO DUVIC
Il y a des priorités et donc cet objectif de 3 % il va passer au second plan dans les prochains mois, si je vous comprends bien ?
STEPHANE LE FOLL
Il reste, ça reste un cadre - il y a des traits qui ont été signés - et la France je vous le rappelle a pris un engagement de 50 milliards d'économies qui sont d'ores et déjà en cours et en mise en oeuvre, dès l'année prochaine en 2015 c'est 21 milliards d'économies. Il ne s'agit pas de considérer
BRUNO DUVIC
Et ça ne suffira pas, manifestement ?
STEPHANE LE FOLL
Il ne s'agit pas de considérer que cela ça serait remis en cause, les efforts sont engagés, ils resteront ces efforts engagés par le gouvernement français.
BRUNO DUVIC
Et on n'en fera pas plus !
STEPHANE LE FOLL
Je l'ai dit, chacun
BRUNO DUVIC
On n'en fera pas plus au nom de ce fameux 3 %.
STEPHANE LE FOLL
On n'en fera pas plus. Le Premier ministre l'a dit, on n'en fera pas plus, mais on fera ce qui est de notre responsabilité - parce que chacun a une responsabilité à l'échelle européenne, à l'échelle nationale et au niveau de la zone euro pour l'Euro et l'inflation pour la Banque Centrale Européenne.
BRUNO DUVIC
Mais le bouton sur lequel il faut appuyer, nous dites-vous ce matin, c'est le bouton relance en Europe, investissement en Europe ?
STEPHANE LE FOLL
En tout cas c'est une politique coordonnée qu'il va falloir mettre en place, c'est un choix stratégique pour l'Europe en particulier, avec ce quon appelle ici en France la transition énergétique, parce qu'il y a des grands choix à faire au niveau énergétique pour les années qui viennent. Donc, tout ça cela doit se coordonner - c'est ça l'enjeu - et ça doit être aussi un moyen de débloquer des financements à l'échelle de l'Europe pour permettre à chacun des pays de ne pas rajouter de la dépense au niveau national mais de faire en sorte qu'il y ait un engagement européen pour permettre ces investissements et cette dépense.
BRUNO DUVIC
Et quand l'Europe, via son gouvernement ou via le président quand lAllemagne, pardon, via son gouvernement ou via le président de la Banque Centrale Allemagne dit : « nous, on ne bougera pas d'un iota, on ne changera pas notre politique d'un iota » ça veut dire que c'est mal engagé de réorienter la politique européenne ?
STEPHANE LE FOLL
Je rappelle que, d'après ce que je sais ce matin, l'Allemagne a connu non pas une stagnation mais une légère récession au deuxième trimestre
BRUNO DUVIC
La différence par rapport à la France
STEPHANE LE FOLL
Deuxièmement
BRUNO DUVIC
C'est que ça fait suite à plusieurs mois de croissance et, globalement, dans une économie qui se tient bien ?
STEPHANE LE FOLL
Oui ! Oui, d'accord, je vous arrête tout de suite, oui, oui, on est vous pouvez relativiser mais c'est un fait. Deuxièmement
BRUNO DUVIC
Non ! Mais les situations ne sont pas comparables à 100 %, c'est ce que je veux dire.
STEPHANE LE FOLL
Mais bien sûr elles ne sont pas comparables, je n'ai pas dit que c'était comparable, l'excédent commercial de lAllemagne n'est pas comparable au déficit commercial de la France, ça je vous le confirme, mais il y a un phénomène commun au niveau de la zone euro. Deuxième point, j'entendais ce que vous disiez sur le président de la Banque Centrale Allemande, je le rappelle l'objectif de la Banque Centrale Européenne c'est aussi une inflation à 2 %, on en est loin, on est très loin, donc on a tous à réfléchir et à coordonner les actions à l'échelle de la zone euro et chaque pays aussi à faire les choix stratégiques nécessaires pour redresser son économie, faire en sorte qu'on crée de lemploi et qu'on assure l'avenir, chaque niveau a une part de responsabilité, c'est ça l'engagement qui sera pris par le gouvernement français et par le président de la République.
BRUNO DUVIC
Au niveau français, monsieur LE FOLL, dans les semaines à venir est-ce que pour essayer de relancer un peu la machine on peut attendre de nouvelles initiatives en termes de baisse d'impôts - ça c'est d'ores et déjà prévu peut-être dans le secteur de l'immobilier ?
STEPHANE LE FOLL
Alors vous avez rappelé baisse d'impôts c'est le pouvoir d'achat, parce que l a consommation il faut la soutenir ; 2) l'investissement, il faut soutenir l'investissement, c'est la capacité qu'on a à préparer l'avenir et à créer de lactivité tout de suite, c'est ce qui va se passer je l'ai dit début septembre annoncé par le Premier ministre ; et puis le troisième point, ces des politiques aussi ciblées, spécifiques vous l'avez évoqué dans l'immobilier, je pense que là-dessus il y a un sujet qui concerne la France plus qu'ailleurs et qu'il faut qu'on redonne à ce secteur cette capacité à créer des logements et donc à faire de l'activité, ça fait partie des objectifs qui sont ceux de la rentrée pour le gouvernement, en même temps - je le rappelle - qu'il y aura un volet essentiel consacré aussi à l'emploi au travers de l'apprentissage.
BRUNO DUVIC
Les baisses d'impôts, pour l'instant, on ne les mesure pas bien, on ne sait pas bien quelles catégories de la population seront concernées, si les classes moyennes seront également concernées ?
STEPHANE LE FOLL
Eh bien les baisses d'impôts concerneront, vous le savez, tous ceux qui sont autour et au-delà du SMIC pour faire en sorte qu'on fasse un choix de pouvoir d'achat pour plus de 3 millions de Français, c'est ça lobjectif, donc toutes les mesures qui seront prises suite à la décision qui avait été prise par le Conseil constitutionnel sont en train d'être préparées avec cet objectif-là. Le pouvoir d'achat c'est la capacité qu'on a à soutenir la consommation des ménages et à faire en sorte qu'on soutienne aussi la croissance et que, donc, on obtienne des résultats dans ce domaine.
BRUNO DUVIC
Au fond, monsieur LE FOLL, est-ce qu'il n'y a pas un non-dit dans la politique économique, le Pacte de responsabilité - les baisses de charges à destination des entreprises - mettra du temps à produire ses effets, tous les économistes le disent 2016, 2017, entre temps la situation actuelle d'une économie quasiment à l'arrêt risque de se prolonger ? Pourquoi n'avoir pas assumé le fait que ces baisses de charges, eh bien, elles mettront du temps à produire des résultats ?
STEPHANE LE FOLL
Je crois que ce n'est pas de ne pas l'assumer, c'est un constat que vous êtes, il est juste, le Pacte de responsabilité je l'ai dit - c'est partir du constat de la perte de compétitivité de l'économie française avec les résultats catastrophiques qui étaient ceux du commerce extérieur quand nous sommes arrivés, je le redis 72 milliards d'euros de déficit commercial. A partir de là il faut remettre une économie en route, pour remettre cette économie en route il faut redonner aux entreprises des capacités à investir, à autofinancer, à innover - et ça c'est vrai ça prend du temps - mais c'est absolument nécessaire, parce qu'à à terme c'est ce qui permettra à l'économie française de se redresser durablement. Et en même temps il faut des politiques conjoncturelles, tout de suite, c'est, je l'ai dit, le Pacte de solidarité avec le Pacte de responsabilité sur le pouvoir d'achat et la baisse d'impôts, c'est aussi l'investissement qu'il faut soutenir et puis c'est des choix à l'échelle européenne qu'il faut conforter pour faire en sorte que la zone euro soit en capacité de redresser aussi globalement son économie.
BRUNO DUVIC
Soutien à l'investissement, vous insistez là-dessus, concrètement ça passera par quelles mesures le soutien à l'investissement ?
STEPHANE LE FOLL
Eh bien concrètement c'est toutes les mesures qui viennent en appui à la fois à l'investissement privé, c'est-à-dire celui des entreprises - avec la Banque Publique d'Investissement, la mobilisation de la Caisse des Dépôts- et aussi l'investissement public, c'est-à-dire tout ce qui tourne autour de l'investissement, on parlait tout à l'heure de l'immobilier, il y a des enjeux spécifiques dans ce domaine-là. Donc, cette discussion est engagée et elle débouchera sur les Assises de l'investissement au début septembre.
BRUNO DUVIC
En tout cas le président de la République et le Premier ministre avaient promis une rentrée difficile dès le 14 août, on y est, c'est déjà la rentrée difficile ?
STEPHANE LE FOLL
Alors ce n'est pas une promesse, c'est un constat
BRUNO DUVIC
Oui !
STEPHANE LE FOLL
Et c'est une situation qui, pour tous les responsables et au niveau du gouvernement, du Premier ministre et du président de la République nécessite d'abord une mobilisation, mais on avait avec les premiers chiffres et les premières estimations on savait qu'il n'y aurait pas le niveau de croissance qui serait là au rendez-vous au deuxième trimestre et, en conséquence, il faut se mobiliser, s'adapter, mais surtout se mobiliser.
BRUNO DUVIC
Stéphane LE FOLL invite de FRANCE INTER jusqu'à 8 h 55. Dans la deuxième partie de cet entretien nous parlerons également des conséquences de l'embargo russe pour la filière agroalimentaire en France, la livraison d'armes aux Kurdes et puis tous les sujets que vous souhaitez, appelez au 01.45.24.7000, franceinter.fr et sur Twitter vous pouvez intervenir également avec le mot-clé Interactiv, sans « e ».
source : Service d'information du Gouvernement, le 18 août 2014
Stéphane LE FOLL, le ministre de l'Agriculture, porte-parole du gouvernement, est ce matin l'invité de FANCE INTER, bonjour monsieur
STEPHANE LE FOLL
Bonjour.
BRUNO DUVIC
Et merci à Guillaume, du Maine, de FRANCE BLEU MAINE, qui nous permet de vous entendre en duplex depuis Le Mans. Le chiffre de la croissance pour le deuxième trimestre est tombé il y a un peu moins d'heure, monsieur LE FOLL, 0 %, premier commentaire.
STEPHANE LE FOLL
Premier commentaire, pas de satisfaction, un constat - je rappellerai aussi ce matin à tous les auditeurs que semble-t-il en Allemagne même trimestre récession en Allemagne donc il y a un problème européen, problème européen de croissance, problème européen de faible inflation, on va être à 0,4 0,5 d'inflation, on a là un objectif commun : redresser l'ensemble de la zone euro et faire en sorte que des politiques soient menées à léchelle européenne pour redresser cette croissance et retrouver la voie justement de la croissance. Donc, la France est concernée, la France doit faire des efforts, la France fait des efforts et la France doit aussi préparer, travailler, investir et avoir une politique offensive, c'est ce qui sera fait dès la rentrée au mois de septembre.
BRUNO DUVIC
Problème européen, problème tout de même spécifiquement français sans doute monsieur LE FOLL, quasiment tous les moteurs de la croissance sont à l'arrêt : l'investissement, les exportations, tout est au rouge ou au vert très, très pâle ?
STEPHANE LE FOLL
Ecoutez, vous avez pris un bon exemple
BRUNO DUVIC
Qu'est-ce qui ne marche pas ? Allez !
STEPHANE LE FOLL
Le déficit commercial, je voudrais rappeler que quand nous sommes arrives en 2012 le déficit commercial dépassait 70 milliards d'euros, aujourd'hui on arrivera autour de 50 milliards, 70 milliards. Oui ça ne marche pas, là il y a un problème de compétitivité, il y a un problème de redressement productif, ce qui n'a pas été fait pendant les années précédentes. Je rappellerai que le grand engagement de Nicolas SARKOZY quand il est arrivé c'était le bouclier fiscal, nous c'est le redressement productif, c'est l'idée que justement il y a un problème en termes d'investissement, c'est pourquoi d'ailleurs en septembre, à la rentrée le Premier ministre l'a annoncé il y aura une réunion spécifique sur l'investissement en même temps qu'il y aura l'emploi et en même temps qu'on soutiendra le pouvoir d'achat des ménages.
BRUNO DUVIC
En attendant, monsieur LE FOLL, pour l'instant les objectifs du gouvernement que ce soit en termes de croissance pour cette année, que ce soit en termes de déficit public ils ne seront pas tenus ?
STEPHANE LE FOLL
Alors, avec un niveau de croissance comme celui que vous venez d'annoncer, ce que l'INSEE annonce et globalement je l'ai dit au niveau de la zone euro on est dans la même situation, on ne pourra pas atteindre les objectifs de déficits budgétaires qui étaient fixés, c'est clair. Il faut être lucide et dire la vérité aux Français, on ne fera pas 3,8 % de déficit, on fera plus de 4 % - je crois que c'est ce qu'a dit le ministre des Finances - moins de croissance, moins d'inflation, c'est moins de recettes et, donc, c'est une capacité rendue plus difficile de réduire les déficits budgétaires.
BRUNO DUVIC
On a entendu dès votre première intervention le message à l'Europe, est-ce que clairement ce matin il faut abandonner l'objectif, le sacro-saint objectif de déficit public de 3 %, théoriquement la France est censée y arriver l'année prochaine
STEPHANE LE FOLL
Mais ce n'est pas
BRUNO DUVIC
Probablement qu'elle n'y arrivera pas, il faut l'abandonner cet objectif monsieur LE FOLL ?
STEPHANE LE FOLL
Mais ce n'est pas les questions d'abandonner, il y a une nécessité de redresser les comptes publics, mais il s'agit de savoir le tempo qu'on impose, la manière dont on ne le fait, je rappelle aussi d'ailleurs qu'en termes d'inflation les objectifs pour la Banque Centrale Européenne c'est 2 % d'inflation, je l'ai dit on est loin des 2 %. Donc on a tous, par rapport à des objectifs macroéconomiques, des choix stratégiques à faire. Mais il y en a un qui est sûr c'est que, si on ne retrouve pas par l'investissement, par le soutien aux entreprises la voie de la croissance, un peu de croissance, on ne règlera pas les équilibres budgétaires, ni les grandes questions posées par l'emploi et le chômage.
BRUNO DUVIC
Il y a des priorités et donc cet objectif de 3 % il va passer au second plan dans les prochains mois, si je vous comprends bien ?
STEPHANE LE FOLL
Il reste, ça reste un cadre - il y a des traits qui ont été signés - et la France je vous le rappelle a pris un engagement de 50 milliards d'économies qui sont d'ores et déjà en cours et en mise en oeuvre, dès l'année prochaine en 2015 c'est 21 milliards d'économies. Il ne s'agit pas de considérer
BRUNO DUVIC
Et ça ne suffira pas, manifestement ?
STEPHANE LE FOLL
Il ne s'agit pas de considérer que cela ça serait remis en cause, les efforts sont engagés, ils resteront ces efforts engagés par le gouvernement français.
BRUNO DUVIC
Et on n'en fera pas plus !
STEPHANE LE FOLL
Je l'ai dit, chacun
BRUNO DUVIC
On n'en fera pas plus au nom de ce fameux 3 %.
STEPHANE LE FOLL
On n'en fera pas plus. Le Premier ministre l'a dit, on n'en fera pas plus, mais on fera ce qui est de notre responsabilité - parce que chacun a une responsabilité à l'échelle européenne, à l'échelle nationale et au niveau de la zone euro pour l'Euro et l'inflation pour la Banque Centrale Européenne.
BRUNO DUVIC
Mais le bouton sur lequel il faut appuyer, nous dites-vous ce matin, c'est le bouton relance en Europe, investissement en Europe ?
STEPHANE LE FOLL
En tout cas c'est une politique coordonnée qu'il va falloir mettre en place, c'est un choix stratégique pour l'Europe en particulier, avec ce quon appelle ici en France la transition énergétique, parce qu'il y a des grands choix à faire au niveau énergétique pour les années qui viennent. Donc, tout ça cela doit se coordonner - c'est ça l'enjeu - et ça doit être aussi un moyen de débloquer des financements à l'échelle de l'Europe pour permettre à chacun des pays de ne pas rajouter de la dépense au niveau national mais de faire en sorte qu'il y ait un engagement européen pour permettre ces investissements et cette dépense.
BRUNO DUVIC
Et quand l'Europe, via son gouvernement ou via le président quand lAllemagne, pardon, via son gouvernement ou via le président de la Banque Centrale Allemagne dit : « nous, on ne bougera pas d'un iota, on ne changera pas notre politique d'un iota » ça veut dire que c'est mal engagé de réorienter la politique européenne ?
STEPHANE LE FOLL
Je rappelle que, d'après ce que je sais ce matin, l'Allemagne a connu non pas une stagnation mais une légère récession au deuxième trimestre
BRUNO DUVIC
La différence par rapport à la France
STEPHANE LE FOLL
Deuxièmement
BRUNO DUVIC
C'est que ça fait suite à plusieurs mois de croissance et, globalement, dans une économie qui se tient bien ?
STEPHANE LE FOLL
Oui ! Oui, d'accord, je vous arrête tout de suite, oui, oui, on est vous pouvez relativiser mais c'est un fait. Deuxièmement
BRUNO DUVIC
Non ! Mais les situations ne sont pas comparables à 100 %, c'est ce que je veux dire.
STEPHANE LE FOLL
Mais bien sûr elles ne sont pas comparables, je n'ai pas dit que c'était comparable, l'excédent commercial de lAllemagne n'est pas comparable au déficit commercial de la France, ça je vous le confirme, mais il y a un phénomène commun au niveau de la zone euro. Deuxième point, j'entendais ce que vous disiez sur le président de la Banque Centrale Allemande, je le rappelle l'objectif de la Banque Centrale Européenne c'est aussi une inflation à 2 %, on en est loin, on est très loin, donc on a tous à réfléchir et à coordonner les actions à l'échelle de la zone euro et chaque pays aussi à faire les choix stratégiques nécessaires pour redresser son économie, faire en sorte qu'on crée de lemploi et qu'on assure l'avenir, chaque niveau a une part de responsabilité, c'est ça l'engagement qui sera pris par le gouvernement français et par le président de la République.
BRUNO DUVIC
Au niveau français, monsieur LE FOLL, dans les semaines à venir est-ce que pour essayer de relancer un peu la machine on peut attendre de nouvelles initiatives en termes de baisse d'impôts - ça c'est d'ores et déjà prévu peut-être dans le secteur de l'immobilier ?
STEPHANE LE FOLL
Alors vous avez rappelé baisse d'impôts c'est le pouvoir d'achat, parce que l a consommation il faut la soutenir ; 2) l'investissement, il faut soutenir l'investissement, c'est la capacité qu'on a à préparer l'avenir et à créer de lactivité tout de suite, c'est ce qui va se passer je l'ai dit début septembre annoncé par le Premier ministre ; et puis le troisième point, ces des politiques aussi ciblées, spécifiques vous l'avez évoqué dans l'immobilier, je pense que là-dessus il y a un sujet qui concerne la France plus qu'ailleurs et qu'il faut qu'on redonne à ce secteur cette capacité à créer des logements et donc à faire de l'activité, ça fait partie des objectifs qui sont ceux de la rentrée pour le gouvernement, en même temps - je le rappelle - qu'il y aura un volet essentiel consacré aussi à l'emploi au travers de l'apprentissage.
BRUNO DUVIC
Les baisses d'impôts, pour l'instant, on ne les mesure pas bien, on ne sait pas bien quelles catégories de la population seront concernées, si les classes moyennes seront également concernées ?
STEPHANE LE FOLL
Eh bien les baisses d'impôts concerneront, vous le savez, tous ceux qui sont autour et au-delà du SMIC pour faire en sorte qu'on fasse un choix de pouvoir d'achat pour plus de 3 millions de Français, c'est ça lobjectif, donc toutes les mesures qui seront prises suite à la décision qui avait été prise par le Conseil constitutionnel sont en train d'être préparées avec cet objectif-là. Le pouvoir d'achat c'est la capacité qu'on a à soutenir la consommation des ménages et à faire en sorte qu'on soutienne aussi la croissance et que, donc, on obtienne des résultats dans ce domaine.
BRUNO DUVIC
Au fond, monsieur LE FOLL, est-ce qu'il n'y a pas un non-dit dans la politique économique, le Pacte de responsabilité - les baisses de charges à destination des entreprises - mettra du temps à produire ses effets, tous les économistes le disent 2016, 2017, entre temps la situation actuelle d'une économie quasiment à l'arrêt risque de se prolonger ? Pourquoi n'avoir pas assumé le fait que ces baisses de charges, eh bien, elles mettront du temps à produire des résultats ?
STEPHANE LE FOLL
Je crois que ce n'est pas de ne pas l'assumer, c'est un constat que vous êtes, il est juste, le Pacte de responsabilité je l'ai dit - c'est partir du constat de la perte de compétitivité de l'économie française avec les résultats catastrophiques qui étaient ceux du commerce extérieur quand nous sommes arrivés, je le redis 72 milliards d'euros de déficit commercial. A partir de là il faut remettre une économie en route, pour remettre cette économie en route il faut redonner aux entreprises des capacités à investir, à autofinancer, à innover - et ça c'est vrai ça prend du temps - mais c'est absolument nécessaire, parce qu'à à terme c'est ce qui permettra à l'économie française de se redresser durablement. Et en même temps il faut des politiques conjoncturelles, tout de suite, c'est, je l'ai dit, le Pacte de solidarité avec le Pacte de responsabilité sur le pouvoir d'achat et la baisse d'impôts, c'est aussi l'investissement qu'il faut soutenir et puis c'est des choix à l'échelle européenne qu'il faut conforter pour faire en sorte que la zone euro soit en capacité de redresser aussi globalement son économie.
BRUNO DUVIC
Soutien à l'investissement, vous insistez là-dessus, concrètement ça passera par quelles mesures le soutien à l'investissement ?
STEPHANE LE FOLL
Eh bien concrètement c'est toutes les mesures qui viennent en appui à la fois à l'investissement privé, c'est-à-dire celui des entreprises - avec la Banque Publique d'Investissement, la mobilisation de la Caisse des Dépôts- et aussi l'investissement public, c'est-à-dire tout ce qui tourne autour de l'investissement, on parlait tout à l'heure de l'immobilier, il y a des enjeux spécifiques dans ce domaine-là. Donc, cette discussion est engagée et elle débouchera sur les Assises de l'investissement au début septembre.
BRUNO DUVIC
En tout cas le président de la République et le Premier ministre avaient promis une rentrée difficile dès le 14 août, on y est, c'est déjà la rentrée difficile ?
STEPHANE LE FOLL
Alors ce n'est pas une promesse, c'est un constat
BRUNO DUVIC
Oui !
STEPHANE LE FOLL
Et c'est une situation qui, pour tous les responsables et au niveau du gouvernement, du Premier ministre et du président de la République nécessite d'abord une mobilisation, mais on avait avec les premiers chiffres et les premières estimations on savait qu'il n'y aurait pas le niveau de croissance qui serait là au rendez-vous au deuxième trimestre et, en conséquence, il faut se mobiliser, s'adapter, mais surtout se mobiliser.
BRUNO DUVIC
Stéphane LE FOLL invite de FRANCE INTER jusqu'à 8 h 55. Dans la deuxième partie de cet entretien nous parlerons également des conséquences de l'embargo russe pour la filière agroalimentaire en France, la livraison d'armes aux Kurdes et puis tous les sujets que vous souhaitez, appelez au 01.45.24.7000, franceinter.fr et sur Twitter vous pouvez intervenir également avec le mot-clé Interactiv, sans « e ».
source : Service d'information du Gouvernement, le 18 août 2014