Interview de M. Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du gouvernement, à "RMC/BFMTV" le 27 août 2014, sur le remaniement ministériel et les différents chantiers du nouveau gouvernement.

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Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN
Notre invité ce matin Stéphane LE FOLL, ministre de l‘Agriculture et porte-parole du gouvernement, bonjour.
STEPHANE LE FOLL
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes toujours porte-parole du gouvernement ?
STEPHANE LE FOLL
Toujours porte-parole.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Toujours, oui, toujours. Est-ce que le chômage va continuer à augmenter ?
STEPHANE LE FOLL
François REBSAMEN a été assez clair et le Premier ministre hier soir aussi, la croissance étant ce qu'elle est, je crains malheureusement que les chiffres ne soient pas ceux que nous espérons, qu'ils soient...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, le chômage va augmenter ?
STEPHANE LE FOLL
Et donc le chômage risque d'augmenter.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Il va augmenter, pas il risque, vous savez ?
STEPHANE LE FOLL
Je ne peux pas...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'avez pas les chiffres, mais enfin…
STEPHANE LE FOLL
J'anticipe ! Je n'ai pas les chiffres, je ne vais pas faire des annonces, des prédictions…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Bon.
STEPHANE LE FOLL
Mais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon !
STEPHANE LE FOLL
Voilà !
JEAN-JACQUES BOURDIN
« La gauche est censée changer le réel, mais, compte tenu des contraintes, changer le réel sera compliqué », c'est Emmanuel qui dit cela, vous êtes d'accord avec lui ?
STEPHANE LE FOLL
Oui ! Sur cette formule. Il y en a d'autres aussi, comme celle de JAURES : « il faut comprendre le réel pour aller à l'idéal…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
STEPHANE LE FOLL
Et on ne peut pas aller à l'idéal si on n'est pas capable de s'adapter au réel et de changer le réel ». Bon ! Voilà…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ca veut dire que ce nouveau gouvernement…
STEPHANE LE FOLL
C'est une vieille histoire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce nouveau gouvernement est dans le réel plutôt que dans l'idéal de gauche ?
STEPHANE LE FOLL
Il a des valeurs et un idéal, celui de construire une société, une France qui permette à tous d'accéder la réussite, d'avoir des ambitions, de les réaliser, c'est l'enseignement, c'est l'éducation… et puis une France qui existe économiquement, politiquement, dans le monde et dans l'Europe, voilà le réel. Mais le réel c'est une zone euro en difficulté, qui perd de la croissance, c'est des pays qui ont beaucoup plus de difficultés que nous, c‘est un monde avec la guerre en Ukraine, la guerre en Irak, la guerre en Syrie – je salue la trêve et j'espère le cessez-le-feu à Gaza – et le terrorisme en Afrique, voilà la situation. Donc le réel il est là, l'idéal il reste, entre les 2 il y a l'action politique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, on a choisi le réel ?
STEPHANE LE FOLL
On a choisi de transformer le réel…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Si j'ai bien compris…
STEPHANE LE FOLL
Pour aller vers un idéal.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Si j'ai bien compris, c'est clair cette fois ? Je vous dis, j'emploie volontairement ce mot, puisque pendant quelques mois on a eu le gouvernement de combat - qui finalement n'a rien gagné du tout comme combat – et on a maintenant un gouvernement de clarté, c'est ce que nous a dit le Premier ministre ?
STEPHANE LE FOLL
De clarté…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est dans la clarté, mais quelle…
STEPHANE LE FOLL
De cohérence, jeune aussi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais quelle clarté ? La clarté que nous n'avions pas ?
STEPHANE LE FOLL
La clarté que nous n'avions pas elle s'est exprimée malheureusement et d'une manière d'ailleurs un peu incompréhensible avec Frangy puisqu'était sous-entendu qu'il y avait nécessité de changer de politique et puis quand on regardait bien en fait le débat qu'a eu et qu'a proposé Arnaud MONTEBOURG, c'est vrai, il a eu lieu au sein du gouvernement. Cela dit…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jeudi dernier notamment…
STEPHANE LE FOLL
Cela dit…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Où ça été très chaud ?
STEPHANE LE FOLL
Oui ! Et puis avant, il y a eu plusieurs fois, moi aussi j'ai participé à ce débat, je ne suis pas complètement non plus dans cette capacité, cette volonté de changer le réel pour aller vers le mieux, eh bien il y a des débats – et c'est normal – et c'est à un moment où d'ailleurs le président de la République infléchit avec l'Europe les choix, fait en sorte qu'on avance du côté de ce que souhaitait Arnaud MONTEBOURG sur la croissance, que la Banque Centrale Européenne d'ailleurs avec Mario DRAGHI commence à dire : « on ne peut pas continuer comme ça, donc il faut qu'on se réajuste », qu'on fait des baisses d'impôt pour justement soutenir la consommation des ménages, que Frangy arrive et qu'il y a ce problème politique posé au sein du gouvernement. Donc, il fallait de la cohérence…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien vendredi on le savait déjà !
STEPHANE LE FOLL
Ah bon !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien Le Monde le vendredi, 2 jours avant...
STEPHANE LE FOLL
Oui ! Le vendredi, oui, mais c'est ce que je vous dis, mais c'est ce week-end.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dès le jeudi Laurent FABIUS a pris la parole, il y a eu cette réunion interministérielle autour de Manuel VALLS qui a été très tendue, vous êtes d'accord, c'est vrai ?
STEPHANE LE FOLL
Donc, vous…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous le savez bien ?
STEPHANE LE FOLL
Monsieur BOURDIN, vous confirmez ce que je viens de dire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
STEPHANE LE FOLL
Si vous cherchiez une explication à la nécessité de la…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! Mais je cherche des informations, moi.
STEPHANE LE FOLL
Vous cherchez une explication à la nécessité de la clarté, vous l'avez trouvée. Il y avait...
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'explication, c'est votre problème…
STEPHANE LE FOLL
Oui ! Je la donne, c'est vrai. Bon, vous me posiez la question mais en même temps vous expliquez à nos auditeurs qu'il y a eu ces débats…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y avait besoin de clarté.
STEPHANE LE FOLL
Il y avait besoin… et ces débats, tant qu'ils sont en interne et qui permettent de faire avancer le gouvernement - c'est pourquoi il y a des réunions d'ailleurs de ministres – et le problème c'est que quand on les porte à l'extérieur et quand on est ministre de l'Economie en plus et qu'on dit que ce n'est pas la bonne politique économique, là il y a un problème, donc il fallait de la cohérence, de la clarté et de la jeunesse.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et la bouteille de la cuvée du redressement brandie par Arnaud MONTEBOURG…
STEPHANE LE FOLL
Oui ! Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Comme un défi, rendant François HOLLANDE et Manuel VALLS un peu ridicules, ça n'est pas passé ?
STEPHANE LE FOLL
Ce n'est pas dans le contexte…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ca n'est pas passé ?
STEPHANE LE FOLL
Non ! Ce n'est passé. Et je le rappelle, dans le contexte dans lequel on est, de difficultés économiques, de souffrances pour de nombreux Français, de difficultés internationales avec les guerres que j'évoquais, il faut faire très attention à tout ça, et je pense que celui qui l'a dit le mieux c'est Henri EMMANUELLI - qui est pourtant proche de Benoît HAMON et d'Arnaud MONTEBOURG – il n'a pas compris…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Il était avec nous sur RMC dès hier matin à 7 h 10.
STEPHANE LE FOLL
On n'a pas compris et il n'a pas compris, c'est ce qu'il a du dire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Exactement, c'est ce qu'il a dit.
STEPHANE LE FOLL
Il n'a pas compris que quand on est ministre, 3 ou 5 du gouvernement… c'est vrai que ce qui s'est passé, les images qui ont été renvoyées n‘étaient pas acceptables, c'est ce qui n'a pas été accepté par le Premier ministre et le président de la République.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien ! Stéphane LE FOLL, on va parler évidemment de tous les chantiers, maintenant de tout ce que vous allez faire ou ne pas faire - nous le verrons bien ça – mais tout ce que vous prévoyez pour la France, pour nous tous, parce qu'au-delà de tout ce qui se passe, ce qui nous importe c'est ce qui va se passer. Je voudrais quand même, juste un mot politique, vous avez entendu et vous entendez la gauche de la gauche…
STEPHANE LE FOLL
Oui !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous verrons bien ce qu'elle fait à l'Assemblée, mais dites-moi en 2016 il y aura des primaires avec le président de la République ou pas ?
STEPHANE LE FOLL
Alors, là, je ne sais pas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! Mais je vous dis ça comme ça parce que…
STEPHANE LE FOLL
Oui ! Oui, j'ai bien compris Jean-Jacques BOURDIN et j'imagine…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce qu'Arnaud MONTEBOURG par exemple à quoi pense-t-il ?
STEPHANE LE FOLL
Oui ! Mais j'imagine que même au Parti Socialiste il y a des gens qui vont y penser, qui l'ont déjà dit, on verra.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais est-ce que le président de la République doit participer à des primaires, selon vous ?
STEPHANE LE FOLL
On verra ! D'abord s'il y a des primaires qui sont organisées, c'est une décision du Parti Socialiste qui sera votée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous y êtes favorable, ou pas, vous ?
STEPHANE LE FOLL
Marie-Noëlle LIENEMANN, elle, veut un congrès aujourd'hui alors qu'il y a eu des primaires en 2011....
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Oui.
STEPHANE LE FOLL
Bon ! Il y a des choix comme ça qui se font dans un sens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous êtes favorable à l'organisation des primaires pour dégager le candidat ?
STEPHANE LE FOLL
Mais vous savez quand le débat se posera je m'exprimerai, pour l'instant ça ne m'intéresse pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! Mais vous avez votre idée quand même ?
STEPHANE LE FOLL
Ah ! J'ai sûrement une idée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, c'est laquelle ?
STEPHANE LE FOLL
Eh bien c'est celle que je ne dirai pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Primaires en 2016 ?
STEPHANE LE FOLL
Vous ne ferez pas avouer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Primaires ? Non, mais parce que… Non ! Mais parce qu'évidemment que la question commence à être posée, 2 ans et demi de mandat encore, depuis 2 ans et demi…
STEPHANE LE FOLL
Oui ! J'ai bien compris.
JEAN-JACQUES BOURDIN
2 ans et demi…
STEPHANE LE FOLL
J'ai bien vu que certains se posaient la question d'ailleurs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On était dans la confusion ? Eh oui ! Dans la confusion, non ?
STEPHANE LE FOLL
Ah bon, depuis 2 ans et demi ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Depuis que François HOLLANDE est au pouvoir…
STEPHANE LE FOLL
Quand on est arrivés je rappelle…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu'est-ce qu'on a eu ? On a eu la courbe du chômage qui devait…
STEPHANE LE FOLL
Oui !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Se retourner…
STEPHANE LE FOLL
Oui ! Ca c'est un… c'est une ambition qui a été portée, qui a été…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On avait le redressement qui était annoncé, on avait la croissance qui revenait, on n'a rien eu de tout ça, Stéphane LE FOLL ?
STEPHANE LE FOLL
Cette inversion de la courbe du chômage a été une ambition pour se mobiliser ! Au fond, on a raté l'objectif - pas énormément, mais on l'a raté - donc il faut recommencer et on voit bien que sur cette question il y a à la fois l'emploi aidé public et puis il faut prendre le relais avec l'emploi marchand privé, si on n'a pas les 2, on n'y arrivera pas. Bon ! Et c'est pourquoi il y a eu le Pacte de responsabilité, et c'est pourquoi on a poursuivi… d'ailleurs des choix stratégiques qui ont été fixés de manière très claire – et là j'en viens peut-être à la question d'Emmanuel MACRON – au moment du rapport GALLOIS et qui reste la priorité du gouvernement : si on ne redresse pas la situation de nos entreprises, on n'y arrivera pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors c'est très intéressant, rapport ATTALI - il a participé à cette commission ATTALI voulue par Nicolas SARKOZY – et rapport GALLOIS, je vais en parler. Un mot quand même sur Emmanuel MACRON ! Est-il l'incarnation d'une gauche dont la finance n'est pas l'ennemie ?
STEPHANE LE FOLL
Il est un ministre aujourd'hui qui a eu une carrière, d'ailleurs assez brillante en termes d'études - je regarde tout ça moi, peut-être comme vous, on n'a pas été…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non !
STEPHANE LE FOLL
De cette école, de cette élite, eh bien ce n'est pas pour autant qu'on n'est pas là ce matin donc – et, en même temps, il a fait à un moment un choix qui a été celui d'une banque que je ne nommerai pas, je pense qu'il y en a d'autres…
JEAN-JACQUES BOURDIN
ROTHSCHILD !
STEPHANE LE FOLL
Il y en a d'autres qui ont eu ce moment, ces carrières, quand on est comme lui inspecteur des finances… Eh bien voilà ! Est-ce que ça change son engagement politique ? Non ! Est-ce que parce qu'à un moment on a fait le choix d'être dans une banque on sera ad vitam aeternam banquier ? Non ! Est-ce que sur les grands choix qu'a faits Arnaud MONTEBOURG sur les plans industriels, sur le made in France, Emmanuel MACRON était opposé ? Non ! Est-ce qu'il faut qu'on continue dans cette voie ? Oui ! Et il n'y a pas de changement de ce côté-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est l‘un des auteurs du Pacte de responsabilité ?
STEPHANE LE FOLL
Oui !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon !
STEPHANE LE FOLL
On l'assume ce Pacte de responsabilité. Et si les entreprises nous disaient tout de suite…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors j'entre dans le concret, hausse de la TVA retenue dans le projet de loi de finance ou pas ?
STEPHANE LE FOLL
Non ! Le Premier ministre l'a dit.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ?
STEPHANE LE FOLL
Le Premier ministre a répété, c'était hier je crois…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
STEPHANE LE FOLL
Que ce n'était pas du tout à l'ordre du jour - qu'il y ait des notes qui circulent, qu'il y ait des débats qui s'organisent sur le même sujet pour savoir comment on fait pour essayer de trouver les bonnes solutions ça me parait normal - aujourd'hui je réponds non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Autre question ! La réforme des professions réglementées, oui ou non ?
STEPHANE LE FOLL
Ah ça c'est engagé, ça fait partie d'un projet de loi que devait présenter Arnaud MONTEBOURG, j'imagine, je présume, je souhaite que ce qui a été engagé par Arnaud MONTEBOURG sur ce sujet soit repris par Emmanuel MACRON.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Oui ! Oui, repris par Emmanuel MACRON qui lui est favorable puisqu'il faisait partie de la fameuse commission ATTALI qui défendait cette réglementation de ces professions ?
STEPHANE LE FOLL
Qui défendait…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous l'avez lu, hein…
STEPHANE LE FOLL
Oui !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce rapport ATTALI ?
STEPHANE LE FOLL
Qui défendait l'idée qu'on devait aussi permettre, en modifiant les règles dans toutes ces professions, de donner plus de pouvoir d'achat et donc…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, les règles seront modifiées ?
STEPHANE LE FOLL
Donc ce que faisait Arnaud MONTEBOURG c'est un projet de loi, vous me demandez : est-ce qu'Emmanuel MACRON va le poursuivre ? Oui ! Je pense qu'il va le poursuivre…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Très bien.
STEPHANE LE FOLL
C'est la même ligne, là-dessus il n'y a aucun changement, alors peut-être sans la marinière mais sur la ligne on reste sur la même ligne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La libéralisation du travail le dimanche !
STEPHANE LE FOLL
Là aussi ça fait partie des débats qui sont ouverts ! Il y a eu déjà des propositions, il y a déjà eu un rapport sur cette question et ça se fera avec les règles nécessaires mais avec une volonté…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ça se fera ?
STEPHANE LE FOLL
Avec une volonté d'aller vers la possibilité qui doit être donnée à la France de pouvoir aussi accueillir comme l'a dit Laurent FABIUS dans les moments où les touristes sont là et d'avoir une activité économique et de la création d'emplois.
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'attraction de la France était d'ailleurs…
STEPHANE LE FOLL
L'attractivité oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'attractivité oui, c'est mieux, c'était d'ailleurs ce qu'a dit Laurent FABIUS jeudi dernier en préambule.
STEPHANE LE FOLL
Il a commencé par dire ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh oui ! Vous voyez.
STEPHANE LE FOLL
Je n'étais pas là parce que j'étais à La Réunion, je suis honnête avec vous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Très bien. Les seuils sociaux, là aussi…
STEPHANE LE FOLL
Là aussi ! Et là je vais vous dire quelque chose…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y !
STEPHANE LE FOLL
Qui est dans ma réflexion depuis longtemps, on a cette capacité en France dans le débat politique à débattre de l'outil et à oublier systématiquement l'objectif et, là, c'est typique. Il y a un outil, c'est des seuils, mais quel est l'objectif ? C'est que dans toutes les entreprises de France il y ait une représentation syndicale, une possibilité de dialogue, une possibilité pour les salariés d'être représentés. Est-ce qu'avec les seuils c'est effectif, question qu'on devrait se poser ? Non !parce qu'aujourd'hui dans plein d'entreprises il n'y a pas, donc on met des règles qui sont elles-mêmes souvent - alors c'est ce que dit le patronat – limitatives pour le développement, parce que quand on arrive au niveau, eh bien, on s'arrête et au bout du compte l'objectif qui est moi celui que je poursuivrai, celui que François REBSAMEN souhaite possible, qui est celui du dialogue partout dans toutes les entreprises, celui-là on finit par l'oublier. Donc discutons de l'objectif, regardons quels sont les meilleurs outils pour y arriver et faisons en sorte que sur ce débat on ne reste pas sur des seuils, qu'on garde l'objectif et qu'on offre des perspectives de créations d'emploi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc ça va être modifié, ça va être modifié ?
STEPHANE LE FOLL
Donc, il y a une discussion qui est en cours et qui doit aller vers l'objectif qui – je le dis - doit rester…
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'un changement des règles ?
STEPHANE LE FOLL
Changement peut-être des règles, avec un seul objectif : la possibilité d‘avoir une représentation des salariés partout… Voilà ! C'est ça qui doit rester comme objectif politique, ne confondons pas l'outil, regardons l'objectif. Je me souviens de débats sur d'autres sujets, la taxe carbone c'était la taxe, l'outil, l'objectif c'est quoi ? La réduction de la lutte contre l'effet de serre ; je me souviens des questions sur la carte scolaire, la carte scolaire pourquoi ? C'est la mixité sociale, est-ce qu'on est d'accord sur l'objectif et puis après on regarde l'outil… Voilà !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je pense…
STEPHANE LE FOLL
Je vous donne ces exemples-là parce que ça cela me… ça fait partie des réflexions que je conduis moi-même tout seul et qui m'ont toujours fait douter là de la capacité qu'on a à changer dans notre pays parce qu'on s'accroche pas là où il faut.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La capacité qu'on a à changer. La loi logement de Cécile DUFLOT, très contestée, très discutée, même au sein du gouvernement vous le reconnaissez ?
STEPHANE LE FOLL
Je le reconnais ! Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle est insuffisante cette loi, elle est…
STEPHANE LE FOLL
Je ne sais pas ! Elle n'est pas toujours…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'elle favorise la construction, parce que quand même...
STEPHANE LE FOLL
Alors, réponse, est-ce qu'aujourd'hui la chute de la construction est liée à l'application de la loi ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non !
STEPHANE LE FOLL
Non !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, parce que la loi n'est pas appliquée, on est d'accord.
STEPHANE LE FOLL
Donc, il y a bien un problème.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Mais… Est-ce que la loi voilà encourage la construction, c'est la question ?
STEPHANE LE FOLL
La question, c'est bien ça, c'est bien pourquoi au vu de ce que l'on constate et avec la situation de faiblesse de la construction aujourd'hui, des propositions seront faites par le Premier ministre…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand ? Quand ?
STEPHANE LE FOLL
Demain, je crois.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Demain ?
STEPHANE LE FOLL
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur le logement ?
STEPHANE LE FOLL
Sur les questions du logement, il l'a annoncé hier soir, je crois, il fera des propositions sur cette question.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-il vrai que vous allez évaluer le Crédit Impôt Compétitivité Emploi ?
STEPHANE LE FOLL
C'est en cours à l'Assemblée nationale.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quatre milliards d'euros versés sur les 10 milliards prévus.
STEPHANE LE FOLL
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pourquoi tant de temps perdu ?
STEPHANE LE FOLL
Parce que l'application du Crédit d'impôt Compétitivité s'est fait en 2014, il y a eu des avances en 2013, c'est un crédit d'impôt, d'accord ? Donc, la mise en oeuvre générale de cette mesure se fait en 2014. Et là, il faut qu'on regarde ce qui se passe, et on s'aperçoit que toutes les entreprises ne demandent pas le Crédit d'impôt Compétitivité Emploi, il faut qu'on regarde, il y a donc une évaluation, elle est en cours. J'ai rencontré des députés, ils sont, dans la commission économique je crois, sur cette évaluation, et c'est très important. Très important aussi, d'ailleurs, que le Parlement soit le lieu de l'évaluation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que le retour de la défiscalisation des heures supplémentaires est une idée qui vous plaît ou ? Non, parce que ça a été évoqué ici ou là par certains hommes de gauche.
STEPHANE LE FOLL
Oui, mais là je ne sais pas par qui, je n'ai pas d'avis là-dessus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon d'accord, vous n'avez pas d'avis, on ne va pas en parler.
STEPHANE LE FOLL
Non, là-dessus, sur ce sujet… ce n'est pas que je n'ai pas une réflexion là-dessus, je sais une chose, c'est que les heures supplémentaires…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça a été une erreur ça ?
STEPHANE LE FOLL
C'était… le fait qu'elles soient moins chères que l'heure normale, faisait que vous aviez une subvention à l'heure supplémentaire, par rapport à l'heure normale, et que vous incitiez plutôt à faire des heures supplémentaires, qu'à embaucher, c'était la question.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça donnait du pouvoir d'achat.
STEPHANE LE FOLL
La question qui était posée derrière, c'est que ça ne créée pas, ou ce n'était pas une incitation à créer de l'emploi. Je vous rappelle le taux de chômage, voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais je vous rappelle le pouvoir d'achat des Français.
STEPHANE LE FOLL
Eh bien je vous rappelle que le pouvoir d'achat c'est aussi les baisses d'impôt qui sont annoncées, c'est aussi la prime de rentrée scolaire, c'est aussi des choses comme ça. Alors après, on peut discuter, et je comprends que ce n'est pas si facile à régler, mais voilà le débat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que le gouvernement va agir par ordonnances, notamment sur le redécoupage des régions ? Je vous dis ça parce qu'il faudrait peut-être un peu accélérer la procédure. Le Sénat, que va-t-il se passer au Sénat ? La loi…
STEPHANE LE FOLL
Je ne peux pas vous dire. Il y a une élection en tout cas là aussi au mois de septembre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, oui, vous allez la perdre probablement, nous verrons bien.
STEPHANE LE FOLL
On va tout faire pour la gagner.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais ce qui va se passer c'est que la loi va être retoquée, au Sénat, deuxième lecture à l'Assemblée nationale, c'est-à-dire qu'on va encore perdre du temps.
STEPHANE LE FOLL
Oui, non mais c'est vrai que la démocratie…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'on doit agir par ordonnances dans ces cas-là ?
STEPHANE LE FOLL
La démocratie a un temps, qui n'est peut-être pas celui qu'on voudrait pour pouvoir agir, mais c'est le temps de la démocratie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais est-ce qu'il faut agir par ordonnances sur ces questions là ?
STEPHANE LE FOLL
A chaque fois qu'on le peut, et le président de la République l'a dit, il faut le faire, mais en même temps on a à respecter ce que sont nos institutions, surtout sur des grands débats, des grandes orientations.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai encore plein de questions Stéphane LE FOLL. La première question, enfin la première, de cette fin…
STEPHANE LE FOLL
Non, ce n'est pas la première.
JEAN-JACQUES BOURDIN
De cette fin. Les conseils généraux dans les zones rurales, seront-ils supprimés ?
STEPHANE LE FOLL
Je ne crois pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils ne seront pas supprimés ?
STEPHANE LE FOLL
Je ne crois pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça c'est un changement, ça dites-moi, c'est une information que vous nous donnez là.
STEPHANE LE FOLL
Non, ce n'est pas un changement, parce que si vous regardez, si vous relisez le discours du Premier ministre au Sénat quand il est arrivé, après son discours de politique générale à l'Assemblée nationale, il avait commencé à dire qu'il pouvait y avoir, dans la réforme territoriale, de la différenciation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc les conseils généraux dans les…
STEPHANE LE FOLL
Qu'est-ce que c'était que la différenciation ? C'était le fait que, quand vous avez une grande agglo, qui dans un département représente la majorité, et de l'activité économique, et de la population, ce n'est pas la même chose que quand vous êtes dans un département où il n'y a pas une agglomération qui structure l'ensemble du département. Et je connais des exemples partout où cette structure est différente et où, dans les départements ruraux, où il n'y a pas de grandes agglomérations, il y a une nécessité à garder un outil, voilà, un outil qui a comme objectif d'assurer la solidarité au niveau du territoire, et le développement économique, et un certain nombre de services, et cet outil, pour l'instant, c'est le conseil général.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Stéphane LE FOLL, vous êtes ministre de l'Agriculture, ce matin le président de la Fédération des éleveurs bovins est venu chez nous, sur RMC, il était très en colère, très en colère, notamment contre la grande distribution. Je me souviens que vous aviez rappelé à l'ordre la grande distribution, lors d'une réunion au sommet, à Bercy, le gouvernement, mais rien n'est sorti de cette réunion finalement, et aujourd'hui, la situation des éleveurs bovins est catastrophique, 300 euros perdus par tête depuis le début de l'année, en 1 an. Que dites-vous ce matin aux éleveurs de bovins ?
STEPHANE LE FOLL
On avait eu une réunion, d'ailleurs avec Arnaud MONTEBOURG, c'était avant l'été, sur cette question, avec la grande distribution, j'en aurai à nouveau. On est dans une phase de déflation, de déflation, de faible inflation, très faible, même sur les prix alimentaires, et l'idée qu'a pu avoir la grande distribution, longtemps, qu'en faisant baisser les prix, en étant en concurrence dans la baisse des prix, on connaît les grands slogans, on allait augmenter le chiffre d'affaires, aujourd'hui non, ça ne marche plus, et le risque qu'il y a aujourd'hui c'est que ça remette en cause les capacités productives de notre pays, en particulier dans l'agriculture. Donc, sur ce sujet, on va refaire une réunion…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu'allez-vous faire ?
STEPHANE LE FOLL
Qu'allons-nous faire ? Il y a des règles et des lois, il y a la négociation commerciale, moi je ne suis pas, je suis obligé de le dire, je ne suis pas dans toutes les négociations, je ne suis pas dans les centrales d'achat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais en 20 ans le prix payé par le consommateur a augmenté de 65 %, alors que le prix versé aux producteurs n'a augmenté que de 10 %.
STEPHANE LE FOLL
Oui, c'est l'écart qui existe, avec en plus, là-dedans, les évolutions, il y a la productivité du travail, dans l'agriculture, donc on a bien une question qui est posée, et la grande distribution aujourd'hui qui, entre elle, engage des concurrences, je le rappelle, sur des prix, alors que nous sommes avec une inflation extrêmement basse, et que donc c'est un problème lié à une consommation qui ne se débloquera pas par la baisse des prix, au contraire, mais cette baisse, ou cette concurrence, risque de peser très lourd sur la capacité productive, en particulier en agriculture.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc ?
STEPHANE LE FOLL
Donc message, je revois…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez réunir…
STEPHANE LE FOLL
Je vais refaire, et je voudrais que la responsabilité s'installe partout. On a mis en place, avec les producteurs, avec les professionnels de la viande bovine, le « viande de France », qui concerne tous les produits, j'appelle aussi les consommateurs, parce que les prix de la viande française ne sont pas plus élevés, ou quelques peu, et quelques centimes, que d'autres, et que cette concurrence-là on doit faire passer le message simple, « viande de France » existe, c'est les producteurs français. Eh bien consommons, et faisons en sorte qu'on aide, en même temps qu'on consomme de la viande de qualité, on réponde à la demande des producteurs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Stéphane LE FOLL d'être venu nous voir ce matin.
Source: Service d'information du Gouvernement, le 10 septembre 2014