Texte intégral
BRUCE TOUSSAINT
Bonjour Harlem DESIR
HARLEM DESIR
Bonjour.
BRUCE TOUSSAINT
Et merci d'être notre invité ce matin, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes.
HARLEM DESIR
Merci à vous.
BRUCE TOUSSAINT
Je vérifie tout de suite, vous êtes bien de gauche ?
HARLEM DESIR
Mais absolument et plus que jamais.
BRUCE TOUSSAINT
Non ! Je ne suis pas le seul à poser la question, regardez c'est la une de Libération qui n'est pas vraiment un journal conservateur : « le gouvernement est-il de droite ? », je vous repose la question donc, la réponse à cette question-là ?
HARLEM DESIR
Mais moi je crois que redresser l'économie de notre pays, faire en sorte qu'il produise plus de richesses, que ses entreprises gagnent plus de parts à l'exportation, c'est être de gauche si c'est mis au service de ce que nous voulons, c'est-à-dire un projet de justice sociale pour la France. La France va être le pays qui va le plus investir dans l'éducation ces prochaines années, en cette rentrée scolaire nous créons de nouveaux d'enseignants pour donner l'égalité à des enfants qui sont en difficulté ; la France veut maintenir un haut niveau de sécurité collective sur le plan social, par exemple la réforme du système de santé que nous faisons c'est pour qu'on conserve ce système de la Carte Vitale, nous ne sommes pas comme aux Etats-Unis un endroit où on va demander aux gens leur Carte Bleue avant de savoir s'ils peuvent rentrer à l'hôpital ; Lorsque nous baissons la fiscalité sur les ménages modestes ça fait partie du Pacte de responsabilité et de solidarité et en cette rentrée, vous le savez, il y a plusieurs millions de ménages qui sont aux alentours du niveau du SMIC qui vont ne pas être assujettis à l'impôt sur le revenu vont voir baisser leurs impôts pour d'autres qui le paient quand même mais qui sont au bas de l'échelle des revenus, c'est de gauche, c'est redistribuer du pouvoir d'achat. Mais soutenir les entreprises, oui, c'est aussi un devoir pour la gauche quand elle gouverne.
BRUCE TOUSSAINT
Honnêtement, Harlem DESIR, est-ce que vous êtes parfaitement à l'aise avec le discours de Manuel VALLS hier face au MEDEF ?
HARLEM DESIR
Totalement ! Personnellement moi je vous savez je suis maintenant en charge des Affaires européennes et donc je passe mon temps à aller dans les différentes Capitales de l'Union européenne, l'une de nos principales missions avec les ambassadeurs de France c'est de montrer que la France fait des réformes qui lui permettent de redevenir compétitive et que nos entreprises sont capables d'offrir les meilleurs produits, les meilleurs services et d'exporter leur savoir-faire. Donc pour moi, si vous voulez, défendre les produits français
BRUCE TOUSSAINT
OK ! Ca c'est le
HARLEM DESIR
Défendre l'entreprise France et ses PME, comme ses grandes entreprises, c'est évidemment au coeur de notre mission.
BRUCE TOUSSAINT
Ca c'est le fond, après il y a la forme. Par exemple, vous, vous pouvez nous dire ce matin j'aime l'entreprise ?
HARLEM DESIR
Mais moi non seulement j'aime l'entreprise mais je suis fier des entreprises françaises !
BRUCE TOUSSAINT
Bon ! Mais est-ce qu'il n'en fait pas un peu trop Manuel VALLS, lorsqu'il va se faire applaudir pendant 50 secondes debout par les patrons, lorsqu'il tient un discours qui est une espèce de déclaration d'amour au patronat ?
HARLEM DESIR
Mais parce que les Français aiment leurs entreprises
BRUCE TOUSSAINT
Oui ! Mais il y a une différence entre les entreprises et le patronat.
HARLEM DESIR
Regardez quand une entreprise est menacée comment les employés se mobilisent
BRUCE TOUSSAINT
Tout à fait !
HARLEM DESIR
Non seulement parce que c'est leurs emplois, évidemment que c'est leur survie personnelle qui est en jeu, mais parce qu'ils sont attachés à leur outil de travail, à ces savoir-faire qu'ils ont développés, qu'il s'agisse d'une entreprise industrielle, d'une entreprise agroalimentaire, voyez avec quelle fierté ils veulent que les bassins d'industrie continuent à être vivants en France. Donc oui le rôle de la gauche aujourd'hui
BRUCE TOUSSAINT
Harlem DESIR !
HARLEM DESIR
C'est de soutenir les entreprises et de réconcilier les entreprises
BRUCE TOUSSAINT
Alors, ça, c'est le fond encore une fois.
HARLEM DESIR
Avec le pays.
BRUCE TOUSSAINT
On n'est pas là pour faire une revue de presse, mais quand même, je voudrais quand même vous montrer la une du Parisien, regardez « VALLS-GATTAZ, c'est du sérieux ? » et au fond ce matin il y a 2 journaux qui saluent vraiment le discours du Premier ministre c'est Les Echos et Le Figaro, ça ne vous dérange pas un peu ? Encore une fois on a compris que sur le fond vous étiez raccord, sur la forme il n'y a pas quand même une ligne jaune qui a été franchie, pour reprendre une expression devenue célèbre ?
HARLEM DESIR
Sur la forme comme sur le fond ! D'abord, dans le discours du Premier ministre hier à l'Université d'été du MEDEF, il y a eu plusieurs messages : il y en a eu un qui a été de dire : nous voulons soutenir les entreprises, qu'elles retrouvent de la compétitivité, qu'elles créent de la richesse, parce que c'est la condition pour qu'elles créent de l'emploi ; il y a eu un deuxième message du Premier ministre, mais la presse peut-être ne l'a pas autant répercuté, c'est qu'il a dit aussi aux entreprises : vous devez tenir les engagements qui sont les vôtres dans le cadre du Pacte de responsabilité
BRUCE TOUSSAINT
Bien sûr !
HARLEM DESIR
Et il leur a rappelé qu'il y aurait une réunion des 50 principales branches professionnelles autour du ministre du Travail et de l'Emploi dès ces prochains jours et que lui-même réunirait les entreprises pour vérifier que le Crédit d'Impôt Compétitivité Emploi, que les instruments du Pacte de responsabilité c'est-à-dire la baisse des charges soient bien utilisés pour investir, pour créer de l'emploi, pour créer de la formation et non pas pour distribuer des dividendes. Donc, il y avait aussi hier un discours d'exigence
BRUCE TOUSSAINT
Il aurait pu dire aussi
HARLEM DESIR
C'était un discours équilibré.
BRUCE TOUSSAINT
Il aurait pu dire j'aime les salariés ?
HARLEM DESIR
Mais il l'a dit ! Il l'a dit, parce que l'entreprise c'est justement le lieu
BRUCE TOUSSAINT
Eh bien il n e l'a pas dit de cette façon ?
HARLEM DESIR
Eh bien il l'a dit de cette façon !
BRUCE TOUSSAINT
Alors, attendez
HARLEM DESIR
Et le rôle du premier ministre c'est de dialoguer avec l'ensemble des forces vives, il y a eu la Conférence sociale qui était d'ailleurs ce dialogue à la fois avec les organisations des employeurs et les organisations syndicales et, là, le Premier ministre a été délivré un message aussi très important devant les entreprises, il leur a dit : défendez la France et sa capacité à être un lieu où les entreprises créent de l'activité, portez aussi ce message sur le plan international.
BRUCE TOUSSAINT
Harlem DESIR, est-ce qu'il faut assouplir les 35 heures ?
HARLEM DESIR
J'ai vu qu'il y avait une déclaration qui était interprétée dans ce sens - il n'y a aucun projet de cette nature - et il y a, en revanche, une volonté qui est de développer la négociation sociale dans les entreprises, la négociation sur la défense de l'emploi, sur l'aménagement du temps de travail, sur les seuils sociaux, mais pas de remettre en cause la durée légale du travail.
BRUCE TOUSSAINT
D'accord ! Votre sentiment à vous, vous Harlem DESIR est-ce que vous pensez qu'il faut assouplir les 35 heures ?
HARLEM DESIR
Non ! Je vous l'ai dit, ce n'est pas ni un projet, ni ma position
BRUCE TOUSSAINT
Non ! Non, mais
HARLEM DESIR
Ni celle du gouvernement, non notre position c'est le dialogue social. Aujourd'hui on a besoin
BRUCE TOUSSAINT
Ce n'est pas un peu gênant quand même que le
HARLEM DESIR
Non !
BRUCE TOUSSAINT
Nouveau ministre de l'Economie, alors bien sûr je rappelle que c'était quelques instants avant sa...
HARLEM DESIR
Alors pourquoi ça été interprété comme cela ?
BRUCE TOUSSAINT
Voilà !
HARLEM DESIR
Quelques heures avant sa nomination, mais enfin la phrase est quand même, on l'a vu : nous pourrions autoriser les entreprises à déroger aux règles de temps de travail, les 35 heures, Martine AUBRY Harlem DESIR ?
HARLEM DESIR
Mais il n'y a pas de projet de remise en cause des 35 heures, il y a une volonté
BRUCE TOUSSAINT
Donc, on a encore une fois un ministre de l'Economie qui n'est pas en accord avec la politique
HARLEM DESIR
Non ! Mais ce n'est pas une déclaration d'un ministre, ce n'est pas la déclaration d'un ministre.
BRUCE TOUSSAINT
C'est la déclaration d'un pré-ministre.
HARLEM DESIR
Voilà ! Sans doute et il s'expliquera. Mais la vision du gouvernement c'est le dialogue social, mais c'est aussi évidemment le maintien des protections
BRUCE TOUSSAINT
Même Nicolas
HARLEM DESIR
En matière de durée légale du travail
BRUCE TOUSSAINT
Même Nicolas SARKOZY n'a jamais osé toucher aux 35 heures et, là, le nouveau ministre de l'Economie veut y aller.
HARLEM DESIR
Et il n'y a absolument projet de cette nature.
BRUCE TOUSSAINT
Vous nous confirmez qu'il n'y a pas de projet ?
HARLEM DESIR
Absolument.
BRUCE TOUSSAINT
Qu'est-ce qu'elle en pense Martine AUBRY de tout ça, est-ce que vous l'avez eue au téléphone depuis lundi ? Parce qu'elle est
HARLEM DESIR
Non ! Vous lui demanderez.
BRUCE TOUSSAINT
Elle est silencieuse, mais eh bien on sait que vous êtes proche de Martine AUBRY, là ça doit ce matin elle doit se réveiller furieuse de cette déclaration, les 35 heures c'est son texte ?
HARLEM DESIR
Je ne l'ai pas eue au téléphone ces dernières semaines, donc je ne peux pas vous le dire.
BRUCE TOUSSAINT
Il y a une analyse intéressante sur les 2 premières années du quinquennat et sur le quinquennat au fond de François HOLLANDE, j'aimerais savoir si vous la partagez cette analyse - qu'on peut lire ce matin dans la presse par exemple c'est qu'il y a toujours eu, lorsque la gauche était au pouvoir, des moments comme ça où il y a eu des accélérations libérales, lorsque Lionel JOSPIN était Premier ministre il y a eu des privatisations, il y a eu des moments comme ça. Mais il y a eu aussi à chaque fois des grandes avancées sociales, c'est quoi la grande avancée sociale - qui pourrait d'ailleurs sans doute calmer la gauche de la gauche, les frondeurs c'est quoi la grande avancée sociale du quinquennat de François HOLLANDE ?
HARLEM DESIR
D'abord vous faites référence à des grands débats à gauche qui ont eu lieu, 83, quand il y a eu le choix de l'Europe
BRUCE TOUSSAINT
Exactement !
HARLEM DESIR
Vous parlez de 95 et d'un certain nombre de privatisations, mais, quand vous regardez cela rétrospectivement, en quoi est-ce que cela était libéral et en quoi est-ce que cela a été un renoncement à une vision de gauche ? Quand en 83 MITTERRAND a fait le choix de l'Europe, c'est ce qui permettait au contraire à la France de continuer à peser et à avoir un avenir économique solide et quand Lionel JOSPIN gouvernait vous le rappelez vous-même il y a eu de grandes avancées sociales, même s'il y avait aussi une politique économique pragmatique qui a amené à ouvrir le capital de certaines entreprises pour préparer leur avenir, je pense à FRANCE TELECOM qui pour autant aujourd'hui n'a pas disparue.
BRUCE TOUSSAINT
Alors, aujourd'hui ?
HARLEM DESIR
Donc aujourd'hui eh bien quand nous faisons je le disais la priorité à l'éducation, quand nous créons des Emplois d'avenir qui permettent à des jeunes qui étaient complètement en situation d'exclusion de se voir mettre le pied à l'étrier ; je voudrais ajouter la garantie pour la jeunesse qui est en train de se mettre en oeuvre, qui est un programme européen, pour lequel le président de la République s'est battu en Europe, nous avons obtenu qu'il y ait 6 milliards d'euros en Europe qui y soient consacrés, c'est 600 millions d'euros en France et c'est 100.000 jeunes - moi j'ai été les voir dans plusieurs départements : en Moselle, en Seine-Saint-Denis, qui sont en train de pouvoir retourner à l'emploi grâce à ce programme - lorsque nous nous battons pour l'éducation prioritaire, ça va être l'un des axes de la politique de Najat VALLAUD BELKACEM, c'est-à-dire faire en sorte
BRUCE TOUSSAINT
Mais la grande mesure pour l'instant on ne l'a pas
HARLEM DESIR
Que, là où il y a de l'échec scolaire, on accompagne le retour dans la réussite scolaire des enfants.
BRUCE TOUSSAINT
Si ! La grande mesure c'est le mariage pour tous, la grande mesure soc
HARLEM DESIR
Mais il y aussi, oui, des progrès dans le
BRUCE TOUSSAINT
La vraie mesure de société.
HARLEM DESIR
Dans le domaine des libertés et en matière de société. Mais vous savez la première attente des Français c'est le retour à l'emploi et donc c'est de moderniser notre pays, son économie, pour que chacun ait un emploi
BRUCE TOUSSAINT
Alors, Harlem DESIR
HARLEM DESIR
C'est ça qui est de gauche.
BRUCE TOUSSAINT
Sommet européen à Bruxelles ce week-end, qu'est-ce que l'Europe peut apporter de nouveau sur le terrain du chômage et de la croissance et puis surtout est-ce que François HOLLANDE va taper sur la table face à Angela MERKEL ?
HARLEM DESIR
Eh bien d'abord vous avez raison la priorité c'est la croissance, la situation - nous avons eu les chiffres du deuxième trimestre de la croissance dans l'ensemble de l'Europe - ça été la stagnation et même des grandes économies comme l'Allemagne, l'Italie, c'était 0,5=2 %, en France stagnation aussi 0 % de croissance. Donc le problème n'est pas simplement le nôtre, c'est un problème de politiques économiques nouvelles qui doivent être menées dans la zone euro, il faut arrêter avec des politiques restrictives, des politiques d'austérité qui ont étouffées la croissance - celles qui ont été imposées dans un certain nombre de pays d'Europe du Sud et il y a d'abord une réunion samedi matin à l'Elysée...
BRUCE TOUSSAINT
Oui !
HARLEM DESIR
Autour du président de la République des socio-démocrates et ensuite il y aura ce conseil européen qui doit évidemment débattre des personnes qui vont occuper de nouvelles responsabilités, mais surtout de la mise en oeuvre d'une politique nouvelle de soutien à la croissance en Europe, et pour nous elle a 4 piliers : le premier c'est une politique monétaire beaucoup plus dynamique c'est d'ailleurs ce que propose Mario DRAGHI et qui doit aussi faire que l'Euro soit moins surévalué ; le deuxième, c'est un plan massif d'investissements dans le numérique, dans les transports, dans la transition énergétique ; le troisième, c'est un plan de soutien à l'emploi des jeunes, je parlais notamment de la mise en oeuvre de la garantie pour la jeunesse ; et puis, enfin, nous pensons qu'il faut une harmonisation sociale et fiscale, en particulier dans la zone euro, pour lutter contre le dumping fiscal.
BRUCE TOUSSAINT
Merci beaucoup Harlem DESIR. Du coup, vous n'allez pas à La Rochelle ?
HARLEM DESIR
Non ! J'accompagnerai le président de la République à Bruxelles et j'irai aussi en Moldavie qui est un pays voisin de l'Europe dans lequel il y a un risque de conflit frontalier avec la Russie.
BRUCE TOUSSAINT
L'accueil de Manuel VALLS à La Rochelle ?
HARLEM DESIR
Eh bien je crois qu'il sera bon !
BRUCE TOUSSAINT
Vous croyez ?
HARLEM DESIR
Parce que je crois que les socialistes ont conscience que notre mission, ce que les Français attendent de nous, c'est de faire redémarrer le moteur de la croissance et de l'emploi.
BRUCE TOUSSAINT
Merci Harlem DESIR, merci d'avoir été avec nous ce matin sur I TELE.
HARLEM DESIR
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 septembre 2014
Bonjour Harlem DESIR
HARLEM DESIR
Bonjour.
BRUCE TOUSSAINT
Et merci d'être notre invité ce matin, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes.
HARLEM DESIR
Merci à vous.
BRUCE TOUSSAINT
Je vérifie tout de suite, vous êtes bien de gauche ?
HARLEM DESIR
Mais absolument et plus que jamais.
BRUCE TOUSSAINT
Non ! Je ne suis pas le seul à poser la question, regardez c'est la une de Libération qui n'est pas vraiment un journal conservateur : « le gouvernement est-il de droite ? », je vous repose la question donc, la réponse à cette question-là ?
HARLEM DESIR
Mais moi je crois que redresser l'économie de notre pays, faire en sorte qu'il produise plus de richesses, que ses entreprises gagnent plus de parts à l'exportation, c'est être de gauche si c'est mis au service de ce que nous voulons, c'est-à-dire un projet de justice sociale pour la France. La France va être le pays qui va le plus investir dans l'éducation ces prochaines années, en cette rentrée scolaire nous créons de nouveaux d'enseignants pour donner l'égalité à des enfants qui sont en difficulté ; la France veut maintenir un haut niveau de sécurité collective sur le plan social, par exemple la réforme du système de santé que nous faisons c'est pour qu'on conserve ce système de la Carte Vitale, nous ne sommes pas comme aux Etats-Unis un endroit où on va demander aux gens leur Carte Bleue avant de savoir s'ils peuvent rentrer à l'hôpital ; Lorsque nous baissons la fiscalité sur les ménages modestes ça fait partie du Pacte de responsabilité et de solidarité et en cette rentrée, vous le savez, il y a plusieurs millions de ménages qui sont aux alentours du niveau du SMIC qui vont ne pas être assujettis à l'impôt sur le revenu vont voir baisser leurs impôts pour d'autres qui le paient quand même mais qui sont au bas de l'échelle des revenus, c'est de gauche, c'est redistribuer du pouvoir d'achat. Mais soutenir les entreprises, oui, c'est aussi un devoir pour la gauche quand elle gouverne.
BRUCE TOUSSAINT
Honnêtement, Harlem DESIR, est-ce que vous êtes parfaitement à l'aise avec le discours de Manuel VALLS hier face au MEDEF ?
HARLEM DESIR
Totalement ! Personnellement moi je vous savez je suis maintenant en charge des Affaires européennes et donc je passe mon temps à aller dans les différentes Capitales de l'Union européenne, l'une de nos principales missions avec les ambassadeurs de France c'est de montrer que la France fait des réformes qui lui permettent de redevenir compétitive et que nos entreprises sont capables d'offrir les meilleurs produits, les meilleurs services et d'exporter leur savoir-faire. Donc pour moi, si vous voulez, défendre les produits français
BRUCE TOUSSAINT
OK ! Ca c'est le
HARLEM DESIR
Défendre l'entreprise France et ses PME, comme ses grandes entreprises, c'est évidemment au coeur de notre mission.
BRUCE TOUSSAINT
Ca c'est le fond, après il y a la forme. Par exemple, vous, vous pouvez nous dire ce matin j'aime l'entreprise ?
HARLEM DESIR
Mais moi non seulement j'aime l'entreprise mais je suis fier des entreprises françaises !
BRUCE TOUSSAINT
Bon ! Mais est-ce qu'il n'en fait pas un peu trop Manuel VALLS, lorsqu'il va se faire applaudir pendant 50 secondes debout par les patrons, lorsqu'il tient un discours qui est une espèce de déclaration d'amour au patronat ?
HARLEM DESIR
Mais parce que les Français aiment leurs entreprises
BRUCE TOUSSAINT
Oui ! Mais il y a une différence entre les entreprises et le patronat.
HARLEM DESIR
Regardez quand une entreprise est menacée comment les employés se mobilisent
BRUCE TOUSSAINT
Tout à fait !
HARLEM DESIR
Non seulement parce que c'est leurs emplois, évidemment que c'est leur survie personnelle qui est en jeu, mais parce qu'ils sont attachés à leur outil de travail, à ces savoir-faire qu'ils ont développés, qu'il s'agisse d'une entreprise industrielle, d'une entreprise agroalimentaire, voyez avec quelle fierté ils veulent que les bassins d'industrie continuent à être vivants en France. Donc oui le rôle de la gauche aujourd'hui
BRUCE TOUSSAINT
Harlem DESIR !
HARLEM DESIR
C'est de soutenir les entreprises et de réconcilier les entreprises
BRUCE TOUSSAINT
Alors, ça, c'est le fond encore une fois.
HARLEM DESIR
Avec le pays.
BRUCE TOUSSAINT
On n'est pas là pour faire une revue de presse, mais quand même, je voudrais quand même vous montrer la une du Parisien, regardez « VALLS-GATTAZ, c'est du sérieux ? » et au fond ce matin il y a 2 journaux qui saluent vraiment le discours du Premier ministre c'est Les Echos et Le Figaro, ça ne vous dérange pas un peu ? Encore une fois on a compris que sur le fond vous étiez raccord, sur la forme il n'y a pas quand même une ligne jaune qui a été franchie, pour reprendre une expression devenue célèbre ?
HARLEM DESIR
Sur la forme comme sur le fond ! D'abord, dans le discours du Premier ministre hier à l'Université d'été du MEDEF, il y a eu plusieurs messages : il y en a eu un qui a été de dire : nous voulons soutenir les entreprises, qu'elles retrouvent de la compétitivité, qu'elles créent de la richesse, parce que c'est la condition pour qu'elles créent de l'emploi ; il y a eu un deuxième message du Premier ministre, mais la presse peut-être ne l'a pas autant répercuté, c'est qu'il a dit aussi aux entreprises : vous devez tenir les engagements qui sont les vôtres dans le cadre du Pacte de responsabilité
BRUCE TOUSSAINT
Bien sûr !
HARLEM DESIR
Et il leur a rappelé qu'il y aurait une réunion des 50 principales branches professionnelles autour du ministre du Travail et de l'Emploi dès ces prochains jours et que lui-même réunirait les entreprises pour vérifier que le Crédit d'Impôt Compétitivité Emploi, que les instruments du Pacte de responsabilité c'est-à-dire la baisse des charges soient bien utilisés pour investir, pour créer de l'emploi, pour créer de la formation et non pas pour distribuer des dividendes. Donc, il y avait aussi hier un discours d'exigence
BRUCE TOUSSAINT
Il aurait pu dire aussi
HARLEM DESIR
C'était un discours équilibré.
BRUCE TOUSSAINT
Il aurait pu dire j'aime les salariés ?
HARLEM DESIR
Mais il l'a dit ! Il l'a dit, parce que l'entreprise c'est justement le lieu
BRUCE TOUSSAINT
Eh bien il n e l'a pas dit de cette façon ?
HARLEM DESIR
Eh bien il l'a dit de cette façon !
BRUCE TOUSSAINT
Alors, attendez
HARLEM DESIR
Et le rôle du premier ministre c'est de dialoguer avec l'ensemble des forces vives, il y a eu la Conférence sociale qui était d'ailleurs ce dialogue à la fois avec les organisations des employeurs et les organisations syndicales et, là, le Premier ministre a été délivré un message aussi très important devant les entreprises, il leur a dit : défendez la France et sa capacité à être un lieu où les entreprises créent de l'activité, portez aussi ce message sur le plan international.
BRUCE TOUSSAINT
Harlem DESIR, est-ce qu'il faut assouplir les 35 heures ?
HARLEM DESIR
J'ai vu qu'il y avait une déclaration qui était interprétée dans ce sens - il n'y a aucun projet de cette nature - et il y a, en revanche, une volonté qui est de développer la négociation sociale dans les entreprises, la négociation sur la défense de l'emploi, sur l'aménagement du temps de travail, sur les seuils sociaux, mais pas de remettre en cause la durée légale du travail.
BRUCE TOUSSAINT
D'accord ! Votre sentiment à vous, vous Harlem DESIR est-ce que vous pensez qu'il faut assouplir les 35 heures ?
HARLEM DESIR
Non ! Je vous l'ai dit, ce n'est pas ni un projet, ni ma position
BRUCE TOUSSAINT
Non ! Non, mais
HARLEM DESIR
Ni celle du gouvernement, non notre position c'est le dialogue social. Aujourd'hui on a besoin
BRUCE TOUSSAINT
Ce n'est pas un peu gênant quand même que le
HARLEM DESIR
Non !
BRUCE TOUSSAINT
Nouveau ministre de l'Economie, alors bien sûr je rappelle que c'était quelques instants avant sa...
HARLEM DESIR
Alors pourquoi ça été interprété comme cela ?
BRUCE TOUSSAINT
Voilà !
HARLEM DESIR
Quelques heures avant sa nomination, mais enfin la phrase est quand même, on l'a vu : nous pourrions autoriser les entreprises à déroger aux règles de temps de travail, les 35 heures, Martine AUBRY Harlem DESIR ?
HARLEM DESIR
Mais il n'y a pas de projet de remise en cause des 35 heures, il y a une volonté
BRUCE TOUSSAINT
Donc, on a encore une fois un ministre de l'Economie qui n'est pas en accord avec la politique
HARLEM DESIR
Non ! Mais ce n'est pas une déclaration d'un ministre, ce n'est pas la déclaration d'un ministre.
BRUCE TOUSSAINT
C'est la déclaration d'un pré-ministre.
HARLEM DESIR
Voilà ! Sans doute et il s'expliquera. Mais la vision du gouvernement c'est le dialogue social, mais c'est aussi évidemment le maintien des protections
BRUCE TOUSSAINT
Même Nicolas
HARLEM DESIR
En matière de durée légale du travail
BRUCE TOUSSAINT
Même Nicolas SARKOZY n'a jamais osé toucher aux 35 heures et, là, le nouveau ministre de l'Economie veut y aller.
HARLEM DESIR
Et il n'y a absolument projet de cette nature.
BRUCE TOUSSAINT
Vous nous confirmez qu'il n'y a pas de projet ?
HARLEM DESIR
Absolument.
BRUCE TOUSSAINT
Qu'est-ce qu'elle en pense Martine AUBRY de tout ça, est-ce que vous l'avez eue au téléphone depuis lundi ? Parce qu'elle est
HARLEM DESIR
Non ! Vous lui demanderez.
BRUCE TOUSSAINT
Elle est silencieuse, mais eh bien on sait que vous êtes proche de Martine AUBRY, là ça doit ce matin elle doit se réveiller furieuse de cette déclaration, les 35 heures c'est son texte ?
HARLEM DESIR
Je ne l'ai pas eue au téléphone ces dernières semaines, donc je ne peux pas vous le dire.
BRUCE TOUSSAINT
Il y a une analyse intéressante sur les 2 premières années du quinquennat et sur le quinquennat au fond de François HOLLANDE, j'aimerais savoir si vous la partagez cette analyse - qu'on peut lire ce matin dans la presse par exemple c'est qu'il y a toujours eu, lorsque la gauche était au pouvoir, des moments comme ça où il y a eu des accélérations libérales, lorsque Lionel JOSPIN était Premier ministre il y a eu des privatisations, il y a eu des moments comme ça. Mais il y a eu aussi à chaque fois des grandes avancées sociales, c'est quoi la grande avancée sociale - qui pourrait d'ailleurs sans doute calmer la gauche de la gauche, les frondeurs c'est quoi la grande avancée sociale du quinquennat de François HOLLANDE ?
HARLEM DESIR
D'abord vous faites référence à des grands débats à gauche qui ont eu lieu, 83, quand il y a eu le choix de l'Europe
BRUCE TOUSSAINT
Exactement !
HARLEM DESIR
Vous parlez de 95 et d'un certain nombre de privatisations, mais, quand vous regardez cela rétrospectivement, en quoi est-ce que cela était libéral et en quoi est-ce que cela a été un renoncement à une vision de gauche ? Quand en 83 MITTERRAND a fait le choix de l'Europe, c'est ce qui permettait au contraire à la France de continuer à peser et à avoir un avenir économique solide et quand Lionel JOSPIN gouvernait vous le rappelez vous-même il y a eu de grandes avancées sociales, même s'il y avait aussi une politique économique pragmatique qui a amené à ouvrir le capital de certaines entreprises pour préparer leur avenir, je pense à FRANCE TELECOM qui pour autant aujourd'hui n'a pas disparue.
BRUCE TOUSSAINT
Alors, aujourd'hui ?
HARLEM DESIR
Donc aujourd'hui eh bien quand nous faisons je le disais la priorité à l'éducation, quand nous créons des Emplois d'avenir qui permettent à des jeunes qui étaient complètement en situation d'exclusion de se voir mettre le pied à l'étrier ; je voudrais ajouter la garantie pour la jeunesse qui est en train de se mettre en oeuvre, qui est un programme européen, pour lequel le président de la République s'est battu en Europe, nous avons obtenu qu'il y ait 6 milliards d'euros en Europe qui y soient consacrés, c'est 600 millions d'euros en France et c'est 100.000 jeunes - moi j'ai été les voir dans plusieurs départements : en Moselle, en Seine-Saint-Denis, qui sont en train de pouvoir retourner à l'emploi grâce à ce programme - lorsque nous nous battons pour l'éducation prioritaire, ça va être l'un des axes de la politique de Najat VALLAUD BELKACEM, c'est-à-dire faire en sorte
BRUCE TOUSSAINT
Mais la grande mesure pour l'instant on ne l'a pas
HARLEM DESIR
Que, là où il y a de l'échec scolaire, on accompagne le retour dans la réussite scolaire des enfants.
BRUCE TOUSSAINT
Si ! La grande mesure c'est le mariage pour tous, la grande mesure soc
HARLEM DESIR
Mais il y aussi, oui, des progrès dans le
BRUCE TOUSSAINT
La vraie mesure de société.
HARLEM DESIR
Dans le domaine des libertés et en matière de société. Mais vous savez la première attente des Français c'est le retour à l'emploi et donc c'est de moderniser notre pays, son économie, pour que chacun ait un emploi
BRUCE TOUSSAINT
Alors, Harlem DESIR
HARLEM DESIR
C'est ça qui est de gauche.
BRUCE TOUSSAINT
Sommet européen à Bruxelles ce week-end, qu'est-ce que l'Europe peut apporter de nouveau sur le terrain du chômage et de la croissance et puis surtout est-ce que François HOLLANDE va taper sur la table face à Angela MERKEL ?
HARLEM DESIR
Eh bien d'abord vous avez raison la priorité c'est la croissance, la situation - nous avons eu les chiffres du deuxième trimestre de la croissance dans l'ensemble de l'Europe - ça été la stagnation et même des grandes économies comme l'Allemagne, l'Italie, c'était 0,5=2 %, en France stagnation aussi 0 % de croissance. Donc le problème n'est pas simplement le nôtre, c'est un problème de politiques économiques nouvelles qui doivent être menées dans la zone euro, il faut arrêter avec des politiques restrictives, des politiques d'austérité qui ont étouffées la croissance - celles qui ont été imposées dans un certain nombre de pays d'Europe du Sud et il y a d'abord une réunion samedi matin à l'Elysée...
BRUCE TOUSSAINT
Oui !
HARLEM DESIR
Autour du président de la République des socio-démocrates et ensuite il y aura ce conseil européen qui doit évidemment débattre des personnes qui vont occuper de nouvelles responsabilités, mais surtout de la mise en oeuvre d'une politique nouvelle de soutien à la croissance en Europe, et pour nous elle a 4 piliers : le premier c'est une politique monétaire beaucoup plus dynamique c'est d'ailleurs ce que propose Mario DRAGHI et qui doit aussi faire que l'Euro soit moins surévalué ; le deuxième, c'est un plan massif d'investissements dans le numérique, dans les transports, dans la transition énergétique ; le troisième, c'est un plan de soutien à l'emploi des jeunes, je parlais notamment de la mise en oeuvre de la garantie pour la jeunesse ; et puis, enfin, nous pensons qu'il faut une harmonisation sociale et fiscale, en particulier dans la zone euro, pour lutter contre le dumping fiscal.
BRUCE TOUSSAINT
Merci beaucoup Harlem DESIR. Du coup, vous n'allez pas à La Rochelle ?
HARLEM DESIR
Non ! J'accompagnerai le président de la République à Bruxelles et j'irai aussi en Moldavie qui est un pays voisin de l'Europe dans lequel il y a un risque de conflit frontalier avec la Russie.
BRUCE TOUSSAINT
L'accueil de Manuel VALLS à La Rochelle ?
HARLEM DESIR
Eh bien je crois qu'il sera bon !
BRUCE TOUSSAINT
Vous croyez ?
HARLEM DESIR
Parce que je crois que les socialistes ont conscience que notre mission, ce que les Français attendent de nous, c'est de faire redémarrer le moteur de la croissance et de l'emploi.
BRUCE TOUSSAINT
Merci Harlem DESIR, merci d'avoir été avec nous ce matin sur I TELE.
HARLEM DESIR
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 septembre 2014