Déclaration de M. Roger-Gérard Schwartzenberg, ministre de la recherche, sur les grandes orientations de la politique de la recherche, notamment le rapprochement entre recherche et entreprise, le développement des sciences du vivant et la politique spatiale, Paris le 4 mai 2000.

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Circonstance : Conférence de presse de présentation des grandes orientations de la politique de la recherche à Paris le 4 mai 2000

Texte intégral

Pierre Mendès France déclarait dans son premier discours d'investiture en 1953 : " La République a besoin de savants : leurs découvertes, le rayonnement qui s'y attache et leurs applications contribuent à la grandeur d'un pays."
Près de 50 ans plus tard, en 2000, il appartient plus que jamais à la recherche de préfacer et de préparer l'avenir.
Celle-ci est à la fois la matrice de la production de nouvelles connaissances, de nouveaux savoirs et le principal moteur de la compétitivité, de la croissance et de l'emploi.
Mon objectif, c'est donc de donner un nouvel élan à la recherche, tant fondamentale qu'appliquée, tant scientifique que technologique. C'est de lui permettre de franchir une nouvelle étape.Beaucoup a été fait dans ce domaine depuis 1997. Mais, beaucoup reste aussi à faire pour poursuivre et amplifier l'effort engagé.
Je souhaite vous parler aujourd'hui des dix orientations prioritaires qui vont guider ce nouvel élan et, à certains égards, cette "nouvelle donne " de la recherche.
Rajeunir la recherche
D'abord, il faut rajeunir la recherche pour la renouveler, pour lui donner un nouveau dynamisme. J'entends donc soutenir les jeunes chercheurs et leur donner des perspectives.
Nous constatons aujourd'hui un double phénomène. D'un côté, le vieillissement de la recherche française : l'âge moyen des chercheurs et des enseignants-chercheurs est de 46 ans. De l'autre, un phénomène de "file d'attente", avec la difficulté des jeunes docteurs à s'insérer dans notre appareil de recherche.
Les recrutements deviennent de plus en plus tardifs : l'âge de recrutement, qui se situait naguère à 24-25 ans, s'est très sensiblement décalé au-delà de 30 ans. Résultat : le nombre de post-docs français à l'étranger continue d'augmenter (41,5 % d'entre eux sont aux Etats-Unis). Cela serait positif s'il y avait toujours, ensuite, retour en France. Ce qui n'est pas le cas.
Cet exil forcé des cerveaux représente une perte de substance et presque un gâchis de matière grise. L'Etat investit des sommes importantes pour former des docteurs souvent de grande qualité, dont beaucoup s'expatrient, faute de parvenir à trouver un emploi en France.
Pour remédier à cette situation préoccupante, qui est préjudiciable au renouvellement de la recherche, il est indispensable de définir une véritable politique de l'emploi scientifique.
La période n'a jamais été aussi favorable pour le faire et la prochaine décennie constitue un moment privilégié pour cette opération de jouvence.
En effet, la génération de l'après-guerre s'apprête à partir à la retraite. Il y aura des départs massifs à la retraite entre 2002 et 2012 et plus particulièrement autour de 2005-2008.
Nous devons anticiper ces départs pour éviter de nouveaux "coups d'accordéon" dans les recrutements : c'est-à-dire des recrutements massifs et au dernier moment, alors que des candidats très compétents auraient été écartés quelques années auparavant. Ce qui ne serait ni équitable ni efficace.
Il faut mettre en place une gestion prévisionnelle et pluriannuelle des effectifs : une stratégie de programmation de la recherche publique doit être définie en concertation avec l'ensemble des acteurs de la recherche et mise en uvre sur plusieurs années.
Il s'agit d'examiner ensemble et en toute transparence quels sont les besoins en personnel des différentes institutions, quelles sont les disciplines à soutenir prioritairement et notamment quelles sont les thématiques émergentes à favoriser.
Cet exercice sera l'occasion de procéder progressivement à des rééquilibrages disciplinaires et d'orienter une partie de notre potentiel de recherche vers des disciplines prioritaires comme les sciences et technologies de l'information et de la communication et les sciences du vivant.
Soutenir les jeunes chercheurs, c'est aussi leur donner plus d'autonomie scientifique et faciliter leur prise de responsabilité. Pour favoriser là aussi l'émergence des disciplines nouvelles et la recherche dans de nouveaux domaines, les jeunes chercheurs doivent pouvoir se consacrer à des projets innovants, à des thématiques personnelles éventuellement distinctes de celles de leur équipe de rattachement.
Pour aider les jeunes équipes qui présentent des projets innovants, qui explorent de nouveaux champs disciplinaires ou de nouvelles directions de recherche, pour favoriser la prise de responsabilité scientifique des jeunes chercheurs, je poursuivrai donc l'Action Concertée Incitative Jeunes Chercheurs. Dotée en 1999 de 51,6 MF, cet appel d'offres est doté cette année de 80 MF. 1500 dossiers ont été reçus. Là encore, il s'agit de favoriser la souplesse, l'initiative et la créativité.
Bâtir un espace européen de la recherche
La France présidera l'Union européenne au second semestre 2000. Elle doit saisir cette opportunité pour stimuler la création d'un espace européen de la recherche.
Bâtir une Europe de la science et de l'innovation, construire une communauté scientifique et technologique européenne, c'est donner à la recherche européenne la dimension dont elle a besoin pour s'affirmer et s'épanouir de façon autonome, notamment par rapport aux Etats-Unis.
Pour cela, il faut renforcer l'articulation entre les politiques nationales de recherche et entre celles-ci et la politique européenne.
Le lancement de la préparation du 6ème Programme cadre de recherche-développement (PCRD ) aura lieu sous présidence française. Il faudra convaincre nos partenaires de mobiliser de la manière la plus efficace les 15 milliards d'euros de ce 6ème PCRD.
Je rencontre actuellement mes collègues ministres de la Recherche des autres pays de l'Union Européenne pour préparer la présidence française, qui commence le 1er juillet. Je compte leur proposer cinq orientations principales :
Promouvoir l'innovation : accélérer la mise en place d'un brevet européen, favoriser la création d'entreprises technologiques innovantes (mise place d'un Fonds Européen d'incitation pour la création d'incubateurs et les fonds d'amorçage ; concours européen de création d'entreprises innovantes ; harmonisation des fiscalités favorable aux créations d'entreprises innovantes).
Créer des réseaux de recherches technologiques européens : associer recherche publique et recherche privée dans des réseaux financés par l'Union Européenne et pour des secteurs-clé bien déterminés.
Créer une Académie européenne des sciences et des techniques : cet organisme d'excellence scientifique, qui pourrait siéger à Strasbourg, sera le pendant de l'Académie des Sciences des Etats-Unis. Il sera capable d'organiser sur tous les sujets une expertise scientifique de haut niveau. Haute autorité indépendante, cette Académie européenne rendra ses avis au Conseil, à la Commission et au Parlement européen.
Lancer une Agence européenne de diffusion scientifique et technique : cette agence diffusera les résultats de la recherche auprès des entreprises et des médias français, européens et étrangers, dont les sources sont aujourd'hui essentiellement américaines.
Créer des Maisons européennes de la Science dans les grands pays du monde et notamment dans les pays fortement émergents (Mexique, Brésil, Inde, etc) ainsi qu'en Russie et en Chine. Ces maisons serviront de centres de diffusion de l'information et de "vitrines" pour faire mieux connaître les réalisations scientifiques et technologiques européennes.
Promouvoir l'interdisciplinarité et la mobilité
Il faut promouvoir l'interdisciplinarité et la mobilité. Pour éviter les cloisonnements, pour surmonter les barrières et les frontières, qui risqueraient de fragmenter à l'excès la recherche en unités repliées sur elles-mêmes.
Les sciences et les technologies d'aujourd'hui dépendent de plus en plus de la combinaison de nombreuses disciplines. Dans une société aux interactions de plus en plus fortes, les scientifiques doivent pouvoir travailler avec les chercheurs d'autres disciplines. Avec l'interdisciplinarité, les champs thématiques se fécondent l'un l'autre. Notamment pour les thématiques émergentes : par exemple, la bioinformatique.
Je favoriserai l'ouverture sur les autres, les synergies entres les disciplines, la confrontation des recherches et la conjugaison des efforts, dont dépend souvent le progrès scientifique.
A cet égard, la mobilité est un facteur de décloisonnement, de circulation des personnes et donc des idées, en même temps qu'elle représente une diversification de carrière intéressante pour les personnels concernés.
En relation avec le Ministère de l'Education nationale, je compte développer dès l'an prochain les postes d'accueil réservés à la mobilité, que ce soit dans l'enseignement supérieur pour les chercheurs ou dans les organismes de recherche pour les enseignants-chercheurs. L'aide financière aux laboratoires d'accueil sera également renforcée.
Par ailleurs, il faut réfléchir à des dispositifs incitatifs permettant à des chercheurs de commencer une seconde carrière à l'Université et d'être intégrés dans les corps de maîtres de conférences ou de professeurs d'université -et vice versa-, sans que cette intégration se fasse au détriment des promotions habituelles. Cela contribuera à accroître les échanges et la mobilité entre les organismes de recherche et les universités.
Améliorer l'évaluation
Autre grand impératif : la qualité de la recherche, qui sera garantie par une politique de vérité et de transparence.
Lorsque j'étais secrétaire d'Etat aux Universités, j'avais créé par décret du 21 février 1985 le Comité national d'évaluation des établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel. Ce CNE est chargé d'évaluer les établissements d'enseignement supérieur, d'apprécier publiquement leurs activités dans des rapports qui sont publiés.
Il faut faire de même pour la recherche et jouer là aussi cartes sur table.
Par l'évaluation, la collectivité nationale, qui leur consacre une effort important, doit pouvoir tout connaître du bilan des divers organismes de recherche, de leurs insuffisances ou de leurs lacunes éventuelles, afin qu'il y soit activement remédié, mais aussi de leurs mérites et de leurs réussites, afin que l'opinion publique puisse mesurer tout l'apport qui est celui du système de recherche.
L'évaluation doit faire paraître la réalité telle qu'elle est, en pleine lumière et au grand jour. Globalement, la recherche a d'ailleurs tout à y gagner, pour fortifier l'adhésion de la communauté nationale.
Aujourd'hui, l'évaluation de la recherche présente un caractère complexe et multiforme, résultant surtout de la multiplicité des instances d'évaluation : conseils scientifiques par départements, commission scientifiques spécialisées des grands organismes de recherche (ex : le Comité national de la recherche scientifique au CNRS), le Comité national d'évaluation de la recherche (CNER) , créé en 1989, voire le Conseil supérieur de la recherche et de la technologie (CSRT), etc.
Il serait souhaitable de créer, surtout pour l'évaluation stratégique des établissements, une structure nouvelle qui pourrait reprendre les missions du CNE et du CNER actuels, en les fusionnant dans un Comité national d'évaluation des établissements d'enseignement supérieur et des organismes de recherche. Cette réforme nécessiterait bien sûr l'accord des deux ministres de tutelle (Ministère de l'Education nationale, et Ministère de la Recherche).
Aux côtés de cette instance d'évaluation, l'on pourrait créer une Agence d'expertise, autour de l'Observatoire des Sciences et Techniques, (OST ) pour fournir les données nécessaires au bon déroulement des opérations d'évaluation : statistiques, indicateurs, travaux de prospective, comparaisons internationales.
Rapprocher Enseignement supérieur et Recherche
Autre orientation : j'entends continuer de rapprocher Enseignement supérieur et Recherche, qui doivent coopérer et travailler ensemble.
D'abord, ayant été secrétaire d'Etat aux Universités, je mesure l'importance de ce secteur : j'ai d'ailleurs tenu à recevoir le bureau de la Conférence des présidents d'université dès le 19 avril et je me rendrai devant la CPU le 18 mai.
Ensuite et surtout, mon décret de compétence me charge "d'élaborer et de mettre en oeuvre la politique de recherche universitaire", le ministre de l'Education nationale étant pour sa part chargé de " participer " à cette élaboration et à cette mise en uvre.
Si la primauté du ministère de la Recherche est donc clairement reconnue pour la recherche universitaire, toutes les liaisons nécessaires seront mises en place avec le ministère de l'Education nationale.
J'entends, en effet, continuer de renforcer les liens entre les organismes de recherche et les universités.
D'une part, par l'établissement de véritables synergies scientifiques : développement des structures communes (laboratoires mixtes, Instituts fédératifs de recherche, etc.), effort financier important pour la recherche universitaire dans les contrats quadriennaux passés par l'Etat avec les universités et dans les contrats de plan Etat-Région, qui doivent maintenant trouver rapidement leur traduction concrète.
D'autre part, par des mesures incitatives pour les personnels, évoquées plus haut, pour favoriser la mobilité entre organismes de recherche et établissements d'enseignement supérieur.
S'il y a maintenant deux ministres, il y a en tout cas une volonté unique : continuer de rapprocher Université et Recherche.
(source http://www.education.gouv.fr, le 9 mai 2000)
Rapprocher Recherche et Entreprise : favoriser l'innovation et le transfert de technologie
Autre orientation : continuer de rapprocher la recherche publique et le monde économique, qui, désormais, ne sont plus séparés par un mur de défiance, continuer de rapprocher recherche et entreprise pour favoriser la valorisation de la recherche et le transfert de technologie, pour irriguer l'économie des résultats de la recherche.
Aujourd'hui, dans les pays avancés (Etats-Unis, Japon, Royaume-Uni, mais aussi Suède, Finlande, Suisse), la recherche est devenue le principal moteur de la compétitivité et de la croissance, le premier " booster " de l'économie et de l'emploi.
Cette politique de l'innovation et du transfert de technologie est un facteur essentiel de modernisation, de progrès économique et de création de nouvelles entreprises : les jeunes entreprises technologiques innovantes, les start-up.
La loi sur l'innovation et la recherche du 12 juillet 1999, votée à l'initiative de Claude Allègre, constitue une avancée très importante. J'entends donc publier rapidement ses décrets d'application.
Les chercheurs doivent pouvoir créer leurs entreprises pour valoriser eux-mêmes les résultats de leurs travaux et doivent pouvoir prendre des participations au capital de sociétés.
De même, pour accompagner et soutenir les porteurs de projets de création d'entreprises innovantes liées à la recherche publique, je poursuivrai et amplifierai la politique des incubateurs et des fonds d'amorçage.
Le budget du programme "incubateurs" était de 100 MF en 1999. En raison du succès de ce programme, je lui consacrerai une dotation supplémentaire de 50 MF en 2000 prévue sur le Fonds de la recherche technologique du ministère.
23 incubateurs ont déjà été créés par le Comité Guillaume. Et au moins cinq autres devraient l'être dans les prochains mois. Il faut maintenant les structurer en réseau et établir des partenariats avec des incubateurs étrangers, notamment allemands et britanniques.
S'agissant des fonds d'amorçage, j'installerai dans quelques semaines un fonds d'amorçage de dimension nationale consacré aux biotechnologies et, d'ici la fin de l'année, un fonds d'amorçage également de taille nationale consacré au multimédia. Mais j'entends aussi lancer une dynamique pour la création de fonds d'amorçage régionaux, en relation avec les collectivités locales.
Enfin, j'installerai avant la fin de l'année les Centres nationaux de recherche technologique, qui associeront laboratoires publics et centres de recherche privée sur un site précis et une thématique définie. L'idée en avait été lancée par Claude Allègre et plusieurs industriels se sont déclarés intéressés. Il faut désormais réfléchir à la localisation de ces CNRT, à la définition précise de leurs thématiques et les mettre en place. Mon objectif, après un premier cadrage qui interviendra d'ici à quelques semaines, est donc de procéder à leur installation effective avant la fin 2000.
En dernier lieu, nous augmentons la dotation globale du Concours national d'aide à la création d'entreprises de technologies innovantes : 200 MF cette année, contre 100 MF en 1999. Début avril, le nombre de dossiers reçus en régions s'élevait déjà à 1757.
Développer les sciences du vivant
Passons maintenant aux secteurs disciplinaires à privilégier par notre politique de recherche.
Les sciences du vivant restent notre première priorité. Pour leur impact économique et surtout pour leur capacité à répondre aux besoins fondamentaux de l'homme : santé, amélioration de la qualité de sa vie, sécurité de ses aliments, etc.
- Je poursuivrai donc l'action engagée pour la génomique, en renforçant les génopoles, le secteur de la bioinformatique et en continuant les deux réseaux de recherche et d'innovation technologiques, GenHomme dans la génétique humaine et Génoplante dans la génomique végétale.
Cependant, d'autres opérations sont nécessaires et complémentaires. Le séquençage du génome humain progresse maintenant à grande vitesse. Tout en poursuivant nos recherches sur le séquençage et la connaissance des gènes, il faut donc nous tourner vers les recherches qui définissent la fonction, c'est-à-dire l'utilité d'un gène, et concentrer nos efforts vers le "post-génome" qu'on appelle aussi après-séquençage, c'est-à-dire sur l'ensemble des applications susceptibles d'être tirées de ces nouvelles informations, sur la valorisation de ces connaissances, notamment en ouvrant la voie d'une véritable médecine moléculaire.
- Je développerai aussi les technologies appliquées à la santé. Je viens de mettre en place, en liaison avec le secrétariat d'Etat à l'industrie, le Réseau national de recherche et d'innovation en technologies pour la santé (RNTS). Son comité d'orientation a été installé le 25 avril.
Ce réseau rassemble la communauté des laboratoires publics et industriels et des équipes cliniques impliquées dans les technologies pour la santé. Il s'agit de soutenir les opérations de partenariat public-privé pour l'imagerie médicale, la télémédecine, la chirurgie assistée par ordinateur ou le développement de nouveaux types de prothèses.
- J'envisage, par ailleurs, de créer des Centres d'innovations en technologies pour la santé (CIT). Le but est d'associer chercheurs, cliniciens et industriels, à l'interface d'une recherche fondamentale interdisciplinaire, d'un besoin clinique et du développement industriel. La première phase de création de ces CIT sera expérimentale, autour de sites pilotes. Leur localisation sera hospitalière et monosite.
Je vais également engager deux opérations structurantes dans le transfert de technologie des sciences du vivant.
- Je lancerai prochainement le Fonds national de Bio-Amorçage (Bio-Am) pour développer les transferts dans les biotechnologies, un secteur clé de la compétitivité nationale, et pour favoriser par des supports en capital la création d'entreprises innovantes et créatrices d'emplois.
L'Etat apportera 33 MF à ce Fonds national de bio-amorçage, qui sera un FCPR (Fonds commun de placement à risque), dédié à l'amorçage en biothechnologies. D'autres investisseurs, comme la Caisse des dépôts et des investisseurs privés, y participeront. Ce fonds aura une taille initiale de 120 MF et il est envisagé de lever à terme 200 MF.
Enfin, toujours pour aider les entreprises émergentes de biotechnologies, je soutiens la création d'une Fédération française des bio-incubateurs. L'objectif, c'est à la fois, d'établir un réseau national, d'avoir un portail garant de la qualité vis-à-vis des investisseurs étrangers et de créer un point de contact avec d'autres réseaux d'incubateurs étrangers.
Cette structure aura pour objet la qualification (définition des critères d'éligibilité) et l'accompagnement des projets pour l'accès à un label d'excellence de niveau international, ainsi que l'information interne et externe. Elle coordonnera les actions des bio-incubateurs et sera un interlocuteur privilégié pour les structures internationales analogues.
Réussir le passage à la société de l'information: développer les sciences et technologies de l'information et de la communication
Les sciences et technologies de l'information et de la communication constituent une deuxième priorité. Beaucoup reste à faire pour que notre pays entre pleinement dans la société de l'information.
Mon décret de compétence me donne la charge de participer à "la promotion et à la diffusion des nouvelles technologies". Pour relever le défi de la société de l'information, il faut s'en donner les moyens.
- D'une part, dans les mois qui viennent, je signerai en liaison avec le Ministère de l'Economie de des Finances (MEFI ) un contrat quadriennal avec l'Institut national de recherche en informatique et automatique (INRIA), devant aboutir à terme à un doublement de la capacité de recherche et d'intervention de cet organisme, dont il faut augmenter fortement les moyens.
- D'autre part, je souhaite que le CNRS créé un Institut ou un Département des Sciences et technologies de l'information et de la communication, regroupant les diverses sections concernées par la société de l'information. S'il prend, comme je le souhaite, cette initiative, les moyens nécessaires lui seront accordés.
- Enfin, les crédits en faveur des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication (NTIC) des deux fonds d'intervention de mon Ministère (le Fonds national de la science et le Fonds de la recherche technologique) seront augmentés de 50 % en 2001, afin de financer des recherches en cryptologie et des actions de partenariat entre public et privé dans les domaines des télécommunications, du logiciel et du multimédia.
A cet égard, afin de favoriser les coopérations entre équipes de la recherche publique et équipes de la R D industrielle dans ce domaine et pour faire face à la demande sans cesse croissante de logiciels, le Réseau national des technologies logicielles, lancé en janvier 2000, recevra une nouvelle impulsion.
Le développement de la société de l'information est, bien sûr, un enjeu économique : rattraper les Etats-Unis, renforcer notre compétitivité, contribuer à la croissance et à l'emploi. Mais c'est aussi un enjeu social.
L'objectif, c'est une société de l'information pour tous, accessible à tous, qui mette ses atouts à la disposition de tous et pas seulement de quelques-uns. Il faut éviter la "fracture numérique", l'exclusion numérique, qui serait une nouvelle forme de l'exclusion sociale.
L'essor de la société de l'information ne doit pas s'accompagner de fractures sociales. Coupure entre les générations (entre les jeunes et les moins jeunes et notamment les personnes âgées). Coupure entre les régions (entre les régions économiquement avancées et les régions périphériques ou rurales). Coupure entre le Nord et le Sud, les Pays en voie de développement (PVD) ne devant pas être laissés au bord de l'autoroute de l'information.
Comme je l'ai dit le 11 avril à la Conférence ministérielle de Lisbonne, l'entrée de l'Europe dans la " nouvelle économie " doit se faire conformément au modèle social européen. C'est avec cette volonté que nous soutenons l'initiative Prodi " e-Europe ", dont le plan d'action devrait être adopté au prochain Conseil européen de Feira en juin 2000.
(source http://www.education.gouv.fr, le 9 mai 2000)
Réconcilier Science et Environnement
Troisième priorité : les recherches en faveur de l'environnement et de l'énergie, qui sont au coeur de la notion de " développement durable " et qui sont déterminantes pour l'héritage que nous laisserons aux générations futures.
Nous devons réconcilier Science et Environnement, deux secteurs jusqu'ici animés par des préventions réciproques. D'un côté, les scientifiques se sentent incompris par les défenseurs de l'environnement. De l'autre, ceux-ci s'alarment parfois des risques que certaines inventions technologiques pourraient avoir pour l'équilibre écologique.
Il faut sortir de cette situation de double défiance, car la recherche peut et doit contribuer à une meilleure protection de l'environnement.
Dans les prochains mois, je souhaite, en liaison avec les autres ministères concernés, lancer trois réseaux de recherche et d'innovation technologiques consacrés à ce secteur :
un réseau "Eau et environnement", en liaison avec le MEFI et le MATE. La quantité d'eau disponible reste constante alors que la demande croît. L'inégalité des régions et des pays devant cette ressource, la modification par l'homme de certaines caractéristiques du cycle de l'eau peuvent entraîner un déséquilibre critique (déforestation et désertification, imperméabilisation des zones urbaines, baisse du niveau des nappes, etc).
Nous devons répondre aux exigences sociales (sécurité face aux crues et sécheresses, face aux défaillances technologiques) et à l'apparition de nouveaux problèmes (eutrophisation des rivières, pollution par les eaux de ruissellement urbain).
un réseau "Observation de la Terre et applications spatiales" : l'observation spatiale de la Terre par satellites à haute précision peut améliorer la prévision et donc la prévention des risques naturels (dont les cyclones et les inondations), perfectionner la gestion des ressources en eau, apporter des informations océanographiques (climat, ressources naturelles, pêche) et comporter des applications agricoles et forestières. Le CNES sera l'un des acteurs de ce réseau.
un réseau "Pollutions marines accidentelles et conséquences écologiques sur le littoral", dont la nécessité est clairement apparue à la suite du naufrage de l'Erika. Le Comité Interministériel Aménagement Du Territoire (CIADT) du 28 février 2000 en a décidé la création.
A l'initiative du CNRS et de l'IFREMER, un séminaire a réuni à Brest, les 13 et 14 avril, des scientifiques et des experts sur ce thème. Leurs réflexions constitueront une aide précieuse pour la cellule de pilotage qu'il faut maintenant réunir, afin qu'elle préfigure les objectifs et les composantes du réseau et délimite avec précision son champ d'action.
Rapprocher Science et Société
Je souhaite aussi rapprocher Science et Société, notamment en accordant une attention accrue aux Sciences humaines et sociales (SHS), qui ont beaucoup à nous dire sur l'homme et sur la vie sociale.
Les chercheurs ne vivent pas repliés dans des forteresses du savoir académique, pont levis relevé. Les chercheurs sont dans le siècle et dans la société. A l'écoute de ses besoins et de ses attentes.
Il existe aujourd'hui une forte demande sociétale à l'égard de la science. Cette expertise est particulièrement sollicitée en SHS, pour parvenir à une meilleure compréhension et maîtrise des enjeux sociaux : organisation du travail, ville, environnement, transports, exclusion. .
La recherche doit donc aussi répondre à ces défis sociaux, avec des recherches à finalité sociale.
Les chercheurs et enseignants-chercheurs en SHS représentent un potentiel important avec 25,6 % de l'effectif total en 1998. Mais ils existe une séparation parfois trop rigide entre sciences dures et SHS.
A cet égard, en concertation avec tous les acteurs de la recherche, je proposerai que le Conseil national de la science, placé auprès du ministre de la Recherche, s'élargisse aux représentants des SHS. Tout en préservant le rôle du Conseil national pour le nouveau développement des sciences humaines et sociales, dont les travaux, de grande qualité, sont très utiles.
Nous devons rapprocher les chercheurs des sciences dures et ceux des sciences humaines et sociales. Pour plusieurs raisons.
D'abord, favoriser là aussi l'approche pluridisciplinaire, génératrice de découvertes, en retrouvant une tradition ancienne, mais largement perdue. Platon s'intéressait aussi aux mathématiques et Pythagore était aussi philosophe. Pascal a rédigé "Les Pensées" mais a aussi inventé la machine à calculer. D'Alembert était à la fois philosophe et mathématicien. Comme beaucoup d'autres.
La connaissance est une. Et la pensée est sans frontières entre les disciplines.
Ensuite, mieux répondre à la demande d'éthique, fortement exprimée par notre société. Face au bouleversement des sciences et des techniques, qui est perçu de manière ambivalente comme étant à la fois un facteur de progrès et un facteur d'inquiétude.
Ainsi, les découvertes en cours sur le génome humain ont des effets très positifs pour l'invention de nouvelles thérapies, les thérapies géniques, et de nouveaux médicaments. Mais, en même temps, elles font craindre parfois soit des manipulations sur la substance vivante, avec le clonage, soit une commercialisation, une "marchandisation" du vivant.
De même, la révision des lois de biothétique de 1994 sera un grand débat de société.
Les nouvelles découvertes seront bénéfiques si elles s'accompagnent d'un encadrement éthique adapté. Il faut dégager de nouvelles règles éthiques, qui, d'ailleurs, devraient être harmonisées au plan européen et au plan international. Pour faire image, le Pr Daniel Cohen, spécialiste de la génomique, parlait récemment d'une nécessaire "ONU de l'éthique".
En juin prochain auront lieu deux manifestations importantes. Les 22 et 23 juin, à Bordeaux, un colloque placé sous la direction de Jean Dausset et de François Gros, qui réunira scientifiques, biologistes, juristes et économistes. Pour réfléchir ensemble sur le sujet suivant : " Sciences du vivant, éthique, économie et société ". Puis, du 23 au 25 juin, toujours à Bordeaux, je présiderai le groupe Carnegie, le G8 Recherche, élargi cette fois aux ministres du Brésil, de la Chine, de l'Inde et du Mexique : sa réunion portera sur une thématique spécifique : " Les sciences du vivant et leurs liens avec la société ".
D'une manière générale, il est important de faire réfléchir ensemble scientifiques et philosophes, sociologues, juristes, économistes. Pour rapprocher science et conscience. Pour dégager de nouvelles règles éthiques et conserver une société humaine. Voire pour dégager un "nouvel humanisme", adapté à la révolution scientifique et technologique de notre temps.
Rapprocher Science et Société
Je souhaite aussi rapprocher Science et Société, notamment en accordant une attention accrue aux Sciences humaines et sociales (SHS), qui ont beaucoup à nous dire sur l'homme et sur la vie sociale.
Les chercheurs ne vivent pas repliés dans des forteresses du savoir académique, pont levis relevé. Les chercheurs sont dans le siècle et dans la société. A l'écoute de ses besoins et de ses attentes.
Il existe aujourd'hui une forte demande sociétale à l'égard de la science. Cette expertise est particulièrement sollicitée en SHS, pour parvenir à une meilleure compréhension et maîtrise des enjeux sociaux : organisation du travail, ville, environnement, transports, exclusion. .
La recherche doit donc aussi répondre à ces défis sociaux, avec des recherches à finalité sociale.
Les chercheurs et enseignants-chercheurs en SHS représentent un potentiel important avec 25,6 % de l'effectif total en 1998. Mais ils existe une séparation parfois trop rigide entre sciences dures et SHS.
A cet égard, en concertation avec tous les acteurs de la recherche, je proposerai que le Conseil national de la science, placé auprès du ministre de la Recherche, s'élargisse aux représentants des SHS. Tout en préservant le rôle du Conseil national pour le nouveau développement des sciences humaines et sociales, dont les travaux, de grande qualité, sont très utiles.
Nous devons rapprocher les chercheurs des sciences dures et ceux des sciences humaines et sociales. Pour plusieurs raisons.
D'abord, favoriser là aussi l'approche pluridisciplinaire, génératrice de découvertes, en retrouvant une tradition ancienne, mais largement perdue. Platon s'intéressait aussi aux mathématiques et Pythagore était aussi philosophe. Pascal a rédigé "Les Pensées" mais a aussi inventé la machine à calculer. D'Alembert était à la fois philosophe et mathématicien. Comme beaucoup d'autres.
La connaissance est une. Et la pensée est sans frontières entre les disciplines.
Ensuite, mieux répondre à la demande d'éthique, fortement exprimée par notre société. Face au bouleversement des sciences et des techniques, qui est perçu de manière ambivalente comme étant à la fois un facteur de progrès et un facteur d'inquiétude.
Ainsi, les découvertes en cours sur le génome humain ont des effets très positifs pour l'invention de nouvelles thérapies, les thérapies géniques, et de nouveaux médicaments. Mais, en même temps, elles font craindre parfois soit des manipulations sur la substance vivante, avec le clonage, soit une commercialisation, une "marchandisation" du vivant.
De même, la révision des lois de biothétique de 1994 sera un grand débat de société.
Les nouvelles découvertes seront bénéfiques si elles s'accompagnent d'un encadrement éthique adapté. Il faut dégager de nouvelles règles éthiques, qui, d'ailleurs, devraient être harmonisées au plan européen et au plan international. Pour faire image, le Pr Daniel Cohen, spécialiste de la génomique, parlait récemment d'une nécessaire "ONU de l'éthique".
En juin prochain auront lieu deux manifestations importantes. Les 22 et 23 juin, à Bordeaux, un colloque placé sous la direction de Jean Dausset et de François Gros, qui réunira scientifiques, biologistes, juristes et économistes. Pour réfléchir ensemble sur le sujet suivant : " Sciences du vivant, éthique, économie et société ". Puis, du 23 au 25 juin, toujours à Bordeaux, je présiderai le groupe Carnegie, le G8 Recherche, élargi cette fois aux ministres du Brésil, de la Chine, de l'Inde et du Mexique : sa réunion portera sur une thématique spécifique : " Les sciences du vivant et leurs liens avec la société ".
D'une manière générale, il est important de faire réfléchir ensemble scientifiques et philosophes, sociologues, juristes, économistes. Pour rapprocher science et conscience. Pour dégager de nouvelles règles éthiques et conserver une société humaine. Voire pour dégager un "nouvel humanisme", adapté à la révolution scientifique et technologique de notre temps.
Rapprocher Science et Société
Je souhaite aussi rapprocher Science et Société, notamment en accordant une attention accrue aux Sciences humaines et sociales (SHS), qui ont beaucoup à nous dire sur l'homme et sur la vie sociale.
Les chercheurs ne vivent pas repliés dans des forteresses du savoir académique, pont levis relevé. Les chercheurs sont dans le siècle et dans la société. A l'écoute de ses besoins et de ses attentes.
Il existe aujourd'hui une forte demande sociétale à l'égard de la science. Cette expertise est particulièrement sollicitée en SHS, pour parvenir à une meilleure compréhension et maîtrise des enjeux sociaux : organisation du travail, ville, environnement, transports, exclusion. .
La recherche doit donc aussi répondre à ces défis sociaux, avec des recherches à finalité sociale.
Les chercheurs et enseignants-chercheurs en SHS représentent un potentiel important avec 25,6 % de l'effectif total en 1998. Mais ils existe une séparation parfois trop rigide entre sciences dures et SHS.
A cet égard, en concertation avec tous les acteurs de la recherche, je proposerai que le Conseil national de la science, placé auprès du ministre de la Recherche, s'élargisse aux représentants des SHS. Tout en préservant le rôle du Conseil national pour le nouveau développement des sciences humaines et sociales, dont les travaux, de grande qualité, sont très utiles.
Nous devons rapprocher les chercheurs des sciences dures et ceux des sciences humaines et sociales. Pour plusieurs raisons.
D'abord, favoriser là aussi l'approche pluridisciplinaire, génératrice de découvertes, en retrouvant une tradition ancienne, mais largement perdue. Platon s'intéressait aussi aux mathématiques et Pythagore était aussi philosophe. Pascal a rédigé "Les Pensées" mais a aussi inventé la machine à calculer. D'Alembert était à la fois philosophe et mathématicien. Comme beaucoup d'autres.
La connaissance est une. Et la pensée est sans frontières entre les disciplines.
Ensuite, mieux répondre à la demande d'éthique, fortement exprimée par notre société. Face au bouleversement des sciences et des techniques, qui est perçu de manière ambivalente comme étant à la fois un facteur de progrès et un facteur d'inquiétude.
Ainsi, les découvertes en cours sur le génome humain ont des effets très positifs pour l'invention de nouvelles thérapies, les thérapies géniques, et de nouveaux médicaments. Mais, en même temps, elles font craindre parfois soit des manipulations sur la substance vivante, avec le clonage, soit une commercialisation, une "marchandisation" du vivant.
De même, la révision des lois de biothétique de 1994 sera un grand débat de société.
Les nouvelles découvertes seront bénéfiques si elles s'accompagnent d'un encadrement éthique adapté. Il faut dégager de nouvelles règles éthiques, qui, d'ailleurs, devraient être harmonisées au plan européen et au plan international. Pour faire image, le Pr Daniel Cohen, spécialiste de la génomique, parlait récemment d'une nécessaire "ONU de l'éthique".
En juin prochain auront lieu deux manifestations importantes. Les 22 et 23 juin, à Bordeaux, un colloque placé sous la direction de Jean Dausset et de François Gros, qui réunira scientifiques, biologistes, juristes et économistes. Pour réfléchir ensemble sur le sujet suivant : " Sciences du vivant, éthique, économie et société ". Puis, du 23 au 25 juin, toujours à Bordeaux, je présiderai le groupe Carnegie, le G8 Recherche, élargi cette fois aux ministres du Brésil, de la Chine, de l'Inde et du Mexique : sa réunion portera sur une thématique spécifique : " Les sciences du vivant et leurs liens avec la société ".
D'une manière générale, il est important de faire réfléchir ensemble scientifiques et philosophes, sociologues, juristes, économistes. Pour rapprocher science et conscience. Pour dégager de nouvelles règles éthiques et conserver une société humaine. Voire pour dégager un "nouvel humanisme", adapté à la révolution scientifique et technologique de notre temps.
Dynamiser la politique spatiale
En tant que ministre chargé de l'espace, je considère que la politique spatiale doit rester l'une de nos priorités. La France, en partenariat avec les autres pays européens, se situe au meilleur niveau mondial dans ce domaine.
La France est le leader de l'aventure européenne pour l'espace. Elle est le moteur de l'Europe spatiale. Les exemples de notre excellence technologique sont nombreux : lanceurs Ariane, satellites d'observation de la Terre Spot et Hélios, satellites de météorologie, etc.
Le 129ème tir d'Ariane a eu lieu le 19 avril dernier, marquant le 54ème succès d'affilée d'une Ariane-4. Les opérateurs américains et japonais choisissent de plus en plus Ariane, qui est le leader mondial sur le marché commercial des lancements, pour mettre en orbite leurs satellites de télécommunications. Quant au prochain tir d'une Ariane-5, qui est un lanceur européen puissant, il devrait avoir lieu en juillet 2000.
Face à l'arrivée de nouveaux concurrents comme Sea Launch et les futurs lanceurs américains, il faut continuer d'améliorer la compétitivité d'Ariane au plan des performances et des coûts.
Par ailleurs, l'année 2000 sera marquée par l'élaboration d'une stratégie spatiale européenne, préparée conjointement par la Commission et l'Agence spatiale européenne (ESA). Cet exercice, qui commencera pendant la présidence française, doit nous permettre de mieux coordonner et de mettre en synergie accrue les actions européennes dans le domaine spatial en s'appuyant sur les structures les plus adaptées.
Cet objectif est essentiel pour permettre à l'Europe de rester au plus haut niveau dans ce domaine, alors que le budget public américain consacré à l'espace est cinq fois plus élevé que le budget européen.
Comme l'ont souligné, les 3 ministres français, allemand et italien de la Recherche en 1998, l'Agence spatiale européenne doit "évoluer et s'adapter", notamment en réduisant ses frais de fonctionnement, qui représentaient 20 % de son budget en 1998. Il serait aussi très souhaitable que les décisions puissent y être prises plus rapidement et avec des procédures reflétant mieux les contributions des différents Etats.
Par ailleurs, le programme de Retour d'échantillons de Mars (Mars Sample Return), conduit en coopération franco-américaine, a vu deux échecs de la Nasa, deux sondes américaines s'étant écrasées sur Mars en 1999.
Les conclusions du groupe de travail de la NASA auquel le CNES est associé ne seront pas connues avant l'été. Il est possible que le calendrier soit réaménagé, mais je pense que la NASA reste comme nous-mêmes attachée à ce programme.
Ce programme est essentiel pour la recherche. Mars est la seule planète qui, avec la Terre, ait peut être présenté à un moment de son histoire les conditions propres à l'émergence de la vie. Cette mission est donc essentielle pour la recherche des origines de l'univers et de la vie.
Ce projet intéresse plus de 250 chercheurs français. Depuis les années 1960, toutes les sciences de l'Univers et de la Terre ont été révolutionnées par l'espace. L'astronomie, mais aussi la géologie, la géophysique, l'océanographie, la climatologie, la météorologie, etc La communauté scientifique française est donc attachée à ce projet, à juste titre.
Nous devons participer à l'exploration martienne. Nous ne pouvons pas nous borner à la regarder. Dans ce domaine, il faut être acteur et pas spectateur.
Ce programme franco-américain nous réserve un rôle important. La France sera présente pour le tir (une Ariane 5 devait lancer vers Mars une sonde française en 2005) et pour le retour, au premier et au dernier jour de la mission, avec un composant stratégique.
Il convient donc de rester attentif aux évolutions de ce dossier. Cette coopération franco-américaine ne peut se concevoir que s'il existe un certain équilibre dans le partenariat.. Il faut y conserver notre position stratégique. Coopération ne veut pas dire subordination. J'ai l'intention de m'entretenir de cette question en juin à Paris avec l'administrateur de la NASA, Daniel Goldin.
Enfin, sans émettre aujourd'hui un avis définitif , je tends à considérer que les vols habités doivent conserver une certaine place dans toute politique spatiale et être considérés sur le long terme.
Les astronautes français ont montré, dans le cadre des vols réalisés avec les Américains et les Russes, qu'ils disposent de fortes compétences. Ces qualifications doivent être maintenues et développées en vue de l'utilisation de la Station spatiale internationale dans laquelle nous sommes engagés.
Au demeurant, deux astronautes français ont récemment volé : Jean-Pierre Haigneré, qui a passé plus de six mois à bord de la station Mir de février à août 1999 dans le cadre de la mission franco-russe Perseus, et Jean-François Clervoy, qui a volé en décembre 1999 à bord de la navette spatiale américaine et qui était le chef opérateur du bras robotique pour la mission de réparation du télescope spatial Hubble.
J'ai demandé au CNES d'étudier la possiblité d'offrir de nouvelles opportunités de vol à nos astronautes dans l'attente de celles qui nous seront offertes dans le cadre de la Station Spatiale internationale.
Samedi dernier, j'ai reçu au ministère Jean-Pierre Haigneré, qui est le chef du corps européen des astronautes géré par l'ESA, et Claudie André-Deshays, pour saluer leur courage et leur compétence.
Cependant,une part très élevée de nos budgets spatiaux est consacrée au développement de la station spatiale internationale. Je serai donc attentif à ce que ce programme reste à l'intérieur des enveloppes définies en 1995 à Toulouse par le conseil de l'ESA réuni au niveau ministériel.
Par ailleurs, je souhaite développer les applications de l'espace au service de la société. En particulier pour la préservation à l'environnement et la meilleure gestion des ressources planétaires, comme l'eau.
Au niveau national, je lancerai prochainement un réseau de recherche et d'innovation technologiques "Observation de la Terre et applications spatiales". Il mettra en uvre, en partenariat entre les organismes publics (CNES, CEMAGREF, BRGM, IFREMER) et l'industrie, des projets portant sur la gestion des ressources naturelles (eau, forêt), la cartographie haute définition, l'agriculture de précision, les pollutions
(source http://www.education.gouv.fr, le 9 mai 2000)