Texte intégral
ROLAND SICARD
La rentrée c'est donc ce matin pour 12 millions d'élèves qui retournent en classe avec une première polémique sur les rythmes scolaires, un certain nombre de maires ne veulent pas appliquer la réforme, combien de maires d'ailleurs ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
D'abord vous l'avez dit, c'est la rentrée donc excellente rentrée à tous ceux qui commencent et en particulier à ceux de ces enfants pour qui c'est une première, soit qu'ils entrent en maternelle, soit qu'ils entrent en CP et bon courage aux parents, je pense à eux. Pour ce qui est de la réforme des rythmes scolaires, c'est d'abord aux parents que j'ai envie de m'adresser parce que je ne nie pas l'évidence
ROLAND SICARD
Mais sur le nombre de maires, il y en a combien qui refusent ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Il y en a une vingtaine, une trentaine, on verra, mais enfin on parle quand même de plus de 20.000 communes concernées donc vous voyez qu'on est quand même à la marge dans l'immense majorité des communes ça se passe bien.
ROLAND SICARD
Ca vous parait disproportionné ? La polémique vous parait disproportionnée ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je ne dirais pas les choses comme ça, je dirais que, encore une fois, quasiment partout sur le territoire français, les élus, les acteurs de la communauté éducative se sont organisés pour que les choses se passent bien et je les en remercie parce que c'est une réforme importante, dans l'intérêt des enfants pour qu'ils puissent mieux apprendre et mieux s'épanouir, découvrir des activités artistiques, sportives, culturelles. Donc il y a cette majorité là et puis il y a quelques communes où des difficultés soient objectives se présentent et nous sommes là pour les régler, je leur redis, nous sommes à leur disposition, service de l'Education nationale, et puis d'autres communes vraiment extrêmement minoritaires dans lesquelles les élus ont décidé de se saisir de ce sujet et d'en faire un sujet de polémique politicienne. Je leur demande vraiment de prendre leurs responsabilités et de veiller au nom des enfants et des familles à ce que cette rentrée se passe sereinement.
ROLAND SICARD
Qu'est-ce qui va se passer dans les communes où les maires décident de ne pas ouvrir le mercredi matin ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Dans les communes où les maires en gros, scellent l'entrée de l'école, puisque c'est cela qu'on nous annonce, eh bien nous ferons en sorte que le tribunal administratif puisse leur enjoindre d'ouvrir l'école, puisque c'est une obligation, l'obligation scolaire est inscrite dans nos textes et qu'elle ne souffrira pas d'exception
ROLAND SICARD
Eux disent qu'ils n'ont pas les moyens financiers.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
D'abord ouvrir l'école ça ne leur demande aucun moyen financier. Ouvrir l'école encore une fois, l'organisation du temps scolaire c'est l'Etat qui en décide et l'Etat seul. Donc les enseignants comme vous le savez sont payés par l'Etat et il est demandé aux communes par la loi d'ouvrir, de mettre à disposition des locaux pour que cette obligation scolaire se tienne. Donc ils doivent respecter la loi, il n'y a rien d'autre à dire de ce point de vue. Ce qui relève des maires en revanche, pour que les choses soient claires, c'est l'organisation du périscolaire. C'est vrai que la réforme a cela d'intéressant qu'elle permet à des enfants qui n'accédaient pas des à des activités sportives, culturelles, scientifiques etc, de pouvoir y accéder et pour cette organisation du temps périscolaire l'Etat a mis des moyens financiers à la disposition des communes. Ca n'est pas comme si on leur avait demandé de tout payer de leur poche. Vous savez que pour chaque enfant de France, chaque élève de France, l'Etat met à disposition des commues 50 euros par élèves, dans les communes les plus en difficulté
ROLAND SICARD
Et ça va perdurer dans le temps ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
parce que rurales ou urbaines, nous rajoutons 50 euros de plus, la CAF rajoute 50 euros de plus. Donc en gros vous voyez on est entre 100, 140 euros d'aide pour un enfant.
ROLAND SICARD
Mais ça va perdurer dans le temps ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Et ça va perdurer dans le temps puisque nous avons obtenu que cette aide en effet soit prorogée sur l'année scolaire 2015 2016. Donc je crois vraiment que les conditions sont réunies pour que les collectivités locales avec la communauté éducative assure la mise en oeuvre d'une réforme dont je redis qu'elle n'est pas simple, je ne nie pas l'évidence et c'est pour ça que je m'adressais aux familles et aux parents
ROLAND SICARD
60 % des Français, d'après un sondage, disent qu'ils sont hostiles à la réforme.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Voilà, bien sûr qu'une réforme comme celle-là impacte la vie des familles, on sait bien à quel point les parents organisent aussi un peu leur propre temps autour du temps de leur enfant, bien sûr qu'il faut un temps d'adaptation, mais je suis persuadée que ces parents feront primer la réussite de leur enfant sur ces difficultés objectives qui se résoudront en quelques semaines avec la mobilisation des enseignants, des équipes éducatives, des associations, de tous les acteurs sur le terrain. Je demande simplement à chacun de ses acteurs de faire en sorte que les choses se passent au mieux.
ROLAND SICARD
Vous êtes ministre depuis une semaine, ce n'est pas la façon la plus facile d'aborder la rentrée.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non c'est un défi et un beau défi en même temps. Là encore je veux rassurer tout le monde, une rentrée scolaire ça se préparer quasiment un an à l'avance, vous voyez à partir du mois de novembre qui vient, nous allons préparer la rentrée scolaire de l'année 2015, donc c'est vous dire à quel point la machine est bien huilée, la machine Education nationale. Tous les sujets ont été préparés dans de bonnes conditions et pour ce qui me concerne, je suis très heureuse quand même d'inaugurer une rentrée scolaire qui n'est pas seulement celle des rythmes, on en parle beaucoup, mais ça n'est pas l'alpha et l'oméga de cette rentrée 2014, c'est aussi celle des 22.000 nouveaux professeurs stagiaires que grâce à la formation qu'on a réinventée, eh bien nous envoyons sur le terrain et qui auront une alternance entre leur présence en salle de classe et leur formation pour être mieux rodés encore à enseigner. C'est l'année scolaire des efforts que nous fournissons pour l'accueil des enfants en situation de handicap. Savez-vous par exemple que cette année, nous mettons 350 nouveaux accompagnants des enfants en situation de handicap dans les écoles, nous créons trente unités pour accueillir les enfants autistes dans ce pays. C'est l'année aussi de la réforme de l'éducation prioritaire, ça veut dire mettre plus de moyens dans les territoires où les élèves ont le plus de difficultés sociales notamment. Donc c'est une belle rentrée, c'est une rentrée ambitieuse pour l'école.
ROLAND SICARD
Sur un autre sujet, les adversaires de la théorie du genre, cette théorie qui dit que l'identité sexuelle est déterminée par l'éducation, les adversaires de cette théorie disent que vous allez l'imposer à l'école. Qu'est-ce que vous leur répondez ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non mais vous savez, nous vivons sous l'ère de la rumeur donc , sous cet ère de la rumeur si vous voulez d'abord je m'appelle non pas Najat VALLAUD-BELKACEM, mais Claudine DUPONT, donc je profite de votre antenne pour réaffirmer mon nom Najat VALLAUD-BELKACEM, je serais la fille d'un grand financier milliardaire du nom de Georges SOROS, je profite de votre antenne, non je suis la fille de mes parents, et puis même ma coupe de cheveux courte serait la preuve ultime de ce que j'essaie de transformer les filles en garçons, je profite de votre antenne, non mon objet n'est pas celui-là. Mon objet est de faire en sorte de promouvoir la culture de l'égalité entre les filles et les garçons et ça passe notamment par l'école. Apprendre aux filles et aux garçons à ne pas censurer leurs ambitions professionnelles, apprendre aux filles et aux garçons à se respecter, c'est l'objet d'un enseignement et d'une formation que nous offrons aux professeurs pour qu'ils soient
ROLAND SICARD
Mais la théorie du genre, soyons clairs, est-ce que vous y êtes hostile ou pas ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais la théorie du genre ça n'existe pas. Je ne sais pas ce que veut dire « théorie du genre ». N'adoptons pas les mots de ceux qui, par la rumeur, par la manipulation cherchent à déstabiliser l'école. Ca n'existe pas. La seule chose qui existe c'est que nous allons mettre en oeuvre, je vous le dis à nouveau, c'est un plan d'action pour l'égalité entre les filles et les garçons dans lequel nous formerons les enseignants pour qu'ils veillent dans leurs pratiques professionnelles, dans leur façon d'interroger filles et garçons, dans leurs façons de les noter, dans leurs façons de créer des appétences pour tel ou tel métier chez elles et chez eux, à ne pas introduire de différences qui ensuite se traduisent par des inégalités quelques années plus tard quand ces filles et ces garçons deviennent grands et qu'ils sont confrontés au marché du travail ou aux responsabilités. Qui d'entre nous n'a pas connu cette situation et qui peut ne pas vouloir y remédier ?
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 septembre 2014