Texte intégral
JEAN-MICHEL APHATIE
On est un peu atterré ce matin par la démission du nouveau secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Thomas THEVENOUD, qui n'aura finalement passé que 9 jours au gouvernement, il a oublié pendant plusieurs années, de déclarer ses revenus et donc de paye ses impôts. Comment réagissez-vous quand vous apprenez cela ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'est évidemment une très mauvaise nouvelle et on s'en serait bien passé. La seule chose qu'il faut retenir positivement de cette affaire, c'est que les règles que nous avons adoptées, sur l'exemplarité, sur la transparence, sur le financement de la vie publique, sont appliquées, et c'est bien pour cela que Thomas THEVENOUD a pris la décision de remettre sa démission. Il aura sans doute à s'en excuser, d'ailleurs je n'ai pas plus de détails que ce que vous avez dit.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous avez conscience, bien sûr, Najat VALLAUD-BELKACEM, du coup dur que ça représente pour votre gouvernement, pour l'image des responsables politiques en général. Les auditeurs d'RTL ce matin appellent nombreux pour dire leur consternation, parfois leur dégoût.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, c'est un coup dur, indéniablement, ça nourrit la défiance à l'égard des responsables politiques. Je veux quand même essayer, malgré tout, de rattraper les choses, en rappelant que tout le monde n'est pas dans cette situation, qu'il y a des hommes et des femmes politiques, qui, bien entendu, respectent la loi, que c'est l'immense majorité du genre, que pendant longtemps cette question du rapport des responsables politiques à l'argent, à la fiscalité, n'avait pas été tranchée de façon claire ; depuis maintenant un an et demi, par des décisions courageuses, par une réforme qui n'est pas passée de façon si simple que cela, nous avons installé une Haute autorité de la transparence de la vie publique, nous sommes dans le contrôle, dans la rigueur, et donc le prix se paie pour ceux qui ne respectent pas ces règles. Et je crois que si nous voulons renouer en effet un lien de confiance avec les Français, ces règles doivent s'appliquer, sans transiger, jamais, sans composer, et c'est ce que le Premier ministre a fait hier aussi.
JEAN-MICHEL APHATIE
Thomas THEVENOUD n'est plus secrétaire d'Etat, il va retrouver son siège de député de Saône-et-Loire, peut-il rester député ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Comme je vous le disais, je n'ai pas beaucoup plus d'informations que ce que vous semblez avoir, puisque Thomas THEVENOUD ne s'est pas encore exprimé longuement. Je crois comprendre qu'il n'était pas en conformité avec les impôts, ce qui signifie qu'il a accumulé des retards de paiement de ses impôts pendant quelques années
JEAN-MICHEL APHATIE
Il dit avoir régularisé sa situation.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
qu'il a, qu'il aurait régularisée. Donc, laissons-le s'expliquer.
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais la question va sans doute se poser. Quelqu'un qui il est député depuis juin 2012, mais donc, avant, sans doute, il a été en indélicatesse avec le Fisc, est-ce que quelqu'un qui n'a pas payé ses impôts pendant des années, n'a pas déclaré même ses revenus, peut rester député ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'est une question qui se posera en temps utiles aux parlementaires eux-mêmes, d'ailleurs.
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est une question que vous vous posez ? Enfin, qu'il est légitime de poser, plutôt ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui c'est une question qu'il est légitime de poser. Aujourd'hui, vous l'avez dit, de vous-même, les Français regardent ce spectacle atterrés, et on a besoin d'envoyer des signaux et des messages, les rassurant sur l'exemplarité qui est la nôtre, d'autant que cette exemplarité, je vous le dis, c'est la règle pour la grande majorité, l'immense majorité du personnel politique.
JEAN-MICHEL APHATIE
Avant d'en venir au bilan de la rentrée scolaire, puisque vous êtes venu pour cela, en tant que ministre de l'Education, Najat VALLAUD-BELKACEM, une dernière question, quand même, de politique générale, cette information sur la situation personnelle de Thomas THEVENOUD est survenue hier, le jour où on a appris que François HOLLANDE battait un record d'impopularité, il n'a plus que 13 % de sondés, selon un sondage SOFRES FIGARO MAGAZINE, qui lui font confiance, 85 % des Français ne lui font pas confiance, ces chiffres sont historiques depuis 1978, ce baromètre qui existe depuis 1978 n'avait pas enregistré de si mauvais résultats. Comment gouverner, prendre des décisions importantes, la guerre, la paix, l'envoi de troupes dans le monde quand on n'a plus que 13 % de confiance auprès des citoyens ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Par la persévérance, par la pugnacité, et ça, François HOLLANDE
JEAN-MICHEL APHATIE
Quelle légitimité reste-t-il quand on est dans cette impopularité ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
François HOLLANDE en a de la persévérance, de la détermination, de la constance, il faut continuer les réformes que nous avons annoncées aux Français, la ligne politique, économique, sociale, a été définie, le cap a été rappelé, il faut le maintenir, les Français ne seront convaincus que par une chose, ni par des sondages, ni par des discours, mais par des résultats, donc nous devons tout mettre en oeuvre pour que ces résultats arrivent et accélérer si besoin la machine pour se faire.
JEAN-MICHEL APHATIE
Il ne sera pas nécessaire, à un moment, de vérifier la
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
La confiance ?
JEAN-MICHEL APHATIE
La confiance.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Eh bien le Premier ministre, précisément, la vérifiera, cette confiance
JEAN-MICHEL APHATIE
Auprès des citoyens.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
auprès des parlementaires, le 16 septembre prochain
JEAN-MICHEL APHATIE
16 septembre.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
.. par un vote qui, voilà, nous dira quel est l'état de nos forces, d'une certaine façon, pour pouvoir continuer à agir, je pense que nous rassemblerons derrière nous tous ceux qui veulent que la gauche réussisse et donc que la France réussisse.
JEAN-MICHEL APHATIE
Dans 23 communes, mercredi dernier, parlons du bilan de la rentrée scolaire, les maires qui protestaient contre les nouveaux rythmes scolaires ont empêché les élèves d'accéder dans les classes. Allez-vous prendre des mesures pour que mercredi prochain une telle situation ne se reproduise pas ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bon, d'abord, vous l'avez dit, 23 communes dans lesquelles les maires
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est peu ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'est moins de 0,1 % de l'ensemble des communes concernées, 24 000, par la réforme des rythmes scolaires. Donc d'abord merci à tous ceux qui ont rendu cette réforme possible et qui l'ont mise en oeuvre en cette rentrée. S'agissant des maires qui désobéissent à la loi, puisque c'est de ça qu'il s'agit, comme je l'ai dit, dans chacune de ces communes, les préfets ont saisi le tribunal administratif, d'un référé, pour que soit enjoint aux maires d'ouvrir les portes de l'école mercredi prochain, donc mercredi
JEAN-MICHEL APHATIE
Ce sera fait mercredi prochain ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
les portes seront ouvertes.
JEAN-MICHEL APHATIE
Dans ces communes-là, il n'y aura plus une seule commune en France où les portes seront fermées aux élèves ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
En tout cas nous mettons tout en oeuvre pour que mercredi les portes de l'école soient ouvertes. Mais j'insiste sur une chose, c'est que, vous savez, on n'est pas simplement dans une histoire de polémique partisane ou politicienne, d'ailleurs je constate que dans bien des communes, des élus de couleurs politiques très différentes, ont travaillé, sereinement, posément, pour mettre en oeuvre cette réforme. Donc ça n'est pas une question de parti politique. Ça dépasse largement ce cadre, parce que ça touche les parents directement, les familles, les familles qui mercredi dernier, dans les 23 communes en question, sont venues avec leurs enfants et à qui on a demandé de repartir avec leur enfant sous le bras, parce qu'on refusait, on avait cadenassé ces écoles. C'est insupportable, donc pour toutes ces raisons, pour le droit à l'éducation des enfants, pour le droit des enseignants à mener à bien leur mission, pour le droit des familles à pouvoir s'organiser dans de bonnes conditions, moi j'appelle tous ces maires à la raison.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et on a entendu, le journal de 07h30, à Marseille, aucune activité périscolaire ne sera organisée aujourd'hui. Que dites-vous au maire de Marseille, Jean-Claude GAUDIN, Najat VALLAUD-BELKACEM ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Malheureusement, la mairie de Marseille, contrairement à tant d'autres communes urbaines comme rurales, n'avait pas anticipé, n'a pas organisé en temps utiles les choses, pour que, à cette rentrée scolaire, le périscolaire puisse commencer à fonctionner dès la première semaine. Je le regrette, c'est comme ça. Je suis malgré tout dans un esprit de dialogue avec la mairie de Marseille, et je prends acte du fait que les élus marseillais ont annoncé que, à partir du 12 septembre, une solution serait offerte aux parents, le vendredi après-midi. Concrètement, ça signifie que ce vendredi-ci, aujourd'hui, il n'y a pas de solution, donc les parents devront rentrer chez eux avec leurs enfants ou s'organiser. Je le déplore, parce qu'il relevait des maires d'organiser ce périscolaire, mais ils semblent, ces élus marseillais, être revenus un peu à la raison et commencent à organiser les choses de façon plus confortable à partir de vendredi prochain.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous dialoguerez tout à l'heure avec les auditeurs, Najat VALLAUD-BELKACEM, de ces problèmes, sans doute aussi d'autres. Gros démarrage du livre de Valérie TRIERWEILER, c'est le plus gros succès à la FNAC depuis 5 ans. Vous avez été souvent proche de Valérie TRIERWEILER, vous étiez encore avec elle le 20 août, avec les enfants du SECOURS POPULAIRE. Elle ne vous avait pas dit qu'elle avait écrit ce livre ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ah, sûrement pas, non.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous l'avez lu, vous allez le lire ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Sûrement pas.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous êtes sensible à la douleur de Valérie TRIERWEILER ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, je ne suis jamais sensible aux règlements de comptes à Ok Corral. Non.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ça n'est que ça, ce livre ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'est du privé, qui aurait du rester privé, qui n'aurait jamais du devenir public. Ce sont des propos rapportés, des allégations, qui sont faits pour faire mal, j'estime qu'aujourd'hui on n'a pas besoin de ça, non.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 septembre 2014