Texte intégral
FABIENNE SINTES
Et c'est Najat VALLAUD-BELKACEM qui est votre invitée Jean-François ACHILLI.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Najat VALLAUD-BELKACEM, ministre de l'Education nationale, bonjour et bienvenue.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bonjour.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Alors soulagée Najat VALLAUD-BELKACEM, l'Ecosse reste fidèle à la couronne britannique !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Écoutez ! C'était une décision souveraine pour les Ecossais, donc ils l'ont prise hier. A titre personnel oui, je suis heureuse que l'Ecosse reste parce qu'on n'aime jamais voir de manière générale les nations qui constituent l'Europe se déliter. Et par ailleurs, je crois que ce qui s'est joué hier, c'est bien plus que l'appartenance à l'Europe, c'est des considérations qui sont pour certaines familiales quand vous vous plongez dans les raisons pour lesquelles les Ecossais ont voté oui ou non, c'est toujours très intéressant de se demander ce qui fait une nation, et c'est la question à laquelle on était confronté hier.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous pensez que c'est un signal positif pour cette Union si décriée ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'est un signal positif, disons que le contraire aurait été un signal négatif sans doute, et je crois qu'on est à un moment en effet où il nous faut trouver des moyens de réaffirmer notre attachement à cette unité qu'est l'Union européenne. Donc on peut le considérer comme cela.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Alors vous êtes soulagée, pourtant cette union ne fait pas rêver, le président a mis en garde hier lors de sa conférence de presse contre un scénario de fin de croissance au sein de l'Union. La position de la France commence à être entendue, a-t-il dit, Paris va négocier le report des 3 %. Bref ! Cette Europe Najat VALLAUD-BELKACEM, elle a bon dos finalement, c'est un peu sa faute et la faute de l'Allemagne si nous, on n'y arrive pas, c'est ça, c'est ça l'histoire ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
L'histoire c'est celle d'une Europe qui a adopté notamment parce qu'elle était principalement composée de gouvernements conservateurs une politique économique depuis quelques années qui n'a pas soutenu la croissance. Et donc le président de la République française comme d'autres partenaires ont pesé ces derniers temps pour réorienter la politique
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Bon ! C'est la faute à l'Europe
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Européenne. Et nous sommes en train d'y arriver, je pense qu'il faut savoir aussi se satisfaire de ce qui se passe. Lorsque par exemple la Banque centrale européenne baisse ses taux, lorsque vous avez Jean-Claude JUNCKER qui s'engage sur 300 milliards d'euros d'investissement, c'est un soutien à la croissance européenne. Et donc oui, d'une certaine façon la France y a contribué.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Alors nous allons parler de votre rentrée mais tout d'abord, François HOLLANDE lui sera président jusqu'au bout, c'est ce qu'il nous a dit hier, pas candidat, mais qui peut croire ça d'ailleurs ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Être président jusqu'au bout, ça signifie prendre ses responsabilités sans être dans le calcul permanent de ce qui permettra d'être réélu ou pas, sans avoir les yeux rivés sur une courbe de popularité qui, au fond, n'est pas tant l'objectif quand on est aux responsabilités. L'objectif et l'ambition, ce doit être de faire réussir la France. Et donc faire réussir la France
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Oui
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Cela impose parfois d'adopter des réformes qui peuvent être à certains moments incomprises, qui peuvent être difficiles. Aucune des politiques que nous avons conduites n'est facile, mais en même temps qui ont vocation à redresser le pays et à lui permettre de renouer avec la compétitivité et l'emploi.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Mais pour vous qui êtes son emblématique ministre de l'Education nationale, vous avez envie qu'il soit le candidat naturel, qu'il se représente un jour, vous avez peut-être une réponse de coeur à nous donner là-dessus !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oh oui ! Très simplement oui, moi je considère que le candidat naturel du Parti socialiste, c'est le président socialiste sortant. Donc je n'ai pas de doute sur le fait que François HOLLANDE se représentera car je n'ai pas de doute sur le fait que les politiques que nous conduites produiront leurs résultats. Aujourd'hui, il s'agit de redonner confiance aux Français parce que bien sûr une grande partie des politiques produisent d'elles-mêmes leurs résultats, mais une autre partie dépend aussi du comportement des acteurs, du comportement des entreprises, du comportement des Français, de l'opinion tout simplement. Et cette opinion, nous devons la convaincre de ce qu'il fallait engager pour la France l'a été. Et donc aujourd'hui, il faut consommer, épargner, investir, innover, voilà c'est cela que nous devons réenchanter
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
D'accord !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
D'une certaine façon, c'est cette croyance que les choses peuvent se résoudre et nous avons les éléments pour en convaincre les Français.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Et tout est remis à 2017, il n'y a plus dinversion de courbe, de croissance retour, allez hop ! 2017, bilan et retour de Nicolas SARKOZY ce week-end. Vous allez arriver à bosser dans cette ambiance, parce que ça y est, la présidence elle démarre, ça ne va pas vous polluer le travail tout ça là ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Pour vous rassurer, nous travaillons en permanence
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Oui.
NAJAT VALLAUD-BLKACEM
Nous ne sommes pas suspendus aux aléas politiques des uns ou des autres. La réalité c'est que vous le voyez bien
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Reconnaissez que ça va changer un petit peu la donne, le paysage quand même politique, non, ça va s'agiter un peu là ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Pour ce qui nous concerne non, précisément pour ce que je vous disais tout à l'heure. Nous ne sommes pas candidat à une élection hypothétique, nous sommes aux responsabilités, et donc nous sommes complètement concentrés sur notre tâche. Aujourd'hui par exemple, pour vous prendre un exemple précis, nous avons cette grande réunion autour de l'apprentissage, pour lever les freins à l'apprentissage dans ce pays et pour atteindre notre objectif de 500.000 apprentis. Eh bien ! Voilà un exemple de sujet majeur qui engage l'avenir de notre pays, la formation et l'insertion professionnelle de la jeunesse. Donc nous sommes à la tâche.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Bon ! Ça c'est du sérieux. Le président assume ses choix, il rappelle que la jeunesse est toujours sa priorité, pourquoi, on en doutait ? Écoutez ! Ça fait quand même depuis le début du quinquennat que l'on doit s'occuper des jeunes, qu'on nous promet qu'ils sont la priorité du quinquennat, ça démarre quand tout ça Najat VALLAUD-BELKACEM, parce que vous dites coup d'accélérateur à l'apprentissage, il y a aussi l'élargissement du service civique autant que possible, quand est-ce que ça démarre pour les jeunes qui attendent en France ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non seulement ça a démarré mais c'est en cours, totalement en cours. Le chantier de la jeunesse est ouvert depuis 2012. Je vous rappelle que faire de la jeunesse sa priorité budgétaire, ça veut dire un, lui donner les moyens notamment d'être formé, l'Education nationale, je n'ai pas besoin de faire de dessin ici
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Mais c'est vrai que tous les moyens financiers vont chez vous, il y aura même 60.000 postes en plus, ça c'est une réalité
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Alors quand on dit
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Mais vous avez 2,5 millions d'illettrés en France c'est ça le défi.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Absolument, mais quand on dit 60.000 postes, d'abord arrêtons d'en parler au futur parce que les postes, ils commencent déjà à être
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ça a déjà démarré, on est d'accord.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bien sûr, il y en a déjà plus de 20.000 qui ont été créés, donc qui arrivent dans les classes, qui sont là notamment pour aider les élèves les plus en difficulté, ceux-là même qui si on ne les aide pas au plus jeune âge deviendront plus tard des illettrés.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Mais l'école est tellement inégalitaire aujourd'hui Najat VALLAUD-BELKACEM, c'est ça qui est criant aujourd'hui sous les yeux des Français
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
L'école est inégalitaire
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
C'est pour ça que je vous pose la question.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Absolument, et les classements PISA et autres qui font l'état de cette inégalité, vous êtes bien placé tout de même pour savoir qu'ils jugent de ce qui existent depuis des années, que ces classements PISA ils ne portent pas sur les derniers mois. Ce qui s'est passé pendant les derniers mois, les classements le diront dans quelques années, mais ce n'est pas grave, l'Éducation c'est un temps long. Nous l'assumons totalement, nous faisons des efforts qui peut-être ne se verront pas en termes de résultats PISA en tout cas, mais qui se voient dans la réalité des salles de classe aujourd'hui puisqu'il n'y a plus de fermetures de classe, que les élèves trouvent les enseignants, les remplaçants, les RASED
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Donc ça commence maintenant, c'est un temps long, nous sommes à mi-mandat
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'est un temps long
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Et ça démarre maintenant en fait, c'est ça l'histoire !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Absolument, c'est ce que François HOLLANDE disait hier quand il disait « je préfère servir l'avenir que le présent », oui ! Ce sont des décisions qui ont un coût mais que nous prenons aujourd'hui parce que c'est l'intérêt en l'occurrence des enfants, de la jeunesse, de la France que d'être bien formé. Par ailleurs si vous me permettez, quand on dit « priorité à la jeunesse », on ne parle pas que d'Éducation nationale
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
On parle de tout !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non mais j'insiste
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Et ça démarre à l'école.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Parce que bouchée avalée n'ayant plus de savoir, on ne se souvient pas de ce qu'on a adopté quand même ces deux dernières années. Quand par exemple, on prend la décision de permettre à 100.000 jeunes en 2017 d'accéder à ce qu'on appelle « la garantie jeune », on parle de jeunes qui sont des décrocheurs, qui sont hors de toute insertion professionnelle, qui ne sont pas en formation, qui n'avaient aucune solution et auxquels on va pouvoir offrir un accompagnement, y compris financier, et les remettre en insertion professionnelle, c'est tout de même
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Mais donner de la cohérence avec 3 ministres, vous êtes la 3ème ministre depuis le début de l'histoire, 3ème directeur général de l'Education nationale, le plan numérique dont il est question hier c'est le 3ème en 4 ans. Est-ce qu'on peut tenir la distance avec ça, travailler sur le long terme si ça change et ça turbule tout le temps Najat VALLAUD-BELKACEM ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Changement de ministre ne signifie absolument pas rupture, je le réaffirme ici, moi j'ai décidé de m'inscrire
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Oh si ! Changement de style.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Dans la continuité, pourquoi ? Pas pour faire plaisir à je ne sais qui. Je m'inscris dans la continuité de ce qui est réalisé depuis 2012 parce que j'y crois totalement ; et que depuis 2012 nous donnons à l'école non seulement les moyens en termes de postes de fonctionner, mais aussi nous l'avons engagé dans une profonde rénovation. On va cette année par exemple on va quand même rénover les programmes. Quand vous interrogez les enseignants, l'une des choses qui pèse le plus sur leur quotidien d'enseignant, c'est le fait d'avoir des programmes trop lourds qu'ils n'ont pas le temps de finir dans l'année
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
On dit ça tous les ans depuis tant d'années
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ils sont tout le temps en train de courir après le temps
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
On a envie de vous écouter, on a envie de signer, on signe des deux mains mais c'est toujours la même histoire depuis des années. Nous sommes d'accord avec vous mais ça ne change pas beaucoup Najat VALLAUD-BELKACEM !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Et malheureusement ce n'est pas parce qu'on fait des constats pendant des années qu'on les règle. Et la différence aujourd'hui, je peux vous dire, c'est qu'on les résout parce que je dis rénovation des programmes, ça veut dire aussi rénovation des fondamentaux qu'on apprend aux enfants
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Bon !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Pour qu'ils les conservent durablement et qu'ils ne finissent pas pour certains d'entre eux par devenir les illettrés que vous évoquiez tout à l'heure.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous serez jugée vous-même sur pièce, on va vous laisser le temps, en 2017, d'accord. Mais vous n'avez pas répondu à ma question tout à l'heure puisque c'est la fin de cette interview Najat VALLAUD-BELKACEM, ce n'est pas rien l'arrivée d'un leader de l'opposition qui va venir ferrailler jour après jour contre vous, est-ce que ça va changer le paysage politique, est-ce que les ministres comme vous vont devoir répondre pied à pied à tout ça tous les jours ? Comment ça va se passer ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Moi, je nous conseille de rester concentrés sur notre tâche, parce que c'est là que les Français nous attendent, parce que nous avons une responsabilité imminente. C'est une chance d'être au pouvoir, c'est une chance de pouvoir sortir la France de l'état dans lequel précisément, ce candidat auquel vous faites référence l'a laissée. Et donc pas de perte de temps dans des jeux politiciens qui n'ont pas d'intérêt pour les Français. Aujourd'hui la situation est trop grave.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Merci Najat VALLAUD-BELKACEM.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Merci beaucoup.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 septembre 2014